Considéré comme un grand maître spirituel, Kabir est le mystique par excellence : l'image vivante de l'enfant immaculé et tout Amour qui sommeille au plus profond de nous-mêmes.
Sa vie, assez mal connue, semble se résumer à une grande histoire d'Amour avec Dieu, l'histoire d'un humble tisserand épris de son Créateur au point de désirer l'union absolue avec Lui. « Celui que j'allais chercher est venu à ma rencontre. Et celui-là est devenu moi, que j'appelais Autre » disait Kabir, parvenu à l'union suprême. Il est bien difficile de qualifier la poésie de Kabir sans amoindrir sa force et sa profondeur. Tout comme celle du grand Hallâj, elle n'est pas seulement le fruit d'une inspiration par laquelle le lecteur effleure la personnalité profonde du poète ; elle semble être, plus exactement, la manifestation intégrale et fidèle de son être. Mieux, c'est toute la profondeur et l'éclat de l'union retrouvée qui débordent comme une source pure. Retransmise oralement par ses disciples, sa poésie fut d'ailleurs transcrite dans « L'Adi-Granth», le livre sacré des Sikhs...
Contrairement à la notion d'élu, habituellement attribuée aux mystiques, Kabir sait par expérience que Dieu n'est pas extérieur à l'homme, qu'il est « le même dans tous les corps » et qu'Il attend patiemment que nous répondions à Son Amour. Et lorsque nous sommes au rendez-vous, « l'âme, dit-il, est absorbée dans l'Unique, et il n'y a plus de dualité » : Dieu se fond en nous et nous ne sommes plus que sa manifestation », et d'ajouter, « je ne sais plus distinguer l'âme de l'Aimé, pour dire si c'est l'âme ou l'Aimé qui vit en moi ! ». Ainsi, pour Kabir, seule l'expérience mystique personnelle mène à la reconnaissance du Divin en soi, donc à la connaissance de Dieu qu'il nomme Satguru : le Maître intérieur. C'est pourquoi, bien qu'il soit de parents musulmans et qu'il réside dans la ville sainte de l'hindouisme, Kabir récuse autant la foi musulmane que la foi hindouiste. Tout au plus, ses idées rejoignent-elles certains aspects du soufisme et de la bhakti, mouvements spirituels respectifs de l'islam et de l'hindouisme. Comme tout mystique « réalisé », Kabir rejette les religions, l'adoration aveugle des Ecritures et s'érige avec ferveur contre la tradition, positions largement cautionnées par le Mahâtma Gandhi qui en sera un fervent admirateur... Apparaissant comme un partisan inconditionnel de la réconciliation intérieure et de l'unicité de la voie mystique, il se fit remarquer par son désir ardent de voir cesser les conflits entre l'islam et l'hindouisme, ce qui lui valut une audience considérable.
Kabir, dont le rayonnement exceptionnel n'a d'égal que sa pureté, représente finalement l'être accompli dans toute sa splendeur. Sa poésie agit comme un souffle salvateur en même temps qu'elle présente l'expérience personnelle de l'Amour comme unique moyen de réaliser pleinement la présence de Dieu en soi.
Source : Fraternet.com
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