Une pensée politique et sociale
Si l'on peut penser que certains des textes exposant la doctrine de Confucius ont été rédigés par le maître, sa pensée est essentiellement connue grâce à une compilation de ses aphorismes rassemblés par ses disciples dans un recueil intitulé Entretiens familiers (Lunyu).L'ordre politique et social constituait la principale préoccupation deConfucius, qui était conscient du rôle complémentaire des princes – détenteurs du pouvoir – et des intellectuels – détenteurs du savoir – dans la société chinoise de son temps. Afin d'assurer la légitimité et l'autorité de l'État, les féodaux s'appuyaient, en effet, sur la classe des fonctionnaires lettrés, qui fournissaient le gros des commis de l'État: administrateurs, législateurs, magistrats, trésoriers, inspecteurs, conseillers politiques, «ingénieurs». Or, tout en constituant la cheville ouvrière de l'État, ces intellectuels étaient exclus des privilèges héréditaires (fiefs, honneurs) des princes. Trop attachés aux hommes puissants qu'ils servaient, ils étaient peu enclins aux innovations sociales et politiques. Et pourtant, souvent méprisés, voire spoliés, par les féodaux, beaucoup d'entre eux appelaient de leurs vœux un système social dans lequel leurs mérites seraient dûment reconnus.Les intellectuels se référaient parfois à un prétendu âge d'or où des personnages mythiques (Shen Nong, Huangdi ou l'empereur Jaune, Zhuanxu, Yao, Yu le Grand) avaient gouverné la Chine, dans le seul souci du bien du peuple, avec l'aide de sages illustres. Ils spéculaient donc sur un État idéal, conduit par un roi (wang) mandaté par le Ciel (d'où son surnom de «Fils du Ciel»: Tianzi). Le rôle de ce souverain était de gouverner selon les «Cinq Principes», qui garantissaient l'harmonie sociale, les «Cinq Rites», qui assuraient les bons rapports entre les hommes et les divinités, et les «Cinq Châtiments», destinés à punir les contrevenants aux grands principes moraux et politiques. Autour du roi était réuni un conseil de sages empreints des «Neuf Vertus», capables de conduire les hommes aux «Cinq Bonheurs».Conçue dans une Chine encore profondément marquée par le sens du sacré, cette société idéalisée était bâtie sur la morale individuelle et les pratiques religieuses, voire magiques. En effet, dans la pensée traditionnelle chinoise, l'art du bon gouvernement était lié étroitement à l'harmonie cosmique: la stricte observance des rituels saisonniers était censée protéger les agriculteurs des calamités naturelles, et le souverain du retrait de son mandat céleste. Cette conception, dans laquelle le respect de la nature et de ses cycles se confondait avec le respect de l'homme, se retrouve dans la philosophie taoïste, à laquelle la pensée de Confucius n'est pas totalement étrangère.
1 -[Confucianisme]
2 -[Confucianisme : L' éthique confucéenne]
3 -[Confucianisme : La destinée du confucianisme]
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