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n ce temps-là, Mahamati-Grand-Être dit au Bienheureux : " Le germe de bouddha que mentionne le Bienheureux dans un sutra canonique [le Tathagatagarbha], Tu le dépeins en vérité comme originellement resplendissant, très pur, sans tache, muni des trente-deux marques, immanent au corps de tous les êtres. Telle une pierre de grand prix couverte d'ordures, il est couvert des vêtements des agrégats, des éléments, des sphères sensorielles et dominé par les impuretés des attractions, de la répulsion et de la confusion... Pourtant le Bienheureux le dépeint comme éternel, stable et permanent. Ce germe de bouddha ne ressemble-t-il pas Soi substantiel tel que le conçoivent les philosophes ? Car, Bienheureux, le Soi qu'ils enseignent est permanent, non agent, éternel, dépourvu de toute qualité, omniprésent et impérissable. "
A cela, le Bienheureux répond que son enseignement est intentionnel :
"Non, Mahamati, mon enseignement portant sur le tathagatagarbha ne ressemble nullement à la doctrine du Soi des philosophes, parce que l'embryon de bouddha enseigné par les Tathagata est vacuité, limite de l'existence, extinction [nirvana]. Il n'a ni naissance ni signe ni prise en considération. Si les Tathagata, saints et complètement Éveillés, donnent un enseignement qui débouche sur le germe de bouddha, c'est pour que les esprits puérils n'aient plus la terreur de l'absence de soi et que leur devienne accessible le domaine indifférencié et sans représentation (sous forme d'embryon de bouddha). Je désire, Mahamati, que les bodhisattva présents et à venir n'adhèrent pas au Soi. Tout comme un potier par son habileté fabrique des pots très variés à partir d'une même argile, en se servant de bâton, d'eau, de corde, de même les Tathagata enseignent ou bien l'insubstantialité des choses, ou bien l'embryon de bouddha en tout être afin de mettre un terme au fonctionnement de la totalité des différenciations; et comme le potier, grâce à l'habileté en moyens dus à la sapience..., à l'aide d'expressions, de suggestions et de synonymes appropriés, ils répandent leur enseignement mystique. C'est ainsi que la doctrine du germe de bouddha sert à tirer les philosophes de leur adhésion au Soi et à les éveiller à la complète illumination."
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