Ces quatre califes sont dits les «Bien-Dirigés», car après eux les différentes branches familiales s'opposèrent pour la conquête du pouvoir politique et religieux. En particulier, l'affrontement de Siffin (657), en Iraq, consacra l'éclatement de la communauté musulmane, qui devait se scinder en chiites (partisans du calife Ali et de sa descendance), sunnites (partisans des Omeyyades, parents du calife Othman) et kharidjites («ceux qui se sont séparés», retirés du conflit). Muhammad et l'islam À la mort du Prophète, après vingt ans de révélations coraniques et d'actions politico-religieuses, et malgré ses divisions internes, la communauté musulmane est en voie de constitution, avec ses croyances, son culte, ses règles de vie, ses types de pouvoir (califat sunnite et imamat chiite). L'unification sera parachevée par l'islam. Cette communauté s'étend vers l'Égypte à l'ouest, la Perse à l'est. Face au monde chrétien byzantin et aux communautés juives, le «vide» arabe se comble peu à peu, religieusement et politiquement, grâce au Messager d'Allah rassoul Allah. En effet, les Arabes furent le dernier peuple du monde méditerranéen ancien à embrasser le monothéisme. C'est sans doute pour cela que Muhammad s'est considéré comme le dernier des prophètes, le «sceau des prophètes», de la tradition héritée d'Abraham. Le complément du Coran La place capitale occupée par le Prophète dans le système religieux islamique est parfaitement illustrée par la première obligation de celui qui adhère à l'islam, à savoir la récitation de la profession de foi: «J'atteste qu'il n'y a de dieu que Dieu et que Muhammad est le messager de Dieu.» L'emprise de la personnalité du fondateur de l'islam a été telle que les générations suivantes se sont empressées de recueillir avec minutie tous ses actes, ses moindres paroles – ses silences même ont fait l'objet d'interprétations –, pour les consigner systématiquement dans des recueils dont le poids dogmatique et juridique équivaut à celui du Coran. Les ouvrages de traditions prophétiques considérées comme les plus authentiques sont les volumineux recueils d'al-Boukhari et de Mouslim (IXe siècle). Tradition et Coran forment ainsi les deux «sources» de la religion.
Un modèle à suivre L'influence du Prophète s'est fait sentir tout au long de l'histoire musulmane. Imiter sa conduite reste pour chaque musulman pieux l'objectif à atteindre, et cela dans des domaines extrêmement variés: dire telle prière à tel moment, ne pas se servir de la main droite pour telle action, affranchir un esclave, etc. Mais au-delà de ces comportements, qui relèvent du domaine privé, l'histoire des pays musulmans a vu surgir, surtout dans des moments de crise, des personnages qui ont tenté de rééditer l'histoire prophétique, dans ses actions de réforme religieuse et morale, avec les mêmes moyens politiques et militaires et en imitant la vie du Prophète dans tous ses détails. C'est le phénomène des mahdis («guidés par Allah»), dont le plus célèbre reste celui du Soudan turco-égyptien (XIXe siècle), qui recréa une unité soudanaise et édifia un nouvel État islamique, à l'instar de Muhammad à Médine. L'élan missionnaire se poursuivra après lui, grâce à une foi et à une organisation fondées sur un ensemble de textes qu'Allah lui avait révélés sa vie durant: le Coran.
1 -[Muhammad]
2 -[Muhammad : La vocation de Muhammad]
3 -[Muhammad : Médine : premier «État» islamique (622-632)]
Source : Données encyclopédiques, copyright © 2001 Hachette Multimédia / Hachette Livre, tous droits réservés.
|