15.
1
En voici un autre qui pense à prendre la mer, et se dispose à voyager sur les flots en fureur : il invoque un bois plus fragile encore que le vaisseau qui le porte;
- Iterum alius navigare cogitans,/ et per feros fluctus iter facere incipiens,/ ligno portante se, fragilius lignum invocat./ (Ⅳ)
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15.
2
car, ce vaisseau, c'est la passion du lucre qui l'a inventé, et c'est l'habileté de l'ouvrier qui l'a construit.
- Illud enim cupiditas acquirendi excogitavit,/ et artifex sapientia fabricavit sua./ (Ⅳ)
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15.
3
Mais, ô Père, c'est votre providence qui le gouverne, vous qui avez même ouvert un chemin dans la mer, et une route sûre au milieu des flots,
- Tua autem, Pater, providentia gubernat :/ quoniam dedisti et in mari viam,/ et inter fluctus semitam firmissimam,/ (Ⅳ)
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15.
4
montrant par là que vous pouvez délivrer de tout péril, afin que, même sans la science de la navigation, on puisse se mettre en mer. Vous ne voulez pas que les œuvres de votre sagesse restent inutiles; c'est pourquoi les hommes, confiant leur vie à un bois fragile,
- ostendens quoniam potens es ex omnibus salvare,/ etiam si sine arte aliquis adeat mare./ (Ⅳ)
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15.
5
traversent les vagues sur un radeau, et échappent à la mort.
- Sed ut non essent vacua sapientiæ tuæ opera,/ propter hoc etiam et exiguo ligno credunt homines animas suas,/ et transeuntes mare per ratem liberati sunt./ (Ⅳ)
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15.
6
Et jadis, alors que les géants orgueilleux périssaient, l'espérance de l'univers échappa sur une barque, et, gouvernée par votre main, laissa au monde la semence d'une postérité.
- Sed et ab initio cum perirent superbi gigantes,/ spes orbis terrarum ad ratem confugiens,/ remisit sæculo semen nativitatis quæ manu tua erat gubernata./ (Ⅳ)
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15.
7
Car béni est le bois qui sert à un juste usage.
- Benedictum est enim lignum per quod fit justitia ;/ (Ⅳ)
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15.
8
Mais l'idole, œuvre de la main des hommes, est maudite, elle et son auteur : celui-ci parce qu'il l'a faite, celle-là parce qu'étant périssable, elle est appelée Dieu;
- per manus autem quod fit idolum,/ maledictum est et ipsum, et qui fecit illud :/ quia ille quidem operatus est,/ illud autem cum esset fragile, deus cognominatus est./ (Ⅳ)
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15.
9
car Dieu hait également l'impie et son impiété,
- Similiter autem odio sunt Deo impius et impietas ejus ;/ (Ⅳ)
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15.
10
et l'œuvre et l'ouvrier seront pareillement châtiés.
- etenim quod factum est, cum illo qui fecit tormenta patietur./ (Ⅳ)
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15.
11
C'est pourquoi les idoles des nations seront visitées, parce que, créatures de Dieu, elles sont devenues une abomination, un scandale pour les âmes des hommes, un piège pour les pieds des insensés.
- Propter hoc et in idolis nationum non erit respectus,/ quoniam creaturæ Dei in odium factæ sunt,/ et in tentationem animabus hominum,/ et in muscipulam pedibus insipientium./ (Ⅳ)
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15.
12
L'idée de faire des idoles fut le principe de la fornication, et leur invention a amené la perte de la vie.
- Initium enim fornicationis est exquisitio idolorum,/ et adinventio illorum corruptio vitæ est :/ (Ⅳ)
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15.
13
Il n'y en avait pas à l'origine et il n'y en aura pas toujours.
- neque enim erant ab initio,/ neque erunt in perpetuum./ (Ⅳ)
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15.
14
C'est la vanité des hommes qui les a introduites dans le monde; aussi leur fin prochaine est-elle arrêtée dans la pensée divine.
- Supervacuitas enim hominum hæc advenit in orbem terrarum,/ et ideo brevis illorum finis est inventus.]\ (Ⅳ)
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15.
15
Un père accablé par une douleur prématurée a façonné l'image d'un fils qui lui a été trop tôt enlevé; et cet enfant qui était mort, il s'est mis à l'honorer comme un Dieu, et il a institué parmi les gens de sa maison des rites pieux et des cérémonies.
- Acerbo enim luctu dolens pater,/ cito sibi rapti filii fecit imaginem ;/ et illum qui tunc quasi homo mortuus fuerat,/ nunc tamquam deum colere cœpit,/ et constituit inter servos suos sacra et sacrificia./ (Ⅳ)
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15.
16
Puis, cette coutume impie, s'affermissant avec le temps, fut observée comme une loi, et, sur l'ordre des princes, on adora les statues.
- Deinde interveniente tempore, convalescente iniqua consuetudine,/ hic error tamquam lex custoditus est,/ et tyrannorum imperio colebantur figmenta./ (Ⅳ)
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15.
17
Quand on ne pouvait les honorer en face, parce qu'ils habitaient trop loin, on se représentait leur lointaine figure, et l'on façonnait une image visible du roi vénéré, afin de rendre à l'absent des hommages aussi empressés que s'il eût été présent.
- Et hos quos in palam homines honorare non poterant/ propter hoc quod longe essent,/ e longinquo figura eorum allata,/ evidentem imaginem regis quem honorare volebant fecerunt,/ ut illum qui aberat, tamquam præsentem colerent sua sollicitudine./ (Ⅳ)
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15.
18
Et, pour le succès de la superstition, ceux qui ne le connaissaient pas y furent amenés par l'ambition de l'artiste.
- Provexit autem ad horum culturam/ et hos qui ignorabant artificis eximia diligentia./ (Ⅳ)
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15.
19
Celui-ci, en effet, désireux de plaire au maître puissant, épuisa tout son art à embellir le portrait.
- Ille enim, volens placere illi qui se assumpsit,/ elaboravit arte sua ut similitudinem in melius figuraret./ (Ⅳ)
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15.
20
Et la foule des hommes, séduite par l'élégance de l'œuvre, regarda comme un Dieu celui qui naguère était honoré comme un homme.
- Multitudo autem hominum, abducta per speciem operis,/ eum qui ante tempus tamquam homo honoratus fuerat,/ nunc deum æstimaverunt./ (Ⅳ)
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15.
21
Ce fut un piège pour les vivants que les hommes, sous l'influence de l'infortune ou de la tyrannie, eussent donné à la pierre ou au bois le nom incommunicable.
- Et hæc fuit vitæ humanæ deceptio,/ quoniam aut affectui aut regibus deservientes homines,/ incommunicabile nomen lapidibus et lignis imposuerunt.]\ (Ⅳ)
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15.
22
Bientôt ce ne fut pas assez pour eux d'errer dans la notion de Dieu; vivant dans un état de lutte violente, par suite de leur ignorance, ils appelaient du nom de paix de tels maux.
- Et non suffecerat errasse eos circa Dei scientiam,/ sed et in magno viventes inscientiæ bello,/ tot et tam magna mala pacem appellant./ (Ⅳ)
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15.
23
Célébrant des cérémonies homicides de leurs enfants ou des mystères clandestins, et se livrant aux débauches effrénées de rites étranges,
- Aut enim filios suos sacrificantes,/ aut obscura sacrificia facientes,/ aut insaniæ plenas vigilias habentes,/ (Ⅳ)
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15.
24
ils n'ont plus gardé de pudeur ni dans leur vie, ni dans leurs mariages. L'un tue l'autre par la trahison, ou l'outrage par l'adultère.
- neque vitam, neque nuptias mundas jam custodiunt :/ sed alius alium per invidiam occidit,/ aut adulterans contristat,/ (Ⅳ)
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15.
25
C'est partout un mélange de sang et de meurtre, de vol et de tromperie; de corruption et d'infidélité, de révolte et de parjure,
- et omnia commista sunt : sanguis, homicidium,/ furtum et fictio, corruptio et infidelitas,/ turbatio et perjurium, tumultus bonorum,/ (Ⅳ)
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15.
26
de persécution des gens de bien, d'oubli des bienfaits, de souillure des âmes, de crimes contre nature, d'instabilité dans les unions, d'adultère et d'impudicité.
- Dei immemoratio, animarum inquinatio,/ nativitatis immutatio, nuptiarum inconstantia,/ inordinatio mœchiæ et impudicitiæ./ (Ⅳ)
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15.
27
Car le culte des idoles sans nom est le principe, la cause et la fin de tout mal.
- Infandorum enim idolorum cultura/ omnis mali causa est, et initium et finis./ (Ⅳ)
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15.
28
Leurs divertissements sont de folles joies, et leurs oracles, des mensonges; ils vivent dans l'injustice et se parjurent sans scrupule.
- Aut enim dum lætantur insaniunt,/ aut certe vaticinantur falsa,/ aut vivunt injuste, aut pejerant cito./ (Ⅳ)
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15.
29
Comme ils mettent leur confiance en des idoles sans vie, ils n'attendent aucun préjudice de leurs parjures.
- Dum enim confidunt in idolis quæ sine anima sunt,/ male jurantes noceri se non sperant./ (Ⅳ)
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15.
30
Mais un juste châtiment les frappera pour ce double crime : parce que, s'attachant aux idoles, ils ont eu sur Dieu des pensées perverses, et parce qu'ils ont fait par fourberie des serments contre la justice, au mépris des plus saintes lois.
- Utraque ergo illis evenient digne,/ quoniam male senserunt de Deo, attendentes idolis,/ et juraverunt injuste,/ in dolo contemnentes justitiam./ (Ⅳ)
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15.
31
Ce n'est pas la puissance des idoles par lesquelles ils ont juré, c'est le châtiment dû aux pécheurs qui atteint toujours la prévarication des impies.
- Non enim juratorum virtus,/ sed peccantium pœna,/ perambulat semper injustorum prævaricationem.] (Ⅳ)
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