[193a]
[...] Il est écrit (Gen., XLI, 1) : “ A la fin (miqetz) de deux ans, Pharaon eut un songe. ”
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Job, XXVIII, 3) : “Il a fixé une fin aux ténèbres, et il considère lui-même la fin de toutes choses, la pierre ensevelie dans l’obscurité et dans l’ombre. ” Ce verset a déjà été expliqué de cette façon : Les mots : “ Il a fixé une fin aux ténèbres ” désignent la “ fin du côté gauche ” qui parcourt le monde, qui s’élève ensuite et se présente au-devant du Saint, béni soit-il, et qui requiert contre le monde, ainsi que cela a été déjà dit (1). Les paroles : “ ... Et il considère lui-même la fin de toutes choses ” signifient que le démon, appelé “ fin ”, n’a en vue que la destruction du monde. Enfin, les paroles : “ ... La pierre ensevelie dans l’obscurité et dans l’ombre ” désignent les entraves que le démon met au-devant des hommes pour les empêcher d’accomplir les bonnes œuvres, ainsi qu’il est écrit (Job, X, 22) : “ ... Terre de misère et de ténèbres, où habite l’ombre de la mort, où tout est sans ordre et dans une éternelle horreur. ”
Remarquez qu’il y a une “ terre de vie ” : c’est la terre d’en haut symbolisée par la terre d’Israël, et une “ terre de misères et de ténèbres ” où habite l’ombre de la mort : c’est la terre du démon appelé “fin ”, qui vient du côté gauche et est formée de la gangue de l’or, ainsi que cela a été déjà dit. Il convient à l’homme de contempler les œuvres du Saint, béni soit-il, et de se consacrer à la Loi jour et nuit, afin qu’il s’instruise et qu’il s’attache au culte ; car la doctrine exhorte l’homme et lui crie (Prov., IX, 16) : “ Que celui qui est insensé se dirige là ; c’est à l’homme sans cœur qu’elle parle ainsi. ” Mais l’homme qui s’applique à l’étude de la Loi et s’attache à elle est jugé digne d’être uni à l’Arbre de vie, ainsi qu’il est écrit (Prov., III, 18) : “ Elle est un arbre de vie pour ceux qui l’embrassent ; et heureux celui qui se tient fortement uni à elle. ” Remarquez que l’homme qui s’attache à l’Arbre de vie, ici-bas, y sera également uni dans le monde d’en haut. Et comme l’arbre est composé de feuilles, de branches et du tronc, les âmes qui émanent de cet arbre sont également divisées en degrés ; il y en a qui constituent les feuilles, d’autres qui forment les branches, et d’autres encore qui constituent le tronc ; la Foi commune les unit toutes et en fait un seul arbre. De sorte que tous les fidèles en Israël se trouvent étroitement liés à l’Arbre de vie, et tous les hommes qui se consacrent à l’étude de la Loi [...]
- דְּכַמָּה מְמַנָּן וּשְׁלִיחָן אִית לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְכֻלְּהוּ קָיְימֵי לְאַסְטָאָה עֲלַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל (זהר חדש ל''ג בגין לאסתאבא להו). וְעַל דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִזְדַּמַּן קַמַּיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל בְּגִין לְנַטְרָא לְהוּ, וְלָא יָכִילוּ לְקַטְרְגָא לְהוּ.
כִּי עָצוּם עוֹשֵׂה דְבָרוֹ. מַאן עָצוּם, דָּא הוּא זַכָּאָה הַהוּא דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא קַדִּישָׁא יְמָמָא וְלֵילֵי. דָּבָר אַחֵר כִּי עָצוּם, דָּא הוּא מְקַטְרְגָא דְּאִשְׁתַּכַּח קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְאִיהוּ תַּקִּיפָא כְּפַרְזְלָא תַּקִּיפָא כְּטִינָרָא. עוֹשֵׂה דְבָרוֹ, דְּנָטִיל רְשׁוּת מִלְּעֵילָא וְנָטִיל נִשְׁמָתָא מִתַּתָּא.
כִּי גָדוֹל יוֹם יְיָ וְנוֹרָא מְאֹד וּמִי יְכִילֶנּוּ. דְּאִיהוּ שַׁלִּיט עַל כֹּלָּא, וְעִלָּאָה וְתַקִּיפָא עַל כֻּלְּהוּ, וְכֻלְּהוּ תְּחוֹת שָׁלְטָנֵיהּ. זַכָּאִין אִינוּן צַדִּיקַיָּיא, דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בְּהוּ תָּדִיר, לְזַכָּאָה לוֹן לְעַלְמָא דְאָתֵי וּלְמֶחֱדֵי לְהוּ בְּחֵידוּ דְצַדִּיקַיָיא דִּזְמִינִין לְמֶחדֵי בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. דִּכְתִיב, (תהילים ה׳:י״ב) וְיִשְׂמְחוּ כָל חוֹסֵי בָךְ לְעוֹלָם יְרַנִּנוּ וְתָסֵךְ עָלֵימוֹ וְיַעְלְצוּ בְךָ אוֹהֲבֵי שְׁמֶךָ. בָּרוּךְ יְיָ לְעוֹלָם אָמֵן ואָמֵן: (Ⅰ)
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[193b]
[...] sont unis entre eux grâce au tronc de l’arbre, ainsi que cela a été dit. L’Écriture (Gen., XLI, 1) dit : “ A la fin (miqetz) de deux ans... ”
Rabbi Siméon dit : La “ fin ”, c’est-à-dire le démon qui émane du côté gauche, n’a point de souvenir ; l’oubli est de son côté. Joseph disait au grand échanson (Gen., XL, 14) : “ Seulement, souviens-toi de moi quand le bonheur te sera arrivé. ” Joseph s’était trompé ; car il croyait qu’à ce degré il y avait du souvenir, alors que, chez le démon, il n’y a que de l’oubli, ainsi qu’il est écrit (Gen., XL, 23) : “ Mais le grand échanson ne se souvint plus de Joseph, et il l’oublia. ” L’Écriture ajoute : “ Pharaon eut un songe ; il lui semblait qu’il était sur le bord du fleuve. ” Ce songe concernait Joseph qui était l’image du fleuve céleste. Tel est le sens anagogique de la tradition aux termes de laquelle quiconque voit en songe un fleuve, voit la paix, ainsi qu’il est écrit (Is., LXVI, 12) : “ Je vais faire couler sur elle la paix, comme un fleuve. ” L’Écriture dit : “ A la fin de deux ans... ”
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Prov., XIX, 4) : “ Le roi soutient la terre par la justice ; mais l’homme orgueilleux la détruit. ” Remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde d’en haut, il fit tout de manière parfaite ; il fit sortir des rayons de la Lumière suprême afin que la terre ici-bas en fût éclairée. Il créa le ciel d’en haut et la terre d’en bas afin que la terre profitât des rayons d’en haut pour former un seul tout.
Remarquez que le “ Roi ” désigne le Saint, béni soit-il ; “ la justice ” désigne Jacob qui est le soutien de la terre. C’est pourquoi le Vav procède du Hé d’en haut, alors qu’à son tour le Hé d’ici-bas sort du Vav (2).
D’après une autre interprétation, le “ Roi ” désigne le Saint, béni soit-il, et “ la justice ” désigne Joseph, que le Saint, béni soit-il, a élevé au rang de maître du pays par le mérite de Jacob.
Rabbi Yossé dit : La phrase : “ Le roi soutient la terre par la justice ” désigne Jacob ; car, avant l’arrivée de Jacob, le fléau de la famine y sévissait, alors que la famine cessa aussitôt que Jacob fut arrivé en Égypte. D’après une autre interprétation, la phrase : “ Le roi soutient la terre par la justice ” désigne le roi David, ainsi qu’il est écrit (II Rois, VIII, 15) : “ Et David faisait justice à tout son peuple. ” C’est lui qui est le soutien de la terre, et c’est grâce à lui qu’elle subsiste. Et les paroles : “ ... Mais l’homme orgueilleux la détruit ” désignent Roboam.
Remarquez que le Saint, béni soit-il, diffère les châtiments décrétés contre le monde en faveur des justes. Tant que le roi David a vécu, la terre a subsisté par son mérite, ainsi qu’il est écrit (IV Rois, XX, 6) : “ Et je protégerai la ville à cause de moi-même et en considération de David mon serviteur. ” De même, durant la vie de Jacob et même durant la vie de Joseph, le monde n’a pas subi de châtiments.
Remarquez que la phrase : “ Le roi soutient la terre par la justice ” désigne Joseph. La phrase : “ ... Mais l’homme orgueilleux la détruit ” désigne Pharaon. En endurcissant son cœur, Pharaon a causé la destruction du pays, alors que Joseph avait contribué précédemment à sauver le pays, grâce à son interprétation des songes. L’Écriture dit : “ A la fin de deux ans, Pharaon eut un songe. ”
Rabbi Éléazar ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XVIII, 47) : “ Vive le Seigneur, et que mon Créateur soit béni : que le Dieu (Eloheï) qui me sauve soit glorifié. ” Le mot “ Eloheï ” est écrit avec un Vav ; aussi ce verset mérite-t-il qu’on l’examine. Le terme : “ Vive le Seigneur ” désigne le Juste qui est la base du monde et qui est appelé : “ Celui qui vit en toute éternité. ” Les paroles : “ Que mon Créateur soit béni ” désignent également le Juste sur lequel le monde est basé, ainsi qu’il est écrit (Ps., CXLIV, 1) : “ Béni soit le Seigneur, mon Créateur, qui apprend à mes mains à combattre, et à mes doigts à faire la guerre. ” Les paroles : “ Que le Dieu qui me sauve soit glorifié ” désignent le monde supérieur. Le mot “ Eloheï ” est écrit avec un Vav, parce qu’il désigne le ciel, ainsi qu’il est écrit (Ps., CXV, 16) : “ Les cieux appartiennent au Seigneur, alors qu’il a donné la terre aux hommes. ” Remarquez que l’Écriture (Ps., LXVIII, 20) dit : “ Béni soit le Seigneur (Adonaï) tous les jours : le Dieu qui nous sauve en tant de manières, etc. ” L’Écriture se sert ici du nom sacré composé des lettres Aleph, Daleth, Noun et Yod. Ce verset renferme un mystère de la Sagesse. Les mots : “ Tous les jours ” font allusion aux deux ans (3), ainsi qu’il est écrit : [...]
- וַיְהִי מִקֵּץ, רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאֲמַר, (איוב כח ג) קֵץ שָׂם לַחשֶׁךְ וּלְכָל תַּכְלִית הוּא חוֹקֵר אֶבֶן אֹפֶל וְצַלְמָוְת, הַאי קְרָא אִתְּמָר. קֵץ שָׂם לַחשֶׁךְ, דָּא אִיהוּ קֵץ דִּשְׂמָאלָא, דְּאִיהוּ שָׁאט בְּעַלְמָא, וְשָׁאט לְעֵילָא, וְקָיְימָא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְאַסְטֵי, וְקַטְרִיג עַל עַלְמָא, וְהָא אִתְּמָר. וּלְכָל תַּכְלִית הוּא חוֹקֵר, דְּהָא כָּל עוֹבָדוֹי לָאו אִינוּן לְטַב, אֶלָּא לְשֵׁיצָאָה תָּדִיר וּלְמֶעְבַּד כְּלָיָה בְּעָלְמָא.
אֶבֶן אֹפֶל וְצַלְמָוֶת, דָּא אֶבֶן נֶגֶף, דְּבָהּ כָּשְׁלִין חַיָּיבִין, וְקָיְימָא בְּהַאי דְאִקְרֵי, (איוב י׳:כ״ב) אֶרֶץ עֵפָתָהּ כְּמוֹ אֹפֶל. תָּא חֲזֵי, אִית אֶרֶץ חַיִּים לְעֵילָא, וְהַאי אִיהוּ אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. (ד''א ואית ארץ לתתא ונקרא) אֹפֶל וְצַלְמָוֶת, אֹפֶל דְּנַפְקָא מֵאֶרֶץ עֵפָתָה. מַאי (ס''א ארץ) אֶבֶן אֹפֶל וְצַלְמָוֶת, דָּא הוּא קֵץ דְּאִיהוּ מִסִּטְרָא דְחשֶׁךְ, זוּהֲמָא דְּדַהֲבָא, וְהָא אִתְּמָר.
תָּא חֲזֵי, כַּמָּה אִית לוֹן לִבְנֵי נָשָׁא לְאִסְתַּכָּלָא בְּפוּלְחָנָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וּלְאִשְׁתַּדְּלָא בְּאוֹרַיְיתָא יְמָמָא וְלֵילֵי. בְּגִין דְּיִנְדְּעוּן וְיִסְתַּכְּלוּן בְּפוּלְחָנֵיהּ. דְּהָא אוֹרַיְיתָא אִיהִי מַכְרְזָא בְּכָל יוֹמָא קַמֵּיהּ דְּבַר נָשׁ וְאָמְרָה, (משלי ט׳:ד׳) מִי פֶּתִי יָסוּר הֵנָּה חֲסַר לֵב וְאָמְרָה לוֹ, וְהָא אוֹקִימְנָא מִלֵּי.
וְכַד בַּר נָשׁ אִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא, וְאִתְדָּבַּק בָּהּ, זָכֵי לְאִתְתַּקְפָא בְּאִילָנָא דְחַיֵּי, דִּכְתִיב, (משלי ג׳:י״ח) עֵץ חַיִּים וְגו'. וְתָּא חֲזֵי, כַּד בַּר נָשׁ אִתְתַּקַּף בְּאִילָנָא דְחַיֵּי בְּהַאי עַלְמָא, אִתְתַּקַּף בֵּיהּ לְעַלְמָא דְאָתֵי. דְּהָא כַּד נִשְׁמָתִין נָפְקִין מֵהַאי עַלְמָא, הָכִי אִתְתַּקְּנָן לְהוּ דַּרְגִּין לְעַלְמָא דְאָתֵי.
תָּא חֲזֵי, אִילָנָא דְחַיֵּי, אִיהוּ בְּכַמָּה דַרְגִּין מִתְפָּרְשָׁן דָּא מִן דָּא, וְכֻלְּהוּ חַד. דְּהָא בְּאִילָנָא דְחַיֵּי אִית דַּרְגִּין אִלֵּין עַל אִלֵּין. עַנְפִין, וְעָלִין, קְלִיפִין, (ס''א נופא) גּוּפָא דְאִילָנָא, שָׁרָשִׁין. וְכֹלָּא הוּא אִילָנָא. כְּגַוְונָא דָא, כָּל מַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא, אִיהוּ אִתְתַּקַּן וְאִתְתַּקַּף בְּאִילָנָא דְחַיֵּי.
וְכָל בְּנֵי דִּמְהֵימְנוּתָא יִשְׂרָאֵל, כֻּלְּהוֹן מִתְתַּקְּפִין בְּאִילָנָא דְחַיֵּי, כֻּלְּהוּ אֲחִידִין בְּאִילָנָא מַמָּשׁ. מִנְּהוֹן בְּהַהוּא (ס''א נופא) גוּפָא דְּבֵיהּ, מִנְּהוֹן אֲחִידָן בְּעַנְפִין, מִנְּהוֹן בְּעָלִין, מִנְּהוֹן בְּשָׁרָשִׁין. אִשְׁתַּכָּחוּ דְּכֻלְּהוּ אֲחִידָן בְּאִילָנָא דְחַיֵּי. וְאִינוּן דְּמִשְׁתַּדְּלִין בְּאוֹרַיְיתָא (Ⅰ)
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[194a]
[...] “ A la fin de deux ans, etc. ” Le songe de Pharaon, à qui il semblait se trouver sur le bord d’un fleuve, concernait Joseph le juste qui est l’image du fleuve céleste.
L’Écriture ajoute : “ Et du fleuve sortaient sept vaches fort belles et extrêmement grasses qui paissaient dans les marécages. ” Comme le fleuve désigne Joseph, les sept vaches désignent les sept lumières qui sortent du fleuve céleste pour apporter la bénédiction ici-bas. Comme ces sept vaches désignent les sept degrés célestes, l’Écriture les appelle “ des vaches fort belles et extrêmement grasses ”. C’est à ces sept degrés que correspondent (Esther, II, 9) “ les sept filles parfaitement belles de la maison du roi ”. C’est également à ces sept degrés que correspondent (ibid, I, 10) les “ sept officiers qui servent le roi ”.
Rabbi Isaac dit : Les “ sept vaches belles ” sont l’image des sept degrés sacrés et les “ sept vaches maigres ” sont l’image des sept degrés d’en bas. Les premières “ sept vaches ” désignent les sept degrés de la sainteté, et les secondes “ sept vaches ” désignent les sept degrés de l’impureté.
Rabbi Yehouda dit : Les “ sept épis pleins de grains ” désignent également les sept degrés de la sainteté qui émanent du côté droit ; et la preuve en est que l’Écriture se sert du mot “ tob ” (bon), alors que les “ sept épis desséchés ” désignent les sept degrés de l’impureté. Dieu montra ainsi à Pharaon les divers degrés de la hiérarchie du règne céleste, ainsi que les degrés du règne de Satan.
Rabbi Yessa demanda : Comment Dieu a-t-il montré à un coupable tel que Pharaon tant de secrets !
Rabbi Yehouda lui répondit : Pharaon n’a vu que des degrés superposés les uns sur les autres ; il n’a pas compris les degrés célestes ; il n’a compris que les degrés du règne de Satan. Ceci corrobore la tradition suivant laquelle les songes ne sont que la forme grossière de ce que l’âme voit pendant qu’elle est séparée du corps. L’âme voit les choses réellement telles qu’elles sont, alors que le corps ne les voit que sous une forme qui correspond à son degré ; chacun voit les choses selon le degré sur lequel il est placé.
Il est écrit : “ A la fin de deux ans, Pharaon eut un songe. ”
Rabbi Hizqiya ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ecclés., III, 1) : “ Toutes choses ont leur temps sous le ciel, et toutes choses ont un terme. ” Remarquez que le Saint, béni soit-il, a fixé un terme à tout ce qu’il a fait ici-bas ; il a fixé un terme à la lumière du jour, et un terme à l’obscurité de la nuit ; il a fixé un terme à la domination des autres peuples et il a fixé un terme à l’exil d’Israël asservi par les autres peuples.
D’après une autre interprétation, les paroles : “ ... Toutes choses ont un terme (eth) ” signifient qu’il y a un terme pour les prières ; car il y a des heures qui sont plus propices à la prière que les autres, ainsi qu’il est écrit (Ps., CXIX, 126) : “ Il est temps de travailler pour le. Seigneur, etc. ” ; et ailleurs, il est écrit (Lévit., XVI, 2) : “ ... Et qu’il ne pénètre dans le sanctuaire à chaque instant (eth). ” C’est le chef céleste appelé “ eth ” (temps) qui est chargé ici-bas de toutes les choses qui ont un temps fixé. L’Écriture dit : “ A la fin de deux ans (miqetz), Pharaon eut un songe. ” Par le mot “ miqetz ”, l’Ecriture nous indique que le songe de Pharaon venait du côté du démon “ Fin ” (qetz).
Il est écrit (Gen., XLI, 8) : “ Et le matin il fut saisi de frayeur ; il envoya chercher tous les devins et tous les sages d’Égypte ; et il leur raconta son songe, sans qu’il s’en trouvât un seul qui pût l’interpréter. ” Que signifie le mot : “ Il fut saisi de frayeur (va-thipaem”) ” ?
Rabbi Yossé dit : L’Écriture se sert du même mot pour Pharaon et pour Nabuchodonosor (Dan., II, 1) ; Pharaon n’a eu que le songe ; mais il n’a pas vu l’interprétation, alors que, Nabuchodonosor a vu le songe et l’interprétation ; mais il a tout oublié. Quant au mot “ va-thipaem ”, il a la même signification que le mot “ le-paâmo ” dans le verset (Juges, XIII, 25) suivant : “ Et l’Esprit du Seigneur commença à le fréquenter de temps à autre (le-paâmo). ” L’Écriture veut donc dire que l’esprit de Pharaon venait à lui et le quittait, et revenait de nouveau, tant il était inquiet ; tel est également le sens du verset (Nomb., XXIV, 1) suivant : “ Balaam, voyant que le Seigneur voulait qu’il bénît Israël, n’alla plus comme auparavant (ke-paâm be-paâm) vers les serpents. ” L’Écriture nous indique que Balaam avait coutume de pratiquer tantôt un genre de magie [...]
- כֻּלְּהוּ אֲחִידָן בְּגוּפָא דְאִילָנָא. וּבְּגִין כָּךְ מַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא, אִיהוּ אָחִיד בְּכֹלָּא, וְהָא אוּקְמוּהָ וְאִתְּמָר. וַיְהִי מִקֵּץ, מַאי מִקֵּץ. רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, אֲתַר דְּלֵית בָּהּ זְכִירָה, וְדָא הוּא קֵץ דִּשְׂמָאלָא. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דִּכְתִיב, (בראשית מ׳:י״ד) כִּי אִם זְכַרְתַּנִי אִתְּךָ כַּאֲשֶׁר יִיטַב לָךְ. וְכִי הָכִי אִתְחֲזֵי לֵיהּ לְיוֹסֵף צַדִּיקָא, דְּאִיהוּ אָמַר כִּי אִם זְכַרְתַּנִי אִתְּךָ. אֶלָּא כֵּיוָן דְּאִסְתַּכַּל יוֹסֵף בְּחֶלְמֵיהּ. אָמַר, וַדַּאי חֶלְמָא דִזְכִירָה אִיהוּ. וְאִיהוּ טָעָה בְּהַאי, דְּהָא בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא הֲוֵי כֹלָּא.
וְעַל דָּא אֲתַר דְּהֲוָה בֵּיהּ נַשְׁיוּ קָם קַמֵּיהּ, מַה כְּתִיב וְלֹא זָכַר שַׂר הַמַּשְׁקִים אֶת יוֹסֵף וַיִּשְׁכָּחֵהוּ. כֵּיוָן דְּאָמַר וְלֹא זָכַר שַׂר הַמַּשְׁקִים, מַהוּ וַיִּשְׁכָּחֵהוּ. אֶלָּא וַיִּשְׁכָּחֵהוּ אֲתַר דְּאִית בֵּיהּ שִׁכְחָה, וְדָא הוּא קֵץ דְּסִטְרָא דְּחשֶׁךְ. שְׁנָתַיִם יָמִים, מַאי שְׁנָתַיִם. דְּתָב דַּרְגָּא, לְדַרְגָּא דְּאִית בֵּיהּ זְכִירָה.
וּפַרְעֹה חוֹלֵם וְהִנֵּה עוֹמֵד עַל הַיְאֹר, דָּא חֶלְמָא דְיוֹסֵף הֲוָה. בְּגִין דְּכָל נָהָר, דְּיוֹסֵף הַצַּדִּיק אִיהוּ. וְרָזָא דָּא הֲוֵי, הַאי מַאן דְּחָמֵי נָהָר בַּחֲלוֹם, חָמֵי שָׁלוֹם. דִּכְתִיב, (ישעיהו ס״ו:י״ב) הִנְנִי נוֹטֶה אֵלֶיהָ כְּנָהָר שָׁלוֹם: וַיְהִי מִקֵּץ שְׁנָתַיִם. רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאֲמַר, (משלי כ״ט:ד׳) מֶלֶךְ בַּמִּשְׁפָּט יַעֲמִיד אֶרֶץ וְאִישׁ תְּרוּמוֹת יֶהֶרְסֶנָּה, תָּא חֲזֵי, כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא עִלָּאָה, אַתְקִין כֹּלָּא כְּדְקָא יְאוּת, וְאַפִּיק נְהוֹרִין עִלָּאִין מְנַהֲרִין לְכָל סִטְרִין, וְכֹלָּא אִיהוּ חַד. וּבָרָא שָׁמַיִם דִלְעֵילָא וְאֶרֶץ דִּלְעֵילָא, לְאִתְתַּקְנָא כֻּלְּהוּ כְּחֲדָא, לְתוֹעַלְתָּא דְתַתָּאֵי.
תָּא חֲזֵי, מֶלֶךְ בַּמִּשְׁפָּט יַעֲמִיד אֶרֶץ. מַאן מֶלֶךְ, דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. בַּמִּשְׁפָּט, דָּא יַעֲקֹב, דְּאִיהוּ קִיּוּמָא דְאַרְעָא. וְעַל דָּא, ו' אִתְּזָן מִן ה' עִלָּאָה, ה' תַּתָּאָה אִתְּזָנַת מִן ו', דְּקִיּוּמָא דְאַרְעָא אִיהוּ בְּמִשְׁפָּט. דְּהָא מִשְׁפָּט יַעֲמִיד אֶרְץ בְּכָל תִּקּוּנוֹי, וְזָן לָהּ.
דָּבָר אַחֵר, מֶלֶךְ, דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. בַּמִּשְׁפָּט, דָּא יוֹסֵף. יַעֲמִיד אֶרֶץ, דִּכְתִיב (בראשית מ״א:נ״ז) וְכָל הָאָרֶץ בָּאוּ מִצְרַיְמָה לִשְׁבּוֹר אֶל יוֹסֵף. וּבְגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בֵּיהּ בְּיַעֲקֹב, עֲבַד לֵיהּ לְיוֹסֵף שַׁלִּיטָא עַל אַרְעָא.
רִבִּי יוֹסֵי אָמַר, מֶלֶךְ, דָּא יוֹסֵף. בַּמִּשְׁפָּט יַעֲמִיד אֶרֶץ, דָּא יַעֲקֹב. דְּהָא עַד לָא אֲתָא יַעֲקֹב לְמִצְרַיִם, לָא הֲוָה קִיּוּמָא בְּאַרְעָא, מִגּוֹ כַּפְנָא. כֵּיוָן דְּאֲתָא יַעֲקֹב לְמִצְרַיִם, בִּזְכוּתֵיהּ אִסְתַּלַּק כַּפְנָא, וְאִתְקְיַּים אַרְעָא.
דָּבָר אַחֵר, מֶלֶךְ בַּמִּשְׁפָּט יַעֲמִיד אֶרֶץ, דָּא דָּוִד מַלְכָּא, דִּכְתִיב, (שמואל ב ח׳:ט״ו) וַיְהִי דָּוִד עוֹשֶׂה מִשְׁפָּט וּצְדָקָה לְכָל עַמּוֹ, וְאִיהוּ קִיֵּים אַרְעָא, וּבִזְכוּתֵיהּ קָיְימָא לְבָתַר דְּנָא. וְאִישׁ תְּרוּמוֹת יֶהֶרְסֶנָּה, דָּא רְחַבְעָם.
תָּא חֲזֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּגִינֵיהוֹן דְּצַדִּיקַיָא, אַף עַל גַּב דְּפוּרְעֲנוּתָא אִתְגְּזַר עַל עַלְמָא, מִתְעַכְּבָא בְּגִינֵיהוֹן וְלָא שָׁלְטָא עַל עַלְמָא. כָּל יוֹמוֹי דְּדָוִד מַלְכָּא אִתְקָיְימָא אַרְעָא בְּגִינֵיהּ, לְבָתַר דְּמִית אִתְקָיְימָא בִּזְכוּתֵיהּ. דִּכְתִיב, (מלכים ב כ׳:ו׳) וְגַנּוֹתִי עַל הָעִיר הַזֹּאת לְהוֹשִׁיעָהּ לְמַעֲנִי וּלְמַעַן דָּוִד עַבְדִּי. כְּגַוְונָא דָּא, כָּל יוֹמוֹי דְיַעֲקֹב וְכָל יוֹמוֹי דְיוֹסֵף, לָא שָׁלְטָא פּוּרְעֲנוּתָא בְּעַלְמָא.
תָּא חֲזֵי, מֶלֶךְ בַּמִּשְׁפָּט יַעֲמִיד אֶרֶץ, דָּא יוֹסֵף. וְאִישׁ תְּרוּמוֹת יֶהֶרְסֶנָּה, דָּא פַּרְעֹה. דְּהָא בְּגִין דְּאַקְשֵׁי לִבֵּיהּ לְגַבֵּי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, חָרִיב אַרְעָא דְמִצְרַיִם. וּבְקַדְמִיתָא עַל יְדָא דְיוֹסֵף אִתְקְיַּים אַרְעָא בְּהַהוּא חֶלְמָא דְּחָלַם. דִּכְתִיב, וַיְהִי מִקֵּץ שְׁנָתַיִם יָמִים וְגו'. וַיְהִי מִקֵּץ וְגו'. רִבִּי אֶלְעָזָר פָּתַח וְאֲמַר, (תהילים י״ח:מ״ז) חַי יְיָ וּבָרוּךְ צוּרִי וְיָרוּם אֱלֹהֵי יִשְׁעִי. אֱלוֹהֵי כְּתִיב, בְּוי''ו. הַאי קְרָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא בֵּיהּ. חַי יְיָ, דָּא חַי צַדִּיקָא יְסוֹדָא דְעַלְמָא, דְּאִקְרֵי חַי דְעָלְמִין. וּבָרוּךְ צוּרִי, דָּא (ס''א הוד) הוּא דִכְתִיב (תהילים קמ״ד:א׳) בָּרוּךְ יְיָ צוּרִי, וְדָא עַלְמָא דְאִתְקְיַּים עֲלֵיהּ צַדִּיקָא דָא. וְיָרוּם אֱלהֵי יִשְׁעִי. וְיָרוּם דָּא עַלְמָא עִלָּאָה. אֱלוֹהֵי בְּוא''ו, דָּא שָׁמַיִם, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהלים קטז) הַשָּׁמַיִם שָׁמַיִם לַיְיָ.
תָּא חֲזֵי, (כמה דאת אמר) (תהילים ס״ח:כ׳) בָּרוּךְ אֲדֹנָ''י יוֹם יוֹם יַעֲמָס לָנוּ. בָּרוּךְ אֲדֹנָ''י, בְּאָלֶ''ף דָּלֶ''ת נוּ''ן יוּ''ד, וְהַאי קְרָא רָזָא דְּחָכְמְתָא אִיהוּ. יוֹם יוֹם, אֵלּוּ שְׁנָתַיִם יָמִים, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (Ⅰ)
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[194b]
[...] et tantôt un autre genre, tant que son esprit n’était pas satisfait.
L’Écriture ajoute : “ Et il envoya chercher tous les devins et les sages de l’Égypte. ” Les “ devins ” désignent les magiciens ; et les “ sages ” désignent les astrologues ; tous se sont efforcés de trouver le sens du songe de Pharaon ; mais ils n’ont pas pu y parvenir.
Rabbi Isaac dit : Bien qu’il ait été dit précédemment que l’on ne montre à l’homme dans le songe que des choses qui correspondent à son degré, il n’en est pas de même des rois auxquels on fait voir des choses même au-dessus de leur entendement ; les rois étant au-dessus des autres hommes, le ciel fait aussi une exception en leur faveur, ainsi qu’il est écrit (Gen., XLI, 25) : “ Dieu a montré à Pharaon ce qu’il fera dans la suite. ” Mais le Saint, béni soit-il, ne montre pas aux autres hommes ce qu’ils feront dans la suite, excepté aux prophètes, aux zélés ou aux sages, ainsi que cela a été déjà dit (4).
Remarquez que l’Ecriture (Gen., XLI, 13) dit : “ Il me rétablit dans ma charge, et il pendit le grand panetier. ” Le grand échanson s’exprimait devant Pharaon de telle façon qu’il pût faire supposer que c’était Joseph lui-même qui l’avait rétabli dans sa charge, et qui avait pendu l’autre, parce que la réalisation du songe dépend de la façon dont il est interprété ; c’était donc réellement Joseph, par sa façon d’interpréter les songes, qui rétablit l’un et pendit l’autre.
Il est écrit (Gen., XLI, 14) : “ Et Pharaon fit chercher Joseph et le fit tirer de l’a fosse, etc. ” Rabbi Abba ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CXLVII, 11) : “ Le Seigneur met son plaisir en ceux qui le craignent, en ceux qui espèrent en sa miséricorde. ” Le Seigneur se délecte, en effet, avec les justes qui font la paix en haut et la paix en bas, et qui font l’union entre la Fiancée céleste et le Fiancé céleste. Les mots : “ ... Ceux qui espèrent en sa miséricorde ” désignent les hommes qui, se consacrant à l’étude de la Loi durant la nuit, s’associent à la Schekhina ; car un rayon de grâce couvre, pendant le jour, ceux qui se consacrent à l’étude de la Loi durant la nuit, ainsi qu’il est écrit (Ps., XLII, 9) : “ Le Seigneur a envoyé sa miséricorde durant le jour, et je lui chante un cantique pendant la. nuit. ” C’est pourquoi l’Écriture dit : “ Le Seigneur met son plaisir en ceux qui le craignent. ” Le Saint, béni soit-il, cherche en quelque sorte à se concilier ceux qui le craignent. De même, Joseph était triste pendant le temps qu’il était enchaîné dans la fosse ; aussi Dieu se le concilia-t-il par la joie qu’il lui procura lorsqu’il en est sorti. Rabbi Siméon dit : Joseph était appelé “ juste ” avant la tentation ; il n’a mérité ce nom qu’après avoir résisté à la tentation, en conservant dans toute sa pureté la marque sacrée de l’Alliance. C’est pour cette raison que Joseph est appelé “ source d’eau vivante ”. Une fosse marquait le commencement de ses malheurs, et c’était également une fosse qui en marquait la fin. L’Écriture dit : “ Et Pharaon envoya, et il appela Joseph” ; mais elle ne dit pas : “ Et Pharaon envoya chercher Joseph ”, de façon à nous indiquer que c’était le Saint, béni soit-il, qui appela Joseph, ainsi qu’il est écrit (Ps., CV, 19) : “ Avant que l’ordre arrivât, la parole du Seigneur l’avait embrasé. ” Ainsi, l’Écriture dit que le Seigneur l’avait déjà appelé avant que l’ordre de délivrance émanant de Pharaon fût donné. Ici l’Écriture (Lévit., I, 1) dit. “ Et il appela Joseph. ” Et ailleurs, il est écrit : “ Et il appela Moïse. ” De même que, dans ce dernier verset, c’était le Seigneur, lui-même, qui appela, de même, pour Joseph, c’était Dieu qui appela(5).
L’Écriture ajoute : “ Il se rasa, changea d’habits, et se présenta devant Pharaon. ” Il agit de la sorte, par respect pour le roi, ainsi que cela a été dit.
Rabbi Éléazar ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : L’Écriture (Ps. , CV, 23) dit : “ ... Et Israël entra en Égypte ; et Jacob demeura dans le pays de Cham. ” Remarquez que le Saint, béni soit-il, arrange lui-même les péripéties dont est marquée la vie humaine.
Une tradition nous apprend que, n’était l’amour que le Saint, béni soit-il, portait aux patriarches, Jacob aurait dû être conduit en Égypte, lié avec des chaînes de fer. Mais comme le Saint, béni soit-il, l’aimait, il y envoya d’abord Joseph, qui y devint maître de toute la terre ; de sorte que Jacob fit son entrée en Égypte comme un roi, entouré de gloire et des tribus. Du moment que l’Écriture dit : “ Et Israël entra en Egypte ”, pourquoi a-t-elle besoin de répéter “ Et Jacob demeura dans le pays de Cham ” ? Ne sait-on pas que l’Égypte est le pays de Cham ? Mais les mots : “ Et Israël entra en Égypte ” désignent le Saint, béni soit-il ; car c’est à cause de Jacob et de ses fils que la Schekhina vint en Égypte ; et comme c’est le Saint, béni soit-il, qui fait les arrangements de toutes choses, [...]
- וַיְהִי מִקֵּץ שְׁנָתַיִם יָמִים וּפַרְעֹה חוֹלֵם וְהִנֵּה עוֹמֵד עַל הַיְאוֹר, רָזָא אִיהוּ, כְּמָה דְאִתְּמָר דָּא יוֹסֵף. דְּנָהָר (ס''א דכל נהר) דָּא, יוֹסֵף הַצַּדִּיק הוּא. וְהִנֵּה מִן הַיְאוֹר עוֹלוֹת שֶׁבַע פָּרוֹת יְפוֹת מַרְאֶה וּבְרִיאוֹת בָּשָׂר וַתִּרְעֶינָה בָּאָחוּ. וְהִנֵּה מִן הַיְאוֹר, דְּהָא מִנָּהָר דָּא אִתְבָּרְכָאן כָּל אִינוּן דַּרְגִּין דִּלְתַתָּא. בְּגִין דְּהַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק, אִיהוּ אַשְׁקֵי וְזָן לְכֹלָּא. וְיוֹסֵף אִיהוּ נָהָר, לְאִתְבָּרְכָא כָּל אַרְעָא דְמִצְרַיִם בְּגִינֵיהּ.
וְתָּא חֲזֵי, הַהוּא נָהָר, שֶׁבַע דַּרְגִין אִתְשַׁקְיָין וְאִתְבָּרְכָן מִנֵּיהּ, וְאִלֵּין אִינוּן יְפוֹת מַרְאֶה וּבְרִיאוֹת בָּשָׂר. וַתִּרְעֶינָה בָּאָחוּ, בְּחִבּוּרָא בְּאַחְוָותָא דְּלָא אִשְׁתַּכַּח בְּהוּ פִּירוּדָא. וְכֻלְּהוּ לְשַׁבָּחָא קָיְימִין, דְּהָא כָּל הַנֵּי דַרְגִּין שֶׁבַע דְּקָאֲמָרָן, רָזָא אִיהוּ. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (אסתר ב׳:ט׳) וְאֵת שֶׁבַע הַנְּעָרוֹת הָרְאוּיוֹת לָתֵת לָהּ מִבֵּית הַמֶּלֶךְ וְגו'. וְעַל דָּא שֶׁבַע פָּרוֹת יְפוֹת מַרְאֶה, וְלָקֳבֵל דָּא כְּתִיב שִׁבְעַת הַסָּרִיסִים הַמְשָׁרְתִים אֶת פְּנֵי הַמֶּלֶךְ וְגו'.
רִבִּי יִצְחָק אָמַר, שֶׁבַע פָּרוֹת הַטּוֹבוֹת, דַּרְגִּין אִינוּן עִלָּאִין עַל אָחֳרָנִין. וְשֶׁבַע הַפָּרוֹת הָרָעוֹת, דַּרְגִּין אָחֳרָנִין דִּלְתַתָּא. אִלֵּין מִסִּטְרָא דִקְדוּשָׁה, וְאִלֵּין מִסִּטְרָא דִּמְסָאֲבָא.
שֶׁבַע הַשִּׁבֳּלִים, רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, אִלֵּין קֳדָמָאי אִינוּן טָבִין, בְּגִין דְּאִינוּן מִסִּטְרָא דִימִינָא דִּכְתִיב בֵּיהּ כִּי טוֹב. וְאִלֵּין בִּישִׁין אִינוּן לְתַתָּא מִנַּיְיהוּ. שֶׁבַע הַשִּׁבֳּלִים אִינוּן מִסִּטְרָא דְּדַכְיוּ, וְאִלֵּין מִסִּטְרָא דִּמְסָאֲבוּ, וְכֻלְּהוּ דַּרְגִּין קָיְימִין אִלֵּין עַל אִלֵּין, וְאִלֵּין לָקֳבֵל אִלֵּין, וְכֻלְּהוּ קָא חָמָא פַּרְעֹה בְּחֶלְמֵיהּ.
אָמַר רִבִּי יֵיסָא, וְכִי לְהַהוּא חַיָּיבָא דְפַרְעֹה אַחְזְיָין לֵיהּ כָּל הַנִּי. אָמַר לֵיהּ רִבִּי יְהוּדָה, כְּגַוְונָא דִלְהוֹן חָמָא. דְּכַמָּה דַּרְגִּין עַל דַּרְגִּין, אִלֵּין לָקֳבֵל אִלֵּין, וְאִלֵּין עַל אִלֵּין, וְאִיהוּ חָמָא בְּאִינוּן דַּרְגִּין דִּלְתַתָּא.
וְהָא תָּנִינָן, דְּהָא כְּמָה דְאִיהוּ בַּר נָשׁ, הָכִי אַחְזְיוּ לֵיהּ בְּחֶלְמֵיהּ, וְהָכִי חָמֵי. וְנִשְׁמָתָא הָכִי סָלְקַת לְאִשְׁתְּמוֹדְעָא. כָּל חַד וְחַד כְּפוּם דַּרְגֵּיהּ כְּדְקָא חָזֵי לֵיהּ, וּבְגִין כָּךְ פַּרְעֹה חָמָא כְּדְקָא חָזֵי לֵיהּ, וְלָא יַתִּיר:
וַיְהִי מִקֵּץ וְגו', רִבִּי חִזְקִיָּה פָּתַח וְאָמַר, (קהלת ג׳:א׳) לַכֹּל זְמַן וְעֵת לְכָל חֵפֶץ תַּחַת הַשָּׁמָיִם. תָּא חֲזֵי, כָּל מַה דְּעֲבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְתַתָּא, לְכֹלָּא שַׁוֵּי זִמְנָא וּזְמַן קָצוּב. זְמַן שַׁוֵּי לִנְהוֹרָא וְלַחֲשׁוֹכָא, זִמְנָא שַׁוֵּי לִנְהוֹרָא דִּשְׁאָר עַמִּין, דְּאִינוּן שָׁלְטִין הַשְׁתָּא עַל עַלְמָא. וְזִמְנָא שַׁוֵּי לַחֲשׁוֹכָא, דְּאִיהוּ גָלוּתָא דְיִשְׂרָאֵל תְּחוֹת שָׁלְטָנוּתָא דִלְהוֹן. זִמְנָא שַׁוֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְכֹלָּא, בְגִין כָּךְ לַכֹּל זְמַן וְעֵת לְכָל חֵפֶץ. מַאי וְעֵת לְכָל חֵפֶץ. זִמְנָא וְעִדָּן הוּא לְכֹלָּא, לְכָל הַהוּא רְעוּתָא דְּאִשְׁתַּכַּח לְתַתָּא.
דָּבָר אַחֵר וְעֵת לְכָל חֵפֶץ, מַאי עֵת. כְּדִכְתִיב, (תהילים קי״ט:קכ״ו) עֵת לַעֲשׂוֹת לַיְיָ הֵפֵרוּ תוֹרָתֶךָ. וּכְתִיב, (ויקרא י״ז:ט׳) וְאַל יָבֹא בְכָל עֵת אֶל הַקֹּדֶשׁ. וְאִיהוּ דַרְגָּא מְמַנָּא, וְהָא אוּקְמוּהָ. וּבְגִין כָּךְ עֵת אִיהוּ מְמַנָּא, לְכָל חֵפֶץ תַּחַת הַשָּׁמָיִם. וַיְהִי מִקֵּץ שְׁנָתַיִם יָמִים, מִסִּטְרָא דְהַהוּא קֵץ דְּחשֶׁךְ חָמָא פַּרְעֹה בְּחֶלְמֵיהּ, וּמִתַּמָּן יָדַע וְאִתְגְּלִי לֵיהּ הַהוּא חֶלְמָא. וַיְהִי בַבֹּקֶר וַתִּפָּעֶם רוּחוֹ וַיִּשְׁלַח וַיִּקְרָא אֶת כָּל חַרְטֻמֵּי מִצְרַיִם וְאֶת כָּל חֲכָמֶיהָ וְגו'. וַתִּפָּעֶם רוּחוֹ. מַאי וַתִּפָּעֶם. רִבִּי יוֹסֵי אָמַר, הָא אוּקְמוּהָ בְּפַרְעֹה כְּתִיב וַתִּפָּעֶם, וּבִנְבוּכַדְנֶצַּר כְּתִיב, (דניאל ב׳:ה׳) וַתִּתְפָּעֶם, וְאוּקְמוּהָ דְּהָא בְּפַרְעֹה כְּתִיב וַתִּפָּעֶם, בְּגִין דְּהֲוָה יָדַע חֶלְמָא, וּפִשְׁרָא לָא הֲוָה יָדַע, אֲבָל נְבוּכַדְנֶצַּר, חָמָא חֶלְמָא, וְחָמָא פִּשְׁרָא, וְאִתְנְשֵׁי כֹּלָּא מִנֵּיהּ.
אֲבָל תָּא חֲזֵי, וַתִּפָּעֶם רוּחוֹ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (שופטים י״ג:כ״ה) לְפַעֲמוֹ, דְּהֲוָה אָתֵי רוּחָא וְאָזִיל, וְאָתֵי וְאָזִיל. וְלָא הֲוָה מִתְיַישְׁבָא עִמֵּיהּ עֲדַיִין כְּדְקָא יְאוּת. וְעַל דָּא כְּתִיב, (שופטים יג) וַתָּחֶל רוּחַ יְיָ לְפַעֲמוֹ, דִּכְדֵין הֲוָה שֵׁירוּתָא. אוּף הָכָא רוּחֵיהּ אִתְעַר בֵּיהּ, וְאָזִיל וְאִתְעַר, וְלָא הֲוָה מִתְיַשְּׁבָא עִמֵּיהּ לְמִנְדַע. נְבוּכַדְנֶצַּר וַתִּתְפָּעֶם רוּחוֹ, בְּאִתְעֲרוּתָא הֲוָה אִתְעַר עַל חַד תְּרִין, (תייבין) וְאָזְלִין וְתָיְיבִין, וְדָא הוּא כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (במדבר כ״ד:א׳) כְּפַעַם בְּפַעַם. פַּעַם בְּהַאי, (Ⅰ)
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[195a]
[...] il envoya d’abord Joseph qui, ayant gardé dans toute sa pureté la marque de l’Alliance, fut jugé digne de devenir le maître de tout le pays. Rabbi Siméon dit : Il est écrit (Ps., CXLVI, 7) : “ Jéhovah délie ceux qui sont enchaînés. ” Et ici l’Écriture (Ps., CV, 20) dit “ Le roi envoya et le délia. ” Donc, le “ Roi ” désigne le Saint, béni, soit-il. Le “ Roi” céleste envoya l’Ange libérateur, qui est le Maître des peuples. Le mot “ vaïeritzouhou” (et il le fit tirer) est écrit sans Vav ; car c’était le Saint, béni soit-il, qui le fit sortir du cachot ; c’est le Seigneur lui-même qui ouvre les cachots, ainsi qu’il est écrit (Job, XII, 14) : “ Il ferme la porte du cachot derrière un homme et nul ne pourra l’ouvrir. ” Et ailleurs (Job, XXXIV, 29) : “ ... Car s’il donne la paix, quel est celui qui le condamnera ? S’il cache son visage, qui pourra le contempler, etc. ? ” Ainsi, c’est Dieu qui cache, et par conséquent c’est lui qui délivre.
Il est écrit ailleurs (Dan., IV, 32)encore : “ Il fait tout ce qu’il lui plaît, soit dans les armées célestes, soit parmi les habitants de la terre ; et nul ne peut résister à sa main, ni lui dire : Pourquoi as-tu fait ainsi ? ” Le mot “ vaïeritzouhou ” a la même signification que le mot “ vaïrtzehou ”, dans le verset (Job, XXIII, 36) suivant : “ Il priera Dieu de lui pardonner, et Dieu lui sera favorable (vaïrtzehou). ” Dieu se montra d’abord favorable à Joseph ; et ce n’est qu’à la suite que celui- ci put arriver devant Pharaon.
D’après une autre interprétation, le mot “ vaïeritzouhou ” signifie que le Saint, béni soit-il, répandit un rayon de grâce sur Joseph, pour que celui-ci trouvât grâce devant Pharaon. Joseph répondit à Pharaon (Gen., XLVI, 16) : “ Élohim répondra en paix à Pharaon. ” Il se servit du mot “ paix ” pour commencer son discours par ce mot, qui est aussi un des noms de Dieu.
Rabbi Abba dit : Remarquez que Pharaon l’impie avait répondu à Moïse (Ex., V, 2) : “ Je ne connais point Jéhovah. ” Mais il était le plus sage de tous les magiciens ; et il est évident qu’il a connu le nom d’ “ Élohim”, attendu qu’il dit à Joseph (Gen., XLI, 38) : “ Où trouverait-on un homme comme celui-ci, qui fut aussi rempli qu’il l’est de l’esprit d’Élohim ? ” Moïse ne lui avait parlé qu’au nom de “ Jéhovah ”, mais non pas au nom d’ “ Elohim ”, qui est plus grave, attendu qu’il règne sur la terre ; Pharaon ne craignait point le nom de “Jéhovah ” c’est pourquoi l’Écriture (Ex., IX, 12) dit : “ Et Jéhovah endurcit le cœur de Pharaon. ” C’était le nom “ Jéhovah ” qui le fit résister ; si Moïse lui eût parlé au nom d’“ Élohim ”, il aurait tremblé ; mais c’était précisément pour qu’il résistât que Moïse lui parla au nom de “Jéhovah ”, ainsi que cela a été dit.
Rabbi Abba commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CXIII, 5) : “ Qui est semblable à Jéhovah, notre Dieu, qui habite les lieux les plus élevés, et qui regarde ce qu’il y a de plus abaissé dans le ciel et sur la terre ? ” Dieu habite les lieux les plus élevés, quand il n’y a point de justes sur la terre ; c’est alors qu’il demeure caché et ne se manifeste point. Mais il regarde ce qu’il y a de plus abaissé sur la terre, lorsqu’il y a des justes ; car ce sont les justes qui constituent le fondement du monde, ainsi qu’il est écrit (Prov., X, 25) : “ Et le Juste est le fondement du monde. ” C’est pourquoi le Saint, béni soit-il, n’a révélé son Saint Nom qu’à Israël seul, qui constitue son héritage, alors que le reste du monde est confié à la direction des chefs célestes, ainsi que cela a été déduit des paroles de l’Écriture (Deut., XXXII, 8) : “ Quand le Très Haut a divisé les peuples, etc. ” ; et plus loin : “ Et il a choisi son peuple pour être particulièrement à lui ; il a pris Jacob pour son héritage. ” Rabbi Hiyâ et Rabbi Yossé ont fait une fois un voyage ensemble.
Rabbi Hiyâ dit à Rabbi Yossé : Je m’étonne que toutes les paroles de Salomon soient énigmatiques et inintelligibles ; ainsi le livre de l’Ecclésiaste ne renferme que des paroles obscures.
Rabbi Hiyâ commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Eccl., I, 8) : “ Toutes les choses du monde sont difficiles ; l’homme ne peut les expliquer par des paroles ; l’œil ne se rassasie point de voir, et l’oreille ne se lasse point d’écouter. ” Il est certain que l’Écriture veut dire que les choses du monde sont tellement au-dessus de l’entendement humain, que la bouche est impuissante à les exprimer, l’œil à les voir et l’oreille à les entendre. Mais, dans ce cas, pourquoi l’Écriture a-t-elle besoin d’énumérer les trois organes : la bouche, l’œil et l’oreille ? Parmi ces trois conceptions, deux ne sont point au pouvoir de l’homme ; l’œil voit et l’oreille entend en dépit de la volonté de l’homme, alors que la parole dépend uniquement de l’homme. L’Écriture nous apprend donc que les choses du monde sont tellement difficiles que non seulement l’œil ne peut les voir, ni l’oreille les entendre, mais que la parole même, qui est au pouvoir de l’homme, ne peut les expliquer. En vérité, ajouta Rabbi Hiyâ, la parole de l’homme ne peut pas tout exprimer, les yeux ne peuvent tout voir, ni les oreilles tout entendre ; et pourtant (Ecclés., II, 9) “rien n’est nouveau sous le soleil ”.
Remarquez que même les esprits purs, dépourvus de corps, que le Saint, béni soit-il, a créés pour qu’ils résident sous le soleil, ne peuvent exprimer toutes les choses du monde ; leur œil ne peut [...]
- וּפַעַם בְּהַאי, וְלָא מִתְיַשְּׁבָא דַּעְתֵּיהּ וְרוּחֵיהּ.
וַיִּשְׁלַח וַיִּקְרָא אֶת כָּל חַרְטוּמֵי מִצְרַיִם, אִלֵּין חֳרָשִׁין. וְאֶת כָּל חֲכָמֶיהָ, אִלֵּין חַכִּימִין בְּטַיְירָא, וְכֻלְּהוּ הֲווּ מִסְתַּכְּלָן לְמִנְדַע וְלא יָכִילוּ לְאַדְבָּקָא.
אָמַר רִבִּי יִצְחָק, אַף עַל גַּב דְּאִתְּמָר דְּלָא אַחְזְיָין לֵיהּ לְבַר נָשׁ אֶלָּא בְּהַהוּא דַרְגָּא דִילֵיהּ, שָׁאנִי לִמְלָכִים, דְּאַחְזְיָין לוֹן מִלִּין עִלָּאִין, וּמְשַׁנְיָין מִבְּנֵי נָשָׁא אָחֳרָנִין. כְּמָה דְמַלְכָּא דַּרְגֵּיהּ עִלָּאָה עַל כָּל שְׁאָר אָחֳרָנִין, הָכִי נָמֵי אַחֲזִיאוּ לֵיהּ בְּדַרְגָּא עִלָּאָה עַל כָּל שְׁאָר אָחֳרָנִין. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר אֶת אֲשֶׁר הָאֱלהִים עוֹשֶׂה הֶרְאָה אֶת פַּרְעֹה. (רלח א) אֲבָל לִשְׁאָר בְּנֵי נָשָׁא, לָא גָלֵי לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מַה דְּאִיהוּ עָבַד, בַּר לִנְבִיאֵי אוֹ לַחֲסִידֵי אוֹ לְחַכִּימֵי דָרָא, וְהָא אוּקְמוּהָ.
תָּא חֲזֵי, כְּתִיב, אוֹתִי הֵשִׁיב עַל כַּנִּי וְאוֹתוֹ תָּלָה, מִכָּאן דְּחֶלְמָא אָזִיל בָּתַר פִּישְׁרָא. הֵשִׁיב עַל כַּנִּי מַאן, אֶלָּא דָּא יוֹסֵף. וְאוֹתוֹ תָלָה, בְּהַהוּא פִּישְׁרָא דְּקָא פָּשַׁר לֵיהּ, וּכְתִיב וַיְהִי כַּאֲשֶׁר פָּתַר לָנוּ כֵּן הָיָה:
וַיִּשְׁלַח פַּרְעֹה וַיִּקְרָא אֶת יוֹסֵף וַיְרִיצֻהוּ מִן הַבּוֹר וְגו'. רִבִּי אַבָּא פָּתַח וְאָמַר, (תהילים קמ״ז:י׳-י״א) רוֹצֶה יְיָ אֶת יְרֵאָיו אֶת הַמְיַחֲלִים לְחַסְדּוֹ. כַּמָּה קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אִתְרָעֵי בְּהוּ בְּצַדִּיקַיָא, בְּגִין דְּצַדִּיקַיָא אִינוּן עַבְדִּין (שלמא ועבדי) שְׁלָמָא לְעֵילָא, וְעַבְדֵי שְׁלָמָה לְתַתָּא, וְאָעֳלִין כַּלָּה בְּבַעֲלָהּ. וּבְגִין כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בְּהוּ, בְּאִנּוּן דְּדַחֲלִין לֵיהּ וְעָבְדִין רְעוּתֵיהּ.
לַמְיַחֲלִים לְחַסְדּוֹ, מַאן אִינוּן מְיַחֲלִים לְחַסְדּוֹ. הוֵי אֵימָא אִינוּן דְּמִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא בְּלֵילְיָא, וְאִשְׁתַּתְּפוּ בַּהֲדֵי שְׁכִינְתָּא. וְכָד אָתֵי צַפְרָא, אִינוּן מְחַכָּאן לְחַסְדּוֹ. וְהָא אוּקְמוּהָ, בְּזִמְנָא דְּבַר נָשׁ אִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא בְּלֵילְיָא, חוּטָא דְחֶסֶד אִתְמְשִׁיךְ עֲלֵיהּ בִּימָמָא. כְּדִכְתִיב, (תהילים מ״ב:ט׳) יוֹמָם יְצַוֶּה יְיָ חַסְדּוֹ וּבַלַיְלָה שִׁירֹה עִמִּי. מַאי טַעְמָא יוֹמָם יְצַוֶּה יְיָ חַסְדּוֹ, מִשּׁוּם דְּבַלַּיְלָה שִׁירֹה עִמִּי. וּבְּגִין כָּךְ רוֹצֶה יְיָ אֶת יְרֵאָיו כְּתִיב, וְלֹא בִירֵאָיו. כְּמַאן דְּרָעֵי בִּרְעוּתֵיהּ לְאַחֲרָא, וְאִתְרְעֵי לֵיהּ לְאִתְפַּיְיסָא בַּהֲדֵיהּ. וּבְגִין כָּךְ רוֹצֶה יְיָ אֶת יְרֵאָיו, וְלֹא בִּירֵאָיו.
כְּגַוְונָא דָא, יוֹסֵף הֲוָה עָצִיב בַּעֲצִיבוּ דְרוּחָא, בַּעֲצִיבוּ דְלִבָּא, דְּהֲוָה אָסִיר תַּמָּן. כֵּיוָן דְּשַׁדַּר פַּרְעֹה בְּגִינֵיהּ, מַה כְּתִיב. וַיְרִיצוּהוּ, אִתְפַּיְיסוּ לֵיהּ וְאַהֲדָרוּ לֵיהּ מִלִּין דְּחֶדְוָה, מִלִּין לְמֶחֱדֵי לִבָּא, בְּגִין דְּהֲוָה עָצִיב מִן בֵּירָא. תָּא חֲזֵי, בְּקַדְמִיתָא נָפַל בְּבֵירָא, בְּבֵירָא אִסְתַּלַּק לְבָתַר.
רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, עַד לָא אֵירַע לְיוֹסֵף הַהוּא עוֹבָדָא, לָא אִקְרֵי צַדִּיק. כֵּיוָן דְּנָטַר הַהוּא בְּרִית קַיָּימָא, אִקְרֵי צַדִּיק. וְהַהוּא דַּרְגָּא דִּבְרִית קַדִּישָׁא אִתְעַטַּר בַּהֲדֵיהּ, וּמַאי דְּהֲוָה (עביד) בַּבּוֹר בְּקַדְמִיתָא, אִסְתַּלַּק בַּהֲדֵיהּ, וּכְתִיב וַיְרִיצֻהוּ מִן הַבּוֹר. אִסְתַּלַּק מִן דָּא, וְאִתְעַטַּר בִּבְאֵר מַיִם חַיִּים.
וַיִּשְׁלַח פַּרְעֹה וַיִּקְרָא אֶת יוֹסֵף, לִקְרֹא לְיוֹסֵף מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא וַיִּקְרָא אֶת יוֹסֵף, דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דִּכְתִיב, (תהילים ק״ה:י״ט) עַד עֵת בֹּא דְבָרוֹ אִמְרַת יְיָ צְרָפָתְהוּ. עַד עֵת בֹּא דְבָרוֹ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיּקְרָא אֶת יוֹסֵף, כְּתִיב הָכָא וַיִּקְרָא אֶת יוֹסֵף, וּכְתִיב הָתָם וַיִּקְרָא אֶל משֶׁה: וַיְגַלַּח וַיְחַלֵּף שִׂמְלוֹתָיו, בְּגִין יְקָרָא דְמַלְכָּא, וְהָא אוּקְמוּהָ.
רִבִּי אֶלְעָזָר פָּתַח, (תהלים קה) וַיָּבֹא יִשְׂרָאֵל מִצְרַיִם וְיַעֲקֹב גָּר בְּאֶרֶץ חָם. תָּא חֲזֵי, דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְגַלְגֵּל גִּלְגּוּלִין בְּעַלְמָא, וּמְקַיֵּים אֱסָרִין וְקִיּוּמִין, בְּגִין לְקַיְימָא קִיּוּמָא וּגְזֵרָה דְּאִיהוּ גָּזִיר.
דְּהָא תְּנַן, אִלְּמָלֵא חֲבִיבוּ וּרְחִימוּ דְּרָחִים קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לַאֲבָהָן, הֲוָה אִתְחֲזֵי לְנָחֲתָא יַעֲקֹב לְמִצְרַיִם בְּשַׁלְשְׁלֵי דְּפַרְזְלָא. וּבִרְחִימוּ דִלְהוֹן, שַׁלְטֵיהּ לְיוֹסֵף בְּרֵיהּ, וְעֲבַד לֵיהּ מַלְכָּא דְשַׁלִּיטָא עַל כָּל אַרְעָא, וְנָחֲתוּ כֻּלְּהוּ שִׁבְטִין בִּיקָרָא, וְיַעֲקֹב כְּמַלְכָּא.
תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, וַיָּבֹא יִשְׂרָאֵל מִצְרַיִם וְיַעֲקֹב גָּר בְּאֶרֶץ חָם, כֵּיוָן דִּכְתִיב וַיָּבֹא יִשְׂרָאֵל מִצְרַיִם, לָא יְדַעְנָא דְּיַעֲקֹב גָּר בְּאֶרֶץ חָם, אַמַּאי אִצְטְרִיךְ הָא. אֶלָּא וַיָּבֹא יִשְׂרָאֵל מִצְרַיִם, דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְיַעֲקֹב גָּר בְּאֶרֶץ חָם, דָּא יַעֲקֹב, דְּהָא בְּגִינֵיהּ דְּיַעֲקֹב וּבְנוֹי, אֲתָא שְׁכִינְתָּא לְמִצְרַיִם. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא גִּלְגֵּל גִּלְגּוּלִין, (Ⅰ)
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[195b]
[...] tout voir, ni leur oreille tout entendre. C’est pourquoi Salomon, qui connaissait le mystère de toutes choses, a parlé ainsi, c’est-à-dire s’est exprimé en paroles énigmatiques.
Remarquez en outre que toutes les choses du monde sont subordonnées à des esprits célestes chargés de la direction du monde ; mais les hommes ne connaissant point ces esprits ne voient pas la force réelle sur laquelle le monde est basé. Même le roi Salomon, qui était plus sage que tous les hommes de ce monde, ne pouvait pénétrer les causes réelles des phénomènes de ce monde. Rabbi Hiyâ commença en outre à parler ainsi : Il est écrit (Ecclés., III, 11) : “ Il a tout bien fait en son temps (be-itho) ; et il a aussi placé le monde dans leur cœur, sans que l’homme puisse saisir les ouvrages que Dieu a faits depuis le commencement jusqu’à la fin. ” Heureux ceux qui s’appliquent à l’étude de la Loi et qui sont à même de pénétrer le mystère de la Sagesse éternelle. Les paroles : “ Il a tout bien fait en son temps” signifient que chacun des ouvrages que le Saint, béni soit-il, a faits dans ce monde dépend d’un degré supérieur ; et, ce degré, c’est un chef céleste préposé à chacun des ouvrages de Dieu en ce monde, pour le bien ainsi que pour le mal. Il y a des degrés à droite et des degrés à gauche. Lorsque l’homme marche du côté droit, c’est le chef céleste, qui est de ce côté, qui dirige tous ses actes et lui vient en aide ; de nombreux subordonnés de ce chef s’associent à lui pour aider l’homme. Mais si l’homme marche du côté gauche, c’est le chef céleste du côté gauche qui dirige ses actes, et, requérant constamment contre lui, il finit par le perdre. Tel est le sens des mots : “ Il a tout bien fait en son temps. ” Le mot “ temps” (eth) désigne les chefs célestes qui président à tous les événements de ce monde ; Dieu a donc tout bien fait, en subordonnant chaque événement à un chef céleste.
L’Écriture ajoute : “ ... Et il a aussi placé le monde dans leur cœur” ; car tous les événements, ainsi que tous les actes de l’homme, ne dépendent que du cœur ; c’est selon l’intention de l’homme que tout tourne soit en sa faveur, soit en sa défaveur. Heureux le sort des justes toujours animés du désir d’attirer le bien céleste pour eux-mêmes, ainsi que pour tout le monde ; car ils savent attirer ici-bas le degré céleste appelé “ col ”, qui prête sa lumière au chef céleste appelé “ eth ” (temps) ; c’est grâce à la charité qu’ils pratiquent ici-bas, qu’ils s’attachent au “ temps de la paix ”, c’est-à-dire au chef céleste du côté droit appelé “ temps de la paix ”. Mais, malheur aux coupables qui ne connaissent le chef céleste préposé à chacun de leurs actes et appelé “ temps ”, et qui ne s’efforcent point d’accomplir tous leurs actes en vue du bien du monde. Mais, pourquoi l’homme est-il puni pour ses mauvaises actions ? C’est-à-dire, puisque tous les actes de l’homme sont dirigés par des chefs célestes, pourquoi est-il puni pour des actes qu’il est forcé à accomplir ? C’est que toute récompense et toute punition ne viennent que de l’intention de l’homme.
C’est pourquoi L’Écriture ajoute : “ ... Sans que l’homme puisse saisir les ouvrages que Dieu a faits depuis le commencement jusqu’à la fin. ” L’œuvre de l’homme n’est ni bonne par elle-même, ni mauvaise par elle-même ; elle est bonne, si elle est inspirée par une bonne intention ; et elle est mauvaise, si elle a une mauvaise intention pour mobile. C’est également pourquoi l’Écriture (Ecclés., III, 12) ajoute : “ Je sais qu’il n’y a rien de bon en eux ; il ne reste à l’homme que de se réjouir et de faire le bien pendant sa vie. ” L’Écriture veut dire qu’il n’y a rien de bien dans les œuvres de l’homme ; car elles ne sont jamais accomplies de manière convenable ; aussi, tout ce qu’il reste à l’homme à faire c’est de se réjouir constamment et de rendre grâces au ciel de tout ce qui peut lui arriver, et de faire le bien pendant sa vie. Si un événement tourne en défaveur de l’homme, il doit en rendre grâces au Saint, béni soit-il, et reconnaître que ce n’est point le ciel, mais lui-même qui en est la cause, parce que, en raison de sa conduite, l’événement en question a été dirigé par le chef du côté gauche.
Ainsi, l’homme se meut sans savoir ce qui détermine ses actes ; il ressemble à un oiseau renfermé dans une cage. D’où le savons-nous ? Nous le savons par ce que l’Écriture (Ecclés., IX, 12) dit : “ ... Car l’homme ignore son temps (itho). ” Il est comme les. poissons pris à l’hameçon et les oiseaux au filet ; l’homme se trouve également pris par le “ mauvais temps ”, lorsqu’il fond sur lui subitement. Par le mot “ temps”, l’Écriture désigne le chef céleste qui dirige les actes de l’homme ; c’est le même “ temps ” auquel font allusion les paroles suivantes : “ Il a tout bien fait en son temps. ” Voilà, pourquoi l’homme ressemble à un oiseau pris au filet. Aussi, heureux le sort de ceux qui s’appliquent à l’étude de la Loi et qui connaissent les voies et les sentiers de la Loi du Roi suprême, connaissance qui les mène sur la voie de la vérité. Remarquez, en outre, qu’il ne convient pas à l’homme de proférer une parole exprimant le malheur ; car on ne sait quel chef céleste s’empare de ce mot ; c’est parfois celui du côté gauche qui s’en empare et s’en sert pour nuire à l’homme. Aussi les justes ne commencent-ils leurs discours que par le mot “ paix ”.
Remarquez qu’en se présentant devant Pharaon, Joseph prononça avant tout ces paroles (Gen., XLI, 16) : “ Ce sera le Seigneur qui répondra à Pharaon en paix. ”
Rabbi Yehouda dit : Nous avons appris que le Saint, béni soit-il, ménage la paix des rois, ainsi qu’il est écrit (Ex., VI, 13) : “ Et il leur donna ordre pour Israël et pour Pharaon, le roi d’Égypte ”, [...]
- וְאָחִית לֵיהּ לְיוֹסֵף בְּקַדְמִיתָא. דְּבִזְכוּתֵיהּ אִתְקְיַּים בְּרִית בַּהֲדֵיהּ, וְשַׁלְטֵיהּ עַל כָּל אַרְעָא.
מַה כְּתִיב, שָׁלַח מֶלֶךְ וַיַּתִּירֵהוּ מוֹשֵׁל עַמִּים וַיְפַתְּחֵהוּ. רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, כְּתִיב, (תהלים קמו) יְיָ מַתִּיר אֲסוּרִים וְגו', (והא) וְהָכָא כְּתִיב, שָׁלַח מֶלֶךְ וַיַּתִּירֵהוּ, אַמַּאי מוֹשֵׁל עַמִּים וַיְפַתְּחֵהוּ. אֶלָּא, שָׁלַח מֶלֶךְ, דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. מוֹשֵׁל עַמִּים, דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. שָׁלַח מֶלֶךְ, מֶלֶךְ עִלָּאָה שָׁלַח וַיַּתִּיִרִהוּ, וּמַאן אִיהוּ דְּשָׁלַח (ליה), דָּא מַלְאָךְ הַגּוֹאֵל, דְּאִיהוּ מוֹשֵׁל עַמִּים, דְּאִיהוּ מוֹשֵׁל עַל תַּתָּאֵי. וְכֹלָּא מֵעִם קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִיהוּ.
וַיְרִיצֻהוּ חָסֵר וא''ו, וּמַאן אִיהוּ, דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. בְּגִין דְּהָא לֵית מַאן דְּאָסִיר וּפַתַּח, בַּר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דִּכְתִיב, (איוב י״ב:י״ד) יִסְגֹּר עַל אִישׁ וְלֹא יִפָּתֵחַ. וּכְתִיב, (איוב לה) וְהוּא יַשְׁקִיט וּמִי יַרְשִׁיעַ וְיַסְתֵּר פָּנִים וּמִי יְשׁוּרֶנּוּ וְעַל גּוֹי וְעַל אָדָם יָחַד, דְּהָא כֹּלָּא בֵּיהּ. וּכְתִיב, (דניאל ד׳:ל״ב) וּכְמִצְבְּיֵהּ עָבֵד בְּחֵיל שְׁמַיָא וְדָיְירֵי אַרְעָא וְלָא אִיתַי דִי יְמַחֵי בִידֵיהּ וְיֵאמַר לֵיהּ מָה עֲבַדְתְּ. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, וַיְרִיצֻהוּ מִן הַבּוֹר וְגו'.
מַאי וַיְרִיצֻהוּ. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (איוב ל״ג:כ״ו) יֶעְתַּר אֶל אֱלוֹהַּ וַיִּרְצֵהוּ. כְּגַוְונָא דָא וַיְרִיצֻהוּ מִן הַבּוֹר, וּלְבָתַר וַיָּבֹא אֶל פַּרְעֹה. דָּבָר אַחֵר וַיְרִיצֻהוּ, דְּאַמְשִׁיךְ עֲלֵיהּ חוּטָא דְחֶסֶד, לְמֵיהַב לֵיהּ חִנָּא קַמֵּיהּ דְּפַרְעֹה. (מה כתיב), אֱלֹהִים יַעֲנֶה אֶת שְׁלוֹם פַּרְעֹה, בְּגִין לְאַקְדָּמָא לֵיהּ שָׁלוֹם וּלְמִפְתַּח בְּשָׁלוֹם.
רִבִּי אַבָּא אָמַר, תָּא חֲזֵי, בְּהַהוּא רָשָׁע דְּפַרְעֹה. דְּאִיהוּ אָמַר, (שמות ה) לא יָדַעְתִּי אֶת יְיָ, וּפַרְעֹה חַכִּים הֲוָה מִכָּל חֳרָשׁוֹי. אֶלָּא וַדַּאי שְׁמָא דְּאֱלֹהִים הֲוָה יָדַע, דְּהָא כְּתִיב, הֲנִמְצָא כָזֶה אִישׁ אֲשֶׁר רוּחַ אֱלהִים בּוֹ. וּבְגִין דְּמשֶׁה לָא אֲתָא לְגַבֵּיהּ אֶלָּא בִּשְׁמָא דַּיְיָ וְלֹא בִּשְׁמָא דְּאֱלהִים. וְדָא הֲוָה קַשְׁיָא קַמֵיהּ מִכֹּלָּא, דְּאִיהוּ הֲוָה יָדַע דְּהָא שְׁמָא דָא אִיהוּ שַׁלִּיט בְּאַרְעָא. וּבִשְׁמָא דַּיְיָ לָא הֲוָה יָדַע, וְעַל דָּא קַשְׁיָא קַמֵּיהּ שְׁמָא דָא.
וְדָא הוּא דִכְתִיב (שמות ט׳:י״ב) וַיְחֲזֵק יְיָ אֶת לֵב פַּרְעֹה, דְּמִלָּה דָא הֲוָה אַתְקִיף לִבֵּיהּ, וְאַקְשֵׁי לֵיהּ. וְעַל דָּא משֶׁה לא אוֹדַע לֵיהּ מִלָּה דִּשְׁמָא אָחֳרָא, אֶלָא שְׁמָא דַּיְיָ בִּלְחוֹדוֹי, וְאוּקְמוּהָ.
פָּתַח וְאָמַר, (תהילים קי״ג:ה׳) מִי כַּיְיָ אֱלֹקֵינוּ הַמַּגְבִּיהִי לָשָׁבֶת וְגו'. מִי כַּיְיָ אֱלֹקֵינוּ הַמַּגְבִּיהִי לָשָׁבֶת, דְּאִסְתַּלַּק מֵעַל כָּרְסֵי יְקָרֵיהּ, (ס''א על כרסי יקריה לעילא) וְלָא אִתְגְּלִי לְתַתָּא. בְּשַׁעְתָּא דְּלָא אִשְׁתַּכָּחוּ זַכָּאִין בְּעַלְמָא, הָא אִיהוּ אִסְתַּלַּק מִנַּיְיהוּ, וְלָא אִתְגְּלִי לְהוּ. הַמַּשְׁפִּילִי לִרְאוֹת, בְּשַׁעְתָּא דְּזַכָּאִין אִינוּן דְּאִשְׁתַּכָּחוּ בְּעַלְמָא. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא נָחִית בְּדַרְגּוֹי לְקִבְלֵהוֹן דְּתַתָּאֵי, לְאַשְׁגָּחָא עַל עַלְמָא, לְאוֹטָבָא לְהוּ.
דְּהָא כַּד זַכָּאִין לָא אִשְׁתַּכָּחוּ בְּעַלְמָא, אִיהוּ אִסְתַּלַּק, וְאַסְתִּיר אַנְפִּין מִנַּיְיהוּ, וְלא אַשְׁגַּח עֲלַיְיהוּ. בְּגִין דְּצַדִּיקַיָּיא אִינוּן יְסוֹדָא וְקִיּוּמָא דְעַלְמָא, דִּכְתִיב, (משלי י׳:כ״ה) וְצַדִּיק יְסוֹד עוֹלָם.
וְעַל דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לָא גַּלֵּי שְׁמֵיהּ קַדִּישָׁא, בַּר לְיִשְׂרָאֵל בִּלְחוֹדוֹי, דְּאִינוּן חוּלַק עַדְבֵיהּ וְאַחְסַנְתֵּיהּ. וְעַלְמָא פָּלִיג לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לִמְמַנָּן תְּרִיסִין, וְהָא אִתְּמָר. דִּכְתִיב, (דברים ל״ב:ט׳) בְּהַנְחֵל עֶלְיוֹן גּוֹיִם וְגו'. וּכְתִיב, כִּי חֵלֶק יְיָ עַמּוֹ יַעֲקֹב חֶבֶל נַחֲלָתוֹ.
רִבִּי חִיָּיא וְרִבִּי יוֹסֵי הֲווּ אָזְלֵי בְאָרְחָא. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי לְרִבִּי חִיָּיא, תְּוַוהְנָא עַל הַאי דְּקָאֲמַר שְׁלֹמֹה, כָּל מִלּוֹי (מילין) סְתִימִין וְלָא אִתְיָידְעוּן, דְּהָא קֹהֶלֶת סָתִים (מילין) סְתִימִין.
פָּתַח וְאָמַר, (קהלת א) כָּל הַדְּבָרִים יְגֵעִים לא יוּכַל אִישׁ לְדַבֵּר לא תִשְׂבַּע עַיִן לִרְאוֹת וְלֹא תִמָּלֵא אֹזֶן מִשְׁמוֹעַ. כָּל הַדְּבָרִים יְגֵעִים, וְכִי כָּל הַדְּבָרִים יְגֵעִים אִינוּן לְמַלָּלָא, דְּקָאֲמַר לֹא יוּכַל אִישׁ לְדַבֵּר. וְלֹא תִשְׂבַּע עַיִן לִרְאוֹת וְלא תִמָּלֵא אֹזֶן מִשְׁמוֹעַ, מַאי טַעְמָא אִלֵּין. אֶלָּא בְּגִין דִּתְרֵין מִנְהוֹן, וְאִינוּן עַייְנִין וְאוּדְנִין, לָא קַיָּימִין בִּרְשׁוּתֵיהּ דְּבַר נָשׁ, וּפוּמָא אִיהוּ בִּרְשׁוּתֵיהּ. וְכָל (מה) אִלֵּין תְּלַת לָא יָכְלִין לְאַשְׁלָמָא כֹּלָּא, וּלְאַדְבָּקָא כֹּלָּא.
אָמַר רִבִּי חִיָּיא, הָכִי הוּא, דְּדִבּוּרָא דְּבַר נָשׁ לָא יָכִיל לְמַלָּלָא, וְעַיְינִין לְמֶחֱמֵי, וְאוּדְנִין לְמִשְׁמַע, וְאֵין כָּל חָדָשׁ תַּחַת הַשֶּׁמֶשׁ. וְתָּא חֲזֵי, אֲפִילוּ בִּרְיָין וְקַסְטוֹרִין, דְּעֲבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא תַּחַת הַשֶּׁמֶשׁ, לָא יָכְלִין לְמַלָּלָא כָּל מִלִּין דְּעַלְמָא, וְעֵינָא לָא יָכִיל (Ⅰ)
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[196a]
[...] ainsi que cela a été expliqué ailleurs (6).
Rabbi Hiyâ dit : Pharaon voulait mettre Joseph à l’épreuve ; et c’est pourquoi il a changé l’ordre de son songe. Mais Joseph, qui comprenait le sens de chaque mot, dit à Pharaon : Le songe que tu as eu était tel et tel. C’est pourquoi Pharaon dit à Joseph (Gen., XLI, 39) : “ Puisque Dieu t’a fait voir tout ce que tu as dit, où pourrais-je trouver un homme aussi sage que toi ? ” Il dit à Joseph : On dirait que tu as fait le songe en même temps que moi, puisque tu n’en sais pas seulement l’interprétation, mais aussi l’ordre. Rabbi Isaac demanda : Joseph aurait-il donc fait la même chose que Daniel, qui fit connaître à Nabuchodonosor et le songe que celui-ci a eu et son interprétation ?
Rabbi Hiyâ lui répondit : Le cas de Joseph n’était pas tout à fait le même que celui de Daniel ; Joseph a inféré des paroles de Pharaon l’ordre véritable du songe, alors que Daniel n’a rien inféré des paroles de Nabuchodonosor ; c’est dans une vision qu’il a vu et le songe et l’interprétation, ainsi qu’il est écrit (Dan., II, 19) : “ Alors ce mystère fut découvert à Daniel dans une vision. ” “ La vision pendant la nuit ” désigne l’ange Gabriel (7), qui reflète la lumière de la prophétie véritable.
Remarquez que l’Écriture (Éz., XLIII, 2) dit : “ Et la gloire du Dieu d’Israël arriva du côté de l’Orient ; et le bruit qu’elle faisait était semblable au bruit des grandes eaux, et la terre était éclairée par la présence de sa majesté. ” Et L’Écriture ajoute : “ Et la vision que j’eus était semblable à celle que j’avais eue lorsqu’il vint pour perdre la ville ; la vision était semblable à celle que j’avais vue près du fleuve C’bar ; et je tombai sur mon visage. ” Le mot vision est répété six fois dans ce verset, pour correspondre aux six degrés de la vision dont chacun n’est que le reflet de l’autre ; le second reflète le premier, le troisième reflète le deuxième, et ainsi de suite ; tous ces degrés sont appelés “ vision de nuit ”. Pour interpréter un songe, il faut connaître le degré supérieur dont le songe n’est que le reflet. C’est ainsi que Daniel sut interpréter le songe de Nabuchodonosor, alors que Joseph inféra des paroles mêmes de Pharaon l’ordre de son songe et que, gardant le degré supérieur, il l’interpréta.
C’est pourquoi Pharaon mit Joseph à la tête de tout le pays d’Égypte. Le Saint, béni soit-il, accorda à Joseph tout ce qu’il avait mérité. Comme sa bouche ne s’était jamais prêtée à un baiser coupable, l’Écriture (ibid.) dit : “C’est par ta bouche que sera commandé tout mon peuple. ” Comme sa main ne s’était jamais prêtée à un acte coupable, l’Écriture (ibid.)dit : “ Il ôta son anneau de sa main et le mit dans la main de Joseph. ” Comme le cou de Joseph n’avait jamais été embrassé de manière coupable, l’Écriture (ibid.) dit : “ Et il mit à son cou un collier d’or. ” Comme son corps ne s’était jamais approché d’une femme dans un but coupable, l’Écriture (ibid.) dit : “ Et il le fit revêtir d’une robe de fin lin. ” Comme ses pieds ne s’étaient jamais prêtés à un acte coupable, l’Écriture dit : “ Il le fit monter sur l’un de ses chars, qui était le second après le sien. ” Comme il n’avait jamais eu de mauvaises pensées, l’Écriture (Gen., LXI, 39) l’appelle “ sage ”. Comme son cœur était pur, l’Écriture dit : “ Et il fit crier par un héraut : c’est le jeune père du pays. ” Ainsi, Joseph n’a eu que ce qu’il avait mérité.
Il est écrit (Gen., XLI, 46) : “Et Joseph quitta Pharaon et parcourut tout le pays d’Égypte. ”
Rabbi Hizqiya demanda : Pourquoi Joseph parcourut-il tout le pays d’Égypte ? - Pour que le héraut le proclamât maître d’Égypte, et aussi pour amasser tous les grains dans les provinces.
Rabbi Éléazar dit : Joseph a ramassé tous les grains de toutes les provinces pour qu’ils ne s’altèrent. Rabbi Siméon dit : Tous les événements que le Saint, béni soit-il, fait arriver dans le monde sont enchaînés entre eux : l’un prépare l’autre.
Remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il produisit d’abord tout ce dont l’homme a besoin, et ce n’est qu’ensuite qu’il créa l’homme. De même le Saint, béni soit-il, avait dit à Abraham (Gen., XV, 13) : “ Sache que ta postérité demeurera dans une terre étrangère, etc. ; et ils sortiront ensuite de ce pays-là avec de grandes richesses. ” Or, à l’arrivée de Joseph en Égypte, ce pays ne possédait pas de grandes richesses. Aussi Dieu fit-il sévir la famine, pour que tout le monde apportât l’argent et l’or en Égypte ; et ce n’est qu’après que les grandes richesses affluèrent en Égypte qu’il fit venir Jacob. Les voies du Saint, béni soit-il, sont ainsi faites ; elles préparent le remède avant le mal : d’abord il apporta de grandes richesses en Égypte ; et, ensuite, [...]
- לְמִשְׁלַט וּלְמֶחמֵי, וְאוּדְנָא לְמִשְׁמָע. וּבְגִין כָּךְ שְׁלֹמֹה דְּהֲוָה יָדַע כָּל מִלָּה, הֲוָה אָמַר דָּא.
וְתָּא חֲזֵי, כָּל עוֹבָדִין דְּעַלְמָא, בְּכַמָּה קַסְטְרִין תַּלְיָין, וְכָל בְּנֵי עַלְמָא לָא יָדְעִין, וְלָא מַשְׁגִּיחִין עַל מַה קָּיְימֵי בְּעַלְמָא, וְאֲפִילּוּ שְׁלֹמֹה מַלְכָּא, דְּהֲוָה חֲכִּים מִכָּל בְּנֵי עַלְמָא, לָא יָכִיל לְקָיְימָא בְּהוּ.
פָּתַח וְאֲמַר, (קהלת ג׳:י״א) אֶת הַכֹּל עָשָׂה יָפֶה בְּעִתּוֹ גַּם אֶת הָעוֹלָם נָתַן בְּלִבָּם מִבְּלִי אֲשֶׁר לֹא יִמְצָא הָאָדָם אֶת הַמַּעֲשֶׂה אֲשֶׁר עָשָׂה הָאֱלֹהִים וְגו'. תָּא חֲזֵי, זַכָּאִין אִינוּן דְּמִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא וְיָדְעֵי לְאִסְתַּכָּלָא בְּרוּחָא (ס''א ברזא) דְחָכְמָתָא. אֶת הַכֹּל עָשָׂה יָפֶה בְּעִתּוֹ, כָּל עוֹבָדִין דְּעֲבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּעַלְמָא, בְּכָל עוֹבָדָא וְעוֹבָדָא, אִית דַּרְגָּא מְמַנָּא עַל הַהוּא עוֹבָדָא בְּעַלְמָא, הֵן לְטַב הֵן לְבִישׁ. מִנְּהוֹן דַּרְגִּין לִימִינָא, וּמִנְהוֹן דַּרְגִּין לִשְׂמָאלָא. אָזִיל בַּר נָשׁ לִימִינָא, הַהוּא עוֹבָדָא דְּעָבִיד, הַהוּא דַרְגָּא מְמַנָּא (ס''א דימינא) לְהַהוּא סִטְרָא, (עבידי) וְעָבִיד לֵיהּ סִיּוּעָא, וְכַמָּה אִינוּן דִּמְסַיְיעֵי לֵיהּ. אָזַל בַּר נָשׁ לִשְׂמָאלָא, וְעָבִיד עוֹבָדוֹי, הַהוּא עוֹבָדָא דְּעָבִיד, מְמַנָּא (ס''א דרגא דשמאלא) אִיהוּ לְהַהוּא סִטְרָא, וְקָא מְקַטְרֵג לֵיהּ, וְאוֹבִיל לֵיהּ לְהַהוּא סִטְרָא, וְאַסְטֵי לֵיהּ. וּבְּגִין כָּךְ הַהוּא עוֹבָדָא דְּעָבִיד בַּר נָשׁ כְּדְקָא חָזֵי, הַהוּא מְמַנָּא דִסְטַר יְמִינָא קָא מְסַיֵּיעַ לֵיהּ. וְדָא הוּא בְּעִתּוֹ, יָפֶה בְּעִתּוֹ, דְּהַהוּא עוֹבָדָא מִתְקַשְּׁרָא בְּעִתּוֹ, כְּדְקָא חָזֵי לֵיהּ.
גַּם אֶת הָעוֹלָם נָתַן בְּלִבָּם. כָּל עַלְמָא, וְכָל עוֹבָדוֹי דְעַלְמָא, לָאו אִינוּן אֶלָּא בִּרְעוּתָא דְלִבָּא, כַּד סָלִיק בִּרְעוּתָא (דלבא, וכד סליק ברעותא) דְבַר נָשׁ. זַכָּאִין אִנּוּן צַדִּיקַיָּא דְּאַמְשִׁיכוּ עוֹבָדִין טָבִין, לְאוֹטָבָא לוֹן וּלְכָל עַלְמָא, וְאִינוּן יָדְעִין לְאִתְדַּבְּקָא בְּעֵת שָׁלוֹם. וּבְחֵילָא דִצְדָקָה דְּעָבְדִין לְתַתָּא, אִינוּן מָשְׁכִין לְהַהוּא דַרְגָּא דְּאִקְרֵי כָּל, לְאַנְהָרָא בְּעִתּוֹ.
וַוי לוֹן לְחַיָּיבַיָא דְּלָא יָדְעִין עֵת דְּהַהוּא עוֹבָדָא, וְלָא מַשְׁגִּיחִין לְמֶעְבַּד עוֹבָדֵיהוֹן בְּעַלְמָא עַל תִּקּוּנָא דְאִצְטְרִיךְ לֵיהּ לְעַלְמָא. וּלְאַתְקָנָא עוֹבָדָא בְּהַהוּא דַרְגָּא דְּאִתְחֲזֵי לֵיהּ. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּלָא יָדְעִין.
וְעַל דָּא אִתְיְיהִיב כֹּלָּא בִּרְעוּתְהוֹן דִּבְנֵי נָשָׁא. דִּכְתִיב, מִבְּלִי אֲשֶׁר לֹא יִמְצָא הָאָדָם אֶת הַמַּעֲשֶׂה אֲשֶׁר עָשָׂה הָאֱלהִים מֵרֹאשׁ וְעַד סוֹף. וּבְגִין כָּךְ דְּאִינוּן עוֹבָדִין לָא אִתְעֲבִידוּ לְאַתְקָנָא בְּדַרְגַּיְיהוּ כִּדְקָחָזֵי, דְּיִתְכְּלִיל עוֹבָדָא דָא בְּדַרְגָּא דָא, כֹּלָּא כְּתִקּוּנָא אֶלָּא כְּפוּם רְעוּתָא דְּבַר נָשׁ. מַה כְּתִיב בַּתְרֵיהּ יָדַעְתִּי כִּי אֵין טוֹב בָּם כִּי אִם לִשְׂמוֹחַ וְלַעֲשׂוֹת טוֹב בְּחַיָּיו. יָדַעְתִּי כִּי אֵין טוֹב בָּם, בְּאִינוּן עוֹבָדִין, דְּלָא אִתְעֲבִידוּ כְּדְקָא יְאוּת. כִּי אִם לִשְׂמוֹחַ, בְּכָל מַה דְּיֵיתֵי עֲלוֹי, וּלְמֵיהַב הוֹדָאָה לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְלַעֲשׂוֹת טוֹב בְּחַיָּיו, דְּהָא אִי הַהוּא עוֹבָדָא גָרִים לֵיהּ בִּישָׁא, בְּגִין הַהוּא דַרְגָּא דְקָא מְמַנָּא עֲלוֹי, אִית לֵיהּ לְמֶחדֵי בֵּיהּ, וּלְאוֹדָאָה עֲלֵיהּ. דְּאִיהוּ גָּרִים לֵיהּ לְנַפְשֵׁיהּ, וְאִיהוּ אָזִיל בְּלָא יְדִיעָא, כְּצִיפֳרָא דָא בְּגוֹ קוּסְטִירָא.
וְכָל דָּא מְנָלָן, דִּכְתִיב, (קהלתט) כִּי גַּם לֹא יֵדַע הָאָדָם אֶת עִתּוֹ, כַּדָּגִים שֶׁנֶּאֱחָזִים בִּמְצוֹדָה רָעָה וְכַצִּפֳּרִים הָאֲחֻזוֹת בַּפָּח כָּהֵם יוּקָשִׁים בְּנֵי הָאָדָם לְעֵת רָעָה כְּשֶׁתִּפּוֹל עֲלֵיהֶם פִּתְאוֹם. כִּי גַּם לא יָדַע הָאָדָם אֶת עִתּוֹ. מַאי עִתּוֹ, עִתּוֹ דְּהַהוּא עוֹבָדָא דְּקָא עָבִיד. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, אֶת הַכֹּל עָשָׂה יָפֶה בְּעִתּוֹ, וּבְגִין כָּךְ אִינוּן כַּצִּפֳּרִים הָאֲחוּזוֹת בַּפָּח. וּבְגִין כָּךְ זַכָּאִין אִינוּן דְּמִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא, וְיָדְעֵי אוֹרְחוֹי וּשְׁבִילוֹי דְּאוֹרַיְיתָא דְּמַלְכָּא עִלָּאָה, לְמֵיהַךְ בָּהּ בְּאֹרַח קְשׁוֹט.
וְתָּא חֲזֵי, לְעוֹלָם אַל יִפְתַּח בַּר נַשׁ פּוּמֵיהּ לְבִישׁ, דְּאִיהוּ לָא יָדַע מַאן נָטִיל הַהִיא מִלָּה. וְכַד לָא יָדַע בַּר נָשׁ אִתְכְּשַׁל בָּהּ. וְצַדִּיקַיָא כַּד פָּתְחֵי פּוּמַיְיהוּ כֻּלְּהוּ שְׁלָם.
תָּא חֲזֵי, יוֹסֵף כַּד שָׁרָא לְמַלָּלָא לְפַרְעֹה. מַה כְּתִיב, אֱלהִים יַעֲנֶה אֶת שְׁלוֹם פַּרְעֹה. אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, הָא אִתְּמָר. דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חָס עַל שְׁלָמָא דְמַלְכוּתָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (שמות ו׳:י״ג) וַיְצַוִּם אֶל בְּנִי יִשְׂרָאֵל וְאֶל פַּרְעֹה מֶלֶךְ מִצְרַיִם (Ⅰ)
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[196b]
[...] il envoya Israël en exil.
Remarquez que c’était par le mérite de Joseph, qui était un juste, que l’Égypte abondait en argent et en or qu’Israël enleva ensuite, ainsi qu’il est écrit (Ps., CV, 37) : “ Et il fit sortir les Israélites avec beaucoup d’argent et d’or ; et il n’était point d’infirmes parmi leurs tribus. ” C’est par le mérite de Joseph, qui est le juste, qu’Israël obtient ces biens pour devenir digne de participer au monde futur.
Rabbi Siméon commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ecclés., IX, 9) : “ Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, etc. ”
Remarquez que ce verset renferme un mystère suprême. Les mots : “Jouis de la vie” désignent la vie du monde futur ; heureux l’homme qui en est jugé digne ! Les mots : “ ... Avec la femme que tu aimes ” désignent la “ Communauté d’Israël ” ; car c’est pour elle que l’Écriture emploie le mot “ aimer ”, ainsi qu’il est écrit (Jér., XXXI, 3) : “ Je t’ai aimée d’un amour éternel. ” Et quand Dieu aime-t-il la “ Communauté d’Israël ” d’un amour éternel ? - Quand elle est attachée au côté droit, ainsi qu’il est écrit (ibid.) : “ C’est pourquoi je t’ai attirée à moi par la compassion (hased). ” Les mots : “ ... Pendant tous les jours de ta vie passagère ” désignent le monde d’ici-bas. Ce n’est que dans le monde futur qu’il y a de la vie, alors que le monde d’ici-bas en est privé ; car il est au-dessous du soleil, où la lumière céleste ne parvint plus au monde, dès le jour de la destruction du sanctuaire, ainsi qu’il est écrit (Is., XIII, 10) : “ Le soleil à son lever se couvrira de ténèbres, et la lune n’éclairera plus. ” Que signifient les mots : “ Le soleil se couvrira de ténèbres ” ? C’est qu’il dégagera des lumières ; mais celles-ci n’éclaireront pas, ainsi qu’il est écrit (Is., LVII, 1): “ Le juste périt, et personne n’y fait réflexion en lui-même. ”
L’Écriture (Ecclés., l. c.) ajoute : “ ... Car c’est là ton partage dans la vie. ” Ces paroles signifient que l’homme doit toujours s’efforcer de faire l’union entre le soleil et la lune. L’Écriture (ibid) ajoute ensuite : “ Fais tout ce que ta main pourra faire avec l’aide de ta force ; car il n’y a ni œuvre, ni raison, ni sagesse, ni science dans le tombeau où tu vas. ” Ce verset demande à être examiné. Comment ? Est-il permis à l’homme de faire tout ce qu’il peut ? Mais les mots : “ ... A l’aide de ta force ” désignent l’âme qui constitue la véritable force de l’homme et à l’aide de laquelle il est jugé digne et de ce monde et du monde futur.
D’après une autre interprétation, les mots : “ ... A l’aide de ta force ” désignent la “ Communauté d’Israël ”, appelée précédemment “ femme ” ; c’est à l’aide de cette force que l’homme est jugé digne et de ce monde et du monde futur. Pour jouir dans le monde futur, il faut que l’homme prépare sa part dans ce monde ; car, aussitôt que l’homme quitte ce monde, il devient impuissant à faire des bonnes œuvres. Que l’on ne dise point : Je ferai des bonnes œuvres dans l’autre monde ; car, là, il n’y a plus de bonnes œuvres.
C’est pourquoi L’Écriture ajoute : “ ... Car il n’y a plus ni œuvre, ni raison, ni sagesse, etc. ” L’homme qui n’a pas mérité durant son séjour en ce bas monde ne peut plus mériter dans le monde futur ; et un proverbe dit : L’homme qui n’apporte pas son repas d’ici-bas, ne mangera pas dans le monde futur. Il y a certaines bonnes œuvres dont l’homme profite et dans ce monde et dans le monde futur.
Remarquez que Joseph a été jugé digne de jouir et dans ce monde et dans le monde futur, parce qu’il a résisté à la tentation de la femme par la crainte (Gen., XXXIX, 9) du Seigneur : “ Comment pourrais-je commettre un si grand crime et pécher contre mon Dieu ? ” C’est pour s’être abstenu de ce crime que Joseph a été jugé digne de devenir maître en ce bas-monde. Israël en profita également, ainsi qu’il est écrit (Gen., XLVII, 14) : “ Joseph a amassé tout l’argent, etc. ” Il convient, en effet, que le fleuve qui coule répande des richesses dans tous les pays qu’il traverse. Tel est également le mystère renfermé dans les mots (Gen.? I, 17) : “ Et le Seigneur les mit dans le firmament du ciel, etc. ” Il est certain que l’autorité de la royauté appartenait à Joseph. Remarquez, en outre, que l’Écriture (Gen., XLI, 43) dit : “ Et il le fit monter sur un de ses chars, qui était le second après le sien. ” Le Saint, béni soit-il, donne le pouvoir au Juste, parce que c’est lui qui nourrit tout le monde. Le Saint, béni soit-il, a un char en haut et un char ici-bas. C’est le Juste qui est assis sur ce dernier. Comme Joseph portait le nom de juste (8), il était digne de monter sur le second char du Saint, béni soit-il.
Remarquez que l’Écriture (ibid.) dit : “ Il fit crier par un héraut : abrekh. ” Que signifie le mot “ abrekh ” ? Ce mot signifie “ celui qui unit (9)” ; car il a fait l’union entre le soleil et la lune ; c’est pourquoi tout le monde se prosternait devant lui et en reconnut la suprématie. [...]
- וְאוּקְמוּהָ.
רִבִּי חִיָּיא אָמַר, פַּרְעֹה בָּעָא לְנַסָּאָה לֵיהּ לְיוֹסֵף, וְאַחְלַף לֵיהּ חֶלְמָא. וְיוֹסֵף בְּגִין דְּהֲוָה יָדַע דַּרְגִּין, אִסְתַּכַּל בְּכָל מִלָּה וּמִלָּה. וְאָמַר, כָּךְ חֲמִיתָא, כָּל מִלָּה וּמִלָּה כְּדְקָא חָזֵי.
הֲדָא הוּא דִּכְתִיב וַיֹּאמֶר פַּרְעֹה אֶל יוֹסֵף אַחֲרֵי הוֹדִיעַ אֱלֹהִים אוֹתְךָ אֶת כָּל זֹאת אֵין נָבוֹן וְחָכָם כָּמוֹךָ. אַחֲרֵי הוֹדִיעַ אֱלֹהִים, אַחֲרַי הֲוֵית בְּהַהִיא שַׁעְתָּא דַּחֲלָמִית חֶלְמָא, תַּמָּן הֲוֵית שְׁכִיחַ. וּבְגִין כָּךְ אָמַר (ס''א אמת את כל זאת ידעת, ואיך ידעת פשריה) אֶת כָּל זֹאת יָדַעְתְּ חֶלְמָא הֵיךְ הֲוָה, וְיָדַעְתְּ פִּשְׁרֵיהּ.
אָמַר רִבִּי יִצְחָק, אִי הָכִי יוֹסֵף אָמַר כֹּלָּא, חֶלְמָא וּפִשְׁרָא. כְּדָנִיֵּאל דְּאָמַר חֶלְמָא וּפִשְׁרֵיהּ. אָמַר לֵיהּ, לָאו הַאי כְּהַאי (ז''ח ל''ג דהא). יוֹסֵף אִסְתַּכַּל מִגּוֹ מִלּוּלָא דְפַרְעֹה דְּהֲוָה אָמַר בְּדַרְגִּין יְדִיעָן, וְחָמָא לֵיהּ דְּקָא טָעָה, וְאָמַר לֵיהּ לָאו הָכִי, אֶלָּא הָכִי הוּא. בְּגִין דְּדַרְגִּין כְּסִדְרָן אַתְיָין. אֲבָל דָּנִיֵּאל לָא אִסְתַּכַּל מִגּוֹ מִלּוּלָא דִּנְבוּכַדְנְצַּר כְּלוּם. (דלא) וְכֹלָּא קָאֲמַר לֵיהּ חֶלְמָא וּפִשְׁרֵיהּ. מַה כְּתִיב בְּדָנִיֵּאל, (דניאל ב׳:י״ט) אֱדַיִן לְדָנִיֵּאל בְּחֶזְוָא דִי לֵילְיָא רָזָא גֲלִי בְּחֶזְוָא דִי לֵילְיָא. מַאן חֶזְוָא דִי לֵילְיָא, דָּא גַבְרִיאֵל, דְּאִיהוּ חֶזְוָא חֵיזוּ מִן חֵיזוּ.
תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, (יחזקאל מ״ג:ב׳) וְהִנֵּה כְּבוֹד אֱלקֵי יִשְׂרָאֵל בָּא מִדֶּרֶךְ הַקָּדִים וְקוֹלוֹ כְּקוֹל מַיִם רַבִּים וְהָאָרֶץ הֵאִירָה מִכְּבוֹדוֹ. מַה כְּתִיב בַּתְרֵיהּ, וּכְמַרְאֵה הַמַּרְאֶה אֲשֶׁר רָאִיתִי בְּבֹאִי לְשַׁחֵת אֶת הָעִיר וּמַרְאוֹת כַּמַּרְאֶה אֲשֶׁר רָאִיתִי אֶל נְהַר כְּבָר וָאֶפֹּל אֶל פָּנָי. כָּל אִלֵּין מַרְאוֹת, אִינוּן שִׁית, דְּאִינוּן מַרְאוֹת וְחֵיזוּ דְּחֶזְוָא. חֵיזוּ אִית לֵיהּ, לְאִתְחֲזָאָה בֵּיהּ גְּוָונִין דִּלְעֵילָא, וְאִתְחֲזוּן בְּהַהוּא חֵיזוּ. וְאִית חֵיזוּ לְחֵיזוּ, וְחֵיזוּ לְחֵיזוּ, דָּא עַל דָּא. וְכֻלְּהוּ קָיְימִין בְּדַרְגִּין יְדִיעָן וְשָׁלְטֵי, וְאִקְרוּן חֵיזוּ דְלֵילְיָא, וּבְהוּ מִתְפָּרְשִׁין כָּל חֶלְמִין דְּעַלְמָא, וְאִלֵּין אִינוּן כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא עֲלַיְיהוּ.
וּבְּגִין כָּךְ דָּנִיֵּאל בְּחֶזְוָא דְלֵילְיָא רָזָא גֲלִי. אִתְגְּלִי לָא כְּתִיב, אֶלָּא רָזָא גֲלִי, חַד מֵאִלֵּין דַּרְגִּין, גַּלֵּי לֵיהּ הַהוּא חֶלְמָא וּפִשְׁרֵיהּ. אֲבָל יוֹסֵף, מִגּוֹ מִלּוֹי דְפַרְעֹה, אִסְתַּכַּל בְּדַרְגִּין עִלָּאִין וְקָאֲמַר.
וּבְגִין כָּךְ פַּקְדֵיהּ עַל כָּל אַרְעָא דְמִצְרַיִם, בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, מִדִּילֵיהּ דְּיוֹסֵף קָא יָהִיב לֵיהּ. פּוּמָא דְלָא נָשַׁק לַעֲבֵירָה, כְּתִיב וְעַל פִּיךָ יִשַּׁק כָּל עַמִי. יָדָא דְלָא קָרִיב לַעֲבֵירָה, כְּתִיב וַיִּתֵּן אוֹתָהּ עַל יַד יוֹסֵף. צַוָּאר דְּלָא קָרִיב לַעֲבֵירָה, כְּתִיב וַיָּשֶׂם רְבִיד הַזָּהָב עַל צַוָּארוֹ. גּוּפָא דְּלָא קָרִיב לַעֲבֵירָה, וַיַּלְבֵּשׁ אֹתוֹ בִּגְדֵי שֵׁשׁ. רֶגֶל דְּלָא רָכִיב לַעֲבֵירָה, כְּתִיב וַיַּרְכֵּב אֹתוֹ בְּמִרְכֶּבֶת הַמִּשְׁנֶה אֲשֶׁר לוֹ. הַמַּחֲשָׁבָה דְּלָא חָשַׁב, נִקְרָא נָבוֹן וְחָכָם. לֵב שֶׁלֹּא הִרְהֵר, וַיִּקְרְאוּ לְפָנָיו אַבְרֵךְ. וְכֹלָּא מִדִּילֵיהּ נָטַל.
מַה כְּתִיב. וַיֵּצֵא יוֹסֵף מִלִּפְנִי פַרְעֹה וַיַּעֲבֹר בְּכָל אֶרֶץ מִצְרָיִם. אָמַר רִבִּי חִזְקִיָּה, מַאי טַעְמָא וַיַּעֲבוֹר בְּכָל אֶרֶץ מִצְרַיִם. בְּגִין לְשַׁלְטָאָה, דְּמַכְרְזֵי קַמֵּיה הָכִי. וּבְגִין לְמִכְנַשׁ עִבּוּרָא בְּכָל אֲתַר וַאֲתַר. רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, כָּנַשׁ יוֹסֵף עִיבּוּר בְּכָל אֲתַר, בְּגִין דְּלָא יִתְרַקַּב.
אָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן, כָּל מַה דְּעֲבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כֹּלָּא אִיהוּ לְגַלְגְּלָא גִּלְגּוּלִין, בְּגִין דְּבָעֵי לְקָיְימָא קִיּוּמָא. תָּא חֲזֵי, כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא, אַיְיתֵי כָּל מַה דְּאִצְטְרִיךְ עַלְמָא בְּקַדְמִיתָא, וּלְבָתַר אַיְיתֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְעַלְמָא, וְאַשְׁכַּח מְזוֹנָא. (ז''ח ל''ג תא חזי) כְּגַוְונָא דָא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָמַר לְאַבְרָהָם, (בראשית ט״ו:י״ג) יָדוֹעַ תֵּדַע כִּי גֵּר יִהְיֶה זַרְעֲךָ בְּאֶרֶץ לֹא לָהֶם וְגו', וְאַחֲרֵי כֵן יֵצְאוּ בִּרְכוּשׁ גָּדוֹל. כַּד אֲתָא יוֹסֵף לְאַרְעָא דְמִצְרַיִם, לָא אִשְׁתְּכַח בָּהּ רְכוּשׁ גָּדוֹל. גִּלְגֵּל גִּלְגוּלִין, וְאַיְיתֵי כַּפְנָא עַל עַלְמָא. וְכָל עַלְמָא הֲווּ מַיְיתִין כַּסְפָּא וְדַהֲבָא לְמִצְרַיִם, וְאִתְמְלֵי כָל אַרְעָא דְמִצְרַיִם כַּסְפָּא וְדַהֲבָא. לְבָתַר דְּאִתְתַּקַּן כֹּלָּא רְכוּשׁ גָּדוֹל, אַיְיתֵי יַעֲקֹב לְמִצְרַיִם.
דְּהָכִי אָרְחֵי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, בְּקַדְמִיתָא בָּארֵי (ס''א אק1דים) אַסְוָותָא, וּלְבָתַר מָחֵי. כָּךְ בְּקַדְמִיתָא אַתְקִין רְכוּשׁ גָּדוֹל, וּלְבָתַר (Ⅰ)
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[197a]
[...] Ainsi tout est fait conformément au mystère suprême.
Remarquez que le Saint, béni soit-il, a formé la royauté ici-bas sur le modèle de la royauté d’en haut ; l’une ressemble à l’autre, et tout ce qui se fait sur la terre a été déjà fait auparavant dans le ciel. Remarquez, en outre, que la royauté sacrée d’ici-bas n’ Remarquez, en outre, que la royauté sacrée d’ici-bas n’a atteint à la perfection qu’après l’arrivée des patriarches, parce que la royauté d’en-haut est également fortifiée par les patriarches. Lorsque Joseph le juste descendit en Égypte, il y attira la Schekhina ; car la Schekhina ne suit que le juste ; aussi, dès que Joseph amassa en Égypte toutes les richesses du monde, la Schekhina y vint, et avec elle toutes les tribus. C’est pour avoir conservé dans toute sa pureté la marque de l’Alliance que Joseph a été jugé digne de la royauté d’en haut et de celle d’en bas ; car quiconque conserve dans sa pureté cette marque sacrée, a autant de mérite que s’il avait exécuté tous les commandements de la sainte Loi ; la pureté de la marque de l’Alliance équivaut à tous les commandements de la Loi.
Il est écrit (Gen., XLII, 1) : “ Et Jacob, ayant su qu’on vendait du blé en Égypte, dit à ses enfants : Pourquoi négligez-vous, etc. ”
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Zac., XII, 1) : “ Prophétie menaçante : Parole du Seigneur concernant Israël. Voici ce que dit le Seigneur, qui a étendu le ciel, qui a fondé la terre, et qui a formé l’esprit dans l’intérieur de l’homme... ” Ce verset exige un examen attentif. Partout où l’Écriture se sert du mot “ masa ” (prophétie menaçante), elle exprime des paroles de rigueur. Lorsque ces paroles de rigueur concernent les autres peuples, le mot “ masa ” est employé dans le bon sens, c’est-à-dire que la prophétie est alors menaçante pour les ennemis d’Israël ; et quand elle concerne Israël, ce mot est employé dans le mauvais sens. “ Masa ” signifie “ charge ” ; car le Saint, béni soit-il, éprouve, -s’il est permis de s’exprimer ainsi, - de la peine à punir Israël et à accorder la paix aux autres peuples païens ; il éprouve de la peine et d’un côté et de l’autre, c’est-à-dire et de ce qu’il doit punir Israël, et de ce qu’il doit accorder la paix aux peuples païens. Du moment que l’Écriture dit déjà : “ ... Qui a étendu le ciel, qui a fondé la terre ”, pourquoi a-t-elle besoin d’ajouter encore : “ ... Et qui a formé l’esprit dans l’intérieur de l’homme ” ? Ne sait-on pas que c’est le même qui a créé le ciel et la terre qui a formé l’esprit ? Mais l’Écriture fait allusion à ce degré céleste qui est la synthèse de tous les esprits et de toutes les âmes. Rabbi Siméon dit : Ce verset offre une difficulté. Si l’Écriture se fût contentée de dire : “ ... Et qui a formé l’esprit ”, il n’y aurait rien à objecter ; mais pourquoi ajouter : “ ... Dans l’intérieur de l’homme ” ? Mais ce verset a un sens double ; car c’est du fleuve céleste qu’émanent toutes les âmes ; or, les eaux de ce fleuve aboutissent dans une région qui constitue un des degrés célestes ; et c’est ce degré qui forme tous les esprits et toutes les âmes de ce monde. Telle une femme qui conçoit de l’homme et forme l’enfant dans ses entrailles, jusqu’au moment où il sort tout formé du sein de sa mère, tel le degré céleste en question forme l’esprit dans son intérieur et, quand il est formé, l’envoie ici-bas pour animer un homme qui vient de naître.
D’après une autre interprétation, les mots : “ ... Dans son intérieur ” signifient réellement : dans l’intérieur de l’homme ; car, lorsque l’homme est né, le Saint, béni soit-il, lui donne immédiatement une âme. Mais à sa naissance, le corps de l’homme n’étant pas suffisamment développé, l’âme non plus n’est pas complète ; elle n’y est attachée en quelque sorte que par un bout. Ce n’est qu’à mesure que le corps se développe que l’âme prend de l’extension et prête sa force au corps.
C’est pourquoi l’Écriture dit : “ ... Qui forme l’esprit dans l’intérieur de l’homme ” ; car l’âme se développe simultanément avec le corps. Comme, à mesure que l’homme s’avance en âge, l’âme a besoin de plus de forces célestes pour venir en aide au corps, le Saint, béni soit-il, la développe constamment.
Remarquez que l’âme a besoin de soins autant que le corps ; quand l’âme a besoin de secours, elle est fortifiée par le ciel ; c’est pourquoi l’Écriture dit : “ ... Et qui forme l’esprit dans l’intérieur de l’homme. ” Remarquez en outre que, lorsque Jacob perdit Joseph, il perdit également le supplément d’esprit qu’il possédait auparavant ; car la Schekhina s’était détournée de lui. Mais, après qu’il l’eut retrouvé, l’Écriture (Gen., XLV, 27) dit : “ Et l’esprit de Jacob leur père revit. ” Est-ce que, jusqu’à ce moment, son esprit [...]
- אַיְיתֵי לוֹן לְגָלוּתָא. וְעַל דָּא גִּלְגֵּל גִּלְגּוּלִין וְאַיְיתֵי כַּפְנָא עַל כָּל עַלְמָא, בְּגִין דְּלֵיהווּ מַיְיתִין כַּסְפָּא וְדַהֲבָא כָּל עַלְמָא לְמִצְרַיִם.
תָּא חֲזֵי, בְּגִין (כך) יוֹסֵף דְּאִיהוּ צַדִּיק, אִיהִי גָּרִים עוּתְרָא כַּסְפָּא וְדַהֲבָא, לְנַטְלָא יִשְׂרָאֵל. כְּדִכְתִיב, (תהלים קה) וַיּוֹצִיאֵם בְּכֶסֶף וְזָהָב וְאֵין בִּשְׁבָטָיו כּוֹשֵׁל. וּמִן יְדָא דְּצַדִּיק, אֲתָא דָא לְיִשְׂרָאֵל. וְכֹלָּא לְמִזְכֵּי לוֹן לְעַלְמָא דְאָתֵי.
פָּתַח וְאָמַר, (קהלת ט) רְאֵה חַיִּים עִם אִשָּׁה אֲשֶׁר אָהַבְתָּ וְגו'. תָּא חֲזֵי, הַאי קְרָא בְּרָזָא עִלָּאָה אִיהוּ, וְאוּקְמוּהָ. רְאֵה חַיִּים, אִלֵּין חַיִּין דְּעַלְמָא דְּאָתֵי, דְּזַכָאָה הוּא בַּר נָשׁ דְּזָכֵי בֵּיהּ כְּדְקָא יְאוּת.
עִם אִשָּׁה אֲשֶׁר אָהַבְתָּ, דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל, בְּגִין דְּבָהּ כְּתִיב אַהֲבָה. דִּכְתִיב, (ירמיה לא) וְאַהֲבַת עוֹלָם אֲהַבְתִּיךָ, אֵימָתַי. בְּשַׁעְתָּא דְסִטְרָא דִימִינָא אָחִיד בָּהּ. דִּכְתִיב, (ירמיה לא) עַל כֵּן מְשַׁכְתִּיךְ חָסֶד. (קהלת ט) כָּל יְמֵי חַיֵּי הֶבְלְךָ, בְּגִין דְּאִיהִי אִתְקַשְּׁרַת בַּחַיִּים, וְאִיהִי עוֹלָם דְּחַיִּין שָׁרְיָין בֵּיהּ. דְּהָא עַלְמָא דָא, לָא שַׁרְיָין בֵּיהּ חַיִּים. בְּגִין דְּאִינוּן תַּחַת הַשֶּׁמֶשׁ, וְלָא מָטָאן הָכָא אִינוּן נְהוֹרִין דְּהַהוּא שִׁמְשָׁא, וְאִסְתַּלָּקוּ מֵעַלְמָא מִיּוֹמָא דְּאִתְחָרִיב בֵּי מַקְדְּשָׁא. דִּכְתִיב, (ישעיה יג) חָשַׁךְ הַשֶּׁמֶשׁ בְּצֵאתוֹ וְגו'. מַאי חָשַׁךְ הַשֶּׁמֶשׁ, דְּסָלִיק נְהוֹרֵיהּ וְלָא נָהִיר. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (ישעיה נז) הַצַּדִּיק אָבַד וְגו'.
כִּי הוּא חֶלְקְךָ בַּחַיִּים, דָּא הוּא שִׁמְשָׁא בְּסִיהֲרָא, וּבְעִינָן לְמֵיעַל סִיהֲרָא בְּשִׁמְשָׁא וְשִׁמְשָׁא בְּסִיהֲרָא, דְּלָא לְאַפְרָשָׁא לוֹן. וְדָא הוּא חוּלָקָא דְּבַר נָשׁ, לְמֵיעַל בְּהוּ לְעַלְמָא דְאָתֵי.
מַה כְּתִיב בַּתְרֵיהּ, (קהלת ט) כָּל אֲשֶׁר תִּמְצָא יָדְךָ לַעֲשׂוֹת בְּכֹחֲךָ עֲשֵׂה כִּי אֵין מַעֲשֶׂה וְחֶשְׁבּוֹן וְדַעַת וְחָכְמָה בַּשְׁאוֹל אֲשֶׁר אַתָּה הוֹלֵךְ שָׁמָּה. הַאי קְרָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא בֵּיהּ. כָּל אֲשֶׁר תִּמְצָא יָדְךָ לַעֲשׂוֹת, וְכִי הוּתְּרָה רְצוּעָה לְמֶעְבַּד בַּר נָשׁ כָּל מַה דְּיָכִיל. אֶלָּא, לַעֲשׂוֹת בְּכֹחֲךָ כְּתִיב, מַאי בְּכֹחֲךָ. דָּא נִשְׁמָתֵיהּ דְּבַר נָשׁ, דְּאִיהִי חֵילָא דְּבַר נָשׁ, לְמִזְכֵּי בָהּ לְעַלְמָא דֵין וּלְעַלְמָא דְאָתֵי.
דָּבָר אַחֵר בְּכֹחֲךָ, דָּא הִיא אִשָּׁה דְקָאֲמָרָן, דְּאִיהִי חֵילָא לְאִתְתַקְפָא בָּהּ, בְּעַלְמָא דֵין וּבְעַלְמָא דְאָתֵי. וּבָעֵי בַּר נָשׁ לְמִזְכֵּי בָהּ בְּהַאי עַלְמָא בְּהַאי חֵילָא, בְּגִין דְּיִתְתַּקַּף בָּהּ בְּהַהוּא עַלְמָא.
מַאי טַעְמָא. בְּגִין דִּלְבָתַר דְּיִפּוּק בַּר נָשׁ מֵהַאי עַלְמָא, לֵית בֵּיהּ חֵילָא לְמֶעְבַּד מִידִּי וְלוֹמַר, הַשְׁתָּא, מִכָּאן וּלְהָלְאָה אַעֲבִיד עוֹבָדִין טָבִין. דְּוַדַּאי אֵין מַעֲשֶׂה וְחֶשְׁבּוֹן וְדַעַת וְחָכְמָה בַּשְׁאוֹל אֲשֶׁר וגו'. אִי לָא זָכֵי בַּר נָשׁ בְּהַאי עַלְמָא, לָא יִזְכֵּי בֵּיהּ לְבָתַר בְּהַהוּא עַלְמָא. וְאוּקְמוּהָ, מַאן דְּלָא אַתְקִין זְוָודִין לְמֵיהַךְ מֵהַאי עַלְמָא, לָא יֵיכוּל בְּהַהוּא עַלְמָא. וְאִית עוֹבָדִין טָבִין דְּעָבִיד בַּר נָשׁ בְּהַאי עַלְמָא, דְּיֵיכוּל מִנַּיְיהוּ הָכָא. וְכֹלָּא אִשְׁתָּאַר לְעַלְמָא דְאָתֵי וּלְאִתְּזְנָא מִנַּיְיהוּ.
תָּא חֲזֵי, יוֹסֵף זָכָה בְּהַאי עַלְמָא וְזָכָה בְּעַלְמָא דְאָתֵי, בְּגִין דְּבָעָא לְאִתְאַחֲדָא בְּאִשָּׁה יִרְאַת יְיָ. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית לט) וְחָטָאתִי לֵאלהִים. וּבְגִין כָּךְ זָכָה לְמִשְׁלַט בְּהַאי עַלְמָא, וְזָכָה לוֹן לְיִשְׂרָאֵל.
מַה כְּתִיב, (בראשית מז) וַיְלַקֵּט יוֹסֵף אֶת כָּל הַכֶּסֶף. וְהָכִי אִתְחֲזֵי, דְּהָא הַהוּא נָהָר דְנָגִיד וְנָפִיק, אִיהוּ לָקִיט כֹּלָּא, וְכָל עוּתְרָא בֵּיהּ קָיְימָא. וְדָא הִיא רָזָא דִּכְתִיב, (בראשית א) וַיִּתֵּן אֹתָם אֱלֹהִים בִּרְקִיעַ הַשָּׁמַיִם, וְכֹלָּא אִיהוּ כְּדְקָא יְאוּת, וַדַּאי יוֹסֵף בָּעֵי לְמִשְׁלַט עַל מַלְכוּתָא.
וְתָּא חֲזֵי, כְּתִיב, וַיַּרְכֵּב אוֹתוֹ בְּמִרְכֶּבֶת הַמִּשְׁנֶה. מַאן מִרְכֶּבֶת הַמִּשְׁנֶה. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד לֵיהּ לַצַּדִּיק שַׁלִּיטָא, בְּגִין דְּהָא מִנֵּיהּ אִתְּזַן עַלְמָא, וְאִצְטְרִיךְ לְאִתְּזָנָא. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִית לֵיהּ רְתִיכָא עִלָּאָה, וְאִית לֵיהּ רְתִיכָא תַּתָּאָה. רְתִיכָא תַּתָּאָה אִיהִי מִרְכֶּבֶת הַמִּשְׁנֶה, וְיוֹסֵף צַדִּיק אִקְרֵי, וְלֵיהּ אִתְחֲזֵי לְמֶהוֵי רָכִיב עַל מִרְכֶּבֶת הַמִּשְׁנֶה אֲשֶׁר לוֹ, לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְכֹלָּא אִיהוּ בְּרָזָא עִלָאָה, לְמֶהֱוֵי כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא.
תָּא חֲזֵי, וַיִּקְרְאוּ לְפָנָיו אַבְרֵךְ, מַאי אַבְרֵךְ. קְשִׁירוּ דְּאִתְקַּשַּׁר שִׁמְשָׁא בְּסִיהֲרָא, וְכֹלָּא כָּרְעִין לָקֳבֵל אֲתַר דָּא. וְנָתוֹן אוֹתוֹ עַל כָּל עַלְמָא, וְכֻלְּהוּ אוֹדָן לְגַבֵּיהּ, (Ⅰ)
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[197b]
[...] était mort ? - Mais l’Écriture parle du supplément d’esprit que Jacob avait perdu, parce que la Schekhina s’était détournée de lui, en raison de la tristesse dont il était accablé.
C’est pourquoi l’Écriture dit : “ Et l’esprit de Jacob, leur père, revit. ” L’Écriture dit : “ Et Jacob ayant su qu’on vendait du blé en Égypte... ”Comment le savait-il, alors qu’il n’avait point encore reçu la bonne nouvelle concernant Joseph ? Il le savait parce qu’il avait vu tous les habitants de son pays partir pour l’Égypte et revenir avec du blé.
Rabbi Isaac dit : Remarquez que le roi David a été jugé digne d’être attaché aux patriarches et d’hériter d’une place parmi eux ; c’est pourquoi l’Écriture (Ps., CXVIII, 22) dit : “ La. pierre que ceux qui bâtissaient avaient rejetée a été placée à la tête de l’angle. ” Remarquez (10) que Joseph était l’image de l’Alliance parfaite, et qu’il était devenu le maître de l’Égypte. Mais Jacob, de qui la Schekhina s’était détournée, n’en savait rien. Il avait le désir d’envoyer en Égypte pour y chercher du blé ; mais autant son désir était grand de se prémunir contre la famine, autant il éprouvait de la peine à y envoyer ses fils. L’Écriture dit : “ Pourquoi vous faites-vous voir ? ”
Rabbi Hizqiya dit : Il est certain que ce verset renferme le mystère en vertu duquel l’homme ne doit pas se montrer dans la rue à l’époque où un fléau sévit dans le monde, de crainte qu’il ne succombe à cause de ses péchés.
D’après une autre interprétation, les mots : “ Et Jacob ayant su qu’il y avait du [...]
- וּבְגִין דָּא כֹּלָּא בְּרָזָא עִלָּאָה אִיהוּ.
תָּא חֲזֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבַד מַלְכוּתָא דְאַרְעָא, כְּעֵין מַלְכוּתָא דִרְקִיעָא, וְכֹלָּא דָא כְּגַוְונָא דָא. וְכָל מַה דְּאִתְעֲבִיד בְּאַרְעָא קָיְימָא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּקַדְמִיתָא.
תָּא חֲזֵי, מַלְכוּתָא קַדִּישָׁא, לָא קַבִּיל מַלְכוּתָא שְׁלֵימָתָא, עַד דְּאִתְחַבַּר בַּאֲבָהָן. בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבַד לָהּ לְמַלְכוּ עִלָּאָה, לְאִתְנַהֲרָא מֵרָזָא דְּאֲבָהָן.
וְכַד יוֹסֵף הַצַּדִּיק נָחַת לְמִצְרַיִם בְּקַדְמִיתָא, אִיהוּ מָשִׁיךְ לָהּ לִשְׁכִינְתָּא לְבָתַר עִמֵּיהּ, דְּהָא שְׁכִינְתָּא לָא אָזְלָא אֶלָּא בַּתְרָא דְצַדִּיק. וּבְגִין כָּךְ אִתְמְשַׁךְ יוֹסֵף לְמִצְרַיִם בְּקַדְמִיתָא, וְנָטִיל כָּל עוּתְרָא דְעַלְמָא כְּדְקָא יְאוּת, וּלְבָתַר נָחֲתַת שְׁכִינְתָא לְמִצְרַיִם, וְכֻלְּהוּ שִׁבְטִין בַּהֲדָהּ.
וּבְגִינֵי כָּךְ, יוֹסֵף דְּנָטַר לֵיהּ לַבְּרִית, זָכָה לְאִתְעַטְּרָא בְּאַתְרֵיהּ, וְזָכָה לְמַלְכוּתָא דִלְעֵילָא, וּלְמַלְכוּתָא דִלְתַתָּא. וְעַל דָּא כָּל מַאן דְּנָטַר בְּרִית קַדִּישָׁא, כְּאִילּוּ קִיֵּים אוֹרַיְיתָא קַדִּישָׁא כּוֹלָה, דְּהָא בְּרִית שָׁקִיל כְּכָל אוֹרַיְיתָא:
וַיַּרְא יַעֲקֹב כִּי יֵשׁ שֶׁבֶר בְּמִצְרַיִם וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב לְבָנָיו וְגו'. רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאֲמַר, (זכריה י״ב:א׳) מַשָּׂא דְבַר יְיָ עַל יִשְׂרָאֵל נְאֻם יְיָ נוֹטֶה שָׁמַיִם וְיוֹסֵד אָרֶץ וְיוֹצֵר רוּחַ אָדָם בְּקִרְבּוֹ. הַאי קְרָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא בֵּיהּ. מַשָּׂא דְּבַר יְיָ, בְּכָל הַנֵּי אֲתַר דְּקָאֲמַר מַשָּׂא, מַשָּׂא אַמַּאי. אֶלָּא, בְּכָל אֲתַר דְּאִיהוּ עַל דִּינָא דִּשְׁאָר עַמִּין וְאָמַר מַשָּׂא, לְטַב. בְּכָל אֲתַר דְּאִיהוּ עַל יִשְׂרָאֵל וְאָמַר מַשָּׂא, לְבִישׁ.
בְּכָל אֲתַר דְּאִיהוּ עַל דִּינָא דִשְׁאָר עַמִין, לְטַב. בְּגִין דְּמַשָּׂא מָטוּלָא אִיהוּ. כִּבְיָכוֹל מָטוּלָא אִיהוּ עֲלֵיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, שָׁלוֹם דְּעַמִּין עוֹבְדֵי כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת. וְכַד אִתְגְּזַר דִּינָא עֲלַיְיהוּ מַעֲבַר מִנֵּיהּ הַהוּא מָטוּלָא דְּאִיהוּ סָבִיל עֲלַיְיהוּ. בְּכָל אֲתַר דְּדִינָא אִתְגְּזַר עֲלַיְיהוּ דְּיִשְׂרָאֵל, וְאָמַר מַשָּׂא, כִּבְיָכוֹל מָטוּלָא אִיהוּ עֲלֵיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וּבְּגִין כָּךְ מַשָּׂא מֵהַאי גִיסָא, וּמֵהַאי גִיסָא, מָטוּלָא אִיהוּ.
כֵּיוָן דְּאָמַר נוֹטֶה שָׁמַיִם וְיוֹסֵד אָרֶץ, אַמַּאי אִצְטְרִיךְ וְיוֹצֵר רוּחַ אָדָם בְּקִרְבּוֹ. וְכִי לָא הֲוֵינָא יָדְעֵי דְּאִיהוּ יוֹצֵר רוּחַ אָדָם. אֶלָּא לְאַחֲזָאָה דַרְגָּא יְדִיעָא, דְּכָל רוּחִין וְנִשְׁמָתִין דְּעַלְמָא, בְּהַהוּא דַּרְגָּא קָיְימִין.
רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, הַאי קְרָא קַשְׁיָא, אִי אָמַר וְיוֹצֵר רוּחַ אָדָם וְלָא יַתִּיר יָאוֹת, אֲבָל בְּקִרְבּוֹ מַהוּ. אֶלָּא רָזָא אִיהוּ בִּתְרֵין סִטְרִין, דְּהָא מֵהַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק, מִתַּמָּן נָפְקֵי וּפָרְחֵי נִשְׁמָתִין כֻּלְּהוּ, וְאִתְכְּנִישׁוּ בְּאֲתַר חָד. וְהַהוּא דַרְגָּא אִיהוּ יוֹצֵר רוּחַ אָדָם בְּקִרְבּוֹ. וְהַאי כְּאִתְּתָא דְאִתְעַבְּרָא מִן דְּכוּרָא, וְהַהוּא וְלָדָא צָרַת לָהּ בִּמְעָהָא. עַד דְּאִצְטַיֵּיר כֹּלָּא בְּצִיּוּרָא שְׁלִימוּ בִּמְעָהָא. כָּךְ וְיוֹצֵר רוּחַ אָדָם בְּקִרְבּוֹ, בְּקִרְבּוֹ קָיְימָא. עַד דְּאִתְבְּרֵי בַּר נָשׁ בְּעַלְמָא וְיָהִיב לֵיהּ.
דָּבָר אַחֵר, וְיוֹצֵר רוּחַ אָדָם בְּקִרְבּוֹ, בְּקִרְבּוֹ דְּאָדָם מַמָּשׁ. בְּגִין דְּכַד אִתְבְּרֵי בַר נָשׁ, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָהַב לֵיהּ נִשְׁמָתֵיהּ, וְנָפִיק לַאֲוִירָא דְעַלְמָא. הַהוּא רוּחָא דִּבְגַוֵּיהּ, לָא אַשְׁכַּח גּוּפָא לְאִתְפַּשְּׁטָא בְּגַוֵּיהּ, וְקָיְימָא בְּסִטְרָא חַד בְּגַוֵּיהּ.
וְכַד בַּר נָשׁ אִתְפַּשַׁט גּוּפֵיהּ, הַהוּא רוּחָא אִתְפַּשַּׁט, וְיָהִיב בֵּיהּ חֵילָא, וְכֵן כְּגַוְונָא דְגוּפָא אִתְרַבֵּי, הָכִי רוּחָא יָהִיב חֵילָא בֵּיהּ, לְאִתְתַּקְּפָא בַּר נַשׁ בַּהֲדֵיהּ. וּבְגִין כָּךְ יוֹצֵר רוּחַ אָדָם בְּקִרְבּוֹ מַמָּשׁ.
וְאִי תֵימָא יוֹצֵר רוּחַ אָדָם מַהוּ, בְּגִין דְהַהוּא רוּחָא, אִצְטְרִיךְ חֵילָא דִלְעֵילָא יַתִּיר לְאִסְתַּיְיעָא בַּהֲדֵיהּ. וְעַל דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִיהוּ יוֹצֵר רוּחַ אָדָם בְּקִרְבּוֹ, וְיָהִיב לֵיהּ סִיּוּעָא בְּבַר נָשׁ.
תָּא חֲזֵי, כַּד הַהוּא רוּחָא אִצְטְרִיךְ סִיּוּעָא, כְּגַוְונָא דְאִיהוּ הַהוּא בַּר נָשׁ, וּכְגַוְונָא דְּהַהוּא גוּפָא אִתְתַּקַּן, הָכִי נָמֵי הַהוּא רוּחָא מְתַקְנִין לֵיהּ, וְאוֹסְפִין לֵיהּ רוּחָא לְאִתְתַּקְּנָא. וְדָא הוּא יוֹצֵר רוּחַ אָדָם בְּקִרְבּוֹ.
וְתָּא חֲזֵי, כֵּיוָן דְּאִתְאֲבִיד יוֹסֵף מֵאֲבוֹי, יַעֲקֹב אָבִיד הַהוּא תּוֹסֶפֶת רוּחָא דְּהֲוָה לֵיהּ, וְאִסְתַּלְּקַת מִנֵּיהּ שְׁכִינְתָּא. לְבָתַר מַה כְּתִיב, (בראשית מ״ה:כ״ז) וַתְּחִי רוּחַ יַעֲקֹב אֲבִיהֶם. וְכִי עַד הַשְׁתָּא (Ⅰ)
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[198a]
[...] scheber en Égypte... ” doivent être pris à la lettre. “ Scheber ” signifie “ fracture” et, par extension, malheur. Car le Saint, béni soit-il, n’avait décrété la famine dans le monde qu’afin que Jacob et ses fils se rendissent en Égypte. Tel est le sens des paroles : “ Et Jacob ayant su qu’il y a du malheur (scheber) en Égypte... ” Après la mort d’Isaac, Jacob fit le partage avec Ésaü. Le dernier s’est approprié tous les biens de la terre, alors que le premier était destiné à subir l’exil. C’est pourquoi Jacob dit à ses fils : “ Pourquoi vous faites-vous voir ? ”, ce qui vent dire : pourquoi vous exposez-vous à la rigueur céleste, grâce à laquelle l’accusateur pourrait requérir contre vous ? Il ajouta (Gen., XLII, 2) : “ J’ai appris qu’il y a du blé en Égypte ; allez-y (redou), etc. ” Il a été dit que le mot “ redou ” représente une valeur numérique égale au nombre d’années qu’Israël a été asservi en Égypte.
Il est écrit (Gen., XLII, 6) : “ Et Joseph commandait dans toute l’Égypte, etc. ”
Rabbi Yessa ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XXVII, 6) : “ Et maintenant (ve-âthâ), il a élevé ma tête au-dessus de mes ennemis qui m’entourent ; et j’ai immolé dans sa tente des sacrifices avec des cris de joie ; je chanterai et je ferai retentir des hymnes au Seigneur. ” Remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, trouve son plaisir dans l’homme, il l’élève au-dessus des autres hommes de ce monde, l’en fait le maître ; et tous ses ennemis s’inclinent devant lui. Le roi David était haï et repoussé par ses frères. ; et le Saint, béni soit-il, l’a élevé au-dessus des autres hommes. Il a dû fuir devant son beau-père ; et le Saint, béni soit-il, l’a élevé à la royauté, de sorte que tous s’inclinaient et se prosternaient devant lui. De même Joseph avait été repoussé par ses frères ; et ceuxci ont dû, à la fin, se prosterner devant lui, ainsi qu’il est écrit (Gen., l. c.) : “ Et les frères de Joseph vinrent et se prosternèrent devant lui, etc. ”
D’après une autre interprétation, le mot “ve-âthâ” (avec Aïn) doit être interprété comme “ve-athâ ” (avec Aleph).
Rabbi Yehouda dit : Nous savons par une tradition que “ eth ” désigne le degré suprême. Et qui est “ eth ” ? C’est le Hé. L’Écriture dit “ ve-âthâ ”, parce qu’elle désigne “ eth ” et son tribunal. Les mots : “ ... A élevé ma tête ” signifient que “ eth ” a élevé le Hé à la gloire et à la royauté. Les mots : “ ... Sur mes ennemis qui m’entourent ” désignent les autres rois de la terre. Les mots “ J’ai immolé dans sa tente ” désignent le tabernacle. Les mots : “ ... Des sacrifices avec des cris de joie ” signifient que son nom a retenti dans tout le monde. Enfin, les mots : “ Je chanterai et je ferai retentir des hymnes au Seigneur ” désignent ce côté d’où émanent tous les cantiques et tous les hymnes.
D’après une autre interprétation, les mots : “ Et maintenant il a élevé ma tête ” désignent la “ Communauté d’Israël ”. Les mots : “ ... Au-dessus de mes ennemis qui m’entourent ” s’appliquent à Esaü et à tous ses chefs. Les mots : “... Et j’ai immolé dans sa tente ” désignent Israël. Les mots : “... Des sacrifices avec des cris de joie ” désignent l’humilité, ainsi qu’il est écrit (Ps., LI, 19) : “ ... Un esprit brisé de douleurs. voici le sacrifice de Dieu. ” Les mots : “ ... Je chanterai et ferai retentir des hymnes au Seigneur ” signifient : je chanterai éternellement à la gloire du Saint, béni soit-il, sans interruption.
D’après une autre interprétation, les mots : “ Et maintenant il a élevé ma tête ” désignent l’esprit du bien. Les mots : “ ... Au-dessus de mes ennemis qui m’entourent ” désignent l’esprit du mal qui entoure l’homme constamment et lui montre son inimitié en toutes choses. ” Les mots : “... Et j’ai immolé dans sa tente des sacrifices avec des cris de joie ” désignent la Loi qui émane du côté du feu, ainsi qu’il est écrit (Deut., XXXIII, 2) : “ Il porte en sa main droite la loi du feu ” ; car c’est grâce à la Loi que l’Esprit du bien élève sa tête et brise tous ses ennemis, ainsi qu’il est écrit (Ps., XVIII, 40) : “ Et tu as abattu sous moi ceux qui s’élevaient contre moi. ” Enfin,
D’après une autre interprétation, les mots : “ Et il a élevé ma tête ” signifient que le roi David a été attaché aux patriarches ; et c’est par cette union qu’il s’est élevé à un haut degré. Les mots : “... Au-dessus de mes ennemis qui m’entourent ” désignent tous les chefs de la rigueur du côté gauche qui tendent à léser les hommes. C’est par cette élévation de David que le soleil s’est uni à la lune au point de ne former qu’une unité.
Remarquez qu’en devenant le maître du pays, Joseph devint l’image du soleil qui domine sur la lune, l’éclaire et l’alimente. L’Écriture (Gen., XLII, 6) ajoute : “ C’était lui qui fournissait le blé à tout le peuple du pays. ” Il était l’image de ce chef céleste d’où émanent toutes les âmes et où toutes s’alimentent. C’est pourquoi ses frères se prosternèrent devant lui, parce qu’il était l’image du fleuve céleste ; car il n’y a rien dans ce monde qui ne dépende du sort, ainsi que cela a été déjà expliqué.
Il est écrit (Gen., XLII, 8) : “ Et Joseph reconnut ses frères ; mais eux ne l’ont pas reconnu. ”
Rabbi Éléazar ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XLIX, 6) : “ Pourquoi craindrai-je au jour mauvais ? Je me trouve enveloppé dans l’iniquité que je foule aux pieds (aqebaï). ” Remarquez qu’il y a trois choses qui inspirent la crainte à l’homme sans que celui- ci sache la cause de sa crainte, ainsi que cela a été déjà dit. Mais il y en a qui sont remplis de crainte parce qu’ils ont commis des péchés sans le savoir. Ceux-ci craignent le “ jour mauvais ”. C’est un de ces jours où sévit [...]
- מִית הֲוָה. אֶלָּא הַהוּא תּוֹסֶפֶת רוּחָא אִסְתַּלַּק מִנֵּיהּ שְׁכִינְתָּא, וְלָא הֲוָה בְּגַוֵּיהּ. בְּגִין דְּעִצְבוֹנָא דְּהֲוָה בֵּיהּ גָּרְמָא לֵיהּ, (ואי גרמא ליה הא) (ס''א דלא) לָא הֲוָה רוּחֵיהּ בְּקִיּוּמֵיהּ. וּבְגִין כָּךְ וַתְּחִי רוּחַ יַעֲקֹב אֲבִיהֶם. וְהָכָא (כתיב וירא יעקב), דְּעַד כְּעָן לָא אִתְבַּשַּׂר, מְנָא הֲוָה יָדַע. אֶלָּא וַיַּרְא יַעֲקֹב, דְּחָמָא לְכָל דָּיְירֵי אַרְעָא דְּאָזְלֵי לְמִצְרַיִם, וּמַיְיתָן עִבּוּרָא (הדא הוא דכתיב וירא יעקב).
רִבִּי יִצְחָק אָמַר, תָּא חֲזֵי, דָּוִד מַלְכָּא זָכָה לְאִתְחַבְּרָא בַּאֲבָהָן, וְיָרִית דּוּכְתֵּיהּ בְּגַוַּויְיהוּ. הֲדָא הוּא דִּכְתִיב, אֶבֶן מָאֲסוּ הַבּוֹנִים הָיְתָה לְרֹאשׁ פִּנָּה. (נדפס וארא לא א) רִבִּי יֵיסָא וְרִבִּי חִזְקִיָּה הֲווּ אָזְלֵי מִקַּפּוֹטְקִיָּא לְלוֹד, וְהֲוָה עִמְּהוֹן חַד יוּדָאי בְּמָטוּל דְּקַפְטִירָא דְחַמְרָא, עַד דְּהֲווּ אָזְלֵי, אָמַר רִבִּי יֵיסָא לְרִבִּי חִזְקִיָּה, אַפְתַּח פּוּמָךְ וְאֵימָא חַד מִלָּה מֵאִינוּן מִילֵי מַעַלְיָיתָא דְאוֹרַיְיתָא, דְאַתְּ אֲמֵר בְּכָל יוֹמָא קַמֵּי בּוּצִינָא קַדִּישָׁא.
פָּתַח וְאֲמַר, (משלי ג׳:י״ז) דְּרָכֶיהָ דַרְכֵי נוֹעַם וְכָל נְתִיבוֹתֶיהָ שָׁלוֹם. דְּרָכֶיהָ דַרְכֵי נֹעַם, אִלֵּין אָרְחִין דְּאוֹרַיְיתָא. דְּמַאן דְּאָזִיל בְּאָרְחֵי דְאוֹרַיְיתָא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַשְׁרֵי עֲלֵיהּ נְעִימוּתָא דִשְׁכִינְתָּא, דִּי לָא תַעֲדֵי מִנֵּיהּ לְעָלְמִין. וְכָל נְתִיבוֹתֶיהָ שָׁלוֹם, דְּכֻלְּהוּ נְתִיבִין דְּאוֹרַיְיתָא כֻּלְּהוּ שְׁלָם, שְׁלָם לֵיהּ לְעֵילָא, שְׁלָם לֵיהּ לְתַתָּא. שְׁלָם לֵיהּ בְּעַלְמָא דֵין, שְׁלָם לֵיהּ בְּעַלְמָא דְאָתֵי.
אָמַר הַהוּא יוּדָאי, אִיסִירָא (אסתרא) בְּקִיסְטְרָא בְּהַאי קְרָא אִשְׁתַּכַּח, אָמְרוּ לֵיהּ, מִנַיִן לָךְ. אָמַר לוֹן, מֵאַבָּא שְׁמַעְנָא, וְאוֹלִיפְנָא הָכָא בְּהַאי קְרָא מִלָּה (טבא). פָּתַח וְאֲמַר, הַאי קְרָא בִּתְרֵין גְּוָונִין אִיהוּ, וּבִתְרֵין סִטְרִין. קָרֵי בֵּיהּ דְּרָכִים, וְקָרֵי בֵּיהּ נְתִיבוֹת. קָרֵי בֵּיהּ נֹעַם, וְקָרֵי בֵּיהּ שָׁלוֹם. מַאן דְּרָכִים, וּמַאן נְתִיבוֹת. מַאן נֹעַם, וּמַאן שָׁלוֹם.
אֶלָּא דְּרָכֶיהָ דַרְכֵי נֹעַם. הַיְינוּ דִכְתִיב, (ישעיהו מ״ג:ט״ז) הַנּוֹתֵן בַּיָּם דָּרֶךְ, דְּהָא בְּכָל אֲתַר דְּאִקְרֵי בְּאוֹרַיְיתָא דֶרֶךְ, הוּא אוֹרַח פְּתִיחָא לְכֹלָּא. כְּהַאי אָרְחָא, דְּאִיהוּ פְּתִיחַ לְכָל בַּר נָשׁ. כָּךְ דְּרָכֶיהָ דַרְכֵי נֹעַם, אִילֵין דְּרָכִים דְּאִינוּן פְּתִיחָן מֵאֲבָהָן, דְּכָרָאן בְּיַמָּא רַבָּא, וְעָאלִין בְּגַוֵּיהּ, וּמֵאִינוּן אוֹרְחִין מִתְפַּתְּחִין לְכָל עֵיבַר וּלְכָל סִטְרֵי עַלְמָא.
וְהַאי נֹעַם, הוּא נְעִימוּ דְּנָפַק מֵעַלְמָא דְאָתֵי. וּמֵעַלְמָא דְאָתֵי נָהֲרִין כָּל בּוּצִינִין, וּמִתְפַּרְשָׁן לְכָל עֵיבַר. וְהַהוּא טִיבוּ וְהַהוּא נְהוֹרָא דְּעַלְמָא דְאָתֵי, דְּיָנְקִין (נ''א דירתין) אֲבָהָן, אִקְרֵי נֹעַם. דָּבָר אַחֵר, עַלְמָא דְאָתֵי אִקְרֵי נֹעַם, וְכַד אִתְעַר עַלְמָא דְאָתֵי, כָּל חֵדוּ וְכָל טִיבוּ וְכָל נְהוֹרִין וְכָל חֵירוּ דְעַלְמָא אִתְעַר, וּבְגִינִי כָּךְ אִקְרֵי נֹעַם.
וְעַל דָּא תָּנִינָן, חַיָּיבִין דְּגֵיהִנֹּם, בְּשַׁעְתָּא דְּעָאל שַׁבַּתָּא, נָיְיחִין כֻּלְּהוּ, וְאִית לְהוּ חֵירוּת וְנַיְיחָא. בְּשַׁעְתָּא דְּנָפִיק שַׁבַּתָּא, אִית לָן לְאִתְעָרָא חֵידוּ עִלָּאָה עֲלָנָא, דְּנִשְׁתֵּזִיב מֵהַהוּא עוֹנָשָׁא דְחַיָּיבַיָא דְּאִתְדָּנוּ (ס''א דאהדרו) מֵהַהִיא שַׁעְתָּא וּלְהָלְאָה. וְאִית לָן לְאִתְעָרָא וְלֵימָא, (תהילים צ׳:י״ז) וִיהִי נֹעַם יְיָ אֱלֹקֵינוּ עָלֵינוּ. דָּא הוּא נֹעַם עִלָּאָה, חֵידוּ (ס''א חירו) דְּכֹלָּא, וְעַל דָּא דְּרָכֶיהָ דַרְכֵי נֹעַם.
וְכָל נְתִיבוֹתֶיהָ שָׁלוֹם, מַאן נְתִיבוֹתֶיהָ. אִלֵּין אִינוּן שְׁבִילִין דְּנָפְקִין מִלְּעֵילָא, וְכֻלְּהוּ נָקִיט לוֹן בְּרִית יְחִידָאי, דְּאִיהוּ אִקְרֵי שָׁלוֹם, שְׁלָמָא דְבֵיתָא. וְאָעִיל לוֹן לְיַמָא רַבָּא, כַּד אִיהוּ בְּתוּקְפֵיהּ, וּכְדֵין יָהִיב לֵיהּ שְׁלָמָא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וְכָל נְתִיבוֹתֶיהָ שָׁלוֹם (ע''כ). תָּא חֲזֵי, יוֹסֵף בְּרִית שָׁלוֹם הֲוָה, וְהֲוָה בְּמִצְרַיִם מַלְכָּא, וְשַׁלִּיט עַל אַרְעָא. וְיַעֲקֹב בְּגִין דְּאִסְתַּלַּק מִנֵּיהּ שְׁכִינְתָּא, לָא הֲוָה יָדַע.
וְעִם כָּל דָּא, יַעֲקֹב הֲוָה לֵיהּ תַּבְרָא, בְּגִין לְמִזְבַּן עִבּוּרָא בְּמִצְרַיִם. וְחָמָא דְּאִיהוּ תְּבִירָא עַל תְּבִירָא, דְּיֵחֲתוּן בְּנוֹי לְמִצְרַיִם. וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב לְבָנָיו לָמָּה תִּתְרָאוּ, בְּגִין דְּלָא תַחֲמוּן גּוּפַיְיכוּ, אֶלָּא כִּרְעֵבִין, כְּגוּבְרִין דְּלֵית לוֹן שָׂבְעָא.
אָמַר רִבִּי חִזְקִיָּה, וַדַּאי רָזָא הָכָא. דְּהָא בְּכָל זִמְנָא דְצַעֲרָא אִיהוּ בְּעַלְמָא, לָא בָּעֵי בַּר נָשׁ, לְאַחֲזָאָה גַרְמֵיהּ בְּשׁוּקָא, בְּגִין דְּלָא יִתָּפֵס בְּחוֹבוֹי. וְעַל דָּא אָמַר לָמָּה תִּתְרָאוּ, וְהָא אִתְּמָר.
דָּבָר אַחֵר וַיַּרְא יַעֲקֹב כִּי יֵשׁ (Ⅰ)
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[198b]
[...] le Mauvais. Et qui est le “ Mauvais” ? C’est l’esprit du mal qui est appelé le “ Mauvais ”. Car il y a des jours déterminés pendant lesquels cet esprit reçoit l’autorisation de séduire ceux qui se souillent par leur conduite ; car ceux qui sont animés du désir de se souiller sont encouragés dans cette voie (11). C’est un de ces jours qui est appelé “ jour mauvais ” ; car c’est dans un pareil jour que l’homme commet des péchés qu’il foule aux pieds, c’est-à-dire dont il ne comprend la gravité.
Remarquez que ceux qui se souillent par leur conduite y sont encouragés par plusieurs légions de démons qui les souillent. L’homme est toujours encouragé dans la voie qu’il se propose de suivre. Si l’homme veut vivre dans la pureté, il y est encouragé. Nous avons déjà dit (12) qu’en se levant le matin, l’homme doit se faire verser sur les mains de l’eau recueillie dans un vase par quelqu’un qui s’est déjà lavé les mains. Nous avons déjà donné la raison pour laquelle l’eau doit être recueillie dans un vase. Quand c’est l’homme lui-même qui se lave les mains, il doit se servir de la main droite d’abord pour verser sur la main gauche, pour ne pas donner lieu à l’esprit du mal, qui émane du côté gauche, de dominer, ainsi que cela a été déjà dit.
Remarquez que, lorsque la rigueur sévit, l’esprit du mal ne cesse d’exercer son pouvoir malfaisant ; et, lorsque le côté droit menace les peuples païens de destruction, le Saint, béni soit-il, a pitié d’eux et ne permet pas leur destruction. C’est pourquoi l’homme qui foule aux pieds les péchés dont il ignore la gravité est toujours rempli de crainte. Comme le roi David se gardait toujours de ces sortes de péchés, et comme il repassait dans son esprit, avant d’aller à la guerre, tous les péchés qu’il avait commis, il ne craignait pas de déclarer la guerre à l’esprit du mal. Remarquez, en outre, qu’il y avait quatre rois dont chacun fit une demande qui ne ressemblait pas à celle des autres.
David a demandé (Ps., XVIII, 38) : “ Je poursuivrai mes ennemis, et les atteindrai ; et je ne m’en retournerai point qu’ils ne soient entièrement défaits. ” Ainsi David désirait poursuivre ses ennemis et les atteindre, pour que ceux-ci ne pussent reprendre l’offensive et le faire tomber entre leurs mains. David pouvait faire une pareille demande, parce qu’il se gardait des péchés dont on vient de parler, et il ne craignait point l’ennemi, c’est-à-dire l’esprit du mal. Mais il n’en était pas de même du roi Asa ; celui-ci demandait bien de poursuivre ses ennemis ; mais il voulait que le Saint, béni soit-il, les tuât, ainsi qu’il est écrit (Paralip., XIV, 12) : “ Asa et tout le peuple qui était avec lui les poursuivit, etc. ” Et, précédemment, il est dit : “ Et le Seigneur extermina les Ethio-piens qui étaient en présence d’Asa et de Juda ; et les Ethiopiens prirent la fuite. ”
Au contraire, David s’était chargé lui-même de tuer ses ennemis, ainsi qu’il est écrit (I Rois, XXX, 17) : “ David les chargea et les tailla en pièces depuis ce soir-là jusqu’au soir du lendemain. ” Mais Asa s’est borné à poursuivre ses ennemis, alors que le Saint, béni soit-il, les tua. Josaphat, le roi deJuda, ne voulait se charger ni de poursuivre ses ennemis, ni de les tuer ; il se bornait seulement à chanter des hymnes au Seigneur, pour que celui- ci les tuât, et le Saint, béni soit-il, a exaucé sa demande, ainsi qu’il est écrit (II Paralip ., XX, 22) : “ Et en même temps qu’ils eurent commencé à chanter des hymnes, le Seigneur tourna tous les desseins des enfants d’Ammon et de Moab, et des habitants du mont Seïr contre eux-mêmes et les défit. ” Par contre, le roi Ézéchias ne voulait ni chanter des hymnes, ni poursuivre ses ennemis, ni les tuer, parce qu’il craignait de ne pas réussir dans son entreprise, en raison des péchés dont on vient de parler.
Aussi l’Écriture (IV Rois, XIX, 35) dit-elle : “ Cette même nuit, l’ange du Seigneur vint dans le camp des Assyriens et il tua cent quatrevingt- cinq mille hommes ; et lorsqu’on se levait au point du jour, on trouva tous ces corps morts. ” Ainsi, Ézéchias était resté couché chez lui dans son lit ; et le Saint, béni soit-il, s’était chargé de tuer ses ennemis. Cette différence des demandes des rois est motivée par ce fait que David se tenait en garde contre le genre de péché dont on a parlé précédemment. Asa se tenait moins sur ses gardes, ce qui lui inspirait plus de crainte. Josaphat se tenait encore moins sur ses gardes qu’Asa, et il avait lieu de craindre plus que le premier. Ézéchias ne se gardait de ces péchés en rien du tout, et il devait nécessairement craindre plus que tous les précédents. Or, si ces justes craignaient ces sortes de péchés, à plus forte raison les autres hommes doivent-ils les craindre, afin de ne pas succomber au “ jour mauvais ”, où nul n’aura pitié d’eux.
Remarquez que l’Écriture (Gen., XLII, 8) dit : “ Et Joseph reconnut ses frères ”, ce qui veut dire, il avait pitié d’eux ; car il était un homme parfait. “ Mais, ajoute l’Écriture, ceux-ci ne l’ont pas reconnu ”, ce qui veut dire : ceux-ci n’avaient aucune pitié de lui, car Siméon et Lévi émanaient du côté de la rigueur ; et tous ceux qui émanent de ce côté n’ont point de pitié pour ceux qui tombent entre leurs mains. C’est pourquoi David a dit (Ps., XLIX, 6) : “ Pourquoi craindrai-je au jour mauvais ? ” Il ne dit pas : “ Pourquoi avais-je craint ? ”, mais : “ Pourquoi craindrai- je ? ”, parce que David s’était dit : J’avais raison de toujours craindre ces sortes de péchés, car maintenant, grâce aux craintes que j’ai toujours eues, je n’ai plus à craindre [...]
- שֶׁבֶר בְּמִצְרַיִם, עִבּוּר מַמָּשׁ. דְּהָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַל דָּא שַׁדַּר כַּפְנָא בְּעַלְמָא, בְּגִין לְנַחֲתָא לְיַעֲקֹב וּבְנוֹי לְתַמָּן, וְעַל דָּא חָמָא בְּנֵי אַרְעָא, דְּהֲווּ מַיְיתִין מִתַּמָּן עִבּוּר.
וַיַּרְא יַעֲקֹב כִּי יֵשׁ שֶׁבֶר בְּמִצְרַיִם, בְּשַׁעְתָּא דְמִית יִצְחָק, אָתוּ יַעֲקֹב וְעֵשָׂו לְמִפְלַג. וְעֵשָׂו נָפַק מֵחוּלָקֵיהּ דְּאַרְעָא וּמִכֹּלָּא, וְיַעֲקֹב דְּיִסְבּוֹל גָּלוּתָא יִטּוֹל כֹּלָּא. וְעַל דָּא חָמָא הַהוּא תְּבִירָא דְּהֲוָה לֵיהּ בְּמִצְרַיִם, הוּא וּבְנוֹי לְמִסְבַּל גָּלוּתָא. וְעַל דָּא וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב לְבָנָיו לָמָּה תִתְרָאוּ. מִקַּמֵי דִינָא דִלְעֵילָא, דְּלָא יִשְׁתַּכַּח עֲלַיְיכוּ מְקַטְרְגָא. וַיֹּאמֶר הִנֵּה שָׁמַעְתִּי כִּי יֵשׁ שֶׁבֶר בְּמִצְרַיִם רְדוּ שָׁמָּה. הָא אוּקְמוּהָ רד''ו, חוּשְׁבַּן דָּא הֲווּ יִשְׂרָאֵל בְּמִצְרַיִם:
וְיוֹסֵף הוּא הַשַּׁלִּיט עַל הָאָרֶץ וְגו', רִבִּי יֵיסָא פָּתַח וְאֲמַר, (תהילים כ״ז:ו׳) וְעַתָּה יָרוּם רֹאשִׁי עַל אוֹיְבַי סְבִיבוֹתַי וְאֶזְבְּחָה בְּאָהֳלוֹ זִבְחֵי תְרוּעָה אָשִׁירָה וַאֲזַמְּרָה לַיְיָ.
תָּא חֲזֵי, כַּד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בֵּיהּ בְּבַר נָשׁ, זָקִיף לֵיהּ עַל כָּל בְּנֵי עַלְמָא. וְעָבִיד לֵיהּ רֵישָׁא דְכֹלָּא, וְכֻלְּהוּ שָׂנְאוֹי אִתְכַּפְיָין תְּחוֹתוֹי.
דָּוִד מַלְכָּא, שָׂנְאוּ לֵיהּ אֲחוֹי, דָּחוּ לֵיהּ מִנַּיְיהוּ. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָרִים לֵיהּ עַל כָּל בְּנֵי עַלְמָא. אֲתָא חֲמוֹי, עָרַק מִקַּמֵיהּ. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָרִים לֵיהּ עַל כָּל מַלְכוּתֵיהּ, וְכֻלְּהוּ הֲווּ כָּרְעִין וְסָגְדִין קַמֵּיהּ. וְיוֹסֵף דָּחוּ לֵיהּ אֲחוּי, לְבָתַר כֻּלְּהוּ כָּרְעוּ וּסְגִידוּ קַמֵּיהּ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיָּבֹאוּ אֲחֵי יוֹסֵף וַיִּשְׁתַּחֲווּ לוֹ אַפַּיִם אָרְצָה.
דָּבָר אַחֵר, וְעַתָּה יָרוּם רֹאשִׁי, מַאי וְעַתָּה, כְּמוֹ וְאַתָּה. רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, הָא אִתְּמָר, עֵת דְּאִיהוּ דַרְגָּא עִלָּאָה, וּמַאן אִיהוּ הַהוּא עֵת. דָּא ה''א, וְאִקְרֵי עַתָּה. וְעַתָּה, דָּא אִיהוּ וּבֵי דִינֵיהּ.
יָרוּם רֹאשִׁי, לַאֲרָמָא לָהּ בִּיקָרָא וּמַלְכוּתָא. עַל אוֹיְבַי סְבִיבוֹתַי, אִלֵּין שְׁאָר מַלְכֵי אַרְעָא. וְאֶזְבְּחָה בְּאָהֳלוֹ, דָּא יְרוּשָׁלַ ם. בְּאָהֳלוֹ, דָּא אֹהֶל מוֹעֵד. זִבְחֵי תְרוּעָה, לְמִשְׁמַע כָּל עַלְמָא. אָשִׁירָה וַאֲזַמְּרָה, מֵהַהוּא סִטְרָא דִתְרוּעָה הִיא. דְּהָא מִתַּמָּן, מֵהַהוּא סִטְרָא דִתְרוּעָה, הִיא אַתְיָא שִׁירָה וְתוּשְׁבַּחְתָּא.
דָּבָר אַחֵר, וְעַתָּה יָרוּם רֹאשִׁי, דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל. עַל אוֹיְבַי סְבִיבוֹתַי, דָּא עֵשָׂו וְכָל אֲפַרְכִין דִּילֵיהּ. וְאֶזְבְּחָה בְּאָהֳלוֹ, אִלֵּין יִשְׂרָאֵל. זִבְחֵי תְרוּעָה, דִּכְתִיב, (תהילים נ״א:י״ט) זִבְחֵי אֱלהִים רוּחַ נִשְׁבָּרָה, בְּגִין לְאַעֲבָרָא דִינָא מֵעַלְמָא. אָשִׁירָה וַאֲזַמְּרָה, לְאוֹדָאָה וּלְשַׁבְּחָא לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, בְּלָא פְּסִיקוּ לְעוֹלָם.
דָּבָר אַחֵר, וְעַתָּה יָרוּם רֹאשִׁי, בְּכֹלָּא, יֵצֶר טוֹב עַל יֵצֶר רָע. דִּכְתִיב, עַל אוֹיְבַי סְבִיבוֹתַי, דָּא יֵצֶר הָרָע, דְּאִיהוּ סַחֲרָנֵיהּ דְּבַר נָשׁ, וְאִיהוּ שָׂנְאֵיהּ בְּכֹלָּא. וְאֶזְבְּחָה בְאָהֳלוֹ זִבְחֵי תְרוּעָה, דָּא אוֹרַיְיתָא, דְּאִתְיְהִיבַת מִסִּטְרָא דְאֶשָּׁא, כְּדִכְתִיב (דברים לג) מִימִינוֹ אֵשׁ דָּת לָמוֹ. דְּהָא בְּגִין אוֹרַיְיתָא, יָרוּם רֵישֵׁיהּ, וְאִתָּבְרוּ כָּל שָׂנְאוֹי קֳדָמוֹי. כְּדִכְתִיב, (תהילים י״ח:מ׳) תַכְרִיעַ קָמַי תַּחְתָּי.
דָּבָר אַחֵר וְעַתָּה יָרוּם רֹאשִׁי, לְאִתְכְּלָלָא בַּאֲבָהָן, דְּהָא דָוִד מַלְכָּא, אִית לֵיהּ לְאִתְדַּבָּקָא בַּאֲבָהָן, וּכְדֵין יִתְרוֹמֵם וְסָלִיק לְעֵילָא, וְאִיהוּ בְּחַד קִשּׁוּרָא בְּהוּ. עַל אוֹיְבַי סְבִיבוֹתַי, אִלֵּין אִינוּן דְּבִסְטַר שְׂמָאלָא, כֻּלְּהוּ מָארֵי דִינִין, דְּמִתְכַּוְּנִין לְחַבָּלָא. וּכְדֵין שִׁמְשָׁא אִתְחַבַּר בְּסִיהֲרָא, וְהֲוֵי כֹּלָּא חָד.
תָּא חֲזֵי כְּתִיב, וְיוֹסֵף הוּא הַשַּׁלִּיט עַל הָאָרֶץ, דָּא שִׁמְשָׁא דְּשַׁלִּיט בְּסִיהֲרָא, וְנָהִיר לָהּ וְזָן לָהּ. הוּא הַמַּשְׁבִּיר לְכָל עַם הָאָרֶץ, דְּהָא הַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק, מִנֵּיהּ אִתְזָנוּ כֻּלְּהוּ, וּמִתַּמָּן פָּרְחִין נִשְׁמָתִין לְכֹלָּא. וּבְגִין דָּא, כֻּלְּהוּ סָגְדִין לְגַבֵּיהּ דְּהַהוּא אֲתַר, דְּהָא לֵית לָךְ מִלָּה בְּעַלְמָא, דְּלָא תָּלֵי בְּמַזָּלָא וְאוּקְמוּהָ:
וַיַּכֶּר יוֹסֵף אֶת אֶחָיו וְהֵם לֹא הִכִּירוּהוּ. רִבִּי אֶלְעָזָר פָּתַח וְאֲמַר, (תהילים מ״ט:ו׳) לָמָּה אִירָא בִּימֵי רָע עֲוֹן עֲקֵבַי יְסֻבֵּנִי. תָּא חֲזֵי, תְּלַת אִינוּן דְּדָחֲלִין וְלָא יָדְעִין מִמַּה דָּחֲלִין, וְאוּקְמוּהָ. אֲבָל אִית מַאן דְּדָחִיל, וְלָא יָדַע מִמַּה אִיהוּ דָּחִיל, בְּגִין אִינוּן חֶטְאֵי. דְּלָא יָדַע דְּאִינוּן חֲטָאִין, וְלָא אַשְׁגַּח בְּהוּ, וְאִיהוּ דָּחִיל מִימֵי רָע.
מַאן אִינוּן יְמֵי רָע, אִלֵּין אִינוּן יוֹמִין דְּאִינוּן אִזְדַּמְּנָן בְּהַהוּא (Ⅰ)
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[199a]
[...] au “ jour mauvais ”, ainsi que nous l’avons expliqué précédemment.
L’Écriture ajoute : “Je me trouve enveloppé d’iniquités que je foule aux pieds. ” Que signifient les mots : “ ... Que je foule aux pieds ” ? Ces mots font allusion au mystère de la Foi exprimé dans les paroles (Gen., XXV, 26) : “ Et il tenait de sa main le pied d’Esaü. ” Les démons appelés “ pieds ” observent toujours l’homme pour voir s’il ne commet pas de ces sortes de péchés qu’on foule souvent aux pieds, parce qu’on en ignore la gravité.
Remarquez que l’Écriture (Is., V, 18) dit : “ Malheur à vous, qui vous servez du mensonge comme de cordes, et qui tirez après vous le péché comme des traits emportant le chariot. ” L’homme commence toujours par commettre des petits péchés, pareils à de petites cordes, et il finit par en commettre de grands, semblables aux traits qui emportent le chariot ; ces péchés le perdent et dans ce monde et dans le monde futur. Heureux le sort des justes qui savent se garder des péchés et qui examinent toujours leurs actes, afin qu’ils n’aient contre eux l’accusateur pour les perdre dans ce monde et dans le monde futur ; car la Loi leur montre les voies et les sentiers sur lesquels ils doivent marcher, ainsi qu’il est écrit (Prov., III, 17) : “ Ses voies sont belles et tous ses sentiers sont pleins de paix. ” Il est écrit (Gen., XLII, 9) : “ Et Joseph se souvint des songes qu’il avait eus autrefois, etc. ”
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Prov., XXIV, 17) : “ Ne te réjouis point quand ton ennemi tombe, et que ton cœur ne tressaille pas de joie dans sa ruine. ” Remarquez que le Saint, béni soit-il, a créé l’homme dans le but qu’il devienne digne de connaître la gloire du Seigneur, et qu’il se consacre jour et nuit au service de Dieu et à l’étude de la Loi ; car le Saint, béni soit-il, se complaît toujours à l’étude de la Loi. Aussitôt qu’il a créé Adam, le Saint, béni soit-il, lui donna la Loi et lui apprit ses voies. D’où le savons-nous ? - Des paroles de l’Écriture (Job, XXVIII, 27) : “ C’est alors qu’il l’a vue, qu’il l’a découverte, qu’il l’a préparée, et qu’il en a sondé la profondeur. ” Et, immédiatement après, L’Écriture ajoute : “ Et il dit à Adam : La sagesse est de craindre le Seigneur, et l’intelligence est de se retirer du mal. ”
Mais, lorsque après en avoir pris connaissance, Adam eut transgressé les commandements de son Maître, il succomba à sa faute ; il en est de même de tous ceux qui transgressent, ne fût-ce qu’un seul commandement : ils succomberont à leur faute. Le roi Salomon, bien que le plus sage des hommes, perdit sa royauté et vit son royaume divisé entre ses successeurs pour avoir transgressé un seul commandement. A plus forte raison sera-t-il puni, celui qui transgresse tous les commandements de la Loi ! Or, comment Joseph, qui connaissait la Loi, a-t-il pu chicaner ses frères tombés entre ses mains, alors qu’il savait par la Loi, que son père lui avait apprise, qu’on ne doit se réjouir du malheur de son ennemi ? Mais, en réalité, Joseph n’a pas chicané ses frères pour se venger d’eux, - qu’à Dieu ne plaise que nous ayons une telle opinion de Joseph ! - En agissant ainsi, il n’avait d’autre mobile que de faire venir Benjamin, son frère, près de lui ; mais il n’avait nullement le désir de faire tomber ses frères ; et la preuve en est que l’Écriture dit (Gen., XLII, 25) : “ Et il commanda d’emplir leurs sacs de blé, etc. ” Pourquoi Joseph le commanda-t-il, si ce n’était pour que ses frères ne succombassent ?
Rabbi Yehouda dit : Lorsque le Saint, béni soit-il, créa la lune, il avait constamment ses regards sur elle, ainsi qu’il est écrit (Deut., XI, 12) : “ Les yeux de ton Dieu sont toujours dirigés sur elle depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin. ” Tel est le sens des paroles de l’Écriture (Job, XXVIII, 27) : “ C’est alors qu’il l’a vue... ” Car c’est en voyant la lune que le soleil lui prête sa lumière. Que signifie le mot “ vaïesaprâ ” (et il l’a découverte) ? Il a la même signification que le mot “ sapir ” dans le verset (Job, XXVIII, 6) suivant : “ Le saphir (sapir) se trouve dans ses pierres. ”
L’Écriture ajoute : “ ... Et il l’a préparée ”, ce qui veut dire qu’il a séparé la terre en douze tribus pour Israël et en soixante-dix empires pour les autres peuples. Enfin, L’Écriture ajoute : “... Et il en a sondé la profondeur ”, ce qui veut dire qu’il a toujours son regard sur la terre, pour que celle-ci ne soit jamais détruite. S’adressant à l’homme ensuite, l’Écriture l’exhorte de cette façon : “ La Sagesse est de craindre le Seigneur, et l’intelligence est de se retirer du mal. ” C’est le seul mérite de l’homme ici-bas de connaître le Saint, béni soit-il, et de se retirer du mal pour séparer l’impur du pur ; car la véritable intelligence consiste à contempler la gloire du Roi suprême. Rabbi Yossé se leva une nuit pour se consacrer à l’étude de la Loi. Dans la même auberge, se trouvait encore un autre juif.
Rabbi Yossé commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Prov., X, 2) : “ Les trésors de l’iniquité ne serviront de rien ; mais la justice délivrera de la mort. ” La phrase : “ Les trésors de l’iniquité ne serviront de rien ” désigne ces hommes qui, au lieu de s’appliquer à l’étude de la Loi, se consacrent aux affaires de ce monde pour amasser des trésors coupables ; c’est d’eux que l’Écriture (Ecclés., V, 13) dit : “ Et cette richesse périra de triste façon ; car ce sont des trésors d’iniquité. ” Les mots : “ Mais la justice délivrera de la mort” s’appliquent à ceux qui se consacrent à l’étude de la Loi et qui en connaissent les voies ; car la Loi est appelée “ Arbre de Vie” et elle est appelée aussi “ Justice ”, ainsi qu’il est écrit (Deut., VI, 25) : “ Le Seigneur notre Dieu nous fera justice, si nous observons et pratiquons devant lui tous ses préceptes. ”
D’après une autre interprétation, les paroles : “ Mais la tzedaqâ délivrera de la mort” désignent la “ tzedaqâ ” proprement dite, c’est-à-dire la charité. Ainsi, le mot “ tzedaqâ ” a deux significations ; il désigne la Loi, [...]
- רָע. וּמַאן אִינוּן, (ד''א איהו) דָּא יֵצֶר הָרָע, דְּאִיהוּ אִקְרֵי רָע. וְאִית לֵיהּ יוֹמִין יְדִיעָן, דְּאִתְיְהִיב לֵיהּ רְשׁוּ בְּעַלְמָא, לְאַסְטָאָה לְכָל אִינוּן דִּמְסָאֲבֵי אָרְחַיְיהוּ. דְּמַאן דְּאָתֵי לְאִסְתָּאֲבָא, מְסָאֲבֵי לֵיהּ. וְאִלֵּין אִינוּן אִקְרוּן יְמֵי רָע, וְאִלֵּין מְמַנָּן עַל אִינוּן חוֹבִין דְּדָשִׁין בְּהוּ בְּנִי נָשָׁא בַּעֲקֵבַיְיהוּ.
תָּא חֲזֵי, כָּל אִינוּן דִּמְסָאֲבֵי אָרְחַיְיהוּ, כַּמָּה חֲבִילֵי טְהִירִין אִזְדַּמְּנָן לְגַבַּיְיהוּ, וּמְסָאֲבֵי לְהוּ. בְּאָרְחָא דְבָעֵי בַּר נָשׁ לְמֵיהַךְ, בְּהַהוּא אָרְחָא מְדַבְּרִין לֵיהּ מַמָּשׁ. אָתֵי בַּר נָשׁ לְאִתְדַּכָּאָה, כַּמָּה אִינוּן דִּמְסַיְיעִין לֵיהּ.
הָא תָּנִינָן, דְּכַד בַּר נָשׁ קָם בְּצַפְרָא, בָּעֵי לְאַסְחָאָה יְדוֹי, מִגּוֹ (לעיל נג א) נַטְלָא דְמַיָא, דְּאִיהוּ מָאנָא לִיטּוֹל מִנֵּיהּ מַיָא. מִגּוֹ מַאן דְּאַסְחֵי יְדוֹי בְּקַדְמִיתָא, כְּמָה דְאוּקְמוּהָ. וְתָּא חֲזֵי, בְּגִין נַטְלָא דָא, אוֹקִימְנָא מִלָּה.
וְתוּ, דְּבָעְיָא לֵיהּ לְבַר נָּשׁ, לְנַטְלָא יְדָא יְמִינָא בִּשְׂמָאלָא. בְּגִין לְשַׁלְטָאָה יְמִינָא עַל שְׂמָאלָא, וְיִסְתְּחֵי יְמִינָא מִן שְׂמָאלָא, וּבְגִין כָּךְ אִיהוּ נְטִילָא. וְעַל דָּא, מַאן דְּנָטִיל יְדוֹי, יִטּוֹל יְמִינָא בִּשְׂמָאלָא, לְאַשְׁלָטָא יְמִינָא עַל שְׂמָאלָא. בְּגִין דְּלָא יָהִיב דּוּכְתָּא לְיֵצֶר הָרָע לְשַׁלְּטָאָה כְּלַל, וְהָא אוֹקִימְנָא.
תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעְתָּא דְדִינָא בִּישָׁא שָׁלְטָא, לָא אָתִיב יְדֵיהּ מִלְאַבְאָשָׁא. וּבְשַׁעְתָּא דִּימִינָא שָׁלְטָא עַל עַמִין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת לְתַבְרָא לוֹן, חָיִיס קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עֲלַיְיהוּ, וְלָא שָׁצֵי לוֹן.
וּבְּגִין כָּךְ, כָּל מַאן דְּאִיהוּ חָטֵי, בְּאִינוּן חֶטְאִין דְּדָשׁ בְּהוּ בְּרַגְלוֹי, לָא יָדַע בְּהוּ, וְדָחִיל תְּדִירָא. דָּוִד מַלְכָּא הֲוָה אִסְתַּמַר תָּדִיר מֵחוֹבִין אִלֵּין, וְכַד הֲוָה נָפִיק לִקְרָבָא, הֲוָה מְפַשְׁפֵּשׁ לוֹן. וְעַל דָּא לָא דָחִיל לַאֲגָחָא עִמְּהוֹן קְרָבָא.
וְתָּא חֲזֵי, אַרְבַּע מַלְכִין הֲווּ, מַאן דְּשָׁאִיל דָּא לָא שָׁאִיל דָּא. דָּוִד אָמַר, (תהילים י״ח:ל״ח) אֶרְדּוֹף אוֹיְבַי וְאַשִּׂיגֵם וְלֹא אָשׁוּב עַד כַּלּוֹתָם. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּהֲוָה אִסְתַּמַּר מֵאִלֵּין חוֹבִין, וְלָא יָהִיב דּוּכְתָּא לְשַׂנְאוֹי לְשַׁלְּטָאָה. וְעַל דָּא בָּעֵי לְמִרְדַּף אֲבַּתְרַיְיהוּ תָּדִיר, וְלָא יִרְדְּפוּן אִינוּן אֲבַתְרֵיהּ לְמִתְבַּע חוֹבוֹי, וְיִפּוֹל בִּידַיְיהוּ.
אָסָא הֲוָה דָּחִיל יַתִּיר, אַף עַל גַּב דְּהֲוָה מְפַשְׁפֵּשׁ בְּחֶטְאוֹי, וְלָא כְדָוִד מַלְכָּא. אִיהוּ בָּעֵי לְמִרְדַּף אֲבַּתְרַיְיהוּ, וְלָא יַגִּיחַ לוֹן, וְיִקְטוֹל לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְכָךְ הֲוָה. דִּכְתִיב, (דברי הימים ב י״ד:י״ב) וַיִּרְדְּפֵם אָסָא וְהָעָם אֲשֶׁר עִמּוֹ וְגו', וּכְתִיב וַיִּגּוֹף יְיָ אֶת הַכּוּשִׁים לִפְנֵי אָסָא וְלִפְנִי יְהוּדָה וַיָּנוּסוּ הַכּוּשִׁים. (וכן) דָּוִד מַה כְּתִיב בֵּיהּ, (שמואל א ל׳:י״ז) וַיַּכֵּם דָּוִד מֵהַנֶּשֶׁף וְעַד הָעֶרֶב לְמָחֳרָתָם. אֲבָל אָסָא אִיהוּ רָדִיף וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מָחֵי.
יְהוֹשָׁפָט מֶלֶךְ יְהוּדָה, אוּף הָכִי נָמֵי הֲוָה שָׁאִיל. וְאֲמַר, לָא יָכִילְנָא לְמִרְדַּף וְלָא לְקָטְלָא. אֶלָּא אֲנָא אֲזַמֵּר, וְאַתְּ קְטֵיל לוֹן. בְּגִין דְּלָא הֲוָה מְפַשְׁפֵּשׁ כָּל כָּךְ כְּאָסָא. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עֲבַד לֵיהּ הָכִי. דִּכְתִיב, (דברי הימים ב כ׳:כ״ב) וּבְעֵת הֵחֵלּוּ בְרִנָה וּתְהִלָּה נָתַן יְיָ מְאָרְבִים עַל בְּנִי עַמּוֹן מוֹאָב וְהַר שֵׂעִיר הַבָּאִים לִיהוּדָה וַיִּנָּגֵפוּ.
חִזְקִיָּה מֶלֶךְ יְהוּדָה, אוּף הָכִי נָמֵי אָמַר. אֲנָא לָא יָכִילְנָא, לָא לְזַמָּרָא, וְלָא לְמִרְדַּף, וְלָא לַאֲגָחָא קְרָבָא. בְּגִין דְּדָחִיל מֵאִלֵּין חוֹבִין דְּקָאֲמָרָן. מַה כְּתִיב, (מלכים ב י״ט:ל״ה) וַיְהִי בַלַיְלָה הַהוּא וַיֵּצֵא מַלְאַךְ יְיָ וַיַּךְ בְּמַחֲנִה אַשּׁוּר מֵאָה וּשְׁמוֹנִים וַחֲמִשָּׁה אֶלֶף וַיַּשְׁכִּימוּ בַבֹּקֶר וְהִנֵּה כֻלָּם פְּגָרִים מֵתִים. וְחִזְקִיָּה הֲוָה יָתִיב בְּבֵיתֵיהּ וְשָׁכִיב בְּעַרְסֵיהּ, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָטִיל לוֹן.
וּמַה צַּדִּיקִים אִלֵּין הֲווּ דָּחֲלִין מֵאִלֵּין חוֹבִין, שְׁאָר בְּנִי עַלְמָא עַל אַחַת כַּמָּה וְכַמָּה. בְּגִין כָּךְ אִית לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְאִסְתַּמְּרָא מֵאִלֵּין חוֹבִין, וּלְפַשְׁפְּשָׁא בְּהוֹן כִּדְקָאֲמָרָן. בְּגִין דְּלָא יִשְׁלְטוּן עֲלוֹי אִינוּן יְמֵי רָע, דְּלָא מְרַחֲמֵי עֲלֵיהּ.
תָּא חֲזֵי, וַיַּכֶּר יוֹסֵף אֶת אֶחָיו. בְּשַׁעְתָּא דְּנָפְלוּ בְּיָדֵיהּ, אִיהוּ רָחִים עֲלַיְיהוּ, בְּגִין דְּאִיהוּ שְׁלִים. וְהֵם לא הִכִּירוּהוּ, דְּאִינוּן שִׁמְעוֹן וְלֵוִי, אָתוּ מִסִּטְרָא דְּדִינָא קַשְׁיָא, וְעַל דָּא לָא רְחִימוּ עֲלֵיהּ. דְּהָא כָּל אִינוּן מָארֵיהוֹן דְּדִינָא קַשְׁיָא, לָא מְרַחֲמֵי עֲלַיְיהוּ דִבְנֵי נָשָׁא בְּשַׁעְתָּא דְּנָפְלֵי בִּידַיְיהוּ.
וּבְגִין כָּךְ אָמַר דָּוִד, (תהילים מ״ט:ו׳) לָמָּה אִירָא. יָרֵאתִי לָא כְּתִיב, אֶלָּא אִירָא, (אלא) דְּאִית (נ''א דלית) לִי לְמִדְחַל (Ⅰ)
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[199b]
[...] et il désigne aussi la charité ; mais toutes deux ne font qu’un. Le juif dit à Rabbi Yossé : Il désigne également la paix.
Rabbi Yossé lui répondit : En vérité, il désigne également la paix. S’associant à l’étude de Rabbi Yossé, ce juif commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Prov., XII, 11) : “ Celui qui laboure sa terre sera rassasié de pain ; mais celui qui aime à ne rien faire sera accablé de pauvreté. ” Ce verset offre une difficulté : Comment Salomon, qui était le plus sage des hommes, pouvait-il recommander de s’appliquer à labourer la terre et de négliger ainsi l’étude de la Loi, qui constitue la véritable vie du monde ? Mais ces paroles cachent un mystère. Le juif commença à parler ainsi : L’Écriture (Gen., II, 15) dit : “Et Élohim prit l’homme et le mit dans le Jardin de l’Éden, afin qu’il le cultivât et qu’il le gardât. ” Ce verset a été déjà expliqué de façon à exprimer le mystère du sacrifice (13).
Remarquez que les mots : “ ... Afin qu’il le cultivât ” désignent le Roi d’en haut ; et les mots : “ ... Et qu’il le gardât ” désignent le Roi d’ici-bas ; l’un de ces termes désigne le monde d’en haut et l’autre celui d’ici-bas ; l’un désigne le mystère de “ souvenir”, et l’autre celui de “ pratiquer ” (14). Le sens des paroles “ Celui qui laboure sa terre sera rassasié de pain ” est celui-ci : Quiconque laboure le Jardin de l’Éden et s’efforce d’attirer ici-bas les bénédictions d’en haut sera lui-même béni.
Remarquez que le prêtre, qui donne les bénédictions au peuple est béni lui-même, ainsi qu’il est écrit (Nomb, VI, 27) : “ Et je les bénirai. ” La phrase : “ Celui qui laboure la terre sera rassasié de pain ”, signifie : celui-là sera rassasié de la nourriture céleste. Rabbi Yossé dit à ce juif : Heureux ton sort, d’avoir été jugé digne de connaître cette chose ! Le juif continua à expliquer le verset suivant (Prov., XXVIII, 20) : “ L’homme fidèle sera comblé de bénédictions. ” Ce verset s’applique à un homme dont la foi en le Saint, béni soit-il, est aussi vive que celle de Rabbi Yessa le Vieillard qui, bien que possédant le pain quotidien, ne cessait de demander chaque jour, dans sa prière, au Roi- Saint, son pain quotidien ; il disait souvent : le pain ne m’est agréable que lorsque je le demande au Roi.
L’Écriture ajoute : “ ... Mais celui qui se hâte de s’enrichir ne sera pas innocent. ” Car celui qui ne s’applique pas à l’étude de la Loi néglige ce qui constitue la vie de ce monde et la vie du monde futur. Comme nous avons encore le temps de nous occuper de l’étude de la Loi, appliquons-nous-y. Le juif commença ensuite à expliquer le mystère des songes ; il s’exprima ainsi : L’Écriture (Gen., XLII, 9) dit : “ Et Joseph rappela (15) les songes qu’il avait eus. ” Dans quel but Joseph rappela-t-il ses songes à ses frères ? Joseph était pourtant un sage et il ne pouvait ignorer les paroles de l’Écriture (Prov., XIII, 16) : “ Tout homme prudent agit avec circonspection ; mais l’insensé étale sa folie. ”
Mais la vérité est que Joseph n’a pas rappelé ses songes à ses frères ; il s’en est souvenu seulement en voyant ses frères se prosterner devant lui ; il a constaté par ce fait la réalisation de son songe (Gen., XXVII, 7) : “ Il me semblait que je liais avec vous des gerbes dans les champs, que ma gerbe se leva et se tint debout, et que les vôtres se prosternèrent devant la mienne. ” Il se peut aussi que Joseph pensait à son songe, afin qu’il se réalisât ; car, de même qu’on a dit qu’un songe non interprété ressemble à une lettre non déchiffrée, de même un songe oublié ne se réalise jamais. C’est pourquoi Joseph avait son songe constamment présent à l’esprit, afin qu’il se réalisât.
L’Écriture (Gen., XLII, 9) ajoute : “ Et il leur dit : Vous êtes des espions, etc. ” On voit que c’étaient les seules paroles qu’il dit à ses frères : “ Vous êtes des espions. ” Quant à ses songes il n’en parla point à ses frères.
Rabbi Yossé commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ecclés., V, 2) : “ La multitude des soucis produit des songes, et l’imprudence se trouve dans l’abondance des paroles. ” Nous avons déjà dit qu’il y a plusieurs degrés de songes : il y en a qui sont entièrement vrais, et il y en a d’autres qui renferment des vérités et des mensonges. A ceux qui ont le bonheur de marcher dans la voie de la vérité, on ne fait voir dans les songes aucun mensonge ; on ne leur montre que des vérités.
Remarquez que, pour Daniel, l’Écriture (Dan., II, 17) dit : “ Alors, dans une vision pendant la nuit, [...]
- מֵאִינוּן יְמֵי רָע, כִּדְקָאֲמָרָן. עֲוֹן עֲקֵבַי יְסֻבֵּנִי, מַאן עֲקֵבַי. אִלֵּין אִינוּן בְּרָזָא דִּמְהֵימְנוּתָא. דִּכְתִיב, (בראשית כ״ה:כ״ו) וְיָדוֹ אוֹחֶזֶת בַּעֲקֵב עֵשָׂו, דָּא הוּא עֲקֵיבָא. וְאִינוּן עֲקֵיבִין דְּמִסְתַּכְּלִין בְּהוּ תָּדִיר בְּהַהוּא חוֹבָא דְּדָשׁ בֵּיהּ בַּר נָשׁ תָּדִיר בַּעֲקֵבוֹי.
תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, (ישעיהו ה׳:י״ח) הוֹי מוֹשְׁכֵי הֶעָוֹן בְּחַבְלֵי הַשָּׁוְא וְכַעֲבוֹת הָעֲגָלָה חַטָּאָה. בְּחַבְלֵי הַשָּׁוְא, דְּדָשׁ בֵּיהּ בַּעֲקֵבָא וְלָא חַיִּישׁ עֲלֵיהּ. וּלְבָתַר אִתְתַּקַּף וְאִתְעֲבִיד (בחבלי השוא) כַּעֲבוֹת הָעֲגָלָה, וְאִתְתַּקַּף הַהוּא חֶטְאָה. וְאַסְטֵי לֵיהּ בְּהַאי עַלְמָא וּבְעַלְמָא דְאָתֵי.
זַכָּאִין אִינוּן צַדִּיקַיָיא, דְּיָדְעִין לְאִסְתַּמְּרָא מֵחוֹבֵיהוֹן, וְאִינוּן מְפַשְׁפְּשִׁין תָּדִיר בְּעוֹבָדַיְיהוּ. בְּגִין דְּלָא יִשְׁתַּכַּח עֲלַיְיהוּ מְקַטְרְגָא בְּהַאי עַלְמָא, וְלָא יִסְטוּן עֲלַיְיהוּ לְעַלְמָא דְאָתֵי. דְּהָא אוֹרַיְיתָא מְתַקְנָא לְהוּ אָרְחִין וּשְׁבִילִין לְמֵיהַךְ בְּהוּ, דִּכְתִיב, (משלי ג׳:י״ז) דְּרָכֶיהָ דַרְכֵי נֹעַם וְכָל נְתִיבוֹתֶיהָ שָׁלוֹם:
וַיִּזְכּוֹר יוֹסֵף אֶת הַחֲלוֹמוֹת אֲשֶׁר חָלַם לָהֶם וְגו'. רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאֲמַר, (משלי כ״ד:י״ז) בִּנְפוֹל אוֹיִבְךָ אַל תִּשְׂמַח וּבִכָּשְׁלוֹ אַל יָגֵל לִבֶּךָ. תָּא חֲזֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עֲבַד לֵיהּ לְבַר נָשׁ, דְּיִזְכֵּי לִיקָרָא דִילֵיהּ, וּלְשַׁמָּשָׁא קַמֵּיהּ תְּדִירָא, וּלְאִשְׁתַּדְּלָא בְּאוֹרַיְיתָא יְמָמָא וְלֵילֵי. בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בָּהּ בְּאוֹרַיְיתָא תָּדִיר.
וְכֵיוָן דְּבָרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאָדָם, יָהַב קַמֵּיהּ אוֹרַיְיתָא, וְאוֹלֵיף לֵיהּ בָּהּ לְמִנְדַע אָרְחָהָא. מְנָלָן, דִּכְתִיב, (איוב כ״ח:כ״ז-כ״ח) אָז רָאָהּ וַיְסַפְּרָהּ הכִינָהּ וְגַם חֲקָרָהּ. וּלְבָתַר, וַיֹּאמֶר לָאָדָם הֵן יִרְאַת יְיָ הִיא חָכְמָה וְסוּר מֵרָע בִּינָה. כֵּיוָן דְּאִסְתַּכַּל בָּהּ וְלָא נָטִיר לָהּ, עֲבַר עַל פִּקּוּדָא דְמָארֵיהּ וְאִתְפַּס בְּחוֹבֵיהּ.
וְכָל אִינוּן דְּעָבְרוּ עַל מִלָּה חָדָא דְאוֹרַיְיתָא, אִתְּפָסוּ בָהּ. שְׁלמֹה מַלְכָּא דְּאִתְחַכַּם עַל כָּל בְּנֵי עַלְמָא, עֲבַר עַל מִלָּה חָדָא דְאוֹרַיְיתָא, וְגָרִים לֵיהּ לְאִתְעֲבָרָא מַלְכוּתֵיהּ מִנֵּיה, וּלְאִתְפַּלְּגָא מַלְכוּתָא מִן בְּנוֹי. מַאן דְּאַעֲבַר עַל אוֹרַיְיתָא עַל אַחַת כַּמָּה וְכַמָּה.
וְיוֹסֵף דְּהֲוָה יָדַע אוֹרַיְיתָא, וַאֲחוֹי נָפְלוּ בִּידֵיהּ, אַמַּאי גִּלְגֵּל עֲלַיְיהוּ כָּל גִּלְגּוּלָא דָא. וְהָא אִיהוּ יָדַע אוֹרַיְיתָא דְּאוֹלִיף לֵיהּ אֲבוֹי. אֶלָּא, חַס וְשָׁלוֹם דְּיוֹסֵף גִּלְגֵל עֲלַיְיהוּ גִּלְגּוּלִין לְנַקְמָא מִנַּיְיהוּ. אֶלָּא כָּל דָּא לָא עֲבַד, אֶלָּא לְאַיְיתָאָה לַאֲחוּהָ בִּנְיָמִן לְגַבֵּיהּ, דְּתִאוּבְתֵּיהּ הֲוָה לְגַבֵּיה. וְאִיהוּ לָא שָׁבַק לַאֲחוֹי לְמִנְפַּל, דְּהָא כְּתִיב, וַיְצַו יוֹסֵף וַיְמַלְּאוּ אֶת כְּלֵיהֶם בָּר וְגו', וְכָל דָּא בְּגִין דְּלָא יִנְפְּלוּן.
רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, כַּד בְּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְסִיהֲרָא, הֲוָה אִסְתַּכַּל בָּהּ תָּדִיר, כְּדִּכְתִיב, (דברים י״א:י״ב) תָּמִיד עֵינִי יְיָ אֱלהֶיךָ בָּהּ, אַשְׁגָּחוּתָא דִילֵיהּ בָּהּ תָּדִיר, וּכְתִיב אָז רָאָהּ, דְּהָא שִׁמְשָׁא בְּאַשְׁגָּחוּתָא דִילֵיהּ בָּהּ, אִתְנְהִיר. וַיְסַפְּרָהּ, מַאי וַיְסַפְּרָהּ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (איוב כ״ח:ו׳) מְקוֹם סַפִּיר אֲבָנֶיהָ.
הֱכִינָהּ, דְּאִיהִי יָתְבָא בְּתִקּוּנָא, בִּתְרֵיסַר תְּחוּמִין, מִתְפַּלְּגָא (שמות נח ב) בְּשִׁבְעִין קְסִירִין. אַתְקִין לָהּ בְּשִׁבְעָה סַמְכִין עִלָּאִין, לְאִתְנַהֲרָא וּלְיַתְבָא עַל שְׁלִימוּ. וְגַם חֲקָרָהּ, לְאַשְׁגָּחָא עֲלָהּ תָּדִיר, זִמְנָא בָּתַר זִמְנָא, דְּלָא פָּסִיק לְעָלְמִין.
וּלְבָתַר אַזְהַר לֵיהּ לְבַר נָשׁ, וְאֲמַר וַיֹּאמֶר לָאָדָם הֵן יִרְאַת יְיָ הִיא חָכְמָה וְסוּר מֵרָע בִּינָה. דְּהַאי מִתְעַטְּרָא עַל תַּתָּאי, לְדַחֲלָא וּלְמִנְדַע לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּגִינָהּ. וְסוּר מֵרָע בִּינָה, בְּרִירוּ מִפְּסָלוּתָא, דְּלָא לְמִקְרַב בַּהֲדֵיהּ. וּכְדֵין אַשְׁגָּחוּתָא (נ''א אשכחותא) דְבִינָה, לְמִנְדַע וּלְאִסְתַּכְּלָא בִּיקָרָא דְמַלְכָּא עִלָּאָה.
רִבִּי יוֹסֵי קָם בְּלֵילְיָא חַד לְאִשְׁתַּדְּלָא בְּאוֹרַיְיתָא, וְהֲוָה תַּמָּן עִמֵּיהּ חַד יוּדָאי, דְּאָעֳרַע בֵּיהּ בְּהַהוּא בֵיתָא. פָּתַח רִבִּי יוֹסֵי וְאֲמַר, (משלי י׳:ב׳-ג׳) לֹא יוֹעִילוּ אוֹצְרוֹת רֶשַׁע וּצְדָקָה תַּצִּיל מִמָּוֶת. לֹא יוֹעִילוּ אוֹצְרוֹת רֶשַׁע, אִלֵּין אִינוּן דְּלָא מִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא, וְאָזְלֵי בָּתַר מִלֵּי דְעַלְמָא, וּלְמִכְנַשׁ אוֹצְרִין דְּחִיּוּבָא. מַה כְּתִיב, וְאָבַד הָעשֶׁר הַהוּא בְּעִנְיַן רָע. בְּגִין דְּאִינוּן אוֹצְרוֹת רֶשַׁע.
וּצְדָקָה תַּצִּיל מִמָּוֶת, אִלֵּין דְּמִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא, וְיָדְעִין אוֹרְחָהָא לְאִשְׁתַּדְּלָא (לאסתכלא) בָהּ. דְּהָא אוֹרַיְיתָא עֵץ חַיִּים אִקְרֵי, וְאִתְקְרִיאַת צְדָקָה. דִּכְתִיב, וּצְדָקָה תִּהְיֶה לָנוּ.
דָּבָר אַחֵר, וּצְדָקָה תַּצִּיל מִמָּוֶת, דָּא צְדָקָה מַמָּשׁ, וּבִתְרֵין גְּוָונִין אִיהוּ, וּבִתְרֵין סִטְרִין. קָרֵי בֵּיהּ אוֹרַיְיתָא, (Ⅰ)
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[200a]
[...] ce mystère fut découvert à Daniel. ” Et plus loin (Dan., VII, 1) : “ Daniel eut une vision en songe. Il eut cette vision étant dans son lit, et il écrivit son songe. ” Or, il est certain que si le songe de Daniel avait renfermé des mensonges, il n’aurait pas figuré dans l’Écriture. Mais, lorsque les âmes des hommes, qui ont le bonheur de marcher dans la voie de la vérité, quittent le corps pendant la nuit, elles ne rencontrent que des esprits saints qui ne leur révèlent que des vérités et qui ne mentent jamais. Mais, objectera-t-on : Nous savons pourtant, par une tradition, que David n’a jamais eu un bon songe ; faut-il donc admettre qu’on n’a pas montré à David des vérités dans ses songes ?
Mais la vérité est que David, ayant eu son esprit constamment rempli de guerres, de scènes de meurtres, n’a jamais eu que de mauvais songes : il n’a toujours vu que dévastation, destruction et meurtres, mais jamais des scènes paisibles. Mais que l’on ne croît pas que l’homme de bien n’ait jamais de mauvais songes. Il n’en est rien. On lui fait voir, au contraire, les châtiments qu’on se propose d’infliger à ceux qui ont transgressé les commandements de la Loi. On les lui fait voir, afin qu’il soit saisi de la crainte de son Maître, ainsi qu’il est écrit (Ecclés., III, 14) : “ Et le Seigneur a fait tout cela afin qu’on le craigne. ” Ces paroles s’appliquent aux mauvais songes. Voilà pourquoi les hommes de bien aussi ont parfois de mauvais songes.
Remarquez qu’une tradition nous apprend qu’il ne faut raconter ses songes qu’à des personnes dont on est aimé ; car ce n’est que de cette façon que le songe, qui ne se produit que mentalement, se trans formera en paroles articulées ; et il sera réalisé, parce que les amis à qui on le racontera l’interpréteront favorablement.
Remarquez que le Saint, béni soit-il, fait voir à chaque homme un songe qui correspond à son degré. Le juif dit alors : Il est certain que seul l’homme de bien voit des songes véridiques. Et remarquez en outre que, lorsque l’homme dort dans son lit, l’âme s’élève ; et, après avoir parcouru l’espace, elle arrive à la région qui lui convient. De nombreuses légions d’esprits la rencontrent dans son parcours. Si l’âme est bonne, elle voit réellement les choses qui arriveront ; sinon, elle s’attache à des esprits du mauvais côté qui lui font voir des choses mensongères, ou des choses qui doivent se réaliser à bref délai. Lorsque l’homme se réveille, l’âme lui communique ce qu’elle a vu. Voilà pourquoi des hommes indignes ont parfois de bons songes qui ne leur sont montrés que pour les encourager au mal et pour les détourner de la voie de la vérité ; car, quiconque est animé du désir de vivre dans la pureté est encouragé dans cette voie ; et celui qui désire vivre dans l’impureté y est aussi encouragé, ainsi que cela a été déjà dit précédemment (16). Rabbi Yossé resta avec son compagnon jusqu’à l’aube du jour.
Rabbi Yossé dit : Il est certain que, si l’Écriture ne mentionne pas le nom de Joseph parmi les bannières des tribus, ainsi qu’il est écrit (Nomb., II, 18) : “ La bannière du camp d’Éphraim ” (on ne parle pas de la bannière du camp de Joseph), c’est en raison de la façon hautaine dont il a agi à l’égard de ses frères, ainsi que cela a été dit. Le juif répondit : En vérité, j’ai entendu dire que Joseph émanait du monde mâle, alors que toutes les autres tribus émanaient du monde femelle ; aussi Joseph ne pouvait-il compter parmi les autres tribus. C’est pourquoi les frères de Joseph ont dit (Gen., XLII, 11) : “ Nous sommes (nahenou) tous enfants d’un seul homme. ” Ils se sont servis du mot “nahenou ”, au lieu de “ anahenou ”, parce que l’Aleph est l’image du principe mâle, alors que le Beth est l’image du principe femelle.
C’est pourquoi ils’avaient ôté l’Aleph ; car ils savaient qu’aux yeux de la Schekhina ils faisaient partie du monde femelle. Mais, plus tard, ils se sont servis du mot “ anahenou ”, ainsi qu’il est écrit (Gen., XLII, 31) : “ Nous sommes (anahenou) gens paisibles. ” Ils étaient inspirés de parler de la sorte, sans qu’ils se fussent rendu compte eux-mêmes de la justesse de leurs paroles ; car, comme ils se trouvaient en présence de Joseph qui était du monde mâle, ils étaient bien autorisés à joindre l’Aleph et à se servir du mot “ anahenou ”. Ils ont dit de même (Gen., XLII, 13) : “ Nous sommes (anahenou) douze frères. ” Ainsi, ils se servaient du terme “ nahenou ” lorsqu"ils parlaient d’eux seuls, et de celui de “ anahenou” quand Joseph était compris dans le nombre. Rabbi Yossé dit au juif : Toutes les paroles que nous venons de prononcer ici ont été inspirées par le Saint, béni soit-il ; car la Schekhina [...]
- וְקָרֵי בֵּיהּ צְדָקָה, וְכֹלָּא חַד.
אָמַר הַהוּא יוּדָאי, וְקָרֵי בֵּיהּ שָׁלוֹם. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, הָכִי הוּא וַדַּאי דְאִקְרֵי שָׁלוֹם. קָם הַהוּא יוּדָאי, וְאִשְׁתַּתַּף בַּהֲדֵיהּ, פָּתַח הַהוּא יוּדָאי וְאֲמַר, (משלי כ״ח:י״ט) עוֹבֵד אַדְמָתוֹ יִשְׂבַּע לָחֶם וּמְרַדֵּף רֵקִים יִשְׂבַּע רֵישׁ. הַאי קְרָא קַשְׁיָא, וְכִי שְׁלֹמֹה מַלְכָּא דְּאִיהוּ חַכִּים מִכָּל בְּנֵי עַלְמָא, הֵיךְ אָמַר דְּיִשְׁתָּדַּל בַּר נָשׁ לְמִפְלַח אַרְעָא וּלְאִשְׁתַּדְּלָא אֲבַתְרֵיהּ, וְיִשְׁבּוֹק חַיֵּי עָלְמָא.
אֶלָּא רָזָא אִיהוּ. פָּתַח וְאֲמַר, (בראשית ב׳:ט״ו) וַיִּקַּח יְיָ אֱלֹהִים אֶת הָאָדָם וַיַּנִּיחֵהוּ בְגַן עֵדֶן לְעָבְדָהּ וּלְשָׁמְרָהּ, וְאוּקְמוּהָ בְּרָזָא דְקָרְבָּנִין אִיהוּ. תָּא חֲזֵי, לְעָבְדָהּ, דָּא מַלְכָּא עִלָּאָה. וּלְשָׁמְרָהּ, דָּא מַלְכָּא תַּתָּאָה. עַלְמָא עִלָּאָה, וְעַלְמָא תַּתָּאָה. לְעָבְדָהּ (דדכורא) בְּרָזָא דְזָכוֹר, וּלְשָׁמְרָהּ בְּרָזָא דְשָׁמוֹר.
וּבְּגִין כָּךְ, עוֹבֵד אַדְמָתוֹ, דָּא גַן עֵדֶן. דְּאִצְטְרִיךְ לְמֶעְבַּד וּלְמִפְלַח, וּלְאַמְשָׁכָא לָהּ בִּרְכָאן מִלְּעֵילָא. וְכַד אִתְבָּרְכָא וְאִתְמַשְּׁכָא לָהּ בִּרְכָאן מִלְּעֵילָא, אִיהוּ נָמֵי אִתְבָּרֵךְ בַּהֲדָהּ. תָּא חֲזֵי, דְּכַהֲנָא דִּמְבָרֵךְ, מִתְבָּרֵךְ. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (במדבר ו) וַאֲנִי אֲבָרַכֵם. וּבְגִין כָּךְ, עוֹבֵד אַדְמָתוֹ יִשְׂבַּע לָחֶם, דָּא הוּא מְזוֹנָא דִלְעֵילָא. וּמְרַדֵּף רֵקִים, מַאן דְּיִתְדַּבַּק בְּסִטְרָא אָחֳרָא, דְּאִיהוּ מְרַדֵּף רֵקִים. יִשְׂבַּע רֵישׁ ודַּאי. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, זַכָּאָה אַנְתְּ, דְּזָכִית לְהַאי מִלָּה.
תוּ פָּתַח וְאָמַר קְרָא אֲבַתְרֵיהּ, (משלי כ״ח:כ׳) אִישׁ אֱמוּנוֹת רַב בְּרָכוֹת, דָּא הוּא בַּר נָשׁ דִּמְהֵימְנוּתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בֵּיהּ, כְּגוֹן רִבִּי יֵיסָא סָבָא. דְּאַף עַל גַּב דְּהֲוָה לֵיהּ מֵיכְלָא דְהַהוּא יוֹמָא לְמֵיכַל, לָא הֲוָה מַתְקִין לֵיהּ עַד דְּשָׁאִיל מְזוֹנֵיהּ קַמֵּי מַלְכָּא קַדִּישָׁא. לְבָתַר דְּצַלֵּי צְלוֹתֵיהּ וְשָׁאִיל מְזוֹנֵיהּ קַמֵּי מַלְכָּא, כְּדֵין הֲוָה מְתַקִּין. וְהֲוָה אָמַר תָּדִיר, לָא נְתַקִּין, עַד דְּיִנָּתְנוּן מִבֵּי מַלְכָּא.
וְאָץ לְהַעֲשִׁיר לֹא יִנָּקֶה, בְּגִין דְּלָא בָּעָא לְאִשְׁתַּדְּלָא בְּאוֹרַיְיתָא, דְּאִיהִי חַיִּין דְּעַלְמָא דֵין, וְחַיִּין דְּעַלְמָא דְאָתֵי. הַשְׁתָּא דְאִיהִי שַׁעְתָּא לְאִשְׁתַּדְּלָא בְּאוֹרַיְיתָא, נִשְׁתַּדֵּל.
פָּתַח הַהוּא גַבְרָא בְּרָזָא דְחֶלְמָא וְאֲמַר, וַיִּזְכּוֹר יוֹסֵף אֶת הַחֲלוֹמוֹת אֲשֶׁר חָלַם לָהֶם וְגו'. וַיִּזְכּוֹר יוֹסֵף אֶת הַחֲלוֹמוֹת, וְכִי יוֹסֵף אַמַּאי (נ''א אמר או) אַדְכַּר לוֹן אִינוּן חֲלוֹמוֹת דְּחָלַם לְהוּ. וּמַה סַגְיָא לֵיהּ אִלּוּ לָא אַדְכַּר לְהוּ, דְּהָא יוֹסֵף חַכִּים הֲוָה, וּכְתִיב, כָּל עָרוּם יַעֲשֶׂה בְדָעַת וּכְסִיל יִפְרֹשׂ אִוֶּלֶת.
אֲבָל, כֵּיוָן דְּחָמָא דְאִינוּן אָתּוּ, וְסָגְדֵי לֵיהּ אַפִּין עַל אַרְעָא. כְּדֵין אִדְכַּר מִמַּה דְּחָלַם לְהוּ, כַּד הֲוָה עִמְּהוֹן. דִּכְתִיב, וְהִנֵּה קָמָּה אֲלֻמָּתִי וְגַם נִצָּבָה וְהִנֵּה תְסֻבֶּינָה אֲלֻמּוֹתֵיכֶם וַתִּשְׁתַּחֲוֶינָה לַאֲלֻמָּתִי. אֲמַר יוֹסֵף בְּשַׁעְתָּא דְחָמָא דְּכָרְעִין אֲחוֹי קַמֵּיהּ. דִּכְתִיב, וַיָּבֹאוּ אֲחֵי יוֹסֵף וַיִּשְׁתַּחֲווּ לוֹ אַפַּיִם אַרְצָה, כְּדֵין וַיִּזְכּוֹר יוֹסֵף אֶת הַחֲלוֹמוֹת אֲשֶׁר חָלַם. דְּהָא חָמָא דְּהֲווּ קָיְימֵי (מתקיימי).
תוּ, וַיִּזְכּוֹר יוֹסֵף אֶת הַחֲלוֹמוֹת אֲשֶׁר חָלַם, אַדְכַּר לוֹן. בְּגִין דְּלֵית נַשְׁיוּ קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דְּהָא חֶלְמָא דְּאִיהוּ טָבָא, בָּעֵי בַר נָשׁ לְאַדְכָּרָא לֵיהּ דְּלָא יִתְנְשֵׁי, וּכְדֵין אִתְקְיַּים. דְּהָא כְּמָה דְאִתְנְשֵׁי קַמֵּיהּ דְּבַר נָשׁ, הָכִי אִתְנְשֵׁי עֲלֵיהּ.
תָּא חֲזֵי, חֶלְמָא דְּלָא אִתְפַּשַּׁר, כְּאִגַּרְתָּא דְּלָא מִתְקַרְיָא, וְתָּא חֲזֵי, בְּגִין דְּלָא אִדְכַּר, כְּמַאן דְּלָא יָדַע לֵיהּ. וְעַל דָּא, מַאן דְּאִתְנְשֵׁי מִנֵּיהּ חֶלְמָא וְלָא יָדַע לֵיהּ, לָא קָיְימָא עֲלֵיהּ לְאִתְקָיְימָא. וּבְגִין דָּא יוֹסֵף הֲוָה דָּכִיר חֶלְמֵיהּ, בְּגִין לְאִתְקַיְּימָא. בְּגִין דְּלָא יִתְנְשֵׁי חֶלְמָא מִנֵּיהּ לְעָלַם, וְהֲוָה מְחַכֶּה לֵיהּ תָּדִיר. וַיֹּאמֶר אֲלֵיהֶם מְרַגְּלִים אַתֶּם, אִיהוּ דָּכִיר חֶלְמָא. אֲבָל מִלָּה לָא אָמַר לוֹן, אֶלָּא מְרַגְּלִים אַתֶּם.
פָּתַח רִבִּי יוֹסֵי וְאֲמַר, (קהלת ה׳:ב׳) כִּי בָא הַחֲלוֹם בְּרוֹב עִנְיָן וְקוֹל כְּסִיל בְּרוֹב דְּבָרִים. כִּי בָא הַחֲלוֹם בְּרוֹב עִנְיָן, הָא אוּקְמוּהָ. דְּכַמָּה אִינוּן סְמִיכִין בְּחֶלְמָא, וּמְמַנָּן דַּרְגִּין עַל דַּרְגִּין. עַד דְּחָלְמִין מִנְהוֹן קְשׁוֹט כֻּלְּהוּ, וּמִנְּהוֹן דְּאִית בְּהוֹן קְשׁוֹט וּכְדִיבוּ. אֲבָל לְאִינוּן זַכָּאֵי קְשׁוֹט, לָא אִתְגְּלִי לוֹן מִלִּין כְּדִיבָן כְּלוּם, אֶלָּא כֻּלְּהוּ קְשׁוֹט.
תָּא חֲזֵי, דָּנִיֵּאל מַה כְּתִיב בֵּיהּ, (דניאל ב׳:י״ט) אֱדַיִן לְדָנִיֵּאל בְּחֶזְוָא דִי לֵילְיָא (Ⅰ)
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[200b]
[...] n’a pas quitté ce lieu, ainsi qu’il est écrit (Malachie, II, 13) : “ Alors ceux qui craignent le Seigneur se sont entretenus entre eux, et le Seigneur s’est rendu attentif à leurs paroles ; il les a écoutés, et il a fait écrire un livre en faveur de ceux qui craignent le Seigneur, et de ceux qui s’occupent de son nom. ” Il est écrit (Gen., XLII, 17) : “ Et il les fit mettre en prison pour trois jours. ”
Rabbi Éléazar demanda : Pourquoi trois jours ? - En punition des trois jours qu’ils avaient fait souffrir Sichem, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXXIV, 25): “ Et le troisième jour, lorsqu’ils souffraient des plaies de la circoncision... ” Remarquez que Joseph dit (Gen., XLII, 18) à ses frères : “ Faites ce que je vous dis et vous vivrez. ” Joseph dit à ses frères : Vous avez imposé aux habitants de Sichem la marque de l’Alliance appelée “ Zôth ”, et vous avez fini par les tuer, alors que moi je ne vous tuerai pas. Et il ajouta : Car je crains le Seigneur. Toute cette chicane n’avait pour but que de faire venir Benjamin.
L’Écriture (Gen., XLII, 21) ajoute : “ Et ils se disaient l’un à l’autre : C’est justement que nous souffrons tout ceci ; car nous avons péché contre notre frère. ” Les mots : “ ... L’un à l’autre ” désignent Siméon et Lévi. De même que, précédemment (Gen.? XXXVI, 19), les mots : “ Et ils se disaient l’un à l’autre : Voici notre songeur qui vient ” désignent Siméon et Lévi, de même, ici, ils désignent Siméon et Lévi.
Remarquez que par “ l’un ” on désigne Siméon, ainsi qu’il est écrit (Nomb., XXV, 6) : “ Et un homme (isch) des enfants d’Israël entra dans la tente, etc. ” Or, de même que le mot “ isch ” dans ce dernier verset désigne un descendant de Siméon, de même, ici, le mot “ isch ” désigne Siméon. S’étant repenti de sa mauvaise action, il dit en pleurant à Lévi : “ C’est justement que nous souffrons tout ceci. ” C’est en raison de sa pénitence que Siméon aussi a eu pour image le bœuf, de même que Joseph, ainsi qu’il est écrit (Deut., XXXIII, 17) : “ Sa beauté est semblable au premier-né du taureau. ” Joseph s’était emparé de Siméon pour le séparer de Lévi ; car il craignait qu’unis ils ne complotassent contre lui . ”
L’Écriture (Gen., XLII, 21)ajoute : “ Il fit prendre Siméon et le fit lier devant eux. ” Il a été dit qu’il ne l’avait lié que devant eux, mais qu’aussitôt qu’ils s’étaient retirés, il lui fit donner à manger et à boire. Que l’on n’imagine pas que Joseph agissait ainsi en raison des paroles de l’Écriture (Prov., XXV, 21) : “ Si ton ennemi a faim, donne-lui du pain à manger, et s’il a soif donne-lui de l’eau à boire. ” Car comment Joseph aurait-il pu agir ainsi, alors que L’Écriture ajoute : “ Car tu amasseras ainsi sur sa tête des charbons de feu, et le Seigneur te le rendra ” ? Or, qu’à Dieu ne plaise qu’on attribue à Joseph de pareils sentiments ! Mais Joseph n’a agi ainsi envers Siméon que par un sentiment fraternel ; et il en a agi de même à l’égard de tous ses autres frères, ainsi qu’il est écrit : “ Et il commanda d’emplir leurs sacs de blé, et de remettre dans le sac de chacun d’eux l’argent qu’ils avaient donné, en y ajoutant encore des vivres pour se nourrir pendant le chemin : ce qui fut exécuté. ” Ainsi Joseph a agi envers ses frères en homme animé de sentiments fraternels.
Rabbi Yossé ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Nahum, I, 12) : “ Voici ce que dit le Seigneur : Qu’ils soient aussi forts (schelemim) et aussi nombreux qu’ils voudront, ils tomberont quand même et disparaîtront ; je t’ai affligé, mais je ne t’affligerai plus. ” Ce verset a été interprété de cette façon : Quand les peuples vivent en paix, et que la haine n’est point entre eux, le Saint, béni soit-il, a pitié d’eux et ne permet pas à la rigueur de sévir contre eux. Alors même qu’ils s’adonnent tous au culte de l’idolâtrie, tant qu’ils vivent en paix, la rigueur n’a pas de prise sur eux, ainsi qu’il est écrit (Osée, IV, 17) : “ Ephraïm a pris des idoles pour son partage ; laisse-le. ”
L’Écriture ajoute : “ Ils tomberont quand même (nagozou). ” De même qu’au commencement du verset il est question de la paix, de même la fin du verset s’applique à la charité qui est un genre de paix ; car quiconque pratique la charité contribue à la paix d’en haut et à la paix d’ici-bas. La rigueur n’a pas de prise sur ceux qui pratiquent la charité, ainsi qu’il est écrit (Is., XXVI, 20) : “ ... Jusqu’à ce que la colère soit passée ”, ce qui veut dire : jusqu’à ce que la rigueur soit passée.
D’après une autre interprétation, le verset cité désigne Israël à qui le Saint, béni soit-il, a commandé de veiller constamment sur la pureté de la marque de l’Alliance ; celui qui ne la garde pas dans toute sa pureté n’est pas un homme complet ; c’est un homme “ ébréché ” ; il est “ ébréché ” en tout. D’où le savons-nous ? - Des paroles de l’Écriture (Gen., XVII, 1) : “Je suis le Seigneur tout puissant ; marche devant moi et sois complet (thamim). ” En effet, tant qu’Abraham n’eut porté la marque de l’Alliance, il était “ ébréché ”. Tel est le sens des paroles (Nahum, I, 12) : “ S’ils sont complets (schelemim)... ”Car tant que l’homme est complet, la rigueur n’a pas de prise sur lui ; L’Écriture ajoute : “ ... Et nombreux ” ; car c’est en conservant cette marque dans sa pureté que l’homme verra sa race [...]
- רָזָא גַּלֵּי. וּכְתִיב, (דניאל ז׳:א׳) דָּנִיֵּאל חֵלֶם חֲזָה וְחֶזְוֵי רֵאשֵׁהּ עַל מִשְׁכְּבֵיהּ בֵּאדַיִן חֶלְמָא כְתַב. וְאִי אִית בֵּיהּ מִלִּין כְּדִיבָן, אַמַּאי אִיכְתִּיב בֵּין כְּתוּבִים. אֶלָּא אִינוּן זַכָּאֵי קְשׁוֹט, בְּשַׁעְתָּא דְּנִשְׁמַתְהוֹן סָלְקִין. לָא מִתְחַבְּרָן בְּהוּ, אֶלָּא מִלִּין קַדִּישִׁין. דְּאוֹדְעִין לֵיהּ מִלֵּי דִקְ שׁוֹט, מִלִּין קָיְימָן דְּלָא מְשַׁקְרָן לְעָלְמִין.
וְאִי תֵימָא, הָא תְּנַן דְּדָוִד מַלְכָּא לָא חָמָא חֶלְמָא טָבָא. הָא אִשְׁתְּמַע דְּהֲוָה חָמֵי דָּוִד מִלִּין דְּלָא קְשׁוֹט. אֶלָּא וַדַּאי, כָּל יוֹמוֹי הֲוָה מִשְׁתַּדֵּל לְאוֹשְׁדָא דָמִין, וְאַגַּח קְרָבִין, וְכָל חֶלְמוֹי לָא הֲווּ אֶלָּא חֶלְמִין בִּישִׁין. חוּרְבָא וְשׁוֹמְמוּתָא וְדָמָא וְאוֹשִׁידוּ דְּדָמִין, וְלָא חֶלְמָא דִשְׁלָם.
וְאִי תֵימָא, לְבַר נָשׁ טַב אַחֲזִיאוּ לֵיהּ חֶלְמָא בִּישָׁא, הָכִי הוּא וַדַּאי. כָּל אִינוּן בִּישִׁין דְּזַמִּינִין לְאִתְדַּבְּקָא עַל אִינוּן דְּעָבְרֵי עַל פִּתְגָמֵי דְאוֹרַיְיתָא, וְאִינוּן עוֹנָשִׁין דְּזַמִּינִין לְאִתְעֲנָשָׁא בְּהַהוּא עַלְמָא, כֻּלְּהוּ חָמֵי. בְּגִין דְּכָל שַׁעְתָּא יְהֵא דְחִילוּ דְמָרֵיהּ עֲלֵיהּ, וְהָא אִתְעָרוּ. דִּכְתִיב, (קהלת ג׳:י״ד) וְהָאֱלהִים עָשָׂה שֶׁיִּירְאוּ מִלְפָנָיו, זֶה חֲלוֹם רָע. וְעַל דָּא, לְהַהוּא זַכָּאָה, אַחֲזִיוּ לֵיהּ חֶלְמָא בִּישָׁא, כְּמָה דְאִתְּמָר.
תָּא חֲזֵי, דְּהָא תָּנִינָן, דְּהַהוּא בַּר נָשׁ דְּחָמֵי חֶלְמָא, בָּעֵי לֵיהּ לְמִפְתַּח פּוּמֵיהּ בֵּיהּ קַמֵּי בְּנֵי נָשָׁא דְּרַחֲמֵי לֵיהּ. בְּגִין דְּיִסְתַּלַּק רְעוּתָא דִלְהוֹן לְגַבֵּיהּ לְטַב, וְיִפְתְּחוּן פּוּמַיְיהוּ לְטַב, וְיִשְׁתַּכַּח רְעוּתָא וּמִלָּה כֹּלָּא לְטַב. רְעוּתָא דְאִיהִי מַחֲשָׁבָה, שֵׁרוּתָא דְכֹלָּא, וּמִלָּה דְאִיהִי סִיּוּמָא דְכֹלָּא. וְעַל דָּא אִשְׁתַּכַּח דְּהָא שְׁלִימוּ אִיהוּ בְּרָזָא עִלָּאָה.
וּבְגִין כָּךְ אִתְקְיַּים כֹּלָּא, וּבְעִינָן רְחִימִין דְּבַר נָשׁ (נ''א רחימין עליה דבר נש בגין) לְאִתְקַיְּימָא בְּהַהוּא פִּשְׁרָא טָבָא, וְכֹלָּא אִיהוּ כְּדְקָא יְאוּת. וּבְּגִין כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אוֹדַע לֵיהּ לְבַר נָשׁ, כָּל חַד וְחַד, בְּהַהוּא דַרְגָּא דִילֵיהּ, כְּמָה דְאִיהוּ. וּבְהַהוּא גַוְונָא דְּכָל חַד וְחַד, אָמַר דִּיהֵא חֶלְמָא. אָמַר הַהוּא יוּדָאי, וַדַּאי דְחֶלְמָא לָאו אִיהוּ אֶלָּא לְבַר נָשׁ זַכָּאָה, דְּאִיהוּ חָמָא חֶלְמָא כְּדְקָא חָזֵי.
וְתָּא חֲזֵי, דְּכַד בַּר נָשׁ נָאִים עַל עַרְסֵיהּ, נִשְׁמָתֵיהּ נָפְקָא וְשַׁטְיָא בְּעַלְמָא לְעֵילָא, וְעָאלַת בְּאַתְרָא דְּעָאלַת. וְכַמָּה חֲבִילֵי טְהִירִין, קָיְימִין וְאָזְלִין בְּעַלְמָא, וּפָגְעִין בָּהּ בְּהַהִיא נִשְׁמָתָא. אִי זַכָּאָה הִיא, סַלְקָא לְעֵילָא וְחָמַאת מַה דְּחָמַאת. וְאִי לָאו, אִתְאַחֲדַת בְּהַהוּא סִטְרָא, וּמוֹדִיעִין לָהּ מִלִּין כְּדִיבָן, אוֹ מִלִּין דְּזַמִּינִין לְמֵיתֵי לִזְמַן קָרִיב. וְכַד אִתְעַר הַהִיא נִשְׁמָתָא דְּבֵיהּ, אִיהִי מוֹדְעָא לֵיהּ מַה דְּחָמַאת.
וְעַל דָא, לְבַר נָשׁ דְּלָאו אִיהוּ זַכָּאָה, מוֹדִיעִין לֵיהּ חֶלְמָא טָבָא דְּלָאו אִיהוּ קְשׁוֹט. כֹּלָּא בְּגִין לְאַסְטָאָה לֵיהּ מֵהַהוּא אֹרַח קְשׁוֹט. כֵּיוָן דְּאִיהוּ אַסְטֵי אוֹרְחֵיהּ מֵאֹרַח קְשׁוֹט, מְסָאֲבִין לֵיהּ. דְּכָל מַאן דְּאָתֵי לְאִתְדַּכָּאָה, מְדַכְּאִין לֵיהּ. וּמַאן דְּאָתֵי לְאִסְתַּאֲבָא, מְסָאֲבִין לֵיהּ. הָא וַדַּאי אִתְּמָר הָכִי.
יָתְבוּ עַד דְּסָלִיק צַפְרָא, אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, וַדַּאי לָא זָכַר שְׁמֵיהּ דְּיוֹסֵף בְּאִינוּן דְּגָלִים. דִּכְתִיב, (במדבר ב׳:י״ז-י״ח) דֶּגֶל מַחֲנֵה אֶפְרַיִם, וְלָא כְּתִיב דֶּגֶל מַחֲנֵה יוֹסֵף. בְּגִין דְּאִתְגָּאֵי עַל אֲחוֹי, וְהָא אִתְּמָר.
אָמַר הַהוּא יוּדָאי, וַדַּאי שְׁמַעְנָא דְּיוֹסֵף אִיהוּ בְּעַלְמָא דִּדְכוּרָא, וְכֻלְּהוּ שִׁבְטִין בְּעַלְמָא דְנוּקְבָא אִינוּן. וְעַל דָּא לָא אִתְכְּלִיל יוֹסֵף עִמְּהוֹן, בְּגִין דְּאִיהוּ בְּעַלְמָא דִּדְכוּרָא עִמְּהוֹן (נ''א ל''ג עמהון).
מַה כְּתִיב, כֻּלָּנוּ בְּנֵי אִישׁ אֶחָד נָחְנוּ. נָחְנוּ, אֲנַחְנוּ מִבָּעֵי לֵיהּ. אַמַּאי חָסֵר א'. אֶלָּא, בְּגִין דְּרָזָא דִבְרִית לָא אִשְׁתַּכַּח עִמְּהוֹן, אִסְתַּלַּק מִתַּמָּן א'. דְּהָא א' דְּכוּרָא אִיהוּ. וְעַל דָּא ב' אִיהִי נוּקְבָא, א' דְּכוּרָא. וּבְגִין דָּא אִסְתַּלַּק א' מִתַּמָּן, וְאִשְׁתָּאֲרוּ אִינוּן נוּקְבֵי לְגַבֵי שְׁכִינְתָּא.
וּלְבָתַר אָמְרוּ, כֵּנִים אֲנַחְנוּ, אִתּוֹסַף א'. אָמְרוּ וְלָא יָדְעֵי מַה קָאֲמְרוּ. בְּגִין דְּיוֹסֵף אִשְׁתַּכַּח תַּמָּן, וְאַשְׁלִימוּ מִלָּה, וְאָמְרוּ אֲנַחְנוּ. מְנָלָן, דִּכְתִיב וַיֹּאמְרוּ שְׁנֵים עָשָׂר עֲבָדֶיךָ אַחִים אֲנָחְנוּ, וְיוֹסֵף אִיהוּ בְּחוּשְׁבָּנָא, כַּד עָאל בְּחוּשְׁבָּנָא, אָמְרוּ אֲנָחְנוּ. וְכַד לָא עָאל בְּחוּשְׁבָּנָא, אָמְרוּ נָחְנוּ.
אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, כָּל הָנֵּי מִלִּין דְּקָאֲמָרָן הָכָא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בְּהוּ, דְּהָא שְׁכִינְתָּא (Ⅰ)
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[201a]
[...] se multiplier ; car les âmes ne descendent d’en haut que par la marque de l’Alliance. Enfin L’Écriture ajoute le mot “ veàbar ”, ce qui veut dire qu’ils ôteront la souillure du prépuce qu’ils portaient auparavant.
D’après une autre interprétation, les paroles : “ Voici ce que dit le Seigneur : S’ils sont aussi complets que nombreux... ” désignent les fils de Jacob, qui étaient complets durant tout le temps qu’ils ont passé près de Joseph ; car ils conservaient dans toute sa pureté la marque de l’Alliance. Le mot “ nagozou ” désigne les fils de Jacob au moment où ils avaient quitté Joseph et Siméon (17). Enfin le mot “ veàbar ” signifie que la rigueur sévissait contre eux, ainsi qu’il est écrit (Ex., XII, 23) : “ Et le Seigneur passera (veàbar) pour frapper de mort les Égyptiens. ” Remarquez qu’il y a une “ rigueur forte ” et une “ rigueur faible ” ; lorsque la “ rigeur faible ” est alimentée par la “ rigueur forte ”, elle sévit avec violence. Quand la rigueur est dirigée contre Israël, la “ rigueur faible ” n’est pas alimentée par la “ rigueur forte” ; mais elle l’est bien quand elle est dirigée contre les peuples païens.
C’est pourquoi l’Écriture dit : “ Et le Seigneur passera (veàbar) pour frapper de mort les Égyptiens. ” Le mot “ veàbar ” signifie : et il sera rempli de colère, - colère qui renforcera la rigueur. Remarquez, en outre, que le Saint, béni soit-il, s’irrite lorsque dix personnes sont réunies dans la maison de prière et que l’une d’elles se détache du nombre.
D’après une autre interprétation, le mot “ nagozou ” signifie qu’après que la peine a été achevée, il faut passer. Qu’est-ce que cela signifie ?
Rabbi Siméon dit : “ Lorsque l’âme quitte ce monde, elle subit plusieurs peines avant d’arriver à la place qui lui est assignée. Après toutes les peines subies, toutes les âmes sont tenues de passer par le “ fleuve de feu ” qui coule dans cette région. Toute âme qui traverse ce fleuve sans crainte arrivera à sa destination, ainsi qu’il est écrit (Prov., XXIV, 3) : “ Qui est-ce qui montera sur la montagne du Seigneur et qui s’arrêtera dans son lieu saint ? ” Ces paroles signifient que toute âme qui traverse sans crainte le fleuve de feu arrivera au lieu saint. Et celui qui dépense son argent pour faire la charité passera ce fleuve sans crainte. Et une voix céleste retentira au-devant de son âme (Nahum, I, 12) : “ Je ne t’affligerai plus. ” Car l’âme qui a le bonheur de traverser ce fleuve sans crainte ne subira plus de peine.
Remarquez que tous les stratagèmes dont Joseph s’est servi à l’égard de ses frères semblent, de prime abord, inutiles. Cependant la Loi ne contient que des vérités propres à montrer à l’homme les voies saintes dans lesquelles il doit marcher ; et il n’y a pas une seule parole dans l’Écriture qui ne renferme des mystères suprêmes et sacrés, montrant aux hommes les voies dans lesquelles ils doivent marcher.
Rabbi Siméon commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Prov., XX, 22) : “ Ne dis point : Je rendrai le mal. Attends le Seigneur, et il t’aidera. ” Remarquez que le Saint, béni soit-il, créa l’homme pour que celui-ci, fortifié par l’étude de la Loi, marchât dans la voie de la vérité et se dirigeât du côté droit et non du côté gauche. Pour que l’homme puisse marcher du côté droit, il faut qu’il vive en paix avec son prochain etqu’il n’ait aucune haine contre lui, afin de ne pas affaiblir le côté droit auquel Israël est attaché.
Remarquez que c’est à cause de cela qu’il y a un esprit du bien et un esprit du mal ; et Israël a le devoir de faire dominer le premier sur le second par ses bonnes œuvres ; mais si l’homme se tourne du côté gauche, il donne la suprématie à l’esprit du mal sur l’esprit du bien. L’esprit du mal, qui est “ ébréché ”, devient complet grâce aux péchés ; car cet esprit hideux ne devient complet que par le péché des hommes. C’est pourquoi l’homme doit se tenir sur ses gardes pour ne pas compléter l’esprit du mal par ses péchés ; il doit, au contraire, s’efforcer de rendre complet l’esprit du bien, mais non celui du mal. Voilà pourquoi l’Écriture dit : “ Ne dis point : Je compléterai (18) (aschalma) le mal. Attends le Seigneur, et il t’aidera. ”
D’après une autre interprétation, les mots : “ Ne dis point : Je rendrai le mal ” expriment la même pensée que le verset suivant : (i Ceux qui rendent des maux pour les biens qu’ils ont reçus me déchiraient par leur médisance, etc. ” L’Écriture nous apprend donc qu’il ne faut pas rendre le mal pour le bien, ainsi qu’il est écrit (Prov., XVII, 13) : “ Le malheur ne sortira jamais de la maison de celui qui rend le mal pour le bien. ” Alors même que quelqu’un nous a fait du mal, nous ne devons point lui rendre le mal ; mais, ajoute l’Écriture : “Attends le Seigneur, et il t’aidera. ” Ce verset a été appliqué à Joseph le juste, qui ne voulait point rendre à ses frères le mal, lorsque ceux-ci tombèrent entre ses mains. Il pratiquait plutôt le précepte : “ Attends le Seigneur et il t’aidera ”, car il [...]
- לָא אַעֲדֵי מֵהָכָא. כְּדִכְתִיב, (מלאכי ג׳:ט״ז) אָז נִדְבְּרוּ יִרְאֵי יְיָ אִישׁ אֶל רֵעֵהוּ וַיַּקְשֵׁב יְיָ וַיִּשְׁמָע וַיִּכָּתֵב סֵפֶר זִכָּרוּן לְפָנָיו לְיִרְאֵי יְיָ וּלְחוֹשְׁבֵי שְׁמוֹ:
וַיֶּאֱסוֹף אוֹתָם אֶל מִשְׁמָר שְׁלשֶׁת יָמִים. אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, הָנֵּי תְּלַת יוֹמִין אַמַּאי. אֶלָּא הָנֵּי תְּלַת יוֹמִין, לָקֳבֵיל תְּלַת יוֹמִין דִּשְׁכֶם. דִּכְתִיב, (בראשית לה) וַיְהִי בַּיּוֹם הַשְּׁלִישִׁי בִּהְיוֹתָם כּוֹאֲבִים.
תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב בֵּיהּ, וַיֹּאמֶר אֲלֵיהֶם יוֹסֵף בַּיּוֹם הַשְּׁלִישִׁי זֹאת עֲשׂוּ וִחְיוּ. לְאַחֲזָאָה דְּלָא עָבַד אִיהוּ, כְּמָה דְּאִינוּן עָבְדוּ בִשְׁכֶם. דְּגָרְמוּ לְאַנְשֵׁי שְׁכֶם לְקַבְּלָא עֲלַיְיהוּ הַאי זֹאת, רָזָא דִבְרִית. וּלְבָתַר דְּעֲבָדוּ קִיּוּמָא דָא, קָטִילוּ לוֹן, וְלָא אִשְׁתָּאַר מִנְּהוֹן חַד. וְאִיהוּ מַה כְּתִיב, זֹאת עֲשׂוּ וִחְיוּ. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּאֶת הָאֱלהִים אֲנִי יָרֵא, נָטִיר קְיָימָא. וְכָל גִּלְגּוּלָא דָא לָא הֲוָה אֶלָּא בְּגִינֵיהּ דְּבִנְיָמִין:
וַיֹּאמְרוּ אִישׁ אֶל אָחִיו אֲבָל אֲשֵׁמִים אֲנַחְנוּ עַל אָחִינוּ וְגו'. וַיֹּאמְרוּ אִישׁ אֶל אָחִיו, דָּא שִׁמְעוֹן וְלֵוִי, כְּמָה דְּהֲוָה בְּקַדְמִיתָא. דִּכְתִיב, (בראשית ל״ז:י״ט) וַיֹּאמְרוּ אִישׁ אֶל אָחִיו הִנֵּה בַּעַל הַחֲלוֹמוֹת הַלָּזֶה בָּא. מַה לְּהַלָּן שִׁמְעוֹן וְלֵוִי, אוּף הָכָא שִׁמְעוֹן וְלֵוִי.
תָּא חֲזֵי, מַאן אִישׁ וּמַאן אָחִיו. אֶלָּא אִישׁ, דָּא שִׁמְעוֹן, כְּתִיב הָכָא אִישׁ, וּכְתִיב הָתָם (במדבר כ״ה:ו׳) וְהִנֵּה אִישׁ מִבְּנֵי יִשְׂרָאֵל בָּא. מַה לְּהַלָּן מִשִּׁמְעוֹן, אוּף הָכָא נָמֵי שִׁמְעוֹן. וּבְגִין דְּאַהֲדַר בִּתְשׁוּבָה, בָּכָה וְאִתְנֶחָם עַל דָּא. וְאָמַר לְלֵוִי, אֲבָל אֲשֵׁמִים אֲנַחְנוּ. עַל דָּא אִתְבְּנֵי מַזָּלֵיהּ שׁוֹר, כְּגַוְונָא דְּמַזְּלֵיהּ דְּיוֹסֵף שׁוֹר. דִּכְתִיב, (דברים ל״ג:י״ז) בְּכוֹר שׁוֹרוֹ הָדָר לוֹ, וּמַזָּלֵיהּ דְּשִׁמְעוֹן שׁוֹר אִיהוּ.
וְעַל דָּא, וַיִּקַּח מֵאִתָּם אֶת שִׁמְעוֹן, בְּגִין דְּלָא יְקַטְרֵג בַּהֲדֵיהּ דְּלֵוִי. בְּגִין דְּשִׁמְעוֹן וְלֵוִי, כַּד מִתְחַבְּרָן תַּרְוַיְיהוּ יָכְלֵי לְקַטְרְגָא: וַיֶּאֱסוֹר אוֹתוֹ לְעֵינֵיהֶם, הָא אוּקְמוּהָ, לְעֵינֵיהֶם אֲסָרוֹ. וּלְבָתַר דְנָפְקוּ הֲוָה מַאֲכִיל לֵיהּ, וּמַשְׁקֵי לֵיהּ.
וְאִי תֵימָא דִּרְעוּתָא דְיוֹסֵף אִיהוּ, בְּגִין דִּכְתִיב, (משלי כ״ה:כ״א) אִם רָעֵב שׂוֹנַאֲךָ הַאֲכִילֵהוּ לֶחֶם וְאִם צָמֵא הַשְׁקֵהוּ מַיִם. אִי הָכִי, יוֹסֵף דְּאִיהוּ זַכָּאָה, הֵיכִי עָבִיד הָכִי. דְּהָא כְּתִיב, (משלי כ״ה:כ״ב) כִּי גֶחָלִים אַתָּה חוֹתֶּה עַל רֹאשׁוֹ וַיְיָ יְשַׁלֶּם לָךְ.
אֶלָּא, חַס וְשָׁלוֹם דְּיוֹסֵף לְהָכִי הוּא דְּחָיִישׁ. אֶלָּא כְּבַר נָשׁ לְאֲחוֹי, הָכִי נָמֵי הֲוָה עָבִיד. אִתְנְהִיג עִמֵּיהּ בְּאַחְוָה, וְלָא בְּגַוְונָא אָחֳרָא. וְלָא עִמֵּיהּ בִּלְחוֹדוֹי, אֶלָּא עִם כָּל אֲחוֹי. כְּמָה דִכְתִיב, וַיְצַו יוֹסֵף וַיְמַלְּאוּ אֶת כְּלֵיהֶם בָּר וּלְהָשִׁיב כַּסְפֵּיהֶם אִישׁ אֶל שַׂקּוֹ וְלָתֵת לָהֶם צֵדָה לַדֶּרֶךְ וַיַּעַשׂ לָהֶם כֵּן, בְּגִין לְאַנְהָגָא עִמְּהוֹן בְּאַחְוָה.
רִבִּי יוֹסֵי פָּתַח וְאֲמַר, (נחום א׳:י״ב) אִם שְׁלֵמִים וְכֵן רַבִּים וְכֵן נָגֹזוּ וְעָבָר וְעִנִּיתִיךָ לא אֲעַנֵּךְ עוֹד, הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ. דְּכַד עַמָּא כֻּלְּהוּ אִית בְּהוּ שְׁלָם, וְלָא אִית בְּהוּ מָארֵי דְבָבוּ. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חָיִיס עֲלַיְיהוּ, וְדִינָא לָא שָׁלְטָא בְּהוּ. וְאַף עַל גַּב דְּכֻלְּהוּ פָּלְחֵי לְכּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת, וְאִינוּן בִּשְׁלָם, דִּינָא לָא שַׁלִּיט עֲלַיְיהוּ, וְאוּקְמוּהָ. דִּכְתִיב, (הושע ד׳:י״ז) חֲבוּר עֲצַבִּים אֶפְרָיִם הַנַּח לוֹ.
וְכֵן נָגֹזוּ וְעָבָר, מַאי וְכֵן נָגֹזוּ, וְנָגֹזוּ מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא, דָּא הוּא רֵישָׁא דִקְרָא דְאִיהוּ שְׁלָם, אוּף הָכָא שְׁלָם. וּמַאי אִיהוּ, דָּא צְדָקָה. בְּגִין דִּצְדָקָה דָא הוּא שָׁלוֹם, וּמַאן דְּאַסְגֵּי בִּצְדָקָה, אַסְגֵּי שְׁלָם לְעֵילָא, וְאַסְגֵּי שְׁלָם לְתַתָּא. וּבְגִין כָּךְ וְכֵן נָגֹזוּ וְעָבָר, דְּגָזְזֵי מָמוֹנְהוֹן בִּצְדָקָה. וְעָבָר, וְעָבְרוּ מִבָּעֵי לֵיהּ, מַאי וְעָבָר. אֶלָּא דָּא הוּא דִינָא דְרוּגְזָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו כ״ו:כ׳) עַד יַעֲבָר זָעַם, עָבַר דִּינָא מֵעֲלַיְיהוּ.
דָּבָר אַחֵר, כֹּה אָמַר יְיָ אִם שְׁלֵמִים, אִלֵּין יִשְׂרָאֵל. דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָהַב לוֹן בְּרִית קַיָּימָא לְנַטְרָא לֵיהּ תָּדִיר, וּלְמֶהֱוֵי בֵּיהּ בַּר נָּשׁ שְׁלִים בְּכָל סִטְרִין לְעֵילָא וְתַתָּא. וְאִי לָא נָטִיר לֵיהּ בַּר נָשׁ תָּדִיר, הָא אִיהוּ פָּגִים, פָּגוּם בְּכֹלָּא. מְנָלָן, דִּכְתִיב, (בראשית י״ז:א׳) הִתְהַלֵּךְ לְפָנַי וֶהְיֵה תָמִים. מַאי תָּמִים, שְׁלִים. דְּעַד לָא אִתְקְיַּים בֵּיהּ בְּרִית, אִיהוּ פָּגִים.
וּבְגִין כָּךְ, אִם שְׁלֵמִים וְכֵן רַבִּים. אִם שְׁלֵמִים דְּנָטְרֵי פִּקּוּדָא דָא, לְמֶהֱוֵי שְׁלֵימִין, דְּלָא יְהוֹן פְּגִימִין, וְכֵן רַבִּים, יִפְשׁוּן (Ⅰ)
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[...] craignait le Seigneur, ainsi qu’il est écrit (Gen., XLII, 18) : “ Fais ce que je te dis et tu vivras ; car je crains le Seigneur. ” Ainsi, Joseph a toujours espéré en le Saint, béni soit-il. Rabbi Abba ouvrit une de ses conférences de la manière suivante.
Il est écrit (Prov., XX, 5) : “ Le conseil est dans le cœur de l’homme comme une eau profonde. ” Ces mots désignent le Saint, béni soit-il ; car il arrange les péripéties de telle façon que sa volonté s’accomplisse. Ainsi, c’était à cause de Joseph qu’il a décrété la famine sur la terre. Les mots : “ ... Et l’homme prudent y puisera ” désignent Joseph qui a pénétré la cause du décret du Saint, béni soit-il.
Remarquez que Joseph ne s’était pas seulement borné à ne pas rendre le mal à ses frères ; mais il leur fit encore du bien et agit envers eux loyalement ; c’est ainsi qu’agissent toujours les hommes de bien ; et c’est pourquoi le Saint, béni soit-il, a toujours pitié d’eux et dans ce monde et dans le monde futur. Les mots : “ Le conseil est dans le cœur de l’homme comme une eau profonde ” désignent Juda, ainsi que cela a été dit au passage où Juda s’est approché de Joseph au sujet de Benjamin (19). Les mots : “ ... Et l’homme prudent y puisera ” désignent Joseph. Assis à la porte de la ville de Loud, Rabbi Abba vit un homme assis sur une butte où, las et exténué de voyage, il s’endormit. Durant son sommeil, un serpent s’approcha de lui ; mais au même instant une branche d’un arbre à côté tomba sur le serpent et le tua. Lorsque l’homme se réveilla, il vit en face de lui le serpent tué, et il quitta la butte sur laquelle il était couché. Mais à peine l’avait-t-il quittée que la butte glissa dans un précipice qui était à côté, et l’homme fut sauvé. S’approchant de lui, Rabbi Abba lui dit : Apprends-moi quelles sont les œuvres que tu pratiques ; car ce n’est certainement pas sans raison que le Saint, béni soit-il, vient de faire en ta faveur deux miracles successifs. L’homme lui répondit : Jamais de ma vie homme ne m’a fait de mal sans que je me sois réconcilié avec lui et sans que je lui aie pardonné ; et quand je ne puis me réconcilier avec celui qui m’a fait du mal, je ne vais jamais au lit le soir sans avoir préalablement pardonné à celui-ci, ainsi qu’à tous ceux qui m’ont fait souffrir ; et je ne pense plus le lendemain au mal qui m’a été fait. Mais je ne borne pas mon action au seul pardon : à partir du jour où les hommes m’ont fait du mal, je m’applique à leur faire du bien.
Rabbi Abba s’écria en pleurant : Les œuvres de cet homme sont plus méritoires que celles de Joseph ; car ce dernier a agi avec bonté envers ses ennemis par un sentiment fraternel, alors que cet homme fait plus, car il fait le bien à ses ennemis qui n’ont aucune parenté avec lui. Il est digne que le Saint, béni soit-il, fasse en sa faveur miracles sur miracles. Rabbi Abba commença ensuite à parler de la manière suiivante : Il est écrit (Prov., X, 9) : “ Celui qui marche loyalement, marche avec assurance ; mais celui qui pervertit ses voies sera découvert. ” Les paroles : “ Celui qui marche loyalement... ” désignent l’homme qui marche loyalement dans la voie de la Loi ; celui-ci “ marche avec assurance ” ; car les êtres malfaisants de ce monde n’ont pas de prise sur lui. Les mots : “ Mais celui qui pervertit ses voies sera découvert ” désignent celui qui se détourne de la voie de la vérité et préfère celle à côté. Le terme : “ ... Sera découvert ” signifie que tous les chefs de la rigueur jetteront leur regard sur lui et fixeront dans leur esprit le visage de cet homme pour le traîner plus tard au lieu où ils se vengeront de lui.
Remarquez en outre que lorsque l’homme marche dans la voie de la vérité, le Saint, béni soit-il, plane sur lui pour qu’il ne soit découvert et reconnu par les chefs de la rigueur ; mais celui qui pervertit ses voies, sera découvert et reconnu par eux. Heureux le sort des hommes qui marchent dans la voie de la vérité et qui constituent la base du monde ; ils ne craignent rien ni dans ce monde, ni dans le monde futur.
Il est écrit (Gen., XLIII, 18) : “ Et les hommes furent saisis de crainte lorsqu’ils étaient conduits dans la maison de Joseph. ”
Rabbi Yossé dit : Malheur aux hommes qui ne connaissent ni n’examinent les voies de la Loi ! Malheur à eux, à l’heure où le Saint, béni soit-il, leur demandant compte de leurs œuvres, ressuscitera le corps et l’animera de l’âme et demandera qu’unis ensemble le corps et l’âme rendent compte de toutes leurs actions avant d’être séparés ! Ce jour sera un jour de rigueur. Ce jour-là, les livres de comptes seront ouverts, et les chefs de la rigueur seront prêts à agir. Car en ce moment le serpent se lèvera pour mordre, et l’homme tremblera de tous ses membres. L’âme se séparera du corps et s’en ira planer dans les airs, ne sachant quel chemin prendre, ni où on la conduira. Malheur à ce jour ! C’est un jour de colère et d’irritation. C’est pourquoi l’homme doit dompter son esprit tentateur et lui rappeler à chaque instant le jour où il va paraître devant la justice du Roi, le jour où l’on va l’ensevelir sous la terre, où le corps sera décomposé et où l’âme se séparera de lui [...]
- וְיִסְגּוּן בֵּיהּ. בְּגִין דְּנִשְׁמָתִין לָא נָפְקֵי לְעַלְמָא, אֶלָא בְּהַאי בְּרִית. וְכֵן נָגֹזוּ, הַאי אִם שְׁלֵמִים דְּנָטְרֵי לֵיהּ תָּדִיר, נָגֹזוּ מַאן דְּאִתְגְּזַר וְקִבֵּל עֲלֵיהּ קְיָימָא דָא. וְעָבָר, מַאי וְעָבָר. הַהוּא זוּהֲמָא דְעָרְלָה, דְּהֲוָה בֵּיהּ בְּקַדְמִיתָא.
דָּבָר אַחֵר, כֹּה אָמַר יְיָ אִם שְׁלֵמִים וְכֵן רַבִּים, אִלֵּין בְּנִי יַעֲקֹב. דְּהָא כָּל זִמְנָא דְּהֲווּ לְגַבֵּיהּ דְּיוֹסֵף, אִינוּן שְׁלֵמִים, דְּקָיְימֵי בַּהֲדֵיהּ דִּבְרִית. וְכֵן נָגֹזוּ, דְּאָזְלוּ וְשָׁבְקוּ לֵיהּ לְיוֹסֵף וּלְשִׁמְעוֹן. וְעָבָר, כְּדֵין דִּינָא שַׁרְיָא בְּגִינַיְיהוּ (נ''א שכינתא שרייא בינייהו), כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (שמות י״ב:כ״ג) וְעָבַר יְיָ לִנְגוֹף אֶת מִצְרַיִם.
תָּא חֲזֵי, אִית דִּינָא קַשְׁיָא, וְאִית דִּינָא רַפְיָא. דִּינָא קַשְׁיָא תַּקִּיף, דִּינָא רַפְיָא חֲלָשׁ, וְכַד יָנְקָא הַאי דִינָא רַפְיָא, מִדִּינָא קַשְׁיָא, כְּדֵין אִתְתַּקַּף, וְאִיהוּ תַּקִּיף.
בְּשַׁעְתָּא דְּאִתְעֲבִיד דִּינָא עַל יִשְׂרָאֵל, אִתְעֲבִיד בְּהַאי דִינָא רַפְיָא, וְלָא אִתְתַּקַּף בְּהַהוּא דִּינָא קַשְׁיָא. וְכַד דִּינָא אִתְעֲבִיד עֲלַיְיהוּ דְּעַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת, אִתְתַּקַּף הַאי דִינָא רַפְיָא, בְּדִינָא קַשְׁיָא דִלְעֵילָא, בְּגִין לְאִתְתַּקְפָא. הֲדָא הוּא דִּכְתִיב, וְעָבַר יְיָ לִנְגוֹף אֶת מִצְרַיִם. וְעָבַר, דְּאִתְמְלֵי עֶבְרָה וְזַעֲמָא, וְאִתְתַּקַּף בְּדִינָא קַשְׁיָא, אוּף הָכָא וְעָבַר. וְתָּא חֲזֵי, בְּשַׁעְתָּא דְּמִתְכַּנְּשֵׁי עֲשָׂרָה בְּבֵי כְּנִישְׁתָּא, וְחַד מִנַּיְיהוּ אִשְׁתְּמִיט, כְּדֵין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַרְגִּיז עֲלֵיהּ.
דָּבָר אַחֵר וְכֵן נָגֹזוּ, כַּד מִתְעַבְּרֵי מִנַּיְיהוּ אִינוּן עוֹבָדִין בִּישִׁין, כְּדֵין וְעָבָר. מַאי וְעָבָר, רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, בְּזִמְנָא דְנִשְׁמָתָא נָפְקַת מֵהַאי עַלְמָא, בְּכַמָּה דִינִין אִתְדָּנַת עַד לָא תִיעוּל לְאַתְרָהּ. לְבָתַר, כָּל אִינוּן נִשְׁמָתִין אִית לוֹן לְמֶעֱבַר, בְּהַךְ נְהַר דִּינוּר דְּנָגִיד וְנָפִיק, וּלְאִסְתַּחָאָה תַּמָּן. וּמַאן אִיהוּ דְּיָקוּם תַּמָּן, וְיַעֲבַר בְּלָא דְחִילוּ. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים כ״ד:ג׳) מִי יַעֲלֶה בְּהַר יְיָ וְגו'. וְנִשְׁמָתָא דְּזַכָּאָה אַעֲבַר בְּלָא דְחִילוּ וְיָקוּם בִּמְקוֹם קָדְשׁוֹ.
וּמַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בִּצְדָקָה בְּהַאי עַלְמָא, וְיִתֵּן מִמָּמוֹנֵיהּ בִּצְדָקָה. כְּדֵין, וְעָבַר בְּהַהוּא אֲתַר, וְלָא דָחִיל, וְכָרוֹזָא קָרֵי לָהּ לְהַהִיא נִשְׁמָתָא, (נחום א׳:י״ב) וְעִנִּיתִיךָ לא אֲעַנֵּךְ עוֹד. מַאן דְּזָכָה לְמֶעֱבַר בְּהַאי, לֵית לֵיהּ דִּינָא יַתִּיר כְּלָל.
תָּא חֲזֵי, כָּל דָּא דְּיוֹסֵף עִם אֲחוֹי, וְכָל הַנִּי מִילֵי, אַמַּאי אִצְטְרִיךְ. אֶלָּא אוֹרַיְיתָא דִקְשׁוֹט אִיהִי אוֹרַיְיתָא, וְכָל אָרְחָהָא אָרְחִין קַדִּישִׁין. וְלֵית לָךְ מִלָּה בְּאוֹרַיְיתָא דְּלָאו אִית בָּהּ רָזִין עִלָּאִין וְקַדִּישִׁין, וְאָרְחִין לִבְנֵי נָשָׁא לְאִתְתַּקְפָא בְּהוּ.
פָּתַח וְאֲמַר, (משלי כ׳:כ״ב) אַל תֹּאמַר אֲשַׁלְּמָה רָע וְגו'. תָּא חֲזֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד לֵיהּ לְבַר נָשׁ, לְאִתְתַּקְפָא בָּהּ בְּאוֹרַיְיתָא, וּלְמֵיהַךְ בְּאֹרַח קְשׁוֹט, וְלִסְטַר יְמִינָא, וְלָא יְהַךְ לִסְטַר שְׂמָאלָא. וּבְגִין דְּבָעֵי לְהוּ (דישראל) לְמֵיהַךְ לִסְטַר יְמִינָא, אִית לוֹן לְאַסְגָּאָה רְחִימוּ דָּא עִם דָּא, וְלָא יְהֵא דְבָבוּ דָּא עִם דָּא. בְּגִין דְּלָא לְאַכְּחָשָׁא יְמִינָא, דְּאִיהוּ אֲתַר דְּיִשְׂרָאֵל מִתְדַּבְּקָן בֵּיהּ.
וְתָא חֲזֵי, בְגִין כָּךְ אִיהוּ יֵצֶר טוֹב וְיֵצֶר רָע, וְיִשְׂרָאֵל בָּעְיָין לְאִתְתַּקְפָא לְיֵצֶר טוֹב עַל יֵצֶר רָע, בְּאִינוּן עוֹבָדִין דְּכָשְׁרָן, וְאִי סָטֵי בַּר נָשׁ לִשְׂמָאלָא, כְּדֵין אִתְתַּקַּף יֵצֶר רָע עַל יֵצֶר טוֹב. וּמַאן דְּהֲוָה פָּגִים, אַשְׁלִים לֵיהּ בְּחֶטְאוֹי, דְּהָא לָא אִשְׁתַּלִּים דָּא מְנוּוָלָא, אֶלָּא בְּחֶטְאִין דִּבְנֵי נָשָׁא.
וּבְגִין כָּךְ בָּעֵי בַּר נָשׁ לְאִזְדַּהֲרָא, דְּלָא יִשְׁתַּלִּים הַהוּא יֵצֶר רַע בְּחֶטְאוֹי, וְיִסְתַּמַּר תָּדִיר. דְּהָא יֵצֶר טוֹב בָּעֵי לְאַשְׁלָמָא לֵיהּ בִּשְׁלֵימוּת תָּדִיר, וְלא יֵצֶר הָרָע. וּבְגִין כָּךְ, אַל תֹּאמַר אֲשַׁלְּמָה רַע קַּוֵה אֶל יְיָ וְיוֹשַׁע לָךְ.
דָּבָר אַחֵר אַל תֹּאמַר אֲשַׁלְּמָה רַע, כְּדִכְתִיב, (תהילים ל״ח:כ״א) וּמְשַׁלְּמֵי רָעָה תַּחַת טוֹבָה, לְמַאן דְּשַׁלִּים לֵיהּ טוֹבָה, דְּלא יַשְׁלֵים לֵיהּ רָע, בְּגִין (דחילו דקודשא בריך הוא. כמה דאת אמר, זאת עשו וחיו. ואוף איהו הוי תדיר עביד) דִּכְתִיב, (משלי י״ז:י״ג) מֵשִׁיב רָעָה תַּחַת טוֹבָה לֹא תָמוּשׁ רָעָה מִבֵּיתוֹ. אֲפִילּוּ לְמַאן דְּאַשְׁלִימוּ לֵיהּ בִּישִׁין, לָא אִית לֵיהּ לְאַשְׁלָמָא בִּישָׁא, חֲלַף הַהוּא בִישָׁא דְּשַׁלִּימוּ לֵיהּ. אֶלָּא, קַוֵּה לַיְיָ וְיוֹשַׁע לָךְ.
וְהַאי קְרָא אוּקְמוּהָ, בְּיוֹסֵף זַכָּאָה, דְּלָא בָּעָא לְאַשְׁלָמָא בִּישָׁא לַאֲחוֹי, בְּשַׁעְתָּא דְּנָפְלוּ בִּידוֹי. ק1ַוִּה לַיְיָ וְיוֹשַׁע לָךְ, בְּגִין דְּהוּא הֲוָה (Ⅰ)
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[202a]
[...] On nous enseigne que l’homme doit toujours faire triompher l’esprit du bien sur l’esprit tentateur ; si l’esprit tentateur quitte l’homme, c’est bien ; sinon, l’homme doit se consacrer à l’étude de la Loi ; car il n’y a rien qui soit aussi propre à briser la force de l’esprit du mal que l’étude de la Loi. Si l’esprit tentateur s’en va alors, c’est bien ; sinon, on doit lui rappeler le jour de mort, pour en briser la force. Cette tradition demande quelques explications. Nous savons que l’esprit tentateur est le même que l’ange exterminateur ; c’est l’ange exterminateur lui-même qui séduit les. hommes ici-bas pour avoir la joie ensuite de venir leur ôter les âmes et s’en emparer. Mais la vérité est que la tradition veut qu’à l’heure de la tentation l’homme se rappelle le jour de la mort, pour briser, non pas la force de l’esprit tentateur, mais son propre cœur ; car l’esprit tentateur ne fréquente que les endroits où règne la gaieté provoquée par le vin et la vanité ; mais quand l’esprit tentateur trouve une âme humiliée, il la quitte et ne s’attache pas à elle. Aussi, en cas de tentation, l’homme doit-il penser à la mort, pour briser son corps par ce souvenir ; et l’esprit tentateur s’en ira de lui-même.
Remarquez que l’esprit du bien se complaît à la gaieté provoquée par l’étude de la doctrine, alors que l’esprit tentateur se complaît à la gaieté provoquée par le vin et par la débauche et à l’orgueil. C’est pourquoi il convient à l’homme de repousser toujours cet esprit, en se rappelant le grand jour, le jour des jugements, le jour où il faudra rendre compte et où on ne pourrait invoquer le secours d’aucun homme ; car seules les bonnes œuvres que l’homme aura accomplies dans ce monde l’assisteront à cette heure.
Remarquez que l’Écriture dit : “ Et les hommes furent saisis de crainte lorsqu’ils avaient été conduits à la maison de Joseph. ” Si des hommes aussi forts et aussi puissants étaient saisis de crainte lorsqu’un jeune homme les conduisit dans la maison de Joseph, à plus forte raison l’homme sera-t-il saisi de crainte lorsque le Saint, béni soit-il, l’appellera devant sa justice. C’est pourquoi il convient à l’homme de s’efforcer dans ce monde de se fortifier en le Saint, béni soit-il, et de mettre en lui son espérance. Alors même que l’homme a péché, il sera fortifié en le Saint, béni soit-il, s’il fait pénitence, comme s’il n’avait jamais péché. Si les chefs de tribus ont été saisis de crainte au moment où ils étaient convaincus par Joseph de vol, c’était à cause de leurs péchés ; car s’ils n’avaient pas péché, ils n’auraient rien craint. Seuls, les péchés de l’homme brisent son cœur et lui ôtent toute force ; l’esprit du bien étant également brisé par suite du péché, l’homme ne trouve plus la force de vaincre l’esprit tentateur.
C’est pourquoi l’Écriture (Deut., XX, 8) dit : “ S’il y a quelqu’un qui est timide et dont le cœur est frappé de frayeur, qu’il s’en aille et retourne en sa maison. ” Ces paroles s’appliquent à l’homme qui craint les péchés commis qui brisent le cœur de l’homme.
Remarquez en outre après combien de générations le Saint, béni soit-il, a fait payer la faute commise par les chefs des tribus ; car rien ne se perd devant le Saint, béni soit-il, qui fait payer aux générations futures les fautes commises par les générations précédentes ; et la rigueur reste toujours suspendue jusqu’à ce que la faute soit expiée. D’où le savons-nous ? Nous le savons d’Ézéchias. Celui-ci a commis une faute en révélant aux peuples païens les secrets du Saint, béni soit-il, qu’il ne devait pas révéler ; et c’est pourquoi le Saint, béni soit-il, lui envoya Isaïe, qui lui dit (Is., XXXIX, 6) : “ Il viendra un temps où tout ce qui est en ta maison sera enlevé, et tous les trésors que tes pères ont amassés jusqu’aujourd’hui seront emportés à Babylone sans qu’il en reste rien du tout, dit le Seigneur. ”
Remarquez combien de maux ont été provoqués par le péché d’avoir divulgué ce qui devait rester secret. Car, lorsque les mystères sont divulgués à ceux qui ne doivent les connaître, le démon acquiert le pouvoir de dominer. C’est pourquoi la bénédiction ne se répand que sur des biens cachés, ainsi que cela a été déjà dit ; mais aussitôt que les biens sont découverts, c’est celui de l’autre région, c’est-à-dire le démon, qui exerce son pouvoir dessus.
Il est écrit (Lam., I, 8) : “ Tous ceux qui l’honoraient l’ont méprisée, parce qu’ils ont vu son ignominie. ” Ce verset a été déjà expliqué, mais en voici une autre explication. Les mots : “ Tous ceux qui l’honoraient... ” s’appliquent au royaume de Babylone d’où ont été envoyés des présents à Jérusalem, ainsi qu’il est écrit (Is., XXXIX, 1) : “ En ce même temps, Mérodach-Baladan, fils de Baladan, roi de Babylone, envoya des lettres et des présents à Ézéchias. ” Et quel était le contenu de cette lettre ? - “ Salut à Ézéchias, roi de Juda, et salut au grand Dieu, et salut à Jérusalem ! ” Mais à peine la lettre était-elle sortie de sa main, qu’il réfléchit et se dit : Je n’ai pas bien fait d’avoir envoyé mon salut au serviteur avant de l’avoir envoyé à son maître. Il se leva de son trône, fit trois pas, reprit la lettre qu’il voulait expédier et en écrivit une autre, rédigée ainsi : “ Salut au grand Dieu, salut à Jérusalem et salut à Ézéchias ! ” Tel est le sens des mots : “ Tous ceux qui l’ont honorée... ” [...]
- דָּחִיל לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. דִּכְתִיב, זֹאת עֲשׂוּ וִחְיוּ וְגו'. (ואוף) וְאִיהוּ תָּדִיר הֲוָה מְחַכֶּה לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. (ס''א כמה דאת אמר, קוה ליי ויושע לך).
רִבִּי אַבָּא פָּתַח וְאֲמַר, (משלי כ׳:ה׳) מַיִם עֲמוּקִים עֵצָה בְּלֵב אִישׁ וְאִישׁ תְּבוּנָה יִדְלֶנָּה. מַיִם עֲמוּקִים עֵצָה בְּלֵב אִישׁ, דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. בְּגִין דְּאִיהוּ עָבִיד עֵצוֹת, דְּאַיְיתֵי טַעֲמִין לְגַלְגְּלָא גִּלְגּוּלִין עַל עַלְמָא עַל יְדָא דְיוֹסֵף, לְקַיְימָא הַהוּא גְזֵרָה, דְּגָזַר כַּפְנָא עַל אַרְעָא (נ''א עלמא). וְאִישׁ תְּבוּנָה יִדְלֶנָּה, דָּא יוֹסֵף. דְּגָלֵי אִינוּן עֲמִיקִין, דְּגָזַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַל עַלְמָא.
תָּא חֲזֵי, יוֹסֵף לא דַי לֵיהּ דְּאִיהוּ לָא שַׁלִּים בִּישָׁא לַאֲחוֹי, אֶלָא דְּעֲבַד עִמְּהוֹן טִיבוּ וּקְשׁוֹט. וְכָךְ אָרְחֵיהוֹן דְּזַכָּאֵי תָּדִיר. בְּגִין דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חָיִיס עֲלַיְיהוּ תָּדִיר, בְּעַלְמָא דֵין וּבְעַלְמָא דְאָתֵי.
מַיִם עֲמוּקִים עֵצָה בְּלֶב אִישׁ, דָּא יְהוּדָה. וְהָא אוּקְמוּהָ, בְּשַׁעְתָּא דְּאִתְקָרִיב לְגַבֵּיהּ דְּיוֹסֵף, עַל עִסְקָא דְבִנְיָמִין. וְאִישׁ תְּבוּנָה יִדְלֶנָּה, דָּא יוֹסֵף.
רִבִּי אַבָּא הֲוָה יָתִיב אֲתַרְעָא דְּאַבָּבָא דְלוֹד, חָמָא חַד בַּר נָשׁ דְּהֲוָה אָתֵי, וְיָתִיב בְּחַד קוּלְטָא דְּתָלָא דְאַרְעָא, וְהֲוָה לָאֵי מֵאָרְחָא, וְיָתִיב וְנָאִים תַּמָּן. אַדְּהָכִי חָמֵי חַד חִוְיָא, דְּהֲוָה אָתֵי לְגַבֵּיהּ, נָפַק קוֹסְטְפָא דְגוּרְדְּנָא, וְקָטִיל לֵיהּ לְחִוְיָא. כַּד אִתְעַר הַהוּא בַּר נָשׁ, חָמָא הַהוּא חִוְיָא לְקֳבְלֵיהּ, דְּהֲוָה מִית. אִזְדַּקַּף הַהוּא בַּר נָשׁ, וְנָפַל הַהוּא קוּלְטָא לְעוּמְקָא דִּתְחוֹתוֹי וְאִשְׁתֵּזִיב.
אֲתָא רִבִּי אַבָּא לְגַבֵּיהּ, אָמַר לֵיהּ, אֵימָא לִי מָאן עוֹבָדָךְ. דְּהָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא רָחִישׁ לָךְ אִלֵּין תְּרֵין נִסִּין, לָאו אִינוּן לְמַגָּנָא. אָמַר לֵיהּ הַהוּא בַּר נָשׁ, כָּל יוֹמָאי לָא אַשְׁלִים לִי בַּר נָשׁ בִּישָׁא בְּעַלְמָא, דְּלָא אִתְפַּיַּיסְנָא בַּהֲדֵיהּ, וּמָחִילְנָא לֵיהּ. וְתוּ, אִי לָא יָכִילְנָא לְאִתְפַּיְיסָא בַּהֲדֵיהּ, לָא סָלִיקְנָא לְעַרְסִי, עַד דְּמָחִילְנָא לֵיהּ, וּלְכָל אִינוּן דִּמְצַעֲרוּ לִי, וְלָא חַיְישָׁנָא כָּל יוֹמָא לְהַהוּא בִּישָׁא דְּאַשְׁלִים לִי. וְלָאו דִּי לִי דָא, אֶלָּא דִּמְהַהוּא יוֹמָא וּלְהָלְאָה, אִשְׁתַּדַּלְנָא לְמֶעְבַּד עִמְּהוֹן טָבָא.
בָּכָה רִבִּי אַבָּא וְאֲמַר, יַתִּיר עוֹבָדוֹי דְּדֵין מִיּוֹסֵף, דְּיוֹסֵף הֲווּ אֲחוֹי וַדַּאי, וְהֲוָה לֵיהּ לְרַחֲמָא עֲלוֹי. אֲבָל מַה דְּעֲבִיד דָּא, יַתִּיר הוּא מִיּוֹסֵף. יָאוֹת הוּא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יַרְחִישׁ לֵיהּ נִיסָּא עַל נִיסָּא.
פָּתַח וְאֲמַר, (משלי י׳:ט׳) הוֹלֵךְ בַּתֹּם יֵלֶךְ בֶּטַח וּמְעַקֵּשׁ דְּרָכָיו יִוָּדֵעַ. הוֹלֵךְ בַּתּוֹם יֵלֶךְ בֶּטַח, דָּא הַהוּא בַּר נָשׁ, דְּאָזִיל בְּאָרְחִין דְּאוֹרַיְיתָא. יֵלֶךְ בֶּטַח, דְּלָא יָכִילוּ נִזְקֵי דְעַלְמָא לְאַבְאָשָׁא לֵיהּ. וּמְעַקֵּשׁ דְּרָכָיו יִוָּדֵעַ, מַאן יִוָּדֵעַ. דָּא הוּא מַאן דְּאַסְטֵי מֵאָרְחָא דִקְשׁוֹט, וּבָעֵי גַבֵּי דְחַבְרֵיהּ. יִוָּדֵעַ, מַהוּ יִוָּדֵעַ, יִשְׁתְּמוֹדַע אִיהוּ בְּעֵינֵיהוֹן דְּכָל מָארֵי דְּדִינָא, דְּלָא יִתְאֲבִיד מִנַּיְיהוּ דִּיוּקְנָא דְהַהוּא בַּר נָשׁ. בְּגִין לְאַיְיתָאָה לֵיהּ לְאַתְרָא דְּיִנְקְמוּן מִנֵּיהּ, וּבְגִין כָּךְ יִוָּדֵעַ.
וְתָּא חֲזֵי, הַהוּא דְּאָזִיל בְּאֹרַח קְשׁוֹט, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חָפֵי עֲלֵיהּ, בְּגִין דְּלָא אִתְיְדַע, וְלָא אִשְׁתְּמוֹדַע, לְגַבֵּי מָארֵיהוֹן דְּדִינָא. אֲבָל מְעַקֵּשׁ דְּרָכָיו יִוָּדֵעַ, וְיִשְׁתְּמוֹדַע לְגַבַּיְיהוּ. זַכָּאִין אִינוּן בְּנֵי נָשָׁא דְּאָזְלֵי בְּאֹרַח קְשׁוֹט, וְאָזְלֵי לְרוֹחֲצָן עַל עַלְמָא. דְּלָא דָּחֲלֵי אִינוּן בְּעַלְמָא דֵין, וְלָא בְּעַלְמָא דְאָתֵי:
וַיִּירְאוּ הָאֲנָשִׁים כִּי הוּבְאוּ בֵּית יוֹסֵף. רִבִּי יוֹסֵי אָמַר, וַוי לוֹן לִבְנֵי נָשָׁא, דְּלָא יָדְעֵי וְלָא מִסְתַּכְּלִין בְּאָרְחֵי דְאוֹרַיְיתָא. וַוי לוֹן בְּשַׁעְתָּא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יֵיתֵי לְמִתְבַּע לוֹן דִּינָא עַל עוֹבָדֵיהוֹן, וְיָקוּם גּוּפָא וְנַפְשָׁא לְמֵיהַב חוּשְׁבָּנָא מִכָּל עוֹבָדֵיהוֹן, עַד לָא יִתְפָּרְשׁוּן נַפְשָׁא מִן גּוּפָא.
וְהַהוּא יוֹמָא, יוֹמָא דְּדִינָא אִיהוּ, יוֹמָא דְּסִפְרִין פְּתִיחָן, וּמָארֵיהוֹן דְּדִינָא קָיְימִין. בְּגִין דְּהַהוּא זִמְנָא, קָיְימָא נָחָשׁ בְּקִיּוּמֵיהּ, לְנַשְׁכָא לֵיהּ. וְכָל שַׁיְיפֵי מִתְרַגְּשִׁין לְגַבֵּיהּ, וְנִשְׁמָתָא אִתְפָּרְשָׁא מִן גּוּפָא, וְאָזְלָא וְשַׁטְיָא. וְלָא יָדְעַת לְאָן אָרְחָא תְּהַךְ, וּלְאָן אֲתַר סָלְקִין לָהּ.
וַוי לְהַהוּא יוֹמָא, יוֹמָא דְרוּגְזָא וּנְאִיצוּ הַהוּא יוֹמָא, בְגִין כָּךְ אִבָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ, לְאַרְגָּזָא יִצְרֵיהּ כָּל יוֹמָא, לְאַדְכָּרָא קַמֵּיהּ הַהוּא יוֹמָא, דְּיֵיקוּם בְּדִינָא דְמַלְכָּא, דְּקָא עָאלִין לֵיהּ תְּחוֹת אַרְעָא לְאִתְרַקְּבָא, וְנִשְׁמָתָא אִתְפָּרְשָׁא (Ⅰ)
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[202b]
[...] Et ensuite l’Écriture ajoute. “ ... L’ont méprisée. ” Et pourquoi l’ont-ils méprisée ? L’Écriture répond : “ ... Parce qu’ils ont vu son ignominie ”, ce qui veut dire : à cause d’Ézéchias ; car, sans cela, ils ne l’auraient pas méprisée ensuite. C’est par le mérite d’Ézéchias que le châtiment a été différé et n’eut pas lieu durant sa vie, ainsi qu’il est écrit (Is., XXXIX, 8) : “ Que la paix et la vérité durent pendant ma vie. ” C’est sa descendance qui a ensuite payé sa faute. De même, la faute des chefs de tribus n’a pas été expiée immédiatement ; le châtiment est resté suspendu jusqu’à l’heure où la rigueur céleste sévissait dans le monde. Il résulte de ce qui précède que l’homme qui a commis des péchés est toujours saisi de crainte, ainsi qu’il est écrit (Deut., XXVII, 6) : “ Et tu craindras nuit et jour, etc. ” Tel est le sens des paroles : “ Et les hommes furent saisis de frayeur lorsqu’ils avaient été conduits dans la maison de Jacob. ” Il est écrit (Gen., XLIII, 29) : “ Et il leva ses yeux et vit Benjamin son frère, fils de sa mère. ”
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Prov., XIII, 12) : “ L’espérance différée afflige l’âme, et le désir qui s’accomplit est un arbre de vie. ” Ce verset corrobore la tradition suivant laquelle l’homme ne doit pas se préoccuper si la demande qu’il adresse au Saint, béni soit-il, sera exaucée ou non. Pourquoi ? Parce que, si l’homme persiste à vouloir que ses vœux se réalisent, de nombreux chefs de rigueur examinent sa conduite. Tel est le sens anagogique de ce verset cité ; quiconque persiste à souhaiter la réalisation de ses vœux, finit par s’attirer “ celui qui afflige l’âme ”. Qui afflige l’âme ? C’est celui qui se tient toujours près de l’homme pour requérir contre lui en haut et en bas. Les mots : “ ... Et le désir qui s’accomplit est un arbre de vie ” corroborent la tradition suivant laquelle quiconque désire que le Saint, béni soit-il, agrée sa prière, doit se consacrer à l’étude de la Loi qui est l’Arbre de Vie. Alors le désir se réalisera. Que signifie le mot “ chaavâ ” (désir) ? - C’est le degré céleste qui tient toutes les prières du monde entre ses mains et les transmet au Roi suprême. Ici l’Écriture se sert du mot “ baah” ; et ailleurs il est écrit (Esther, II, 14) : “ Le soir, elle vint (baah), et le matin elle retourna, etc. ” Donc “ baah ” signifie que la prière parvient jusqu’au Roi suprême, pour que le désir soit accompli.
D’après une autre interprétation, les mots : “ L’espérance différée afflige l’âme ” s’appliquent à ces sortes de faveurs accordées à l’homme sur sa demande, qui sont transmises d’un chef céleste à l’autre et qui arrivent toujours ici-bas. Pourquoi ? Parce que, quand la prière n’est pas adressée au degré céleste qu’il convient, la faveur accordée sur cette demande ne vient pas directement de Dieu ; mais elle est transmise d’un chef céleste à l’autre jusqu’à ce qu’elle arrive ici-bas. Les paroles : “ ... Et le désir qui s’accomplit est un arbre de vie ” s’appliquent aux faveurs accordées directement par le Saint, béni soit-il. Les faveurs transmises par l’intermédiaire des anges ne parviennent parfois pas jusqu’à l’homme, parce que les chefs de la Rigueur sont autorisés à examiner ces sortes de faveurs pour savoir si l’homme en est digne ; s’ils le trouvent indigne, ils arrêtent les faveurs accordées. Mais il n’en est pas de même des faveurs émanant directement du Roi ; elles arrivent toujours jusqu’à l’homme, qu’il en soit digne ou non. Tel est le sens des paroles : “ ... Et le désir qui s’accomplit est un arbre de vie. ”
D’après une autre interprétation, les paroles : “ L’espérance différée afflige l’âme ” s’appliquent à la longue attente de Joseph pour voir son père ; et les paroles : “ ... Et le désir qui s’accomplit est un arbre de vie” s’appliquent à Benjamin, que Joseph n’avait pas besoin d’attendre longtemps attendu que le temps écoulé entre le désir exprimé par Joseph de voir Benjamin et l’arrivée de celui-ci ne fut que de peu de durée.
C’est pourquoi l’Écriture dit : “ Et il leva ses yeux et vit Benjamin son frère, fils de sa mère. ” Que signifient : “ ... Fils de sa mère ” ? - Benjamin avait la physionomie de sa mère et son visage ressemblait exactement à celui de Rachel.
Rabbi Yossé demanda : L’Écriture a déjà dit précédemment (Gen., XLIII, 16) : “ Et Joseph les a vus avec Benjamin. ” Pourquoi répète-t-elle ensuite : “ Et Joseph a levé les yeux et vit Benjamin ” ? Qu’a-t-il donc vu de nouveau ? Mais Joseph a vu, par l’Esprit Saint, que Benjamin aura sa part avec ses frères en terre sainte ; il vit en outre que c’est sur le domaine de Benjamin et de Juda que la Schekhina résidera ; car c’est sur leurs domaines que le sanctuaire a été édifié. Tel est le sens des paroles : “ Et Joseph les a vus avec Benjamin. ” Il a vu que Benjamin aura une part avec ses frères, alors que Joseph lui-même, bien que frère également, n’eut aucune part. Tel est également le sens des paroles : “ Et Joseph leva ses yeux et vit Benjamin son frère, fils de sa mère. ” L’Écriture (Gen., XLIII, 30) ajoute : “ Et Joseph se hâta de sortir, parce qu’il était ému à cause de ses frères. Ne pouvant retenir ses larmes, il entra dans sa chambre où il pleura. ”
Rabbi Hizqiya ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Is., XXII, 1) : “ Prophétie contre la vallée de vision. D’où vient que tu montes ainsi en foule sur les toits ? ” Remarquez que ce verset a été appliqué à l’époque où le temple avait été détruit par le feu. Tous les prêtres montèrent alors [...]
- מִנֵּיהּ.
וּתְנַן, לְעוֹלָם יַרְגִּיז אָדָם יֵצֶר טוֹב עַל יֵצֶר הָרָע, וְיִשְׁתַּדֵּל אֲבַתְרֵיהּ. אִי אָזִיל מִנֵּיהּ, יָאוֹת. וְאִי לָאו, יִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא. דְּהָא לֵית לָךְ מִלָּה לְתַבְרָא יֵצֶר הָרָע אֶלָּא אוֹרַיְיתָא. אִי אָזִיל, מוּטָב. וְאִי לָאו, יַדְכַּר לֵיהּ יוֹמָא דְמוֹתָא, בְּגִין לְתַבְּרָא לֵיהּ.
הָכָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא, דְהָא דָא הוּא (קסא ב) יֵצֶר הָרָע, וְדָא הוּא מַלְאַךְ הַמָּוֶת. וְכִי מַלְאַךְ הַמָּוֶת מִתְבַּר מִקַּמֵּי יוֹמָא דְמוֹתָא. וְהָא אִיהוּ קָטוֹלָא דִּבְנִי נָשָׁא הֲוֵי, וְאִשְׁתְּמַע דְּחֶדְוָה הוּא דִילֵיהּ. וּבְגִין כָּךְ אַסְטֵי לוֹן לִבְנִי נָשָׁא תָּדִיר, בְּגִין לְאַמְשָׁכָא לוֹן לְדָא.
אֶלָּא וַדַּאי מַה דְּאִתְּמָר, דְּיִדְכּוֹר לֵיהּ בַּר נָשׁ הַהוּא יוֹמָא דְמוֹתָא. וַדַּאי הָכִי הוּא, בְּגִין דְּמִתְבַּר לִבָּא דְבַר נָשׁ. דְּהָא יֵצֶר הָרָע לָא שַׁרְיָא אֶלָּא בְּאֲתַר דְּאִשְׁתַּכַּח חֶדְוָה דְחַמְרָא, וְגַסּוּתָא דְרוּחָא. וְכַד אִשְׁתַּכַּח רוּחָא תְּבִירָא, כְּדֵין אִתְפְּרַשׁ מִנֵּיהּ, וְלָא שַׁרְיָא בַּהֲדֵיהּ. וּבְגִין כָּךְ בָּעֵי לְאַדְכָּרָא לֵיהּ יוֹמָא דְמוֹתָא, וְיִתְבַּר גּוּפֵיהּ, וְאִיהוּ אָזִיל לֵיהּ.
תָּא חֲזֵי, יֵצֶר טוֹב בָּעֵי חֶדְוָה דְאוֹרַיְיתָא, וְיֵצֶר רָע חֶדְוָה דְחַמְרָא, וְנִיאוּפִין וְגַסּוּתָא דְרוּחָא. וּבְגִין כָּךְ בָּעֵי בַּר נָשׁ לְאַרְגָּזָא (ליה) תָּדִיר, מֵהַהוּא יוֹמָא רַבָּא, יוֹמָא דְדִינָא, יוֹמָא דְּחוּשְׁבְּנָא. דְּלֵית לֵיהּ לְבַר נָשׁ לַאֲגָנָא עֲלֵיהּ, אֶלָּא עוֹבָדוֹי דְּכַשְׁרָן, דְּאִיהוּ עָבִיד בְּהַאי עַלְמָא. בְּגִין דְּיָגִינוּ עֲלֵיהּ בְּהַהִיא שַׁעְתָּא.
תָּא חֲזֵי, וַיִּירְאוּ הָאֲנָשִׁים כִּי הוּבְאוּ בֵּית יוֹסֵף. וּמַה כֻּלְּהוּ הֲווּ גִּיבָּרִין, כֻּלְּהוּ תַּקִּיפִין, וְחַד עוּלֵימָא דְּאַיְיתֵי לוֹן לְבֵיתָא דְיוֹסֵף, דַּחֲלוּ. כַּד יֵיתֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְמִתְבַּע לֵיהּ לְדִינָא לְבַר נָשׁ, עַל אַחַת כַּמָּה וְכַמָּה.
בְּגִין כָּךְ בָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ, לְאִזְדַּהֲרָא בְּהַאי עַלְמָא. לְאִתְתַּקְפָא בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְיַשְׁוֵי בֵּיהּ רוֹחֲצָנֵיהּ. דְּאַף עַל גַּב דְּאִיהוּ חָטֵי, אִי יֶהדַר מִנֵּיהּ בִּתְיוּבְתָּא שְׁלֵימָתָא, הָא תַּקִּיף אִיהוּ, וְיִתְתַּקַּף בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כְּאִילּוּ לָא חָטָא.
דְּהָא שִׁבְטִין, בְּגִין דְּחָטוּ עַל גְּנֵיבַת יוֹסֵף, הֲווּ דַּחֲלִין. דְּאִלְּמָלֵא לָא חָטוּ, לָא הֲווּ דָּחֲלִין כְּלַל. בְּגִין דְּחוֹבוֹי דְּבַר נָשׁ מְתַבְּרִין לִבֵּיהּ, וְלֵית לֵיהּ חֵילָא כְּלַל. מַאי טַעְמָא, דְּהָא הַהוּא יֵצֶר הַטּוֹב אִתְבַּר עִמֵּיהּ, וְלֵית לֵיהּ חֵילָא לְאִתְתַּקְּפָא עַל הַהוּא יֵצֶר הָרָע. וְעַל דָּא כְּתִיב, (דברים כ׳:ח׳) מִי הָאִישׁ הַיָּרֵא וְרַךְ הַלֵּבָב, הַיָּרֵא (דיראה דא) מֵחוֹבִין דְּבִידוֹי, דְּאִינוּן תְּבִירָא דְּלִבָּא דְּבַר נָשׁ.
וְתָּא חֲזֵי, לְכַמָּה דָרִין אִתְפְּרַע קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, מֵאִינוּן חוֹבִין דְּשִׁבְטִין, דְּהָא לָא אִתְאֲבִיד מִקַּמֵּיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּלוּם. וְאִתְפְּרַע מִדָּרָא לְדָרָא, וְדִינָא קָיְימָא קַמֵּיהּ תָּדִיר, עַד דְּאִתְפְּרַע, וְשָׁרֵי דִינָא בְּאֲתַר דְּאִצְטְרִיךְ.
מְנָלָן, מֵחִזְקִיָּהוּ. חִזְקִיָּהוּ חָב הַהוּא חוֹבָא, דְּגָלֵי סְתִירִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, לִשְׁאָר עַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת, דְּלָא הֲוָה אִצְטְרִיךְ לְגַלָּאָה. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שַׁדַּר לֵיהּ לִישַׁעְיָהוּ, וְאָמַר לֵיהּ, (ישעיהו ל״ט:ו׳) הִנֵּה יָמִים בָּאִים וְנִשָּׂא כָּל אֲשֶׁר בְּבֵיתֶךָ וַאֲשֶׁר אָצְרוּ אֲבוֹתֶיךָ עַד הַיּוֹם הַזֶּה וְגו'.
תָּא חֲזֵי, כַּמָּה גָרִים הַהוּא חוֹבָא, בְּגִין דְּגַלֵּי מַה דְּהֲוָה סָתִים. דְּכֵיוָן דְּאִתְגְּלֵי, אִתְיְיהִיב דּוּכְתָּא לְאֲתַר אָחֳרָא דְּלָא אִצְטְרִיךְ, לְשַׁלְּטָאָה עֲלֵיהּ. בְּגִין כָּךְ לָאו בְּרָכָה שַׁרְיָא, אֶלָּא בְּאֲתַר סָתִים. וְאוּקְמוּהָ, מַה דְּאִיהוּ (הוה) סָתִים, בְּרָכָה (דהוה) שַׁרְיָא עֲלוֹי, כֵּיוָן דְּאִתְגְּלֵי אִתְיְיהִיב דּוּכְתָּא, לְאֲתַר אָחֳרָא לְשַׁלְטָאָה עֲלוֹי.
כְּתִיב, (איכה א׳:ח׳) כָּל מְכַבְּדֶיהָ הִזִּילוּהָ כִּי רָאוּ עֶרְוָתָהּ, וְאוּקְמוּהָ. אֲבָל כָּל מְכַבְּדֶיהָ הִזִּילוּהָ, דָּא הוּא מַלְכוּת בָּבֶל, דְּהָא מִתַּמָּן אִשְׁתַּדַּר דּוֹרוֹן לִיְרוּשְׁלֵם. דִּכְתִיב, (ישעיהו ל״ט:א׳) בָּעֵת הַהִיא שָׁלַח מְרוֹדָךְ בַּלְאֲדָן בֶּן בַּלְאֲדָן מֶלֶךְ בָּבֶל סְפָרִים וּמִנְחָה אֶל חִזְקִיָּהוּ.
וּמַה כְּתִיב בְּהוּ, שְׁלָם לְחִזְקִיָהוּ מֶלֶךְ יְהוּדָה, וּשְׁלָם לֵאלָהָא רַבָּא וּשְׁלָם לִיְרוּשְׁלֵם. כֵּיוָן דְּנָפַק פִּתְקֵיהּ מִנֵּיהּ, אַהֲדַר לְלִבֵּיהּ וְאֲמַר, לָא יָאוֹת עָבְדִית לְאַקְדָּמָא שְׁלָמָא דְעַבְדָא, לִשְׁלָמָא דְמָארֵיהּ. קָם מִכּוּרְסְיֵהּ וּפָסַע ג' פְּסִיעָן וְאַהֲדַר פִּתְקֵיהּ, וְכָתַב אָחֳרָנִין תְּחוֹתַיְיהוּ, וְכָתַב הָכִי. שְׁלָם לֵאלָהָא רַבָּא, שְׁלָם לִיְרוּשָׁלַ ם, וּשְׁלָם לְחִזְקִיָּה, וְדָא הוּא מְכַבְּדֶיהָ. (Ⅰ)
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[203a]
[...] sur les murailles du sanctuaire, ayant toutes leurs clefs entre leurs mains, et dirent à Dieu : Jusqu’ici, nous étions tes administrateurs ; à partir d’aujourd’hui, reprends ton bien.
Remarquez (20) aussi que les mots : “ ... Vallée de vision ” désignent la Schekhina qui résidait dans le sanctuaire et dont tout le monde a tiré le don de la prophétie ; car, alors même que les prophètes avaient des visions concernant d’autres régions, c’est toujours de la Schekhina résidant à Jérusalem qu’ils ont reçu leur vision. C’est pourquoi, la Schekhina résidant à Jérusalem est appelée “ vallée de vision ” ; car elle est le reflet de tous les degrés célestes.
L’Écriture ajoute : “ D’où vient que tu montes ainsi en foule sur les toits ? ” Car lorsque le temple a été détruit, la Schekhina a quitté les lieux où elle avait coutume de résider auparavant ; et elle pleura à cause de sa résidence, à cause d’Israël mené en exil et à cause de tous les justes et de tous les zélés qui y avaient péri. D’où le savons-nous ? - Des paroles de l’Écriture (Jér, XXXI, 15) : “ Un grand bruit s’est élevé en haut ; on y a entendu des cris mêlés des plaintes et des soupirs de Rachel qui pleure ses enfants et qui ne peut se consoler de leur perte ”, ainsi que cela a été déjà expliqué. C’est donc le Saint, béni soit-il, qui dit à la Schekhina : “ D’où vient que tu montes ainsi en foule sur les toits ? ” Du moment que l’Écriture dit : “ ... Que tu montes ”, elle n’aurait pas eu besoin d’ajouter : “ ... En foule ” ! Mais elle veut nous indiquer par-là que toutes les légions, ainsi que les chefs célestes, pleurèrent avec la Schekhina la destruction du sanctuaire. C’est pourquoi Dieu dit : “ D’où vient, etc. ”
La Schekhina répondit : Comment ! mes fils sont en exil et mon sanctuaire est détruit par le feu : et tu me demandes d’où vient que je monte sur les toits ? Que ferais-je ici dorénavant ? Elle commença ensuite à parler (Is., XXII, 2) ainsi : “ Ville pleine de tumulte, ville pleine de peuple, ville triomphante, tes enfants sont tués et ils ne sont point morts par l’épée ; ce n’est point la guerre qui les a fait périr ; tes princes ont pris la fuite ; ils ont été chargés de chaînes, etc. C’est pourquoi j’ai dit : Retirez-vous de moi, pour que je répande des larmes amères. ” Mais il a été dit que le Saint, béni soit-il, répondit à la Schekhina (Jér., XXXI, 16) : “ Voici ce que dit le Seigneur. Que ta bouche étouffe ses plaintes, et que tes yeux cessent de verser des larmes, parce que tes œuvres auront leur récompense, dit le Seigneur, et que tes enfants retourneront de la terre de l’ennemi, etc. ”
Remarquez en outre que, depuis la destruction du sanctuaire, il ne se passe pas de jour sans malédiction ; car tant que le sanctuaire existait, Israël y pratiquait les cérémonies sacrées et y offrait des holocaustes, et la Schekhina résidait dans le sanctuaire, comme une mère veille ses enfants ; tous les visages s’épanouissaient de joie, au point que les bénédictions se répandaient en haut et en bas ; il n’y avait pas de jour sans bénédiction et sans joie ; Israël était la base du monde, et tous les peuples étaient nourris par le mérite d’Israël. Mais maintenant que le sanctuaire est détruit et que la Schekhina est avec Israël dans l’exil ; il n’y a point de jour sans malédiction ; le monde est maudit, et il n’y a point de joie ni en haut ni en bas. Mais le Saint, béni soit-il, fera un jour ressusciter la “ Communauté d’Israël ”, ainsi qu’une tradition nous l’apprend ; ce sera pour la joie de tout le monde, ainsi qu’il est écrit (Is., LVI, 7) : Je les ferai venir sur ma montagne sainte et je les remplirai de joie dans la maison consacrée à mes prières. ” Et ailleurs (Jér., XXXI, 9) : “ Ils reviendront en pleurant ; et je les ramènerai dans ma miséricorde. ” Car auparavant, en allant en exil, la “ Communauté d’Israël ” avait pleuré (Lam., I, 2) : “ Elle n’a point cessé de pleurer pendant la nuit, et ses joues sont trempées de ses larmes. ” C’est pourquoi Dieu la ramènera en pleurant : “ Ils reviendront en pleurant, etc. ” Il est écrit (Gen., XLIV, 3) : “ Dès le matin, on laissa aller les hommes avec leurs ânes. ”
Rabbi Éléazar dit : Ce verset mérite qu’on l’examine attentivement. Pourquoi l’Écriture a-t-elle besoin de nous dire : “ On laissa aller leurs ânes ” ? On conçoit qu’elle nous apprenne qu’on a laissé aller les hommes : mais dans quel but nous apprendre qu’on a laissé partir les ânes ? Mais, comme les frères de Joseph (Gen.? XLIII, 18) avaient dit : “ C’est à cause de cet argent que nous avons remporté dans nos sacs qu’il nous a fait entrer ici, pour nous le reprocher et nous opprimer en nous réduisant en servitude, nous et nos ânes ”, Joseph a voulu qu’on les laissât partir avec leurs ânes. Rabbi Eléazar commença en outre à parler ainsi : Il est écrit (Gen., XXII, 3) : “ Abraham se leva le matin de bonne heure et bâtait son âne, etc. ” C’était le zèle d’Abraham, qui se levait le matin de bonne heure pour accomplir le commandement de Dieu, qui protégea les chefs des tribus à l’heure de ce matin où on les laissa partir d’Égypte ; car ce matin-là la rigueur céleste sévissait contre eux, et le chef de la rigueur demandait qu’on leur fît expier leurs péchés ; mais le mérite d’Abraham les avait protégés en en différant le châtiment.
Rabbi Yehouda commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (II Rois, XXIII, 4) : “ Et comme la lumière du matin lorsque le soleil se lève, un matin sans nuages, et comme l’herbe qui germe de la terre lorsqu’elle est arrosée par la pluie... ” Les mots : “ Comme la lumière du matin... ” désignent la lumière qui éclairait le monde au matin où Abraham allait offrir son fils en holocauste. Les mots : “ ... Lorsque le soleil se lève ” désignent le soleil qui éclairait Jacob, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXXII, 32) : “ Et le soleil l’éclaira en se levant. ” Ce matin-là était exempt de nuages ; mais il resplendissait par l’eau de la pluie tombée sur l’herbe, - cette pluie qui émanait du côté d’Isaac et qui fit germer l’herbe de la terre.
D’après une autre interprétation, les mots : “ Comme la lumière du matin... ” désignent le matin d’Abraham. Les mots : [...]
- וּלְבָתַר הִזִּילוּהָ, מַאי טַעְמָא הִזִּילוּהָ. בְּגִין כִּי רָאוּ עֶרְוָתָה, דְּאַחְזֵי לוֹן חִזְקִיָּה. דְּאִלְמָלֵא כָּךְ, לא הִזִּילוּהָ לְבָתַר. מִגּוֹ דְּהֲוָה זַכָּאָה חִזְקִיָּהוּ יַתִּיר, אִתְעַכַּב מִלָּה מִלְּאַיְיתָאָה, וְלָא אֲתָא בְּיוֹמוֹי. דִּכְתִיב, (ישעיהו ל״ט:ח׳) כִּי יִהְיֶה שָׁלוֹם וְאֱמֶת בְּיָמַי. וּלְבָתַר פַּקִּיד הַהוּא חוֹבָא לִבְנוֹי אַבַּתְרֵיהּ.
כְּגַוְונָא דָא, הַהוּא חוֹבָא דְּשִׁבְטִין, קָאִים עַד לְבָתַר. בְּגִין דְּדִינָא דִלְעֵילָא, לָא יָכִיל לְשַׁלְּטָאָה עֲלַיְיהוּ, עַד דְּאִשְׁתַּכַּח שַׁעְתָּא לְאִתְפָּרְעָא, וְאִתְפְּרַע מִינַּיְיהוּ. וּבְּגִין כָּךְ כָּל מַאן דְּאִית חוֹבִין בִּידוֹי, דָּחִיל תָּדִיר. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (דברים כ״ח:ס״ו) וּפָחַדְתָּ לַיְלָה וְיוֹמָם וְגו'. וְעַל דָּא וַיִּירְאוּ הָאֲנָשִׁים כִּי הוּבְאוּ וְגו':
וַיִּשָּׂא עֵינָיו וַיַּרְא אֶת בִּנְיָמִין אָחִיו בֶּן אִמּוֹ וְגו'. רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאֲמַר, (משלי י״ג:י״ב) תּוֹחֶלֶת מְמוּשָׁכָה מַחֲלָה לֵב וְעֵץ חַיִּים תַּאֲוָה בָאָה. דָּא הוּא דִּתְנַן, דְּלֵית לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְאִסְתַּכָּלָא בְּבָעוּתֵיהּ לְגַבֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אִי אָתֵי, אִי לָא אָתֵי. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּאִי אִיהוּ אִסְתַּכֵּל בֵּיהּ, כַּמָּה מָארֵיהוֹן דְּדִינָא, אָתוּ לְאִסְתַּכָּלָא בֵּיהּ בְּעוֹבָדוֹי.
וְרָזָא אִיהוּ, דְּהָא הַהוּא אִסְתַּכְּלוּתָא, דְּאִיהוּ מִסְתַּכֵּל בְּהַהוּא בָּעוּתָא, גָּרִים לֵיהּ לְמַחֲלַת לֵב. מַאי מַחֲלָה לֵב, דָּא אִיהוּ מַאן דְּקָאִים תָּדִיר עֲלֵיהּ דְּבַר נָשׁ, לְאַסְטָאָה לְעֵילָא וְתַתָּא.
וְעֵץ חַיִּים תַּאֲוָה בָאָה. תָּנִינָן, מַאן דְּבָעֵי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יְקַבֵּל צְלוֹתֵיהּ, יִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא, דְּאִיהִי עֵץ חַיִּים. וּכְדֵין תַּאֲוָה בָאָה. מַאן תַּאֲוָה, דָּא הוּא דַּרְגָּא דְּכָל צְלוֹתִין דְּעַלְמָא בִּידֵיהּ, וְעֲאִיל לוֹן קַמֵּי מַלְכָּא עִלָּאָה. כְּתִיב הָכָא בָאָה, וּכְתִיב הָתָם, (אסתר ב׳:י״ד) בָּעֶרֶב הִיא בָאָה. וְדָא הוּא תַּאֲוָה בָאָה, בָּאָה קַמֵּי מַלְכָּא עִלָּאָה, לְאַשְׁלָמָא רְעוּתָא דְהַהוּא בַּר נָשׁ.
דָּבָר אַחֵר, תּוֹחֶלֶת מְמוּשָׁכָה מַחֲלָה לֵב, דָּא הוּא אֲתַר, דְּאִתְיְיהִיב הַהִיא מִלָּה, בְּאֲתַר אָחֳרָא דְּלָא אִצְטְרִיךְ. וְאִתְמַשְּׁכָא עַד דְּאִתְיְיהִיב מִיָּדָא לְיָדָא, וּלְזִמְנִין דְּלָא יִיִתֵי. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּאִתְפַּשְּׁטָא וְאִתְמַשְּׁכָא בְּכָל אִינוּן מְמַנָּן, לְנַחֲתָא לֵיהּ לְעַלְמָא.
וְעֵץ חַיִּים תַּאֲוָה בָאָה, דָּא הוּא תּוֹחֶלֶת, דְּלָא אִתְמַשְּׁכָא, בְּגִין אִינוּן מְמַנָּן רְתִיכִין, אֶלָּא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָהִיב (לון) לֵיהּ לְאַלְתָּר. בְּגִין דְּכַד אִתְמַשְּׁכָא בֵּין אִינוּן מְמַנָּן רְתִיכִין, כַּמָּה אִינוּן מָארֵיהוֹן דְּדִינָא דְּאִתְיְיהִיב לוֹן רְשׁוּתָא. לְעַיְינָא וּלְאִסְתַּכְּלָא בְּדִינֵיהּ, עַד לָא יִנָּתְנוּן לֵיהּ. וּמַה דְּנָפִיק מִבֵּי מַלְכָּא וְאִתְיְיהִיב לֵיהּ לְבַר נָשׁ, בֵּין דְּזָכֵי, בֵּין דְּלָא זָכֵי, אִתְיְיהִיב מִיָּד. וְדָא הוּא עֵץ חַיִים תַּאֲוָה בָאָה.
דָּבָר אַחֵר, תּוֹחֶלֶת מְמוּשָׁכָה, דָּא יַעֲקֹב. דְּאִתְמַשְּׁכָא לֵיהּ תּוֹחַלְתָּא דְיוֹסֵף עַד זְמַן אָרִיךְ. וְעֵץ חַיִּים תַּאֲוָה בָאָה, דָּא הוּא בִּנְיָמִן. דְּהָא מִזִּמְנָא דְּתָבַע לֵיהּ יוֹסֵף, עַד הַהוּא זִמְנָא דְּאָתָא לְגַבֵּיהּ, לָא הֲוָה אֶלָּא זִמְנָא זְעֵיר. דְּלָא אִתְמַשְּׁכָא הַהוּא זִמְנָא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, וַיִּשָּׂא עֵינָיו וַיַּרְא אֶת בִּנְיָמִין אָחִיו בֶּן אִמּוֹ. מַאי בֶּן אִמּוֹ. דְּדִיוּקְנֵיהּ דְּאִמֵּיהּ הֲוָה בֵּיהּ, וְהֲוָה דָמֵי דִּיוּקְנֵיהּ לְדִיוּקְנָא דְּרָחֵל. בְגִין כָּךְ כְּתִיב, וַיִּשָּׂא עֵינָיו וַיַּרְא אֶת בִּנְיָמִן אָחִיו בֶּן אִמּוֹ.
רִבִּי יוֹסֵי אָמַר, וְהָא כְּתִיב בְּקַדְמִיתָא, וַיַּרְא יוֹסֵף אִתָּם אֶת בִּנְיָמִן. וְהַשְׁתָּא כְּתִיב, וַיִּשָּׂא עֵינָיו וַיַּרְא אֶת בִּנְיָמִין אָחִיו. מַאי רְאִיָה הָכָא. אֶלָּא חָמָא בְּרוּחָא דְקוּדְשָׁא לְבִנְיָמִן, דְּחוּלָקֵיהּ הֲוָה עִמְּהוֹן בְּאַרְעָא. וּבְחוּלָקֵיהּ דְּבִנְיָמִן וִיהוּדָה תִּשְׁרֵי שְׁכִינְתָא. דְּהָא חָמָא לֵיהּ לִיהוּדָה וּבִנְיָמִן, דִּבְחוּלְקֵהוֹן הֲוָה מַקְדְּשָׁא. וְדָא הוּא וַיַּרְא יוֹסֵף אִתָּם אֶת בִּנְיָמִן. לֵיהּ חָמָא עִמְּהוֹן, וְיוֹסֵף דְּהֲוָה אֲחוּהָ לָא חָמָא עִמְּהוֹן בְּהַהוּא חוּלָקָא.
אוּף הָכָא, וַיִּשָּׂא עֵינָיו וַיַּרְא אֶת בִּנְיָמִין אָחִיו בֶּן אִמּוֹ. מַה כְּתִיב בַּתְרֵיהּ. וַיְמַהֵר יוֹסֵף כִּי נִכְמְרוּ רַחֲמָיו אֶל אָחִיו וַיְבַקֵּשׁ לִבְכּוֹת וַיָּבֹא הַחַדְרָה וַיֵּבְךִ שָׁמָּה.
רִבִּי חִזְקִיָּה פָּתַח וְאֲמַר, (ישעיהו כ״ב:א׳) מַשָּׂא גֵיא חִזָּיוֹן מַה לָּךְ אֵיפֹה כִּי עָלִית כֻּלָּךְ לַגַּגּוֹת. תָּא חֲזֵי, הָא אוּקְמוּהָ בְּזִמְנָא דְּאִתְחָרִיב בֵּי מַקְדְּשָׁא, וְהָיוּ מוֹקְדִין לֵיהּ בְּנוּרָא, סְלִיקוּ כָּל אִינוּן כַּהֲנֵי (Ⅰ)
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[203b]
[...] “ ... Lorsque le soleil se lève ” désignent Jacob dont la lumière égale celle du matin.
L’Écriture ajoute : “ ... Un matin sans nuages. ” Car, aussitôt que les ténèbres disparaissent et que la lumière se répand, la rigueur ne sévit plus dans le monde qui est alors éclairé de cette lumière qui émane du côté d’Abraham. Enfin, L’Écriture ajoute : “ ... Et comme l’herbe qui germe de la terre lorsqu’elle est arrosée par la pluie. ” Ces paroles désignent le côté de Joseph le juste d’où émane la pluie qui tombe sur la terre pour en faire sortir les herbes, ainsi que tous les biens de ce monde. Rabbi Siméon dit : Remarquez que lorsque la nuit étend ses ailes sur le monde, de nombreuses légions chargées d’exercer la rigueur dominent sur le monde ; mais, aussitôt que le jour se lève et que la lumière se répand, toutes ces légions disparaissent et retournent à leurs places ; car elles ne sont plus autorisées à exercer leur pouvoir. Tel est le sens des paroles (Gen., XLIV, 3) : “ Dès le matin... ”, ce qui veut dire : dès que la lumière se répand dans le monde, grâce au matin d’Abraham. Les mots : “ On laissa aller les hommes ” désignent les chefs de la rigueur qui dominent pendant la nuit. Les mots : “ ... Eux et leurs ânes ” désignent les légions qui émanent du côté impur et qui, par conséquent, ne sont nullement saintes ; elles aussi doivent disparaître dès que le jour se lève. Ces dernières légions viennent du côté de l’âne ; car il n’y a point de degré en haut qui ne soit divisé en un côté droit et en un côté gauche, en Clémence et en Rigueur. Chaque côté a ses degrés ; les degrés saints émanent du côté saint, et les degrés impurs émanent du côté impur. Toutes les fois que le matin d’Abraham éclaire le monde, les esprits du côté impur quittent le monde et n’y exercent point leur pouvoir ; car leur place n’est pas au côté droit, mais au côté gauche. C’est pourquoi le Saint, béni soit-il, fit le jour et la nuit, pour que chacun des deux côtés ait sa part de la manière qui lui convient. Heureux le sort d’Israël dans ce monde et dans le monde futur !
Rabbi Hiyâ commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Malachie, III, 20) : “ Le soleil de justice se lèvera pour vous qui avez une crainte pour mon nom, et vous trouverez votre salut sous ses ailes. ” Remarquez que le Saint, béni soit-il, rendra à Israël ce soleil qu’il avait caché dès la création du monde pour que les impies n’en profitent, ainsi qu’il est écrit (Job, XXVIII, 15) : “ Et la lumière sera ôtée aux impies. ” Primitivement, la lumière du soleil embrassait à la fois tout le monde d’une extrémité à l’autre ; mais quand Dieu regarda la génération d’Enoch, la génération du déluge, la génération de la confusion des langues, et tous les coupables qui peupleront le monde, il cacha cette lumière.
Lorsque Jacob luttait avec le chef d’Esaü, qui l’avait rendu boiteux en le touchant à la cuisse, l’Écriture (Gen., XXXII, 32) dit : “ Et le soleil l’éclaira en se levant. ” Quel était ce soleil ? C’était le soleil qui avait été caché ; et comme ce soleil possède des propriétés curatives, Dieu le leva sur Jacob pour que celui-ci fût guéri de sa claudication, ainsi qu’il est écrit (Gen.? XXXIII, 18) : “ Et Jacob arriva complet. ” Le mot “ complet ” signifie qu’il y arriva complètement sain de corps. C’est ce soleil que le Saint, béni soit-il, lèvera à la fin des temps sur Israël pour l’éclairer, ainsi qu’il est écrit : “ Le soleil de justice se lèvera pour vous. ” Que signifie “ soleil de justice” ? C’est le soleil qui guérit Jacob L’Écriture ajoute : “ ... Et vous trouverez votre salut sous ses ailes. ” À ce moment, tous les infirmes seront guéris. Car au moment où Israël ressuscitera, il y aura parmi les morts ressuscités un grand nombre de boiteux et d’aveugles sur lesquels le Saint, béni soit-il, fera luire le soleil primitif pour qu’ils soient guéris ; alors la lumière du soleil s’étendra de nouveau d’une extrémité du monde à l’autre, et Israël sera guéri ; les autres peuples païens seront dévorés par le feu de ce soleil, alors que, d’Israël, l’Écriture (Is., LVIII, 8) dit : “ Alors ta lumière éclatera comme l’aurore et tu recouvreras bientôt ta santé ; ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur fermera ta marche. ” Revenons maintenant à notre sujet. L’Écriture (Gen., XLI, 50) dit : “ Joseph eut deux enfants avant que la famine vînt, etc. ”
Rabbi Isaac ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Michée, V, 6) : “ Les restes de Jacob seront au milieu de la multitude des peuples comme une rosée qui vient du Seigneur, et comme des gouttes d’eau qui tombent sur l’herbe sans dépendre de personne, et sans attendre rien des enfants des hommes. ” Remarquez que tous les matins, lorsque la lumière se répand, un oiseau apparaît sur un arbre du jardin de l’Éden et fait retentir avec force par trois fois cet appel à ceux qui sont choisis pour gouverner les peuples : Qui sont ceux parmi vous qui voient sans voir, qui existent dans le monde sans savoir à qui ils doivent leur existence, parce qu’ils ne contemplent pas la gloire de leur Maître ? [...]
- עַל כּוֹתְלֵיהוֹן (נ''א גגיהון) דְּמַקְדְּשָׁא, וְכָל מַפְתֵּחִין בִּידַיְיהוּ, וְאָמְרוּ. עַד הָכָא הֲוֵינָא גִזְבָּרִין דִּילָךְ, מִכָּאן וָאֵילָךְ טוֹל דִּילָךְ.
אֲבָל תָּא חֲזֵי, גֵּיא חִזָּיוֹן, דָּא שְׁכִינְתָּא דְּהֲוַת בְּמַקְדְּשָׁא. וְכָל בְּנֵי עַלְמָא, מִינָהּ הֲווּ יָנְקִין יְנִיקוּ דִּנְבוּאָה. דְּאַף עַל גַּב דְּכָל נְבִיאִין, קָא הֲווּ מִתְנַבְּאִין מֵאֲתַר אָחֳרָא, מִגַּוָּוהּ הֲווּ יָנְקִין נְבוּאַתְהוֹן. וְעַל דָּא אִתְקְרֵי אִיהִי גֵּיא חִזָּיוֹן. חִזָּיוֹן, הָא אוּקְמוּהָ, דְאִיהוּ חֵיזוּ דְּכָל גְּוָונִין עִלָּאִין.
מַה לָּךְ אֵיפֹה כִּי עָלִית כֻּלָּךְ לַגַּגּוֹת, דְּהָא כַּד אִתְחָרַב מַקְדְּשָׁא, שְׁכִינְתָּא אָתָאת, וּסְלִיקַת בְּכָל אִינוּן אַתְרִין, דְּהֲוָה מְדוֹרָהּ בְּהוּ בְּקַדְמִיתָא. וַהֲוַת בָּכַת עַל בֵּית מְדוֹרָהּ, וְעַל יִשְׂרָאֵל דְּאֲזְלוּ בְּגָלוּתָא, וְעַל כָּל אִינוּן צַדִּיקֵי וַחֲסִידֵי דְּהֲווּ תַּמָּן וְאִתְאֲבִידוּ. וּמְנָלָן, דִּכְתִיב, (ירמיהו ל״א:ט״ו) כֹּה אָמַר יְיָ קוֹל בְּרָמָה נִשְׁמָע נְהִי בְּכִי תַמְרוּרִים רָחֵל מְבַכָּה עַל בָּנֶיהָ, וְהָא אִתְּמָר. וּכְדֵין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שָׁאִיל לָהּ לִשְׁכִינְתָּא, וְאָמַר לָהּ. מַה לָּךְ אֵיפֹה כִּי עָלִית כֻּלָּךְ לַגַּגּוֹת.
מַהוּ כֻּלָּךְ, דְּהָא כִּי עָלִית סַגְיָא, מַהוּ כֻּלָּךְ. לְאַכְלָלָא בַּהֲדָהּ כָּל חֵילִין וְכָל רְתִיכִין אָחֳרָנִין, דְּכֻלְּהוּ בְּכוּ עִמָּהּ עַל חֻרְבַּן בֵּי מַקְדְּשָׁא.
וּבְגִין כָּךְ, מַה לָּךְ אֵיפֹה. אָמְרָה קַמֵּיהּ, וְכִי בָּנַי בְּגָלוּתָא, וּמַקְדְּשָׁא אִתּוֹקְדָא, וְאֲנָא מַה לִּי הָכָא. שָׁרִיאַת וְאֲמְרַת, (ישעיהו כ״ב:ב׳) תְּשׁוּאוֹת מְלֵאָה עִיר הוֹמִיָּה קִרְיָה עַלִּיזָה חֲלָלַיִךְ לא חַלְלֵי חֶרֶב וְלֹא מֵתֵי מִלְחָמָה עַל כֵּן אָמַרְתִּי שְׁעוּ מִנִּי אֲמָרֵר בַּבֶּכִי וְגו'. וְהָא אוֹקִימְנָא, דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָמַר לָהּ, (ירמיהו ל״א:ט״ז) כֹּה אָמַר יְיָ מִנְעִי קוֹלֵךְ מִבֶּכִי וְגו'.
וְתָּא חֲזֵי, מִיּוֹמָא דְּאִתְחָרִיב בֵּי מַקְדְּשָׁא, לָא הֲוָה יוֹמָא דְּלָא אִשְׁתַּכַּח בֵּיהּ לְוָוטִין. בְּגִין דְּכַד בֵּי מַקְדְּשָׁא הֲוָה קַיָּים, הֲווּ יִשְׂרָאֵל פָּלְחִין פּוּלְחָנִין וְקָרְבִין עִלַּוָּון וְקָרְבָּנִין, וּשְׁכִינְתָּא שַׁרְיָא בְּבֵי מַקְדְּשָׁא עֲלַיְיהוּ, כְּאִמָּא דִּרְבִיעָא עַל בְּנַיָיא. וְהֲווּ כָּל אַנְפִּין נְהִירִין, עַד דְּאִשְׁתַּכָּחוּ בִּרְכָאן לְעֵילָא וְתַתָּא. וְלָא הֲוָה יוֹמָא, דְּלָא אִשְׁתַּכַּח בֵּיהּ בִּרְכָאן וְחֶדְוָון. וְהֲווּ יִשְׂרָאֵל שָׁרָאן לְרָחֲצָן בְּאַרְעָא, וְכָל עַלְמָא הֲוָה אִתְּזָן בְּגִינַיְיהוּ.
הַשְׁתָּא דְּאִתְחָרִיב בֵּי מַקְדְּשָׁא, וּשְׁכִינְתָּא עִמְּהוֹן בְּגָלוּתָא, לֵית לָךְ יוֹמָא דְּלָא אִשְׁתַּכַּח בֵּיהּ לְוָוטִין, וְעַלְמָא אִתְלַטְיָא. וְחֶדְוָון לָא אִשְׁתַּכָּחוּ לְעֵילָא וְתַתָּא.
וְזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, לְאֲקַמָא לָהּ לִכְנְסֶת יִשְׂרָאֵל מֵעַפְרָא, כְּמָה דְאִתְּמָר. וּלְמֶחֱדֵי עַלְמָא בְּכֹלָּא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו נ״ו:ו׳-ז׳) וַהֲבִיאוֹתִים אֶל הַר קָדְשִׁי וְשִׂמַּחְתִּים בְּבֵית תְּפִלָּתִי וְגו'. וּכְתִיב, (ירמיהו ל״א:ט׳) בִּבְכִי יָבוֹאוּ וּבְתַחֲנוּנִים אוֹבִילֵם. כְּמָה דִּבְקַדְמִּיתָא, דִּכְתִיב, (איכה א׳:ב׳) בָּכֹה תִבְכֶּה בַּלַּיְלָה וְדִמְעָתָהּ עַל לֶחיָהּ. הָכִי נָמֵי לְבָתַר, בִּבְכִי יִתְהַדְּרוּן. דִּכְתִיב, בִּבְכִי יָבֹאוּ וְגו':
הַבֹּקֶר אוֹר וְהָאֲנָשִׁים שֻׁלְּחוּ הֵמָּה וַחֲמוֹרֵיהֶם, רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, הָכָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא, אִי אִינוּן הֲווּ אָזְלֵי וְאִשְׁתַּדָּרוּ, מַה לָּן לְמִכְתַּב בְּאוֹרַיְיתָא, הֵמָּה וַחֲמוֹרֵיהֶם. אֶלָּא בְּגִין דִּכְתִיב וְלָקַחַת אוֹתָנוּ לַעֲבָדִים וְאֶת חֲמוֹרֵינוּ, בְּגִין כָּךְ וְהָאֲנָשִׁים שֻׁלְּחוּ הֵמָּה וַחֲמוֹרֵיהֶם. בְּגִין דְּלָא יִשְׁתָּאֲרוּן אִינוּן וַחֲמוֹרֵיהוֹן, כִּדְקָאֲמְרוּ.
פָּתַח וְאֲמַר, (בראשית כב) וַיַּשְׁכֵּם אַבְרָהָם בַּבֹּקֶר וַיַּחֲבשׁ אֶת חֲמוֹרוֹ וְגו', הַהוּא בֹּקֶר דְּאַבְרָהָם הֲוָה נָהִיר, לְקַיְימָא עֲלַיְיהוּ בִּזְכוּתֵיהּ. כְּדֵין זְכוּתָא דְאַבְרָהָם קָיְימָא עֲלַיְיהוּ, וְאֲזְלוּ בִּשְׁלָם, וְאִשְׁתְּזִיבוּ מִן דִּינָא. בְּגִין דְּהַהִיא שַׁעְתָּא, קָיְימָא עֲלַיְיהוּ דִינָא, לְאִתְפָּרְעָא מִנַּיְיהוּ. בַּר דִּזְכוּתָא דְּהַהוּא בֹּקֶר דְּאַבְרָהָם, אָגִין עֲלַיְיהוּ. וְאִשְׁתַּלָּחוּ מִן דִּינָא, דְּלָא שַׁלִּיט עֲלַיְיהוּ בְּהַהוּא זִמְנָא.
רִבִּי יְהוּדָה פָּתַח, (שמואל ב כ״ג:ד׳) וּכְאוֹר בֹּקֶר יִזְרַח שֶׁמֶשׁ. דָּא הוּא נְהוֹרָא, דְּהַהוּא בֹּקֶר דְּאַבְרָהָם. יִזְרַח שֶׁמֶשׁ, דָּא הוּא שִׁמְשָׁא דְיַעֲקֹב. דִּכְתִיב, (בראשית לכ) וַיִּזְרַח לוֹ הַשֶּׁמֶשׁ. בֹּקֶר לֹא עָבוֹת, דְּהַהוּא בֹּקֶר לָא אִיהוּ עָבוֹת כָּל כָּךְ, אֶלָּא מִנֹּגַהּ מִמָּטָר. נֹגַהּ מִמָּטָר, אִיהוּ מִטְּרָא דְּאָתֵי מִסִּטְרָא דְיִצְחָק, דְּהַהוּא מִטְרָא אַפִּיק דֶּשֶׁא מֵאָרֶץ.
דָּבָר אַחֵר, וּכְאוֹר בֹּקֶר, בְּהַהוּא נְהִירוּ דְּבֹקֶר דְּאַבְרָהָם. (Ⅰ)
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[204a]
[...] Ils ont la Loi sainte devant eux, et ils ne s’y appliquent point. Il aurait mieux valu pour eux ne pas naître que de vivre sans intelligence. Malheur à eux, quand arriveront pour eux les mauvais jours qui les feront disparaître du monde ! - Quels sont les mauvais jours ? Ce ne sont certainement pas les jours de la vieillesse, attendu que ces jours sont bons si on est jugé digne d’avoir des fils et des petits-fils. Quels sont donc les mauvais jours ? Ce sont les jours dont parle l’Écriture (Ecclés., XII, 1) : “ Souviens-toi de ton Créateur pendant les jours de ta jeunesse, avant l’arrivée des mauvais jours. ” Les “ mauvais jours ” ne désignent pas les jours de la vieillesse ; mais en voici le sens anagogique : Lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il le créa à l’aide des lettres sacrées de la Loi. Toutes les lettres ont comparu devant Dieu (21) ; c’est alors que furent formées toutes les combinaisons de l’alphabet (22).
Lorsqu’arriva la combinaison dans laquelle les lettres Teth et Resch vont ensemble, la lettre Teth sortit et ne voulut pas rentrer, jusqu'à ce que le Saint, béni soit-il, lui eût crié : Teth ! Teth! pourquoi es-tu sorti, et pourquoi ne retournes-tu à ta place? Le Teth répondit : N'as-tu fait de moi l'initiale du mot “ tob ” (bon), et l'Écriture (Gen., I, 3) ne commence-t-elle par dire : “ Et le Seigneur vit que la lumière était bonne ”? Comment puis-je donc m'attacher à une lettre qui forme l'initiale du mot “ rà ” (mauvais) ? Dieu lui répondit : Retourne à ta place ; tu as besoin du Resch ; car l'homme que je vais créer sera composé de vous deux ; mais tu seras à sa droite et le Resch à sa gauche. Aussitôt le Teth retourna à sa place et s'assit à côté du Resch. A ce moment, le Saint, béni soit-il, les sépara et créa pour chacun d'eux un certain nombre de jours et d'années. Ceux du Teth ont été placés à droite et ceux du Resch à gauche. Les jours placés au côté droit sont appelés les “ bons jours ”, et ceux placés à gauche sont appelés “ mauvais jours ”. C'est pourquoi Salomon a dit : “ Avant l'arrivée des mauvais jours... ”, car ce sont ces jours qui entourent l'homme à cause des péchés qu'il a commis. Lorsque les “ bons jours ” et les “ mauvais jours ” ont été créés, les deux lettres Teth et Resch allèrent de nouveau s'asseoir l'une à côté de l'autre, pour que la durée de la vie de l'homme fût composée de “ bons ” et de “ mauvais jours ”.
C'est pourquoi David (Ps., XLIX, 3 ?) a dit . “ Pourquoi craindrais-je aux jours mauvais ? ” C'est pour cette raison que les années de famine sont désignées dans l'Écriture sous le nom de “ jours de famine ” et les années d'abondance sous celui de “ jours d'abondance ”, parce que lafamine et l'abondance ne sont que les effets des “ bons jours ” et des “ mauvais jours ”. C'est en raison de ce mystère qu'on ne doit pas ouvrir la source de l'Alliance sacrée, c'est-à-dire qu'on ne doit pas avoir de relations conjugales, pendant que la famine sévit dans le monde. Joseph, qui était l'image de l'Alliance, arrêta sa source pendant la famine ; et tout homme doit agir de même, afin de ne pas donner lieu à la rigueur de s'étendre davantage dans le monde. Rabbi Siméon dit : C'est en raison d'un mystère suprême que l'homme doit s'abstenir de relations conjugales pendant l'année de famine ; sans cela l'esprit de l'enfant qui naîtrait émanerait de l'autre côté, c'est-à-dire du côté du démon, et contribuerait ainsi à élargir dans le monde le cercle de la domination de l'esprit impur aux dépens de l'esprit saint. Ce mystère est également exprimé dans les paroles de l'Écriture (Prov., XXX, 21) : “ La terre est troublée par trois choses, etc. ” Aussi Joseph le juste, qui était l'image de l'Alliance, arréta-t-il sa source pendant les années de famine pour ne pas donner lieu à l'esprit impur de se mêler à l'esprit saint. C'est à celui qui ouvre sa source à une pareille époque que s'appliquent les paroles de l'Écriture (Osée, V, 7) : “ Ils ont violé la Loi du Seigneur, parce qu'ils ont engendré des enfants étrangers. ” Les “ enfants étrangers ” désignent les enfants engendrés à une pareille époque. Heureux le sort des Israélites saints qui ne changent l'esprit saint contre l'esprit impur !
C'est pourquoi l'Écriture dit : “ Avant que la famine vînt, Joseph eut deux enfants. ” Car aussitôt que la famine commença à sévir, il ferma sa source pour ne pas donner d'enfants à l'esprit impur et pour ne pas changer la domination de l'esprit saint contre l'esprit impur. L'homme doit toujours espérer l'arrivée du Maître de la sainteté qui viendra dominer, ainsi qu'il est écrite (Is., VIII, 17) : J'attendrai le Seigneur qui cache son visage à la maison de Jacob, et je demeurerai dans cette attente. ” Heureux le sort des justes qui connaissent les voies du Saint, béni soit-il, et qui observent les commandements de la Loi, ainsi qu'il est écrit (Osée, XIV, 10) : “ Car les voies du Seigneur sont droites, et les justes y marcheront sûrement ; mais les violateurs de la Loi y périront ” ; et ailleurs (Deut., IV, 4) encore : “ Mais vous qui êtes attachés au Seigneur votre Dieu, vous avez tous été conservés en vie jusqu'aujourd'hui. ” [...]
- יִזְרַח שֶׁמֶשׁ, דָּא הוּא יַעֲקֹב. דִּנְהִירוּ דִילֵיהּ, כִּנְהִירוּ דְּהַהוּא בֹּקֶר. בֹּקֶר לֹא עָבוֹת, בְּגִין דְּהַהוּא בֹּקֶר, לָאו אִיהוּ חָשׁוּךְ, אֶלָּא נָהִיר. דְּהָא בְּשַׁעְתָּא דְּאָתֵי בֹּקֶר, לָא שָׁלְטָא דִינָא כְּלַל. אֶלָּא כֹּלָּא נָהִיר, בְּסִטְרָא דְאַבְרָהָם. מִנֹּגַהּ מִמָּטָר, דָּא הוּא סִטְרָא דְיוֹסֵף הַצַּדִּיק, דְּאִיהוּ אַמְטִיר עַל אַרְעָא, לְאֲפָקָא דִשְׂאָה, וְכָל טִיבוּ דְעָלְמָא.
אָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן, תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעְתָּא דְּלֵילְיָא עָאל, וּפָרִישׂ גַּדְפוֹי עַל עַלְמָא, כַּמָּה גַּרְדִּינֵי טְהִירִין, זְמִינִין לְנַפְקָא, וּלְשַׁלְּטָאָה בְּעַלְמָא. וְכַמָּה מָארֵיהוֹן דְּדִינִין, מִתְעָרִין בְּכַמָּה סִטְרִין לִזְנַיְיהוּ, וְשָׁלְטֵי עַל עַלְמָא. כֵּיוָן דְּאָתֵי צַפְרָא וְנָהִיר, כֻּלְּהוּ מִסְתַּלְּקֵי, וְלָא שָׁלְטֵי, וְכָל חַד וְחַד עָאל לְדוּכְתֵּיהּ, וְתָב לְאַתְרֵיהּ.
כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, הַבֹּקֶר אוֹר, דָּא בֹּקֶר דְּאַבְרָהָם. וְהָאֲנָשִׁים שֻׁלְּחוּ, אִלֵּין מָארֵיהוֹן דְּדִינָא, דְּהֲווּ שָׁלְטִין בְּלֵילְיָא. הֵמָּה וַחֲמוֹרֵיהֶם (ס''א המה אינון מאריהון דדינא דקאמרן, וחמוריהם) אִינוּן גַּרְדִּינֵי נִימוּסִין, דְּאַתְיָין מִסִּטְרָא דִּמְסָאֲבָא. דְּלָאו אִינוּן קַדִּישִׁין, וְלָא שָׁלְטִין, וְלָא אִתְחֲזוּן מֵכִי אָתֵי צַפְרָא. וְאִינוּן מִסִּטְרָא דְּאִינוּן חֲמָרִי, גַּרְדִּינִי נִימוּסִין דְקָאֲמְרוּ.
דְּהָא לֵית לָךְ דַּרְגִּין עִלָּאִין. דְּלָא אִיתָאי (אית) בְּהוּ יְמִינָא וּשְׂמָאלָא, רַחֲמֵי וְדִינָא. דַּרְגִּין עַל דַּרְגִּין קַדִּישִׁין, מִסִּטְרָא דִּקְדוּשָּׁה. וּמְסָאֲבִין, מִסִּטְרָא דִּמְסָאֲבָא. וְכֻלְּהוּ דַּרְגִּין עַל דַּרְגִּין, אִלֵּין עַל אִלֵּין. וּבְכָל אֲתַר דְּבֹקֶר דְּאַבְרָהָם אִתְעַר בְּעַלְמָא, כֻּלְּהוּ מִתְעַבְרֵי, וְלָא שָׁלְטֵי. בְּגִין דְּלֵית לוֹן (ז''ח קיומא) לְקָיְימָא בִּסְטַר יְמִינָא, אֶלָּא בִּסְטַר שְׂמָאלָא. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבַד יְמָמָא וְלֵילְיָא, לְאַנְהָגָא כָּל חַד וְחַד לְסִטְרֵיהּ כְּדְקָא חָזֵי לֵיהּ. זַכָּאָה חוּלָקֵיהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל, בְּעַלְמָא דֵין, וּבְעַלְמָא דְאָתֵי.
רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאֲמַר, (מלאכי ג׳:כ׳) וְזָרְחָה לָכֶם יִרְאֵי שְׁמִי שֶׁמֶשׁ צְדָקָה וּמַרְפֵּא בִּכְנָפֶיהָ. תָּא חֲזֵי, זַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַנְהָרָא לוֹן לְיִשְׂרָאֵל, הַהוּא שִׁמְשָׁא, דְּגָנִיז קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, מִיּוֹמָא דְּאִתְבְּרֵי עַלְמָא. (דגניז קודשא בריך הוא) מִקַּמֵּי רַשִּׁיעֵי דְעַלְמָא. כְּמָה דִּכְתִיב, (איוב ל״ח:ט״ו) וַיִּמְנַע מֵרְשָׁעִים אוֹרָם.
וְהַהוּא נְהוֹרָא גָּנִיז לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. דְּכַד נָפַק בְּקַדְמִיתָא, הֲוָה נָהִיר מִסְּיָיפֵי עַלְמָא, וְעַד סְיָיפֵי עַלְמָא. כֵּיוָן דְּאִסְתַּכַּל בְּדָרֵיהּ דֶּאֱנוֹשׁ וּבְדָרֵיהּ דְּמַבּוּל. וּבְדָרֵיהּ דְּהַפְלָגָה, וּבְכָל אִינוּן חַיָּיבַיָא. גָּנִיז לֵיהּ לְהַהוּא נְהוֹרָא.
כֵּיוָן דְּאָתָא יַעֲקֹב, וְאִתְדָּבַּק בְּהַהוּא מְמַנָּא רַבְרְבָא דְעֵשָׂו, וְאַכִּישׁ לֵיהּ בְּיַרְכָא דִילֵיהּ, וְהֲוָה נָכֵי. כְּדֵין מַה כְּתִיב, וַיִּזְרַח לוֹ הַשֶּׁמֶשׁ, מַאן שֶׁמֶשׁ, הַהוּא שִׁמְשָׁא דְגָנֵיז. בְּגִין דְּאִית בֵּיהּ אֲסוּתָא, לְאִתְּסָאָה לֵיהּ מֵאַרְכּוּבָתֵיהּ, וּלְבָתַר אִתְּסֵי בְּהַהוּא שִׁמְשָׁא. דִּכְתִיב, (בראשית ל״ג:י״ח) וַיָּבֹא יַעֲקֹב שָׁלֵם, שָׁלֵם בְּגוּפֵיהּ דְּאִתְּסֵי.
וְעַל דָּא, זַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְגַלָּאָה הַהוּא שִׁמְשָׁא, וּלְאַנְהָרָא לֵיהּ לְיִשְׂרָאֵל. דִּכְתִיב, וְזָרְחָה לָכֶם יִרְאֵי שְׁמִי שֶׁמֶשׁ צְדָקָה, מַאי שֶׁמֶשׁ צְדָקָה. דָּא שִׁמְשָׁא דְּיַעֲקֹב, דְּאִתְּסֵי בֵּיהּ. וּמַרְפֵּא בִּכְנָפֶיהָ, דְּהַהוּא שִׁמְשָׁא, יִתְּסוּן כֻּלְּהוּ. בְּגִין דְּהָא בְּזִמְנָא דִּיקוּמוּן יִשְׂרָאֵל מֵעַפְרָא, כַּמָּה חִגְרִין וְכַמָּה סוּמִין יְהוֹן בְּהוֹן. וּכְדֵין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יַנְהִיר לוֹן הַהוּא שִׁמְשָׁא לְאִתְּסָאָה בָּהּ. דִּכְתִיב וּמַרְפֵּא בִּכְנָפֶיהָ.
וּכְדֵין, יִתְנְהִיר הַהוּא שִׁמְשָׁא, מִסְּיְיפֵי עַלְמָא, עַד סְיָיפֵי עַלְמָא. וּלְיִשְׂרָאֵל יְהֵא אַסְוָותָא, וְעַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת בֵּיהּ יִתּוֹקְדוּן. אֲבָל לְיִשְׂרָאֵל מַה כְּתִיב, (ישעיהו נ״ח:ח׳) אָז יִבָּקַע כַּשַּׁחַר אוֹרֶךָ וַאֲרֻכָתְךָ מְהֵרָה תִצְמָח וְהָלַךְ לְפָנֶיךָ צִדְקֶךָ כְּבוֹד יְיָ יַאַסְפֶךָ.
אַהֲדַרְנָא לְמִילֵי קַדְמָאֵי: וּלְיוֹסֵף יֻלָּד שְׁנִי בָנִים בְּטֶרֶם תָּבוֹא שְׁנַת הָרָעָב וְגו'. רִבִּי יִצְחָק פָּתַח, (מיכה ה) וְהָיָה שְׁאֵרִית יַעֲקֹב בַּגּוֹיִם בְּקֶרֶב עַמִּים רַבִּים כְּטַל מֵאֵת יְיָ כִּרְבִיבִים עֲלֵי עֵשֶׂב אֲשֶׁר לֹא יְק1ַוְּה לְאִישׁ וְלֹא יְיַחֵל לִבְנֵי אָדָם. תָּא חֲזֵי, בְּכָל יוֹמָא וְיוֹמָא, כַּד נְהוֹרָא סָלְקָא. אִתְעַר חַד צִיפֳּרָא בְּאִילָנָא דְּגִנְתָא דְעֵדֶן, וְקָרֵי תְּלַת זִמְנִין. וְשַׁרְבִיטָא יִזְדָּקַּף, וְכָרוֹזָא קָרֵי בְחָיִל, לְכוֹן אָמְרִין, הוּרְמָנִי דְּבוֹרְיָירֵי. מַאן מִנְּכוֹן דְּחָמֵי וְלָא חָמֵי. דְּקָיְימָא בְּעַלְמָא, וְלָא יָדְעֵי עַל מַה קָּיְימֵי, לָא מַשְׁגִּיחִין בִּיקָרָא דְמָארֵיהוֹן. (Ⅰ)
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[204b]
[...] C'est pourquoi le Saint, béni soit-il, a commandé à Israël de se sanctifier, ainsi qu'il est écrit (Lévit., XX, 7) : “ Sanctifiez-vous et soyez saints ; car moi, le Seigneur, je suis Saint. ” Que signifie le mot “ moi ” (ani) ? C'est le Saint, béni soit-il, dans le règne sacré des cieux, alors que le règne des autres peuples païens est appelé “ aher ” (étrangers), ainsi qu'il est écrit (Ex., XXXIV, 14) : “ N'adorez point de dieu étranger. Le Seigneur s'appelle le Dieu jaloux. ” Remarquez que “ ani ” (moi) exerce son pouvoir dans ce monde et dans le monde futur, et tout dépend de lui, alors que “aher ” (étrangers) est le nom du côté impur dont le pouvoir ne s’exerce que dans ce bas monde ; mais il n’a aucune force dans le monde futur. C’est pourquoi celui qui s’attache à “ ani ” aura une part et dans ce monde et dans le monde futur, alors que celui qui s’attache à “ aher ” sera perdu et dans ce monde et dans le monde futur ; il n’aura une part que dans le monde de l’impureté. Car le roi des peuples païiens, c’est-à-dire le démon, dispose d’un grand nombre de légions chargées d’exercer leur pouvoir en ce monde.
C’est pourquoi Élisée, qui descendit à ce degré et s’y attacha, fut exterminé du monde futur et fut même privé de la faculté de faire pénitence. C’est pour cette raison qu’il reçut le nom de “ Aher”. Il convient donc à l’homme de se tenir à l’écart du côté impur, pour ne pas être souillé et ne pas devenir indigne de ce monde et du monde futur. De même que “ bénédiction ” et “malédiction ”, “ abondance ” et “ famine ” sont opposées l’une à l’autre, de même le côté saint et le côté impur sont à l’opposé l’un de l’autre, ainsi que cela a été dit. C’est pourquoi, pendant une année de famine, l’homme ne doit se montrer dans les rues, ni ouvrir sa source pour engendrer des enfants “ au dieu étranger ”, ainsi qu’on vient de le dire. Heureux le sort de l’homme qui s’efforce de marcher dans la voie de la vérité et de s’attacher à son Maître, ainsi qu’il est écrit (Deut., X, 10) : “ Tu seras attaché à lui, et tu jureras par son nom. ” L’Écriture ne dit pas : “ ... Et tu jureras par lui ”, mais : “ ... Par son nom ”, ce qui indique que l’homme doit s’attacher au mystère de la Foi. Il y a sept degrés en haut, supérieurs à tous les autres, qui constituent le mystère de la Foi parfaite ; et il y a sept autres degrés inférieurs aux premiers, mais avec lesquels ils sont unis par un lien étroit au point de ne former qu’un tout ensemble.
C’est pourquoi l’Écriture (III Rois, VIII, 65) dit : “ ... Sept jours et sept jours, quatorze jours. ” L’Écriture veut dire que les sept degrés supérieurs et les sept degrés inférieurs sont unis ensemble au point de ne former qu’un seul.
C’est pourquoi l’Écriture dit : “ ... Et tu jureras par son nom ”, ce qui indique les sept degrés d’en haut et les sept degrés d’en bas. Les paroles (Deut., XXVIII, 12) : “ Le Seigneur t’ouvrira son riche trésor qui est au ciel ” désignent les trésors d’en haut et d’ici-bas. Ainsi, les sept jours et les sept jours ne font qu’un, puisque l’Écriture ne parle que d’un riche trésor au ciel. De même (Zac., IV, 2), “ les sept et sept canaux pour faire couler l’huile dans les lampes ” ne forment qu’un. Rabbi Hiyâ et Rabbi Yossé firent une fois un voyage ensemble. En route, ils rencontrèrent un homme qui portait l’habit rituel qu’on met pour faire sa prière (talith) et cachait dessous cet habit des armes.
Rabbi Hiyâ dit à son compagnon de route : Cet homme ne peut être qu’un juste parfait, ou un hypocrite qui veut tromper le monde.
Rabbi Yossé lui répondit : Souviens-toi que des hommes pieux d’un ordre élevé nous ont enseigné qu’il faut toujours juger favorablement son prochain. Or, nous savons, par une tradition, que lorsque l’homme se met en route il doit se munir de trois choses : de ce qu’il faut pour faire des cadeaux, de quoi faire la guerre et de ce qu’il faut pour faire la prière. D’où le savons-nous ? - De Jacob qui s’était préparé à ces trois choses. Cet homme qui voyage porte l’habit rituel nécessaire à la prière et des armes pour sa défense ; nous n’avons donc pas le droit de le suspecter ; car, du moment qu’il est muni des deux choses indispensables dans le voyage, il a certainement également la troisième. Lorsque l’homme s’approcha d’eux, ils le saluèrent ; mais lui ne répondit pas à leur salut. Rabbi Hiyâ dit alors à son compagnon : Voilà une des choses nécessaires en voyage au même titre que les [...]
- אוֹרַיְיתָא קָיְימָא קַמַּיְיהוּ, וְלָא מִשְׁתַּדְּלֵי בָהּ. טַב לוֹן דְּלָא יִבָּרוּן, עַל מַה יְּקוּמוּן בְּלָא סָכְלְתָנוּ. וַוי לוֹן כַּד יִתְעָרוּן יוֹמֵי דְרַע עֲלַיְיהוּ, וְיִטְרְדוּן לְהוֹן מֵעָלְמָא.
מַאן אִינוּן יוֹמִין דְּרַע, אִי סַלְקָא דַעְתָּךְ דְּאִינוּן יוֹמֵי דְּסִיבוּ, לָאו הָכִי. דְּהָא יוֹמֵי דְסִיבוּ, אִי זָכָה בִּבְנִין וּבְנִי בְנִין, יוֹמֵי דְטַב אִינוּן. מַאן אִינוּן יוֹמִין דְּרַע, אֶלָּא אִינוּן כְּמָה דְאִתְּמָר. דִּכְתִיב, (קהלת י״ב:א׳) וּזְכוֹר אֶת בּוֹרְאֶךָ בִּימֵי בְחוּרוֹתֶיךָ עַד אֲשֶׁר לֹא יָבֹאוּ יְמֵי הָרָעָה, לָאו אִינוּן יוֹמִין דְּסִיבוּ. אֶלָּא רָזָא דְמִלָּה, כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא, בָּרָא לֵיהּ בְּאַתְוָון דְּאוֹרַיְיתָא. וְכָל אָת וְאָת עָאֳלַת קַמֵּיהּ, עַד דְּאִתְקָיְימוּ כֻּלְּהוּ אַתְוָון בְּאָת בֵי''ת. וְכָל אִינוּן אַלְפָא בֵּיתוֹת דְּאִתְגַּלְגְּלוּ אַתְוָון, כֻּלְּהוּ קָיְימֵי (כלהו) לְמִבְרִי עָלְמָא.
כֵּיוָן דְּאִתְגַּלְגְּלוּ וְאִתְחַבָּרוּ תְּרֵין אַתְוָון אִלֵּין ט''ר כְּחֲדָא, סַלְקָא טי''ת וְלָא אִתְיַישְׁבַת, עַד דְּגָעַר בָּהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְאָמַר לָהּ, טי''ת טי''ת, עַל מָה אַתְּ סָלְקָא וְלָא אִתְיַישְׁבַת בְּדוּכְתִּיךְ. אָמְרָה קַמֵּיהּ. וְכִי עָבְדַת לִי לְמֶהוֵי אָת בְּרֵישָׁא דְטוֹב, דְּהָא אוֹרַיְיתָא פָּתַח בִּי כִּי טוֹב. הֵיךְ אֲנָא מִתְחַבְּרָא לְאִתְיַישְׁבָא בְּאָת רַע.
אָמַר לָהּ, תּוּב לְאַתְרִיךְ, דְּהָא אַתְּ צָרִיךְ לָהּ. דְּהָא בַר נָשׁ דְּאֲנָא בָּעֵי לְמִבְרֵי בְּכוֹן, תַּרְוַויְיכוּ אִתְכְּלִיל כְּחֲדָא, וְיִתְבְּרֵי. אֲבָל אַתְּ לִימִינָא, וְאִיהִי לִשְׂמָאלָא. וּכְדֵין תָּבוּ וְאִתְיַישְׁבוּ דָּא בְּדָא כְּחֲדָא.
בְּהַהִיא שַׁעְתָּא פָּרִישׁ לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וּבָרָא לוֹן לְכָל חַד וְחַד, יוֹמִין וּשְׁנִין יְדִיעָן. אִלֵּין לִימִינָא וְאִלֵּין לִשְׂמָאלָא. אִלֵּין דְּיָמִינָא, אִתְקְרוּן יְמֵי הַטּוֹב, וְאִלֵּין דִּשְׂמָאלָא אִתְקְרוּן יְמֵי הָרָעָה. וְעַל דָּא אָמַר שְׁלמֹה, עַד אֲשֶׁר לֹא יָבֹאוּ יְמֵי הָרָעָה. דְּאִלֵּין מְסַחֲרִין לֵיהּ לְבַר נָשׁ בְּחוֹבוֹי דְּאִיהוּ עָבִיד. כֵּיוָן דְּאִתְבְּרוּן יוֹמִין דְּטוֹב, וְיוֹמִין דְּרַע, כְּדֵין תָּבוּ וְאִתְיַישְׁבוּ, לְאִתְכְּלָלָא בְּהוּ בְּבַר נָשׁ.
וּבְגִינֵי כָךְ אָמַר דָּוִד, (תהילים מ״ט:ו׳) לָמָּה אִירָא בִּימֵי רָע עֲוֹן עֲקֵבַי יְסֻבֵּנִי. יְמֵי רָע וַדַּאי. וְרָזָא דָא, אִלֵּין אִקְרוּן יְמֵי רָעָב, שְׁנִין דְּרָעָב, וְאִלֵּין אִקְרוּן יְמֵי שָׂבָע, שְׁנֵי שָׂבָע.
וְרָזָא דְמִלָּה, דְּלָא לְאֲפָקָא מַבּוּעָא דִּבְרִית קַדִּישָׁא, בְּיוֹמֵי רָעָב, בִּשְׁנַת הָרָעָב. וּבְגִין כָּךְ יוֹסֵף דְּאִיהוּ רָזָא דִבְרִית, סָתִים מַבּוּעֵיהּ בִּשְׁנַת הָרָעָב. וְלָא יָהַב לֵיהּ דּוּכְתָּא לְאַסְגָּאָה בְּעַלְמָא. וְדָא בָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ, דְכַד שָׁלְטָא שְׁנַת הָרָעָב, דְּיַסְתִּים מַבּוּעָא דִּבְרִית קַדִּישָׁא דִילֵיהּ. בְּגִין דְּלָא יָהַב לֵיהּ דּוּכְתָּא לְאַסְגָּאָה בְּעַלְמָא.
רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, רָזָא דָא אִיהוּ רָזָא עִלָּאָה. בְּהַהִיא שְׁנַת הָרָעָב, כֵּיוָן דְּאִיהִי שָׁלְטָא, בָּעֵי לְאַסְתָּמָא מַבּוּעֵיהּ. בְּגִין דְּאִי לָא סָתִים לֵיהּ, גָּרִים לְאַמְשָׁכָא רוּחָא לְהַהוּא וַלְדָא מֵהַהוּא סִטְרָא. וְיָהִיב דּוּכְתָּא לְהַהוּא סִטְרָא לְמִפְשֵׁי בְּעַלְמָא, סִטְרָא דִּמְסָאֲבָא בְּסִטְרָא דְּקוּדְשָׁא. וְתוּ רָזָא, דִּכְתִיב, (משלי ל) תַּחַת שָׁלשׁ רָגְזָה אֶרֶץ וְגו'.
וּבְּגִין כָּךְ יוֹסֵף צַדִּיקָא, רָזָא דִבְרִית, סָלִיק וְסָתִים מַבּוּעֵיהּ, בִּשְׁנַת הָרָעָב. דְּלָא לְאִתְעָרְבָא בַּהֲדָהּ כְּלַל, וּלְמֵיהַב לָהּ דּוּכְתָּא. וּמַאן דְּאַפְתַּח מַבּוּעֵיהּ בְּהַהוּא זִמְנָא, עֲלֵיהּ כְּתִיב, (הושע ה) בַּיְיָ בָּגָדוּ כִּי בָנִים זָרִים יָלָדוּ עַתָּה יֹאכְלֵם וְגו'. דְּהָא אִלֵּין אִקְרוּן בָּנִים זָרִים וַדַּאי. בַּיְיָ בָּגָדוּ וַדַּאי. וּבְּגִין כָּךְ זַכָּאָה חוּלַקְהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל קַדִּישִׁין, דְּלָא אִתְחַלְּפוּ דּוּכְתָּא קַדִּישָׁא, בְּדוּכְתָּא מְסָאֲבָא.
וְעַל דָּא כְּתִיב, וּלְיוֹסֵף יֻלָּד שְׁנִי בָנִים בְּטֶרֶם תָּבוֹא שְׁנַת הָרָעָב. דְּהָא מֵהַהוּא זִמְנָא דְּשָׁלְטָא שְׁנַת הָרָעָב, אַסְתִּים מַבּוּעֵיהּ וְסָלִיק מְקוֹרֵיהּ, דְּלָא לְמֵיהַב בְּנִין לְסִטְרָא מְסָאֲבָא, וְלָא לְאַחְלָפָא דּוּכְתָּא דְּקוּדְשָׁא, בְּדוּכְתָּא דִּמְסָאֲבָא. וּבָעֵי בַר נָשׁ לְחַכָּאָה לְמָארֵיהּ דְּקוּדְשָׁא, כַּד יֵיתֵי וְיִשְׁלוֹט, כְּדִכְתִיב, (ישעיה ח) וְחִכֵּיתִי לַיְיָ הַמַּסְתִּיר פָּנָיו מִבֵּית יַעֲקֹב וְקִוִּיתִי לוֹ.
זַכָּאִין אִינוּן צַדִּיקַיָא, דְּיָדְעִין אוֹרְחוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְנָטְרֵי פִּקּוּדֵי דְּאוֹרַיְיתָא לְמֵיהַךְ בְּהוּ. דִּכְתִיב, (הושע י״ד:י׳) כִּי יְשָׁרִים דַּרְכֵי יְיָ וְצַדִּיקִים יֵלְכוּ בָם וּפשְׁעִים יִכָּשְׁלוּ בָם. וּכְתִיב, (דברים ד׳:ד׳) וְאַתֶּם הַדְּבֵקִים בַּיְיָ אֱלהֵיכֶם חַיִּים כֻּלְּכֶם הַיּוֹם. (ד''א ל''ג דכתיב והתקדשתם והייתם קדושים כי קדוש אני (יי). דהא, קודשא בריך הוא בעא לקדשא להו לישראל (Ⅰ)
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[205a]
[...] deux autres que nous venons de remarquer en lui, qui lui fait défaut ; il n’a pas de quoi faire un présent ; car quel meilleur présent y a-t-il que de répondre à un salut, alors que lui ne nous a pas répondu.
Rabbi Yossé lui répondit : Peut-être cet homme est-il occupé en ce moment à faire sa prière, ou peut-être répète-t-il ses leçons pour ne pas les oublier. Ils continuèrent leur chemin ensemble, sans que l’homme leur adressât la parole. Rabbi Hiyâ et Rabbi Yossé se retirèrent un peu et se consacrèrent à l’étude de la Loi. Mais à peine cet homme les vit-il se consacrer à l’étude de la Loi qu’il s’approcha d’eux et, après les avoir salués, il leur dit : Mes maîtres, de quoi me soupçonniez-vous lorsque je n’ai pas répondu à votre salut ?
Rabbi Yossé lui répondit : Nous pensions que tu étais peut-être occupé à faire ta prière ou à réciter ta leçon. L’homme leur répondit : Que le Saint, béni soit-il, vous juge aussi favorablement. Mais je vais vous donner la raison de ma conduite : Me trouvant un jour en voyage j’ai rencontré un homme à qui j’ai adressé le premier mon salut ; mais cet homme était un brigand, et il m’a beaucoup tourmenté ; et si je n’avais pas été plus fort que lui, j’aurais succombé. En ce jour j’ai fait un vœu de ne plus saluer qu’un homme digne, que je connaisse comme tel, de crainte de rencontrer un autre brigand qui me tourmenterait et me ferait succomber ; car il est défendu de saluer un homme coupable, ainsi qu’il est écrit (Is., XLVIII, 22) : “ Il n’y a point de paix pour les impies, dit le Seigneur. ” Au moment où je vous ai rencontrés et où vous m’avez salué, je ne vous ai pas répondu parce que j’avais des soupçons sur vous, n’ayant point vu en vous un signe extérieur qui rappelât l’exécution de quelque commandement. Aussi me suis-je appliqué à réciter mentalement ma leçon. Mais, maintenant que je vois que vous êtes des hommes dignes, je me félicite de faire le voyage en votre compagnie.
L’homme commença alors à parler de la manière suivante (Ps., LXXIII, 1) : “ Psaume d’Asaph. Dieu est bon seulement envers Israël, envers ceux qui ont le cœur droit. ” Remarquez que le Saint, béni soit-il, a fait pour la direction du monde un côté droit et un côté gauche ; l’un est appelé “ bon ” et l’autre “ mauvais ”. L’homme est composé des deux côtés ; et il est susceptible d’attachement à l’un et à l’autre. Du mauvais côté qui est appelé le “ côté gauche ” sont inspirés les peuples païens ; car le mauvais esprit réside de leur côté, parce qu’ils ont le prépuce du cœur (c’est-à-dire : ils ont le cœur endurci) et le prépuce de la chair, ce qui les souille. Mais, d’Israël, l’Écriture dit : “ Dieu est bon seulement envers Israël. ” Mais que l’on ne croie point que Dieu est bon envers tous les Israélites sans distinction. Il n’en est rien ; il n’est bon qu’envers ceux qui n’ont pas été profanés par le “ Mauvais ”, c’est-à-dire par le démon ;
C’est pourquoi L’Écriture ajoute : “ ... Envers ceux qui ont le cœur droit. ” Mais comme, en général, les Israélites sont bons et les païens mauvais, l’Écriture dit : “ Dieu est bon seulement envers les Israélites. ” Le “ côté bon ” est pour Israël seul, et le “ côté mauvais ” est pour les peuples païens. Le “ côté bon ” est avec Israël pour se l’attacher, et Israël s’attache ainsi au mystère suprême, au mystère de la Foi, au point de n’en former qu’un seul avec lui. Rabbi Yossé dit alors à l’étranger : Nous sommes heureux de ne pas nous être trompés à ton sujet ; et c’est le Saint, béni soit-il, qui t’a envoyé, auprès de nous. Rabbi Yossé dit en outre : C’est précisément parce que le “ bon côté ” est avec Israël, qu’Israël a une part, et dans ce monde, et dans le monde futur, où il verra de ses propres yeux la gloire. de Dieu, ainsi qu’il est écrit (Is., LII, 8) : “ Car ils verront la gloire de Dieu de leurs propres yeux, lorsque le Seigneur retournera à Sion. ” (Ps. LXXXIX, 63) “ Béni soit le Seigneur éternellement : Amen, amen. ” [...]
- בכלא ולא יהא לון בסטרא דמסאבא כלום) (תא חזי כד סטרא דא שלטא בעלמא לא אצטריך ליה לבר נש לאתחזאה בשוקא קמיה בגין דיכיל לנזקא ואתייהיב ליה רשותא לחבלא. ותא חזי ביעקב מה כתיב ויאמר יעקב לבניו למה תתראו, דלא בעי לאתחזאה קמיה).
וּבְגִין דָא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַזְהַר לְהוּ לְיִשְׂרָאֵל לְאִתְקַדָּשָׁא. (כמה דאת אמר) (ד''א דכתיב), וִהְיִיתֶם קְדוֹשִׁים כִּי קָדוֹשׁ אָנִי. מַאן אָנִי. דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, מַלְכוּת שָׁמַיִם קַדִּישָׁא. מַלְכוּתָא אַחֲרָא דְּעוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת, אִקְרֵי אַחֵר. דִּכְתִיב, (שמות לה) כִּי לא תִשְׁתַּחֲוֶה לְאֵל אַחֵר כִּי יְיָ קַנָּא שְׁמוֹ.
וְתָּא חֲזֵי, אֲנִי, שָׁלְטָנוּ דְּעַלְמָא דֵין, וְעַלְמָא דְאָתֵי, וְכֹלָּא בֵּיהּ תַּלְיָא. אַחֵר, סִטְרָא מְסָאֲבָא. אַחֵר, סִטְרָא אָחֳרָא בְּסִטְרָא מְסָאֲבָא, וְשׁוּלְטָנוּ דִּילֵיהּ בְּהַאי עַלְמָא, וְלֵית לֵיהּ בְּעַלְמָא דְאָתֵי כְּלוּם. וּבְגִין דָא מַאן דְּאִתְדָּבַּק בְּהַאי אֲנִי, אִית לֵיהּ חוּלָקָא בְּעַלְמָא דֵין וּבְעַלְמָא דְאָתֵי.
וּמַאן דְּאִתְדָּבַּק בְּהַאי אַחֵר, אִתְאֲבִיד מֵהַהוּא עַלְמָא, וְלֵית לֵיהּ חוּלָקָא בְּעַלְמָא דְאָתֵי. וְאִית לֵיהּ חוּלָקָא בְּהַאי עַלְמָא, בִּמְסָאֲבוּ. בְּגִין דְּהַהוּא מַלְכוּ אַחֲרָא עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת, כַּמָּה אִינוּן תְּרֵיסִין גַּרְדִּינִין מְמַנָּן בֵּיהּ, לְשַׁלְּטָאָה בְּהַאי עַלְמָא.
וּבְגִינֵי כָּךְ, אֱלִישָׁע אַחֵר, דְּנָחַת וְאִתְדָּבַּק בְּהַאי דַרְגָא, אִתְטְרִיד מֵהַהוּא עַלְמָא דְאָתֵי, וְלָא אִתְיְיהִיב לֵיהּ רְשׁוּ לְמֶהדַר בִּתְיוּבְתָּא, וְאִתְטְרִיד מֵהַהוּא עַלְמָא, וְעַל דָּא אִקְרֵי אַחֵר.
וּבְּגִין כָּךְ בָּעֵי בַר נָשׁ לְאִתְפְּרָשָׁא מִכָּל סִטְרִין, דְּלָא לְאִסְתָּאֲבָא בְּהַהוּא סִטְרָא, לְמִזְכֵּי בְּהַאי עַלְמָא וּבְעַלְמָא דְאָתֵי. וְעַל דָּא, דָּא בְּרָכָה, וְדָא קְלָלָה. דָּא שָׂבָע, וְדָא רָעָב. כֹּלָּא בְּהִפּוּכָא דָּא מִן דָּא. וְהָא אוֹקִימְנָא.
וּבְגִין כָּךְ, בְּהַהוּא זִמְנָא דִּשְׁנַת הָרָעָב, לֵית לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְאִתְחֲזָאָה בְּשׁוּקָא, וְלָא לְאִפְתְּחָא מַבּוּעֵיהּ לְאוֹלָדָא, לְמֵיהַב בְּנִין לְאֵל אַחֵר, וְהָא אִתְּמָר.
זַכָּאָה אִיהוּ בַר נָשׁ דְּאִסְתַּמַּר לְמֵיהַךְ בְּאֹרַח קְשׁוֹט, וּלְאִתְדַּבְּקָא בְּמָארֵיהּ תָּדִיר. דִּכְתִיב, (דברים י׳:כ׳) וּבוֹ תִדְבָּק. (וכתיב, את יי אלהיך תירא אתו תעבד ובו תדבק) וּבִשְׁמוֹ תִּשָּׁבֵעַ, וּבוֹ תִשָּׁבֵעַ. לָא כְּתִיב, אֶלָּא וּבִשְׁמוֹ. מַאי תִשָּׁבֵעַ, כְּמָה דְאוֹקִימְנָא, לְמֶהֱוֵי מִתְדְּבַּק בְּרָזָא דִמְהֵימְנוּתָא.
שִׁבְעָה דַּרְגִּין לְעֵילָא עִלָּאִין עַל כֹּלָּא, רָזָא דִּשְׁלִימוּ דִּמְהֵימְנוּתָא. וְרָזָא דְּשִׁבְעָה דַרְגִּין דִּלְתַתָּא מִנַּיְיהוּ, דְּאִינוּן חִבּוּרָא חַד, וְקִשּׁוּרָא חַד, אִלֵּין בְּאִלֵּין, לְמֶהֱוֵי כֻּלְּהוּ חַד. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, (מלכים א ח׳:ס״ה) שִׁבְעַת יָמִים וְשִׁבְעַת יָמִים י''ד יוֹם. וְכֹלָּא חַד, וְקִשּׁוּרָא חַד, וְעַל דָּא כְּתִיב וּבִשְׁמוֹ תִּשָּׁבֵעַ, מִלְּעֵילָא וּמִתַּתָּא. זַכָּאָה אִיהוּ (נ''א מאן דזכי לאתדבקא ביה בקודשא בריך הוא כדקא יאות. זכאה הוא בעלמא דין ובעלמא דאתי. דקודשא בריך הוא פתח ליה אוצרין טבין קדישין בשעתא דאצטריך לקבלא צלותא כמה דאת אמר). (נ''א ומאן דמייחד אלין באלין, עליה כתיב), (דברים כ״ח:י״ב) יִפְתַּח יְיָ לְךָ אֶת אוֹצָרוֹ הַטּוֹב אֶת הַשָּׁמַיִם, אִלֵּין אוֹצָרִין דִּלְעֵילָא וְתַתָּא. שִׁבְעַת יָמִים וְשִׁבְעַת יָמִים כֻּלְּהוּ חַד. דִּכְתִיב, אֶת אוֹצָרוֹ הַטּוֹב אֶת הַשָּׁמַיִם. אוֹצָרוֹ חַד, וְאִיהוּ אֶת הַשָּׁמַיִם. (זכריה ד׳:ב׳) שִׁבְעָה וְשִׁבְעָה מוּצָקוֹת, וְאִינוּן חַד.
רִבִּי חִיָּיא וְרִבִּי יוֹסֵי הֲווּ אָזְלֵי בְאָרְחָא, אַדְּהָכִי חָמוּ חַד בַר נָשׁ דְּהֲוָה אָתֵי, מִתְעַטֵּף בְּעִטּוּפָא דְמִצְוָה וּכְלֵי זַיְינִין קְטוּרִין תְּחוֹתוֹי. אָמַר רִבִּי חִיָּיא, בַר נָשׁ דֵּין, חַד מִתְּרִין אִית בֵּיהּ. אוֹ זַכָּאָה שְׁלִים אִיהוּ, אוֹ לְרַמָּאָה (את) בְּנֵי עַלְמָא אִיהוּ.
אָמַר לֵיהּ רִבִּי יוֹסֵי, הָא חֲסִידֵי עֶלְיוֹנִין אָמְרוּ, הֱוֵי דָן לְכָל בַר נָשׁ לִזְכוּ. הָא תָּנִינָן, בַּר נָשׁ דְּנָפִיק לְאָרְחָא, יִתְכַּוֵּין לִתְלַת מִלִּין. לְדוֹרוֹן, לִקְרָבָא, לִצְלוֹתָא. מִנָּלָן מִיַּעֲקֹב, דְּהָא לִתְלַת אִלֵּין אִתְכַּוֵּון, וְזַרִיז גַּרְמֵיהּ לְדוֹרוֹן, לִקְרָבָא, לִצְלוֹתָא. וְהַאי בַר נָשׁ, אָזִיל בְּאָרְחָא אִיהוּ. הָא בֵּיהּ עִטּוּפָא דְמִצְוָה, לִצְלוֹתָא. וְהָא בֵּיהּ כְּלֵי זַיְינִין, לִקְרָבָא. כֵּיוָן דִּתְרֵין אִלֵּין אִית בֵּיהּ, תְּלִיתָאי לָא לְמִרְדַּף אֲבַתְרָהּ.
כַּד קָרִיב לְגַבַּיְיהוּ, יַהֲבוּ לֵיהּ שְׁלָם וְלָא אָתִיב לוֹן. אָמַר רִבִּי חִיָּיא, הָא חַד מֵאִינוּן (Ⅰ)
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[...] Notes [...] *1 V. fol. 54a, 63a, 152b, et 212b.
*2 Le “ Hé d’en haut ” est le Verbe, le “ Hé d’ici-bas ” le Verbe manifesté. Le Vav désigne l’Esprit.
*3 En hébreu, le terme de “ tous les jours ” est exprimé par les mots “ jour, jour ” (Mwy, Mwy).
*4 V. fol. 238a.
*5 V. fol. 102b.
*6 V. Z., II ; fol. 26b.
*7 V. fol. 149a, 149b, et 183 a.
*8 Il était l’image du “ Juste ”.
*9 Le Z. prête au mot Krba le sens d’ “ unir ”, du mot, Kyrb, comme, par exemple, dans la phrase rabbinique Npgh ta Kyrbmh.
*10 La narration concernant le voyage de Rabbi Yessa et de Rabbi Hizqiya, de Cappadoce à Loud, insérée par erreur en cet endroit, dans A et L., se trouve dans la deuxième partie du Z., fol. 31a.
*11 V. fol. 99b et 125b.
*12 V. fol. 53a.
*13 V. fol. 141b.
*14 Cf., Z., I, fol, 48b, et II, fol, 70b.
*15 Le mot rkzyw a une double signification : “ se souvenir ” et “ rappeler à quelqu’un ”. on voit que le Z. interprète ce mot tantôt dans un sens et tantôt dans un autre.
*16 V. fol. 99b, 125b, et 198b.
*17 C’est-à-dire : après que Siméon avait été fait prisonnier par Joseph. Ces deux tribus se trouvaient donc, par ce fait, retranchées du nombre des douze. De là le terme “ nagozou ” (retranchés).
*18 D’après cette interprétation, hmlsa dérive de Mls (complet).
*19 V. fol. 206b.
*20 A partir d’ici jusqu’aux mots waby ykbb bytkd le texte n’est pas du Z. ; il ne figure ni en C., ni en S. C’est un extrait du Pardès, Porte VIII, 32.
*21 V. fol. 2b et 3a.
*22 On entend par combinaison des lettres de l’alphabet, les substitutions d’une lettre à une autre ; le nombre de ces combinaisons est de deux cent trente-quatre. La combinaison dont il est question dans ce passage est la suivante : a est placé à côté de p, c’est-à-dire qu’il se transforme en p, b en e, gen o, d en n, h en m, w en l, z en k, x en y, u en t, q en s, j en r.
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