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eaucoup, qui ont l’esprit dans un triste état, l’ont revêtu d’un corps de toute beauté, d’une illustre famille, de richesses, et, le jour du jugement, quantité de témoins sont venus parler en leur faveur, en affirmant tous que leur vie a été juste. Alors, les juges ont été impressionnés par tout cela, et d’ailleurs eux aussi ils ont une enveloppe : quand ils jugent, leur esprit a devant lui leurs yeux, leurs oreilles, tout leur corps qui le cache. Qui, tout ça, ils l’ont devant eux, leur propre enveloppe et celle des hommes qu’ils jugent. La première mesure à prendre, c’est que les hommes ne doivent plus connaître à l’avance le jour de leur mort ; car quand ils le savent, ils prennent leurs précautions. Ordre a été donné à Prométhée d’arrêter ça. Ensuite, il faut les juger nus, dépouillés de toutes ces choses-là : ils doivent être déjà morts quand on les juge. Le juge aussi doit être nu, être mort, et regarder d’esprit à esprit chaque homme dans l’instant qui suit sa mort, seul, sans la famille au grand complet, et après qu’il a laissé toutes ces parures sur la terre. Et cela, pour que la sentence soit juste.
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