Depuis les débuts de l'islam, chaque époque historique sécrète des interprétations nouvelles du Coran. Il en est ainsi, par exemple, de nos jours, avec l'immense exégèse coranique rédigée dans une perspective «intégriste» par l'Égyptien Sayyid Qutb.
L'impact sur les sciences religieuses et profanes En tout premier lieu, il a fallu comprendre les paroles révélées, devenues l'objet de la science des commentaires coraniques (attafsir). Après la mort du Prophète, les fidèles en quête du sens exact du Coran firent appel aux témoignages de sa famille, de ses proches et de ses successeurs: l'interprétation du Coran s'est alors aidée du recueil des traditions (hadith), contenues dans d'énormes volumes et éclairant tel ou tel fait coranique. Mais, en même temps, on devait s'assurer d'une compréhension exacte de la langue de la révélation, ce qui a posé de sérieux problèmes compte tenu de l'état peu élaboré dans lequel se trouvait l'arabe écrit à l'époque du Prophète. Des linguistes se sont alors emparés du texte, ont construit les théories grammaticales et dressé l'inventaire du vocabulaire de la langue arabe. Cette entreprise supposait que l'écriture arabe elle-même se précisât et s'affinât; la reproduction écrite du Coran a ainsi donné naissance à un art typique de la civilisation islamique, la calligraphie, à laquelle s'est ajoutée l'enluminure, avec ses formes géométriques colorées et ses décors végétaux (ne contenant jamais de figuration humaine). Parallèlement, la récitation rituelle du Coran s'est muée en un art vocal aux techniques précises.
Le Coran dans la vie des musulmans
Dans les pays musulmans, l'étude du Coran fait partie du programme scolaire, notamment dans le cadre des écoles coraniques. Certaines sourates, surtout la première («l'Ouvrante»), sont récitées quotidiennement par les croyants à l'occasion des cinq prières obligatoires. La sourate «Ya-sin» est habituellement récitée sur les morts. De même, le tout premier mot du Coran – Bismillah («au nom d'Allah») – est utilisé très souvent au début d'une action (avant de manger ou d'entrer dans une maison, par exemple). Enfin, parce que le Coran renferme la parole divine, les fidèles lui attribuent des pouvoirs exceptionnels: sa présence est censée éloigner le mal d'une maison ou d'une personne, et les fragments recopiés et sertis dans des amulettes diverses sont supposés protéger efficacement ou déclencher des événements souhaités.De nos jours, les moyens de communication nouveaux – radio, télévision, cassettes, et même disquettes pour micro-ordinateurs – se sont emparés de la diffusion du Coran.
Le Coran et la religion islamique Le Coran est à la base de l'islam, avec les témoignages de la tradition sur ce qu'a dit et fait le Prophète (as-sunna). Durant les trois premiers siècles de l'hégire, des docteurs ont établi, en se servant de ces deux sources, les fondements du droit musulman (al-fiqh), qui régit les différents secteurs de la vie en société, notamment le statut personnel (mariage, divorce, héritage). La théologie musulmane (al-kalaam) est également issue des réflexions sur la façon dont Allah est présenté dans le Coran, sur ses noms et ses attributs. Une grande dispute théologique a opposé ceux pour qui le Coran avait été créé au moment de sa révélation et ceux qui étaient persuadés de son existence éternelle, donc incréée. L'élaboration du culte musulman s'est appuyée sur les prescriptions coraniques devenues pratiques obligatoires: prière, aumône, jeûne, pèlerinage, à quoi s'est ajoutée la profession de foi sur l'unicité d'Allah et la mission de son Prophète. À son tour, la tendance mystique de l'islam a trouvé dans les interprétations allégoriques de certains termes et versets du Coran la justification de ses visées spirituelles, prélude à la naissance des confréries islamiques.
1 -[Coran]
2 -[Coran : L'histoire du Coran]
3 -[Coran : Le Coran et la civilisation musulmane]
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