PART I [LE MONDE D'APRES LA MORT ]
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12 Verses | Page 1 / 1
(Version Marguerite La Fuente)


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5. 1  
L'influence déterminante de la pensée
5. 2  
(Instructions pour l'Officiant) : Dites cela, car, par une telle confrontation, bien que la Libération n'ait pas été obtenue précédemment, elle peut sûrement être obtenue ici (300). Il est (cependant) possible que la Libération ne soit pas obtenue même après cette confrontation, et une application tendue et continuelle étant essentielle, appelant encore le défunt par son nom, parlez ainsi :
5. 3  
"Ô fils noble, tes expériences immédiates seront des joies momentanées suivies de chagrins momentanés d'une grande intensité, comme (la tension et la détente) de l'action mécanique d'une catapulte (301). N'aie pas le moindre attachement (pour les joies) ni le moindre déplaisir (pour les chagrins). Si tu dois naître sur un plan plus haut, la vision de ce plan élevé commencera à poindre sur toi.
5. 4  
Tes parents vivants peuvent – par manière de dédicace au bénéfice du mort – sacrifier beaucoup d'animaux (302), accomplir des cérémonies religieuses et donner des aumônes. Toi, à cause de ta vision non purifiée, tu peux être entraîné à te mettre en grande colère en voyant leurs actes, et cela amènera à ce moment ta renaissance en Enfer. Quelques choses que puissent faire ceux que tu as laissés derrière toi, agis de façon à ce que nulle pensée de colère ne se lève en toi et médite avec amour sur eux.
5. 5  
De plus, si tu te sens attaché aux biens du monde laissés derrière toi ou si, voyant ces biens que tu possédais aux mains d'autres personnes, tu t'y attaches par faiblesse, si tu sens la colère envers tes successeurs, ce sentiment affectera psychologiquement ce moment d'une telle façon que, même si tu étais destiné à naître dans un plan supérieur plus heureux, tu seras obligé de naître en Enfer, ou dans le monde des pretas (esprits malheureux). D'autre part, si tu es attaché aux biens du monde laissés derrière toi, tu ne seras pas capable de les posséder et ils ne te serviront de rien. Donc, abandonne toute faiblesse et tout attachement pour eux, rejette-les au loin complètement, renonce à eux de tout cœur. Peu importe qui possède tes richesses, n'aie pas de sentiments avares mais sois prêt à renoncer à tout volontairement. Pense que tu offres ces biens à la Précieuse Trinité et à ton guru, demeure dans le détachement dénué de faiblesse (du désir).
5. 6  
Lorsque la récitation du Kamkani Mantra (303) est faite à tes funérailles, quand un rite pour l'abolition du mauvais karma – pouvant te faire naître dans les basses régions – est accompli pour toi, si tu vois cela fait d'une manière incorrecte mêlée de sommeil, de distraction, de non-observance, des vœux, de manque de pureté (d'un des officiants) ou faite à la légère – toutes choses que tu seras capable de voir puisque tu es doté du pouvoir karmique limité de prescience (304) – tu peux éprouver un manque de foi, une absence de croyance (en ta religion). Tu seras capable de saisir toute crainte ou peur, toutes actions noires, conduite irréligieuse et de juger la récitation incorrecte des rituels (305). Tu penseras : "Hélas ! vraiment ils me trahissent". Et le pensant tu seras déprimé et par grand ressentiment tu tomberas dans le doute et la perte de la foi, au lieu de l'affection et la foi humble. Ceci affectant ce moment psychologiquement, tu seras certain de naître dans un des états misérables.
5. 7  
Telle (pensée) non seulement ne te servira de rien, mais te fera grand mal. Si incorrect que soit le rituel et inconvenante que soit la conduite des prêtres accomplissant tes rires funéraires (pense) : "Vraiment mes propres pensées doivent être impures. Comment seraitil possible que les paroles du Bouddha soient incorrectes ? C'est comme si je voyais dans un miroir la réflexion de taches sur ma propre face ; mes propres pensées (vraiment) doivent être impures. Quant à ceux-ci (les prêtres), le Sangha est leur corps, le Dharma leur parole et dans leur esprit, ils sont réellement le Bouddha. Je prendrai mon refuge en eux". Pensant ainsi aie confiance en eux et exerce un sincère amour envers eux. Alors tout ce qui sera fait pour toi (par ceux) laissés en arrière servira vraiment à ton bénéfice. Donc cet exercice de ton amour est de grande importance ; n'oublie pas cela.
5. 8  
Si tu étais destiné à naître dans un des états misérables et que la lueur de cet état misérable luise déjà sur toi, si tes successeurs et parents accomplissent les rites blancs (306) religieux non mêlés de mauvaises actions, et si les abbés et prêtres instruits se dévouent en corps, paroles et esprit à l'accomplissement des rituels méritoires corrects, la joie bien accueillie que tu sentiras en les voyant, par sa seule vertu affectera ce moment psychologique de telle façon que, même si tu méritais une naissance dans un monde malheureux, cela amènera ta naissance dans un plan plus haut et plus heureux. (Donc) tu ne dois pas créer des pensées impies mais exercer impartialement envers tous la pure affection et l'humble foi. Ceci est d'une haute importance. Sois donc extrêmement prudent.
5. 9  
Ô fils noble, pour résumer : ton intellect présent dans l'État intermédiaire ne dépendant d'aucun objet ferme, étant de peu de poids et en mouvement perpétuel, toute pensée qui te viendra maintenant – pieuse ou impie – prendra grande force. Donc, ne pense pas à des choses impies mais souviens-toi de n'importe quel exercice de dévotion ; ou, si tu n'étais pas accoutumé à de tels exercices (montre) une pure affection et une humble foi. Prie le Compatissant ou ta Déité tutélaire, dis résolument :
5. 10  
"Hélas ! pendant que je suis seul, errant, séparé des amis chers (307) ;
Lorsque le reflet vide du corps de mes propres idées mentales brille sur moi,
Puissent les Bouddhas exerçant leur pouvoir de Compassion, Accorder qu'il n'y ait dans le Bardo, nulle peur, horreur, ou terreur.
Lorsque j'endure les misères du pouvoir du mauvais karma,
Puissent les Déités Tutélaires dissiper ces misères.
Lorsque les milliers de tonnerres du son de la Réalité se répercutent,
Puissent-ils être tous les sons des Six Syllabes.
Lorsque Karma vous suit, n'ayant alors aucun protecteur (308).
Puisse le Compatissant me protéger. Je supplie.
Lorsque j'endure ici les misères des tendances karmiques ;
Puisse la radiation de l'heureuse et claire lumière de Samādhi luire sur moi".
5. 11  
Une prière sincère dans cette forme te sera un guide sûr. Tu peux être assuré de n'être pas déçu. Ceci est d'une grande importance. Par cette récitation, encore une fois viendra le souvenir et la reconnaissance et la Libération seront accomplies."
5. 12  
Notes

(300) Litt. sera obtenu.
(301) Ce qui veut dire : par moments le bon karma élèvera le défunt à un état d'esprit spirituel, et à d'autres, le mauvais karma devenant prédominant, le défunt sera précipité dans la dépression mentale. D'où l'image de la catapulte parfois tendue par karma jusqu'à sa limite puis alternativement détendue.
(302) Chaque fois qu'un animal est sacrifié – en général pour servir à la nourriture – le défunt est dit être incapable d'échapper au résultat karmique du sacrifice fait en son nom, de telle sorte que l'horreur lui en revient directement. Il crie aux vivants de cesser, mais, comme ils ne l'entendent pas, il est enclin à se mettre en colère et la colère doit être évitée à tout prix, car si elle s'élève sur le plan du Bardo, telle une lourde charge, elle force le mort à s'enfoncer dans les états d'esprits inférieurs appelés Enfers. Les sacrifices d'animaux au mort dans le Tibet et l'Inde ont une origine ancienne bien antérieure au Bouddhisme qui naturellement les interdit. Cette coutume survit au Thibet, sans l'approbation des Lāmas, ainsi que notre texte l'indique, et, si elle est encore pratiquée aujourd'hui, c'est assez rarement, par des tribus frustes, des districts éloignés, qui ne sont guère Bouddhistes que de nom. Excepté pour les Yogīs ou Lāmas désireux d'obtenir un avancement spirituel développé – lequel ne peut être obtenu par un être mangeant de la viande – les Tibétains sont des mangeurs de viande comme les Brāhmanes du Cachemire (non reconnus comme tels par les Brāhmanes menant la vie pure aux Indes) et donnent comme raison de ce régime les nécessités économiques et climatiques. Bien que le Tibet soit pauvre en céréales, légumes et fruits, ceci semble être surtout un essai inconscient d'excuse à une prédisposition sociale héritée d'ancêtres nomades et pasteurs. Même à Ceylan, où il n'y a nulle excuse pour les Bouddhistes à la désobéissance au précepte de ne pas tuer, l'habitude de manger de la viande a fait de grands progrès depuis l'arrivée du Christianisme, qui malheureusement et contrairement au Bouddhisme, n'enseigne pas la bonté envers les animaux comme un principe religieux. Saint Paul lui-même disait que "Dieu ne s'inquiète pas des boeufs". Pourtant à Ceylan, sur la Montagne sacrée de Mihintale, demeure comme témoin d'un temps purement Bouddhiste, un ancien édit gravé sur pierre interdisant (ainsi que dans les édits d'Asoka) le meurtre des animaux pour les sacrifices et la nourriture.
(303) Ce mantra est considéré comme ayant le pouvoir magique de transmuer la nourriture offerte aux morts en ce qui est acceptable pour eux.
(304) Dans son intégralité le pouvoir de prescience comprend la connaissance du passé, du présent et du futur, la possibilité de lire les pensées des autres et la connaissance non obscurcie de ses propres capacités et limitations. Seuls des êtres hautement développés, comme par exemple des adeptes en yoga, ont un tel pouvoir de prescience. Sur le plan du Bardo – différent du monde humain – chaque être possède, en vertu de la libration du corps physique grossier, un certain degré de ce pouvoir, ainsi qu'il est indiqué dans le texte.
(305) Ce qui veut dire : crainte, frayeur, incorrection ou négligence chez celui qui conduit les rites funéraires.
(306) Blanc opposé à noir (comme dans la magie noire ou sorcellerie).
(307) Voir Orologium Sapientiae (éd. Comper, p.119 : "Où est l'aide de mes amis ? Où sont maintenant les bons services de mes proches et autres ?".
(308) Voir note (245).


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