Un pacifiste contesté Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, Mohandas Gandhi adopte, au contraire de ce qu'il avait fait en 1918, une position résolument pacifiste. Les Britanniques auront beau faire – ils envoient le travailliste Cripps proposer à l'Inde de soutenir l'effort de guerre allié en échange de la promesse du statut de dominion à la fin du conflit –, Mohandas Gandhi reste sur ses positions. Plus: malgré les réticences de Nehru et des socialistes, il lance, en avril 1942, le slogan antianglais Quit India as masters («Quittez l'Inde en tant que maîtres») et pousse à l'insurrection. Il connaît encore la prison, avec de nombreux membres du Congrès; sa femme, Kasturbai, y meurt – après soixante-deux ans de vie commune. Churchill le fait libérer en 1944, puis les travaillistes du cabinet Attlee accélèrent le processus de décolonisation: affaiblie par la guerre, la Grande-Bretagne est plus préoccupée de son redressement économique et social que du sort de son lointain Empire.
L'indépendance dans le sang
Sonne alors l'heure de l'indépendance, mais à quel prix! La Ligue musulmane s'obstine à réclamer un État séparé regroupant les régions indiennes à majorité musulmane. De toutes ses forces, Mohandas Gandhi s'oppose à la «vivisection» du sous-continent. En 1946, la discussion devient impossible: Jinnah refuse de participer au gouvernement intérimaire dirigé par Nehru et lance une journée d'action directe, le 16 août 1946, qui se solde par 5 000 morts à Calcutta. À soixante-quinze ans, Gandhi reprend son bâton de pèlerin, va alternativement habiter chez des hindous et chez des musulmans, tente de les réconcilier sur le terrain même de leurs violences. Il récite la Bible, le Coran, la Bhagavad Gita. Malgré ses efforts, le plan de partage se précise, et lord Mountbatten, dernier vice-roi, annonce la partition de l'Empire en deux dominions, le Pakistan et l'Inde, le 14 et le 15 août 1947. Le plus grand exode de tous les temps commence, qui met en mouvement 12 millions de réfugiés: musulmans quittant l'Inde pour rejoindre le Pakistan, hindous et sikhs empruntant le chemin inverse. Des atrocités sont commises de part et d'autre, et le bilan est abominable: entre 1 et 2 millions de morts.
Sous les balles extrémistes
Mohandas Gandhi décide de jeûner jusqu'à la mort pour éviter le pire à Calcutta, la plus explosive des métropoles. Il y réussit: des tueurs des deux bords, hindous et musulmans, viennent déposer leurs armes à ses pieds en pleurant. Mais, parmi ses frères les plus proches, les hindous, pour qui sont ses plus vives critiques, certains ne les lui pardonnent pas: l'extrémiste Nathuram Godse le tue de trois balles lors d'une prière publique, le 30 janvier 1948. Deux millions d'Indiens assisteront dans la douleur à ses funérailles. Sa vie exemplaire, son message de tolérance universelle contribuèrent à la réforme de la vieille société de castes hindoue; son opiniâtre «recherche de la vérité» concourut à la libération de l'Inde de la tutelle britannique. Mais ce sont les hommes politiques – dont il n'était pas – qui ont fait l'indépendance séparée de l'Inde et du Pakistan, véritable crève-cœur pour celui qui était devenu le «Père de la nation».
1 -[Gandhi]
2 -[Gandhi : La redécouverte de l'Inde]
3 -[Gandhi : Remodeler la société indienne]
Source : Données encyclopédiques, copyright © 2001 Hachette Multimédia / Hachette Livre, tous droits réservés.
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