Aucun des philosophes qui sont venus après Kant n'a pu ignorer la philosophie critique, et tous ont été obligatoirement amenés à se situer par rapport au kantisme. En premier lieu, Kant est le fondateur de ce qu'il est convenu d'appeler l'idéalisme allemand, dont les trois grands représentants sont Johann Gottlieb Fichte (1762-1814), Friedrich Schelling (1775-1854) et Friedrich Hegel (1770-1831). Les successeurs immédiats ou lointains de $b>Kant se sont divisés essentiellement à propos du statut du «noumène», les uns le considérant comme la réalité suprême quoique inconnaissable selon le <$b>kantisme, les autres regardant cette «chose en soi» (Ding an sich) comme une entité dont le $b>système kantien pouvait sans inconvénient faire l'économie. En d'autres termes, le projet de $b>Kant est, à tort ou à raison, perçu tantôt (notamment par le positivisme) comme celui d'un fossoyeur de la métaphysique, tantôt (par Bergson) comme celui d'un métaphysicien présentant «un platonisme à peine renouvelé», ou même (avec Heidegger) comme l'ultime tentative d'un refondateur de la métaphysique. En France, le $b>néokantisme est principalement représenté par le philosophe protestant Charles Renouvier (1815-1903), qui, dans ses nombreux articles publiés dans Critique philosophique, revue fondée en 1872, attaque l'empirisme, l'hégélianisme, le positivisme et place la «moralité» (au sens kantien) au-dessus de toutes les contingences historiques. En Allemagne, c'est la philosophie transcendantale de Kantqui a inspiré la phénoménologie de Husserl. Quant à Heidegger, il a, durant l'hiver 1925-1926, proposé une analyse de la Critique de la raison pure – elle sera publiée en 1929 sous le titre Kant et le problème de la métaphysique – qui constitue une première élaboration de la seconde partie de l'Être et le Temps. Le travail de Heidegger a pour but d'expliquer la Critique de la raison pure «en tant qu'instauration du fondement de la métaphysique». Ainsi, selon Heidegger, avec Kant «le problème de la métaphysique se trouve mis en lumière comme problème d'une ontologie fondamentale». Sartre lui-même, si éloigné qu'il paraisse du kantisme, emprunte manifestement àKant l'essentiel de sa morale, plus exactement il pose le problème moral dans les termes proprement kantiens de l'universalité: «Tout homme, affirme-t-il, est responsable de tout devant tous.» D'ailleurs, le titre même de l'ouvrage de Sartre Critique de la raison dialectique dit assez sa dette envers l'auteur des trois Critiques. En effet, dans l'existentialisme sartrien, le devoir reste aussi impérativement catégorique que dans le rationalisme kantien: «Tout ce que je fais, écrit Sartre, est probablement voué à l'échec, mais je le fais quand même parce qu'il faut le faire.»
1 -[Kant]
2 -[Kant : Les trois questions de la philosophie]
3 -[Kant : La philosophie critique]
Source : Données encyclopédiques, copyright © 2001 Hachette Multimédia / Hachette Livre, tous droits réservés.
|