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ais s'il est un etat ou l'ame trouve une assiette assez solide pour s'y reposer tout entiere et rassembler la tout son etre, sans avoir besoin de rappeler le passe ni d'enjamber sur l'avenir, […] oul le present dure toujours, [ ... ] sans aucun autre sentiment de privation ou de jouissance, de plaisir ni de peine, de desir ni de crainte, que celui de notre existence, et que ce sentiment seul puisse le remplir tout entiere; tant que cet etat dure, celui qui s'y trouve peut s'appeler heureux, d'un bonheur suffisant, parfait et plein, qui ne laisse dans l'Ame aucun vide qu'elle sente le besoin de remplir... De quoi jouit-on dans une pareille situation? De rien d'exterieur a soi, de rien sinon de soi-meme et de sa propre existence; tant que cet etat dure on se suffit a soi-meme comme Dieu, Le sentiment de l'existence depouille de toute autre affection est par lui-meme un sentiment precieux de contentement et de paix, qui suffirait seul pour rendre cette existence chere et douce a qui saurait ecarter de soi toutes les impressions sensuelles et terrestres qui viennent sans cesse nous, en distraire […]
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