[59b]
[...] Il est écrit (Gen. , VI, 9 : « Voici les enfants de Noé. » Rabbi Hiyâ a ouvert sa conférence de cette façon : Il est écrit (Is. , IX, 21) : « Et ton peuple est entièrement composé de Justes ; ils posséderont la terre pour toujours ; ils sont les rejetons que j’ai plantés, les ouvrages que ma main a faits pour me rendre gloire. » Heureux le sort d’Israël qui se consacre à l’étude de la doctrine et qui en pénètre les mystères ; car c’est grâce à la doctrine qu’il méritera d’avoir une part du monde futur.
Remarquez que tout Israélite a une part dans le monde futur. Pourquoi ? Parce que les Israélites gardent intacte la pureté de la marque sur laquelle le monde est basé, c’est-à-dire vivent dans la continence, ainsi qu’il est écrit (Jér. , XXXIII, 25) : « Si l’alliance que j’ai faite avec le jour et la nuit n’existait pas, je n’aurais point établi les lois qui régissent les cieux et la terre. » C’est pourquoi les Israélites ont une part dans le monde futur, parce qu’ils gardent intacte cette marque de l’alliance et parce qu’ils l’ont acceptée. Mais il y a plus. Les Israélites sont appelés « justes » en raison de cette même marque d’alliance. De ce qui précède, nous inférons que quiconque garde intacte la marque de l’alliance sur laquelle le monde est basé, est appelé «juste». D’où le savons-nous ? Nous le savons de Joseph qui a été favorisé du nom de « juste » pour avoir conservé intacte la pureté de la marque de l’alliance. Tel est le sens du verset : « Et ton peuple est entièrement composé de justes ; ils possèdent la terre pour toujours. »
Rabbi Éléazar dit : D’après la tradition, partout où l’Écriture emploie le terme d’ « Éléh » (voici.), ce qui suit forme une antithèse avec ce qui précède (1). Or, que dit l’Écriture dans le chapitre de la Genèse qui précède le mot « Éléh » ? L’Écriture (Gen. , II, 10) dit : « Et un fleuve sort de l’Éden pour arroser le Jardin ; et, de là, ce fleuve se divise en quatre canaux. » Ce fleuve qui sort de l’Éden et qui pénètre dans le Paradis y apporte les eaux célestes et donne ainsi naissance aux fruits et aux plantes qui y croissent. Mais aussitôt que l’œuvre de la création a été terminée, ce fleuve a également cessé de produire des fruits et des plantes, ainsi qu’il est écrit (Gen. , II, 3) : «... Parce qu’il avait cessé en ce jour de produire tous les ouvrages qu’il avait créés» ; et un peu plus haut (Ibid. , 2) : «... Et il se reposa le septième jour, après avoir achevé tous ses ouvrages. » Tel est le mystère renfermé dans le mot «Éléh» : « Voici les enfants de Noé. » L’Écriture nous apprend qu’à partir de cette époque, c’est Noé seul, c’est-à-dire le genre humain seul, qui engendre des enfants, tandis que le fleuve céleste a déjà cessé de produire les fruits et les plantes.
Remarquez que Noé continua ici-bas l’œuvre sacrée commencée en haut ; et c’est pourquoi il est appelé (Gen. , IX, 20) « l’homme de la terre » (isch ha-adamah). Ce chapitre de Noé nous apprend un mystère. Noé a dû être enfermé dans l’arche pour conserver la race humaine sur la terre, ainsi qu’il est écrit (Gen. , VII, 3) : «... Afin de conserver les races sur la face de toute la terre. » Que symbolise l’arche de Noé ? Elle est le symbole de l’arche de l’Alliance. Ainsi, pour sauver le monde, Noé a dû être enfermé dans une arche ici-bas, exactement comme cela se passe pour le mystère d’en haut. Chez Noé, l’Écriture emploie étalement le mot « alliance », ainsi qu’il est écrit (Gen. , VI, 18) : « J’établirai mon alliance avec toi. » Noé ne pouvait entrer dans l’arche avant que Dieu n’eût formé alliance avec lui ; car l’Écriture dit : « J’établirai mon alliance avec toi, et tu, entreras dans l’arche. » Donc, il ne devait être enfermé dans l’arche qu’après l’alliance que Dieu a faite avec lui. Ainsi, Noé enfermé dans l’arche a pu sauver le monde. Ceci correspond au Mystère suprême. Et c’est précisément en raison de la ressemblance de Noé avec le Mystère suprême que l’Écriture dit : « Voici (Éléh) les enfants de Noé. »
L’Écriture ajoute : « Noé fut un homme juste » ; car il était l’image de Celui d’en haut, qui est également appelé le « Juste » et dont l’Écriture (Prov. , X, 25) dit : « Et le Juste est la base du monde. » Il est ainsi appelé parce qu’il est la Colonne sur laquelle le monde est basé. Cette Colonne est appelée le « Juste » ; et Noé aussi est appelé le « juste » d’en bas. Tel est le mystère exprimé dans les paroles de l’Ecriture (Gen. , VI, 8) : « Noé marcha avec Élohim », ce qui veut dire qu’il ne s’est jamais séparé d’Élohim dont il était, ici-bas, l’image fidèle. Ainsi Élohim est appelé le « Juste » et la « base du monde », et Noé était « un homme juste ». Élohim forme l’Alliance de la paix du monde ; et, avec Noé, Dieu fit aussi une alliance. C’est en raison de la ressemblance parfaite de Noé avec Élohim que l’Écriture le désigne sous le nom « d’Homme de la terre ».
C’est pourquoi l’Écriture dit (Ibid.) : « Et Noé trouva grâce devant le Seigneur. » Il est écrit (Gen. , VI, 9) : « Noé fut un homme juste et parfait parmi ses générations (bedorothav). » Que signifient les mots « parmi ses générations ». L’Écriturre veut dire que Noé était la cause de la perfection de ses descendants et qu’il possédait la perfection de tous ses descendants. Les mots « il était parfait (thamim) » signifient qu’il était né circoncis, ainsi qu’il est écrit (Gen. , XVII, 1) : « Marche devant moi, et sois parfait (thamim). » (2) Le mot « parmi ses générations (bedorothav) » signifie également qu’il n’était parfait que parmi les hommes de sa génération, mais qu’il ne pouvait passer pour tel parmi les hommes des générations futures issues de lui (3).
Remarquez que Noé a été prédestiné, dès le jour de la création du monde, à être enfermé dans une arche et à faire en quelque sorte corps avec elle en y séjournant. Tant que Noé n’eut pas fait corps avec l’arche, le monde n’était pas dans un état parfait ; mais après que Noé eut séjourné dans l’Arche, l’Écriture (Gen. , IX, 19) dit : « ... Et c’est d’eux que s’est répandue la race des hommes sur toute la terre. » Que signifie le mot « répandue (naphtzah») ? Ce mot a la même signification que le mot « ipared », dans le verset : «... Et de là ce fleuve se divise en quatre canaux.. » (Gen. , II, 10) Car, c’est à partir de ce moment, que la division a été opérée qui a rendu possible la fécondité dans toutes les directions. Or, tout a été de la même façon, au ciel aussi bien que sur la terre.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Éléh, voici les enfants de Noé. » En effet, c’est grâce à « Éléh », qui est la base du monde, que Noé a engendré [...]
- אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת נֹחַ, רַבִּי חִיָּיא פָּתַח (ישעיהו ס׳:כ״א) וְעַמֵּךְ כֻּלָּם צַדִּיקִים לְעוֹלָם יִירְשׁוּ אָרֶץ נֵצֶר מַטָּעַי מַעֲשֵׂה יָדַי לְהִתְפָּאֵר. זַכָּאִין אִנּוּן יִשְׂרָאֵל דְּמִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא, וְיָדְעֵי אָרְחִין דְּאוֹרַיְיתָא, דִּבְגִינָהּ יִזְכּוּן לְעָלְמָא דְאָתֵי.
תָּא חֲזֵי, כָּל יִשְׂרָאֵל אִית לוֹן חוּלָקָא לְעָלְמָא דְאָתֵי. מַאי טַעְמָא בְּגִין דְּנָטְרִין בְּרִית דְּעָלְמָא אִתְקַיֵּים עֲלֵיהּ. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (ירמיהו ל״ג:כ״ה) אִם לא בְרִיתִי יוֹמָם וָלָיְלָה חֻקּוֹת שָׁמַיִם וָאָרֶץ לא שָׂמְתִּי. וְעַל דָּא יִשְׂרָאֵל דְּנָטְרֵי בְּרִית וְקַבִּילוּ לֵיהּ אִית לוֹן חוּלָקָא בְּעָלְמָא דְאָתֵי.
וְלֹא עוֹד אֶלָּא בְּגִין כָךְ אִקְרוּן צַדִּיקִים. מִכָּאן אוֹלִיפְנָא כָּל מָאן דְּנָטִיר הַאי בְּרִית דְּעָלְמָא אִתְקְיַּים עֲלֵיהּ. אִקְרֵי צַדִּיק. מְנָא לָן מִיּוֹסֵף. בְּגִין דְּנָטַר לֵיהּ לִבְרִית עָלְמָא, זָכָה דְאִקְרֵי צַדִּיק. וְעַל כָּךְ וְעַמֵּךְ כֻּלָּם צַדִּיקִים לְעוֹלָם יִירְשׁוּ אָרֶץ.
רַבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, אֵלֶּה בְּכָל אֲתַר פָּסַל אֶת הָרִאשׁוֹנִים תָּנִינָן וְכוּ'. מַה כְּתִיב לְעֵילָא בְּפָרְשָׁתָא דִבְרֵאשִׁית (בראשית ב׳:י׳) וְנָהָר יוֹצֵא מֵעֵדֶן לְהַשְׁקוֹת אֶת הַגָּן וּמִשָּׁם יִפָּרֵד וְגו'. הַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק וְעֲיִּיל לְגִנְתָּא וְאַשְׁקֵי לֵיהּ מִשַּׁקְיוּ דִלְעֵילָא וְעָבִיד לֵיהּ נַיְיחָא וְעָבִיד אִיבִּין וְרַבֵּי זָרְעִין. וְהוּא כְּדֵין נַיְיחָא לְכֹלָא. וְדָא נַיְיחָא לֵיהּ לְגִנְתָּא. וְדָא עָבִיד נַיְיחָא בֵּיהּ (נ''א לגנתא. וגנתא נייחא ביה). כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (בראשית ג) כִּי בוֹ שָׁבַת. וּכְתִיב, (בראשית ב׳:ג׳) וַיִּשְׁבּוֹת בַּיּוֹם הַשְּׁבִיעִי. וְדָא רָזָא דְמִלָּה דָּא עָבִיד תּוֹלְדוֹת וְלָא אָחֳרָא.
תָּא חֲזֵי (כח ב כגוונא דא נח לתתא. קיימא קדישא הוה דוגמא דלעילא. ועל דא אקרי אישהאדמה. ורזא אוליפנא, דהא נח אצטריך לתיבה לאתחברא בה. ולקיימא זרעא דכולא דכתיב לחיות זרע.)
מָאן תֵּיבָה. דָּא (דא) (לג ב) אֲרוֹן הַבְּרִית. וְנֹחַ וְתֵיבָה לְתַתָּא הָכִי הֲווּ כְּדוּגְמָא (דא) דִלְעֵילָא. נֹחַ כְּתִיב בֵּיהּ בְּרִית דִּכְתִיב וַהֲקִימוֹתִי אֶת בְּרִיתִי אִתָּךְ וְגו'. וְעַד דְּאִתְקְיַּים בֵּיהּ בְּרִית לָא עָיִיל לְתֵיבוּתָא. דִּכְתִיב וַהֲקִימוֹתִי אֶת בְּרִיתִי אִתָּךְ וּבָאתָ אֶל הַתֵּיבָה. וּכְדֵין הֲוָה תֵּיבָה אֲרוֹן הַבְּרִית. תֵּיבָה וְנֹחַ כֹּלָּא כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא. וּבְגִין דְּהַאי בְּרִית לְעֵילָא הוּא עָבִיד תּוֹלְדוֹת. כְּגַוְונָא דָא נֹחַ (ד''א לתתא) אִיהוּ עָבִיד תּוֹלְדוֹת. בְּגִינֵי כָּךְ (כמא דאת אמר) אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת נֹחַ.
נֹחַ אִישׁ צַדִּיק. הָכִי הוּא וַדַּאי כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא. וְעַל דָּא (משלי י׳:כ״ה) וְצַדִּיק יְסוֹד עוֹלָם כְּתִיב. וְאַרְעָא עַל דָּא אִתְקָיְימַת. דְּהָא אִיהוּ עַמּוּדָא דְּעָלְמָא קָיְימָא עֲלֵיהּ. וּמָאן אִיהוּ דָּא צַדִּיק. וְנֹחַ אִקְרֵי צַדִּיק לְתַתָּא. וְרָזָא (נ''א דא) דְכֹלָא, אֶת הָאֱלהִים הִתְהַלֶּךְ נֹחַ, דַּיְיקָא, דְּלָא אִתְפְּרַשׁ מִנֵּיהּ לְעָלְמִין. וּלְמֶהֱוֵי הוּא בְּאַרְעָא כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא אִישׁ צַדִּיק יְסוֹדָא דְעָלְמָא. בְּרִית שָׁלוֹם שְׁלָמָא דְּעָלְמָא. אִישׁ הָאֲדָמָה וַדַּאי. וְעַל דָּא (בראשית ו׳:ח׳) וְנֹחַ מָצָא חֵן בְּעֵינֵי יְיָ.
תָּמִים הָיָה בְּדוֹרוֹתָיו. מַאי בְּדוֹרוֹתָיו, אִלֵין אִנּוּן דְּנָפְקוּ מִנֵּיהּ. הוּא אַשְׁלִים לְכֻלְהוּ. וְהוּא הֲוָה שְׁלִים מִכֻּלְהוּ. תָּמִים הָיָה דְּאִתְיְילִיד מָהוּל דִּכְתִיב הִתְהַלֵּךְ לְפָנַי וְהיֵה תָמִים. בְּדוֹרוֹתָיו וְלא בְּדָרִין דְּעָלְמָא דְּהָא מִנֵּיהּ נָפְקוּ (תולדות בעלמא).
תָּא חֲזֵי, נֹחַ אִתְחַזֵּי מִיּוֹמָא דְּאִתְבְּרִי עָלְמָא לְמֶהֱוֵי בְּתֵיבָה בְּחִבּוּרָא חַד וּלְמֵיעַל בָּהּ, וְעַד לָא אִתְחַבְּרוּ כְּחֲדָא לָא הֲוָה עָלְמָא כְּדְקָא יְאוּת, לְבָתַר מַה כְּתִיב, (בראשית ט׳:י״ט) וּמֵאֵלֶּה נָפְצָה כָּל הָאָרֶץ. מַהוּ נָפְצָה. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית ב׳:י׳) וּמִשָּׁם יִפָּרֵד. דְּמִתַּמָּן אִשְׁתְּכַח פִּרוּדָא וְאִתְבַּדָּרוּ תּוֹלְדוֹת לְכָל סִטְרִין וְכֹלָּא חַד כְּדוּגְמָא חָדָא. בְּגִינֵי כָךְ אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת נֹחַ. אֵלֶּה וַדַּאי. דְּהָא יְסוֹדָא דְעָלְמָא אִיהוּ דְּעָבִיד (Ⅰ)
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[60a]
[...] des enfants pour perpétuer l’espèce humaine sur la terre. Rabbi Abba vint alors embrasser Rabbi Éléazar, et s’écria O lion dont la force perfore et brise les rochers ! Car la chose est, en effet, telle que tu l’as dite ; et cela résulte même de la mesure de l’arche. Ici (Gen. , V, 29), l’Écriture emploie le terme de «Celui-ci nous soulagera » (ze) ; et ailleurs il est écrit : « Celui-ci (ze) est le Seigneur que nous avons attendu. » On voit donc que Noé est désigné par le même pronom (ze) que le Seigneur. Heureux le sort des Justes qui sont marqués du sceau du Roi, en étant désignés sous son nom ; car c’et le Roi qui donne aux justes sur la terre les noms qui répondent le mieux à la vie de chacun d’eux.
Ici, L’Écriture dit : «... Et le nomma Noé. » Dans cette phrase se trouve le mot « eth », alors qu’il est dit ailleurs (Gen. , XXV, 26) : « Et il le nomma Jacob », sans le mot «eth ». Pourquoi cette différence ? La vérité est qu’il faut distinguer entre Noé et Jacob qui sont placés sur deux degrés différents. Ainsi, il est également écrit (Is. , VI, 1) : « Et je vis le Seigneur », avec « eth ». Le mot « eth » est employé dans ce verset pour nous indiquer que le prophète a vu également la Schekhina avec le Seigneur.
C’est pourquoi l’Écriture dit aussi : « Et il nomma Noé», avec « eth », afin de nous apprendre qu’il a été appelé de ce nom par le Saint, béni soit-il, conjointement avec la Schekhina, alors que Jacob, placé sur un autre degré, a été appelé de son nom par le Saint, béni soit-il, seul.
Il est écrit : « Voici les enfants de Noé. »
Rabbi Yehouda a ouvert sa conférence de la manière suivante : L’Écriture (Ps. , CXII, 5) dit : « Bon est l’homme qui compatit et qui prête à ceux qui sont pauvres. » Les mots « bon » et « homme» désignent le Saint, béni soit-il, qui est appelé « bon », ainsi qu’il est écrit (Ps. , CXLV, 9) : « Dieu est bon envers tous », et qui est également appelé « homme », ainsi qu’il est écrit (Ex. , XV, 3) : « Dieu est un homme de guerre. » Car Dieu compatit et prête des lumières à cette région inférieure qui n’en a aucune d’elle-même et qui ne tire sa nourriture que de Dieu.
L’Écriture ajoute : «... Et qui règle ses paroles avec justice » ; car cette région qui tire la nourriture de Dieu n’est nourrie que de justice, ainsi qu’il est écrit (Ps. , LXXXIX, 15) : « La justice et l’équité sont l’appui de son trône. » Suivant une autre interprétation, le verset : « Bon est l’homme » désigne le Juste, ainsi qu’il est écrit (Is. , III, 10) : « Dites au Juste qu’il est bon ; car il recueillera le fruit de ses œuvres. »
Rabbi Yossé dit : Ce verset désigne Noé, car, Noé est appelé «Juste», ainsi qu’il est écrit : « Noé fut un homme juste. » Or, comme il a été démontré précédemment que le juste est appelé « bon », il s’ensuit que Noé, qui est appelé «juste », est également désigné sous le nom de « bon ».
Rabbi Isaac dit : Dans ce verset est exprimé l’éloge du Sabbat ; car le Psaume en l’honneur du Sabbat commence également par le mot « bon », ainsi qu’il est écrit (Ps. , XCII, 2) : « Il est bon de louer le Seigneur. » Rabbi Hiyà ayant entendu émettre ces divers avis au sujet de l’interprétation du verset précité, s’écria : Toutes ces interprétations, différentes en apparence, ne sont, en réalité, qu’une seule. Qu’est-ce qu’on entend par « fécondation » ? On entend par ce terme les âmes des justes, qui sont les fruits des œuvres du Saint, béni soit-il.
Rabbi Siméon dit : Lorsque le Saint, béni-soit-il, se pare de ses ornements, il mêle les ornements d’en haut avec ceux d’en bas. Les ornements d’en haut sont les lumières les plus sublimes et les plus élevées. Quels sont les ornements d’en bas ? Ce sont les âmes des justes. C’est grâce à ce contact des âmes des justes avec les lumières les plus sublimes et les plus élevées, qui constituent les ornements d’en haut, que la vie augmente en haut et en bas, que la sainteté se répand dans toutes les directions, que la citerne se remplit, que la mer se remplit également et qu’il est donné à chacun ce dont il a besoin.
Il est écrit (Prov. , V, 15) : «Bois de l’eau de ta citerne et des ruisseaux de ta fontaine. » Pourquoi l’Écriture commence-t-elle par se servir du terme « citerne» (((rwb))Bar), et finit-elle par « fontaine » (((rab))Beer) ? Il y a cependant une différence entre une citerne qui n’a point d’eau qui lui soit propre (puisqu’au lieu de produire l’eau, elle ne lui sert que de réservoir), et une fontaine qui produit l’eau ? Mais l’Écriture veut nous apprendre que la « citerne » finit par devenir « fontaine ». D’abord, les âmes des justes, semblables à un (4) pauvre n’auront rien qui leur soit propre ; c’est pourquoi l’Écriture les désigne par le nom de « citerne », qui ne contient non plus que l’eau que l’on y verse. Quand le monde se trouve dans un tel état, il est désigné par la lettre Daleth (5). Mais les âmes des justes deviendront « fontaine » et jailliront de l’eau vive dans toutes les directions. Et qui est-ce qui les transformera en «fontaine » ? C’est le Hé qui, rempli des lumières d’en haut, [...]
- תּוֹלְדוֹת לְקָיְימָא בְּאַרְעָא. אֲתָא רַבִּי אַבָּא וּנְשָׁקֵיהּ. אָמַר אַרְיָא בְּחֵילֵיהּ טִינָרָא נָקִיב וְתָבַר. כָּךְ הוּא וַדַּאי. וְתָּא חֲזֵי, מִשִּׁיעוּרָא דְּתֵיבוּתָא אוּף נָמֵי הָכִי הוּא.
תּוֹסֶפְתָּא
לָמָּה נֹחַ נֹחַ תְּרֵי זִמְנִי. אֶלָּא כָּל צַּדִּיק וצַּדִּיק דִּי בְּעָלְמָא אִיתּ לֵיהּ תְּרֵין רוּחִין. רוּחָא חַד בְּעָלְמָא דֵין ורוּחָא חַד בְּעָלְמָא דְאָתֵּי. והָכִי תִּשְׁכַּח בְּכֻלְהוּ צַּדִּיקֵי משֶׁה משֶׁה, יַעֲקֹב יַעֲקֹב, אַבְרָהָם אַבְרָהָם, שְׁמוּאֵל שְׁמוּאֵל, שֵׁם שֵׁם. בַּר מִיִּצְּחָק דְּלָא כְּתִּיב בֵּיהּ כְּמָה דִכְתִּיב בְּהוּ. בְּגִין דְּיִצְּחָק בְּשַׁעֲתָּא דְּאִתְּקְרָב עַל גַּבֵּי מַדְבְּחָא נָפְּקַתּ נִשְׁמָתֵּיהּ דְּהֲוַתּ בֵּיהּ בְּהַאי עָלְמָא. וכֵיוָן דְּאִתְּמָר בֵּיהּ בְּאַבְרָהָם, בָּרוּךָ מְחַיֵּה הַמֵּתִּים תָּבַתּ בֵּיהּ נִשְׁמָתֵּיהּ דְּעָלְמָא דְּאָתֵּי. בְּגִין דָּא תִּשְׁכַּח דְּלָא יִחֵד קוּדְשָׁא בְּרִיךָ הוּא שְׁמֵיהּ אֶלָּא עַל יִצְּחָק בְּגִין דְּאִתְּחַשַׁב כְּמֵתּ וְעַל דָּא רָמַז קְרָא ואָמַר (איוב ז) הֵן בִּקְדוֹשָׁיו לֹא יַאֲמִין וגו'.
דָּבָר אַחֵר אֵלֶּה תּוֹלְדוֹתּ בְּגִין דְּהֲוָה צַּדִּיק שַׁבַּח לֵיהּ תְּרֵי זִמְנִי. תָּמִים הָיָה בְּדוֹרוֹתָּיו, אֲבָל בְּדָרִין אַחֲרָנִין אֵינוֹ נְחְשַׁב לִכְלוּם, כְּמוֹ דָרָא דְאַבְרָהָם ודָרָא דְמשֶׁה ודָרָא דְּדָוִד. דָּבָר אַחֵר חָמֵי מַאי עָבַד בְּדָרָא דְּכֻלְהוּ חַיָּיבִים, קַל וָחוֹמֶר אִלּוּ הָיָה בְּדָרָא דְּכֻלְהוּ צַּדִּיקִים: (עד כאן תוספתא)
רַבִּי אֶלְעָזָר פָּתַח (תהילים מ״ו:ט׳) לְכוּ חֲזוּ מִפְעֲלוֹת (בדפוס קרימונא אלקים, ועי' מ''ש לעיל נח ב) יְיָ אֲשֶׁר שָׂם שַׁמּוֹת בָּאָרֶץ. הַאי קְרָא הָא אִתְּמָר וְאוּקְמוּהָ. אֲבָל לְכוּ חֲזוּ, מַאי חֲזוּ. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו כ״א:ב׳) חָזוּת קָשֶׁה הוּגַד לִי. בְּעוֹבָדוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד, אִתְגְּלִי נְבוּאָה עִלָּאָה לִבְנִי נָשָׁא. אֲשֶׁר שָׂם שַׁמּוֹת, שֵׁמוֹת וַדַּאי, דְּהָא שְׁמָא גָּרִים לְכֹלָּא.
כְּתִיב וַיִּקְרָא אֶת שְׁמוֹ נֹחַ לֵאמֹר זֶה וְגו' אַמַּאי הָכָא לֵאמֹר. וְאַמַּאי זֶה. אֶלָּא (הובא לעיל דף נח א' לשון זה) לֵאמֹר דָּא אִתְּתָא. זֶה דָּא צַדִּיק. (רמז כמו דקודשא בריך הוא קרא ליה נח נייחא דארעא. לאמר, מאי לאמר. אלא אתר דא קרי ליה נח. ומאן איהו ארעא קדישא. לאמר זה ינחמנו ממעשנו וגו'. עבד ליה קודשא בריך הוא לתתא כגוונא עלאה) (נ''א זה דא צדיק וכן נח (לאמר, נח) דא צדיק. לאמר דא נוקבא. בגין דלא מתפרשן דא מן דא. אמר רבי יצחק לאמר דא ארעא קדישא) (וזה אמת) (כצ''ל באמת בהגהת ד''א. הרש''ב) כְּתִיב הָכָא זֶה יְנַחֲמֵנוּ, וּכְתִיב הָתָם (ישעיה כה) זֶה יְיָ קִוִּינוּ לוֹ. זַכָּאִין אִנּוּן צַדִּיקַיָא דִרְשִׁימִין בִּרְשִׁימוּ דְגוּשְׁפַּנְקָא דְמַלְכָּא לְמֶהוֵי בִּשְׁמֵיהּ רְשִׁימִין וְאִיהוּ שָׁוֵי שְׁמָהָן בְּאַרְעָא כְּדְקָא יְאוּת.
כְּתִיב וַיִּקְרָא אֶת שְׁמוֹ נֹחַ. וּכְתִיב, (וישב קפו ב) וַיִּקְרָא שְׁמוֹ יַעֲקֹב. אַמַּאי לָא כְּתִיב אֶת. אֶלָּא הָתָם דַּרְגָּא אַחֲרָא (ד''א חדא) וְהָכָא דַּרְגָּא אוֹחֲרָא. (נ''א את, כמה דאת אמר ואראה את יי) כְּדִכְתִיב, (ישעיה ו) וָאֶרְאֶה אֶת יְיָ. וָאֶרְאֶה יְיָ לָא כְּתִיב אֶלָּא אֶת יְיָ. אוּף הָכָא בְּנֹחַ וַיִּקְרָא אֶת שְׁמוֹ נֹחַ. וַיִּקְרָא שְׁמוֹ יַעֲקֹב דַּרְגָּא דִּילֵיהּ, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מַמָּשׁ קָרָא לֵיהּ יַעֲקֹב. אֲבָל הָכָא אֶת לְאִתְכְּלָלָא שְׁכִינְתָּא. (נ''א דהיא דרגא אחרא לתתא):
אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת נֹחַ וְגו'. רַבִּי יְהוּדָה פָּתַח (תהילים קי״ב:ה׳) טוֹב אִישׁ חוֹנֵן וּמַלְוֶה יְכַלְכֵּל דְּבָרָיו בְּמִשְׁפָּט. טוֹב אִישׁ, דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דְּאִקְרֵי טוֹב. כְּמָה דִּכְתִיב, (תהילים קמ״ה:ט׳) טוֹב ה' לַכֹּל. וּכְתִיב, (שמות ט״ו:ג׳) ה' אִישׁ מִלְחָמָה. לְהַאי כֹּל חוֹנֵן וּמַלְוֶה. לְאֲתַר דְּלֵית לֵיהּ מִדִּילֵיהּ. וְהַהוּא אֲתַר מִנֵּיהּ אִתְּזָן יְכַלְכֵּל דְּבָרָיו בְּמִשְׁפָּט, דְּהָא הַהוּא דָּבָר לָא אִתְּזָן אֶלָּא בְּמִשְׁפָּט כְּמָה דְּאַתְּ אָמֵר (תהלים פט) צֶדֶק וּמִשְׁפָּט מְכוֹן כִּסְאֶךָ.
דָּבָר אַחֵר טוֹב אִישׁ, דָּא צַדִּיק דִּכְתִיב, (ישעיהו ג׳:י׳) אִמְרוּ צַדִּיק כִּי טוֹב כִּי פְּרִי מַעַלְלֵיהֶם יֹאכֵלוּ. רַבִּי יוֹסֵי אָמַר דָּא נֹחַ דִּכְתִיב נֹחַ אִישׁ צַדִּיק. רַבִּי יִצְחָק אָמַר דָּא שְׁבָחָא דְּשַׁבָּת, דְּבֵיהּ פָּתַח טוֹב, דִּכְתִיב, (תהילים צ״ב:ב׳) טוֹב לְהוֹדוֹת לַה'.
רַבִּי חִיָּיא אָמַר כֹּלָּא חַד וְכֻלְהוּ מִלָּה חָדָא אָמְרוּ. וְדָא עָבִיד תּוֹלְדוֹת בְּעָלְמָא. תּוֹלְדוֹת דְּעָלְמָא מָאן אִנּוּן. אִלֵּין נִשְׁמַתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָא דְּאִנּוּן אִיבָּא דְּעוֹבָדוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. רַבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר בְּשַׁעֲתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מִתְעַטֵּר בְּעִטְרוֹי, מִתְעַטֵּר מֵעֵילָא וּמִתַּתָּא. מֵעֵילָא מֵאֲתַר דְּעֲמִיקָא דְכֹלָּא. מִתְעַטֵּר מִתַּתָּא בַּמֶּה. בְּנִשְׁמַתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָא. כְּדֵין אִתּוֹסַף חַיִּים מֵעֵילָא וּמִתַּתָּא. וְאִתְכְּלִיל אֲתַר מַקְדְּשָׁא מִכָּל סִטְרִין וּבֵירָא אִתְמַלְיָיא וְיַמָּא אִשְׁתְּלִים, וּכְדֵין יָהַב לְכֹלָּא.
כְּתִיב, (משלי ה׳:ט״ו) שְׁתֵה מַיִם מִבּוֹרְךָ וְנוֹזְלִים מִתּוֹךְ בְּאֵרְךָ. אַמַּאי (הכא) בּוֹרְךָ בְּקַדְמִיתָא וּלְבָתַר בְּאֵרְךָ. דְּהָא בּוֹר לָא אִקְרֵי אֶלָּא רֵיקַנְיָא דְּלָא נְבִיעַ. בְּאֵר מַיִין דְּנָבְעִין. אֶלָּא כֹּלָא אֲתַר חַד הוּא. אֶלָּא אֲתַר דְּמִסְכְּנֵי (נ''א דמסכנותא) אֲחִידָן בֵּיהּ אִקְרֵי בּוֹר. דְּלֵית לֵיהּ מִדִּילֵיהּ אֶלָּא מַה דְּיַהֲבִין בְּגַוֵּיהּ. וּמַאן אִיהוּ דלי''ת. לְבָתַר אִתְעֲבִיד בְּאֵר דְּאִיהוּ נְבִיעַ וּמַלְיָא (ד''א דמליא) מִכָּל סִטְרִין. וּמָאן אִיהוּ ה''א. אִתְמַלְיָיא מֵעֵילָא (Ⅰ)
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[60b]
[...] fera jaillir également les âmes des justes ici-bas, ainsi que nous l’avons déjà dit. Suivant une autre interprétation, les mots : « Bois de l’eau de ta citerne », désignent le roi David à qui l’Écriture (II Rois, XXIII, 14) fait dire : « Qui (Mi) me donnera à boire de l’eau de la citerne qui est à Bethléem. » Le mot « ruisseau » désigne Abraham. Le mot « de» (mithokh) désigne Jacob qui forme la figure du milieu. Enfin, le mot « ta fontaine » désigne Isaac qui est appelé (Gen., XXVI, 19) « fontaine d’eau vive » (6). Dans ce verset se trouve exprimé le mystère sacré et sublime des patriarches auxquels le roi David est attaché. Le désir que la femelle éprouve pour le mâle ne se réveille que lorsque l’esprit femelle la pénètre ; c’est alors seulement que la femelle lance ses eaux à la matière fécondante du mâle d’en haut.
De même, le Synode d’Israël n’éprouve de désirs pour le Saint, béni soit-il, que parce qu’il est pénétré de l’esprit des justes ; c’est alors seulement que le Synode d’Israël fait jaillir ses eaux à la rencontre de la matière fécondante du mâle ; alors la volupté devient égale, c’est-à-dire, commune au mâle et à la femelle, de manière que le mâle et la femelle ne forment plus qu’un faisceau, qu’un nœud. Cet état fait les délices de tous ; il est désigné par le terme : « Le Saint, béni soit-il, se promène et se délecte en compagnie des âmes des justes. » Remarquez que tous ces enfants du Jardin de l’Éden ne procèdent du Juste que lorsque celui-ci s’enferme dans une « Arche » avec laquelle il fait corps ; c’est alors seulement que tous les enfants qui, jusqu’alors, étaient cachés en lui, en procèdent.
De même, Noé, l’homme juste, n’a pu repeupler le monde par sa descendance qu’après avoir été enfermé dans l’arche ; ce n’est qu’en en sortant qu’il a pu repeupler le monde. Si Noé et sa descendance n’étaient point sortis de l’arche, le monde n’existerait pas. Or, Noé était l’image de Celui d’en haut. Les enfants du Jardin de l’Éden ne procédèrent de Celui d’en haut, que lorsque celui-ci s’enferma dans une « Arche » ; et Noé aussi n’a pu repeupler le monde qu’après s’être enfermé dans une arche. Ainsi le procédé d’ici-bas ressemble au procédé d’en haut. Le monde ne peut exister qu’autant qu’il reste conforme au monde d’en haut ; c’est pourquoi le monde ne devint stable qu’à partir du moment où Noé fut enfermé dans l’arche, mais non pas avant. Tel est le sens des paroles de l’Écriture (Prov. , V, 15) : « Bois de l’eau de ta citerne et des ruisseaux de ta fontaine (7). » Il est écrit (Gen. , VI, 11) :«... Et la terre était corrompue devant Élohim. »
Rabbi Yehouda demanda : Puisque l’Écriture dit : « ... Et la terre était corrompue », pourquoi a-t-elle besoin d’ajouter : « ... devant Élohim » ? La raison en est celle-ci : Comme les hommes de cette génération ont commis des crimes publiquement et aux yeux de tout le monde, l’Écriture dit : « ... Et la terre était corrompue devant Élohim », c’est-à-dire que les crimes de ces hommes étaient aussi bien connus de tout le monde que d’Elohim lui-même.
Rabbi Yossé dit : Quant à moi, je suis d’un avis contraire. Les paroles : «... Et la terre était corrompue devant Élohim » signifient que, d’abord, ces hommes ayant commis leurs crimes secrètement, leurs méfaits n’étaient connus que d’Élohim seul, et non pas des hommes ; mais ils finirent par commettre des crimes publiquement ; et
C’est pourquoi L’Écriture ajoute : « ... Et la terre était remplie d’iniquités. » De ce qui précède, il résulte que les paroles de l’Écriture : « Voici les enfants de Noé » ont une double signification : le sens ordinaire d’abord ; et ensuite elles indiquent que les descendants de Noé ne ressemblaient point à cette génération qui commettait des crimes publiquement.
Rabbi Abba dit : Depuis le jour où Adam transgressa le commandement de son Maître, tous les hommes, nés ensuite, ont reçu le nom de « fils d’Adam ». Cette dénomination n’était point à leur éloge ; elle signifiait plutôt « fils de celui qui a transgressé le commandement de son Maître ». Mais lorsque Noé vint au monde, les hommes reçurent le nom « d’enfants de Noé ». Cette dénomination était à leur éloge ; car ils étaient les enfants de celui qui les a conservés dans ce monde, et non pas les enfants d’Adam qui les avait fait disparaître de ce monde en causant la mort de chacun.
Rabbi Yossé objecta à Rabbi Abba : S’il en est ainsi, pourquoi l’Écriture dit-elle plus loin (Gen. , XI, 5) : « ... Et le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils d’Adam. » L’Écriture désigne donc les hommes sous le nom de « fils d’Adam », et non pas sous celui de « fils de Noé », même à une époque ultérieure à Noé !
Rabbi Abba lui répondit : Comme Adam a péché devant son Maître, il aurait mieux valu pour lui qu’il ne fût pas créé et que le verset suivant ne s’appliquât à lui. Car, remarquez que l’Écriture (Prov. , X, 1) dit : « Un fils sage est la joie de son père » ; attendu que, quand le fils est sage, tout le monde fait mention honorable du père; mais quand le fils est méchant, tout le monde évoque le souvenir du père en mauvais sens. Comme Adam a péché en transgressant le commandement de son Maître, tous ceux qui imitent son exemple, ont à leur tour transgressé le commandement de leur Maître, sont désignés sous le nom de « fils d'Adam ».
C’est pourquoi l’Écriture dit : « ... bâtissaient les fils d'Adam », ce qui veut dire : les fils du premier homme qui, lui aussi, s'est révolté contre son Maître en en transgressant le commandement. C'est pourquoi également l’Écriture dit : « Voici (Éléh) les enfants de Noé. » Le mot « Éléh », indique que ce qui suit n’a aucun rapport avec ce qui précède, parce que, à partir de la génération de Noé, les hommes étaient devenus les «enfants de Noé» et n’étaient plus « fils d'Adam »; ils étaient les enfants de celui qui les introduisit dans l'arche et les en sortit, afin de repeupler le monde ; mais ils n'étaient point les « fils d'Adam » qui sortit seul du Jardin de l'Éden et qui ne les en sortit pas. Remarquez, que si Adam eût fait sortir les « enfants », c'est-à-dire les âmes, du Jardin de l'Éden, les hommes auraient joui d’une vie éternelle ; la lumière de la lune n'aurait pas été amoindrie et toute l’œuvre de la création aurait été impérissable. Et même les anges supérieurs n'auraient pu rivaliser avec l'homme, ni en lumière, ni en beauté, ni en sagesse, ainsi qu’il est écrit (Gen. , I, 27) : « Il le créa à l'image d'Élohim. » Mais comme [...]
- וּנְבִיעַ מִתַּתָּא. אִתְמַלְיָיא מֵעֵילָא כְּמָה דְאֲמָרָן. וּנְבִיעַ מִתַּתָּא מִנִּשְׁמַתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָא.
דָּבָר אַחֵר שְׁתֵה מַיִם מִבּוֹרְךָ, דָּא דָּוִד מַלְכָּא דִּכְתִיב בֵּיהּ (שמואל ב כ״ג:ט״ו) מִי יַשְׁקֵנִי מַיִם מִבּוֹר בֵּית לֶחֶם. אִית מָאן דְּיֵימַר, וְנוֹזְלִים דָּא יִצְחָק. מִתּוֹךְ דָּא מֹשֶׁה דְאִיהוּ בְּאֶמְצָעִיתָא. בְּאֵרְךָ דָּא אַהֲרֹן דְּאִתְקְרֵי בְּאֵר מַיִם חַיִּים. וְדָּוִד מַלְכָּא דְּאִתְחַבַּר עִמְהוֹן. וְנוֹזְלִים דָּא אַבְרָהָם. מִתּוֹךְ, דָּא יַעֲקֹב דְּאִיהוּ בְּאֶמְצָעִיתָא. בְּאֵרְךָ דָּא יִצְחָק דְּאִקְרֵי בְּאֵר מַיִם חַיִּים. הָא בְּהַאי קְרָא אִשְׁתְּכַח רְתִיכָא קַדִּישָׁא עִלָּאָה מֵאֲבָהָן. וְדָוִד מַלְכָּא אִתְחַבַּר עִמְהוֹן.
תִּיאוּבְתָּא דְּנוּקְבָא לְגַבֵּי דְכוּרָא לָאו אִיהוּ אֶלָּא כַּד עֲיִּיל רוּחָא בָהּ וְאַשְׁדַּת מַיָּיא לְקִבְלָא מַיִּין עִלָּאִין דְּכוּרִין. כָּךְ כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל לָא אִתְעָרַת תִּיאוּבְתָּא לְגַבֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אֶלָּא בְּרוּחָא דְצַדִּיקַיָא דְּעָאלִין בְּגַוָּוהּ. וּכְדֵין נָבְעִין מַיָּיא מִגַּוָּוהּ לְקִבְלָא מַיִּין דִּדְכוּרָא. וְכֹלָּא אִתְעֲבִיד תִּיאוּבְתָּא חָדָא (ס''א וצבורא חדא) וּצְרוֹרָא חָדָא וְקִשּׁוּרָא חָדָא. וְדָא הוּא רַעֲוָא דְּכֹלָּא וְטִיּוּלָא דִּמְטַיֵּיל קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּנִשְׁמַתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָיא.
תָּא חֲזֵי, כָּל אִנּוּן תּוֹלְדוֹת דְּגִנְתָּא דְעֵדֶן לָא נָפְקִין מִצַּדִּיק. אֶלָּא כַּד עֲיִּיל בְּהַאי תֵּיבָה בְּחִבּוּרָא חָדָא. וְכֹלָּא גְּנִיזִין בָּהּ. וּלְבָתַר מִינָהּ נָפְקִין. אוּף הָכָא נֹחַ אִישׁ צַדִּיק לָא אַפִּיק תּוֹלְדוֹת לְמִפְרֵי בְּעָלְמָא עַד דְּעָאל לַתֵּיבָה וְאִתְכְּנַשׁ כֹּלָּא בָּהּ וְהֲווּ גְנִיזִין בָּהּ. וּלְבָתַר מִנָּהּ נָפְקוּ לְמִפְרֵי בְּעָלְמָא וּלְאִתְקָיְימָא בְּאַרְעָא. וְאִלְמָלֵא דְּנָפְקוּ מִגּוֹ תֵּיבָה לָא אִתְקַיְּימוּ בְּעָלְמָא. וְכֹלָּא כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא. מִגּוֹ תֵּיבָה נָפְקֵי לְעֵילָא. מִגּוֹ תֵּיבָה נָפְקֵי לְתַתָּא. דָּא כְּגַוְונָא דָּא. (מגו) וְהָכָא אִתְקְיַּים עָלְמָא וְלָא מִקַּדְמַת דְּנָא. דִּבְגִינֵי כָךְ כְּתִיב וְנוֹזְלִים מִתּוֹךְ בְּאֵרְךָ. וּכְתִיב וַיּוֹלֶד נֹחַ שְׁלשָׁה בָנִים (אמר רבי יהודה וגו' ככתוב בדף סב א):
וַתִּשָּׁחֵת הָאָרֶץ לִפְנֵי הָאֱלֹהִים. אָמַר רַבִּי יְהוּדָה כֵּיוָן דִּכְתִיב וַתִּשָּׁחֵת הָאָרֶץ אַמַּאי לִפְנִי הָאֱלֹהִים. אֶלָּא כֵּיוָן דְּעֲבָדוּ חוֹבֵיהוֹן בְּאִתְגַּלְּיָא לְעֵינֵיהוֹן דְּכֹלָּא כְּדֵין לִפְנֵי הָאֱלהִים כְּתִיב.
רַבִּי יוֹסֵי אָמַר אֲנָא אִפְכָא אֲמָרִית. וַתִּשָּׁחֵת הָאָרֶץ לִפְנִי הָאֱלֹהִים. בְּקַדְמִיתָא לִפְנֵי הָאֱלֹהִים דְּלָא הֲווּ עָבְדֵי בְּאִתְגַּלְּיָיא. לִפְנֵי הָאֱלהִים עֲבָדוּ וְלָא לִפְנֵי בְּנֵי נְשָׁא. וּלְבַסוֹף עֲבָדוּ בְּאִתְגַּלְּיָא הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַתִּמָּלֵא הָאָרֶץ חָמָס. דְּלָא הֲוָה אֲתַר בְּכָל אַרְעָא דְּלָא הֲוָה בְּאִתְגַּלְּיָא. וּבְגִין כָּךְ בִּתְרֵי גַּוְונֵי אָמַר קְרָא.
אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת נֹחַ. רַבִּי אַבָּא אָמַר מִיּוֹמָא דְּעֲבַר אָדָם עַל פְּקוּדָא דְּמָרֵיהּ כָּל בְּנֵי עָלְמָא דְּאִתְיַלִּידוּ לְבָתַר אִקְרוּן בְּנֵי הָאָדָם. וְלָא לִשְׁבָחָא אִקְרוּן הָכִי. אֶלָּא כְּמַאן דְּאָמַר בְּנוֹי דְּהַהוּא דְּעֲבַר עַל פְּקוּדָא דְמָרֵיהּ. כֵּיוָן דְּאָתָא נֹחַ, אִקְרוּן בְּנֵי עָלְמָא עַל שְׁמֵיהּ דְּנֹחַ. תּוֹלְדוֹת נֹחַ לְשִׁבְחָא. דְּקָאִים לוֹן בְּעָלְמָא. וְלָא תּוֹלְדוֹת דְּאָדָם דְּאַעֲבוּר לוֹן מֵעָלְמָא וְגָרִים מוֹתָא לְכֻלְהוּ.
אָמַר לֵיהּ רַבִּי יוֹסֵי, אִי הָכִי, הָא כְּתִיב לְבָתַר וַיֵּרֶד יְיָ לִרְאוֹת אֶת הָעִיר וְאֶת הַמִּגְדָּל אֲשֶׁר בָּנוּ בְּנִי הָאָדָם. בְּנֵי הָאָדָם כְּתִיב וְלָא כְּתִיב בְּנֵי נֹחַ. אָמַר לֵיהּ בְּגִין דְּאָדָם (דחטא ד''א חטא) קַמֵּי מָרֵיהּ טַב לֵיהּ דְּלָא אִבְרֵי וְלָא יִכְתּוֹב עֲלֵיהּ הַאי קְרָא.
אֶלָּא תָּא חֲזֵי, כְּתִיב (משלי י׳:א׳) בֵּן חָכָם יְשַׂמַּח אָב. כַּד בְּרָא טַב, כָּל בְּנִי עָלְמָא דָּכְרִין לֵיהּ לְאֲבוֹי לְטַב. וְכַד אִיהוּ בִּישׁ, כֹּלָּא דָּכְרִין לֵיהּ לְאֲבוֹי לְבִישׁ. אָדָם בְּגִין דְּחָטָא וְעָבַר עַל פְּקוּדָא דְּמָרֵיהּ, כַּד אָתוּ אִנּוּן דְּמָרְדוּ בְּמָרֵיהוֹן מַה כְּתִיב אֲשֶׁר בָּנוּ בְּנֵי הָאָדָם בְּנוֹי (עה א) דְּאָדָם קַדְמָאָה דְּמָרַד בְּמָרֵיהּ וְעֲבַר עַל פְּקוּדֵיהּ. וּבְגִינֵי כָךְ אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת נֹחַ. אֵלֶּה וְלָא קַדְמָאֵי. אֵלֶּה דְּנָפְקוּ וְעָאלוּ גּוֹ תֵּיבָה וְאַפִּיקוּ תּוֹלְדִין לְעָלְמִין וְלָא תּוֹלְדוֹת אָדָם דְּנָפַק מִגִּנְתָּא דְעֵדֶן וְלָא אַפִּיק לוֹן מִתַּמָּן.
תָּא חֲזֵי, אִלּוּ אַפִּיק אָדָם תּוֹלְדוֹת מִגִּנְתָּא דְעֵדֶן, לָא יִשְׁתֵּצוּן לְדָרֵי דָרִין. וְלָא אִתְחַשַּׁךְ נְהוֹרָא דְסִיהֲרָא לְעָלְמִין. וְכֻלְהוּ הֲווּ קָיְימִין לְעָלְמִין. וְאֲפִילּוּ מַלְאֲכֵי עִלָּאִי לָא קָיְימֵי קָמַיְיהוּ בִּנְהוֹרָא וְזִיוָא וְחָכְמְתָא. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר בְּצֶלֶם אֱלהִים בָּרָא אוֹתוֹ. אֲבָל כֵּיוָן דְּגָרִים (Ⅰ)
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[61a]
[...] à la suite de son péché, il fut chassé du Jardin de l'Éden pour engendrer des enfants hors de ce lieu, ses enfants ne sont ni impérissables, ni formés comme il convient.
Rabbi Hizqiya demanda : Comment était-il possible qu’Adam engendrât des enfants au Jardin de l'Éden, alors qu'il est certain que s'il n'avait attiré par son péché l'esprit tentateur, il serait demeuré seul dans le monde et n'aurait jamais engendré d'enfants ? De même, si Israël n'avait péché en adorant le veau d'or, ce qui lui attira l'esprit tentateur, il n'aurait jamais engendré d'enfants et n’aurait jamais été remplacé par une nouvelle génération.
Rabbi Abba lui répondit : Mes paroles avaient la signification suivante : Si Adam n'avait péché, il n'aurait pas engendré d'enfants émanant du côté de l'esprit tentateur, mais il aurait engendré des enfants émanant de l’Esprit-Saint. Mais comme il a péché, tous les hommes sont du côté de l'esprit tentateur ; et c'est pourquoi ils ne sont pas impérissables, parce qu'ils renferment un mélange de l'esprit impur. Mais si Adam n'avait point péché et, par conséquent, n'eût point été chassé du Jardin de l'Éden, il eût engendré des enfants du côté de l'Esprit-Saint qui eussent été aussi saints que les anges supérieurs et aussi éternels que les êtres céleste. Mais comme Adam a péché et qu'il a engendré ses fils hors du Jardin de l'Éden, n'ayant pas eu la faveur de les en faire sortir, ses enfants ne pouvaient pas même exister temporairement sur la terre, jusqu'à l'arrivée de Noé qui, ayant été juste, a pu rentrer dans l'arche et en sortir avec toutes les générations futures du monde qui, sorties de là, se sont répandues à tous les quatre points cardinaux du monde.
Il est écrit (Gen. , VI, 12) : « ... Et Élohim vit que la terre était corrompue ; car toute chair a été corrompue sur la terre. » Ces deux membres du verset se complètent l’un l’autre. Pourquoi la terre était-elle corrompue ? L'Écriture répond : « ... Car toute chair a été corrompue sur la terre. »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences par le verset suivant (Jonas, III, 10) : «Et Élohim vit leurs œuvres; car ils s'étaient convertis en quittant leur mauvaise voie. » Remarquez qu’à l'époque où les hommes sont dignes et observent les commandements de la doctrine, la terre se perfectionne de manière qu'on y trouve toutes sortes de joies. Et pourquoi en est-il ainsi ? Parce que la Schekhina réside sur la terre; et c’est pourquoi tout ce qui est en haut et en bas est pénétré de joie. Mais lorsque la conduite des, hommes est mauvaise, qu'ils n'observent pas les commandements de la doctrine et qu'ils pêchent devant leur Maître, alors ils repoussent, - s’il est permis de s'exprimer ainsi, - la Schekhina de ce monde ; et la terre reste alors corrompue, attendu que la Schekhina en a été chassée et n'y réside plus. Et pourquoi la terre est-elle corrompue quand la Schekhina n'y réside plus? Parce que, quand la Schekhina n'y réside plus, c'est un autre esprit qui y réside et corrompt le monde.
C'est pourquoi nous disons (Ps. , LXVIII, 35) : «qu'Israël prête de la force à Élohim », ce qui veut dire que c'est grâce à Israël que le monde subsiste. Élohim désigne la Schekhina; or, comme c'est grâce à Israël que la Schekhina réside sur la terre, il s’ensuit qu’Israël prête en quelque sorte, de la force à Élohim. Mais si - ce dont Dieu nous garde ! - Israël se trouve dans un état de culpabilité, qu’en dit l'Écriture? L’Écriture (Ps. , LVII, 6) dit alors « Élohim s’élève de la terre et monte au ciel. » Et pourquoi Élohim quitte-t-il la terre? L'Écriture répond : « ... Parce qu’ils ont tendu un piège à mes pieds et qu’ils ont abaissé mon âme par leur iniquité et par leur haine injustifiable. » Les paroles : « ... Ils ont tendu un piège à mes pieds » désignent un état de corruption pareil à celui dans lequel se trouvait la génération du Déluge; chez ces hommes, c'est l'iniquité seule qui est cause de leur haine. Mais tout ce qui précède s'applique-t-il également à Jérusalem? C’est-à-dire, la Schekhina quitte-t-elle également Jérusalem lorsque les hommes sont corrompus ? Nous avons pourtant appris que, hors du Saint, béni soit-il, lui-même, aucun autre esprit ne réside dans la terre d'Israël; aucun chef céleste, ni aucun autre ange messager n'y gouverne, hors le Saint, béni soit-il, lui seul (8). Malgré cela, il arriva un instant où le mauvais esprit y résida et corrompit les hommes. Comment le savons-nous ? Nous le savons par David, ainsi qu’il est écrit (I Paralip. , XXI, 16) : « Et David leva ses yeux et vit un ange du Seigneur qui était entre le ciel et la terre et qui avait à la main une épée nue et tournée contre Jérusalem. » C'est ainsi que la terre a pu être corrompue, même la terre d'Israël.
Rabbi Éléazar dit : Même en ce moment de menace, l'ange que David avait vu n'était point un ange réel; mais c'était le Saint, béni soit-il, lui-même. Car, ici, l'Écriture se sert du terme « ange du Seigneur ». Et ailleurs l'Écriture (Gen. , XLVIII, 16) dit : « Que l'Ange qui m'a délivré de tous maux bénisse mes enfants. » Qui est-ce que Jacob a pu désigner par le mot «ange», si ce n’est Dieu lui-même? Et, autre part encore, l'Écriture (Ex. , XIV, 19) dit : « Et l'Ange du Seigneur, qui marchait devant le camp des Israélites, alla derrière eux. » Par ce mot « ange », l'Écriture ne peut également désigner que Dieu lui-même. Le Saint, béni soit-il, gouverne lui-même Israël quand celui-ci marche dans la bonne voie, aussi bien que quand il marche dans la mauvaise voie. Lorsqu'Israël est bon, le Saint, béni soit-il, le gouverne lui -même, afin qu'Israël ne soit asservi par aucun autre pouvoir et afin que tous les habitants de la terre aient honte de la supériorité des œuvres d'Israël sur les leurs. Et quand Israël est méchant, c'est encore le Saint, béni soit-il, lui-même, qui le gouverne, pour ne pas procurer aux chefs des autres peuples la joie d'asservir Israël.
Mais, objectera-t-on peut-être, il est pourtant écrit (Lam. , I, 10) : « ... Car elle a vu les nations étrangères entrer dans son sanctuaire » ; or, il est évident que, si d'autres chefs célestes n'avaient gouverné Israël, les peuples païens n'auraient jamais pu pénétrer dans le sanctuaire et le détruire. A cette objection nous répondons ce qui suit : Il est écrit (Jér. , XIV, 22) : « ... Car c'est toi qui fais toutes ces choses. » Et ailleurs il est écrit (Lam. II, 17) : « Le Seigneur a fait ce qu'il avait résolu; il a accompli ce qu'il avait arrêté depuis longtemps. » Nous voyons donc que c’est Dieu lui-même qui a agi, que c’est lui-même qui a permis aux peuples païens d’entrer dans le sanctuaire et de le détruire.
Remarquez que l’Écriture dit : « Et Élohim vit que la terre était corrompue. » Elle était réellement corrompue, parce que la Schekhina l'avait quittée, ainsi que nous venons de le dire.
De même, l’Écriture dit : « Et Élohim vit leurs œuvres, car ils s'étaient convertis en quittant leur mauvaise voie. » Car la terre appelle toujours le ciel et, désireuse de s’en rapprocher, se pare d'ornements, telle une femelle s'apprêtant à recevoir le mâle. Ainsi, lorsque la terre élève des enfants dignes du Roi, elle en fait ses ornements. Mais les hommes de la génération du Déluge n'ont pas voulu se convertir; aussi l'Écriture dit-elle . « Et Élohim vit que la terre était corrompue » ce qui veut dire qu'elle ressemblait à une femme malpropre qui, honteuse, cache sa figure devant son mari . Mais lorsque les hommes finirent par se corrompre à tel point de commettre des crimes publiquement, la terre, arrachant le voile de son visage, ressemblait à une femelle dévergondée qui n’a plus honte de personne, ainsi qu’il est écrit (Is. , XXIV, 5) : « La terre est infectée par la corruption de ceux qui l’habitent, parce qu’ils ont violé les lois, changé les ordonnances et rompu l'alliance qui devait durer éternellement. » C'est pourquoi l'Écriture dit : « Et Élohim vit que la terre était corrompue. » Et pourquoi était-elle tant corrompue? L'Écriture répond, en ajoutant : « ... Car toute . [...]
- חֶטְאָה וְנָפַק אִיהוּ מִגִּנְתָּא דְעֵדֶן וְעֲבַד תּוֹלְדוֹת לְבַר. לָא אִתְקָיְימוּ בְּעָלְמָא וְלָא הֲוִי כְּדְקָא חָזֵי.
אָמַר רַבִּי חִזְקִיָּה וְכֵי הֵיךְ יָכְלִין לְמֶעְבַּד תּוֹלְדוֹת תַּמָּן דְּהָא אִלְּמָלֵא לָא אִתְמְשִׁיךְ עֲלֵיהּ יֵצֶר הָרָע וְחָטָא אִתְקְיַּים אִיהוּ בְּעָלְמָא בִּלְחוֹדוֹי וְלָא יַעֲבִיד תּוֹלְדוֹת. כְּגַוְונָא דָא אִלְּמָלֵא דְּחָבוּ יִשְׂרָאֵל בְּעֶגְלָא וְאַמְשִׁיכוּ עֲלַיְיהוּ יֵצֶר הָרָע לָא עֲבָדוּ (במדבר קפט א) תּוֹלְדוֹת לְעָלְמִין וְלָא יֵיתוּן דָּרִין אָחֳרָנִין לְעָלְמָא.
אָמַר לֵיהּ אִלְמָלֵא לֹא חָטָא אָדָם לָא עָבִיד תּוֹלְדוֹת כְּגַוְונָא דָא מִסִּטְרָא דְּיֵצֶר הָרָע. אֲבָל עָבִיד תּוֹלְדוֹת מִסִּטְרָא דְּרוּחָא קַדִּישָׁא. דְּהַשְׁתָּא לָא עָבִיד תּוֹלְדוֹת אֶלָּא מִסִּטְרָא דְּיֵצֶר הָרָע. וּבְגִין דְּכָל תּוֹלְדוֹת דִּבְנֵי נָשָׁא כֻּלְהוּ מִסִּטְרָא דְּיֵצֶר הָרָע, בְּגִין כָּךְ לֵית לוֹן קִיּוּם. וְאִי אֶפְשָׁר לוֹן לְאִתְקָיְימָא, דְּסִטְרָא אָחֳרָא אִתְעָרַב בְּהוּ. (ז''ח ל''ג ואפשר לון בסטרא אחרא).
אֲבָל אִלְּמָלֵא לא חָטָא אָדָם וְלָא אִתְתָּרַךְ מִגִּנְתָּא דְעֵדֶן. הֲוָה עָבִיד תּוֹלְדוֹת מִסִּטְרָא דְּרוּחַ קוּדְשָׁא דְּקַדִּישִׁין כְּמַלְאֲכֵי עִלָּאִין קָיְימִין לְדָרֵי דָרִין כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא. כֵּיוָן דְּחָטָא וְאוֹלִיד בְּנִין לְבַר מִגִּנְתָּא דְעֵדֶן, וְלָא זָכָה לְאַפָּקָא לוֹן מִגִּנְתָּא, לָא אִתְקָיְימוּ אֲפִלּוּ לְאִשְׁתְּרָשָׁא בְּעָלְמָא דָא. עַד דְּאָתָא נֹחַ דְּאִיהוּ צַדִּיק וְעָאל בַּתֵּבָה. וּמִן תֵּבָה נָפְקוּ כָּל דָּרִין דְּעָלְמָא. וּמִתַּמָּן אִתְבַּדְּרוּ לְכָל אַרְבַּע רוּחֵי עָלְמָא. (שייך לקמן ריש סב):
וַיַּרְא אֱלֹהִים אֶת הָאָרֶץ וְהִנִּה נִשְׁחָתָה. אַמַּאי נִשְׁחָתָה. בְּגִין כִּי הִשְׁחִית כָּל בָּשָׂר אֶת דַּרְכּוֹ, כְּמָה דְּאִתְּמָר. רַבִּי חִיָּיא פָּתַח קְרָא וְאָמַר (יונה ג׳:י׳) וַיַּרְא אֱלֹהִים אֶת מַעֲשֵׂיהֶם כִּי שָׁבוּ מִדַּרְכָּם הָרָעָה.
תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעֲתָא דִּבְנֵי נָשָׁא זָכָאן וְנָטְרֵי פִּקּוּדֵי דְאוֹרַיְיתָא, כְּדֵין אַרְעָא אִתְתַּקְפַת, וְכָל חֵידוּ אִשְׁתַּכְּחַת בָּהּ. מַאי טַעְמָא בְּגִין דִּשְׁכִינְתָּא שָׁרְיָא עַל אַרְעָא. וּכְדֵין כֹּלָּא עִלָּאֵי וְתַתָּאֵי בְּחֶדְוָה. וְכַד בְּנֵי נָשָׁא מְחַבְּלָן אָרְחַיְיהוּ וְלָא נָטְרֵי פְּקוּדֵי אוֹרַיְיתָא וְחָטָאן קַמֵּי מָארִיהוֹן, וּכְדֵין כִּבְיָכוֹל דַּחְיָין לָהּ לִשְׁכִינְתָּא מֵעָלְמָא וְאִשְׁתְּאָרַת אַרְעָא מְחַבְּלָא. דְּהָא שְׁכִינְתָּא אִתְדַּחְיָיא וְלָא שָׁרְיָא עֲלָהּ וּכְדֵין אִתְחַבְּלַת. מַאי טַעֲמָא אִתְחַבְּלַת. בְּגִין דְּשַׁרְיָא רוּחָא אָחֳרָא עֲלָהּ דִּמְחַבְּלָא עָלְמָא. וְעַל דָּא אַמְרִינָן דְּיִשְׂרָאֵל יָהֲבֵי עוֹז לֵאלהִים דִּמְקַיְימִין עָלְמָא. אֱלהִים דָּא שְׁכִינְתָּא.
וְאִם חַס וְשָׁלוֹם אִי יִשְׂרָאֵל יִשְׁתַּכְּחוּ חַיָּיבִין מַה כְּתִיב, (תהלים ו) רוּמָה עַל הַשָּׁמַיִם אֱלֹהִים וְגו' מִשּׁוּם דְּרֶשֶׁת הֵכִינוּ לִפְעָמַי. כָּפַף נַפְשִׁי בְּסִבַת חָמָס וְשִׂנְאַת חִנָּם. כָּרוּ לְפָנַי שׁוּחָה וְגו' כְּגַוְונָא דְדוֹר הַמַּבּוּל דִּבְגִין חָמָס דְּהֲוַת בֵּינֵיהוֹן הֲוָה בֵּינֵיהוֹן שִׂנְאָה וּדְבָבוּ.
יָכוֹל אַף בְאַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל כֵּן. וְהָא תָּנִינָן אַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל לָא שַׁרְיָא עֲלָהּ רוּחָא אָחֳרָא וְלָא מְמַנָּא אָחֳרָא בַּר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בִּלְחוֹדוֹי. תָּא חֲזֵי, דְּאַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל הָכִי הוּא דְּלָא שַׁרְיָא עֲלָהּ (פד ע''ב) מְמַנָּא וְלָא שְׁלִיחָא אָחֳרָא בַּר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בִּלְחוֹדוֹי. אֲבָל שַׁעֲתָא חָדָא שַׁרְיָא עֲלָהּ לְחַבְּלָא בְּנִי נָשָׁא. מְנָלָן מִדָּוִד דִּכְתִיב, (דברי הימים א כ״א:ט״ז) וַיַּרְא דָוִד אֶת מַלְאַךְ יְיָ וְחַרְבּוֹ שְׁלוּפָה בְּיָדוֹ נְטוּיָה עַל יְרוּשָׁלַ ם וּכְדֵין אִתְחַבָּלַת אַרְעָא.
אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר אֲפִלּוּ בְּהַהִיא שַׁעֲתָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא הֲוָה. כְּתִיב הָכָא מַלְאַךְ יְיָ. וּכְתִיב הָתָם (בראשית מ״ח:ט״ז) הַמַּלְאָךְ הַגּוֹאֵל אוֹתִי. וּכְתִיב (שמות י״ד:י״ט) וַיִּסַּע מַלְאַךְ הָאֱלהִים. הֵן לְטַב וְהֵן לְבִישׁ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שַׁלִּיט עֲלָהּ. לְטַב בְּגִין דְּלָא אִתְמַסְּרָא תְּחוֹת שְׁאָר מְמַנָּן, וְכָל דָּיְירֵי עָלְמָא יִכְסְפוּן מִן עוֹבָדַיְיהוּ. לְבִישׁ בְּגִין דְּלָא יֶחדוּן אִנּוּן לְשַׁלְטָאָה עֲלָהּ. וְאִי תֵימָא (ד''א ל''ג לא) וְהָא כְּתִיב, (איכה א׳:י׳) כִּי רָאֲתָה גוֹיִם בָּאוּ מִקְדָשָׁהּ וְחֲרִיבוּ בֵּיתָא וְאִי לָאו שָׁלְטִין אִנּוּן מְמַנָּן לָא אִתְחָרַב מַקְדְּשָׁא.
תָּא חֲזֵי, כְּתִיב כִּי אַתָּה עָשִׂיתָ וּכְתִיב עָשָׂה יְיָ אֶת אֲשֶׁר זָמַם. תָּא חֲזֵי, כְּתִיב וַיַּרְא אֱלֹהִים אֶת הָאָרֶץ וְהִנֵּה נִשְׁחָתָה. נִשְׁחָתָה וַדַּאי כְּמָה דְּאִתְּמָר. הָכִי נָמֵי (יונה ג׳:י׳) וַיַּרְא אֱלהִים אֶת מַעֲשֵׂיהֶם כִּי שָׁבוּ מִדַּרְכָּם הָרָעָה. דְּהָא כְּדֵין אַרְעָא קָרָאת לְעֵילָא וְסָלְקָא בִּסְלִיקוּ עִלָּאָה וּמְקַשְׁטָא אַנְפָּהָא. כְּנוּקְבָא דִּמְקַשְׁטָא לְגַבֵּי דְכוּרָא. הָכִי נָמֵי אַרְעָא. דְּהָא גְּדִילַת בְּנִין זַכָּאִין לְמַלְכָּא.
וְהָכָא דְּלָא תָבוּ דָרָא דְּטוֹפָנָא מַה כְּתִיב וַיַּרְא אֱלֹהִים אֶת הָאָרֶץ וְהִנֵּה נִשְׁחָתָה וְגו' כְּאִתְּתָא דְּאִסְתָּאֲבַת וְאַסְתִּירַת אַנְפָּהָא מִבַּעֲלָהּ. וּבְזִמְנָא דְּאַסְגִיאוּ חוֹבֵי בְּנִי נָשָׁא בְּאִתְגַּלְּיָא, אַרְעָא שַׁוִּיתָא אַנְפָּהָא כְּנוּקְבָא דְּלֵית לָהּ כִּסּוּפָא מִכֹּלָּא כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיה כב) וְהָאָרֶץ חָנְפָה תַּחַת יוֹשְׁבֶיהָ. וְעַל דָּא וַיַּרְא כִּי נִשְׁחָתָה וַדַּאי. מַאי טַעֲמָא בְּגִין כִּי הִשְׁחִית כָּל (Ⅰ)
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[61b]
[...] chair a été corrompue sur la terre. » Rabbi Éléazar allait une fois rendre visite à Rabbi Yossé, fils de Rabbi Siméon, petit-fils de Laqounya, son beau-père. Aussitôt que son beau-père l'aperçut, il étendit par terre des tapis précieux pour le faire asseoir. Son beau-père lui dit alors : As-tu jamais entendu de ton père une explication quelconque du verset (Lam. , II, 17) : « Le Seigneur a fait ce qu’il avait résolu ; il a accompli (bitza) ce qu’il avait arrêté depuis longtemps »?
Rabbi Éléazar lui répondit : Les collègues ont déjà interprété ce verset de la manière suivante : Les mots « bitza emratho » signifient que Dieu a déchiré sa pourpre (9).
L’Écriture ajoute : « ... Qu'il avait arrêté depuis longtemps », attendu que cette pourpre est chérie de Dieu dès le commencement des choses ; mais, au moment de la destruction du sanctuaire, Dieu déchira cette pourpre qui contribuait à la gloire et au perfectionnement de ce même sanctuaire. Son beau-père lui demanda alors : Comment expliquer les paroles : « Le Seigneur a fait ce qu’il avait résolu? Est-il donc d’usage qu’un roi se résolve à châtier son fils avant que celui-ci ait commis de faute ?
Rabbi Éléazar lui répondit : Le procédé de Dieu envers Israël ressemble à celui d’un roi qui, ayant eu un vase précieux dont il appréhendait constamment la perte, le regardait tous les jours et ne le perdait point de vue. Mais voici qu’un jour son fils le mit en colère; le Roi s'empara alors du vase précieux et le brisa. Tel est le sens des paroles de l’Écriture : « Le Seigneur a fait ce qu'il avait résolu. » Remarquez que, dès le jour où le sanctuaire a été bâti, le Saint, béni soit-il, le contempla constamment ; et, l'ayant pris en affection, il craignait qu’Israël ne péchât et n’en déterminât la destruction. Tant que le Temple existait, le Saint, béni soit-il, se vêtit de cette pourpre. Mais lorsqu’à la suite de ses péchés Israël irrita le Roi, celui-ci déchira sa pourpre et le sanctuaire fut détruit.
Tel est le sens des paroles de l’Écriture : « Le Seigneur a fait ce qu’il avait résolu; il a déchiré sa pourpre (bitza emratho) qu’il avait conservée depuis longtemps. » Le châtiment des coupables n'attrista Dieu qu’au moment de la destruction du Temple ; mais à toute autre occasion, le Saint, béni soit-il, n'éprouve pas de plus grande joie que lorsque sont exterminés les coupables du monde et ceux qui l'ont irrité, ainsi qu'il est écrit (Prov. , XI, 10) : « ... Et quand les méchants sont exterminés, le chant se fait entendre. » Il en est de même dans toutes les générations : lorsque les méchante sont châtiés, le Saint, béni soit-il, s'en réjouit.
Mais, objectera-t-on peut-être, nous avons pourtant appris que le Saint, béni soit-il, ne se réjouit guère, lorsqu'il châtie les coupables ! A ceci nous répondrons ce qui suit : Remarquez qu'il y a deux sortes de châtiments : d'abord le châtiment de ceux qui, bien qu’exhortés et en dépit de la longanimité dont Dieu fait preuve à leur égard, ne cessèrent de pécher ; le châtiment de ceux-ci cause de la joie au Saint, béni soit-il. Ensuite il y a le châtiment de ceux dont les crimes n'ont pas atteint le comble de la perversité ; le châtiment de ceux-ci, loin de causer de la joie au Saint, béni soit-il, l'attriste au contraire. Car il y a des coupables qui sont châtiés avant que leur méchanceté n'ait atteint le dernier degré, ainsi qu'il est écrit (Gen. , XV, 16) : « ... Car la mesure des iniquités des Amorrhéens n'est pas encore remplie présentement. »
Mais, objectera-t-on peut-être, pourquoi Dieu châtie-t-il certains coupables avant que la mesure de leurs iniquités n'ait été remplie ? A ceci nous répondrons ce qui suit : Les méchants, dont les mauvaises actions ne lèsent qu'eux-mêmes, ne sont châtiés que lorsque la mesure de leurs iniquités est remplie. Mais les méchants qui s'attachent à Israël dans le but de lui nuire, sont châtiés avant même que la mesure de leurs iniquités n'ait été remplie. C'est le châtiment de cette dernière catégorie de coupables qui attriste le Saint, béni soit-il. C'est dans cette catégorie de châtiment, qu'on peut classer la noyade des Égyptiens dans la mer, ainsi que la perte des ennemis d'Israël à l'époque de Josaphat (IV Rois, XV, 24) ; tous ces coupables n'ont été exterminés de ce monde avant que la mesure de leurs iniquités ait été remplie qu'à causse d'Israël qu’ils voulaient léser. Mais lorsque la mesure des iniquités des coupables est remplie, lorsqu'ils ont été exhortés et qu'ils ne se sont pas convertis malgré la longanimité de Dieu à leur égard, le châtiment dont ils sont frappés cause de la joie au Saint, béni soit-il, excepté toutefois à l'époque de la destruction du Sanctuaire, où, bien que les coupables aient également abusé de la longanimité de Dieu et bien qu'ils l'aient irrité, le Saint, béni soit-il, n'éprouva point de joie. Et depuis cette époque, il n'y eut plus de joie, ni en haut, ni en bas.
Il est écrit (Gen. , VII, 4) : « ... Car j'attendrai encore sept jours; et, après ce délai, je ferai pleuvoir sur la terre durant quarante jours et quarante nuits et j’exterminerai de dessus la terre toutes les créatures que j'ai faites. »
Rabbi Yehouda demanda : Pourquoi Dieu fixa-t-il ce nombre de quarante jours et de quarante nuits ? La vérité est que, pour le châtiment des coupables, c'est toujours le nombre de quarante qui est appliqué, ainsi qu'il est écrit (Deut. , XXV, 3) : « Le nombre des coups sera de quarante, et il ne doit pas être dépassé. » Ce nombre de quarante est fixé afin de correspondre aux quatre points cardinaux, en comptant dix pour chacun de ces points. Or, comme l’homme a été créé de manière à correspondre aux quatre points cardinaux, il doit être frappé, en cas de culpabilité, de quarante coups, dix pour chacun des points cardinaux. C'est pourquoi il a fallu également un nombre de quarante pour faire disparaître toutes les créatures de dessus la terre. Rabbi Isaac avait coutume de fréquenter Rabbi Siméon. Aussi lui demanda-t-il un jour : Que signifient les paroles du verset (Gen. , VI, 11) : « ... Et la terre était corrompue devant Élohim » ? [...]
- בָּשָׂר אֶת דַּרְכּוֹ עַל הָאָרֶץ.
רַבִּי אֶלְעָזָר אֲזַל לְגַבֵּיהּ דְּרַבִּי יוֹסֵי בְּרַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן לָקוֹנְיָא חָמוֹי. כֵּיוָן דְּחָמָא לֵיהּ אַתְקִין לֵיהּ תּוּפְסִיתָא (ס''א טופסיסא) דְּקוּמְרָא בְּמָטוּן דְּקוּלְפָא וִיתִיבוּ. אָמַר לֵיהּ חָמוֹי אֶפְשָׁר דְּשָׁמַעְתְּ מֵאָבוּךְ הַאי דִכְתִיב (איכה ב׳:י״ז) עָשָׂה יְיָ אֲשֶׁר זָמַם בִּצַּע אֶמְרָתוֹ אֲשֶׁר צִוָה מִימֵי קֶדֶם.
אָמַר לֵיהּ הָא אוּקְמוּהָ חַבְרַיָא. בִּצַּע אֶמְרָתוֹ, דְּבָזַע פּוֹרְפִּירָא דִּילֵיהּ. אֲשֶׁר צִוָּה מִימֵי קֶדֶם, דְּהָא פּוֹרְפִּירָא פָּקִיד לָהּ מֵאִנּוּן יוֹמֵי קַדְמָאֵי עִלָּאֵי, וּבְיוֹמָא דְּאִתְחָרִיב בֵּי מַקְדְּשָׁא בָּזַע לָהּ. בְּגִין דְּהַאי פּוֹרְפִּירָא אִיהִי יְקָרָא דִילֵיהּ וְתִיקוּנָא דִילֵיהּ וּבָזַע לֵיהּ.
אָמַר לֵיהּ עָשָׂה יְיָ אֲשֶׁר זָמַם. וְכִי מַלְכָּא חָשִׁיב (קודם) לְאַבְאָשָׁא לִבְנוֹי עַד לָא יֵיתוּן לְמֶחְטֵי. אָמַר לֵיהּ לְמַלְכָּא דְּהֲוָה לֵיהּ מָאן יְקָר, וּבְכָל יוֹמָא הֲוָה דָּחִיל עֲלֵיהּ דְּלָא יִתְבַּר וְהֲוָה מִסְתַּכֵּל בֵּיהּ וְתַקִּין בְּעֵינוֹי. לְיוֹמִין אֲתָא בְּרֵיהּ וְאַרְגִּיז לֵיהּ לְמַלְכָּא, נְטַל מַלְכָּא הַהוּא מָאן יְקָר וּתְבַר לֵיהּ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב עָשָׂה יְיָ אֲשֶׁר זָמָם.
תָּא חֲזֵי, מִן יוֹמָא דְּאִתְבְּנֵי בֵּי מַקְדְּשָׁא הֲוָה קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מִסְתַּכֵּל בֵּיהּ וְחֲבִיב עֲלֵיהּ סַגֵּי וְהֲוָה דָּחִיל עֲלַיְיהוּ דְּיִשְׂרָאֵל דְּיֶחטוּן וִיחָרֵב בֵּי מַקְדְּשָׁא. וְכֵן בְּכָל זִמְנָא דְּהֲוָה אָתֵי לְגַבֵּי בֵּי מַקְדְּשָׁא הֲוָה לָבִישׁ הַהוּא פּוֹרְפִּירָא. לְבָתַר דְּגָרְמוּ חוֹבִין וְאַרְגִּיזוּ קַמֵּי מַלְכָּא אִתְחָרַב בֵּי מַקְדְּשָׁא וּבָזַע הַהוּא פּוֹרְפִּירָא (ד''א גריס הס ההוא פורפירא ואתחרב בי מקדשא) הַיְנוּ דִכְתִיב עָשָׂה יְיָ אֲשֶׁר זָמַם.
בִּצַּע אִמְרָתוֹ וְגו' (האי אמרתו בקדמיתא יתבא בראש אמיר. והא אתעטרו עטרא לרישא ואילן נאה לפניו. ואיהי מימי קדם ודאי. וכדין עציבו קמיה בבתי בראי ודאי והן (ישעיהו ל״ג:ז׳) אראלם צעקו חוצה. (ישעיהו כ״ב:י״ב) ויקרא יי צבאות ביום ההוא וגו) הַיְינוּ בְּזִמְנָא דְּאִתְחָרִיב בֵּי מַקְדְּשָׁא. אֲבָל בְּזִמְנָא אֳחָרָא לֵית חֶדְוָה קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּזִמְנָא דְּאִתְאֲבִידוּ חַיָּיבֵי עָלְמָא וְאִנּוּן דְּאַרְגִּיזוּ קַמֵּיהּ הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (משלי י״א:י׳) וּבַאֲבוֹד רְשָׁעִים רִנָּה. וְכֵן בְּכָל דָּרָא וְדָרָא דְּעָבִיד דִּינָא בְּחַיָּיבֵי עָלְמָא. חֶדְוָה וְתוּשְׁבַּחְתָּא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא.
וְאִי תֵימָא הָא תָּנִינָן דְּלֵית חֶדְוָה קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כַּד אִיהוּ עָבִיד דִּינָא בְּחַיָּיבַיָא. אֶלָּא תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעֲתָא דְּאִתְעֲבִיד דִּינָא בְּחַיָּיבַיָא, חֶדְוָון וְתוּשְׁבְּחָן קַמֵּיהּ עַל דְּאִתְאֲבִידוּ מֵעָלְמָא. וְהָנֵּי מִילֵי כַּד מָטָא הַהוּא זִמְנָא (קיג ב, קכא ב) דְּאוֹרִיךְ לוֹן וְלָא תָאבָן לְגַבֵּיהּ מֵחוֹבַיְיהוּ. אֲבָל אִי אִתְעֲבִיד בְּהוּ דִּינָא עַד לָא מָטָא זִמְנַיְיהוּ, (ועד דלא אשתלים חובייהו, כמא דאת אמר, (בראשית ט״ו:ט״ז)) כִּי לא שָׁלֵם עֲוֹן הָאֱמוֹרִי עַד הֵנָּה, כְּדֵין לֵית חֶדְוָה קַמֵיהּ וּבָאִישׁ קַמֵּיהּ עַל דְּאִתְאֲבִידוּ.
וְאִי תֵימָא אִיהוּ עַד לָא מָטוּ זִמְנַיְיהוּ אַמַּאי עָבִיד בְּהוּ דִּינָא. אֶלָּא אִנּוּן גָּרְמִין בִּישָׁא לְגַרְמַיְיהוּ. דְּהָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לָא עָבִיד בְּהוּ דִּינָא עַד לָא מָטָא זִמְנַיְיהוּ. אֶלָּא בְּגִין דְּמִשְׁתַּתְּפֵי בַּהֲדַיְיהוּ דְּיִשְׂרָאֵל לְאַבְאָשָׁא לוֹן. וּבְגִין כָּךְ עָבִיד בְּהוּ דִּינָא וְאוֹבִיד לוֹן מֵעָלְמָא בְּלָא זִמְנָא. וְדָא הוּא דְּאַבְאִישׁ קַמֵּיהּ. וּבְגִין כָּךְ אַטְבַּע מִצְרָאֵי בְּיַמָּא. וְאוֹבִיד שַׂנְאֵיהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל בִּימֵי יְהוֹשָׁפָט. וְכֵן כֻּלְהוּ. דְּהָא בְּגִינֵיהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל אִתְאֲבִידוּ בְּלָא זִמְנָא.
אֲבָל כַּד אִשְׁתְּלִים זִמְנָא דְּאוֹרִיךְ לוֹן וְלָא תָבוּ. כְּדֵין חֶדְוָה וְתוּשְׁבַּחְתָּא קַמֵּיהּ עַל דְּאִתְאֲבִידוּ מֵעָלְמָא. בַּר בְּזִמְנָא דְּאִתְחָרִיב בֵּי מַקְדְּשָׁא. דְּאַף עַל גַּב דְּאִשְׁתְּלִים זִמְנָא דִּלְהוֹן דְּאַרְגִּיזוּ קַמֵּיהּ, לָא הֲוָה חֶדְוָה קַמֵּיהּ. וּמֵהַהוּא זִמְנָא לָא הֲוָה חֶדְוָה לְעֵילָא וְתַתָּא:
כִּי לְיָמִים עוֹד שִׁבְעָה אָנֹכִי מַמְטִיר עַל הָאָרֶץ אַרְבָּעִים יוֹם וְאַרְבָּעִים לָיְלָה וְגו'. רַבִּי יְהוּדָה אָמַר הָנִי אַרְבָּעִים יוֹם וְאַרְבָּעִים לָיְלָה מַאי עֲבִידְתַּיְיהוּ. אֶלָּא אַרְבָּעִים יוֹם לְאַלְקָאָה חַיָּיבֵי עָלְמָא וּכְתִיב, (דברים כ״ה:ג׳) אַרְבָּעִים יַכֶּנּוּ לֹא יוֹסִיף, לָקֳבֵל אַרְבַּע סִטְרֵי עָלְמָא לְכָל חַד עֲשָׂרָה. בְּגִין דְּבַּר נָשׁ מֵאַרְבַּע סִטְרֵי עָלְמָא אִתְבְּרֵי. וְעַל דָּא וּמָחִיתִי אֶת כָּל הַיְקוּם. וְאִצְטְרִיךְ אַרְבָּעִים לְאַלְקָאָה וּלְאִתְמְחֵי עָלְמָא.
רַבִּי יִצְחָק הֲוָה שְׁכִיחַ קַמֵּיהּ דְּרַבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר לֵיהּ הַאי קְרָא (דקאמרי) דִּכְתִיב וַתִּשָּׁחֵת הָאָרֶץ (Ⅰ)
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[...] Si les hommes ont commis des crimes, que pourrait-on reprocher à la terre pour qu'elle méritât le nom de corrompue ? Rabbi Siméon lui répondit: L'Écriture l'explique bien à la suite : « ... Et Élohim vit que la terre était corrompue ; car toute chair de dessus la terre était corrompue. » Nous trouvons une expression analogue dans le verset suivant (Lévit. , XVIII, 25) : « ... Et la terre est devenue impure ; et je punirai les crimes de cette terre. » Ici également on peut demander : Si les hommes ont péché, quelle faute la terre a-t-elle commise pour être châtiée ? Mais, par le mot « terre », l'Écriture désigne le genre humain qui constitue ce qu'il y a de plus essentiel sur la terre ; et quand les hommes sont corrompus, c'est la terre elle-même qui est qualifiée de corrompue ; et c'est ce verset qui nous le prouve : « ... Et Élohim vit que la terre était corrompue ; car toute chair de dessus la terre était corrompue. »
Remarquez que tous les péchés de l'homme qui contribuent à le corrompre, sont effacés par la pénitence; mais le péché de l'onanisme, qui consiste à verser la semence sur la terre, corrompt et l’homme et la terre ; c'est de ce péché que l'Écriture (Jér. , II, 22) dit : « Quand vous vous laveriez avec du nitre et que vous vous purifieriez avec une grande abondance d'herbe de borith, vous demeurerez souillés devant moi dans votre iniquité dit le Seigneur Dieu. » Et ailleurs (Ps. , V, 5) : « ... Car tu n'es pas un Dieu qui approuve l'iniquité ; l'homme méchant ne demeurera pas près de toi. » Pour effacer ce péché, il faut une pénitence extraordinaire ; car il est écrit (Gen. , XXXVIII, 7) : « ... Et Er, le fils aîné de Juda, était méchant devant le Seigneur; et le Seigneur le tua. » Ce verset a été déjà expliqué précédemment. Rabbi Isaac demanda en outre à Rabbi Siméon: Pourquoi Dieu éprouva-t-il cette génération par l'eau et non pas par le feu ou tout autre fléau ?
Rabbi Siméon lui répondit : Ceci cache un mystère. Les hommes de cette génération, en se rendant coupables d'onanisme, ont empêché l’union des eaux d'en haut, qui constituent le principe mâle, avec celles d’en-bas qui constituent le principe femelle. Or, comme leur péché avait l'eau pour objet, ils étaient également éprouvés par l’eau. Ils étaient, en outre, châtiés par l'eau bouillante qui leur enleva la peau, parce qu'ils avaient également corrompu leurs âmes en versant par terre une eau bouillante. Le châtiment répondait au crime.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen. , VII, 11), dit : « Toutes les sources du grand abîme des eaux furent rompues et les cataractes du ciel furent ouvertes. » Par les mots « sources du grand abîme », l'Écriture désigne les eaux d'en bas; et par les mots « les cataractes du ciel furent ouvertes », elle désigne les eaux d'en haut.
Rabbi Hiyâ et Rabbi Yehouda faisant une fois un voyage, arrivèrent près des grandes montagnes et découvrirent, dans les gorges de ces montagnes, les ossements des hommes ayant appartenu aux hommes de la génération du Déluge. Chaque os mesurait trois cents pas. Étonnés, Rabbi Hiyâ et Rabbi Yehouda s'écrièrent : Maintenant nous comprenons la parole des collègues, d'après laquelle les hommes de cette génération ne craignaient point le châtiment du Saint, béni soit-il, ainsi qu'il est écrit (Job, XXI, 14) : « Ils dirent à Dieu : Retire-toi de nous; nous ne voulons point connaître tes voies. » Comment ces hommes pouvaient-ils résister au fléau dont Dieu les accabla? Il posèrent la plante de leurs pieds sur la source des eaux de l'abîme et la bouchèrent ainsi ; mais comme l'eau était bouillante, ils ne purent y résister, tombèrent par terre et moururent.
Il est écrit (Gen. , VI, 10) : « ... Et Noé engendra trois fils : Sem, Cham et Japhet. »
Rabbi Hiyâ dit à Rabbi Yehouda : Viens et écoute les paroles que j'ai entendues au sujet de ce verset. La vie de Noé est comparable à un homme qui pénètre dans une caverne, d'où, au bout d'un certain temps, sortent deux ou plutôt trois fils. Chacun de ces trois fils prend une autre direction et se distingue des autres par sa conduite et ses œuvres; l'un et digne, l'autre est coupable et le troisième médiocre. Il en est de même du nœud des trois sortes d'esprits qui parcourent ensemble les trois mondes.
Remarquez que, lorsque l'âme sort de la région céleste, elle s'engage dans les gorges des montagnes dans le parcours qu’elle fait pour descendre sur la terre. Dans ces gorges, elle s'unit à l'esprit intellectuel ; et, descendus sur la terre, ces deux esprits s'unissent à l'esprit de la vie, et les trois esprits se trouvent ainsi réunis ensemble.
Rabbi Yehouda dit : L’esprit de vie et l'esprit intellectuel demeurent ensemble et dépendent l'un de l'autre ; mais l'âme est indépendante de ces deux autres esprits; elle ne dépend que de la conduite de l'homme ; et alors qu'on peut découvrir le siège de l'esprit vital, ainsi que le siège de l'esprit intellectuel, personne ne saurait découvrir le siège de l'âme, car il est caché. Quand l'homme propose de vivre dans la pureté, le ciel lui vient en aide en lui accordant une âme sainte qui le purifie et le sanctifie, au point qu'il est appelé « saint ». Mais s'il est indigne et qu'il ne veuille vivre dans la pureté, il n'est animé que de deux esprits : de l'esprit de vie (nephesch) et de l'esprit intellectuel (rouah) »; mais l’âme sainte, il ne l'a point. Mais il y a plus. Celui qui veut vivre dans l'impureté n'est pas seulement privé du secours du ciel ; mais il se voit encore encouragé à continuer sa mauvaise conduite. Ainsi, chacun est encouragé suivant la conduite qu'il mène. [...]
- לִפְנִי הָאֱלהִים. אִי בְּנֵי נָשָׁא חָטָאן אַרְעָא בְּמָּה. אָמַר לֵיהּ בְּגִין דִּכְתִיב כִּי הִשְׁחִית כָּל בָּשָׂר אֶת דַּרְכּוֹ כְּמָה דְּאִתְּמָר. כְּגַוְונָא דָא (ויקרא י״ח:כ״ה) וַתִּטְמָא הָאָרֶץ וָאֶפְקוֹד עֲוֹנָהּ עָלֶיהָ. אֶלָּא בְּנֵי נָשָׁא חָטָאן וְאִי תֵימָא אַרְעָא בְּמָּה, אֶלָּא עִקְּרָא דְאַרְעָא בְּנֵי נָשָׁא אִנּוּן. וְאִנּוּן מְחַבְּלִין אַרְעָא וְהִיא אִתְחַבָּלַת. וּקְרָא אוֹכַח דִּכְתִיב וַיַּרְא אֱלֹהִים אֶת הָאָרֶץ וְהִנֵּה נִשְׁחָתָה כִּי הִשְׁחִית כָּל בָּשָׂר אֶת דַּרְכּוֹ עַל הָאָרֶץ.
תָּא חֲזֵי, כָּל חֶטְאוֹי דְּבַר נָשׁ כֻּלְהוּ חַבָּלוּתָא דִילֵיהּ תַּלְיָין בִּתְשׁוּבָה. וְחֶטְאָה דְּאוֹשִׁיד זַרְעָא עַל אַרְעָא וּמְחַבְּלָא אָרְחֵיהּ וְאַפִּיק זַרְעָא עַל אַרְעָא, מְחַבִּיל לֵיהּ וּמְחַבִּיל אַרְעָא. וְעֲלֵיהּ כְּתִיב, (ירמיה ב) נִכְתַּם עֲוֹנִךְ לְפָנַי. וּכְתִיב בֵּיהּ (תהלים ה) כִּי לֹא אֵל חָפֵץ רֶשַׁע אָתָּה לֹא יְגוּרְךָ רָע. בַּר בִּתְשׁוּבָה סַגֵּי. וּכְתִיב, (בראשית לח) וַיְהִי עֵר בְּכוֹר יְהוּדָה רַע בְּעֵינֵי יְיָ וַיְמִיתֵהוּ יְיָ וְהָא אִתְּמָר.
אָמַר לֵיהּ אַמַּאי דָּאִין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָלְמָא בְּמַיָא וְלָא בְּאֶשָׁא וְלָא בְּמִלָּה אָחֳרָא. אָמַר לֵיהּ רָזָא הוּא דְּהָא אִנּוּן חַבִּילוּ אָרְחַיְיהוּ בְּגִין דְּמַיִין עִלָאִין וּמַיִין תַּתָּאִין לָא אִתְחַבָּרוּ דְּכַר וְנוּקְבָא כְּדְקָא יְאוּת. וּמַאן אִלֵּין מַיִּין עִלָּאִין בִּינָה. וּמַיִּין תַּתָּאִין מַלְכוּת. ה''א עִלָּאָה ה''א תַּתָּאָה. וְכַד אִנּוּן מְחַבְּלִין, אִסְתַּלַק י''ו דְהוּא דְכַר, וְאִשְׁתָּאַר ה''א בה''א (ומיין במיין. מאן אנון דחבילו ארחייהו, כגוונא דא מיין דכורין ונוקבי. ועל דא אתדנו במיא במה דאנון חבו. ומיין הוו רתיחן ופשטו משכא מנייהו כמה דחבילו ארחייהו במיין רתיחן. דינא לקבל דינא. הדא הוא דכתיב) נִבְקְעוּ כָּל מַעְיְינוֹת תְּהוֹם רַבָּה, הָא מַיִין תַּתָּאִין. וַאֲרוּבּוֹת הַשָּׁמַיִם נִפְתָּחוּ דָּא מַיִין עִלָּאִין. מַיִין עִלָּאִין וְתַתָּאִין.
רַבִּי חִיָּיא וְרַבִּי יְהוּדָה הֲווּ אָזְלֵי בְּאָרְחָא. וּמָטוּ לְגַבֵּי טוּרִין רַבְרְבָן וְאַשְׁכָּחוּ בֵּינֵי טוּרַיָא גַּרְמֵי בְּנֵי נָשָׁא דְּהֲווּ מֵאִנּוּן בְּנִי טוֹפָנָא. וּפָסְעוּ תְּלַת מְאָה פְּסִיעָן בְּגַרְמָא חָדָא. תְּוָוהוּ. אָמְרוּ הַיְינוּ דְּאָמְרוּ חַבְרָנָא דְּאִנּוּן לָא הֲווּ מִסְּתָּפֵי מִדִּינָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּמָה דִכְתִיב, (איוב כ״א:י״ד-ט״ו) וַיֹּאמְרוּ לָאֵל סוּר מִמֶּנּוּ וְדַעַת דְּרָכֶיךָ לֹא חָפָצְנוּ. מָה עַבְדוּ. הֲווּ סְתִימִין בְּרַגְלַיְיהוּ מַבּוּעֵי תְהוֹמָא. וּמַיִין נָפְקִין רְתִיחָן וְלָא יָכִילוּ לְמֵיקַם בְּהוּ, עַד דְּהֲווּ נִשְׁמָטִין וּנְפָלוּ בְּאַרְעָא וּמַיְיתִין:
וַיּוֹלֶד נֹחַ שְׁלשָׁה בָנִים וְגו'. אָמַר רַבִּי חִיָּיא לְרַבִּי יְהוּדָה תָּא וְאֵימָא לָךְ מִלֵּי דְּשָׁמַעְנָא בְּהַאי. מְתָל לְבַר נָשׁ דְּאָעִיל לְנוּקְבָא דִמְעָרְיָא (ד''א איבא דמעהא) בְּזִמְנָא חָדָא. וְנָפְקֵי תְּרֵין אוֹ תְּלָתָא בְּנִין. (כל) חַד מִתְפָּרְשָׁא מֵאָחֳרָא בְּאָרְחוֹי בְּעוֹבָדוֹי. דָּא זַכָּאָה וְדָא חַיָּיבָא וְדָא בֵּינוֹנִי. אוּף הָכָא נָמֵי תְּלַת קִטְרֵי דְרוּחָא אָזְלִין וְשָׁטָאן וְאִתְכְּלִילָן בִּתְלַת עָלְמִין.
תָּא חֲזֵי, נִשְׁמָתָא נָפְקַאת וְאָעִיל בֵּין טוּרֵי פִּרוּדָא וְאִתְחַבַּר רוּחָא בְּנִשְׁמָתָא. נָחִית לְתַתָּא אִתְחַבַּר נֶפֶשׁ בְּרוּחַ וְכֻלְהוּ (אזלי ד''א נחתין) וּמִתְחַבְּרִין דָּא עִם דָּא. אָמַר רַבִּי יְהוּדָה נֶפֶשׁ וְרוּחַ כְּלִילָן דָּא עִם דָּא. נִשְׁמְתָא שַׁרְיָא בְּאָרְחוֹי דְּבַר נָשׁ. (והאי) וְהִיא מְדוֹרָא טְמִירָא דְּלָא אִתְיְידַע אַתְרָהָא.
אֲתָא בַּר נָשׁ לְאִתְדַּכָּאָה, מְסַיְיעִין לֵיהּ בְּנִשְׁמְתָא קַדִּישָׁא וְדָכָאן לֵיהּ וּמְקַדְּשִׁין לֵיהּ וְאִקְרֵי קָדוֹשׁ. לָא זָכָה וְלָא אָתֵי לְאִתְדַּכָּאָה, תְּרֵין דַּרְגִּין פְּתִיחִין דְּאִנּוּן נֶפֶ''שׁ וְרוּ''חַ בֵּיהּ. נִשְׁמְתָא קַדִּישָׁא לֵית בֵּיהּ (סיועא דלעילא ודא כפום ארחיה). וְלָא עוֹד אֶלָּא דְּאִי יִסְתָּאַב מְסָאֲבִין לֵיהּ. וְסִיּוּעָא דִלְעֵילָא אַעֲדִיוּ מִינֵיהּ. מִכָּאן וּלְהָלְאָה כָּל חַד לְפוּם אָרְחֵיהּ.
תוֹסֶפְתָּא
קְטוּרֵי רָמָאי, דְּקַסְטוֹרֵי דְהוּסְטְרָא (ס''א דההוא סטרא) אֲנַן פְּתִּיחָן עַיְינִין פְּתִּיחָן אוּדְנִין. קָל מִן קָלַיָא נָחִיתּ מֵעֵילָא לְתַּתָּא. מְתַּבַּר טּוּרִין וטִנָּרִין. מָאן אִנּוּן דְּחָמָאן וְלָא חָמָאן. אֲטִימִין אוּדְנִין. סְתִּימִין עַיְינִין. לָא חָמָאן ולָא שָׁמְעִין לָא יָדְעִין בְּסֻכְלְתָּנוּ, חַד דִּכְלִילָא בִּתְּרֵין בְּגַוויְיהוּ. דָּחְיָין לֵיהּ לְבַר.
אִנּוּן מִתְּדַּבְּקָן בֵין (ס''א ביה) בְּאִנּוּן תְּרֵי, חַד אוּמָנָא דְּאוּמָנָא לָא שַׁרְיָא (ס''א שווין) בְּגַוַּויְיהוּ. לָא עָאלִין בֵּין סִפְּרֵי קַדִּישִׁין. כָּל אִנּוּן דְּאוּמָנָא דָּא לָא (Ⅰ)
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[62b]
[...] Il est écrit (Gen. , VI, 13) : « ... Et Élohim dit à Noé : La fin (qetz) de toute chair est arrivée devant moi (10). »
Rabbi Yehouda a ouvert une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps. , XXXIX, 5) : « Faites-moi connaître., Seigneur, ma fin (qitzi), et quel est le nombre de mes jours, afin que je sache ce qui me reste. » David dit au Saint, béni soit-il : Il y a deux fins dont l'une est à droite et l'autre à gauche; ce sont les deux voies dans lesquelles marchent les hommes en ce monde. Une fin est du côté droit, ainsi qu'il est écrit (Dan. , XII, 13) : « ... Mais, pour toi, va jusqu'au temps qui a été marqué ; et tu seras en repos; et tu demeureras dans l'état où tu es jusqu’à la fin du côté droit.» (11) Et il y a une fin du côté gauche, ainsi qu'il est écrit(Job, XXVIII, 3) : « Il mit une fin (qetz) aux ténèbres; il considère le fond de toutes choses et la pierre ensevelie dans l'obscurité et dans l'ombre de la mort.» Que signifient les paroles : « Il considère le fond de toutes choses »? L'Écriture veut dire que, lorsque la rigueur fait sévir dans le monde la pierre ensevelie dans l'obscurité et dans l'ombre de la mort, la « fin des ténèbres » fait son apparition dans le monde. Les mots « la fin des ténèbres » désignent l'ange de la mort, le serpent. Ainsi, les mots « la fin de toute chair » ont la même signification que les mots « la fin des ténèbres ». Le serpent est appelé ainsi parce qu'il constitue la gangue de l'or.
Les paroles de l’Écriture : « Il considère le fond de toutes choses » s'appliquent donc à l’ange de la mort qui, lorsque la rigueur sévit dans le monde, se constitue l'accusateur des hommes et s'évertue à noircir les visages des créatures. [...]
- שַׁרְיָא בְּגַוַויְיהוּ לָא אִכְתְּבוּ בְּסִפְּרֵי דָכְרָנַיָיא אִתְּמְחוּן מִסִפְּרָא דְחַיֵּי כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (תהילים ס״ט:כ״ט) יִמָּחוּ מִסֵפֶּר חַיִּים וְעִם צַּדִּיקִים אַל יִכָּתֵּבוּ.
ווי לוֹן כַּד יִפְּקוּן מֵהַאי עָלְמָא ווי לוֹן (לחייהון). מַאן יִתְּבַּע לוֹן כַּד יִתְּמַסְרוּן בִּידָא דְדוּמָה ויתּוֹקְדוּן בְּנוּרָא דְּדָלִיק וְלָא יִפְּקוּן מִנֵּיהּ בַּר בְּרֵישׁ יַרְחֵי ושַׁבַּתֵּי כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו ס״ו:כ״ג) והָיָה מִדֵּי חֹדֶשׁ בְּחָדְשׁוֹ וּמִדֵּי שַׁבָּתּ בְּשַׁבַּתּוֹ יָבֹא כָל בָּשָׂר לְהִשְׁתַּחֲווֹתּ לְפָּנַי אָמַר יְיָ. לְבָתַּר כָּרוֹזָא דְּבִסְטַר צָּפּוֹן אַכְרִיז עֲלַיְיהוּ ואָמַר (תהילים ט׳:י״ח) יָשׁוּבוּ רְשָׁעִים לִשְׁאוֹלָה וְגו'. כַּמָּה חֲבִילֵי טְרִיקִין אִתְּכַּנְשׁוּ עֲלַיְיהוּ בְּאַרְבַּע סִטְרִין. אֶשָׁא מְלַהֲטָא בְּגֵי בֶּן הִנֹּם.
תְּלַתּ זִמְנִין בְּיוֹמָא מִתְּפַּקְדָן (ס''א מתוקדן). וְלָא עוֹד אֶלָּא בְּזִמְנָא דְיִשְׂרָאֵל אֲתִּיבוּ בְּקוֹל רָם אָמֵן יְהֵא שְׁמֵיהּ רַבָּא מְבָרַךָ, קוּדְשָׁא בְּרִיךָ הוּא אִתְּמְלֵי רַחֲמִין וְחַיִיס עַל כֹּלָּא. ורָמִיז לְמַלְאָכָא דִּמְמַנָּא עַל תַּרְעֵי דְּגֵיהִנֹּם סמריאל שְׁמֵיהּ וּתְּלַתּ מַפְּתְּחָן בִּידֵיהּ וּפְּתַּח תְּלַתּ תַּרְעִין דְּבִסְטַר מַדְבְּרָא וְחָמָאן נְהוֹרָא דְּהַאי עָלְמָא. אֲתָּא תְּנָנָא דְנוּרָא וסָתִּים אוֹרְחִין.
כְּדֵין תְּלַתּ מְמַנָּן דִּתְּחוֹתּ יְדַיְיהוּ תְּלַתּ מַגְרוֹפִּין מְנַשְׁבָן בִּידַיְיהוּ ואֲתִּיבוּ תְּנָנָא לְאַתְּרַיְיהוּ ורַוְוחִין לוֹן שַׁעֲתָּא וּפַּלְגוּתּ שַׁעֲתָּא. וּלְבָתַּר תַּיְיבִין לְאֶשַׁיְיהוּ. וְכֵן תְּלַתּ זִמְנִין בְּיוֹמָא וּבְכָל זִמְנִין דְּאָמְרֵי יִשְׂרָאֵל אָמֵן יְהֵא שְׁמֵיהּ רַבָּא מְבָרַךָ וכוּ' אִנּוּן רַוְוחִין לוֹן. זַכָּאִין אִנּוּן צַּדִּיקַיָיא דְּאוֹרְחֵיהוֹן מְנַהֲרָא בְּהַהוּא עָלְמָא לְכָל סִטְרִין כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (משלי ד׳:י״ח) ואוֹרַח צַּדִּיקִים כְּאוֹר נוֹגַהּ הוֹלֵךָ ואוֹר עַד נְכוֹן הַיּוֹם (עד כאן לשון התוספתא):
רַבִּי אַבָּא אָמַר, בַּגֵּיהִנָּם אִית מְדוֹרִין עַל מְדוֹרִין תִּנְיָינִין תְּלִיתָאִין עַד שֶׁבַע. וְהָא אוּקְמוּהָ חַבְרַיָיא. וְזַכָּאִין אִנּוּן צַדִּיקַיָא דְּאִנּוּן מִסְתַּמְּרִין מֵחוֹבֵי חַיָּיבַיָא וְלָא אָזְלֵי בְּאָרְחַיְיהוּ וְלָא מִסְתָּאֲבֵי בְּהוּ. וְכָל מַאן דְּאִסְתָּאַב כַּד אָזִיל לְהַהוּא עָלְמָא, נָחִית לַגֵּיהִנֹּם. וְנָחִית עַד מְדוֹרָא תַּתָּאָה.
וּתְרֵין מְדוֹרִין אִנּוּן דִּסְמִיכִין דָּא עִם דָּא שְׁאוֹל וַאֲבַדּוֹן. מָאן דְּנָחִית לִשְׁאוֹל דַּיְינִין לֵיהּ תַּמָּן וּמְקַבֵּל עָנְשֵׁיהּ וּסְלִיקוּ לֵיהּ לִמְדוֹרָא אָחֳרָא עִלָּאָה. וְכֵן דַּרְגָּא בָּתַר דַּרְגָּא עַד דְּאִנּוּן סָלְקִין לֵיהּ. אֲבָל מָאן דְּנָחִית לַאֲבַדּוֹן לָא סָלְקִין לֵיהּ לְעָלְמִין. וּבְגִין כָּךְ אִקְרֵי אֲבַדּוֹן דְּהָא אָבִיד הוּא מִכֹּלָּא.
תָּא חֲזֵי נֹחַ זַכָּאָה, הֲוָה אַתְרֵי בִּבְנֵי דָרֵיהּ וְלָא הֲווּ שָׁמְעֵי לֵיהּ. עַד דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַיְיתֵי עֲלַיְיהוּ דִינָא דְּגֵיהִנֹּם. מַאי דִינָא דְּגֵיהִנֹּם אֶשָׁא וְתַלְגָא. מַיָיא וְאֶשָׁא. דָּא צְנִינָא וְדָא רְתִיחָא. וְכֻלְהוּ בְּדִינָא דְּגֵיהִנֹּם אִתְדָּנוּ וְאִתְאֲבִידוּ מֵעָלְמָא. וּלְבָתַר אִתְקְיַּים עָלְמָא כְּדְקָא חָזֵי לֵיהּ. וְעָאל נֹחַ בַּתֵּבָה וְאָעִיל בָּהּ כָּל זִינָא וְזִינָא (ד''א מבריין) דְּעָלְמָא. וַדַּאי נֹחַ עֵץ עוֹשֶׂה פְּרִי הֲוָה. וְנָפְקוּ מִן תֵּבָה כָּל זְיָינֵי עָלְמָא כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא.
תָּא חֲזֵי, כַּד הַאי עֵץ עוֹשֶׂה פְּרִי אִתְחַבַּר בְּעֵץ פְּרִי כָּל אִנּוּן זַיְינִין דִּלְעֵילָא חֵיוָון רַבְרְבָן וּזְעֵירָן וְכַמָּה זַיְינִין וְכָל חַד לְזִינֵיהּ כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים ק״ד:כ״ה) חַיּוֹת קְטַנּוֹת עִם גְּדוֹלוֹת. כְּגַוְונָא דָא נֹחַ בַּתֵּבָה. וְכֻלְהוּ נָפְקוּ מִן תֵּיבוּתָא וְאִתְקְיַּים עָלְמָא כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא. וּבְגִינֵי כָךְ נֹחַ אִישׁ הָאֲדָמָה אִקְרֵי. נֹחַ אִישׁ צַדִּיק אִקְרֵי וְהָא אוּקְמוּהָ.
רַבִּי חִיָּיא אָמַר תְּלַת מְאָה שְׁנִין עַד לָא אָתֵי טוֹפָנָא הֲוָה נֹחַ אַתְרֵי בְּהוּ עַל עוֹבָדֵיהוֹן וְלָא הֲווּ שָׁמְעִין לֵיהּ. עַד דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַשְׁלִים זִמְנָא דְּאוֹרִיךְ לוֹן וְאִתְאֲבִידוּ מֵעָלְמָא.
תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב לְעֵילָא וַיְהִי כִּי הֵחֵל הָאָדָם לָרוֹב עַל פְּנֵי הָאֲדָמָה וּבָנוֹת יֻלְדוּ לָהֶם. וְהֲווּ אָזְלִין עַרְטִילָאִין לְעֵינֵיהוֹן דְּכֹלָּא. מַה כְּתִיב, (בראשית ו׳:ב׳) וַיִּרְאוּ בְּנֵי הָאֱלֹהִים אֶת בְּנוֹת הָאָדָם וְגו'. וְדָא הֲוָה יְסוֹדָא וְעִקָּרָא לְמֵיגַד בְּחוֹבֵיהוֹן עַד דְּגָרִים לוֹן לְאִשְׁתֵּצָאָה מֵעָלְמָא. וּבְגִין כָּךְ אִתְמַשְׁכָאן בָּתַר יֵצֶר הָרָע וּבְגִזְעוֹי וְשָׁרְשׁוֹי. וְדָחוּ מְהֵימְנוּתָא קַדִּישָׁא מִבֵּינַיְיהוּ. וְאִסְתָּאֲבוּ (נ''א ואיתאבידו) כְּמָה דְּאִתְּמָר. בְּגִין כָּךְ קֵץ כָּל בָּשָׂר בָּא לְפָנַי, לַאֲלָפָא קָטֵיגוֹרְיָא עֲלַיְיהוּ:
וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים אֶל נֹחַ קֵץ כָּל בָּשָׂר בָּא לְפָנַי.
השלמה מההשמטות (סימן י)
רַבִּי חִזְקִיָּה אָמַר זַכָּאָה חוּלָקֵיהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרְעֵי בְּהוֹן וְיָהַב לְהוֹן אוֹרַיְיתָא קַדִּישָׁא וְאַזְהָר לוֹן וְיָהַב לוֹן עֵיטָא לְאִסְתַּמְרָא מֵעֵילָא וְתַתָּא בְּגִין דְלָא יִשְׁלוֹט בְּהוּ בָּר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְאִינּוּן יַדְעֵי לְדַּחֲיָא מִנַּיְיהוּ כָּל מְקַטְרְגִין וְכָל קַסְטִירִין בְּגִין דִיְהוֹן חוּלָקָא דְעֲדְבֵיהּ וְאַחֲסַנְתֵּיהּ כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (דברים ל״ב:ט׳) כִּי חֵלֶק יְיָ עַמּוֹ יַעֲקֹב חֶבֶל נַחֲלָתוֹ.
תָּא חֲזֵי בְּיוֹמָא דְּרֹאשׁ הַשָׁנָה קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָתִיב בְּדִינָא עַל עַלְמָא וְכָל בְּנֵי עַלְמָא יַתְבֵי בְּחוּשְׁבָּנָא וְלָא אִית מָאן דְלָא עָאל בְּחוּשְׁבָּנָא וְסִפְרִין דְּחַיִין וּמֵתִין פְּתִיחָן בְּהַהוּא יוֹמָא וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּגִין דְאִתְרָעֵי בְּהוּ יָהַב לוֹן עֵיטָא לְאִשְׁתֵּזָבָא מִכָּל קִטְרוּגִין דִלְעֵילָא דְּאִינּוּן אִתְמָנָן וְכֵן בְּכָל זִמְנָא דְּדִינָא שַׁרְיָיא עַל עַלְמָא. בְּהָאי יוֹמָא אִזְדָמְנָן יִשְׂרָאֵל לְאִתְעָרָא רַחֲמֵי עָלַיְיהוּ וּבְמָה בְּשׁוֹפָר. דְּהָא קָלָא דְנָפִיק סָלִיק לְעֵילָא וְאִתְעַר שׁוֹפָר דִלְעֵילָא כְּדֵין (מתערי) אִתְעֲרוּ רַחֲמֵי מֵאַתְרַיְיהוּ וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָם מִכּוּרְסַיָּיא דְּדִינָא וְיָתִיב בְּכוּרְסַיָּיא דְּרַחֲמֵי וְרָחִים עָלַיְיהוּ דְּיִשְׂרָאֵל וְלָא אִתְיְיהִיב רֵשׁוּ לְמְקַטְרְגָא.
וְיִשְׂרָאֵל יַתְבֵי קַמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּתִיּוּבְתָּא וְתַקְעֵי שׁוֹפָר (ומתערי) וְאִתְעֲרוּ רַחֲמֵי דְּהָא הַהוּא קָלָא דְנָפִיק אִתְעָרוּתָא דְּרַחֲמֵי אִיהוּ וּכְדֵין דַלְטוּרָא לָא יָכִיל לְקַיְימָא קַמֵי כוֹרְסַיָּיא דְּרַחֲמֵי דְּהָא לָא אָתֵי מֵהַהוּא סִטְרָא וְלָא אִשְׁתְּכַח קַטֵיגוֹרְיָיא.
בְּיוֹמָא דְכִּפּוּרֵי דְּאִיהוּ חַתִימָא דְּדִינָא וְקַיְימֵי יִשְׂרָאֵל בִּקְדוּשָׁתָא דְמָרַיְיהוּ בְּהַהוּא יוֹמָא בְּגִין דְלָא יִקְרָב דַלְטוּרָא לְמַקְדְּשָׁא יָהֲבִין לֵיהּ שָׂעִיר דְאָתֵי מִסִּטְרָא דְרוּחָא מְסָאָבָא וְהוּא מְסָאָבָא וְרוּחַ מְסָאָבָא אִתְהַנֵי בֵּיהּ (והוא) הוּא אִתְעַסַּק בֵּיהּ וְלָא אִתְקַרָב לְמַקְדְּשָׁא לְסָאַבָא (מסאבא) וּכְדֵין אַנְפִּין נְהִירִין וְיִשְׂרָאֵל מִשְׁתַזְבִין מִנֵּיהּ.
בְּזִמְנָא אַחֲרָא כַּד סָגִי (סגיין) חוֹבֵי בְּנֵי נָשָׁא הַאי דַלְטוּרָא בְּשַׁעְתָּא דְּדִינָא אִתְעָר עַל חוֹבֵי עַלְמָא כְּדֵין אִיהוּ אָתֵי וְאִשְׁתְּכַּח דַלְטוּרָא קַמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְיִסְתָאַב מַקְדְּשָׁא וְכָל אַנְפִּין עֲצִיבִין וְדִינָא אִשְׁתְּכַח וְעַל דָּא (בראשית ו׳:י״ג) קֵץ כָּל בָּשָׂר בָּא לְפָנַי, בָּא לְפָנַי וַדָאי לְמִתְבַּע חוֹבֵי עַלְמָא בְּגִין דְּאִינּוּן גָּרְמוּ: (עד כאן מההשמטות) (אהדרנא למלה קדמאה קץ כל בשר בא לפני. בא לפני ודאי בגין דאנון גרמו). רַבִּי יְהוּדָה פָּתַח (תהילים ל״ט:ה׳) הוֹדִיעֵנִי יְיָ קִצִּי וּמִדַּת יָמַי מָה הִיא אֵדְעָה מֶה חָדֵל אָנִי. אָמַר (לעיל נד א) דָּוִד קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, תְּרֵין קִצִּין אִנּוּן, חַד לְיָמִינָא וְחַד לִשְׂמָאלָא, וְאִנּוּן תְּרֵין אוֹרְחִין לְמֵיהַךְ בְּהוּ בְּנֵי נָשָׁא לְהַהוּא עָלְמָא. קֵץ לְיָמִינָא דִּכְתִיב, (דניאל יב) לְקֵץ הַיָּמִין, וְקֵץ לִשְׂמָאלָא דִּכְתִיב, (איוב כ״ח:ג׳) קֵץ שָׂם לַחשֶׁךְ וּלְכָל תַּכְלִית הוּא חוֹקֵר (אבן אופל וצלמות. מאי ולכל תכלית הוא חוקר, מאן הוא חוקר. אלא ההוא קץ לשמאלא דמחשיך אפיהון דברייתא) מַאי וּלְכָל תַּכְלִית, בְּזִמְנָא דְדִינָא שָׁרְיָא עַל עָלְמָא לְשֵׁיצָאָה אֶבֶן אוֹפֶל וְצַלְמָוֶת. קֵץ שָׂם לַחשֶׁךְ. דָּא מַלְאַךְ הַמָוֶת, דָּא נָחָשׁ, קֵץ כָּל בָּשָׂר, קֵץ שָׂם לַחשֶׁךְ, דְהָא מִסִטְרָא דְהִתּוּכָא דְדַהֲבָא קָאָתֵי. וּלְכָל תַּכְלִית בְּזִמְנָא דְדִינָא שָׁרְיָא עַל עָלְמָא הוּא חוֹקֵר לְמֶהוֵי קַטֵיגוֹרְיָא לְעָלְמָא לְאַחְשָׁכָא אַפֵּיהוֹן דִּבְּרַיְיתָא וְכוּ'. (Ⅰ)
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[63a]
[...] Quant à la fin du côté droit, nous avons déjà dit qu’elle se trouve indiquée dans les paroles de l'Écriture (Dan. , XII, 13) : « ... Jusqu'à la fin du côté droit. » Le Saint, béni soit-il, dit à Daniel (Ibid.) : « ...Mais, pour toi, va jusqu'au temps qui a été marqué; et tu seras en repos. » Daniel demanda alors au Saint, béni soit-il : Dans quel monde serai-je en repos? Est-ce dans ce bas monde ou dans le monde futur? Dieu lui répondit : C'est dans ce bas monde ; car c’est dans ce monde que le mot « repos » est applicable, ainsi qu'il est écrit (Is. , LVII, 2) : « Que celui qui a marché sur la voie droite se repose dans son lit. » Daniel demanda alors au Saint, béni soit-il : Serai-je du nombre des gens qui ressusciteront à la fin du temps, ou non? Dieu lui répondit : Tu te lèveras (vethaamod). Daniel répliqua: Je sais que, parmi le nombre des ressuscités, il y aura des hommes dignes qui ont marché, durant leur vie, dans la voie de la vérité, et qu'il y aura également des hommes coupables.
Or, en compagnie de laquelle de ces deux classes d'hommes ressusciterai-je? Dieu lui répondit : Dans l'état où tu es (legoralekh). Enfin Daniel dit : Tu m'as dit : « Va à la fin (lekh leqetz). » Entends-tu par ces mots « la fin du côté droit (qetz haiamin) », ou bien « la fin des jours » (qetz haiamim) ? » Dieu lui répondit : « ... Jusqu'à la fin du côté droit (leqetz haiamin). » De même, David dit au Saint, béni soit-il (Ps. , XXXIX, 5) : Fais-moi connaître, Seigneur, ma fin. David n'avait point de repos tant qu'il n'était fixé à quelle « fin » il appartenait, à la « fin du côté droit », ou bien à « la fin des jours ». L'esprit de David ne fut calmé que lorsqu'il lui fut annoncé qu'il appartenait à « la fin du côté droit », ainsi qu'il est écrit (Ps. , CX, 1) : « Assois-toi à ma droite. » Remarquez que le Saint, béni soit-il, dit également à Noé : « La fin de toute chair est arrivée devant moi. » Qui est-ce qui est désigné par ce mot « fin » ? C'est celui qui noircit le visage des créatures; c'est de lui que Dieu dit : « La fin de toute chair est arrivée devant moi. »
Nous en inférons que les coupables de ce monde s'attirent eux-mêmes cette « fin » et l'invitent à leur noircir le visage. Dès que celui qui est appelé « fin » reçoit l'autorisation céleste, il s'empare de l'âme de l'homme ; mais il ne doit s'en emparer sans une autorisation expresse du ciel. C'est pourquoi Dieu a dit : « La fin de toute chair est arrivée devant moi. » Elle est arrivée pour demander l'autorisation de noircir les visages des hommes, c'est-à-dire de s’emparer de leurs âmes. Aussi Dieu a-t-il ajouté : « ... Et je les exterminerai avec la terre. » C'est pourquoi Dieu dit à Noé(Gen. , VI, 14) : « Fais-toi une arche de pièces de bois goudronnées », afin qu'il échappât ainsi à l’ange de la mort en se mettant à l'abri de ses attaques.
Remarquez que, quand la mort sévit dans une ville, ou dans le monde en général, l'homme ne doit pas se faire voir dans la rue, parce que l'ange destructeur est autorisé dans l'occurrence à léser tous ceux qu'il rencontre. C'est pourquoi le Saint, béni soit-il, dit à Noé : Tu dois te cacher et ne pas te montrer à l'ange destructeur, pour que celui-ci ne puisse avoir de prise sur toi (12).
Mais, objectera-t-on peut-être, il n’y avait pas cependant d’ange destructeur au moment du Déluge, puisque c'étaient les eaux qui ont ravagé la terre et fait périr les hommes ! A ceci nous répondrons ce qui suit : Remarquez que le monde n'est jamais accablé d'un fléau quelconque sans que l'ange destructeur ne soit caché derrière ce fléau. De même, au moment du Déluge, l'ange destructeur résidait dans l'eau. Ce ne sont point les éléments qui constituent les fléaux ; c'est l’ange destructeur qui réside en eux ; et celui-ci prend alors le nom de l'élément qui, en apparence, constitue le fléau. C'est pourquoi le Saint, béni soit-il, dit à Noé de se cacher et de ne point se montrer dans le monde.
Mais, on objectera peut-être encore : Quelle utilité y avait-il pour Noé de se cacher dans l'arche, alors que celle-ci était bien visible dans le monde, de manière qu'il aurait été possible à l'ange destructeur d'y pénétrer? A ceci nous répondrons ce qui suit : Tant que l’ange destructeur ne voit la figure de l’homme, il n'a aucune prise sur lui. D'où le savons-nous ? Nous le savons par l'ordre que Dieu donna à Israël en Egypte (Ex. , XII, 22) : « Que nul de vous ne sorte de la porte de sa maison jusqu'au matin.» Pourquoi cette défense? Afin que l'ange destructeur ne pût voir la figure du sortant, ce qui l'eût autorisé à léser. C'est pourquoi Noé et tous ceux qui étaient avec lui ont été enfermés dans l'arche afin que l'ange destructeur n'eût de prise sur eux.
Rabbi Hiyâ et Rabbi Yossé, se trouvant en voyage, arrivèrent près des montagnes noires, où ils, découvrirent des ravins datant de l'époque du Déluge. Rabbi Hiyâ dit alors à Rabbi Yossé : Ces ravins datent du Déluge, et le Saint, béni soit-il, les fera subsister tant que durera le monde, afin que la trace des coupables ne s'efface jamais devant lui. Car tel est le procédé du Saint, béni soit-il; il veut que les bonnes œuvres des hommes dignes qui font sa volonté soient présentes dans sa mémoire constamment et que leur souvenir ne soit jamais effacé, ni en haut, ni en bas ; mais il veut aussi que le souvenir de la culpabilité des méchante qui ne font pas sa volonté ne soit jamais effacé, et qu'il se transmette de génération en génération.
C’est pourquoi l’Écriture dit (Jér. , II, 22) : « Quand tu te laverais avec du nitre et que tu le purifierais avec une grande abondance d'herbes de borith, tu demeurerais toujours souillé devant moi dans ton iniquité, dit le Seigneur Dieu. »
Rabbi Yossé a ouvert une de ses conférences par le verset suivant (Is. , X, 30) : « Fille de Gallim, fais retentir tes cris ; fais-les descendre jusqu'à Laïschah, pauvre d'Anathoth. » Ce verset a déjà été expliqué par les collègues (13). Mais, en vérité, ce verset s'applique au Synode d'Israël. Les mots : « Fille de Gallim, fais retentir tes cris » désignent la fille d'Abraham, notre père, ainsi que cela est dit ailleurs. Les mots « Fille de Gallim (Mylg galim) » désignent le même Synode d'Israël que les mots(Cant. , IV, 12) : « Jardin fermé (lwen | Ng gan na’oul) Le mot « galim » désigne les fleuves qui convergent tous vers le Jardin qu'ils remplissent, ainsi qu'il est écrit (Ibid. , 13) : « Tes plantes (14) forment comme un jardin de délices rempli de grenades. » Les mots : « ... Faisles entendre jusqu'à Laïschah » ont la même signification que les paroles de l'Écriture (Job, IV, 12) : « Le lion (syl laïsch) est mort parce qu'il n'avait pas de proie. » « Laïsch » désigne le mâle, et « laïschah » désigne la femelle.
Pourquoi est-il appelé « laïsch»? Est-ce en raison des paroles de l’Écriture (Prov. , XXX , 30) : « ... Le laïsch, le plus fort des animaux, qui ne craint rien de tous ceux qu'il rencontre »? ou bien en raison des paroles : « Le laïsch est mort, parce qu'il n'avait pas la proie » ? Mais la vérité est que « laïsch » est le nom de la force d'en bas qui émane de la force d'en haut. Et voici l'interprétation du verset : « Le laïsch est mort parce qu'il n'avait pas de proie et les petits de la lionne ont été séparés. » Lorsque tous les fleuves qui sortent de la force d'en haut ont cessé de pénétrer dans la force d'en bas, « laïsch » a pris le nom de « laïschah ». L'Écriture veut donc dire que, lorsque « laïsch est mort parce qu'il n'avait pas de proie » (ce qui veut dire : lorsque. les fleuves qui émanent de la force d'en haut ont cessé de pénétrer en lui), [...]
- קֵץ לְיָמִינָא כִּדְקָאֲמָרָן דִּכְתִיב לְקֵץ הַיָּמִין.
אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְדָנִיֵּאל וְאַתָּה לֵךְ לַקֵּץ וְתָנוּחַ. אָמַר לֵיהּ מְנוּחָה בְּהַאי עָלְמָא אוֹ בְּהַהוּא עָלְמָא, אָמַר לֵיהּ בְּהַהוּא עָלְמָא כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר יָנוּחוּ עַל מִשְׁכְּבוֹתָם. (דניאל י״ב:י״ג) (ותעמוד לגורלך לקץ הימין. אמרז ליה לאן אתר דהא לא ידענא מה יהא עלי בההוא עלמא. אמר ליה ותנוח). אָמַר לֵיהּ בְּזִמְנָא דִיקוּמוּן מֵעַפְרָא אֵיקוּם בֵּינַיְיהוּ אוֹ לָאו. אָמַר לֵיהּ וְתַעֲמֹד. אָמַר לֵיהּ הָא יְדַעְנָא דִּי יְקוּמוּן כִּתּוֹת כִּתּוֹת, מִנְּהוֹן דְּזַכָּאֵי קְשׁוֹט וּמִנְּהוֹן דְּחַיָּיבֵי עָלְמָא, וְלָא יְדַעְנָא עִם מָאן מִנְּהוֹן אֵיקוּם. אָמַר לֵיהּ לְגוֹרָלְךָ. אָמַר לֵיהּ הָא אֲמַרְתְּ וְאַתָּה לֵךְ לַקֵּץ. אִית קֵץ לְיָמִינָא וְאִית קֵץ לִשְׂמָאלָא, וְלָא יְדַעְנָא לְאָן קֵץ. לְקֵץ הַיָּמִין אוֹ לְקֵץ הַיָּמִים. אָמַר לֵיהּ לְקֵץ הַיָּמִין.
אוּף הָכָא דָּוִד אָמַר לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא (תהילים ל״ט:ה׳) הוֹדִיעֵנִי יְיָ קִצִּי. מָה אִיהוּ חוּלַק עַדְבִי. וְלָא נָח דַּעְתֵּיהּ עַד דְּאִתְבַּשַּׂר דְּיֶהוֵי לְיָמִינָא דִּכְתִיב, (תהילים ק״י:א׳) שֵׁב לִימִינִי. תָּא חֲזֵי, אוּף קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָמַר לֵיהּ לְנֹחַ קֵץ כָּל בָּשָׂר בָּא לְפָנַי. מָאן אִיהוּ. דָּא קֵץ דְּאַחְשַׁךְ אַפַּיְיהוּ דִּבְרִיָּיתָא דְּאִיהוּ קֵץ כָּל בָּשָׂר בָּא לְפָנַי. מִכָּאן אוֹלִיפְנָא חַיָּיבֵי עָלְמָא מַקְדִּימִין לֵיהּ וּמָשְׁכָן לֵיהּ עֲלַיְיהוּ לְאַחְשָׁכָא לוֹן. דְּכֵיוָן דְּיָהֲבֵי לֵיהּ רְשׁוּתָא נָטִיל נִשְׁמָתָא. וְלָא נָטִיל עַד דְּיָהֲבֵי לֵיהּ רְשׁוּתָא. וְעַל דָּא בָּא לְפָנַי לְמֵיטַל רְשׁוּ לְאַחְשָׁכָא אַפַּיְיהוּ דִּבְנֵי עָלְמָא. וּבְגִינֵי כָךְ וְהִנְּנִי מַשְׁחִיתָם אֶת הָאָרֶץ. וְעַל דָּא עֲשֵׂה לְךָ תֵּבַת עֲצֵי גוֹפֶר בְּגִין לְאִשְׁתְּזָבָא וְלָא יָכִיל לְשַׁלְטָאָה עֲלָךְ.
תָּא חֲזֵי, תָּנִינָן בְּזִמְנָא דְמוֹתָא אִית בְּמָתָא אוֹ בְּעָלְמָא (נ''א דאתייהיב רשו למלאך המות לחבלא). לָא יִתְחֲזֵי בַּר נָשׁ בְּשׁוּקָא. בְּגִין דְּאִית לֵיהּ רְשׁוּ לִמְחַבְּלָא לְחַבָּלָא כֹּלָּא. בְּגִינֵי כָךְ אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּעֵי לָךְ לְאִסְתַּמְרָא וְלָא תֶחזֵי גַרְמָךְ קַמֵּי דִמְחַבְּלָא דְּלָא יִשְׁלוֹט עֲלָךְ.
וְאִי תֵימָא מָאן יָהִיב הָכָא מְחַבְּלָא. דְּהָא מַיִין הֲווּ וְאִתְגַּבָּרוּ. תָּא חֲזֵי, לֵית לָךְ דִּינָא בְּעָלְמָא אוֹ כַּד אִתְמַחֵי אוֹ כַּד אִתְמָסַר עַלְמָא בְּדִינָא, דְּלָא אִשְׁתְּכַח הַהוּא מְחַבְּלָא דְּאָזִיל בְּגוֹ אִנּוּן דִּינִין דְּאִתְעֲבִידוּ בְּעָלְמָא. אוּף הָכִי הָכָא טוֹפָנָא הֲוָה, וּמְחַבְּלָא אָזִיל בְּגוֹ טוֹפָנָא. וְאִיהוּ אִקְרֵי הָכִי דְּאִתְכְּלִיל בִּשְׁמָא דָא. וְעַל דָּא אָמַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְנֹחַ לְטַמְרָא גַרְמֵיהּ וְלָא יִתְחֲזֵי בְּעָלְמָא.
וְאִי תֵימָא הַאי תֵּיבוּתָא אִתְחֲזֵי בְּגוֹ הַאי עָלְמָא וּמְחַבְּלָא אָזִיל בְּגַוֵּויהּ. כָּל זִמְנָא דְּלָא יִתְחֲזֵי אַפֵּי דְּבַּר נָשׁ קַמֵּי מְחַבְּלָא לָא יָכִיל לְשַׁלְטָאָה עֲלֵיהּ. מְנָלָן מִמִּצְרַיִם דִּכְתִיב, (שמות י״ב:כ״ב) וְאַתֶּם לֹא תֵצְאוּ אִישׁ מִפֶּתַח בֵּיתוֹ עַד בֹּקֶר. מַאי טַעְמָא בְּגִין דְּאִיהוּ אִשְׁתְּכַּח וְיָכִיל הוּא לְחַבְּלָא. וְלֹא אִצְטְרִיךְ לְאִתְחַזָּאָה קַמֵּיהּ. בְּגִין כָּךְ הֲוָה גָנִיז נֹחַ וְכָל אִנּוּן דְּעִמֵּיהּ בְּתֵיבוּתָא. וּמְחַבְּלָא לָא יָכִיל לְשַׁלְטָאָה עֲלַיְיהוּ:
רַבִּי חִיָּיא וְרַבִּי יוֹסֵי הֲווּ אָזְלֵי בְּאָרְחָא. אִעָרַע בְּהַנֵּי טוּרֵי דְּקַרְדוּ, חָמוּ רְשִׁימִין בְּקִיעִין בְּאָרְחָא דְּהֲווּ מִן יוֹמֵי דְטוֹפָנָא. אָמַר לֵיהּ רַבִּי חִיָּיא לְרַבִּי יוֹסֵי הַנֵּי בְּקִיעִין דְּהֲווּ מִיּוֹמוֹי דְּטוֹפָנָא, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שָׁבִיק לוֹן לְדָרֵי דָרִין בְּגִין דְּלָא יִתְמַחֵי חוֹבֵיהוֹן דְּרַשִּׁיעַיָא קַמֵּיהּ.
דְּכָךָ אָרְחוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. לְזַכָּאִין דְּעָבְדִין רְעוּתֵיהּ, בָּעֵי דְּיִדְכְּרוּן לְהוּ לְעֵילָא וְתַתָּא וְלָא יִתְנְשֵׁי דּוּכְרָנֵיהוֹן לְדָרֵי דָרִין לְטַב. כְּגַוְונָא דָא לְרַשִּׁיעַיָיא דְּלָא עָבְדִין רְעוּתֵיהּ, בְּגִין דְּלָא יִתְנְשֵׁי חוֹבַיְיהוּ וּלְאַדְכָּרָא עָנְשַׁיְיהוּ וְדָכְרָנֵיהוֹן לְבִישׁ לְדָרֵי דָרִין. הַיְינוּ דִכְתִיב, (ירמיהו ב׳:כ״ב) נִכְתַּם עֲוֹנֵךְ לְפָנַי וְגו'.
פָּתַח רַבִּי יוֹסֵי וְאָמַר (ישעיהו י׳:ל׳) צַהֲלִי קוֹלֵךְ בַּת גַּלִּים הַקְשִׁיבִי לַיְשָׁה עֲנִיָּה עֲנָתוֹת. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ חַבְרַיָא. אֲבָל הַאי קְרָא עַל כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל אִתְּמָר. צַהֲלִי קוֹלֵךְ בַּת גַּלִּים, בְּרַתֵּיהּ דְּאַבְרָהָם אָבִינוּ הָכִי אוּקְמוּהָ בַּת גַּלִּים כְּדִכְתִיב, (שיר השירים ד׳:י״ב) גַּל נָעוּל. גַּלִּים אִנּוּן נְהוֹרִין דְּמִתְכַּנְשֵׁי וְאָזְלֵי וְעָאלִין לְגַוָּוהּ וּמַלְיָין לָהּ כְּדִכְתִיב, (שיר השירים ד׳:י״ג) שְׁלָחַיִךְ פַּרְדֵּס רִמּוֹנִים.
הַקְשִׁיבִי לַיְשָׁה כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (איוב ד׳:י״א) לַיִשׁ אוֹבֵד מִבְּלִי טֶרֶף. לַיִשׁ דְּכַר. לַיְשָׁה נוּקְבָא. אַמַּאי אִקְרֵי לַיִשׁ, אִי מִשּׁוּם (משלי ל׳:ל׳) דִּכְתִיב לַיִשׁ גִּבּוֹר בַּבְּהֵמָה, אוֹ מִשּׁוּם דִּכְתִיב לַיִשׁ אוֹבֵד מִבְּלִי טָרֶף. אֶלָּא כֹּלָּא אִיהוּ לַיִשׁ גְּבוּרָה תַּתָּאָה וּדְאָתֵי מִגְּבוּרָה עִלָּאָה. לַיִשׁ אוֹבֵד מִבְּלִי טָרֶף, בְּשַׁעֲתָא דְּאִנּוּן נְחָלִין מִסְתַּלְקִין וְלָא עָאלִין לְגַוָּוהּ, כְּדֵין אִתְקְרֵי לַיְשָׁה דְּאֲבִידַת מִבְּלִי טֶרֶף. דִּכְתִיב לַיִשׁ אוֹבֵד מִבְּלִי (Ⅰ)
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[63b]
[...] il est devenu « laïschah », ce qui veut dire : il est devenu femelle, ainsi qu'il est écrit : « ... Et les petits de la lionne ont été séparés. » Les mots « aniah anathoth » signifient « le Pauvre de la pauvreté ». Le mot « anathoth » a la même signification que celui du verset (Jér. , I, 1) : « Prophétie de Jérémie, fils d'Helcias, des prêtres qui vécurent dans la pauvreté (ba-anathoth) », ainsi que celui du verset (III Rois, II, 26) : « Vis dans la pauvreté (anathoth) et retourne habiter la terre qui t'appartient. » Quel est le sens de ce dernier verset? Tant que le roi David a vécu, Abiathar vivait dans la richesse et l'opulence. Salomon dit donc à Abiathar: A partir de maintenant, tu vas vivre dans la pauvreté ; retourne donc habiter la terre qui t'appartient. Pourquoi Salomon l'appela-t-il « anathoth », ce qui fait supposer qu’Abiathar était déjà pauvre, alors que, d'après l’explication donnée, il ne s'agissait que d'un ordre du roi donné à Abiathar de vivre dans la pauvreté ? Mais la vérité est que Salomon dit à Abiathar : Tu as vu mon père quand il vivait (dans la pauvreté; c'est à toi maintenant d'en faire autant ; va donc habiter la terre qui t'appartient. Ainsi s'explique le nom d'« anathoth » que l'Écriture donne à Abiathar.
Car il est inadmissible d'interpréter le mot « anathoth » par « ville d'Anathoth », attendu que l’Écriture (I Rois, XXII, 20) dit : « L'un des fils d'Achimelech, fils d'Achitob, qui s'appelait Abiathar, s'étant échappé de ce carnage, s'enfuit vers David. » Or, Achimelech, fils d'Achitob, était de Nob, la ville des prêtres (Ibid. , 11). Bien que certains interprètes aient prétendu que la ville de Nob est synonyme de celle d'Anathoth et qu'on lui avait donné le surnom d'Anathoth (pauvreté) en raison de la misère dans laquelle cette ville était tombée lorsque Saül l'avait détruite et en avait fait périr les habitants recrutés de prêtres, cette interprétation n'est guère probable. Mais la vérité est qu'« Anathoth » était un village qui n'avait rien de commun avec la ville de Nob. Si Abiathar est appelé « Anathoth », bien qu'il ait été originaire de Nob, c'est en raison des paroles de l'Écriture (III Rois, II, 26) : « Tu seras dans toute la pauvreté dans laquelle était mon père (hithanitha becol ascher hithanah abi). » Ainsi, Abiathar était appelé « Anathoth », parce que, durant sa vie, David se trouvait dans un état de pauvreté.
Rabbi Hiyâ dit : Depuis le jour où Adam transgressa le commandement du Saint, béni soit-il, le monde se trouva dans un état de pauvreté, jusqu'à l'arrivée de Noé, qui, ayant offert un sacrifice, remit le monde dans son état normal.
Rabbi Yossé dit : Le monde n'est point revenu à son état normal, et la terre n'a point été épurée de l'infection du serpent, jusqu'au jour où Israël, placé au pied du mont Sinaï, se rattacha à l'Arbre de vie. Si Israël n'avait péché de nouveau après l'événement du mont Sinaï, la mort n'aurait pas existé dans le monde, attendu qu'Israël avait été épuré de l'infection du serpent. Mais comme Israël a péché de nouveau, les premières tables de la loi furent brisées, ces tables de la loi qui constituaient l'affranchissement de tout, ce qui veut dire l'affranchissement du serpent appelé « fin de toute chair ». Et lorsque les Lévites s'apprêtèrent à tuer les Israélites après que ceux-ci eurent adoré le veau d'or (Ex. , XXXII, 28), le mauvais serpent, qui est synonyme d'ange préposé à la mort, courait devant les Lévites, dans le but d'accomplir sa mission; mais il ne put s'attaquer aux Israélites, parce que ceux-ci étaient pourvus d'une cuirasse qui les mettait à l'abri de ses coups. Ce n'est que lorsque Dieu dit à Moïse (Ex. , XXXIII, 5) : « Et maintenant, quitte tes ornements », que l'autorisation a été donnée au serpent de s'attaquer à Israël.
Remarquez que l'Écriture (Ibid. , 6)) dit : « ... Et les enfants d'Israël furent dépouillés (vaïthnatzelou) de leurs ornements de la montagne d’Horeb (15) » Pourquoi l’Écriture emploie- t-elle le terme de « vaïthnatzelou » (ils furent dépouillés), alors qu'elle aurait dû dire « vaïnatzelou » (et ils quittèrent) ? L'Écriture veut nous indiquer que les Israélites ont été privés de la cuirasse dont ils furent pourvus au mont Sinaï, par une volonté autre que la leur; en d'autres termes, qu'ils avaient été privés de cette cuirasse par le serpent à qui l'autorisation a été donnée de s’attaquer à eux. Par « ornements de la montagne d'Horeb », l'Écriture désigne ces ornements dont Israël a été paré lorsqu'il reçut la loi au mont Sinaï.
Rabbi Hiyâ demanda: Puisque Noé était le Juste, pourquoi n'avait-il supprimé la mort dans le monde ? La vérité est qu’a l'époque de Noé le monde n'était pas encore épuré de l'infection du serpent (16). En outre, les hommes de sa génération n'avaient pas de foi et ne croyaient pas en le Saint, béni soit-il ; tous étaient attachés aux feuilles de l'arbre d'en bas (17), c'est-à-dire à l'esprit du démon, et animés d'un esprit d'impureté. En outre, les hommes de cette génération recommencèrent à pécher après le Déluge, comme avaient fait ceux qui vécurent avant; et la loi sainte qui constitue l'Arbre de vie n'avait pas encore été révélée sur la terre par le Saint, béni soit-il. Enfin, Noé ne pouvait supprimer la mort, attendu que c'était lui-même qui l'attira sur le monde après sa sortie de l'arche, ainsi qu'il est écrit (Gen. , IX, 21) : « ... Et ayant bu du vin, il s'enivra et parut nu dans sa tente. » Ce verset est expliqué autre part. Pendant que Rabbi Hiyâ et Rabbi Yossé continuaient leur chemin, ils virent arriver un homme.
Rabbi Yossé dit alors : Cet homme qui arrive est un Israélite. Lorsque le voyageur les eut rejoints, ils constatèrent qu'il était réellement un Israélite. Ils lui demandèrent le but de son voyage. Il leur répondit : Je suis chargé d'une mission concernant le rite. Car j'habite le village de Ramin ; et comme nous sommes à la veille de la fête des Tabernacles et que nous avons besoin, pour la cérémonie de cette fête, d'une branche de palmier et de ses accessoires (18), je vais les couper aux arbres. Rabbi Hiyâ et Rabbi Yossé continuèrent alors leur chemin en compagnie de l'étranger. Cet israélite leur dit alors : Peut-être avez-vous entendu la raison pour laquelle la loi exige qu’on se serve des quatre objets désignés par le nom collectif de« Loulab », pour obtenir du ciel la pluie? Ils lui répondirent : Cette question a déjà été examinée par les collègues; mais si tu as quelque chose de nouveau à dire là-dessus, communique- le nous. Il leur répliqua : Certes, l'endroit que j'habite est petit; mais, en revanche, tous ses habitants se consacrent à l'étude de la doctrine. Aussi, y a-t-il un jeune maître du nom de Rabbi Isaac, fils de Yosse Mehozaha qui nous communique tous les jours des chose nouvelles relatives à la doctrine.
Celui-ci m'a dit que la fête des Tabernacles est l'époque où Israël triomphe sur les autre peuples du monde ; c'est pourquoi nous saisissons, pendant cette fête, le « Loulab » et le portons en guise de trophée pour marquer ainsi que nous avons vaincu tous les autres peuples appelés populace, et que nous les dominons. Car tous les grands chefs célestes des autres peuples païens ne reçoivent de bénédictions d'en haut que du côté d'Israël ; ces anges sont désignés dans l’Écriture par le nom « d'eaux outrecuidantes », ainsi qu’il est écrit (Ps. , CXXIV, 5 et 6) : « ... Et les eaux outrecuidantes ont passé au-dessus de nos âmes. Béni soit le Seigneur qui ne nous a pas livrés en proie à leurs dents. » Comment! est-ce que les eaux ont des dents? Mais les mots « eaux outrecuidantes » désignent les autres peuples du monde ; et c’est pour que nous puissions dominer les autres peuples que nous apportons, pendant la fête des Tabernacles, les quatre objets du « Loulab» qui correspondent au mystère du nom sacré (19) pour obtenir du Saint, béni soit-il, que nous les dominions [...]
- טֶרֶף וּבְנֵי לָבִיא יִתְפָּרְדוּ.
וּמַה דְּאָמַר לַיְשָׁה הַיְינוּ עֲנִיָּה עֲנָתוֹת מִסְּכֵּנָא דְּמִסְכֵּנוּתָא כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (ירמיהו א׳:א׳) מִן הַכֹּהֲנִים אֲשֶׁר בַּעֲנָתוֹת וּכְתִיב, (מלכים א ב׳:כ״ו) עֲנָתֹת לֵךְ עַל שָׂדֶיךָ. מַאי אִירְיָא. אֶלָּא כָּל זִמְנָא דְּדָוִד מַלְכָּא הֲוָה קַיָּים, אִסְתַּלַּק אֶבְיָתָר בְּעוּתְרָא וּבְכֹלָּא. לְבָתַר אָמַר לֵיהּ שְׁלֹמֹה עֲנָתוֹת לֵךְ עַל שָׂדֶיךָ.
אַמַּאי קָרֵי לֵיהּ שְׁלֹמֹה הָכִי. אֶלָּא אָמַר לֵיהּ בְּיוֹמָךְ הֲוָה אַבָּא בְּמִסְכֵּנוּ וְהַשְׁתָּא לֵךְ עַל שָׂדֶיךָ. הַשְׁתָּא אִית לוֹמַר אַמַּאי אִקְרֵי אֶבְיָתָר עֲנָתוֹת. אִי תֵימָא דְּהֲוָה מִן עֲנָתוֹת, הָא תָּנִינָן דִּכְתִיב, (שמואל א כ״ב:כ׳) וַיִּמָּלֵט בֵּן אֶחָד לַאֲחִימֶלֶךְ בֶּן אֲחִיטוּב וּשְׁמוֹ אֶבְיָתָר. וְהוּא מִנּוֹב הֲוָה, דְּהָא נוֹב עִיר הַכֹּהֲנִים הֲוָה. וְאַף עַל פִּי דְּאָמְרוּ דְּהִיא נוֹב הִיא עֲנָתוֹת וְאַמַּאי לָהּ אִקְרֵי עֲנָתוֹת בְּגִין דְּנָחֲתַת לְמִסְכֵּנוּ וְאִתְאֲבִיד קַרְתָּא עַל יְדָא דְשָׁאוּל וְאִתְאֲבִידוּ כָּהֲנִי. אֶלָּא עֲנָתוֹת כְּפַר הֲוָה, וְלָאו הוּא נוֹב, וְעַל דָּא קָרֵי לֵיהּ אֶבְיָתָר עֲנָתוֹת, בְּגִין דְּאָמַר (מלכים א ב׳:כ״ו) וְכִי הִתְעַנִּיתָ בְּכֹל אֲשֶׁר הִתְעַנָּה אָבִי. וּמִקַּרְתָּא דְנוֹב הֲוָה, וְעַל מִסְכְּנוּ דְּדָוִד דְּהֲוָה בְּיוֹמוֹי אִקְרֵי לֵיהּ הָכִי.
אָמַר רַבִּי חִיָּיא בְּמִסְכְּנוּתָא הֲוָה עָלְמָא מִיּוֹמָא דְּעֲבַר אָדָם עַל פִּקּוּדֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, עַד דְּאָתָא נֹחַ וְקָרִיב קָרְבָּן וְאִתְיְישַׁב עָלְמָא. אָמַר רַבִּי יוֹסֵי לָא אִתְיְישַׁב עָלְמָא וְלָא נַפְקָא אַרְעָא מִזּוּהֲמָא דְּנָחָשׁ עַד דְּקָיְימוּ יִשְׂרָאֵל עַל טוּרָא דְסִינַי וְאִתְאֲחִידוּ בְּאִילָנָא דְחַיֵּי כְּדֵין אִתְיְישַׁב עָלְמָא.
וְאִלְמָלֵא דְהָדְרוּ יִשְׂרָאֵל וְחָאבוּ קַמֵּיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לָא הֲווּ מֵתִין לְעָלְמִין. דְּהָא אִתְפַּסַּק מִנַּיְיהוּ זוּהֲמָא דְנָחָשׁ. כֵּיוָן דְּחָבוּ כְּדֵין אִתְבָּרוּ אִנּוּן לוּחֵי קַדְמָאֵי, דְּהֲווּ בְּהוּ חֵירוּ דְּכֹלָּא. חֵירוּ דְּהַהוּא נָחָשׁ דְּאִיהוּ קֵץ כָּל בָּשָׂר. וְכַד קָמוּ לֵיוָאֵי לְקַטְלָא קְטָלָא, כְּדֵין אִתְעַר חִוְיָא בִּישָׁא וְהֲוָה אָזִיל קַמַּיְיהוּ וְלָא יָכִיל לְשַׁלְטָאָה בְּהוּ, בְּגִין דְּהֲווּ יִשְׂרָאֵל מִזְדָּרְזִין כֻּלְהוּ בְּחֲגִירוּ מְזַיְינָן וְלָא יָכִיל הַהוּא נָחָשׁ לְשַׁלְטָאָה בְּהוּ. וְכֵיוָן דְּאָמַר לְמשֶׁה (שמות ל״ג:ה׳) וְעַתָּה הוֹרֵד עֶדְיְךָ מֵעָלֶיךָ, אִתְיְיהִיב רְשׁוּ לְהַאי נָחָשׁ לְשַׁלְטָאָה עֲלַיְיהוּ.
תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, (שמות ל״ג:ו׳) וַיִּתְנַצְּלוּ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל אֶת עֶדְיָם מֵהַר חֹרֵב. וַיִּתְנַצְּלוּ וַיְנַצְּלוּ מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא וַיִּתְנַצְּלוּ עַל יְדָא דְּאַחֲרָא בְּגִין דְּאִתְיְיהִיב רְשׁוּ לְנָחָשׁ לְשַׁלְטָאָה. אֶת עֶדְיָם מֵהַר חוֹרֵב דְּקִבְּלוּ מִטּוּרָא דְחוֹרֵב כַּד אִתְיְיהִיב אוֹרַיְיתָא לְיִשְׂרָאֵל.
אָמַר רַבִּי חִיָּיא נֹחַ דְּהֲוָה צַדִּיק אַמַּאי לָא הֲוָה בָּטִיל מוֹתָא מֵעָלְמָא. אֶלָּא בְּגִין דְּעַד לָא סָלְקַת זוּהֲמָא מֵעָלְמָא. וְעוֹד דְּאִנּוּן לָא הֲווּ מְהֵימְנִין בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְכֻלְהוּ אֲחִידָן בְּטַרְפֵּי אִילָנָא לְתַתָּא וּמִתְלַבְּשָׁאן בְּרוּחַ מְסָאֳבָא. וְתוּ לְבָתַר אוֹסְפוּ לְמֶחטֵי וּלְמֵהַךְ בָּתַר יֵצֶר הָרָע כַּד בְּקַדְמִיתָא: וְאוֹרַיְיתָא קַדִּישָׁא דְּאִיהִי אִילָנָא דְחַיֵּי אַכַּתֵּי לָא נָחִית לָהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּאַרְעָא. וְתוּ דְּאִיהוּ אַמְשִׁיךְ לֵיהּ בְּעָלְמָא לְבָתַר דִּכְתִיב וַיֵּשְׁתְּ מִן הַיַּיִן וַיִּשְׁכָּר וַיִּתְגָּל בְּתוֹךְ אָהֳלה וְהָא אִתְּמָר.
עַד דְּהֲווּ אָזְלֵי, חָמוּ חַד יוּדָאי דְּהֲוָה אָתֵי. אָמַר רַבִּי יוֹסֵי הַאי בַּר נָשׁ יוּדָאי אִיהוּ וְאִתְחֲזֵי. כַּד מָטָא גַּבַּיְיהוּ שְׁאִילוּ לֵיהּ. אָמַר לוֹן שְׁלִיחָא דְמִצְוָה אֲנָא. דְּהָא אֲנַן דָּיְירֵי בִּכְפַר דְּרָאמִין, וּמָטֵי זִמְנָא דְחַג, וְאֲנַן צְרִיכִין לוּלָב וְזִינִין דְּעִמֵּיהּ, וְאֲנָא אָזִיל לְקָטְעָא לוֹן לְמִצְוָה. אֲזְלוּ כְּחֲדָא. אָמַר לְהוּ הַהוּא יוּדָאי הַנִּי אַרְבַּע מִינִין דְּלוּלָב דְּבְּכֻלְהוֹ אָתָאן לְרַצוּיֵי עָלְמָא (נ''א על מיא) שְׁמַעְתּוּן אַמַּאי אֲנַן צְרִיכִין לוֹן בַּחַג. אָמַר לֵיהּ כְּבָר אִתְעָרוּ בְּהוּ חַבְרַיָיא. אֲבָל אִי מִלָּה חַדְתָּא אִיהוּ תְּחוֹת יְדָךְ אֵימָא לָהּ.
אָמַר לוֹן וַדַּאי הַהוּא אֲתַר דְּאֲנַן דָּיְירֵי בֵּיהּ הוּא זְעֵיר וְכֻלְהוּ עָסְקֵי בְּאוֹרַיְיתָא. וְאִית עֲלָן צוּרְבָא מֵרַבָּנָן רַבִּי יִצְחָק בַּר יוֹסֵי מֵחוֹזָאָה שְׁמֵיהּ. וּבְכָל יוֹמָא וְיוֹמָא אָמַר לָן מִלִּין חַדְתִּין בְּאוֹרַיְיתָא. וְאָמַר דְּהָא בְּחַג זִמְנָא הוּא לְשַׁלְטָאָה. (ישראל שליטין בההוא זמנא, ונקיטנא לולב דמתחזי דאנן נציחנא עלייהו על כל אנון דאקרון הממ העם ולשלטאה עלייהו) (אזי עבר על נפשנו המים הזדונים ברוך יי שלא נתננו טרף לשניהם. וכי אית שנים למים, אלא) (ס''א דכל אנון רברבין) אִנּוּן שְׁאָר עַמִּין. אִנּוּן רַבְרְבִין מְמַנָּן עַל שְׁאָר עַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת וּמִתְבָּרְכָאן מִסִּטְרַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל וְקָרִינָן לוֹן מַיִם הַזֵּידוֹנִים. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (תהלים קכד) הַמַּיִם הַזֵּדוֹנִים.
וּבְגִין לְשַׁלְטָאָה עֲלַיְיהוּ אָתֵינָא בְּרָזָא דִשְׁמָא קַדִּישָׁא בְּאִנּוּן אַרְבַּע מִינִין שֶׁבַּלּוּלָב לְרַצּוּיֵי לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא (עלייהו) וּלְשַׁלְטָאָה (Ⅰ)
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[64a]
[...] grâce au mystère du nom sacré, et également pour obtenir de Dieu qu'il nous pourvoie des eaux sacrées, afin que nous puissions faire des libations sur l’autel. L'étranger leur dit en outre : Le premier jour de l'eau, le monde se trouve dans son état primitif. Qu'entend-on par « état primitif »? Ce terme désigne le tribunal d'en bas qui siège en ce jour, pour juger le monde; et le Saint, béni soit-il, juge alors le monde jusqu'au jour du pardon (20). Le serpent accusateur n’existe pas dans le monde durant cette époque, car il est occupé du bouc qu’on lui offre en ce jour (Lévit. , XVI, 10, 21 et 22), et qui émane du côté impur, comme cela convient à une offrande apportée, au serpent accusateur. Aussi la joie règne-t-elle dans le monde durant cette époque; car le démon occupé du bouc, ne s'approche pas de la sainteté. Le bouc qu’on offre au démon le jour du pardon détourne les mauvais esprits des choses saintes, de même que le bouc offert à chaque néoménie (Nomb. , XXVIII, 15). C’est Pourquoi tous les Israélites implorent en ce jour la grâce du Saint, béni soit-il, qui leur fait rémission des péchés. Le jeune maître m’a, en outre, communiqué un mystère ; mais il ne m’a autorisé à le divulguer qu'à des zélés d'une sainteté supérieure et d'une sagesse manifeste.
Rabbi Yossé lui dit alors : Quel est ce mystère? L'autre lui répondit : Je ne puis vous le dire avant de vous avoir examinés. Après avoir continué leur chemin pendant quelque temps, l'étranger leur dit : Lorsque la lune s'approche du soleil, le Saint, béni soit-il, réveille le Nord (21) et l'atttire à lui dans l'amour, alors que le Sud se réveille de lui-même. Or, comme le soleil se lève à l'Est, il s'ensuit qu'il tire sa force des deux côtés à la fois, et du Nord et du Sud, et qu'il attire silencieusement les bénédictions qui émanent des deux côtés et les transmet à la lune qui en devient pleine. Le rapprochement du soleil et de la lune ressemble à celui du mâle et de la femelle, car les mêmes principes qui régissent les éléments ici-bas se retrouvent également dans les choses d'en haut. De même que le bras de l'arbre séphirothique attire l'immensité de l'espace dans l’amour, semblable au bras du mâle attirant la femelle, de même le bras gauche attire l’immensité de l'espace dans la rigueur. Or le serpent constitue le bras gauche duquel émane l'esprit impur. Il attire à luii tous ceux qui l'approchent.
Aussi quand Dieu ne réveille point le Nord, le bras gauche attire à lui la lune et s'attache à elle si solidement que, pour l'en détacher, Israël est obligé de lui offrir un bouc. Le serpent. se précipitant sur le bouc qui vient de lui être offert, lâche ainsi pour un instant la lune, qui commence dès lors à éclairer et à croître chaque jour, parce qu'elle reçoit alors les bénédictions d'en haut qui en éclairent le visage qui a été obscurci pendant quelque temps ici-bas. De même, durant le jour du pardon, comme le serpent est occupé du bouc qui lui est offert, la lune, s'en détachant, s'occupe à prendre la défense d'Israël et à le protéger, telle une mère qui protège ses enfants ; après quoi, le Saint, béni soit-il, le bénit et lui fait rémission de ses péchés. Lorsque, quelques jours après, Israël arrive à la fête des Tabernacles, le côté droit d'en haut se réveille et attire à lui la lune dont la figure est alors tout à fait pleine.
C'est alors que les bénédictions célestes sont réparties parmi tous les chefs célestes des peuples païens d'ici-bas, afin que ceux-ci ne tirent jamais d'avantages de la part qui a été réservée à Israël. Ainsi, toutes les bénédictions accordées aux peuples païens d'ici-bas peuvent être considérées comme leur patrimoine, bien qu'elles émanent du côté d'Israël, attendu qu'elles leur sont réellement accordées par le ciel, afin qu'ils ne touchent à la part réservée à Israël. Ainsi, lorsque la lune présente sur sa surface une partie obscure, c'est-à-dire durant sa croissance et sa décroissance, les autres peuples païens du monde tirent les bénédictions célestes en même temps qu'Israël ; la partie éclairée de la lune représente la partie des bénédictions qu'Israël tire d'en haut, et la partie obscurcie de la lune représente la partie des bénédictions départie aux peuples païens. Mais lorsque la lune est pleine, toutes les bénédictions célestes sont déversées sur Israël qui en profite seul.
C’est pourquoi l’Écriture (Nomb. , XXIX, 35) dit : « Le huitième jour sera un jour de réunion (atzereth) pour vous. » Que signifie le mot «atzereth »? Ce mot signifie, ainsi que le traduit la paraphrase du Thargoum, « réunion » ; car, en ce jour, toutes les bénédictions d'en haut seront réunies au-dessus d'Israël, et tous les autres peuples païens n'en tireront aucun avantage.
Et c’est pourquoi l’Écriture dit : « ... Sera un jour d'atzereth pour vous. » « Pour vous » spécialement, mais non pas pour les autres peuples, ni pour les autres chefs célestes des peuples. C'est pourquoi, en ce jour, Israël prie Dieu pour qu'il accorde la pluie, ce qui signifie : Que Dieu veuille bien donner à tous les autres peuples une partie de la bénédiction d'en haut (22), pour que, occupés de cette partie, ils ne participent, ni ne se mêlent à la joie d'Israël, lorsque celui-ci attire les bénédictions d'en haut. C'est de ce jour que l'Écriture (Cant. , II, 16), dit : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui », ce qui veut dire qu'aucun autre ne participe a nos joies. La situation d’Israël durant cette époque peut être comparée à un roi qui invita tous ses amis à un grand festin pour un certain jour. Ainsi, tous les amis du roi étaient prévenus [...]
- עֲלַיְיהוּ בְּרָזָא דִשְׁמָא קַדִּישָׁא. וּלְאַתְעָרָא עֲלָן מַיִין קַדִּישִׁין לְנַסְכָא עַל גַּבֵּי מַדְבְּחָא.
תּוּ אָמַר לוֹן בְּרֹאשׁ הַשָּׁנָה אִתְעֲרוּתָא קַדְמָאָה אִיהוּ בְּעָלְמָא. מַאי אִתְעֲרוּתָא קַדְמָאָה. דָּא בֵּי דִינָא דִּלְתַתָּא (נ''א דא ראש השנה ממש) דְּאִתְעַר לְמֵידַן עַלְמָא. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָתִיב עַל עָלְמָא בְּדִינָא וְדָאִין עָלְמָא.
וְשָׁלְטָא הַאי בֵּי דִינָא לְמֵידַן עָלְמָא, עַד יוֹמָא דְכִפּוּרֵי דְּנָהֲרִין אַנְפָּהָא, וְלָא אִשְׁתְּכַח חִוְיָא דַּלְטוֹרָא בְּעָלְמָא. דְּאִיהוּ אִתְעַסַּק בַּמֶה דְאַתְיָין לֵיהּ הַהוּא שָׂעִיר דְּאִיהוּ מִסִּטְרָא דְּרוּחַ מְסָאֳבָא כְּדְקָא חָזֵי לֵיהּ. וּבְגִין דְּאִתְעַסַּק בְּהַהוּא שָׂעִיר לָא קָרִיב לְמַקְדְּשָׁא.
וְשָׂעִיר דָּא כְּהַהוּא שָׂעִיר דְּרֹאשׁ חֹדֶשׁ דְּאִתְעַסַּק בֵּיהּ וְאַנְהִירוּ אַנְפָּהָא דְרֹאשׁ הַשָׁנָה (נ''א כך בראש השנה) (נ''א אנהירו) (אנפוי דמקדשא). וְעַל דָּא יִשְׂרָאֵל כֻּלְהוּ מַשְׁכְּחִין רַחֲמֵי קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְאִתְעֲבַר חוֹבַיְיהוּ. וְרָזָא חָדָא אָמַר לוֹן וְלָא אִתְיְיהִיב רְשׁוּ לְגַלָּאָה בַּר לְחֲסִידֵי קַדִּישִׁין עֶלְיוֹנִין חַכִּימִין. אָמַר רַבִּי יוֹסֵי מַאן אִיהוּ. אָמַר לוֹן עַד לָא בָּדִיקְנָא בְּכוּ.
אֲזְלוּ. לְבָתַר אָמַר לוֹן. כַּד סִיהֲרָא אִתְקְרִיבַת בְּשִׁמְשָׁא. אַתְעַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא סִטְרָא דְצָפוֹן וְאָחִיד בָּהּ בִּרְחִימוּ וּמָשִׁיךְ לָהּ לְגַבֵּיהּ, וְדָרוֹם אִתְעַר מִסִּטְרָא אָחֳרָא. וְסִיהֲרָא סַלְקָא וּמִתְחַבְּרָא בְּמִזְרָח. וּכְדֵין יָנְקָא מִתְּרֵין סִטְרִין וּנְטִילַת בִּרְכָאן בַּחֲשַׁאי, וּכְדֵין אִתְבָּרְכָא סִיהֲרָא וְאִתְמַלְיָיא. וְהָכָא אִתְקְרִיבַת אִתְּתָא בְּבַעֲלָהּ.
כְּמָה דְאִית רָזָא דִּיוּקְנָא שַׁיְיפֵי (נ''א בתיקוני דשייפי) דְאָדָם וְתִיקּוּנוֹי. הָכִי נָמֵי אִית (נ''א איהו) רָזָא דְּדִיוּקְנָא דְּשַׁיְיפֵי נוּקְבָא וְתִקּוּנִי דְנוּקְבָא. וְכֹלָּא פָּרִישׁ בְּגַוָון. הָכִי נָמֵי אִית לְעֵילָא (ד''א מאן) אָחִיד בָּהּ וְאִתְעַר לָקֳבֵל בִּרְחִימוּ הָכִי נֲמֵי אִית לְתַתָּא רָזָא וְתִקּוּנָא דְּאָדָם תַּתָּאָה אָחֳרָא תְּחוֹת סִיהֲרָא (ד''א ותקונא דנוקבא).
כְּמָה דִדְרוֹעָא שְׂמָאלָא (תשא קצד ב, פקודי רלג ב) לְעֵילָא אָחִיד בָּהּ וְאִתְעַר לְקֳבְלָהּ בִּרְחִימוּ. הָכִי נָמֵי אִית לְתַתָּא. (ווי העמודים כלהו קיימי שייפין לאתאחדא דא בדא ולאתקשרא דא בדא קשרי מהימנותא סטרא דקדושא מסטרא דרוח מסאבא דאיהו רזא דנחש לתתא). הַאי נָחָשׁ אִיהוּ דְרוֹעָא שְׂמָאלָא דְרוּחַ מְסָאֳבָא. וְאָחִיד בֵּיהּ מַאן דְּרָכִיב בֵּיהּ וְקָרָבָא לְגַבֵּי דְסִיהֲרָא וּמָשִׁיךְ לָהּ בֵּינַיְיהוּ נ''א בִּדְבִיקוּ דְּקוּטְפָא וְאִסְתָּאֳבַת.
וּכְדֵין יִשְׂרָאֵל לְתַתָּא מְקָרְבִין שָׂעִיר. וְהַהוּא נָחָשׁ אִתְמְשַׁךְ אֲבַתְרֵיהּ דְּהַהוּא שָׂעִיר. וְסִיהֲרָא אִתְדְּכִיאַת וְסַלְקָאת לְעֵילָא וְאִתְקְּשָׁרַת לְעֵילָא לְאִתְבָּרְכָא. וּנְהִירִין אַנְפָּהָא מַה דְּאִתְחַשְׁכַת לְתַתָּא.
כְּדֵין הָכָא בְּיוֹמָא דְכִפּוּרֵי כֵּיוָן דְּהַהוּא חִוְיָא בִּישָׁא אִתְעַסַּק בְּהַהוּא שָׂעִיר. סִיהֲרָא אִתְפָּרְשַׁת מִנֵּיהּ וְאִתְעַסְּקַת (בישראל) לְאוֹלָפָא עֲלַיְיהוּ סָנֵיגוֹרְיָא וְסוֹכֶכֶת עֲלַיְיהוּ כְּאִמָּא עַל בְּנִין. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּרִיךְ לוֹן מִלְּעֵילָא וּמָחִיל לוֹן.
לְבָתַר יִשְׂרָאֵל כַּד מָטוּ לַחַג מִתְעָרֵי סִטְרָא דְּיָמִינָא לְעֵילָא. בְּגִין דְּיִתְקַשַּׁר בֵּיהּ סִיהֲרָא וְיִתְנְהִירוּ אַנְפָּהָא כְּדְקָא חָזֵי. וּכְדֵין פַּלְגַת (יהב) חוּלָקָא דְּבִרְכָאן לְכָל אִנּוּן מְמַנָּן דִּלְתַתָּא דְּיִתְעַסְּקוּן בְּחוּלַקְהוֹן. וְלָא יֵיתוּן לְיָנְקָא וּלְקָרָבָא בְּסִטְרָא דְּחוּלַקְהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל.
כְּגַוְונָא דָא לְתַתָּא כַּד שְׁאָר עַמִין אִתְבָּרְכוּן. כֻּלְהוֹן אִנּוּן מִתְעַסְּקִין בְּאַחְסָנַת חוּלַקְהוֹן. וְלָא הֲווּ אַתְיָין לְאִתְעָרְבָא בַּהֲדַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל וּלְחָמְדָא חוּלַק אַחְסַנְתֵּיהוֹן. וּבְגִין כָּךְ יִשְׂרָאֵל אִנּוּן מָשְׁכִין בִּרְכָאן לְכָל אִנּוּן מְמַנָּן בְּגִין דְּיִתְעַסְּקוּן בְּחוּלַקְהוֹן וְלָא יִתְעָרְבוּן בַּהֲדַיְיהוּ.
וְכַד סִיהֲרָא אִתְמְלֵי בִּרְכָאן לְעֵילָא כְּדְקָא יְאוּת. יִשְׂרָאֵל אָתְיָין וְיָנְקִין מִינָּהּ בִּלְחוֹדַיְיהוּ. וְעַל דָּא כְּתִיב (במדבר כ״ט:ל״ה) בַּיּוֹם הַשְּׁמִינִי עֲצֶרֶת תִּהְיֶה לָכֶם. מַאי עֲצֶרֶת, כְּתַרְגּוּמוֹ כְּנִישׁוּ. כָּל מַה דִּכְנִישׁוּ מֵאִנּוּן בִּרְכָאן עִלָּאִין. לָא יָנְקִין מִנֵּיהּ עַמִּין אָחֳרָנִין בַּר יִשְׂרָאֵל בִּלְחוֹדַיְיהוּ. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב עֲצֶרֶת תִּהְיֶה לָכֶם. לָכֶם וְלָא לִשְׁאָר עַמִּין. לָכֶם וְלָא לִשְׁאָר מְמַנָּן.
וְעַל דָּא אִנּוּן מְרַצִּין עַל הַמַּיִם לְמֵיהַב לוֹן חוּלַק בִּרְכָאן דְּיִתְעַסְּקוּן בֵּיהּ. וְלָא יִתְעָרְבוּן לְבָתַר בְּחֶדְוָותָא דְיִשְׂרָאֵל כַּד יָנְקִין בִּרְכָאן עִלָּאִין. וְעַל הַהוּא יוֹמָא כְּתִיב דּוֹדִי לִי וַאֲנִי לוֹ. דְּלָא אִתְעָרַב אוֹחֲרָא בַּהֲדָן.
לְמַלְכָּא דְּזַמַּן רְחִימוֹי בִּסְעוּדָתָא עִלָּאָה דְּעֲבִיד לֵיהּ לְיוֹמָא רְשִׁימָא. הָא רְחִימוֹי דְמַלְכָּא יְדַע דְּמַלְכָּא (Ⅰ)
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[64b]
[...] Le roi se dit alors : Je veux maintenant me réjouir avec mes amis, mais j'appréhende que quand je serai à table tous les gouverneurs et tous les chefs de mes provinces ne viennent s'asseoir à côté de mes amis et ne participent ainsi au festin. Que fit alors le roi ? Il fit servir d'abord des légumes et du bœuf, qui sont des mets ordinaires, à ses gouverneurs. Ensuite il se mit à table avec ses amis, devant lesquels il fit servir les mets les plus délicieux du monde; et, pendant qu'il était assis avec eux, il leur accorda tout ce qu'ils lui demandaient. De cette façon le roi a pu se réjouir avec ses amis en particulier, sans que les autres s'y mêlassent. Tel était le procédé du Saint, béni soit-il, à l'égard d'Israël.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Le huitième jour, sera un jour de réunion (atzereth) pour vous.
Rabbi Yossé et Rabbi Hiyâ s'écrièrent alors : Le Saint, béni soit-il, nous a rendu ce voyage agréable ; heureux le sort de ceux qui se consacrent à l'étude de la doctrine! Ils vinrent ensuite embrasser l'étranger, et Rabbi Yossé lui appliqua les paroles du verset suivant (Is. , LIV, 13) : « Tous tes enfants seront instruits du Seigneur, et ils jouiront de l'abondance de la paix. » Arrivés à un champ les voyageurs s'assirent. Prenant alors la parole, l’étranger s'exprima ainsi : Pourquoi (23) l'Écriture dit-elle (Gen. , XIX, 24) : « ... Et Jéhovah fit tomber du ciel une pluie de soufre et de feu sur Sodome et Gomorrhe », alors qu’à la description du Déluge l'Écriture se sert exclusivement du nom « Élohim »? En voici la raison : Nous savons par une tradition que, partout où l'Écriture se sert du terme « et Jéhovah », elle désigne Dieu assisté des membres de son tribunal, alors que le terme « Élohim » désigne le tribunal seulement où Dieu ne préside pas. C'est pourquoi à, la destruction de Sodome, où il ne s'agissait que du châtiment d'un seul pays et non pas du monde entier, Dieu se trouvait avec les membres de son tribunal. C'est ce qui fait dire à l’Écriture : « Et Jehovah, etc. », alors qu'au Déluge tout le monde périt ; et c'est pour cette raison que les membres du tribunal se trouvaient seuls dans le monde, c'est-à-dire que le tribunal n'était pas présidé par Dieu, et que, par suite de cette circonstance, l'Écriture n'emploie que le terme d'« Élohim ».
Mais, objectera-t-on peut-être, au Déluge aussi le châtiment n'avait pas atteint tout le monde, attendu que Noé et les siens en sortirent indemnes. Quelle différence y a-t-il donc entre le châtiment du Déluge et celui de Sodome? A ceci nous répondrons que Noé ayant été invisible durant le Déluge, pendant lequel il était enfermé dans l'arche, sa personne ne compte pas, de sorte qu'on peut considérer le Déluge comme châtiment général ayant atteint le monde entier.
C'est pourquoi, au châtiment de Sodome, l'Écriture emploie le terme « Et Jéhovah », parce que, à cette époque Dieu se montra « ouvertement », attendu que le châtiment n'était pas infligé à toutes les créatures du monde, alors qu' « Élohim » désigne Dieu caché ; or, à l'époque ou Dieu est caché, ceux qui sont destinés à échapper au châtiment général doivent être également cachés, ainsi qué cela arriva à Noé ; c'est pourquoi, durant le Déluge, Élohim était seul, c'est-à-dire, Dieu étant caché à cette époque, Élohim se manifestait seul. Ce mystère est renfermé dans les paroles de l'Écriture (Ps. , XXIX, 10) : « Jéhovah était assis à l'époque du Déluge. » Que signifie le mot « assis » ? Si l'Écriture ne le disait elle-même, nous n'oserions pas employer une expression pareille au sujet de Dieu. « Assis » (bsy iaschab.) signifie « isolé »; car, à l'époque du Déluge, Dieu n'était pas avec les membres de son tribunal. Ce qui prouve que l'Écriture entend par le mot « assis » que Dieu était, à cette époque « isolé », c'est qu'au verset précité, elle emploie le mot « assis » (iaschab); et ailleurs (Lévit. , XIII, 46) elle dit : « Il sera « assis » (iascheb), isolé hors du camp. » Et c'est précisément en raison de ce que Noé était invisible pendant le Déluge que l'Écriture (Gen. , VIII, 1) dit, après que tous les êtres du monde ont péri et que la colère de Dieu s'apaisa : « ... Et Élohim se souvint de Noé » ; car, au moment où les êtres de ce monde périssaient, Élohim ne se souvenait pas de Noé, celui-ci étant resté invisible. Ce mystère nous apprend que le Saint, béni soit-il, est parfois caché et parfois découvert ; quand il est découvert, il est avec les membres du tribunal d'ici-bas, c'est-à-dire du tribunal jugeant les êtres de ce bas-monde ; et, quand il est caché, il se trouve dans la région d'où sortent toutes les bénédictions célestes.
C'est pourquoi les biens que l'homme cache aux yeux du monde sont comblés des bénédictions célestes, alors que les biens visibles à tout le monde sont passibles du jugement (24) ; car tout endroit découvert est accessible au démon, appelé « mauvais œil »(Prov. , XXIII, 6) lequel s'attache à tous les biens à sa portée ; car, d'après un mystère suprême, tout ici-bas est conforme à l'ordre des choses d'en haut. Rabbi Yossé s'écria en pleurant : Heureux le sort de la génération contemporaine de Rabbi Siméon, car c'est grâce aux mérites de celui-ci que Dieu nous a favorisés de la connaissance des choses sublimes que nous venons d'entendre.
Rabbi Yossé ajouta : Cet homme est venu pour nous révéler ces choses, et c'est dans ce but que le Saint, béni soit-il, nous l'envoya. Arrivés chez Rabbi Siméon il lui rapportèrent les paroles de l'étranger. Rabbi Siméon leur dit : L'étranger a bien parlé ; ceci est certain. Rabbi Éléazar étant un jour assis devant Rabbi Siméon, son père, dit à celui-ci : Le démon appelé « fin de toute chair » a-t-il joui ou non? c'est-à-dire, a-t-il tiré quelque avantage des sacrifices que les Israélites avaient offerts à l'autel?
Rabbi Siméon lui répondit : Tous ont obtenu satisfaction des sacrifices des Israélites, en haut aussi bien qu'en bas, c'est-à-dire le ciel aussi bien que le démon.
Remarquez que les prêtres (cohanim), les Lévites et les Israélites laïcs sont appelés « homme » (Adam), lorsqu'ils sont unis entre eux dans la sainte volonté d'offrir un mouton, une brebis ou un animal quelconque. Avant d'offrir le sacrifice sur l'autel, il a fallu confesser tous les péchés et toutes les mauvaises pensées en les spécifiant ; c'est alors que le sacrifice reçut le nom d'animal (behema), parce qu'il a été chargé de tous les péchés et de toutes les mauvaises pensées. Tel était le cas du bouc émissaire (Azazel), ainsi qu'il est écrit (Lévit. , XVI, 21) : « ... Et lui ayant mis les mains sur la tête, il confessera tous les péchés des enfants d'Israël, etc. ». Il en est de même des autres sacrifices. Quand le sacrifice est placé sur l’autel, il se trouve muni de deux charges, c’est-à-dire du mérite du pénitent qui l’offre et de ses péchés et mauvaises pensées. Aussi chacune de ces charges monte à l’endroit qui lui convient ; l’une appartient à la catégorie « d’hommes » et l’autre à la catégorie « d’animal », ainsi qu’il est écrit (Ps. , XXXVI, 7) : « Tu sauves, Seigneur, « l’homme » (Adam) et « l’animal » (behema). » Les oblations préparées dans la poêle (Lévit. , II, 5), ainsi que toutes les autres offrandes en denrées, ont pour but d’attirer l’Esprit-Saint sur la volonté, c’est-à-dire sur les offices des prêtres, sur le chant des Lévites et sur la prière des Israélites laïcs. A cette huile et à cette farine des oblations ne peut prendre part [...]
- אִתְרָעֵי בֵּיהּ. אָמַר מַלְכָּא הַשְׁתָּא אֲנָא בָּעֵי לְמֶחֱדֵי עִם רְחִימָאי. וְדָחִילְנָא דְּכַד אֲנָא בִּסְעוּדָתָא עִם רְחִימָאי יַעֲלוּן כָּל אִנּוּן קַסְטוֹרֵי מְמַנָּן וִיתִיבוּן עִמָּנָא לִפְתוֹרָא לְמִסְעַד סְעוּדָתָא דְחֶדְוָה עִם רְחִימָאי. מָה עֲבַד אַקְדִים הַהוּא רְחִימוֹי קוּסְטוּרִין דִּירוֹקֵי וּבִשְׂרָא דְתוֹרֵי וְאַקְרִיב קַמַּיְיהוּ דְּאִנּוּן קַסְטוּרֵי מְמַנָּן לְמֵיכַל. לְבָתַר יָתִיב מַלְכָּא עִם רְחִימוֹי לְהַהִיא סְעוּדָתָא עִלָּאָה מִכָּל עִדּוּנִין דְּעָלְמָא. וּבְעוֹד דְּאִיהוּ בִּלְחוֹדוֹי עִם מַלְכָּא שָׁאִיל לֵיהּ כָּל צָרְכּוֹי וְיָהִיב לֵיהּ. וְאַחֲדֵי מַלְכָּא עִם רְחִימוֹי בִּלְחוֹדוֹהִי וְלָא אִתְעָרְבִין אָחֳרָנִין בֵּינַיְיהוּ. כָּךְ יִשְׂרָאֵל עִם קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. בְּגִין כָּךְ כְּתִיב בַּיּוֹם הַשְּׁמִינִי עֲצֶרֶת תִּהְיֶה לָכֶם.
אָמְרוּ רַבִּי יוֹסֵי וְרַבִּי חִיָּיא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַתְקִין אוֹרְחָא קַמָּן. זַכָּאִין אִנּוּן דְּמִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא. אָתֵי נְשָׁקוּהוּ. קָרָא עֲלֵיהּ רַבִּי יוֹסֵי (ישעיהו נ״ד:י״ג) וְכָל בָּנַיִךְ לִמּוּדֵי יְיָ וְרַב שְׁלוֹם בָּנָיִךְ. כַּד מָטוּ בֵּי חֲקַל יָתִיבוּ. אָמַר הַהוּא בַּר נָשׁ מַאי שְׁנָא דִּכְתִיב, (בראשית י״ט:כ״ד) וַיְיָ הִמְטִיר עַל סְדוֹם וְעַל עֲמוֹרָה וְגו'. (נדפס בפקודי רכז ב) וּמַאי שְׁנָא בְּטוֹפָנָא דִּכְתִיב אֱלהִים אֱלהִים בְּכָל אֲתַר. (אמאי) וְלָא כְּתִיב וַיְיָ (בכלא).
אֶלָּא תָּנִינָן בְּכָל אֲתַר דִּכְתִיב וַיְיָ הוּא וּבֵית דִּינוֹ. אֱלֹהִים סְתָם דִּינָא בִּלְחוֹדוֹי. אֶלָּא בִּסְדוֹם אִתְעֲבִיד דִּינָא וְלָא לְשֵׁיצָאָה עָלְמָא. וּבְגִין כָּךְ אִתְעָרֵב אִיהוּ בַּהֲדֵי דִינָא. אֲבָל בְּטוֹפָנָא כָּל עָלְמָא שָׁצֵי וְכָל אִנּוּן דְּאִשְׁתַּכָּחוּ (נ''א בלחודוי) בְּעָלְמָא.
וְאִי תֵימָא (ד''א דהא) נֹחַ וּדְעִמֵּיהּ (ד''א אשתזיבו). (נ''א הא) סָתִים מַעֲיָנָא הֲוָה דְּלָא אִתְחֲזֵי. וְעַל דָּא כָּל מַה דְּאִשְׁתְּכַח בְּעָלְמָא שָׁצֵי לֵיהּ. וְעַל דָּא וַיְיָ בְּאִתְגַלְיָא וְלָא שָׁצֵי כֹלָּא. אֱלהִים בָּעֵי סְתִימוּ וּבָעֵי לְאִסְתַּמְּרָא דְּהָא כֹּלָּא שָׁצֵי. וְעַל דָּא אֱלהִים בִּלְחוֹדוֹי הֲוֵי.
וְרָזָא דָּא (תהילים כ״ט:י׳) יְיָ לַמַּבּוּל יָשָׁב. מַהוּ יָשָׁב. אִלְמָלֵא קְרָא כְּתִיב לָא יָכְלִינָן לְמֵימַר. יָשָׁב בִּלְחוֹדוֹי דְּלָא אַתְיָא עִם דִּינָא. כְּתִיב הָכָא יָשָׁב, וּכְתִיב הָתָם (ויקרא י״ג:מ״ו) בָּדָד יֵשֵׁב בִּלְחוֹדוֹי.
וּבְגִין דְּנֹחַ הֲוָה סָתִים מַעֲיָנָא. לְבָתַר כַּד אִתְעֲבִיד דִּינָא וְשָׁצֵי עָלְמָא וְנָח רוּגְזֵיהּ מַה כְּתִיב וַיִּזְכֹּר אֱלֹהִים אֶת נֹחַ וְגו'. דְּהָא כַּד שָׁצֵי עָלְמָא לָא אִדְכַּר דְּסָתִים מַעֲיָנָא הֲוָה. וְרָזָא (ודא) אוֹלִיפְנָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא סָתִים וְגַלְיָא. גַּלְיָא הוּא בֵּי דִינָא דִלְתַתָּא. סָתִים הוּא אֲתַר דְּכָל בִּרְכָאן נָפְקֵי מִתַּמָּן. וּבְגִין כָּךְ כָּל מִלּוֹי דְּבַר נָשׁ דְּאִנּוּן בִּסְתִימוּ בִּרְכָאן שַׁרְיָין עֲלוֹי. וְכָל דְּאִנּוּן בְּאִתְגַּלְּיָא הַהוּא אֲתַר דְּבֵי דִינָא שָׁרְיָאן עֲלוֹי בְּגִין דְּאִיהוּ אֲתַר בְּאִתְגְּלֵי וְהַהוּא דְאִקְרֵי רַע עַיִן שַׁלִּיט עֲלֵיהּ, וְכֹלָּא הוּא בְּרָזָא עִלָּאָה כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא.
בָּכָה רַבִּי יוֹסֵי וְאָמַר זַכָּאָה דָרָא דְּרַבִּי שִׁמְעוֹן שַׁרְיָא בְּגַוֵּיהּ דְּהָא זְכוּתָא דִילֵיהּ אַזְמִין לָן בְּטוּרֵי מִלִּין עִלָּאִין כְּאִלֵּין (עד כאן). אָמַר רַבִּי יוֹסֵי הַאי בַּר נָשׁ לְאוֹדָעָא לָן מִלִּין אִלֵּין קָא אָתֵי וְשַׁדְרֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְגַבָּן. כַּד אָתוּ וְסִדְּרוּ מִלִּין קַמֵּיהּ דְּרַבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר וַדַּאי שַׁפִּיר קָא אָמַר. (נדפס בפקודי רסח ב).
רַבִּי אֶלְעָזָר הֲוָה יָתִיב יוֹמָא חַד קַמֵּיהּ דְּרַבִּי שִׁמְעוֹן אֲבוּי. אָמַר לֵיהּ הַאי קֵץ כָּל בָּשָׂר אִתְהַנֵּי מֵאִנּוּן קָרְבָּנִין דְּהֲווּ יִשְׂרָאֵל מְקָרְבִין עַל גַּבֵּי מַדְבְּחָא אוֹ לָא. אָמַר לֵיהּ כֹּלָּא הֲווּ מִסְתַּפְּקֵי כְּחֲדָא לְעֵילָא וְתַתָּא.
וְתָא חֲזֵי כַּהֲנִי וְלֵיוָאֵי וְיִשְׂרָאֵל אִנּוּן אִקְרוּן אָדָם בְּחִבּוּרָא דְּאִנּוּן רְעוּתִין קַדִּישִׁין דְּסָלְקִין מִגַּוַויְיהוּ. הַהוּא כִּשְׂבָּא אוֹ אִמְרָא אוֹ הַהִיא בְּהֵמָה דְּקָרְבִין אִצְטְרִיךְ עַד לָא יִתְקְרִיב עַל גַּבֵּי מַדְבְּחָא לְפָרָשָׁא עֲלָהּ כָּל חַטָּאִין וְכָל רְעוּתִין בִּישִׁין לְאִתְוַדָּאָה עֲלָהּ. וּכְדֵין הַהִיא אִתְקְרֵי בְּהֵמָה בְּכֹלָּא בְּגוֹ אִנּוּן חַטָּאִין וּבִישִׁין וְהִרְהוּרִין.
כְּגַוְונָא דְּקָרְבָּנָא דַּעֲזָאזֵל דִּכְתִיב (ויקרא ט״ז:כ״א) וְהִתְוַדָּה עָלָיו אֶת כָּל עֲוֹנוֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל וְגו'. הָכִי נָמֵי הָכָא. וְכַד סָלְקָא עַל גַּבֵּי מַדְבְּחָא מְטוּלָא עַל חַד תְּרֵין. וּבְגִין כָּךְ דָא סַלְקָא לְאַתְרֵיהּ. וְדָא סַלְקָא לְאַתְרֵיהּ. דָּא בְּרָזָא דְאָדָם וְדָא בְּרָזָא דִבְהֵמָה כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (תהילים ל״ו:ז׳) אָדָם וּבְהֵמָה תּוֹשִׁיעַ יְיָ.
חֲבִיתִין וְכָל שְׁאָר מְנָחוֹת לְאַתְעָרָא רוּחָא קַדִּישָׁא בִּרְעוּתָא דְּכַהֲנֵי וְשִׁירָתָא דְּלֵיוָאֵי וּבִצְלוֹתָא דְיִשְׂרָאֵל. וּבְהַהוּא תְּנָנָא וְשַׁמְנָא וְקִמְחָא דְּסָלִיק מִתְרַוָּון וּמִסְתַּפְּקִין (ס''א ומתפנקין) (ס''א ומתפשטין) (Ⅰ)
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[65a]
[...] aucun des chefs de la rigueur, afin que ceux-ci ne puissent faire dominer la rigueur grâce à l’aliment qui leur est fourni dans les sacrifices des animaux ; c’est pourquoi l’offrande des sacrifices des animaux et celle des oblations en denrées ont lieu simultanément.
Remarquez que dans le mystère de la Foi tout a été réglé de telle façon que l’un, c’est-à-dire le démon, puisse trouver son aliment dans l’autre, c’est-à-dire dans les œuvres accomplies à la gloire de Dieu, pour qu’il n’arrive devant l’Infini que cette partie de l’œuvre qui doit y arriver, c’est-à-dire la quintessence des œuvres, la partie sainte et dépourvue de tout alliage d’impureté.
Rabbi Siméon dit : Pendant la prière, je lève mes bras en haut ; c’est le symbole de la bonne volonté (25) qui, seule, monte en haut auprès de l’Etre suprême dont l’essence est également «Volonté », éternellement incompréhensible et insaisissable ; c’est la Tête qui est plus cachée que tout le reste d’en haut ; tout ce qui émane du ciel, émane de cette Tête ; toute lumière n’a d’autre source que cette Tête ; mais il est inconnu de quelle façon les émanations en sont faites et de quelle manière la lumière s’en dégage, car tout est caché. La bonne volonté de l’homme tend vers Celui dont l’essence est « Volonté » et dont elle constitue une « fraction ». Cette « fraction » n’arrive jamais jusqu’à la Pensée suprême ; mais dans le vol qu’elle prend pour remonter à sa source et durant son parcours, elle dégage des lumières. Bien que la lumière qui émane de la « Tête » soit tellement subtile qu’elle demeure éternellement cachée, elle est attirée néanmoins par les lumières que dégagent les « fractions » qui s’efforcent de remonter vers leur source. Ainsi, la lumière inconnue de la « Tête » pénètre dans la Lumière que dégagent les « fractions » pendant leur parcours d’ici-bas vers Celui qui est leur source.
C’est de cette manière que la Lumière suprême et inconnue se trouve confondue avec la lumière dégagée par les « fractions ». Ainsi sont formés les neuf « Palais », qui sont les neuf échelles entre la bonne volonté qui monte de la terre et la Tête suprême, ou, en d’autres termes, les neuf Séphiroth inférieures à la Couronne (Kether). Ces « Palais » ne sont ni des lumières, ni des esprits, ni des âmes ; ils ne sont accessibles qu’à la « Volonté », attendu que les neuf lumières qu’ils dégagent ne sont que les lumières de la Pensée. Aussi, malgré leur nombre de neuf, ils ne sont en réalité qu’un seul, en ce sens que tous n’ont que la « Pensée » pour essence et qu’ils n’ont aucune attache avec ce qui est hors de la « Pensée ». Ces neuf Palais, ayant pour essence la « Pensée », sont près de la « Pensée suprême », mais ils ne l’atteignent jamais, tant celle-ci est sublime et cachée. La bonne volonté de l’homme s’élève vers ces neuf Palais, dont l’essence est également « Volonté », et qui forment l’intermédiaire, entre le connu et l’inconnu, le compréhensible et l’incompréhensible. Tous les mystères de la Foi sont renfermés dans ces Palais qui forment le trait d’union entre la bonne volonté de l’homme et la «Volonté suprême », appelée « l’Infini ». La lumière subtile et imperceptible de la « Tête suprême » n’arrive que jusqu’à ces neuf Palais ; la bonne volonté de l’homme, en montant jusqu’à ces neuf Palais, y devient également accessible à cette lumière.
Les neuf Palais font ainsi l’union entre les « fractions » et le « Tout », entre la bonne volonté des hommes et la « Volonté suprême », appelée « l’Infini »(26). Mais pour que ces fractions, c’est-à-dire les bonnes volontés des hommes, puissent monter en haut, il faut que la lumière inconnue, c’est-à-dire la lumière suprême, s’enveloppe de la Séphirâ «Binah» (Intelligence), qu’elle les illumine et les réunisse en un seul tout. Le mystère des sacrifices est celui-ci : l’œuvre elle-même ne monte que jusqu’aux régions connues et compréhensibles, mais elle n’arrive pas jusqu’à la « Pensée suprême » ; ce n’est que la bonne volonté du pénitent qui monte jusqu’à la région de la « Pensée » où elle devient la couronne de « l’Infini ». Ainsi, la lumière que dégage la « Pensée suprême » est appelée « l’Infini » ; et c’est cette lumière qui engendre les bonnes volontés ici-bas et les fait remonter ensuite vers leur source. C’est sur ce mystère que tout est basé. Heureux le sort des justes, en ce monde et dans le monde futur !
Remarquez que le démon appelé «fin de toute chair» se nourrit également des bonnes œuvres des hommes. De même que les bonnes œuvres provoquent la joie des forces célestes, de même elles réjouissent, les démons, en ce sens que ceux-ci en tirent leur aliment. La partie matérielle des œuvres alimente les forces célestes inférieures, et ce n’est que la bonne volonté qui monte vers « l’Infini ». Mais comme il n’y a point de bonne œuvre qui soit exempte de quelques pensées impures, les démons y trouvent leur aliment. Pour que les démons ne troublent toutes les œuvres en les rendant impures, afin d’augmenter leur aliment, la « Mère céleste » veille sur Israël, pour que les œuvres de celui-ci soient parfaites et fournissent le moins possible d’aliments aux démons.
Remarquez qu’à chaque premier jour du mois, à la nouvelle lune, on offrait au démon appelé « fin de toute chair » une part des sacrifices qui consistait en l’offrande supplémentaire (Nomb. , XXVIII, 15), c’est-à-dire dans le sacrifice supplémentaire du bouc offert à chaque néoménie, afin que le démon, préoccupé de sa part d’aliment qui vient de lui être offerte, ne trouble plus les sacrifices qu’Israël offre au ciel. De cette façon, la bonne volonté d’Israël a pu s’unir avec son Roi. La part du démon consistait en un bouc, parce que c’était la part d’Ésaü ; la part du démon consistait en un bouc (saïr) ; et Ésaü est également appelé «saïr», velu (27), ainsi qu’il est écrit (Gen. , XXVII, 11) : « Ésaü, mon frère, est un homme velu (saïr). » C’est pourquoi on lui accordait une part qui lui ressemblait, de même qu’Israël a également une part qui lui ressemble ; et c’est pourquoi l’Écriture (Ps. , CXXXV, 4) dit : « ... Car le Seigneur a choisi Jacob pour être à lui, Israël pour être, sa possession. »
Remarquez que le démon appelé « fin de toute chair » n’aspire qu’après ce qui est chair ; et c’est pourquoi les actes de l’homme concernant la chair vont souvent vers lui ; c’est à cause de cela qu’il est appelé « fin de toute chair ». Lorsqu’il domine quelqu’un, il n’en domine que la chair, mais non pas l’âme. C’est pourquoi l’âme monte dans une région et la chair s’en va dans une autre. Il en était de même des sacrifices : la bonne volonté qui y présidait se dirigeait vers une région et la chair du sacrifice vers une autre (28). Lorsque l’homme est digne, il constitue lui-même un sacrifice propre à obtenir la rémission des péchés du monde ; mais l’homme qui n’est pas digne ne peut pas constituer le sacrifice, parce qu’il a un défaut ; et tout animal qui en a un est impropre à servir de sacrifice, ainsi qu’il est écrit (Lévit. , XXII, 20) : « S’il a un défaut, tu ne l’offriras point ; car il ne sera point agréable. » C’est pourquoi les justes obtiennent la rémission des péchés du monde, attendu qu’ils constituent les sacrifices du monde.
Remarquez les paroles de l’Écriture (Gen. , VI, 13) : « ... Et Élohim dit à Noé : La fin de la chair a comparu devant moi. » Elle a comparu, en effet, devant Dieu pour demander l’autorisation de noircir les visages [...]
- כָּל שְׁאָר מָארֵי דְדִינִין דְּלָא יָכְלִין לְשַׁלְטָאָה בְּהַהוּא דִינָא דְאִתְמָסַר לוֹן. וְכֹלָּא בְּזִמְנָא חָדָא. תָּא חֲזֵי, כֹּלָּא אִתְעֲבִיד בְּרָזָא דִמְהֵימְנוּתָא לְאִסְתַּפְּקָא דָּא בְּדָא, וּלְאִסְתַּלָּקָא לְעֵילָא מָאן דְּאִצְטְרִיךְ עַד אֵין סוֹף. (נדפס בפקודי רכא א, רסח ב)
אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן אֲרֵימַת יְדָאי בִּצְלוֹתִין לְעֵילָא, דְּכַד רְעוּתָא עִלָּאָה לְעֵילָא לְעֵילָא קָיְימָא עַל הַהוּא רְעוּתָא דְּלָא אִתְיְדָע וְלֹא אִתְפַּס כְּלַל לְעָלְמִין רֵישָׁא דְּסָתִים יַתִּיר לְעֵילָא. וְהַהוּא רֵישָׁא אַפִּיק מַאי דְאַפִּיק וְלָא יְדִיעַ וְנָהִיר מַאי דְנָהִיר כֹּלָּא בִּסְתִימוּ.
רְעוֹ דְּמַחֲשָׁבָה עִלָּאָה לְמִרְדַּף אֲבַתְרֵיהּ וּלְאִתְנְהָרָא מִנֵּיהּ. חַד פְּרִיסוּ אִתְפְּרִיס. וּמִגּוֹ הַהוּא פְּרִיסָא בִּרְדִיפוּ דְּהַהִיא מַחֲשָׁבָה עִלָּאָה מָטֵי וְלָא מָטֵי עַד הַהוּא פְּרִיסָא נָהִיר מַה דְּנָהִיר. וּכְדֵין (ס''א ההוא) אִיהוּ מַחֲשָׁבָה עִלָּאָה נָהִיר בִּנְהִירוּ (בסתימו) סָתִים דְּלָא יְדִיעַ וְהַהוּא מַחֲשָׁבָה לָא יָדַע. כְּדֵין בָּטַשׁ הַאי נְהִירוּ דְּמַחֲשָׁבָה דְּלָא אִתְיְידַע בִּנְהִירוּ דְּפַרְסָא דְּקָיְימָא דְּנָהִיר מִמַּה דְּלָא יְדִיעַ וְלָא אִתְיְידַע וְלָא אִתְגַּלְיָיא. וּכְדֵין (נ''א האי) דָּא נְהִירוּ דְּמַחֲשָׁבָה דְּלָא אִתְיְידַע בָּטַשׁ בִּנְהִירוּ דִּפְרִיסָא וְנָהֲרִין כְּחֲדָא וְאִתְעֲבִידוּ תֵּשַׁע הֵיכָלִין.
וְהֵיכָלִין לָאו אִנּוּן נְהוֹרִין וְלָאו אִנּוּן רוּחִין וְלָאו אִנּוּן נִשְׁמָתִין. וְלָא אִית (איהו) מָאן דְּקָיְימָא בְּהוּ. רְעוּתָא דְּכָל תֵּשַׁע נְהוֹרִין דְּקָיְימֵי כֻּלְהוּ בְּמַחֲשָׁבָה דְּאִיהוּ חַד מִנַּיְיהוּ בְּחוּשְׁבְּנָא כֻּלְהוּ לְמִרְדַּף בַּתְרַיְיהוּ בְּשַׁעֲתָא דְּקָיְימֵי בְּמַחֲשָׁבָה וְלָא מִתְדַּבְּקָן וְלָא אִתְיְידָעוּ. וְאִלֵּין לָא קָיְימֵי לָא בִּרְעוּתָא וְלָא בְּמַחֲשָׁבָה עִלָּאָה (נ''א עלאין). תָּפְסִין בָּהּ וְלָא תָפְסִין. בְּאִלֵּין קָיְימֵי כָּל רָזֵי דִמְהֵימְנוּתָא וְכָל אִנּוּן נְהוֹרִין מֵרָזָא דְּמַחֲשָׁבָה עִלָּאָה (דלתתא ד''א ולתתא) כֻּלְהוּ אִקְרוּן אֵין סוֹף. עַד הָכָא מָטוּ נְהוֹרִין וְלָא מָטוּן וְלָא אִתְיְידָעוּ. לָאו הָכָא רְעוּתָא וְלָא מַחֲשָׁבָה. (כדין ד''א כד) נָהִיר מַחֲשָׁבָה וְלָא אִתְיְידַע (ידיע) מִמַּאן דְּנָהִיר. כְּדֵין אִתְלַבֵּשׁ וְאַסְתִּים גּוֹ בִּינָה וְנָהִיר לְמַאן דְנָהִיר וְאָעִיל דָּא בְּדָא עַד דְּאִתְכְּלִילוּ כֻּלְהוּ כְּחֲדָא. וּבְרָזָא דְּקָרְבָּנָא כַּד סָלִיק כֹּלָּא אִתְקַשַּׁר דָּא בְּדָא וְנָהִיר דָּא בְּדָא. כְּדֵין קָיְימֵי כֻּלְהוּ בִּסְלִיקוּ וּמַחֲשָׁבָה אִתְעַטַּר בְּאֵין סוֹף. הַהוּא נְהִירוּ דְּאִתְנְהִיר מִנֵּיהּ מַחֲשָׁבָה עִלָּאָה (דלא אתיידע בה כלל) אִקְרֵי אֵין סוֹף. וּמִנֵּיהּ אִשְׁתְּכַח וְקָיְימָא וְנָהִיר לְמַאן דְּנָהִיר וְעַל דָּא כֹּלָּא קָאִים. זַכָּאָה חוּלָקֵיהוֹן דְּצַדִּיקַיָא בְּעָלְמָא דֵין וּבְעָלְמָא דְּאָתֵי.
תָּא חֲזֵי, הַאי קֵץ כָּל בָּשָׂר, כְּמָה דְּקִשּׁוּרָא אִשְׁתְּכַח לְעֵילָא בְּחֵדוּ, אוּף הָכִי נָמֵי לְתַתָּא בְּחֶדְוְותָא. וּרְעוּתָא לְאִסְתַּפְּקָא כֹּלָּא לְעֵילָא וְתַתָּא. וְאִימָּא קָיְימָא עֲלַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל כְּדְקָא יְאוּת.
תָּא חֲזֵי, בְּכָל רֵישֵׁי יַרְחָא וְיַרְחָא כַּד סִיהֲרָא מִתְחַדְּשָׁא יָהֲבִין לֵיהּ לְהַאי קֵץ כָּל בָּשָׂר חוּלְקָא חָדָא יַתִּיר עַל קָרְבָּנִין לְאִתְעַסְקָא בֵּיהּ וְיִשְׁתַּמֵּשׁ בְּחוּלָקֵיהּ. וִיהֵא סִטְרָא דְיִשְׂרָאֵל בִּלְחוֹדַיְיהוּ. בְּגִין דְּיִתְאַחֲדוּן בְּמַלְכֵיהוֹן, וְדָא אִיהוּ שָׂעִיר. בְּגִין דְּאִיהוּ בְּחוּלָקָא דְּעֵשָׂו דִּכְתִיב בֵּיהּ שָׂעִיר (בראשית כ״ז:י״א) הֵן עֵשָׂו אָחִי אִישׁ שָׂעִיר. וְעַל דָּא אִיהוּ אִשְׁתַּמַּשׁ בְּחוּלָקֵיהּ. וְיִשְׂרָאֵל אִנּוּן מִשְׁתַּמְּשִׁין בְּחוּלָקֵיהוֹן. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, (תהילים קל״ה:ד׳) כִּי יַעֲקֹב בָּחַר לוֹ יָהּ יִשְׂרָאֵל לִסְגוּלָתוֹ.
תָּא חֲזֵי, הַאי קֵץ כָּל בָּשָׂר, כָּל רְעוּתֵיהּ לָאו אִיהוּ אֶלָּא בְּבִשְׂרָא תָּדִיר וּבְגִין כָּךְ תִּקּוּנָא דְבִשְׂרָא תָּדִיר לְגַבֵּיהּ וְעַל דָּא אִקְרֵי קֵץ כָּל בָּשָׂר. וְכַד אִיהוּ שַׁלִּיט, שַׁלִּיט עַל גּוּפָא וְלָא עַל נִשְׁמְתָא. נִשְׁמְתָא סָלְקָא לְאַתְרָא וּבִשְׂרָא אִתְיְהִיב לְאֲתַר דָּא. כְּגַוְונָא דָא בְּקָרְבָּנָא דִּרְעוּתָא סָלְקָא לְאֲתַר חָד, וּבִשְׂרָא לְאֲתַר חָד.
וּבַּר נָשׁ דְּאִיהוּ זַכָּאָה אִיהוּ קָרְבָּנָא מַמָּשׁ לְכַפָּרָה. וְאָחֳרָא דְּלָאו אִיהוּ זַכָּאָה, לָאו אִיהוּ קָרְבָּנָא בְּגִין דְּבֵיהּ מוּמָא דִּכְתִיב, (ויקרא כב) כִּי לֹא לְרָצוֹן וְגו'. וְעַל דָּא צַדִּיקַיָא כַּפָּרָה אִנּוּן דְּעָלְמָא וְקָרְבָּנָא אִנּוּן בְּעָלְמָא (עד כאן):
תָּא חֲזֵי, וַיֹּאמֶר אֱלהִים לְנֹחַ קֵץ כָּל בָּשָׂר בָּא לְפָנַי. לְמֵיטַל רְשׁוּ לְאַחְשָׁכָא אַפַּיְיהוּ (Ⅰ)
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[65b]
[...] des enfants du monde.
C’est pourquoi L’Écriture ajoute : « Je les exterminerai avec la terre. » Il est écrit (Gen. , VI, 22) : «... Et Noé fit tout ce que Dieu lui avait commandé... » (29) Remarquez les paroles de l’Écriture (Gen. , VII, 6) : «... Et Noé avait six cents ans, lorsque les eaux du Déluge inondèrent la terre. » Pourquoi l’Écriture indique-t-elle le nombre des années de Noé à l’époque du Déluge ? Mais la vérité c’est que si Noé n’avait atteint l’âge de six cents ans, il n’aurait pas été enfermé dans l’arche et n’aurait pas fait corps avec celle-ci. Ce n’est que lorsque Noé eut six cents ans révolus qu’il put faire corps avec l’arche. C’est pourquoi, lorsque la méchanceté des enfants du monde eut atteint le plus haut degré, le Saint, béni soit- il, différa le châtiment jusqu’au jour où Noé arriva à l’âge de six cents ans révolus ; car ce n’est qu’alors que Noé a atteint toute la pertection dont il était susceptible et est devenu un juste partait, ce qui lui permit d’entrer dans l’arche ; car tout ici-bas est fait d’après le modèle d’en haut.
Il est écrit : «... Et Noé avait six cents ans, etc. » Ces paroles ont la signification que nous leur avons donnée ; et c’est pourquoi l’Écriture ne dit pas : «... Et Noé avait environ six cents ans (30). » Rabbi Siméon poursuivit son discours de cette façon : Il est écrit (Gen. , VI, 17) : « ... Et moi (va-ani) je (hineni) répandrai les eaux du Déluge sur la terre. » Pour quelle raison l’Écriture répète-t-elle le mot « hineni » (je), alors qu’elle s’est déjà servi du mot « va-ani » « et je » ou « et moi » ? Mais, en réalité, les mots « ani », « anochi » et « hineni » sont synonymes, en désignant la même chose ; mais remarquez que partout où l’Écriture emploie le mot « ani », pour désigner Dieu, « ani » devient à Dieu ce que le corps est à l’âme ; car «ani » n’a que ce qu’il reçoit d’en haut. C’est pourquoi « ani » est mentionné dans la marque de l’Alliance, ainsi qu’il est écrit (Gen. , XVII, 4) : « Je ferai (ani) mon alliance avec vous. »
L’Écriture veut dire : Dieu se manifestera un jour et sera connu. « Ani » sert de trône à Celui qui est au-dessus de lui. « Ani » veut dire : Je prendrai ma vengeance de génération en génération. « Va-ani » unit en lui le mâle et la femelle. Mais, après la femelle « hineni » sera distincte du mâle qui montera en haut pour juger le monde. L’Écriture dit : « Je répandrai les eaux du Déluge sur la terre. » Du moment que l’Ecriture dit « Déluge », ne savons-nous pas déjà qu’il s’agit d’eau ? Pourquoi donc l’Écriture dit-elle « l’eau du Déluge » ? Mais l’Écriture indique par le mot « eth », qu’outre les eaux du Déluge, Dieu envoya encore l’ange de la mort (31) ; car, bien que, en apparence, ce fussent les eaux qui ravageaient la terre, ce fut, en réalité, l’ange de la mort qui fit périr le monde en se servant des eaux. Nous savons par une tradition que les mots de l’Écriture : « Je (ani) suis Jéhovah », signifient : Je suis fidèle dans ma promesse de récompense envers les justes et dans ma menace de châtiment envers les coupables ; c’est pourquoi mes promesses aux justes de les récompenser dans la vie future sont faites sous mon nom d’« ani » ; et, de même, mes menaces aux coupables de les châtier dans le monde futur sont faites, sous le nom d’ « ani ».
L’Écriture ajoute (Gen. , VI, 17) : « ... Pour faire périr toute chair. » Ces paroles ont la signification que nous leur avons donnée ; car c’est l’ange de la mort qui est le véritable destructeur du monde, et c’est lui qui est désigné dans les paroles de l’Écriture (Ex. , XII, 23) : « ... Et il ne permettra pas au destructeur d’entrer dans vos maisons pour frapper. » Tel est le sens des paroles : « ... Pour faire périr toute chair », c’est-à-dire : je donnerai l’autorisation au destructeur qui est du côté de celui que l’Ecriture désigne sous le nom de « fin de toute chair », de détruire le monde. Car lorsque Noé eut atteint l’âge de six cents ans, Dieu résolut l’extermination du monde qu’il avait différée jusqu’à ce jour. Après avoir terminé son discours,
Rabbi Siméon dit : Ce que je viens vous dire m’a été enseigné au nom de Rabbi Isaac. Rabbi Siméon a, en outre, ouvert sa conférence de la manière suivante : Il est écrit (Is. , XXXVIII, 11) : « J'ai dit : Je ne verrai pas le Seigneur-Dieu sur la terre des vivants ; je ne verrai pas l'homme avec les habitant du monde (hadel). » Combien sont aveuglés les hommes qui ne veulent pas approfondir les paroles de la doctrine et qui consacrent tout leur temps aux choses de ce monde, à la suite de quoi ils sont privés de l'esprit de la Sagesse éternelle. Car lorsque l'homme quitte ce bas monde, il rend compte à son Maître de tout ce qu'il a fait durant le temps que l'esprit était uni au corps. L'homme y reconnaît beaucoup de personnes qu'il a connues en ce bas monde. Il y rencontre également Adam assis devant la porte du Jardin de l'Éden, pour voir et se réjouir avec tous ceux qui ont observé les commandements de leur Maître. Adam est toujours entouré de nombreux justes qui ont su éviter le chemin qui conduit à l'enfer et qui se dirigent vers le Jardin de l'Éden. Ce sont ces Justes que l'Écriture désigne par les mots « les habitants du monde (hadel) ». L'Écriture ne se sert pas du mot « heled » (monde), parce que par ce terme sont désignés les habitants de ce bas monde qui, pareils à une « houldâ » (souris), d'où ils tirent leur nom, ramassent des biens sans savoir qui en jouira après leur mort.
C’est pourquoi l’Écriture se sert, pour désigner les justes de l'autre monde, du mot « hadel » qui signifie « éviter », ainsi qu'il est écrit (Is. , II, 22) : « Evitez (hidlou) cet homme, etc. », car les justes ont su éviter le chemin qui conduit à l'enfer et ils sont parvenus à être introduits dans le Jardin de l’Éden. D'après une autre interprétation, les mots « habitants du monde » (hadel) désignent les pénitents qui, venus à résipiscence, ont abandonné leur coupable conduite. Et comme Adam avait fait pénitence devant son Maître, il a été chargé d'introduire dans l'Éden tous les pénitents qui sont appelés les « enfants de hadel », ainsi qu'il est écrit (Ps. , XXXIX, 5) : « ... Afin que je sache ce qui me manque (hadel) (32). » C'est pourquoi Adam est assis à la porte du Jardin de l'Éden, pour se réjouir avec les justes qui y passent.
Remarquez que l'Écriture (Is. , XXXVIII, 11) dit: « J'ai dit : Je ne verrai pas le Seigneur-Dieu (Jah). » Qui est-ce donc qui peut voir le Seigneur-Dieu (Jah) ? Mais le second membre du verset nous explique le premier : « ... Le Seigneur-Dieu (Jah) sur la terre des vivants. » Remarquez que, lorsque les âmes montent dans la région de la vie par excellence (33), elles y jouissent de la splendeur de la lumière à réverbération (34), réfléchie par la lumière [...]
- דִּבְנֵי עָלְמָא. וּבְגִינֵי כָךְ הִנְנִי מַשְׁחִיתָם אֶת הָאָרֶץ. (ועל דא עשה לך תבת עצי גופר בגין לאשתזבא בה ולא יכיל לשלטאה עלך. רבי חייא ורבי יוסי הוו אזלי בארחא אמר חד) כְּתִיב וַיַעַשׂ נֹחַ כְּכֹל אֲשֶׁר צִוָהוּ ה'.
השלמה מההשמטות (סימן יא)
צִוָּה ה'. אָמַר רַבִּי יוֹסֵי זַכָּאִין אִינוּן יִשְׂרָאֵל דְאִתְיְיהִיב לְהוֹן אוֹרַיְתָא קַדִּישָׁא וְאִינּוּן מִשְׁתַּדְלֵי בָּהּ יְמָמָא וְלֵילֵי. תָּא חֲזֵי דְהָא מַשְׁמַע דְאִלוּלֵי דְאִשְׁתַּכַּח נֹחַ עִם תֵּיבוּתָא בְּאִתְחַבְּרוּתָא כַּחֲדָא לָא אִשְׁתֵּזִיב (ובגין כך) אַסְתִּים מִן עֵינָא בְּגוֹ תֵּיבוּתָא. קָמוּ וְאָזְלוּ. אָמַר הַהוּא יוּדָאי בְּוַדַּאי כְּתִיב עֲשֵׂה לְךָ תֵּיבַת עֲצֵי גוֹפֶר, לְךָ לְגַרְמָךְ בְּגִין לְאִתְחַבְּרָא בַּהֲדָהּ וּלְאִשְׁתֵּזָבָא בָּהּ מָה כְּתִיב וַיַּעֲשֹׁ נֹחַ כְּכָל אֲשֶׁר צִוָהוּ וְגוֹ'. (עד כאן מההשמטות)
תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב וְנֹחַ בֶּן שֵׁשׁ מֵאוֹת שָׁנָה וְגו'. וְכִי אַמַּאי אֲתָא חוּשְׁבְּנָא דָא לְמִמְנֵי. אֶלָּא אִילוּ לָא הֲוָה נֹחַ בֶּן שֵׁשׁ מֵאוֹת שָׁנָה לָא יֵיעוּל לְתֵיבוּתָא וְלָא יִתְחַבַּר בַּהֲדָהּ. כֵּיוָן דְּאִשְׁתַּלִּים בְּשֵׁשׁ מֵאוֹת שָׁנָה כְּדֵין אִתְחַבַּר בַּהֲדָהּ.
וְעַל דָּא מִן יוֹמָא דְּאִשְׁתַּלִּים חוֹבַיְיהוּ דִּבְנֵי עָלְמָא אוֹרִיךְ לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַד דְּאִשְׁתַּלִּים נֹחַ בְּשֵׁשׁ מֵאוֹת שָׁנָה וְאִשְׁתַּלִּים דַּרְגֵּיהּ כְּדְקָא יְאוּת וְהֲוָה צַדִּיק שְׁלִים. וּכְדֵין עָאל לְתֵיבוּתָא. וְכֹלָּא כְּגַוְונָא דִּלְעֵילָא:
וְנֹחַ בֶּן שֵׁשׁ מֵאוֹת שָׁנָה כְּמָה דְאֲמָרָן. וּבְגִינֵי כָךְ לָא אִתְּמָר כְּבֶן שֵׁשׁ מֵאוֹת שָׁנָה. (ד''א ל''ג לקביל שית סטרין דעלמא). תּוּ פָּתַח וְאָמַר וַאֲנִי הִנְנִי מֵבִיא אֶת הַמַּבּוּל מַיִם. מַאי טַעְמָא הִנְנִי כֵּיוָן דְּאָמַר וַאֲנִי. אֶלָּא אֲנִי אָנֹכִי (נ''א הנני) כֹּלָּא מִלָּה חָדָא הִיא.
תָּא חֲזֵי, בְּכָל אֲתַר אֲנִי אִתְעֲבִיד גּוּפָא לְנִשְׁמְתָא וַדַּאי דִּמְקַבְּלָא מִמַּה דִּלְעֵילָא. וּבְגִין כָּךְ אִתְרְמִיז בְּאָת קַיָּימָא דִּכְתִיב אֲנִי הִנֵּה בְּרִיתִי אִתָּךְ. אֲנִי דְּקָיְימָא בְּאִתְגַּלְּיָא מְזוּמֶנֶת לְמִנְדַע. אֲנִי כָּרְסְיָא לְמַה דִּלְעֵילָא. אֲנִי דְּעֲבִידְנָא נוּקְמִין לְדָרֵי דָרִין. וַאֲנִי כָּלִיל דְּכַר וְנוּקְבָא כְּחֲדָא. לְבָתַר אִתְרְשִׁים בִּלְחוֹדוֹי דְּאִזְדַּמַּן לְמֶעְבַּד דִּינָא. הִנְנִי. מֵבִיא אֶת הַמַּבּוּל מַיִם.
כֵּיוָן דְּאָמַר מֵבִיא אֶת הַמַּבּוּל לָא יְדַעְנָא דְּאִיהוּ מַיִם. אֶלָא אֶת הַמַּבּוּל לְאַסְגָאָה מַלְאַךְ הַמָּוֶת, דְּאַף עַל גַּב דְּמַיָא הֲווּ. מְחַבְּלָא (לחבלא בהון מחבלא) (ד''א הוה) אָזִיל בְּעָלְמָא לְשֵׁיצָאָה בְּאִנּוּן מַיִין. אֲנִי יְיָ, הָכִי תָּנִינָן נְאֱמָן אֲנָא לְשַׁלְּמָא אֲגַר טַב לְצַדִּיקַיָּא וּלְאִתְפָּרַע מֵרַשִׁיעַיָּא. וּבְגִין כָּךְ אַבְטַח לוֹן קְרָא לְצַדִּיקַיָּא בְּאֲנִי לְשַׁלְּמָא אֲגַר טַב דִּלְהוֹן לְעָלְמָא דְאָתֵי. וְאַגְזִים לְרַשִׁיעַיָּא לְאִתְפְּרַע מִנַּיְיהוּ לְעָלְמָא דְאָתֵי בְּאֲנִי.
לְשַׁחֵת כָּל בָּשָׂר. כְּמָה דְאוֹקִימְנָא דְּדָא הוּא מְחַבְּלָא דְעָלְמָא. וְעַל דָּא כְּתִיב, (שמות י״ב:כ״ג) וְלֹא יִתֵּן הַמַּשְׁחִית לָבֹא אֶל בָּתֵּיכֶם לִנְגוֹף. וְדָא הוּא לְשַׁחֵת כָּל בָּשָׂר מִסִּטְרָא דְּקֵץ כָּל בָּשָׂר בָּא לְפָנַי. דְּהָא כֵּיוָן דְּמָטָא זִמְנָא דְּאוֹרִיךְ לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא (ד''א ל''ג ואוריך לון) עַד דְּאַשְׁלִים נֹחַ לְשֵׁשׁ מֵאוֹת שָׁנָה כְּדֵין לְשַׁחֵת כָּל בָּשָׂר. אָמַר הָכִי אוֹלִיפְנָא מִשְׁמֵיהּ דְּרַבִּי יִצְחָק (ס''א ברבי יוסי מחוזאי) דְּאָמַר לָן (נ''א האי דאמרי לכון).
פָּתַח וְאָמַר, (ישעיה לח) אָמַרְתִּי לֹא אֶרְאֶה יָהּ יָהּ בְּאֶרֶץ הַחַיִּים לֹא אַבִּיט אָדָם עוֹד עִם יוֹשְׁבֵי חָדֶל. אָמַרְתִּי לא אֶרְאֶה יָהּ, כַּמָּה אֲטִימִין אִנּוּן בְּנִי נָשָׁא דְּלָא יָדְעִין וְלָא מַשְׁגִּיחִין בְּמִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא, אֶלָּא מִסְתַּכְּלֵי בְּמִלּוֹי דְעָלְמָא וְאִתְנְשֵׁי מִנַּיְיהוּ רוּחָא דְחָכְמְתָא.
דְּכַד בַּר נָשׁ אִסְתַּלַּק מֵהַאי עָלְמָא וְיָהִיב חוּשְׁבְּנָא לְמָארֵיהּ מִכָּל מַה דְּעֲבַד בְּהַאי עָלְמָא בְּעוֹד דְּאִיהוּ קָאִים רוּחָא וְגוּפָא כְּחֲדָא וְחָמֵי מַה דְּחָמֵי, עַד דְּאָזִיל לְהַהוּא עָלְמָא וּפָגַע לֵיהּ לְאָדָם הָרִאשׁוֹן יָתִיב לְתַרְעָא דְגִנְתָּא דְעֵדֶן לְמֶחמֵי כָּל אִנּוּן דְּנָטְרוּ פִּקּוּדֵי דְמָארֵיהוֹן וְחָדֵי בְּהוּ.
וְכַמָּה צַדִּיקַיָּא סָחֳרָנֵיהּ דְּאָדָם. אִנּוּן דְּאִתְמְנָעוּ מֵאָרְחָא דְּגֵיהִנֹּם וְסָטוּ לְגַבֵּי אָרְחָא דְּגַן עֵדֶן. וְאִלֵּין אִקְרוּן יוֹשְׁבֵי חָדֶל. וְלָא כְּתִיב יוֹשְׁבֵי חָלֶד. בְּגִין דְּלָא הֲווּ כְּמוֹ חוּלְדָה דְּגָרְרָא וּמַנְחָא וְלָא יָדְעָא לְמַאן שַׁבְקָא. אֶלָּא יוֹשְׁבֵי חָדֶל. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיה ב) חִדְלוּ לָכֶם מִן הָאָדָם וְגו' (אלא יושבי חדל) דְּאִתְמְנַע לוֹן מֵאָרְחָא דְּגִיהִנֹּם. וְאַתְקִיפוּ בְּהוּ לְאַעָלָא לְהוּ בְּגִנְתָּא דְעֵדֶן.
דָּבָר אַחֵר יוֹשְׁבֵי חָדֶל אִנּוּן מָרֵיהוֹן דִּתְשׁוּבָה דִּמְנָעוּ גַּרְמַיְיהוּ מֵאִנּוּן חוֹבִין דְּחַיָּיבַיָא. וּבְגִין דְּאָדָם הָרִאשׁוֹן תָּב בִּתְיוּבְתָּא קַמֵּי מָארֵיהּ. יָתִיב (נ''א עם) עַל אִנּוּן דְּאִתְמְנָעוּ מֵחוֹבֵיהוֹן וְאִנּוּן בְּנֵי חָדֶל. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (תהלים לט) אֵדְעָה מֶה חָדֵל אָנִי. וּבְגִין כָּךְ אִיהוּ יָתִיב לְתַרְעָא דְּגִנְתָּא דְּעֵדֶן וְחָדֵי בְּהוּ בְּצַדִּיקַיָּא דְּאַתְיָין בְּהַהוּא אוֹרְחָא דְּגִנְתָּא דְּעֵדֶן.
תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב אָמַרְתִּי לא אֶרְאֶה יָהּ. וְכִי מַאן יָכִיל לְמֶחמֵי יָהּ. אֶלָּא סוֹפָא דִקְרָא אוֹכַח דִּכְתִיב יָהּ בְּאֶרֶץ הַחַיִּים. תָּא חֲזֵי, כַּד (תרומה קמא) סָלְקִין נִשְׁמָתִין לְאֲתַר צְרוֹרָא דְחַיֵּי. תַּמָּן מִתְהַנָּן בְּזָהֳרָא דְּאַסְפַּקְלַרְיָאה דְּנָהֲרָא דְּנָהִיר (Ⅰ)
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[66a]
[...] de la région supérieure à toutes ; et si l’âme n'était point revêtue, au ciel, d'une autre enveloppe, elle serait incapable d'approcher de cette lumière et de la contempler. Car, de même que les âmes sont revêtues d'une enveloppe durant leur passage dans ce bas monde, de même elles sont entourées d'une enveloppe au ciel pour être capables de contempler la lumière réfléchie par celle de la terre des vivants.
Remarquez que Moïse n'a pu contempler ce qu'il contempla par la suite, qu'après avoir été entouré d'une autre enveloppe, ainsi qu'il est écrit (Ex. , XXIV, 18) : « ... Et Moïse entra dans la nuée et monta sur la montagne. » Ces paroles sont traduites par la paraphrase du Thargoum de cette façon : « Moïse entra au milieu de la nuée » veut dire : Moïse s'entoura de la nuée à l'instar de quelqu'un qui s'entoure d'un vêtement.
C'est pourquoi, précédemment, l'Écriture a dit : « ... Et Moïse s'approcha de l'obscurité où Dieu était. » Donc il ne pouvait pas encore contempler la lumière céleste ; alors qu'après avoir été entouré d'une autre enveloppe, l’Écriture dit de lui : « ... Et Moïse entra dans la nuée et monta sur la montagne, et y demeura quarante jours et quarante nuits. » Car ce n'est qu’alors qu'il a pu contempler la lumière qu'il lui a été donné de voir. Ainsi, les âmes des justes sont entourées, au ciel, d'une enveloppe, de même qu'elles l'étaient dans ce bas monde, afin qu'elles puissent contempler la lumière émanant de la « terre des vivants ».
C’est pourquoi l’Écriture répète deux fois le mot « Jah » dans ce verset ; car Ézéchias avait appréhendé de ne pas pouvoir contempler la lumière céleste en raison de ce qu'il avait interrompu le courant du fleuve céleste, étant mort sans laisser d'enfants.
C'est pourquoi il a dit : « Je ne verrai pas l’homme (Adam) », ce qui veut dire : Je ne verrai pas le premier homme assis devant la porte du Jardin de l'Éden, ainsi que nous l'avons dit précédemment. Et pourquoi Ézéchias craignait-il tant? C'est parce que le Prophète lui avait dit (Is. , XXXVIII, 1) : « ... Car tu mourras, et tu ne vivras pas », ce qui veut dire : Tu mourras dans ce monde et tu ne vivras pas dans le monde futur; et tout cela parce qu'Ézéchias était mort sans laisser d'enfants ; car quiconque quitte ce monde sans y laisser d'enfants est chassé du Jardin de l'Éden ; et il est incapable de contempler la lumière qui y est répandue. Si Ézéchias, qui pouvait faire valoir le mérite de ses ancêtres, et qui était lui-même un homme probe, juste et zélé, avait tant appréhendé d'être privé des jouissances célestes pour ne pas avoir laissé d'enfants, on voit qu'à plus forte raison cette crainte est fort justifiée chez un homme qui ne peut pas faire valoir les mérites de ses ancêtres et qui a commis lui-même des péchés contre son Maître.
L'enveloppe dont sont entourées les âmes des justes au ciel, ainsi que nous venons de le dire, est désignée par les collègues sous le nom de « manteau de maître », expression qui désigne l'enveloppe dont les âmes des justes sont entourées dans le monde futur. Heureux le sort des justes à l'intention desquels le Saint, béni soit-il, a réservé de nombreuses jouissances dans le monde futur ; c'est de ces justes que l'Écriture (Is. ,LXIV, 4) dit : « L'œil n'a point vu, hors toi seul, ô Seigneur, ce que tu as réservé à ceux qui espèrent en toi. » Il est écrit (Gen. , VI, 17) : « Et moi je répandrai les eaux du Déluge sur la terre. »
Rabbi Yehouda a ouvert une de ses conférences par l'exorde suivant : Il est écrit (Nomb. , XX, 13) : « C'est là l'eau de contradiction, où les enfants d'Israël murmurèrent contre le Seigneur, et où il fit paraître sa sainteté au milieu d'eux. » Les Israélites n'ont-ils donc contrarié Dieu qu'en cette occurrence, pour que l’Écriture dise : « C'est là l'eau de contradiction », ce qui fait supposer que c'est le seul cas où Israël a contrarié Dieu? Mais la vérité c'est que par les « eaux de contradiction » l'Écriture entend l'aliment qu'Israël a fourni aux chefs de la rigueur, c'est-à-dire aux démons, ce qui permit à ceux-ci d'asservir Israël. Car il y a des eaux douces et des eaux amères, des eaux limpides et des eaux troubles, des eaux de paix et des eaux de dispute.
C'est pourquoi l'Ecriture dit : « C’est là l'eau de contradiction, où les enfants d'Israël murmurèrent contre le Seigneur », ce qui veut dire : ils se sont attirés l'esprit impur qu'ils ne devaient pas attirer, et celui-ci les a souillés, ainsi que L’Écriture ajoute : « ... Et ils furent souillés. » (35) Rabbi Hizqiya objecta à Rabbi Yehouda : Si le verset précité avait le sens que tu lui prêtes, l'Écriture aurait dû dire « vaïqadschou » (et ils furent souillés), au lieu de « vaïqadesch », au singulier? Mais le vrai sens du verset est celui-ci : Celui qu'Israël devait adorer a été, - s'il est permis de s'exprimer ainsi, - dégradé; en d'autres termes, Israël a terni la gloire de Dieu, telle la lune obscurcie à l'époque de sa décroissance. Ainsi, le mot « vaïqadesch » dont l’Écriture se sert en cet endroit ne doit pas être pris dans un sens favorable, c'est-à-dire dans le sens de « sainteté ». Les paroles de l'Écriture : « ... Et moi, je répandrai l'eau du Déluge sur la terre, pour faire exterminer toute chair » ont la signification que nous leur avons donnée. Dieu dit : Je veux lancer contre eux l'ange exterminateur par lequel ils se sont laissé souiller (36).
Rabbi Yossé dit: Malheur aux méchants qui ne veulent pas se repentir de leurs péchés devant le Saint, béni soit-il, pendant leur passage en ce bas-monde ; car le Saint, béni soit-il, pardonne à tout homme qui regrette ses péchés. Mais ceux qui persistent dans leur mauvaise conduite et ne veulent pas se repentir de leurs péchés devant le Saint, béni soit-il, seront précipités, après leur mort, dans l’enfer, d’où ils ne sortiront de toute éternité.
Remarquez que c’est en raison de la persistance des contemporains de Noé à commettre des péchés, et en raison, surtout, de ce qu’ils commettaient leurs péchés ouvertement, que le Saint, béni soit-il, les châtia également ouvertement, c’est-à-dire, que leur châtiment était visible à tout le monde.
Rabbi Isaac dit : Alors même que l’homme commet des péchés secrètement, le Saint, béni soit-il, qui est miséricordieux, permet que ces péchés restent toujours dans l’ombre sans être jamais divulgués, et il les pardonne, si l’homme fait pénitence ; mais si l’homme ne fait pas pénitence, le Saint, béni soit-il, rend publics les péchés commis en secret. D’où savons-nous qu’il en est ainsi ? Nous le savons par le passage de l’Écriture concernant la femme soupçonnée d’adultère et soumise à l’épreuve de l’eau, ou à l’«ordalie »(Nomb. , V, 12-31) (Sotâ) (37). De même les coupables contemporains de Noé ont été exterminés de dessus la terre ouvertement, c’est-à-dire d’une manière éclatante. De quelle manière ces coupables ont-ils été exterminés ? Les eaux qui ont fait irruption des profondeurs de l’abîme ont été tellement bouillantes qu’elles ont consumé la peau et la chair des coupables, au point de n’en laisser subsister que les os.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen. , VI, 23) dit : « ... Et-ils furent effacés de dessus la terre. » Car, même les os qui ont résisté à l’eau bouillante ont été séparés les uns des autres, de telle sorte que pas un seul squelette n’est resté intact ; et c’est de cette façon qu’ils disparurent complètement de ce monde.
Rabbi Isaac dit : Les paroles de l’Écriture : « ... Et ils furent effacés de dessus la terre » (mahah), ont une signification pareille à celle du verset (Ps. , LXIX, 29) : « Qu’ils soient effacés du livre des vivants ; et qu’ils ne soient point écrits avec les justes. » Ainsi, par le mot « effacés » (mahah), l’Écriture nous indique que ces coupables ont été effacés du livre (céleste) des vivants. Nous en inférons que ces coupables ne seront jamais ressuscités, et ne paraîtront pas à l’heure du jugement dernier. [...]
- מֵאֲתַר עִלָאָה דְכֹלָּא. וְאִילוּ לָא מִתְלַבְּשָׁא נִשְׁמָתָא בְּזָהֲרָא דִלְבוּשָׁא אָחֳרָא לָא תִיכוֹל לְאִתְקָרָבָא לְמֶחמֵי הַהוּא נְהוֹרָא. וְרָזָא דְמִלָּה כְּמָה דְּיַהֲבֵי לְנִשְׁמָתָא לְבוּשָׁא דְּמִתְלַבְּשָׁא בֵּיהּ לְמֵיקַם בְּהַאי עָלְמָא. הָכִי נָמֵי יַהֲבֵי לָהּ לְבוּשָׁא דְּזָהֲרָא עִלָּאָה לְמֵיקַם בֵּיהּ בְּהַהוּא עָלְמָא וּלְאִסְתַּכָּלָא בְּגוֹ הַהוּא אַסְפַּקְלַרְיָאה דְּנָהֲרָא מִגּוֹ הַהוּא אֶרֶץ הַחַיִּים.
תָּא חֲזֵי, משֶׁה לָא יָכִיל לְקָרְבָא לְאִסְתַּכְּלָא בַּמֶּה דְאִסְתַּכַּל אֶלָּא כַּד אִתְלַבַּשׁ בִּלְבוּשָׁא אָחֳרָא כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (שמות כ׳:י״ח״ד:י״ח) וַיָּבֹא משֶׁה בְּתוֹךְ הֶעָנָן וַיַּעַל אֶל הָהָר. וְתַרְגּוּם בִּמְצִיעוּת עֲנָנָא. וְאִתְלַבַּשׁ בָּהּ כְּמַאן דְּאִתְלַבַּשׁ בִּלְבוּשָׁא. וּבְגִין דָא (שמות כ) וּמשֶׁה נִגַּשׁ אֶל הָעֲרָפֶל אֲשֶׁר שָׁם הָאֱלהִים וּכְתִיב, (שמות כ״ד:י״ח) וַיָּבֹא משֶׁה בְּתוֹךְ הֶעָנָן וְגו' וַיְהִי משֶׁה בָּהָר אַרְבָּעִים יוֹם וְאַרְבָּעִים לָיְלָה וְיָכִיל לְאִסְתַּכָּלָא בַּמֶּה דְאִסְתַּכַּל.
כְּגַוְונָא דָא מִתְלַבְּשִׁין נִשְׁמַתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָא בְּהַהוּא עָלְמָא בִּלְבוּשָׁא כְּגַוְונָא דְּהַהוּא עָלְמָא דְּלָא יִתְנַהֵג אֶלָּא בִּלְבוּשָׁא כְּגַוְונָא דָא וְקָיְימֵי לְאִסְתַּכָּלָא בִּנְהוֹרָא דְּנָהִיר בְּהַהוּא אֶרֶץ הַחַיִּים. וְזֶהוּ יָהּ יָהּ בְּאֶרֶץ הַחַיִּים. דְּהֲוָה סָבִיר דְּלָא יִזְכֵּי לְהַהוּא נְהוֹרָא וּלְהַהוּא אִסְתַּכְּלוּתָא בְּגִין דְּנַהֲרָא דְּנָגִיד פָּסִיק לֵיהּ וְלָא אוֹלִיד. לא אַבִּיט אָדָם עוֹד דָּא אָדָם קַדְמָאָה כְּמָה דְּאִתְּמָר.
וְכָל דָא לָמָּה. בְּגִין דְּאָמַר לֵיהּ נְבִיאָה כִּי מֵת אַתָּה בְּהַאי עָלְמָא וְלָא תִחְיֶה לְהַהוּא עָלְמָא. בְּגִין. דְּמָאן דְּלָא (הוה) אוֹלִיד בְּנִין בְּהַאי עָלְמָא, כַּד נָפִיק מִנֵּיהּ מְתַרְכִין לֵיהּ מִכָל מַה דְּאֲמָרָן. וְלָא שַׁרְיָא לְמֶחמֵי בְּהַהוּא נְהוֹרָא דְּנָהִיר (כל שכן וכל שכן שאר עמא ושאר בני נשא). וּמַה חִזְקִיָּה דְּהֲוָה לֵיהּ זְכוּת אָבוֹת וְאִיהוּ זַכָּאָה צַדִּיק וַחֲסִידָא כָּךְ. כָּל שֶׁכֵּן מַאן דְּלֵית לֵיהּ זְכוּת אָבוֹת וְחָטֵי קַמֵּי מָארֵיהּ.
הַאי לְבוּשָׁא דְּקָאֲמָרָן אִיהוּ (אנון) מַה דְּאָמְרוּ חַבְרַיָיא חֲלוּקָא דְּרַבָּנָן דְּאִתְלְבִישׁוּ בְּהַהוּא עָלְמָא. זַכָּאָה חוּלָקֵיהוֹן דְּצַדִּיקַיָּיא דְּגָנִיז לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כַּמָּה טָבִין וְעִידוּנִין לְהַהוּא עָלְמָא, עֲלַיְיהוּ כְּתִיב, (ישעיהו ס״ד:ג׳) עַיִן לא רָאָתָה אֱלהִים זוּלָתֶךָ יַעֲשֶׂה לִמְחַכֵּה לוֹ:
וַאֲנִי הִנְנִי מֵבִיא אֶת הַמַּבּוּל מַיִם עַל הָאָרֶץ. רַבִּי יְהוּדָה פָּתַח (במדבר כ׳:י״ג) הֵמָּה מֵי מְרִיבָה אֲשֶׁר רָבוּ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל אֶת יְיָ וַיִּקָּדֵשׁ בָּם. וְכִי בְּאֲתַר אָחֳרָא לֹא רָבוּ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל אֶת יְיָ. מַאי שְׁנָא הָכָא דְּקָאָמַר הֵמָּה מֵי מְרִיבָה וְלָא אָחֳרָנִין. אֶלָּא הַנֵּי מֵי מְרִיבָה הֲווּ וַדַּאי דְּיָהֲבוּ חֵילָא וְתוּקְפָא לְמָארֵיהוֹן דְּדִינָא לְאִתְתַּקְפָא. בְּגִין דְּאִית מַיִין מְתוּקִין וְאִית מַיִין מְרִירָן. אִית מַיִין צְלִילָן וְאִית מַיִין עֲכִירָן. אִית מַיִין שְׁלָם וְאִית מַיִין קְטָטוּ. וְעַל דָּא הֵמָּה מֵי מְרִיבָה אֲשֶׁר רָבוּ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל אֶת יְיָ, דְּאַמְשִׁיכוּ עֲלַיְיהוּ לְמַאן דְּלָא אִצְטְרִיךְ וְאִסְתְּאִיבוּ בֵּיהּ הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיִּקּ1ָדִשׁ בָּם.
אָמַר לֵיהּ רַבִּי חִזְקִיָה אִי הָכִי מַאי וַיִּקָּדֵשׁ וַיִּקָּדֵשׁוּ מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא מִלָּה אִסְתְּלִיקַת. וַיִּקָּדֵשׁ אִתְפְּגִים מַאן דְּלָא אִצְטְרִיךְ. כִּבְיָכוֹל דְּאִתְפְּגֵימַת סִיהֲרָא. וַיִּקָּדֵּשׁ לָאו לְשִׁבְחָא אִיהוּ הָכָא. וַאֲנִי הִנְנִי מֵבִיא אֶת הַמַּבּוּל כְּמָה דְּאוֹקִימְנָא לְאַיְיתָאָה מְחַבְּלָא עֲלַיְיהוּ כְּמָה דְאִנּוּן אִסְתְּאָבוּ בֵּיהּ.
אָמַר רַבִּי יוֹסֵי וַוי לוֹן לְרַשִּׁיעַיָא דְּלָא בָּעָאן לְאֲתָבָא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַל חוֹבֵיהוֹן בְּעוֹד דְּאִנּוּן בְּהַאי עָלְמָא. דְּכַד בַּר נָשׁ אָתִיב וְאִתְנֶחָם עַל חוֹבוֹי. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מָחִיל לֵיהּ. וְכָל אִנּוּן דְּמִתְתַּקְפִין בְּחוֹבַיְיהוּ וְלָא בָּעוּ לְאֲתָבָא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַל (חובוי) חוֹבֵיהוֹן. לְבָתַר (ינפול) יִנְפְּלוּ לְגֵּיהִנֹּם וְלָא יִסְקוּן לֵיהּ מִתַּמָּן לְעָלְמִין.
תָּא חֲזֵי, בְּגִין דְּאַתְקִיפוּ לִבַּיְיהוּ כָּל אִנּוּן דָּרָא דְּנֹחַ וּבָעוּ לְאַחֲזָאָה חוֹבַיְיהוּ בְּאִתְגַּלְיָא. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַיְיתֵי דִינָא עֲלַיְיהוּ בְּהַהוּא גַוְונָא. אָמַר רַבִּי יִצְחָק וְאֲפִילּוּ כַּד חָטֵי בַּר נָשׁ בְאִתְכַּסְיָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא רַחֲמָן. וְאִי תָּב בַּר נָשׁ לְגַבֵּיהּ חָפֵי עֲלֵיהּ וּמָחִיל לֵיהּ וְשָׁבִיק לֵיהּ. וְאִי לָא, גָּלֵי לֵיהּ לְעֵינֵי כֹלָּא. מְנָלָן מִסּוֹטָה.
וְהָכִי נָמֵי אִתְמְחוּן אִלֵּין חַיָּיבַיָא מֵאַרְעָא בְּאִתְגַּלְיָא. וְהֵיךְ אִתְמְחוּן. אֶלָּא דְּהֲווּ נָפְקֵי מַיָיא וְהֲווּ רְתִיחָן מִן תְּהוֹמָא וְסָלְקֵי וְאַעֲבַר מִנַּיְיהוּ מָשְׁכָא. וְכֵיוָן דְּאַעֲבַר מִנַּיְיהוּ מָשְׁכָא הָכִי נָמֵי בִּשְׂרָא וְלָא אִשְׁתְּאָרוּ אֶלָּא בְּגַרְמַיְיהוּ לְחוֹד. לְקַיְימָא דִכְתִיב וַיִּמָּחוּ מִן הָאָרֶץ. וְכָל אִנּוּן גַּרְמֵי אִתְפָּרְדָן דָּא מִן דָּא וְלָא אִשְׁתָּאֲרוּ כְּחֲדָא. וּמִכֹּלָא אִתְעֲבָרוּ מֵעָלְמָא. רַבִּי יִצְחָק אָמַר וַיִּמָּחוּ מִן הָאָרֶץ, מַאי וַיִּמָּחוּ, כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר יִמָּחוּ מִסֵּפֶר חַיִּים. מִכָּאן אוֹלִיפְנָא דְּלֵית לוֹן תְּחִיָּה לְעָלְמִין וְלָא יְקוּמוּן בְּדִינָא. (Ⅰ)
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[66b]
[...] Il est écrit (Gen. , VI, 18) : « J’établirai mon Alliance avec toi. »
Rabbi Éléazar dit : Nous inférons de ce verset que l’établissement de l’Alliance en haut est conforme à l’établissement de l’Alliance en bas ; c’est pourquoi l’Écriture dit : «J’établirai mon Alliance avec toi. » Rabbi Éléazar dit en outre : Nous concluons de ce verset que, quand les hommes sont justes en ce bas-monde, ils établissent l’Alliance en haut aussi bien qu’en bas.
Rabbi Siméon dit : Il a été dit à ce sujet une parole qui renferme un sens caché. Voici ce qui a été dit : Le désir du mâle pour la femelle ne se réveille qu’à la suite d’un transport de jalousie.
Remarquez que cette sentence renferme le mystère suivant : Quand il y a un juste en ce bas-monde, la Schekhina s’attache à lui et ne s’en sépare plus. C’est alors que le désir de Celui d’en haut se réveille en amour pour la Schekhina, pareil au désir qu’éprouve le mâle pour la femelle lorsqu’il est transporté de jalousie.
C’est pourquoi l’Écriture dit « J’établirai mon Alliance avec toi. » Ces paroles signifient : J’éprouverai du désir pour la Schekhina à cause de vous. Telle est également la signification des paroles de l’Écriture (Gen. , XVII, 21) : « Et j’établirai mon Alliance avec Isaac. » Les paroles : « J’établirai mon Alliance avec toi », veulent dire : c’est toi, Noé le Juste, qui seras mon Alliance ici-bas ; et ce n’est qu’après que L’Écriture ajoute : « ... Et tu entreras dans l’arche » ; car, sans le Juste, l’entrée dans l’arche est impossible ; et nul ne peut être uni avec l’arche, si ce n’est le Juste. C’est pourquoi, après l’Alliance, il est question de l’entrée dans l’arche ainsi que nous venons de le dire.
Rabbi Éléazar dit : Tant que les hommes demeureront attachés à cette Alliance et ne la rompront pas, aucun peuple du monde ne pourra leur porter de préjudice. Aussi Noé, qui était resté attaché à cette Alliance, fut conservé, lui et tous les siens, par le Saint, béni soit-il, alors que ses contemporains, qui n’ont pas gardé l’Alliance, furent exterminés de dessus la terre par le Saint, béni soit-il. Nous avons déjà dit précédemment (38) que le châtiment de ces coupables avait été conforme au genre du crime dont ils s’étaient rendus coupables. Rabbi Yehouda, qui avait coutume de fréquenter Rabbi Siméon, s’entretenait une fois avec celu-ci au-sujet de la signification des paroles de l’Écriture (III Rois, XVIII, 30) : « Il rétablit (va-ïerape) l’autel du Seigneur qui avait été détruit. » Que signifie le mot « va-ïerape », dont le sens littéral est « et il guérit » .
Remarquez qu’à l’époque du prophète Élie, tous les Israélites ayant abandonné le Saint, béni soit-il, s’étaient détachés de l’Alliance éternelle. Lorsqu’Élie vint et qu’il remarqua qu’Israël avait rompu l’Alliance éternelle et l’avait fait disparaître, il rétablit la chose (39) (l’Alliance) à sa place, et tout fut guéri. Telle est la signification des paroles de l’Écriture précitées : « Il guérit (va-ïerape) l’autel du Seigneur qui avait été détruit », c’est-à-dire l’Alliance éternelle qui avait été abandonnée. L’Écriture (Ibid. , 31) ajoute : «... Et Elie prit douze pierres correspondant au nombre des douze tribus des enfants de Jacob. » Ces paroles signifient que c’est par le nombre de douze que s’opère le relèvement de l’autel du Seigneur (40).
Enfin, L’Écriture ajoute : «... Auquel le Seigneur avait adressé sa parole en lui disant Israël sera ton nom. » Pourquoi l’Écriture mentionne-t-elle ici le nom d’Israël ? Mais, en vérité, lorsqu’Israël s’attache à l’alliance, il est appelé Israël ; mais quand il s’en sépare, il est appelé « enfants d’Israël ».
C’est pourquoi l’Écriture dit : « ... Car les enfants d’Israël ont abandonné ton Alliance », à la suite de quoi elle ajoute : « Ils ont détruit tes autels. » Remarquez que tant qu’Israël garde l’Alliance sacrée, il opère la stabilité en haut et en bas ; mais lorsqu’il tourne le dos à cette Alliance., il n’est plus de stabilité ni en haut ni en bas, ainsi qu’il est écrit (Jér, XXXIII, 25) : « Si l’Alliance que j’ai faite avec le jour et avec la nuit n’est pas ferme, les lois que j’ai données au ciel et à la terre ne sont pas stables. » C’est pourquoi l’Écriture dit : « Il guérit (va-ïerape) l’autel du Seigneur qui avait été détruit. » Pourquoi l’Écriture se sert-elle du mot « guérit » ? S’agissait-il donc d’une guérison quelconque ? Mais, en vérité, Élie a opéré une guérison ; car il a rétabli la stabilité de cet endroit dont dépend la Foi.
Remarquez que Pinéhas aussi, au moment où, animé de zèle, il châtia le crime de Zimri, a contribué à rétablir l’Alliance, ainsi qu’il est écrit (Nomb, XXV, 12) : « C’est pourquoi dites lui que je lui donne la paix de mon Alliance. » Il est certain que Pinéhas n’avait nul besoin qu’on lui donnât la paix, attendu qu’il n’y a jamais eu de rupture entre lui et l’Alliance. Mais l’Écriture veut dire que c’est Pinéhas qui rattacha la chose (l’Alliance) à sa place. Par les mots : « Je lui donne la paix de mon Alliance », Dieu veut dire : Je lui réserve cette gloire de rétablir l’Alliance en haut qui avait été rompue. Que signifie le mot « paix » ? C’est le Verbe par lequel s’opère la paix en haut et en bas ; et c’est précisément en raison de ce que Pinéhas a remis la chose (l’Alliance) à sa place, que l’Écriture (Ibid. , 13) ajoute : « ... Et le sacerdoce lui sera donné à lui et à sa race, par un pacte éternel, parce qu’il a été zélé pour son Dieu et qu’il a expié le crime des enfants d’Israël. »
Rabbi Siméon dit : Il n’y a aucun crime au monde que le Saint, béni soit-il, venge plus terriblement que la rupture de l’Alliance, ainsi qu’il est écrit (Lévit. , XXVI, 25) : « Je ferai venir sur toi l’épée vengeresse qui vengera la rupture de mon Alliance. » Remarquez, en outre, que la culpabilité de la génération du Déluge n’est devenue pleine, c’est-à-dire n’a atteint, les limites extrêmes, qu’en raison du crime de l’onanisme. Car, malgré les autres iniquités, ainsi qu’il est écrit (Gen. , VI,11) : « ... Et la terre était remplie d’iniquité », et ailleurs : «... Car [...]
- וַהֲקִימוֹתִי אֶת בְּרִיתִי אִתָּךְ. אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר מֵהָכָא קִיּוּמָא דִּבְרִית לְעֵילָא כְּקִיוּמָא דִּבְרִית לְתַתָּא. מַשְׁמַע דִּכְתִיב אִתָּךְ. וְאָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר מִכָּאן אוֹלִיפְנָא דְּכַד זַכָּאִין אִנּוּן בְּעָלְמָא אִתְקְיַּים עָלְמָא לְעֵילָא וְתַתָּא. אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן מִלָּה סָתִים אִיהוּ. כַּד אִתְעֲרוּתָא דִדְכוּרָא לְגַבֵּי נוּקְבָא כַּד אִיהוּ מְקַנֵּי לָהּ.
תָּא חֲזֵי, רָזָא דְמִלָּה כַּד צַדִּיקָא אִיהוּ בְּעָלְמָא מִיָּד שְׁכִינְתָּא לָא אִתְעֲדִיאַת מִנֵּיהּ וְתִיאוּבְתָּא דִּילָהּ בֵּיהּ. כְּדֵין תִּיאוּבְתָּא דִלְעֵילָא לְגַבָּהּ בִּרְחִימוּ כְּתִיאוּבְתָּא דִדְכוּרָא לְנוּקְבֵיהּ כַּד אִיהוּ מְקַנִּי לָהּ. וְעַל דָּא וַהֲקִימוֹתִי אֶת בְּרִיתִי אִתָּךְ. אִתְעַר תִּיאוּבְתָּא בְּגִינָךְ. כְּגַוְונָא דָא (בראשית י״ז:כ״א) וְאֶת בְּרִיתִי אָקִים אֶת יִצְחָק.
וַהֲקִימוֹתִי אֶת בְּרִיתִי אִתָּךְ לְמֶהֱוֵי אָת בְּרִיתִי בְּעָלְמָא. וּלְבָתַר וּבָאתָ אֶל הַתֵּבָה, דְּאִלְמָלֵא לָאו אִיהוּ צַדִּיק (ברית) לָא יֵיעוּל לְתֵיבוּתָא דְּהָא לָא אִתְחַבַּר לַתֵּבָה בַּר צַדִּיק, וּבְגִינֵי כָךְ וּבָאתָ אֶל הַתֵּבָה וְהָא אִתְּמָר.
אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר בְּכָל זִמְנָא דִּבְנֵי נָשָׁא יִתְאַחֲדוּן בִּבְרִית דָּא, וְלָא יִשְׁבְּקוּן לֵיהּ, לֵית עַם וְלִישָׁן בְּעָלְמָא דְּיֵיכוּל לְאַבְאָשָׁא לוֹן. וְנֹחַ אַתְקִיף בִּבְרִית דָּא וְנָטַר לֵיהּ, בְּגִינֵי כָךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא נָטַר לֵיהּ (וכל דיליה). וְכָל בְּנִי דָרֵיהּ לָא נָטְרוּ לֵיהּ, בְּגִין כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַעֲבַר לוֹן מֵעָלְמָא. וְהָא אִתְּמָר בְּהַהוּא חוֹבָא מַמָּשׁ דְּאִנּוּן חָאבוּ בְּהַהוּא גַוְונָא אִתְמְחוּן מֵעָלְמָא.
רַבִּי יְהוּדָה הֲוָה שְׁכִיחַ קַמֵּיהּ דְּרַבִּי שִׁמְעוֹן, וְהֲווּ עָסְקֵי בְּהַאי קְרָא דִּכְתִיב, (מלכים א י״ח:ל׳) וַיְרַפֵּא אֶת מִזְבַּח ה' הֶהָרוּס. מַאי וַיְרַפֵּא. תָּא חֲזֵי, בִּימֵי אֵלִיָּהוּ, יִשְׂרָאֵל כֻּלְהוּ שָׁבְקוּ לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְשָׁבְקוּ בְּרִית קַיָּימָא דִלְהוֹן. כַּד אֲתָא אֵלִיָּהוּ וְחָמָא דְקָא שָׁבְקוּ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל הַאי בְּרִית קַיָּימָא וְאַעֲבָרוּ מִנַּיְיהוּ הַאי בְּרִית.
כֵּיוָן דְּחָמָא אֵלִיָּהוּ כָךְ אֲתָא לְאַתְקָנָא מִלָּה לְדוּכְתֵּיהּ. כֵּיוָן דְּקָרִיב מִלָּה לְדוּכְתֵּיהּ אִתְּסֵי כֹּלָּא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיְרַפֵּא אֶת מִזְבַּח יְיָ הֶהָרוּס. דָּא בְּרִית קַיָּימָא (ד''א ל''ג דאתא לאתקנא מזבח יי ההרוס ברית קיימא) דְּהֲוָה שָׁבִיק מֵעָלְמָא. וּכְתִיב, (מלכים א י״ח:ל״א) וַיִּקַּח אֵלִיָּהוּ שְׁתֵּים עֶשְׂרֵה אֲבָנִים לְמִסְפַּר שִׁבְטֵי בְּנֵי יַעֲקֹב. דָּא הוּא תִּקּוּנָא דְּמִזְבַּח יְיָ.
אֲשֶׁר הָיָה דְּבַר יְיָ אֵלָיו לֵאמֹר יִשְׂרָאֵל יִהְיֶה שְׁמֶךָ. מַאי טַעְמָא אִדְכַּר הָכָא יִשְׂרָאֵל, אֶלָּא וַדַּאי יִשְׂרָאֵל יִהְיֶה שְׁמֶךָ וַדַּאי לְאִסְתַּלָּקָא לְעֵילָא וְלְאֲתָבָא בְּרִית קַיָּימָא לְאַתְרֵיהּ. וְהַיְנוּ דִּכְתִיב כִּי עָזְבוּ בְּרִיתְךָ בְּנִי יִשְׂרָאֵל. וּבְגִין כָּךְ אֶת מִזְבְּחוֹתֶיךָ הָרָסוּ.
תָּא חֲזֵי, כָּל זִמְנָא דְּיִשְׂרָאֵל נָטְרוּ קְיָימָא קַדִּישָׁא כְּדֵין עָבְדֵי קִיּוּמָא לְעֵילָא וְתַתָּא. וְכַד שָׁבְקֵי לְהַאי בְּרִית כְּדֵין לָא אִשְׁתְּכַח קִיּוּם לְעֵילָא וְתַתָּא דִּכְתִיב, (ירמיהו ל״ג:כ״ה) אִם לא בְרִיתִי יוֹמָם וָלַיְלָה חֻקּוֹת שָׁמַיִם וָאָרֶץ לא שָׂמְתִּי. וּבְגִין כָּךְ וַיְרַפֵּא אֶת מִזְבַּח יְיָ הֶהָרוּס. וְכִי רְפוּאָה אִיהוּ. הָכִי הוּא וַדַּאי דְּהָא מְקַיֵּים לְהַהוּא אֲתַר דִּמְהֵימְנוּתָא תַּלְיָא בֵּיהּ.
תָּא חֲזֵי, אוּף הָכִי פִּנְחָס בְּשַׁעֲתָא דְקַנֵּי לְעוֹבָדָא דְזִמְרִי אַתְקִין לְהַאי בְּרִית בְּאַתְרֵיהּ. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, (במדבר כ״ה:י״ב) הִנְנִי נוֹתֵן לוֹ אֶת בְּרִיתִי שָׁלוֹם. וְכִי סַלְקָא דַעְתָּךְ דִּבְגִין פִּנְחָס הֲוָה. וּמַה קְטָטָא הֲוָה לֵיהּ לְפִנְחָס בְּהַאי בְּרִית. אֶלָּא הָכָא אִתְקְשַׁר מִלָּה בְּדוּכְתֵּיהּ. הִנְנִי נוֹתֵן לוֹ אֶת בְּרִיתִי. וּמָה אֶתֵּן לוֹ שָׁלוֹם (לאתחברא כל חד בדוכתיה) לְאִתְחַבְּרָא בְּרִית בְּאַתְרֵיהּ. וְעַל דָּא הִנְנִי נוֹתֵן לוֹ אֶת בְּרִיתִי (שלום). וּמַה (נ''א איהו) שָׁלוֹם דְּאִיהוּ אַתְרֵיהּ לְאִתְחַבְּרָא בַּהֲדֵיהּ. מַה דְּאִתְפָּרַשׁ מִנֵּיהּ בְּחוֹבַיְיהוּ. בְּגִינֵיהּ אִתְחַבַּר בֵּיהּ. וְעַל דָּא הוֹאִיל וְהוּא אַתְקִין מִלָּה בְּדוּכְתֵּיהּ, מִכָּאן וּלְהָלְאָה וְהָיְתָה לוֹ וּלְזַרְעוֹ אַחֲרָיו בְּרִית כְּהֻנַּת עוֹלָם, תַּחַת אֲשֶׁר קִנֵּא לֵאלֹהָיו וְגו'.
אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן לֵית לָךְ מִלָּה בְּעָלְמָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קַנֵּי לָהּ כְּמוֹ חוֹבָא דִבְרִית כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (ויקרא כ״ו:כ״ה) חֶרֶב נוֹקֶמֶת נְקַם בְּרִית. וְתָּא חֲזֵי, לָא אִשְׁתְּלִים חוֹבָא דְדָרָא דְּטוֹפָנָא, אֶלָּא בְּגִין דְּחָבוּ בְּחַבִּילוּ (דארחייהו) עַל אַרְעָא. וְאַף עַל גַּב דְּהֲווּ מְקַפְּחֵי דָא לְדָא כְּדִכְתִיב וַתִּמָּלֵא הָאָרֶץ חָמָס (וחמס מכלא הוה ובגין כך) וּכְתִיב כִּי (Ⅰ)
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[67a]
[...] ils ont rempli toute la terre d’iniquité », l’Écriture (Ibid. , 13) dit : «... Et la terre était corrompue (va-thischaheth) devant Dieu », et plus loin (Ibid. , 11) : « Et je les exterminerai (maschitham,) avec la terre », d’où il résulte que les hommes de la génération du Déluge n’ont été exterminés qu’à la suite du crime d’onanisme. Selon d’autres, la mesure des crimes commis par les hommes de la génération du Déluge n’est devenue pleine qu’à la suite des rapines dont ces hommes se sont rendus coupables les uns envers les autres ; il péchaient ainsi à la fois, et contre le ciel et contre leur prochain.
Remarquez combien grand est le nombre des chefs célestes préposés à recueillir les plaintes de ceux qui sont victimes des autres hommes.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen. , VI, 13) dit : «... Car ils ont rempli toute la terre de rapines (hamas) » ; et elle ajoute « ... Et je les exterminerai avec la terre. »
Il est écrit (Gen. , VI, 13) : « Et Jéhovah dit à Noé : Entre dans l’arche, toi et toute ta maison. » Rabbi Siméon demanda : Comment cela se fait-il que, dans toute la narration du Déluge, l’Écriture, emploie le terme d’Élohim, et qu’exceptionnellement elle se serve ici du nom de Jéhovah, attribut de miséricorde céleste ? Mais l’Écriture nous apprend par-là une règle de la bienséance : Comme il ne convient pas à une femme de recevoir chez elle un hôte, sans l’autorisation de son époux, de même Noé voulant entrer dans l’arche pour s’uniravec elle, il a fallu que le mari de l’arche donnât préalablement son autorisation.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Entre dans l’arche, toi et toute ta maison » ; et c’est également pour cette raison que l’Écriture désigne le mari de l’arche sous le nom de Jéhovah. Ce n’est qu’après cette autorisation que Noé entra dans l’arche et s’unit à elle. L’Écriture nous apprend, en outre, qu’un hôte, n’est pas autorisé à accepter l’invitation d’une femme, s’il n’a pas le consentement du mari de celle-ci, maître de la maison. Auss n’était-ce qu’après l’invitation de Dieu d’entrer dans l’arche que Noé y donna suite, ainsi qu’il est écrit (Gen. , VII, 7) : « ... Et Noé entra dans l’arche, et avec lui ses fils, sa femme et les femmes de ses fils, etc. » Remarquez que l’Écriture (Ibid. , 1) ajoute : « ... Parce que, parmi ceux qui vivent aujourd’hui, je t’ai reconnu comme homme juste devant moi. » Nous inférons de ces paroles que l’on ne doit jamais recevoir un hôte qu’on soupçonne de quelque méfait ; il convient de ne recevoir qu’un hôte sur lequel ne plane aucun soupçon et dont on est convaincu de la dignité.
C’est pourquoi l’Écriture dit d’abord : « Entre dans l’arche, toi et toute ta maison » ; et, pour motiver cette invitation, L’Écriture ajoute : « Parce que, parmi ceux qui vivent aujourd’hui, je t’ai reconnu comme homme juste devant moi. » De ce passage de l’Écriture, nous concluons, en outre, qu’il ne convient pas à un homme d’accepter une invitation, si elle ne s’adresse qu’à lui seul, à l’exclusion de tous les siens ; c’est pourquoi l’Écriture dit : « Entre dans l’arche, toi et toute ta maison. » Ainsi, Dieu autorisa toute la famille de Noé à entrer avec lui dans l’arche. Ce passage de l’Écriture nous enseigne donc les règles de la bienséance.
Rabbi Yehouda a ouvert une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps. , XXIV, 1) : « Psaume de David : C’est au Seigneur qu’appartient la terre et tout ce qu’elle contient, le monde et tous ceux qui l’habitent. » Nous savons par une tradition que, partout dans les Psaumes où le mot « David » précède le mot « Psaume», le chapitre en question a été rédigé par David avant qu’il n’ait été inspiré par l’Esprit-Saint, et que, partout, au contraire, où le mot « Psaume » précède le mot « David », le chapitre en question a été rédigé par le Saint-Esprit qui avait déjà inspiré David avant la rédaction de ce chapitre. Les paroles : « C’est au Seigneur qu’appartient la terre et tout ce qu’elle contient » désignent la terre d’Israël, qui est la terre sainte. Le terme « et tout ce qu’elle contient (hawlmw oumloah) » désigne la Schekhina, ainsi qu’il est écrit (II Paralip ., V, 14) : « ... Car la gloire du Seigneur avait rempli (malè) la maison de Dieu », et ailleurs (Ex. , XL, 34) : « ... Et la gloire du Seigneur avait rempli (alm malé) le tabernacle. » Pourquoi l’Écriture emploie-t-elle le mot « malè » (pleine), au lieu de celui de « milè» (remplit) ? Mais la vérité est que l’Écriture veut dire que la Schekhina elle-même est pleine, telle la lune éclairée sur toute sa surface par le soleil (41). La Schekhina est pleine de tous les biens célestes, telle une trésorerie remplie de tous les biens de ce monde.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « C’est, au Seigneur qu’appartient la terre et ce qui est plein sur la terre (oumloah) » ; ce qui veut dire que la Schekhina, qui est pleine des biens célestes tant qu’elle réside dans la terre d’Israël, appartient au Seigneur. Selon une autre interprétation, les paroles : « C’est au Seigneur qu’appartient la terre et tout ce qui la remplit » désignent la terre sainte d’en haut, où le Saint, béni soit-il, se complaît. Le mot « oumloah » désigne les âmes des justes qui sont remplies de la force de la Colonne unique, sur laquelle le monde est basé. Si quelqu’un demandait : Le monde n’est-il donc basé que sur une seule colonne ?
Nous lui répondrions ce qui suit : Remarquez les paroles que L’Écriture ajoute au verset précédent : « ... Car c’est lui qui l’a fondée au-dessus des mers (iamim) et établie au-dessus des fleuves. » Les mots « c’est lui » désignent le Saint, béni soit-il, ainsi qu’il est écrit (Ps. , C, 3) « C’est lui qui nous a créés », et ailleurs (Job, XXVIII, 24) : « ... Car c’est lui qui voit le monde d’une extrémité à l’autre. » Les mots : « ... Qui l’a fondée au-dessus des mers et établie au-dessus des fleuves » désignent les sept colonnes sur lesquelles la terre est fondée ; et, lorsque ces colonnes remplissent la terre, l’Écriture dit que « la terre est pleine ». Qu’entend-on par ces mots ? Lorsque la terre est habitée par un grand nombre de justes, elle produit des fruits ; et se trouve ainsi être pleine. Mais quand ce sont les méchants qui augmentent dans le monde, alors l’Écriture (Ibid. , XIV) dit : « Les eaux de la mer se retirent et les fleuves, abandonnant leur lit, se sèchent. » Les mots : « ... Et les eaux de la mer se retirent » désignent la terre sainte qui est arrosée par les eaux célestes. Les mots : « ... Et les fleuves abandonnant leur lit, se sèchent » désignent cette Colonne unique qui se tient dans la terre sainte pour l’éclairer. Ainsi, les mots : « ... Et les fleuves, abandonnant leur lit, se sèchent » ont la même signification que les paroles du verset suivant (Is. , LVII, 1) : « Le Juste périt. »
Rabbi Yehouda dit en outre : A l’époque où les coupables contemporains de Noé furent exterminés de ce monde, le Saint, béni soit-il, regarda le monde et n’y vit personne qui pût sauver le monde. Mais, objectera-t-on, il y avait pourtant Noé ? Cette objection est mal fondée, attendu que Noé n’avait pas de mérite suffisant pour sauver tout le monde ; son mérite ne suffisait que pour le sauver lui-même, afin qu’il pût repeupler le monde. C’est pourquoi l’Ecriture dit : « ... Parce que, parmi ceux qui vivent aujourd’hui, je t’ai reconnu comme homme juste. » Il résulte de ces paroles que Noé ne pouvait passer pour juste que si on le comparait à ses contemporains. Rabbi Yossé [...]
- מָלְאָה הָאָרֶץ חָמָס מִפְּנֵיהֶם. מִכָּל מָקוֹם וַתִּשָּׁחֵת הָאָרֶץ לִפְנֵי הָאֱלֹהִים. וְהִנְנִי מַשְׁחִיתָם מִדָּה כְּנֶגֶד מִדָּה, הִנְנִי מַשְׁחִיתָם בְּחוֹבָא דְּחַבָּלוּתָא.
וְאִית דְּאָמְרֵי דְּלָא אִשְׁתְּלִים קִסְטַיְיהוּ אֶלָּא בְּחוֹבָא דְּחָמָס דְּהֲווּ מְקַפְּחִין דָּא לְדָא דְּהֲווּ בִּישִׁין לַשָּׁמַיִם וְלַבְּרִיּוֹת. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה אִנּוּן מְמַנָּן מִלְּעֵילָא דְּאִתְפָּקְדָן עַל קָלֵי דְאִנּוּן דְּמָסְרֵי דִינָא עַל חַבְרֵיהוֹן עַל מַה דְּעָבְדֵי לוֹן. וְעַל דָּא כְּתִיב כִּי מָלְאָה הָאָרֶץ חָמָס מִפְּנֵיהֶם. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב וְהִנְנִי מַשְׁחִיתָם אֶת הָאָרֶץ:
וַיֹּאמֶר יְיָ לְנֹחַ בֹּא אַתָּה וְכָל בֵּיתְךָ. אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן אַמַּאי בְּכֻלְהוּ (ד''א ל''ג אמר) אֱלֹהִים וְהָכָא יְיָ. מַאי שָׁנָא הָכָא דְּאִתְּמָר יְיָ שְׁמָא עִלָּאָה דְּרַחֲמֵי. אֶלָּא רָזָא אִיהוּ דְּאוֹלִיפְנָא. לָאו אוֹרַח אַרְעָא לְקַבְּלָא אִתְּתָא אוּשְׁפִּיזָא בַּהֲדָהּ אֶלָּא בִּרְשׁוּ דְּבַעֲלָהּ.
אוּף הָכִי (נמי נח) נֹחַ בָּעָא לְאַעָלָא בְּתֵיבוּתָא לְאִתְחַבְּרָא בַּהֲדָהּ. וְלָאו הֲוָה (ליה) יָאוֹת עַד דְּבַעֲלָהּ דְּתֵיבָה יָהַב לֵיהּ רְשׁוּ לְאַעֲלָאָה (בהדה). דִּכְתִיב בֹּא אַתָּה וְכָל בֵּיתְךָ אֶל הַתֵּבָה. וּבְגִין כָּךְ אִקְרֵי הָכָא יְיָ בַּעֲלָהּ דְּתֵיבָה. וּכְדֵין עָאל נֹחַ וְאִתְחַבַּר בַּהֲדָהּ. וְכֵן אוֹלִיפְנָא דְּלֵית לֵיהּ רְשׁוּ לְאוּשְׁפִּיזָא לְמֵיעָאל לְבֵיתָא אֶלָּא בִּרְשׁוּ בַּעֲלָהּ מָארֵיהּ דְּבֵיתָא, הֲדָא הוּא דִכְתִיב לְבָתַר וַיָּבֹא נֹחַ וְגו'.
תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב כִּי אוֹתְךָ רָאִיתִי צַדִּיק לְפָנַי בַּדּוֹר הַזֶּה. מִכָּאן אוֹלִיפְנָא דְּלָא יְקַבֵּל בַּר נָשׁ אוּשְׁפִּיזָא בְּבֵיתֵיהּ אִי אִיהוּ חָשִׁיד בֵּיהּ דְּאִיהוּ חַיָּיבָא. אֶלָּא אִי קָאִים בְּעֵינוֹי לְזַכָּאָה דְּלָא חָשִׁיד בְּעֵינוֹי כְּלָל. הֲדָא הוּא דִכְתִיב בֹּא אַתָּה וְכָל בֵּיתְךָ אֶל הַתֵּבָה, מַאי טַעְמָא בְּגִין כִּי אוֹתְךָ רָאִיתִי צַדִּיק לְפָנַי בַּדּוֹר הַזֶּה.
וְאוֹלִיפְנָא דְּאִי יָהִיב לֵיהּ רְשׁוּ בִּלְחוֹדוֹי וְלָא יָהִיב רְשׁוּ לְכָל אִנּוּן דְּאַתְיָין עִמֵּיהּ, לָא יֵיעוּל לוֹן לְבֵיתָא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב בֹּא אַתָּה וְכָל בֵּיתְךָ אֶל הַתֵּבָה. לְכֹלָא יָהִיב רְשׁוּתָא לְמֵיעַל. וּמִקְרָא דָא אוֹלִיפְנָא רָזָא דְּאָרְחוֹי דְאַרְעָא. (ד''א ל''ג בא אתה וכל ביתך אל התבה וגו').
רַבִּי יְהוּדָה פָּתַח (תהילים כ״ד:א׳) לְדָוִד מִזְמוֹר לַיְיָ הָאָרֶץ וּמְלוֹאָהּ תֵּבֵל וְיוֹשְׁבֵי בָהּ. הָא תָּנִינָן לְדָוִד מִזְמוֹר דְּאָמַר שִׁירָתָא וּלְבָתַר שָׁארַת עֲלֵיהּ רוּחַ קַדִּשָׁא, מִזְמוֹר לְדָוִד דְּשָׁארַת עֲלֵיהּ רוּחַ קַדִּישָׁא וּלְבָתַר אָמַר (לה) שִׁירָתָא. לַיְיָ הָאָרֶץ וּמְלוֹאָהּ, הַאי קְרָא עַל אַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל אִתְּמָר דְּאִיהִי אַרְעָא קַדִּישָׁא. וּמְלוֹאָהּ דָּא שְׁכִינְתָּא כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (דברי הימים ב ה׳:י״ד) כִּי מָלֵא כְבוֹד יְיָ אֶת בֵּית יְיָ. וּכְתִיב, (שמות מ׳:ל״ד) וּכְבוֹד יְיָ מָלֵא אֶת הַמִּשְׁכָּן. מַאי מָלֵא וְלָא מִילָא. אֶלָּא מָלֵא וַדַּאי דְּאִתְמַלְיָיא מִכֹּלָּא. דְּאִתְמַלְיָיא מִן שִׁמְשָׁא. סִיהֲרָא שְׁלִים בְּכָל סִטְרִין. מָלֵא מִכָּל טוּבָא דִלְעֵילָא. כְּאִסְקוֹפָא דָא דְּאִתְמַלְיָיא מִכָּל טוּבָא דְּעָלְמָא. וְעַל דָּא כְּתִיב לַיְיָ הָאָרֶץ וּמְלוֹאָהּ. תֵּבֵל וְיוֹשְׁבֵי בָהּ דָּא שְׁאָר אַרְעָאן.
דָּבָר אַחֵר לַיְיָ הָאָרֶץ וּמְלוֹאָהּ דָּא אַרְעָא קַדִּישָׁא עִלָּאָה דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בָהּ. וּמְלוֹאָהּ אִלֵּין נִשְׁמַתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָּיא (ד''א ל''ג דכלהון מליין לה) אִתְמַלְיָיא (ד''א דאתמלייא) מִנַּיְיהוּ מֵחֵילָא דְּעַמּוּדָא חַד דְּעָלְמָא קָיְימָא עֲלֵיהּ. וְאִי תֵימָא עַל חָד קָיְימָא.
תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, (תהילים כ״ד:ב׳) כִּי הוּא עַל יַמִּים יְסָדָהּ.
השלמה מההשמטות (סימן מ''ז)
עַל יַמִּים יָסְדָה, אִלֵּין חַכִּימִין דְּיִשְׂרָאֵל רַבְרְבַיָּא דְּיָסְדָן אוֹרַיְיתָא וְחָכְמָתָא דְּאִתְקְרִיאַת הַיָּם הַגָּדוֹל וְכֵן הוּא אוֹמֵר (קהלת א') וְעַל נְהַרוֹת אִלֵּין תַּלְמִידָיָּיא דְּאִינוּן רַבְרְבִין מִן נַהֲרָא. וְכֵן הַרָב גָּדוֹל מִן הַתָלְמִידִים. וְאִינוּן מְחַדְדִין אֶת הַרָב בְּקוּשִׁיוֹתֵיהֶן. וְהוּא מְתָרֵץ לוֹן כָּל הַקוּשִׁיוֹת וְאֵינוֹ מִתְרָשֵׁל. כְּמוֹ הַנְהַרוֹת שְׁנִמְשָׁכִין לַיָּם וְאֵינוֹ מָלֵא שְׁנֶּאֱמַר כָּל הַנְּחָלִים הוֹלְכִים אֶל הַיָּם. וְהַרְאָיָּה אֲמְרוּ אָחֲרֵי כֵן מִי יַעֲלֶה בְּהַר יְיָ. כִּי אֵין מַעֲשֶׂה בְּלָא חָכְמָה. כִּי הַתַלְמוּד מֵבִיא לִידֵי מַעֲשֶׂה: (עד כאן מההשמטות)
כִּי הוּא. מַאן הוּא. דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר הוּא עָשָׂנוּ. וּכְתִיב, (איוב כ״ח:כ״ד) כִּי הוּא לִקְצוֹת הָאָרֶץ יַבִּיט. עַל יַמִּים יְסָדָהּ וְעַל נְהָרוֹת יְכוֹנְנֶהָ אִלֵּין שִׁבְעָה עַמּוּדִים דְּקָיְימָא (ארעא) עֲלַיְיהוּ וּמַלְיָין לָהּ. הִיא אִתְמַלְיָיא מִנַּיְיהוּ, הֵיךְ אִתְמַלְיָיא מִנַּיְיהוּ. בְּשַׁעֲתָא דְּאַסְגִּיאוּ זַכָּאִין בְּעָלְמָא כְּדֵין אַרְעָא דָּא עַבְדַּת פֵּירִין וְאִתְמַלְיָיא מִכֹּלָּא.
וּבְשַׁעֲתָא דְּאַסְגִּיאוּ חַיָּיבִין בְּעָלְמָא כְּדֵין כְּתִיב, (איוב י״ד:י״א) אָזְלוּ מַיִם מִנִּי יָם וְנָהָר יֶחרָב וְיָבֵשׁ. אָזְלוּ מַיִם מִנִּי יָם, דָּא אַרְעָא קַדִּישָׁא דְּאֲמָרָן דְּאִשְׁתַּקְיָא מִשַּׁקְיוּ עִלָּאָה. וְנָהָר יֶחֱרָב וְיָבֵשׁ, הַהוּא עַמּוּדָא חַד דְּקָאִים עֲלָהּ לְאִתְנָהֲרָא מִנֵּיהּ. וְנָהָר יֶחֱרָב וְיָבֵשׁ כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (ישעיה נז) הַצַּדִּיק אָבַד.
וְאָמַר רַבִּי יְהוּדָה בְּהַהוּא זִמְנָא דְּאִתְאֲבִידוּ אִנּוּן חַיָּבִין מֵעָלְמָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא (עציב) (נ''א אסתכל) אִשְׁתַּדַל עַל עָלְמָא וְלָא חָמָא מַאן (דקאים) דְּאָגִין עוֹלָה. וְאִי תֵימָא הָא נֹחַ, דְּהֲוָה לֵיהּ לְאַגָּנָא עַל (דריה) גַרְמֵיהּ וּלְאֲפָקָא מִנֵּיהּ תּוֹלָדִין לְעָלְמָא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב כִּי אוֹתְךָ רָאִיתִי צַדִּיק לְפָנַי בַּדּוֹר הַזֶּה. בַּדּוֹר הַזֶּה דַּיְיקָא.
רַבִּי יוֹסֵי (Ⅰ)
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[67b]
[...] dit : Les mots « parmi ceux qui vivent aujourd’hui », loin d’amoindrir le mérite de Noé, sont, au contraire, à son éloge ; car l’Écriture veut dire que Noé était resté juste, même parmi ses coupables contemporains ; à plus forte raison l’eût-il été à une autre époque. Ainsi sont justifiées les paroles de l’Écriture : « Noé fut un homme juste et parfait au milieu des hommes de son temps. » Cela ne veut pas dire qu’il n’avait été juste que parce qu’il vivait au milieu des hommes de son temps. Il l’eût été également à l’époque de Moïse. Si Noé n’a pas pu sauver le monde, c’est parce que, pour cela, il faut la présence au monde de dix justes, ainsi qu’il est écrit (Gen. , XVIII, 32) : « Seigneur, ajouta Abraham, ne te fâche pas, je te supplie, si je parle encore une fois : Et si tu trouves dix justes dans cette ville ?
Le Seigneur répondit : Je ne la perdrai point, s’il y a dix justes. » Or, à l’époque de Noé, il n’y avait de juste que celui-ci, ses trois fils et leurs femmes, dont le total n’atteignait pas le nombre de dix (42)..... Rabbi Éléazar demanda à son père ce qui suit : Nous savons, par une tradition, qu’à l’époque où le monde est plein des péchés des hommes, c’est-à-dire lorsque la mesure de la méchanceté des hommes est arrivée à son plus haut degré, et que la justice divine commence à sévir dans le monde, le juste est à plaindre ; car c’est lui qui expie le premier les péchés de ses coupables contemporains. Or, comment Noé a-t-il pu échapper à la catastrophe, alors que, d’après la tradition, il devait expier, le premier, les péchés de ses contemporains ?
Rabbi Siméon lui répondit : Nous avons appris que le Saint, béni soit-il, voulait qu’en sortant de l’arche Noé repeuplât le monde ; aussi l’a-t-il préservé du châtiment à cet effet. En outre, la rigueur de la justice ne pouvait atteindre Noé pour cette raison qu’il était renfermé dans l’arche et rendu ainsi invisible aux yeux de l’ange exterminateur (43).
Remarquez que l’Écriture (Sophonie, II, 3) dit : « Cherchez la justice, cherchez l’humilité, afin que vous puissiez trouver un lieu secret pour vous cacher au jour de la colère du Seigneur. » Or. Noé avait cherché la justice ; c’est pourquoi il a été enfermé dans l’arche où il était « caché au jour de la colère du Seigneur » et c’est pourquoi la rigueur de la justice n’a pu l’atteindre et l’ange exterminateur n’a pu s’en faire l’accusateur. Ce passage de l’Écriture renferme une allusion au mystère connu des saints thaumaturges concernant la puissance miraculeuse des vingt-deux lettres sacrées et célestes qui, écrites d’une certaine façon, dans un ordre inverse, opèrent l’extermination des coupables.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen. , VII, 23), dit : «... Et ils furent effacés (va-ïmohou) de dessus la terre. » Remarquez quelle différence il y a entre Moïse et les autres hommes. Lorsque le Saint, béni soit-il, dit à Moïse (Ex. , XXXII, 10) : « ... Et maintenant laisse-moi faire, afin que la fureur de mon indignation s’allume contre eux, et que je les extermine ; et je te rendrai le chef d’un grand peuple ». Moïse répondit immédiatement à Dieu : Est-ce que j’abandonnerai la cause d’Israël en faveur de mon avantage personnel ? Si j’agissais ainsi, tout le monde dirait que c’est moi qui ai tué les Israélites, pour devenir le chef d’un grand peuple, à l’exemple de Noé qui, - lorsque le Saint, béni soit-il, lui annonça (Gen. , 17 et 18): « ... Et moi je vais répandre les eaux du Déluge sur la terre pour faire mourir toute chair qui respire et qui est vivante sous le ciel. Tout ce qui est sur la terre sera consumé. Et j’établirai mon Alliance avec toi, et tu entreras dans l’arche, toi et tes fils, ta femme et les femmes de tes fils avec toi », - loin d’intercéder auprès de Dieu en faveur de ses contemporains, se sauva, lui et ses fils dans l’arche.
C’est pour avoir omis d’intercéder en faveur de ses contemporains que les eaux du Déluge portent son nom, c’est-à-dire lui sont attribuées, ainsi qu’il est écrit (Is. , LIV, 9) : « Comme j’ai juré à Noé de ne plus répandre sur la terre les eaux de Noé. » Moïse disait donc : Si le peuple d’Israël est exterminé, le monde dira que c’est ma négligence à intercéder en sa faveur qui l’a tué, négligence qu’on attribuera à mon ambition de devenir le chef d’un grand peuple, ainsi que Dieu me l’a promis en m’annonçant sa résolution d’exterminer les Israélites. Non, je préfère mourir et expier les péchés d’Israël, afin que celui-ci soit sauvé. Aussi l’Écriture (Ex. , XXXII, 11) ajoute-t-elle : « ...Et Moïse conjurait le Seigneur son Dieu. » il invoqua ainsi la miséricorde divine sur les Israélites ; et celle-ci leur fut accordée.
Rabbi Isaac demanda : Comment Moïse pouvait-il dire dans l’exorde (Ibid.) de la prière qu’il adressa à Dieu en faveur des Israélites : « Seigneur, pourquoi ta fureur s’allume-t-elle contre ton peuple ? » Comment ! les Israélites ont adoré une idole, ainsi que Dieu venait de le lui annoncer (Ibid. , 8) : « Ils se sont fait un veau. jeté en fonte, ; ils l’ont adoré et ils ont dit : Ce sont là tes dieux, Israël, qui t’ont tiré de l’Égypte. » Et, après un tel crime commis par Israël, Moïse demande encore : « Pourquoi ta fureur s’allume-t-elle contre ton peuple ? » Mais nous savons que celui qui se charge d’une réconciliation est tenu de diminuer la portée de l’injure aux yeux de l’offensé, et de l’augmenter aux yeux de l’offenseur.
Ainsi, alors que Moïse dit à Dieu : « Pourquoi ta fureur s’allume-telle contre ton peuple ? », comme si le péché commis par Israël était de peu d’importance, il dit (Ibid. , 30) en même temps aux Israélites : « Vous avez commis un très grand péché. » Moïse ne cessa de prier le Saint, béni soit-il, et il alla même jusqu’à offrir sa vie pour le salut d’Israël, ainsi qu’il est écrit (Ex. , XXXII, 32) : « ... Et je te conjure de leur pardonner cette faute ; ou si tu ne le fais pas, efface-moi de ton livre que tu as écrit. » C’est à la suite de cette prière que le Saint, béni soit-il, pardonna aux Israélites, ainsi qu’il est écrit (Ibid. , 14) : « Alors le Seigneur s’apaisa. » Mais Noé n’a point agi de la sorte ; il n’a prié que pour son salut ; mais il abandonna la cause de tout le monde. Aussi toutes les fois que la rigueur de la justice céleste sévit dans le monde, l’Esprit-Saint fait retentir ce cri : « Malheur au monde quand il ne se trouve plus un homme tel que Moïse qui intercède en sa faveur ! »., ainsi qu’il est écrit (Is. , LXIII, 11) : « Mais il s’est souvenu des siècles anciens, de Moïse et de son peuple. Où est celui qui les a tirés de la mer avec les pasteurs de son troupeau ? Où est celui qui a mis au milieu d’eux son Esprit-Saint? » Ces paroles s’appliquent à Moïse ; car c’est lui qui a sauvé les Israélites de la mer, ainsi qu’il est écrit (Ex. , XIV, 15) : « ... Et le Seigneur dit à Moïse : Pourquoi cries-tu vers moi? Dis aux enfants d’Israël qu’ils marchent » ; car c’est grâce à la prière de Moïse que Dieu a sauvé les Israélites de la mer, et c’est pour cette raison que l’Écriture lui attribue ce bienfait, ainsi qu’il est écrit (Is. , l. c.) « Où est celui qui les a tirés de la mer ? » Les paroles suivantes : « Où est celui qui a mis au milieu d’eux son Esprit-Saint ? » désignent également Moïse qui attira [...]
- אָמַר בַּדּוֹר הַזֶּה דָּא שְׁבָחָא דִּילֵיהּ דְּהֲוָה בְּהַהוּא דָרָא חַיָּיבָא וְאִשְׁתְּכַח כּוּלֵי הַאי אִישׁ צַדִּיק תָּמִים (ודאי ולאו בדרא דיליה אלא) (ס''א ודא די ליה) וְאֲפִילּוּ בְּדָרָא דְמשֶׁה, אֲבָל לָא הֲוָה יָכִיל לְאַגָּנָא עַל עָלְמָא. בְּגִין דְּלָא אִשְׁתַּכְּחוּ עֲשָׂרָה בְּעָלְמָא כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית י״ח:ל״ב) אוּלַי יִמָּצְאוּן שָׁם עֲשָׂרָה וְלָא אִשְׁתַּכְּחוּ תַּמָּן, אוּף הָכָא לָא אִשְׁתַּכְּחוּ עֲשָׂרָה. אֶלָא הוּא וּתְלַת בְּנוֹי וְנוּקְבַיְיהוּ וְלָא הֲווּ עֲשָׂרָה.
סִתְרֵי תּוֹרָה
השלמה מההשמטות (סימן יב) (מזוהר ישן) מָה הֵשִׁיב הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךָ הוּא לְנֹחַ כְּשֶׁיָּצָּא מִן הַתֵּיבָה וְרָאָה אֶתּ הָעוֹלָם חָרֵב והִתְּחִיל לִבְכּוֹתּ לְפָּנָיו וְאָמַר רִבּוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם נִקְרֵאתָּ רַחוּם הָיָה לְךָ לְרַחֵם עַל בְּרִיוֹתֶּךָ וְכוּ'. הֶשִׁיבוֹ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךָ הוּא וְאָמַר. רַעֲיאָ שָׁטְיָיא, הַשְׁתָּא אֲמַרְתָּ דָּא, לָמָה לֹא אֲמַרְתָּ בְּשַׁעְתָּא דְאֲמָרִיתּ לָךָ, כִּי אוֹתְּךָ רָאִיתִּי צַּדִּיק לְפָּנַי וְגוֹ'. וְאַחַר כָּךָ, הִנְנִי מֵבִיא אֶתּ הַמַּבּוּל מַיִם. וְאַחַר כָּךָ, עשה לְךָ תֵּיבַתּ עֲצֵּי גוֹפֶּר. כָּל הַאי אִתְּעֲכָּבִיתּ ואֲמָרִיתּ לָךָ בְּגִין דְּתַּבְעֵי רַחֲמִין עַל עַלְמָא. וּמִכְּדֵין שְׁמָעְתָּא דְתִּשְׁתְּזִיב בְּתֵּיבוּתָּא לָא עָאל בְּלִבָּךָ לְמִבְעֵי רַחֲמִין על יִשׁוּבָא דְעַלְמָא ועֲבָדְתּ תֵּיבוּתָּא וְאִשְׁתְּזִיבַתּ וּכְעַן דְּאִתְּאֲבִיד עַלְמָא פַּתָּחְתּ פּוּמָךָ לְמַלְּלָא קֳדָמָי בַּעְיָין וְתַּחֲנוּנִים. כֵּיוָן דְחָזָא נֹחַ כָּךָ, אַקְרִיב קָרֵבָּנִין ועֲלָוָון דִּכְתִּיב (בראשית ח׳:כ׳) וַיִּקַּח מִכָּל הַבְּהֵמָה הַטְהוֹרָה וּמִכָּל הַעוֹף הַטָהוֹר וְגוֹ'.
אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן בֹּא וּרְאֵה מָה בֵּין צַּדִּיקִים שֶׁהָיוּ לָהֶם לְיִשְׂרָאֵל אַחַר נֹחַ וּבֵין נֹחַ, נֹחַ לא הֵגִין עַל דוֹרוֹ וְלֹא הִתְּפָּלֵל עֲלֵיהֶם כְּאַבְרָהָם, דְּכֵיוָן דְּאָמַר קוּדְשָׁא בְּרִיךָ הוּא לְאַבְרָהָם (בראשית י״ח:כ״ג) זַעֲקָתּ סְדוֹם וַעֲמוֹרָה כִּי רַבָּה מִיָד וַיִּגַּשׁ אַבִרָהָם וַיֹּאמַר וְגוֹ' וְהִרְבָּה תַּחֲנוּנִים לִפְּנִי הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךָ הוּא עַד שְׁשָׁאל שְׁאִם יִמְצָּא עֲשָׂרָה צַּדִּיקִים שֶׁיְכַפֶּר לְכָל הַמָּקוֹם בַּעֲבוּרָם, וְחַשָׁב אַבְרָהָם שֶׁהָיוּ בָּעִיר עִם לוֹט וְאִשְׁתּוֹ וּבְנוֹתָּיו עֲשָׂרָה צַּדִּיקִים וּלְפִּיכָךָ לא הִתְּפָּלֵל.
אַחַר כַּךָ בָּא מֹשֶׁה וְהִתְּפָּלֵל וְהֵגִין עַל דוֹרוֹ כֵּיוָן שֶׁאָמַר הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךָ הוּא (שמות ל״ב:ח׳) סָרוּ מָהֵר מִן הַדֶּרֶךָ. מִיָד עֲמָד מֹשֶׁה בַּתְּפִּלָה וַיְּחַל משֹה וְגוֹ' עַד שֶׁאַחַזָתּוֹ חַלְחַלָה. רָבַּנָן אַמְרֵי, לֹא הִנִּיחַ משהֹ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךָ הוּא עַד שֶׁנָתַּן נַפְּשׁוֹ עֲלֵיהֶם מִן הָעוֹלָם הַזֶּה וּמִן הָעוֹלָם הַבָּא דִּכְתִּיב (שם) וְאִם אַיִן מְחֵנִי נָא מִסִּפְּרֶךָ אשר כַּתָּבְתָּ אָמַר רַבִּי יוֹסֵי מֵהָכָא (תהילים ק״ו:כ״ג) וַיֹּאמֶר לְהַשְׁמִידָם לוּלֵא מֹשֶׁה בְּחִירוֹ עָמָד בַּפֶּרֶץ לְפָּנָיו.
אָמַר רַבִּי יְהושֹֹעַ, מָה רָאָה נֹחַ שֶׁלּא בִּיקֵשׁ רַחֲמִים עַל דוֹרוֹ. אָמַר בְּלִבּוֹ אוּלַי לֹא אַמָלֵט דִּכְתִּיב (בראשית ז׳:א׳) כִּי אוֹתְּךָ רָאִיתִּי צַּדִּיק לְפָּנַי בָּדוֹר הַזֶּה כְּלוֹמַר לְפִּי הַדוֹר וּלְפִּיכָךָ לא בִּיקֵשׁ רַחֲמִים עֲלֵיהֶם. אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר אֲפִּילוּ (הכי) הֵכִּיר הֲוָה לֵיהּ לְמִבְעֵי רַחֲמִין עַל עַלְמָא בְּגִין דְּנִיחָא לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךָ הוּא, מָאן דְיֵימָר טָבָא עַל בְּנוֹי. מְנָא לָן מִגִדְעוֹן בָּר יוֹאַשׁ דְלָא הֲוָה זַכָּאי וְלָא בָּר זַכָּאי וּמִשׁוּם דְּאָמַר טִיבוּתָּא עַל יִשְׂרָאֵל, אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךָ הוּא, (שופטים ו׳:י״ד) לֵךָ בְּכֹחַךָ זְה וְהוֹשָׁעְתָּ אֶתּ יִשְׂרָאֵל מִיָּד מִדְיָן. מָהוּ בְּכֹחַךָ זֶה טִיבוּתָּא דְּאַמָרַתּ עַל בָּנַי. (עד כאן מההשמטות)
רַבִּי אֶלְעָזָר שָׁאִיל לֵיהּ לְרַבִּי שִׁמְעוֹן אֲבוֹי, הָא תָּנִינָן בְּשַׁעֲתָא דְעָלְמָא אִתְמַלְיָיא חוֹבֵי בְּנֵי נָשָׁא וְדִינָא נָפַק, וַוי לְהַהוּא זַכָּאָה דְּאִשְׁתְּכַח בְּעָלְמָא דְּאִיהוּ אִתְפַּס בְּחוֹבוֹי דְחַיָיבַיָא בְּקַדְמִיתָא. נֹחַ אֵיךְ אִשְׁתְּזִיב דְּלָא אִתְפַּס בְּחוֹבַיְיהוּ. אָמַר לֵיהּ הָא אִתְּמָר דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּעָא לְאֲפָקָא מִנֵּיהּ תּוֹלָדִין לְעָלְמָא מִגּוֹ תֵּיבוּתָא. וְתוּ דְּהָא דִּינָא לָא יָכְלָא לְשַׁלְטָאָה עֲלוֹי בְּגִין דְּהֲוָה טָמִיר וְגָנִיז בַּתֵּבָה וְאִתְכַּסְיָיא מֵעֵינָא.
וְתָּא חֲזֵי, כְּתִיב, (צפניה ב׳:ג׳) בַּקְשׁוּ צֶדֶק בַּקְשׁוּ עֲנָוָה אוּלַי תִּסָּתְרוּ בְּיוֹם אַף יְיָ. וְנֹחַ בִּקֵּשׁ צֶדֶק וְעָאל בְּגַוָּוהּ לְשַׁלְטָאָה וּלְקַטְרְגָא לֵיהּ. הָכָא אִתְרְמִיז לְאִנּוּן קַדִּישֵׁי עֶלְיוֹנִין לְמִנְדַע בְּרָזָא דְּאַתְוָון קַדִּישִׁין עִלָּאִין הִפּוּכָא דְּאַתְוָון כ''ב לְאִתְמְחֵי לְאִנּוּן חַיָּיבַיָא. וְעַל דָּא וַיִּמָּחוּ מִן הָאָרֶץ כְּתִיב. בֹּא אַתָּה וְכָל בֵּיתְךָ.
רַבִּי יִצְחָק פָּתַח (ישעיהו ס״ג:י״ב) מוֹלִיךְ לִימִין משֶׁה זְרוֹעַ תִּפְאַרְתּוֹ בּוֹקֵעַ מַיִם מִפְּנֵיהֶם לַעֲשׂוֹת לוֹ שֵׁם עוֹלָם. (נ''א זרוע תפארתו) דָּא זְכוּתָא דְאַבְרָהָם דְּאִיהוּ יָמִינָא מִמּשֶׁה. תִּפְאֶרֶת דְּמשֶׁה. וּבְגִין כָּךְ בּוֹקֵעַ מַיִם מִפְּנֵיהֶם. דְּהָא זְכוּתָא דְאַבְרָהָם בּוֹקֵעַ מַיִם אִיהוּ. וְכָל דָּא לָמָה לַעֲשׂוֹת לוֹ שֵׁם עוֹלָם.
תָּא חֲזֵי, מַה בֵּין משֶׁה לִשְׁאָר בְּנֵי עָלְמָא. בְּשַׁעֲתָא דְאֲמַר לָהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְמשֶׁה (שמות ל״ב:י׳-י״א) וְעַתָּה הַנִּיחָה לִי וְגו'. וְאֶעֱשֶׂה אוֹתְךָ לְגוֹי גָדוֹל וְגו'. מִיָּד אָמַר משֶׁה וְכִי אֶשְׁבּוֹק דִּינְהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל בְּגִינִי. הַשְׁתָּא יֵימְרוּן כָּל אִנּוּן בְּנֵי עָלְמָא דְּאֲנָא קַטְלִית לוֹן לְיִשְׂרָאֵל. כְּמָה דְּעֲבַד נֹחַ.
דְּכֵיוָן דְּאָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דִּישֵׁזִיב לֵיהּ בְּתֵיבוּתָא (כמה דאתמר) דִּכְתִיב וַאֲנִי הִנְנִי מֵבִיא אֶת הַמַּבּוּל מַיִם וְגו'. וּכְתִיב וּמָחִיתִי אֶת כָּל הַיְקוּם אֲשֶׁר עָשִׂיתִי מֵעַל פְּנֵי הָאֲדָמָה וַאֲנִי הִנְנִי מֵקִים אֶת בְּרִיתִי וְגו' וּבָאתָ אֶל הַתֵּבָה כֵּיוָן דְּאָמַר לֵיהּ דְּיִשְׁתְּזִיב הוּא וּבְנוֹי לָא בָּעָא רַחֲמִין עַל עָלְמָא וְאִתְאֲבִידוּ. וּבְגִין כָּךְ אִקְרוּן מֵי הַמַּבּוּל עַל שְׁמֵיהּ כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו נ״ד:ט׳) כִּי מֵי נֹחַ זֹאת לי אשׁר נשׁבָּעַתִּי מעָבוֹר מֵי נֹחַ.
אָמַר משֶׁה הַשְׁתָּא יֵימְרוּן בְּנִי עָלְמָא דְּאֲנָא קְטִילַת לוֹן בְּגִין דְּאָמַר לִי וְאֶעֱשֶׂה אוֹתְךָ לְגוֹי גָדוֹל. הַשְׁתָּא טַב לִי דְּאֵימוּת וְלָא יִשְׁתֵּצוּן יִשְׂרָאֵל. מִיָּד וַיְחַל משֶׁה אֶת פְּנֵי יְיָ אֱלֹהָיו. בָּעָא רַחֲמִין עֲלַיְיהוּ וְאִתְעַר רַחֲמֵי עַל עָלְמָא.
וְאָמַר רַבִּי יִצְחָק שֵׁירוּתָא דְּבָעָא רַחֲמֵי עֲלַיְיהוּ מַאי קָאֲמַר. לָמָּה יְיָ יֶחרֶה אַפְּךָ בְּעַמֶּךָ. וְכִי מִלָּה דָא אֵיךְ אָמַר לֵיהּ משֶׁה לָמָּה. וְהָא עֲבָדוּ כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר עָשׂוּ לָהֶם עֵגֶל מַסֵּכֶה וַיִּשְׁתַּחֲווּ לוֹ וַיֹּאמְרוּ אֵלֶּה וְגו'. וּמשֶׁה אָמַר לָמָּה. אֶלָּא הָכִי אוֹלִיפְנָא מַאן דִּמְרַצֶּה לְאָחֳרָא לָא בָּעֵי לְמֶעְבַּד הַהוּא חוֹבָא (דאיהו) רַב, אֶלָּא יַזְעִיר לֵיהּ קַמֵּיהּ. וּלְבָתַר יַסְגֵּי לֵיהּ קַמֵּיהּ אָחֳרָא (ד''א ל''ג חייבא) דִּכְתִיב אַתֶּם חֲטָאתֶם חֲטָאָה גְדֹלָה.
וְלָא שָׁבִיק לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַד דְּמָסַר גַּרְמֵיהּ לְמוֹתָא דִּכְתִיב וְעַתָּה אִם תִּשָּׂא חֲטָאתָם וְאִם אַיִן מְחֵנִי נָא מִסִּפְרְךָ אֲשֶׁר כָּתָבְתָּ. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מָחִיל לוֹן דִּכְתִיב וַיִּנָּחֶם יְיָ עַל הָרָעָה וְגו'. וְנֹחַ לָא עֲבַד כֵּן אֶלָּא בָּעָא לְאִשְׁתְּזָבָא וְשָׁבִיק כָּל עָלְמָא.
וּבְכָל זִמְנָא דְדִינָא שַׁרְיָא עַל עָלְמָא, רוּחַ קוּדְשָׁא אָמַר וַוי דְּלָא אִשְׁתְּכַח כְּמשֶׁה דִּכְתִיב (ישעיהו ס״ג:י״א) וַיִּזְכּוֹר (ימי עולם משה עמו) (וגו) אַיֵּה הַמַּעֲלֵם מִיָּם וְגו'. דִּכְתִיב (שמות י״ד:ט״ו) וַיֹּאמֶר יְיָ אֶל משֶׁה מַה תִּצְעַק אֵלָי. דְּהָא אִיהוּ בִּצְלוֹתָא סָלִיק לוֹן מִן יַמָּא. וּבְגִין דְּשַׁוֵּי גַּרְמֵיהּ בִּצְלוֹתָא עֲלַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל בְּיַמָּא. אִיקְרֵי (על שמיה) הַמַּעֲלֵם מִיָּם. דְּאִיהוּ אַסִּיק לוֹן מִן יַמָּא.
אַיֵּה הַשָּׂם בְּקִרְבּוֹ אֶת רוּחַ קָדְשׁוֹ דָּא אִיהוּ משֶׁה דְּאַשְׁרֵי (Ⅰ)
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[...] la Schekhina parmi Israël. Enfin, les paroles suivantes (Ibid. , LXIII, 13) : « Qui les a conduits au travers des abîmes ? » s’appliquent également à Moïse ; car c’est grâce à ses prières que les eaux de la mer s’arrêtèrent, comme si elles eussent été gelées, de manière à permettre le passage des Israélites. C’est en raison de la constante sollicitude de Moïse pour les Israélites que ceux-ci sont appelés « le peuple de Moïse ».
Rabbi Yehouda dit : Bien que Noé ait été un homme digne, il ne méritait pas que le Saint, béni soit-il, fit rémission des péchés à tout le monde en faveur de sa piété.
Remarquez que Moïse n’a jamais fait valoir son propre mérite : mais il invoqua toujours celui des patriarches ; tandis que Noé, antérieur aux patriarches, n’avait pas cet avantage de Moïse.
Rabbi Isaac dit : En dépit de ce que Noé était privé de l’avantage de faire valoir le mérite des patriarches, il aurait dû quand même prier pour ses contemporains lorsque Dieu lui dit (Gen. , VI, 18) : « J’établirai mon Alliance avec toi » ; et quant au sacrifice qu’il offrit en action de grâces à sa sortie de l’arche, il aurait dû l’offrir avant le cataclysme, pour apaiser la colère de Dieu allumée contre le monde. Rabbi Yehouda, prenant la défense de Noé, dit : Comment Noé pouvait-il offrir un sacrifice, alors que ses coupables contemporains ne cessèrent d’irriter le Saint, béni soit-il, par leurs péchés ! En vérité, Noé craignait pour sa propre vie ; il craignait d’être compris dans le châtiment annoncé à ses contemporains dont il voyait les mauvaises actions par lesquelles ils irritaient tous les jours le Saint, béni soit-il.
Rabbi Isaac dit en outre : Toutes les fois que les coupables prennent le dessus en ce monde, le juste qui vit parmi eux expie le premier, ainsi qu’il est écrit (Éz. IX, 6) : « ... Et commencez par mon sanctuaire (mimiqdaschi). » Or, nous savons par une tradition que ce mot ne doit pas être prononcé « mimiqdaschi », (par mon sanctuaire), mais bien «mimqodschi» (par ceux qui me sanctifient). Mais comment se fait-il que Noé n’a pas expié les péchés de tant de coupables parmi lesquels il vivait ? C’est parce qu’il était prédestiné à repeupler le monde, parce qu’il était un juste parfait. Il a été également préservé du châtiment pour cette raison qu’il exhortait ses contemporains tous les jours ; mais ceux-ci ne voulaient guère l’écouter.
C’est donc à Noé que s’appliquent les paroles de l’Écriture (Éz. , III, 21) : « ... Mais toi qui avertis le juste, afin qu’il ne pèche point et qu’il ne tombe point dans le péché, il vivra, parce que tu l’auras averti ; et tu auras ainsi délivré ton âme. » De ce verset, nous inférons que quiconque avertit les pécheurs sauve son âme, alors même que les pécheurs ne veulent pas l’écouter ; et dans ce cas, ce sont les pécheurs eux-mêmes qui expient leurs péchés. Jusqu’à quel point l’exhortation du pécheur incombe-t-elle au juste ? Jusqu’à ce que les pécheurs lui défendent de les exhorter ; ce point a été fixé parles collègues. Rabbi Yossé, qui avait coutume de fréquenter Rabbi Siméon, demanda un jour à celui-ci : Pour quelle raison le Saint, béni soit-il, fit-il périr tous les animaux dans les campagnes et tous les oiseaux de dessous le ciel ? Si l’homme a péché, pouvait-on en rendre responsables les animaux et les oiseaux ?
Rabbi Siméon lui répondit : Si Dieu extermina tous les animaux et tous les oiseaux, c’était en raison des paroles de l’Écriture (Gen. , VI, 12) : « Car toute chair sur la terre était corrompue. » Ces paroles indiquent également la corruption des animaux ; car les animaux aussi ont, à cette époque, mené une vie déréglée, en ce sens que chaque animal dédaignait la femelle de son espèce et s’accouplait à une femelle d’une espèce étrangère à la sienne.
Remarquez que la corruption des hommes de cette génération avait été la cause efficiente de la corruption de tous les autres animaux de la création ; les coupables de cette génération, en pratiquant le crime de l’onanisme, avaient en vue d’affaiblir ainsi l’œuvre de la création. A cette outrecuidance, le Saint, béni soit-il, répondit : Vous voulez affaiblir l’œuvre de mes mains, je ferai votre volonté (Gen. , VII, 4) « et j’exterminerai de dessus la terre toutes les créatures que j’ai faites » ; je transformerai le monde en eau, comme il l’était au commencement de la création ; et, après avoir effacé toute l’œuvre de la création, je la recommencerai, en peuplant le monde d’autres créatures meilleures que celles qui existent actuellement.
Il est écrit (Ibid. , 7) : « Noé entra dans l’arche, et avec lui ses fils, sa femme et les femmes de ses fils, pour se mettre à l’abri des eaux du Déluge. »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : L’Écriture, (Jér. , XXIII, 24), dit : « Un homme peut-il se cacher dans un lieu secret de manière que je ne le voie ? dit le Seigneur. N’est-ce pas moi qui remplis le ciel et la terre ? dit le Seigneur. » Combien les hommes sont-ils insensés et aveugles de ne pas méditer sur la gloire de leur Maître dont l’Écriture dit : « N’est-ce pas moi qui remplis le ciel et la terre ? » Et les hommes sont assez insensés de cacher leurs méfaits, en disant : Qui nous verra ? Qui le saura ? ainsi qu’il est écrit (Is. , XXIX, 15) : « Malheur à vous qui vous retirez dans la profondeur de vos cœurs, pour cacher à Dieu le secret de vos desseins et qui faites vos œuvres dans les ténèbres. » Où peut-on se cacher devant Dieu ? On peut appliquer à ces insensés la parabole suivante : Un roi ayant fait construire un palais ordonna que l’on aménageât dans les sous-sols des chambres secrètes. Un jour, les serviteurs de la cour, s’étant révoltés contre le roi, celui-ci les fit poursuivre par la garde du palais ; alors, pour échapper au châtiment, les rebelles allèrent se cacher dans les chambres secrètes aménagées dans les sous-sols du palais.
Mais le roi s’écria : c’est moi-même qui ai fait aménager ces chambres secrètes, et vous croyez pouvoir vous y cacher devant moi ! Tel est le sens des paroles de l’Écriture : « Un homme peut-il se cacher dans un lieu secret de manière que je ne le voie ? dit le Seigneur. » Dieu dit aux pécheurs qui croient cacher leurs mauvaises actions : C’est moi qui ai fait aménager les lieux secrets ; c’est moi qui ai créé la lumière et les ténèbres : et vous croyez pouvoir vous cacher devant moi ! Remarquez que lorsqu’un homme, après avoir péché devant son Maître, s’efforce de tenir secrets ses méfaits, Dieu le punit en rendant ses crimes publics ; mais si, après avoir péché, l’homme fait pénitence, le Saint, béni soit-il, le cache de manière à le rendre invisible « au jour de la colère de Dieu ». Car il est certain que l’homme ne doit pas être vu [...]
- שְׁכִינְתָּא בֵּינַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל. מוֹלִיכָם בַּתְּהֹמוֹת כַּד אִתְבָּקְעוּ מַיָא וְאֲזְלוּ בְּגוֹ תְּהוֹמֵי בְּיַבֶּשְׁתָּא דִּגְלִידוּ מַיָא (וכלא אתמר על משה). (נ''א ועל דא אקרי משה עמו) בְּגִין דְּאַמְסַר גַּרְמֵיהּ עַל יִשְׂרָאֵל. אָמַר רַבִּי יְהוּדָה אַף עַל גַּב דְּזַכָּאָה הֲוָה נֹחַ לָאו אִיהוּ כְּדַאי (בגין) דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָגִין עַל עָלְמָא בְּגִינֵיהּ.
תָּא חֲזֵי, משֶׁה לָא תָּלָה מִלָּה בִּזְכוּתֵיהּ אֶלָּא בִּזְכוּת אֲבָהָן קַדְמָאֵי. אֲבָל נֹחַ לָא הֲוָה לֵיהּ בְּמַאן דְּיִתְלֵי בִּזְכוּתָא כְּמשֶׁה. אָמַר רַבִּי יִצְחָק וְעִם כָּל דָּא כֵּיוָן דְּאָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וַהֲקִמֹתִי אֶת בְּרִיתִי אִתָּךְ הֲוָה לֵיהּ לְמִבְעֵי רַחֲמֵי עֲלַיְיהוּ. וְקָרְבָּנָא דְּאַקְרִיב לְבָתַר, דְּיַקְרִיב לֵיהּ מִן קַדְמַת דְּנָא דִּלְמָא יִשָּׁכֵךְ רוּגְזָא מֵעָלְמָא.
אָמַר רַבִּי יְהוּדָה מַאי הֲוָה לֵיהּ לְמֶעְבַּד דְּהָא חַיָּיבֵי עָלְמָא הֲווּ מַרְגִּיזִין קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְאִיהוּ יַקְרִיב קָרְבָּנָא. אֶלָּא וַדַּאי נֹחַ דָּחִיל עַל גַּרְמֵיהּ הֲוָה, בְּגִין דְּלָא יֶעֱרַע בֵּיהּ מוֹתָא בְּגוֹ חַיָּיבֵי עָלְמָא דְּהֲוָה חָמֵי עוֹבָדֵיהוֹן בִּישָׁא כָּל יוֹמָא, וְהֵיךְ מַרְגְזָן קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כָּל יוֹמָא.
רַבִּי (אלעזר פתח) יִצְחָק אָמַר כָּל זִמְנָא דְּחַיָּיבֵי עָלְמָא אַסְגִּיאוּ, זַכָּאָה דְּאִשְׁתְּכַח בֵּינַיְיהוּ הוּא אִתְפַּס בְּקַדְמִיתָא. דִּכְתִיב, (יחזקאל ט׳:ו׳) וּמִמִּקְדָּשִׁי תָּחֵלּוּ. וְתָנִינָן אַל תִּקְרֵי מִמִּקְדָּשִׁי אֶלָּא מִמְּקוּדָשִׁי. וְנֹחַ הֵיךְ שֵׁזִיב לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בֵּין כָּל אִנּוּן חַיָּיבַיָא. אֶלָּא בְּגִין דְּיִפְקוּן מִנֵּיהּ תּוֹלָדִין בְּעָלְמָא דְּהֲוָה צַדִּיק כְּדְקָא יְאוּת.
וְתוּ דְּאִיהוּ אַתְרֵי בְּהוּ כָּל יוֹמָא וְיוֹמָא וְלָא קַבִּילוּ מִנֵּיהּ, וְקִיֵּים בְּנַפְשֵׁיהּ קְרָא דִּכְתִיב, (יחזקאל ג׳:י״ט) וְאַתָּה כִּי הִזְהַרְתָּ רָשָׁע וְגו'. וּכְתִיב וְאַתָּה אֶת נַפְשְׁךָ הִצַּלְתָּ. מִכָּאן כָּל מַאן דְּאַזְהַר לְחַיָּיבָא אַף עַל גַּב דְּלָא קַבִּיל מִנֵּיהּ הוּא שֵׁזִיב לֵיהּ לְגַרְמֵיהּ וְהַהוּא חַיָּיבָא אִתְפַּס בְּחוֹבֵיהּ. וְעַד כַּמָּה יַזְהַר לֵיהּ עַד דְּיִמְחֵי לֵיהּ הָא אוּקְמוּהָ חַבְרַיָא.
רַבִּי יוֹסֵי הֲוָה שְׁכִיחַ קַמֵּיהּ דְּרַבִּי שִׁמְעוֹן יוֹמָא חַד, אָמַר לֵיהּ מַאי חָמָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְשֵׁיצָאָה כָּל חֵיוַת בְּרָא וְעוֹף שְׁמַיָא עִמְּהוֹן דְּחַיָיבַיָא. אִי בְּנֵי נָשָׁא חָטָאן בְּעִירֵי וְעוֹפֵי שְׁמַיָא וּשְׁאָר בְּרִיָין מַה חָטוּ. אָמַר לֵיהּ בְּגִין דִּכְתִיב כִּי הִשְׁחִית כָּל בָּשָׂר אֶת דַּרְכּוֹ עַל הָאָרֶץ. כֻּלְהוּ הֲווּ מְחַבְּלֵי אָרְחַיְיהוּ. שַׁבְקֵי זִינַיְהוּ וְדָבְקוּ בְּזִינָא אָחֳרָא.
תָּא חֲזֵי, אִנּוּן חַיָּיבֵי עָלְמָא גָּרְמוּ הָכִי לְכָל בִּרְיָין. וּבָעוֹן (לאשכחא) לְאַכְּחָשָׁא עוֹבָדָא דִבְרֵאשִׁית. וְאִנּוּן גָּרְמוּ לְכָל בִּרְיָין לְחַבְּלָא אָרְחַיְיהוּ כְּמָה דְאִנּוּן מְחַבְּלָן. אָמַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַתּוּן בְּעִיתוּ (לאשכחא) לְאַכְּחָשָׁא עוֹבָדֵי יְדַי, אֲנָא אַשְׁלִים רְעוּתָא דִּלְכוֹן וּמָחִיתִי אֶת כָּל הַיְקוּם אֲשֶׁר עָשִׂיתִי מֵעַל פְּנִי הָאֲדָמָה. אַהֲדַר עָלְמָא לְמַיִין כְּמָה דְּהֲוָה בְּקַדְמִיתָא מַיִין בְּמַיִין וְהָא אִתְּמָר. מִכָּאן וּלְהָלְאָה אַעֲבִיד בִּרְיָין אָחֳרָנִין בְּעָלְמָא כְּדְקָא יְאוּת:
וַיָּבֹא נֹחַ וּבָנָיו וְאִשְׁתּוֹ וּנְשֵׁי בָנָיו אִתּוֹ. רַבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאָמַר (ירמיהו כ״ג:כ״ד) אִם יִסָּתֵר אִישׁ בַּמִּסְתָּרִים וַאֲנִי לא אֶרְאֶנּוּ נְאֻם יְיָ. כַּמָּה אִנּוּן בְּנֵי נָשָׁא אֲטִימִין לִבָּא סְתִימִין עַיְינִין דְּלָא מַשְׁגִּיחִין וְלָא יָדְעִין בִּיקָרָא דְמָארֵיהוֹן דִּכְתִיב בֵּיהּ הֲלֹא אֶת הַשָּׁמַיִם וְאֶת הָאָרֶץ אֲנִי מָלֵא. הֵיךְ בָּעוּן בְּנִי נָשָׁא לְאִסְתַּתְּרָא מֵחוֹבַיְיהוּ וְאָמְרֵי מִי רוֹאֵנוּ וּמִי יוֹדְעֵנוּ. וּכְתִיב, (ישעיהו כ״ט:ט״ו) וְהָיָה בְּמַחְשָׁךְ מַעֲשֵׂיהֶם. לְאָן יִתְטַמְרוּן מִקַּמֵּיהּ.
לְמַלְכָּא דְּבָנָה פַּלְטְרִין וְעֲבַד תְּחוֹת אַרְעָא טְמִירִין פְּצִירִין. לְיוֹמִין מָרָדוּ בְּנֵי פַּלְטְרִין בְּמַלְכָּא אַסְחַר (אצער) עֲלַיְיהוּ מַלְכָּא בְּגַיְיסוֹי. מָה עֲבָדוּ עָאלוּ וּטְמִירוּ גַּרְמַיְיהוּ תְּחוֹת נוּקְבֵי פְּסִירִין. אָמַר מַלְכָּא אֲנָא עַבְדִית לוֹן וּמִקַּמָּאי אַתּוּן בָּעָאן לְאִתְטַמָּרָא, הֲדָא הוּא דִכְתִיב אִם יִסָּתֵר אִישׁ בַּמִּסְתָּרִים וַאֲנִי לֹא אֶרְאֶנּוּ נְאֻם יְיָ. אֲנָא הוּא דַּעֲבָדִית נוּקְבֵי פְּסִירִין וְעֲבָדִית חֲשׁוֹכָא וּנְהוֹרָא וְאַתּוּן אֵיךְ יָכְלִין לְאִתְטַמָּרָא קַמָּאי.
תָּא חֲזֵי, כַּד בַּר נָשׁ חָטֵי קַמֵּי מָארֵיהּ וְאַמְשִׁיךְ גַּרְמֵיהּ לְאִתְכַּסְיָא. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד בֵּיהּ דִּינָא בְּאִתְגַּלְיָא. וְכַד בַּר נָשׁ אַדְכֵּי גַרְמֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּעֵי לְאַסְתָּרָא לֵיהּ דְּלָא יִתְחֲזֵי בְּיוֹם אַף יְיָ. דְּוַדַּאי אִבָּעֵי לֵיהּ לְאֵינַשׁ (Ⅰ)
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[...] par l’ange destructeur lorsque celui-ci sévit dans le monde, attendu qu’il est autorisé à léser tous ceux qui s’offrent à sa vue. C’est pourquoi Rabbi Siméon a dit : Tout homme qui a un mauvais œil, c’est-à-dire qui est envieux, est possédé par l’esprit destructeur ; un tel homme est appelé « destructeur du monde » ; et il convient de se cacher devant un tel homme et de ne jamais l’approcher, pour ne pas être lésé ; il est défendu de s’exposer à la vue d un homme pareil. Or, puisqu’il faut se cacher devant un homme qui a un mauvais œil, à plus forte raison faut-il agir de la sorte à l’égard de l’ange de la mort.
C’est pourquoi l’Écriture (Nomb. , XXIV, 3) dit en parlant de l’âne de Balaam : « Voici ce que dit l’homme qui a l’œil fermé. » Balaam avait un mauvais œil (44) et il attirait l’esprit destructeur sur tous les objets sur lesquels il jetait son regard ; c’est pourquoi il s’efforçait de regarder Israël, parce qu’il savait que tout est exterminé lorsqu’il y jette son regard.
Remarquez que l’Écriture (Nomb. , XXIV, 2) dit. « Et Balaam éleva ses yeux. » L’Écriture ne dit pas « enav » (ses yeux), mais « eno » (son œil), parce que Balaam n’avait ouvert qu’un seul œil, alors qu’il tenait l’autre fermé, afin de regarder Israël de son mauvais œil.
Remarquez que l’Écriture (Ibid.) dit : « Et il vit, Israël campé dans ses tentes par tribus. » Balaam a vu la Schekhina planer au-dessus des douze tribus, de manière à rendre son regard inoffensif. Balaam dit alors : Comment pourrais-je attaquer ce peuple, alors que l’Esprit-Saint plane au-dessus de lui et le couvre de ses ailes! C’est pourquoi l’Écriture dit (Nomb. , XXIV, 9) : « Il couche comme un lion et comme une lionne : qui pourrait l’élever ? » Par le mot « lion », Balaam désigne la Schekhina ; et, par les mots « qui pourrait l’élever ? » (mi ieqimenou), Balaam voulait dire : qui pourrait ôter la Schekhina de dessus les Israélites, afin que je puisse les attaquer par mon regard ? C’est pourquoi le Saint, béni soit-il, voulait couvrir Noé et le soustraire à la vue de l’esprit impur, afin que celui-ci ne pût s’attacher à lui et le léser, ainsi que nous venons de le dire.
Les paroles de l’Écriture : « Et Noé entra dans l’arche » ont donc la signification que nous venons de leur donner : il entra dans l’arche pour se soustraire à la vue de l’ange destructeur. L’Écriture ajoute : «... Pour se mettre à l’abri des eaux du Déluge. » Cesparoles signifient que Noé fut poussé par les eaux dans l’arche (45).
Rabbi Yossé dit : Noé avait vu arriver l’ange de la mort ; et c’est pourquoi il entra dans l’arche et s’y cacha pendant douze mois. Pourquoi douze mois ? Rabbi Isaac et Rabbi Yehouda sont ils en désaccord : d’après l’un, le délai de douze mois était fixé parce que c’est la durée des châtiments des coupables ; selon l’autre, Noé a dû rester douze mois, pour parcourir les douze degrés qu’il faut monter afin d’être un juste parfait.
Rabbi Yehouda dit : Les coupables sont châtiés durant six mois par l’eau et durant six autres mois par le feu. Or, le châtiment du Déluge ayant eu lieu exclusivement par l’eau pourquoi fallait-il une durée de douze mois.
Rabbi Yossé dit : Le châtiment des coupables dans l’enfer est fait par l’eau et par le feu. On entend par le châtiment de l’eau, les eaux qui tombent d’en haut sur les coupables et qui sont froides comme la glace ; par le châtiment du feu, on entend les eaux qui montent d’en bas jusqu’aux coupables dans l’enfer et qui sont brûlantes comme le feu. C’est ce qu’il faut entendre par les mots de la tradition : « Les coupables sont châtiés dans l’enfer par l’eau et par le feu », ce qui veut dire : par les eaux froides qui leur arrivent d’en haut et par l’eau bouillante qui leur vient d’en bas. Ainsi, le châtiment des coupables dans l’enfer, dont la durée est de douze mois, est exclusivement fait par l’eau, soit froide, soit bouillante. C’est pourquoi Noé dut également rester caché dans l’arche durant douze mois, afin de ne pas être vu par l’ange destructeur ; aussi celui-ci ne put-il l’approcher lorsque l’arche surnageait au-dessus de l’eau, ainsi qu’il est écrit (Gen. , VII, 17) : « Et les eaux s’étant accrues élevèrent l’arche en haut au-dessus de la terre. » Le châtiment réel n’a duré que quarante jours, ainsi qu’il est écrit (Ibid) : « Le Déluge se répandit sur la terre pendant quarante jours », alors que le reste de l’année a servi à faire disparaître les coupables, ainsi qu’il est écrit (Ibid. , 13) : « Et ils disparurent de dessus la terre. » Malheur à ces coupables qui ne ressusciteront jamais pour comparaître au moment du jugement dernier ! C’est pourquoi l’Écriture se sert du mot « vaïmahou » (et ils furent effacés), de même que l’Écriture (Ps. , IX, 6) dit : « Tu as effacé leurs noms pour toute l’éternité. » Ces paroles désignent les coupables qui ne ressusciteront pas même pour être jugés à l’époque du jugement dernier.
Il est écrit (Gen. , VII, 17) : « Et les eaux s’étant accrues élevèrent l’arche en haut au-dessus de la terre. » Rabbi Abba ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : L’Écriture (Ps. , LVII, 12) dit : « O Élohim ! élève-toi au-dessus des cieux ; et que ta gloire éclate sur toute la terre. » Malheur aux coupables qui pèchent, irritent leur Maître tous les jours et repoussent, par leurs crimes, la Schekhina de la terre et la déterminent à quitter ce bas-monde ! La Schekhina est appelée Élohim ; et c’est d’elle que l’Écriture dit : «O Élohim ! élève-toi au-dessus des cieux. » Remarquez les paroles de l’Écriture : « ... Élevèrent l’arche en haut. » Ceci veut dire : les mauvaises actions des coupables ont repoussé la Schekhina dont l’arche était le symbole.
Et L’Écriture ajoute : « ... Au-dessus de la terre », ce qui veut dire que la Schekhina quitta la terre. Et, quand la Schekhina a quitté ce monde, celui-ci est resté privé de défenseur ; aussi la rigueur de la justice a-t-elle sévi dans le monde. Mais, après que les coupables ont été exterminés et effacés de dessus la terre, la Schekhina est revenue dans ce bas monde.
Rabbi Yessa demanda : S’il en est ainsi, pourquoi la Schekhina n’était-elle pas retournée dans le pays d’Israël après la dispersion des juifs coupables ?
Rabbi Abba lui répondit : Parce qu’il n’y est plus resté de justes. Partout où ils s en vont, la Schekhina les suit et elle établit [...]
- דְּלָא יִתְחֲזֵי קַמֵּי מְחַבְּלָא כַּד שַׁרְיָא עַל עַלְמָא דְּלָא יִסְתַּכֵּל בֵּיהּ. דְּהָא כָּל אִנּוּן דְּיִתְחַזּוּן קַמֵּיהּ אִית לֵיהּ רְשׁוּ לְחַבָּלָא.
וְהַיְינוּ דְקָאֲמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן כָּל בַּר נָשׁ דְּעֵינֵיהּ בִּישָׁא, עֵינָא דִּמְחַבְּלָא שַׁרְיָא עֲלוֹי. וְאִיהוּ מְחַבְּלָא דְעָלְמָא אִקְרֵי. וְלִבָּעֵי לֵיהּ לְאִינֵישׁ לְאִסְתַּמְּרָא מִנֵּיהּ וְלָא לְאִתְקְרָבָא בַּהֲדֵיהּ דְּלָא יִתְּזַק (קמיה). וְאָסִיר לְמִקְרַב בַּהֲדֵיהּ בְּאִתְגַּלְיָא. וּמִשּׁוּם הָכִי מֵאִישׁ רַע עַיִן בָּעֵי לְאִסְתַּמְּרָא מִנִּיהּ. מִקַּמֵּי מַלְאַךְ הַמָּוֶת עַל אַחַת כַּמָּה וְכַמָּה. (ועל דא) מַה כְּתִיב בְּבִלְעָם (במדבר כ״ד:ג׳) וּנְאֻם הַגֶּבֶר שְׁתֻם הָעָיִן. דְּעֵינָא בִּישָׁא הֲוָה לֵיהּ וּבְכָל אֲתַר דְּהֲוָה מִסְתַּכֵּל בֵּיהּ הֲוָה אַמְשִׁיךְ עֲלֵיהּ רוּחַ מְחַבְּלָא. וּבְגִין כָּךְ הֲוָה בָּעֵי לְאִסְתַּכָּלָא בְּהוּ בְּיִשְׂרָאֵל בְּגִין דִּישֵׁצֵי בְּכָל אֲתַר דְּעֵינֵיהּ הֲוָה מִסְתַּכֵּל. מַה כְּתִיב וַיִּשָּׂא בִּלְעָם אֶת עֵינָיו דְּזָקִיף עֵינָא חַד וּמָאִיךְ עֵינָא חַד בְּגִין לְאִסְתַּכָּלָא בְּהוּ בְּיִשְׂרָאֵל בְּעֵינָא בִּישָׁא.
תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב וַיַּרְא אֶת יִשְׂרָאֵל שׁוֹכֵן לִשְׁבָטָיו. וְחָמָא דִּשְׁכִינְתָּא חַפְיָא עֲלַיְיהוּ וּרְבִיעָא עֲלַיְיהוּ מִתְתַּקְּנָא בִּתְרֵיסַר שִׁבְטִין תְּחוֹתָהּ וְלָא יָכִיל לְשַׁלְטָאָה עֲלַיְיהוּ עֵינֵיהּ. אָמַר אֵיךְ אֵיכוֹל לְהוֹן דְּהָא רוּחַ קַדִּישָׁא עִלָּאָה רְבִיעָא עֲלַיְיהוּ וְחָפַת לוֹן בְּגַדְפָהָא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב כָּרַע שָׁכַב כַּאֲרִי, וּכְלָבִיא. מִי יְקִימֶנּוּ. מִי יְקִימֶנּוּ מֵעֲלַיְיהוּ בְּגִין דְּיִתְגַלְיָין וְשָׁלְטָא עֵינָא עֲלַיְיהוּ.
וְעַל דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּעָא לְחַפְיָא לְנֹחַ לְאִסְתַּתְּרָא מֵעֵינָא דְּלָא יָכִיל רוּחַ מְסָאֳבָא לְשַׁלְטָא עֲלֵיהּ בְּגִין דְּלָא יִתְחַבֵּל וְהָא אִתְּמָר. וַיָּבֹא נֹחַ כְּמָה דְּאִתְּמָר לְאִסְתַּתְּרָא מֵעֵינָא. מִפְּנֵי מֵי הַמַּבּוּל (דהא) דְּמַיִין דָּחֲקוּ לֵיהּ. אָמַר רַבִּי יוֹסֵי חָמָא מַלְאַךְ הַמָּוֶת דְּהֲוָה אָתֵי (ד''א ל''ג לגביה) וּבְגִין כָּךְ עָאל לְתֵיבוּתָא וְאִסְתַּמַּר בָהּ תְּרִיסַר יַרְחֵי (שתא). וְאַמַּאי תְּרֵיסַר יַרְחִין. פְּלִיגֵי בָּהּ רַבִּי יִצְחָק וְרַבִּי יְהוּדָה. חַד אָמַר י''ב יַרְחִין דְּכָךְ אִיהוּ דִינָא דְּחַיָיבַיָא. וְחַד אָמַר לְאַשְׁלָמָא צַדִּיק (נ''א צריך) דַּרְגִּין תְּרֵיסַר וּשְׁאָר דַּרְגִּין דְּאִתְחַזֵּי לְאֲפָקָא מִן תֵּיבָה.
רַבִּי יְהוּדָה אָמַר שִׁתָּא יַרְחֵי אִנּוּן בְּמַיָא וְשִׁיתָּא יַרְחֵי בְּאֶשָׁא. וְהָא הָכָא מַיָיא הֲווּ אַמַּאי תְּרֵיסַר יַרְחֵי. אָמַר (ליה) רַבִּי יוֹסֵי בִּתְרֵי דִינִין דְּגֵיהִנֹּם אִתְדָנוּ בְּמַיָא וְאֶשָׁא. בְּמַיָא דְּמַיִין דְּנָחֲתוּ עֲלַיְיהוּ מִלְּעֵילָא הֲווּ צְנִינִין כְּתַלְגָא. בְּאֶשָׁא דְּמַיִין דְּנַפְקֵי מִתַּתָּא הֲווּ רְתִיחָן כְּאֶשָׁא. וְעַל דָּא בְּדִינָא דְּגֵיהִנֹּם אִתְדָּנוּ בְּאֶשָׁא וּמַיָיא (ובגין כך תריסר ירחי הוו דאמר רבי אלעזר דינא דחייביא בגיהנם תריסר ירחי הוו והא אוקמוה. ועל דא כל אנון חייבי עלמא אתדנו בתרין דינין אלין במיא ואשא) עַד דְּאִשְׁתֵּצִיאוּ מֵעָלְמָא. וְנֹחַ הֲוָה מִסְתַּתֵּר בְּתֵיבוּתָא וְאִתְכַּסֵּי מֵעֵינָא וּמְחַבְּלָא לָא קָרִיב לְגַבֵּיהּ, וְתֵיבוּתָא אִיהִי הֲוָה שַׁטְיָא עַל אַנְפֵּי מַיָא כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר וַיִּשְׂאוּ אֶת הַתֵּיבָה וַתָּרָם מֵעַל הָאָרֶץ.
אַרְבָּעִים יוֹם לָקוּ. דִּכְתִיב וַיְהִי הַמַּבּוּל אַרְבָּעִים יוֹם עַל הָאָרֶץ וְגו'. וְכָל שְׁאָר זִמְנָא אִתְמְחוּן מֵעָלְמָא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיִּמָּחוּ מִן הָאָרֶץ. וַוי לוֹן לְאִנּוּן חַיָיבַיָא דְּהָא לָא יְקוּמוּן לְאַחְיָיא בְּעָלְמָא לְמֵיקַם בְּדִינָא הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיִּמָּחוּ כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים ט׳:ו׳) שְׁמָם מָחִית לְעוֹלָם וָעֶד. דְּאֲפִילּוּ לְמֵיקַם בְּדִינָא לָא יְקוּמוּן:
וַיִּשְׂאוּ אֶת הַתֵּבָה וַתָּרָם מֵעַל הָאָרֶץ. רַבִּי אַבָּא פָּתַח (תהילים נ״ז:ו׳) רוּמָה עַל הַשָּׁמַיִם אֱלֹהִים עַל כָּל הָאָרֶץ כְּבוֹדֶךָ. וַוי לוֹן לְחַיָיבַיָא דְּאִנּוּן חָטָאן וּמַרְגִּיזִין לְמָארֵיהוֹן בְּכָל יוֹמָא. וּבְחוֹבַיְיהוּ דַּחְיָין לָהּ לַשְּׁכִינְתָּא מֵאַרְעָא. וְגָרְמִין דְּתִסְתַּלֵּק מֵעָלְמָא. וּשְׁכִינְתָּא אִקְרֵי אֱלֹהִים. וְעֲלָהּ כְּתִיב רוּמָה עַל הַשָּׁמַיִם אֱלהִים.
תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב וַיִּשְׂאוּ אֶת הַתֵּבָה דְּדַחְיָין לָהּ לְבַר. וַתָּרָם מֵעַל הָאָרֶץ, דְּלָא שַׁרְיָיא בְּעָלְמָא וְאִסְתַּלְקַת מִנָּהּ. וְכַד אִסְתַּלְקַת מֵעָלְמָא, הָא לֵית מַאן דְּיַשְׁגַּח בְּעָלְמָא וְדִינָא שָׁלְטָא (בדינא) כְּדֵין עֲלוֹי. וְכַד יִתְמָחוּן חַיָּיבֵי עָלְמָא וְיִסְתַּלְּקוּן מִנֵּיהּ (דעלמא), שְׁכִינְתָּא אֲהַדְרַת מְדוֹרָהּ בְּעָלְמָא.
אָמַר לֵיהּ רַבִּי יֵיסָא, אִי הָכִי הָא אַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל דְּאִתְמָחוּן חַיָּיבַיָא דְּהֲווּ בְּהַהוּא זִמְנָא אַמַּאי לָא אֲהַדְּרַת שְׁכִינְתָּא לְאַתְרָהּ כְּדִבְקַדְמִיתָא. אָמַר לֵיהּ בְּגִין דְּלָא אִשְׁתָּאֲרוּ בָהּ שְׁאָר זַכָּאֵי עָלְמָא. אֶלָּא (אבל) בְּכָל אֲתַר דְּאֲזְלוּ נַחְתַת וְשַׁוִּיאַת (Ⅰ)
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[69a]
[...] son domicile parmi eux. Si la Schekhina ne les quitte pas, même quand ils habitent une terre étrangère, à plus forte raison n’aurait-elle quitté la terre sainte s’ils y étaient restés. Parmi tous les péchés par lesquels les coupables éloignent la Schekhina de ce monde, l’onanisme est le plus grave, ainsi que nous l’avons déjà dit ; aussi, celui qui se rend coupable de ce crime ne verra-t-il jamais le visage de la Schekhina et n’entrera-t-il jamais dans le palais céleste ; c’est pourquoi l’Écriture dit de ces coupables : «... Et ils furent effacés de dessus la terre. » Ils furent, en effet, complètement effacés.
Remarquez qu’à l’époque où le Saint, béni soit-il, ressuscitera les morts, il formera à nouveau les corps tels qu’ils étaient durant la vie ; et, fera cela même pour les hommes enterrés hors de la Palestine, dans les pays étrangers ; car chaque homme est pourvu d’un os impérissables sur la terre ; et c’est grâce à lui que le corps sera formé à nouveau à l’heure de la résurrection ; cet os sera au corps ressuscité ce qu’est le levain à la pâte ; car c’est par lui que le Saint, bénit soit-il, reconstituera le corps entier.
Mais le Saint, béni soit-il, ne donnera d’âmes aux corps ressuscités que sur la terre d’Israël, ainsi qu’il est écrit (Éz. , XXXVII, 12) : « Prophétise donc ; et dis-leur : Voici ce que dit le Seigneur Dieu : 0 mon peuple, je vais ouvrir vos tombeaux ; je vous ferai sortir de vos sépulcres et je vous ferai entrer dans la terre d’Israël. » Car, une fois reconstitués, les corps vont être roulés sous la terre jusqu’en Palestine ; et ce n’est que là qu’ils vont recevoir des âmes, ainsi que l’Écriture (Éz. , XXXVII, 14) ajoute : « Et je répandrai mon esprit en vous ; et vous rentrerez dans la vie. » Ainsi, tous les hommes seront pourvus d’âmes sur la terre d’Israël, exceptés ceux qui se sont souillés et qui ont souillé la terre par le crime de l’onanisme ; car, de cette sorte de pécheurs, l’Écriture dit : «... Et ils furent effacés de dessus la terre. » Par ce mot « terre », l’Écriture veut nous indiquer que ces coupables seront complètement effacés de la terre et que l’os servant à la reconstitution du corps sera également effacé.
Bien que les anciens n’aient point été d’accord à ce sujet et qu’il y eût divergence d’opinions sur l’interprétation du mot « va-imahou » (et ils furent effacés), il est certain que, par ce mot, l’Écriture indique que les coupables ont été effacés du livre de la vie, ce qui veut dire qu’ils ne seront jamais ressuscités, ainsi qu’il est écrit (Ps. , LXIX, 29) : « Qu’ils soient effacés du livre de la vie. » Rabbi Siméon dit à Rabbi Abba : Il est certain que les coupables de la génération du Déluge n’auront aucune part à la vie future, ainsi qu’il est écrit : « ... Et ils furent effacés de dessus la terre. » Or, le mot « terre » désigne la vie future, de même que dans le verset (Is. , LX, 21) : « Ils posséderont la terre pour toute l’éternité. » Mais ils seront quand même ressuscités pour comparaître devant le jugement de Dieu ; et c’est d’eux que l’Écriture (Dan. , XII, 2) dit : « Et toute la multitude de ceux qui dorment sous la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour un opprobre et un châtiment éternels. » La divergence d’opinions n’existe que sur le point de savoir si les coupables seront ressuscités pour être jugés, ou s’ils ne ressusciteront pas même pour cet instant ; mais, pour tout le reste, les collègues sont d’accord sur ce que nous venons de dire.
Il est écrit (Gen. , VII, 23) : « ... Et tout ce qui était debout (ieqoum) sur la terre fut effacé. »
Rabbi Abba dit : Le mot « eth » comprend également dans la catastrophe les chefs célestes préposés à régir la terre ; c’est l’extermination de ces chefs que l’Écriture exprime dans les paroles : « Tout ce qui était debout (ieqoum) sur la terre fut effacé. » Car lorsque le Saint, béni soit-il, veut châtier le monde, il commence par châtier d’abord les chefs célestes préposés à la garde des hommes ; et ce n’est qu’ensuite qu’il châtie ceux qui sont placés sous leurs ailes, ainsi qu’il est écrit (Is. , XXIV, 21) : « En ce temps-là, le Seigneur accablera les armées célestes qui sont en haut et les rois de ce monde qui sont sur la terre. » Ainsi, les chefs célestes sont châtiés d’abord et les rois d’ici-bas ensuite. Comment les anges célestes peuvent-ils être exterminés? Ils sont exterminés par le fleuve de feu, ainsi qu’il est écrit (Deut. ,IV, 24) : « ... Car le Seigneur ton Dieu est un feu dévorant, un Dieu jaloux. » Dieu est un feu qui consume le feu. Ainsi, les anges célestes, qui sont les chefs des hommes, sont exterminés par le leu céleste, alors que leurs subordonnés c’est-à-dire les hommes, sont exterminés par l’eau.
C’est pourquoi l’Écriture dit d’abord : «... Et tout ce qui était debout (ieqoum) sur la terre fut effacé. » Ce n’est qu’après qu’elle ajoute : «... Depuis l’homme jusqu’aux bêtes, tant celles qui rampent que celles qui volent dans l’air, tout périt de dessus la terre. » Ces dernières paroles désignent l’extermination des êtres d’ici-bas.
L’Écriture ajoute : « Il ne demeura que Noé seul et ceux qui étaient dans l’arche avec lui. » Le mot «seul » (akh) indique une restriction. Qu’est-ce donc que l’Écriture entend restreindre en cet endroit ? L’Écriture veut nous apprendre que, dans tout le monde, il n’y avait plus d’autres êtres en ce moment en dehors de Noé et de ceux qui étaient avec lui dans l’arche.
Rabbi Yossé dit : La restriction de l’Écriture nous indique que Noé même qui a échappé au cataclysme n’en est pas sorti tout à fait indemne ; car il était devenu boiteux à la suite d’une morsure de lion, ainsi que cela a été dit (46).
Il est écrit (Gen. , VIII, 1) : « Et Élohim s’était souvenu de Noé, de toutes les bêtes sauvages et de tous les animaux domestiques qui étaient avec lui dans l’arche. »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : L’Écriture dit : « L’homme prudent voit le mal et se met à couvert. » Ce verset s’applique à Noé qui entra dans l’arche et s’y cacha. Il entra dans l’arche lorsque les eaux l’y ont poussé. Ainsi que nous l’avons dit précédemment, aussitôt que Noé aperçut l’ange de la mort, il entra dans l’arche pour se cacher devant lui. Tel est le sens des paroles de l’Écriture : « L’homme prudent voit le mal », c’est-à-dire l’ange de la mort.
L’Écriture ajoute : « ... Et se met à couvert. » C’est ce que fit Noé, ainsi qu’il est écrit (Gen. , VII, 7) : « ... Et Noé entra dans l’arche, et avec lui ses fils, sa femme et les femmes de ses fils, pour se mettre à l’abri des eaux du Déluge. »
Rabbi Yossé dit : Les paroles de l’Écriture : « L’homme prudent voit le mal et se met à couvert » ont rapport à ce qui a été dit ; car, lorsque la mort sévit dans le monde, un homme prudent se cache et ne sort pas dehors, pour ne pas être aperçu de l’ange destructeur, attendu que celui-ci est autorisé à léser tous ceux qui s’offrent à sa vue ; c’est pourquoi l’Écriture ajoute, dans le second membre de la phrase : « L’imprudent passe outre (abrou) ; et il trouve sa perte. » Par le mot « abrou », l’Écriture veut dire que l’imprudent passe devant l’ange exterminateur et que c’est par-là qu’il trouve sa perte.
D’après une autre interprétation, le mot « abrou » signifie transgresser ; donc l’Écriture veut dire que l’imprudent transgresse les commandements de son Maître et que c’est à cause de cela qu’il trouve sa perte.
D’après une autre interprétation, la première partie du verset : « L’homme prudent voit le mal et se met à couvert » s’applique à Noé ; la deuxième partie du verset : « ... Et les imprudents passent outre ; et ils trouvent leur perte » s’applique aux contemporains de Noé ; car si Noé ne s’était caché, il aurait subi le châtiment des autres ; mais comme il se tenait caché pendant tout le temps de la catastrophe, [...]
- מְדוֹרָהּ עִמְּהוֹן. וּמַה בְּאַרְעָא נוּכְרָאָה אָחֳרָא לָא אִתְפָּרְשָׁא מִנַּיְיהוּ, כָּל שֶׁכֵּן אִי אִשְׁתְּאָרוּ בְּאַרְעָא קַדִּישָׁא.
וְהָא אִתְּמָר. בְּכָל חוֹבִין דְּחַיָּיבֵי עָלְמָא דַּחְיָין לָהּ לַשְּׁכִינְתָּא. חַד מִנַּיְיהוּ מַאן דִּמְחַבֵּל אָרְחֵיהּ עַל אַרְעָא כִּדְאֲמָרָן. וּבְגִין כָּךְ לָא חָמֵי אַנְפֵּי שְׁכִינְתָּא וְלָא עָאל בְּפַלְטֵרִין. וְעַל דָּא כְּתִיב בְּאִלֵּין וַיִּמָּחוּ מִן הָאָרֶץ אִתְמָחוּן מִן כֹּלָּא.
תָּא חֲזֵי, בְּהַהוּא זִמְנָא דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַחְיָיאָה מֵתַיָיא, כָּל אִנּוּן מֵתִין דְּיִשְׁתַּכְּחוּן לְבַר בִּשְׁאָר אַרְעִין נוּכְרָאִין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יִבְרָא לוֹן גּוּפַיְיהוּ (נ''א יוקים לון בגופייהו) כְּדְקָא חָזֵי. דְּהָא גַּרְמָא חַד דְּאִשְׁתָּאַר בֵּיהּ בְּבַר נָשׁ תְּחוֹת אַרְעָא הַהוּא גַרְמָא יִתְעֲבִיד כְּחֲמִירָא בְּעִיסָה וְעֲלֵיהּ יִבְנֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כָּל גּוּפָא.
וְלָא יָהִיב לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא נִשְׁמָתִין אֶלָּא בְּאַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל. דִּכְתִיב, (יחזקאל ל״ז:י״ב) הִנֵּה אֲנִי פּוֹתֵחַ אֶת קִבְרוֹתֵיכֶם וְהַעֲלֵיתִי אֶתְכֶם מִקִּבְרוֹתֵיכֶם עַמִּי וְהֵבֵאתִי אֶתְכֶם אֶל אַדְמַת יִשְׂרָאֵל. דְּיִתְגַּלְגְּלוּן תְּחוֹת אַרְעָא. וּלְבָתַר מַה כְּתִיב וְנָתַתִּי רוּחִי בָכֶם וִחְיִיתֶם וְגו'. דְּהָא בְּאַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל יְקַבְּלוּן נִשְׁמָתִין כָּל (אנון) בְּנֵי עָלְמָא. בַּר אִלֵּין (דרא דטופנא) דְּאִסְתָּאֲבוּ וּסְאִיבוּ אַרְעָא. בְּאִלֵּין כְּתִיב וַיִּמָּחוּ מִן הָאָרֶץ. מִן הָאָרֶץ דַּיְיקָא. וְאַף עַל גַּב דְּאַקְשׁוּ וְאַפְלִיגוּ קַדְמָאֵי עַל דָּא. וַיִּמָּחוּ כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים ס״ט:כ״ט) יִמָּחוּ מִסֵּפֶר חַיִים.
אָמַר לֵיהּ רַבִּי שִׁמְעוֹן וַדַּאי לֵית לוֹן חוּלָקָא בְּעָלְמָא דְאָתֵי דִּכְתִיב וַיִּמָּחוּ מִן הָאָרֶץ. וּכְתִיב לְעוֹלָם יִירְשׁוּ אָרֶץ. אֲבָל יְקוּמוּן בְּדִין. וְעֲלַיְיהוּ כְּתִיב, (דניאל י״ב:ב׳) וְרַבִּים מִישֵׁנִי אַדְמַת עָפָר יָקִיצוּ אֵלֶּה לְחַיֵּי עוֹלָם וְאֵלֶּה לַחֲרָפוֹת וּלְדֵרָאוֹן עוֹלָם. וּפְלוּגְתָּא בְּהָא אֲבָל כֹּלָּא כְּמָה דְאוּקְמוּהָ חַבְרַיָיא:
וַיִּמַּח אֶת כָּל הַיְקוּם אֲשֶׁר עַל פְּנֵי הָאֲדָמָה. רַבִּי אַבָּא אָמַר (את כל) לְאַכְלָלָא כָּל אִנּוּן שַׁלִּיטִין דְּשָׁלְטִין מְמַנָּן עַל אַרְעָא. וְדָא הוּא הַיְקוּם אֲשֶׁר עַל פְּנֵי הָאֲדָמָה. דְּכַד עָבִיד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דִּינָא בִּבְנֵי עָלְמָא אַעֲבַר לְאִנּוּן שַׁלִּיטִין דִּמְמַנָּן עֲלַיְיהוּ בְּקַדְמִיתָא וּלְבָתַר לְאִנּוּן דְּיַתְבֵי תְּחוֹת גַּדְפַיְיהוּ דִּכְתִיב (ישעיהו כ״ד:כ״א) יִפְקוֹד יְיָ עַל צְבָא הַמָּרוֹם בַּמָּרוֹם וּלְבָתַר עַל מַלְכֵי הָאֲדָמָה עַל הָאֲדָמָה.
וְהֵיךָ מִתְעַבְרָן קַמֵּיהּ. אֶלָּא אַעֲבַר לוֹן בְּנוּרָא דְּדָלִיק הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (דברים ד׳:כ״ד) כִּי ה' אֱלהֶיךָ אֵשׁ אוֹכְלָה הוּא אֵל קַנָּא. אֶשָׁא (הוא) דְּאָכִיל אֶשָׁא. הַהוּא יָקוּם דְּעֲלַיְיהוּ (נ''א מעבר) בְּאֶשָׁא. וְאִנּוּן דְּיַתְבֵי תְּחוֹתַיְיהוּ בְּמַיָא. וּבְגִינֵי כָּךְ וַיִּמַּח אֶת כָּל הַיְקוּם אֲשֶׁר עַל פְּנִי הָאֲדָמָה. וּלְבָתַר מֵאָדָם וְעַד בְּהֵמָה עַד רֶמֶשׂ וְעַד עוֹף הַשָּׁמַיִם וַיִּמָּחוּ מִן הָאָרֶץ. כָּל אִלֵּין דִּלְתַתָּא. וַיִּשָּׁאֶר אַךְ נֹחַ. אַךְ לִמְעוּטֵי. דְּלָא אִשְׁתָּאֲרוּ בְּעָלְמָא בַּר נֹחַ וּדְעִמֵּיהּ בְּתֵיבוּתָא. רַבִּי יוֹסֵי אוֹמֵר חֲגִיר הֲוָה דְּאָכִישׁ לֵיהּ אַרְיָא וְהָא אוּקְמוּהָ:
וַיִּזְכֹּר אֱלהִים אֶת נֹחַ וְאֶת כָּל הַחַיָּה וְאֶת כָּל הַבְּהֵמָה אֲשֶׁר אִתּוֹ בַּתֵּבָה. רַבִּי חִיָּיא פָּתַח (משלי כ״ב:ג׳) עָרוּם רָאָה רָעָה וְנִסְתָּר. הַאי קְרָא אִתְּמָר עַל נֹחַ דְּעָאל לְתֵיבוּתָא וְאִסְתַּתַּר בָּהּ. וְעָאל לְגוֹ תֵיבוּתָא בְּזִמְנָא דְמַיָּיא דָּחֲקוּ לֵיהּ. וְהָא אִתְּמָר דְּעַד לָא עָאל לְתֵיבוּתָא חָמָא לֵיהּ לְמַלְאַךְ הַמָּוֶת דְּאָזִיל בֵּינַיְיהוּ וְאַסְחַר לוֹן. כֵּיוָן דְּחָמָא לֵיהּ, עָאל לַתֵּבָה וְאִסְתַּתַּר בְּגַוָּהּ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב עָרוּם רָאָה רָעָה וְנִסְתָּר. רָאָה רָעָה דָּא מַלְאַךְ הַמָּוֶת וְנִסְתָּר מִקַּמֵּיהּ הֲדָא הוּא דִכְתִיב מִפְּנֵי מֵי הַמַּבּוּל.
רַבִּי יוֹסֵי אָמַר עָרוּם רָאָה רָעָה וְנִסְתָּר. (ויסתר לא כתיב), אַהֲדַר עַל מַה דְּאִתְּמָר בְּזִמְנָא דְּמוֹתָא שַׁרְיָא בְּעָלְמָא בַּר נָשׁ חַכִּים יִסָּתֵר וְלָא יָקוּם לְבַר וְלָא יִתְחֲזֵי קַמֵּי מְחַבְּלָא. בְּגִין דְּכֵיוָן דְּאִתְיְיהִיב לֵיהּ רְשׁוּ, יְחַבֵּל כָּל אִנּוּן דְּיִשְׁתַּכְּחוּן קַמֵּיהּ וְיַעַבְרוּן קַמֵּיהּ בְּאִתְגַלְיָיא. וְסוֹפָא דִקְרָא וּפְתָאִים עָבְרוּ וְנֶעֱנָשׁוּ עָבְרִין קַמֵּיהּ וְאִתְחַזְיָין קַמֵּיהּ וְנֶעֱנָשׁוּ.
דָּבָר אַחֵר עָבְרוּ, עָבְרוּ פִּקּוּדָא (דא) (נ''א דמאריהון) וְנֶעֱנָשׁוּ. דָּבָר אַחֵר עָרוּם רָאָה רָעָה וְנִסְתָּר דָּא נֹחַ. וּפְתָאִים עָבְרוּ וְנֶעֱנָשׁוּ אִלֵּין בְּנֵי דָרֵיהּ. (ונענשו), כֵּיוָן דְּאִסְתַּתַּר וְאִשְׁתָּהֵי תַּמָּן כָּל הַהוּא זִמְנָא. (Ⅰ)
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[69b]
[...] il arriva ensuite ce que dit l’Écriture (Gen. , VIII, 1) : « Et Élohim s’était souvenu de Noé. »
Rabbi Siméon dit : Remarquez que, durant le temps que la rigueur sévit dans le monde, l’Écriture n’emploie jamais le mot « souvenir » (zacar) ; ce n’est qu’après que la rigueur a cessé et que les coupables de ce monde ont été déjà exterminés que l’Écriture se sert du mot « souvenir ». Car, tant que la rigueur sévit dans le monde, il n’y a pas d’union ; et c’est l’ange exterminateur qui domine alors le monde. Mais, quand la rigueur a cessé et que la colère céleste est apaisée, tout rentre dans la voie normale.
C’est pourquoi l’Écriture dit ici : « Et Élohim s’était souvenu (va-ïzcor) de Noé. » Ainsi, le mot « zacar » est appliqué à Noé, parce que l’Écriture (Gen. , VI, 9) dit de lui qu’il était un homme juste.
Il est écrit (Ps. , LXXXIX, 10) : « Tu domines sur la puissance de la mer et tu apaises le mouvement de ses flots. » C’est à l’heure où le Saint, béni soit-il, lance vers la mer un trait ténu comme un fil et procédant du côté droit, que la mer s’agite et fait sortir les eaux de l’abîme, qui, tantôt s’élèvent et forment des vagues, et qui, tantôt s’enfonçant dans les profondeurs, creusent des vallées. Dieu arrête ensuite les vagues et calme la fureur des eaux sans que personne s’en aperçoive. Jonas jeté dans la mer fut englouti par un poisson. Comment Jonas put-il vivre dans les entrailles d’un poisson sans que son âme ne se séparât immédiatement de son corps ? Parce que Dieu domine ce fluide ténu comme un fil du côté gauche qui, seul, agite la mer et en fait monter les vagues en haut. Lorsque le fluide ténu comme un fil du côté droit descend dans la mer, le fluide ténu comme un fil du côté gauche va à sa rencontre pour s’unir à lui ; et c’est alors que les vagues s’agitent et rugissent comme des affamés avides de nourriture.
C’est donc au moment où la mer est agitée par les vagues que le Saint, béni soit-il, repousse celles-ci et les fait retourner à leur place. C’est ce que l’Écriture veut dire, par les mots : « Tu apaises le mouvement de ses flots. » Le mot «theschabhem » (tu apaises) signifie : Tu brises les vagues, pour les faire retourner à leur place. Selon une autre interprétation, le mot « theschabhem » doit être traduit d’après le sens littéral qui est : « tu loues » ; car Dieu loue, en effet, les vagues de la mer de leur désir de contempler le fluide ténu comme un fil du côté droit lancé à la mer ; car ce désir est la seule cause de leur agitation. Nous inférons de ce passage que tout homme mérite des éloges lorsqu’il est avide de connaître les mystères divins et qu’il s efforce de les pénétrer ; un tel homme est louable, alors même qu’il n’arrive jamais à son but, parce que le ciel ne l’a pas doué d’une intelligence suffisante pour l’atteindre.
Rabbi Yehouda dit : Tant que Noé séjourna dans l’arche, il appréhenda que le Saint, béni soit-il, ne se souvînt de lui ; mais après que la rigueur eut sévi et que les coupables du monde eurent été exterminés l’Écriture dit : « Et Élohim s’était souvenu de Noé. »
Rabbi Éléazar dit : Remarquez qu’à l’époque où la rigueur sévit dans le monde, il vaut mieux pour l’homme que son nom ne soit jamais rappelé au Saint, béni soit-il, dans le ciel ; car si on y rappelle son nom, on y rappelle également ses péchés et on examinera ses actions. D’où savons-nous ce qui précède ? Nous le savons de la Sunamite ; car le jour où Élisée logea chez la Sunamite était le premier jour de l’An (47), durant lequel jour le Saint, béni soit-il, juge le monde. Aussi, Élisée dit à la femme (IV Rois, IV, 13) : « Veux-tu que je parle pour toi au Roi ? » Ici, le mot « Roi » désigne le Saint, béni soit-il, qui est appelé «Roi», «Roi-Saint», « Roi de Justice». Mais la Sunamite lui répondit (Ibid.) : «Je demeure au milieu de mon peuple. » Elle voulait dire : «Je ne veux être rappelée à Dieu autrement que collectivement avec mon peuple », de manière que ses actes ne fussent pas examinés séparément, mais collectivement avec ceux de tout le peuple ; car, quand on examine les actes du peuple en général, les fautes de chaque individu paraissent moins graves : c’est pourquoi la Sunamite voulait que ses actes fussent examinés simultanément avec ceux de tout le peuple.
Remarquez que, tant que la colère céleste sévissait dans le monde, il n’y avait aucune souvenancede Noé ; mais dès que la rigueur eut cessé, l’Écriture dit : « Et Élohim s’était souvenu de Noé. » Selon une autre interprétation, les paroles de l’Écriture (Gen. , VIII, 1) : « Et Élohim s’était souvenu de Noé» ont la même signification que les paroles (Ex. , VI, 5) : « Et j’ai présente à l’esprit mon Alliance. » Rabbi Hizqiya, allant un jour de Cappadoce à Lyda, rencontra Rabbi Yessa. Celui-ci lui dit : Je m’étonne que tu ailles seul, alors qu’un précepte nous interdit de nous mettre seul en route.
Rabbi Hizqiya lui répondit : Je suis accompagné par un jeune garçon qui va bientôt me rejoindre. Rabbi Yessa lui répliqua : Je suis quand même étonné que tu te fasses accompagner par un jeune garçon avec lequel tu ne peux aucunement t’entretenir sur des sujets concernant la doctrine, alors qu’aux termes d’un autre précepte, s’expose à un danger quiconque ne s’entretient pendant le voyage sur des choses relatives à la doctrine.
Rabbi Hizqiya lui répondit : En effet, tu as raison. Pendant ce temps, le jeune garçon arriva.
Rabbi Yessa lui dit : Mon fils, d’où es-tu ? Le garçon répondit : Je suis de laville de Lyda ; et comme j’ai entendu que cet homme illustre s’y rend, je me suis empressé de le servir pendant son voyage et de l’accompagner jusqu’à ma ville natale. Rabbi Yessa reprit : Mon fils, as-tu quelques connaissances des choses relatives à la doctrine ? Le garçon répondit : J’en ai ; car mon père m’a appris la section des sacrifices ; et, en outre, j’ai souvent prêté l’oreille aux leçons que mon père donnait à mon frère ainé. Rabbi Yessa lui dit alors : Mon fils, dis-moi ce que tu sais. Le garçon commença sa conférence de la manière suivante : Il est écrit : « Et Noé dressa un autel au Seigneur ; et, prenant de tous les animaux et de tous les oiseaux purs, il les offrit en holocauste sur cet autel. » Par les paroles : « Et Noé dressa un autel », l’Écriture désigne l’autel sur lequel le premier homme avait déjà sacrifié. Pourquoi Noé [...]
- לְבָתַר וַיִּזְכֹּר אֱלֹהִים אֶת נֹחַ.
אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן (ויזכור אלהים את נח) תָּא חֲזֵי בְּשַׁעֲתָא דְּדִינָא אִתְעֲבִיד לָא כְּתִיב בֵּיהּ זְכִירָה. כֵּיוָן דְּאִתְעֲבִיד (ביה) דִּינָא וְאִתְאֲבִידוּ חַיָּיבֵי עָלְמָא, כְּדֵין כְּתִיב בֵּיהּ זְכִירָה. דְּהָא כַּד דִּינָא שַׁרְיָא בְּעָלְמָא אִתְחַבְּרוּתָא לָא אִשְׁתְּכַח. וּמְחַבְּלָא שַׁרְיָא עַל עָלְמָא. כֵּיוָן דְּאִתְעֲבַר דִּינָא וְאִשְׁתַּכִּיךְ רוּגְזָא, תָּב כֹּלָּא לְאַתְרֵיהּ. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב הָכָא וַיִּזְכֹּר אֱלהִים אֶת נֹחַ. דְּבֵיהּ שַׁרְיָא זָכוֹר. דְּנֹחַ אִישׁ צַדִּיק כְּתִיב בֵּיהּ.
כְּתִיב, (תהילים פ״ט:י׳) אַתָּה מוֹשֵׁל בְּגֵאוּת הַיָּם בְּשׂוֹא גַלָּיו אַתָּה תְשַׁבְּחֵם. בְּשַׁעֲתָא דְּיַמָּא קָפִיץ בְּגַלְגּוּלֵי וּתְהוֹמֵי סָלְקֵי וְנָחֲתֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שָׁדַר חַד חוּטָא מִסִּטְרָא דְּיָמִינָא וּמָשִׁיךְ גַּלְגְּלוֹי וְשָׁכִיךְ זַעְפֵּיהּ וְלֵית מַאן דְּיָדַע לֵיהּ.
יוֹנָה נָחַת לְיַמָּא וְאִזְדַּמַּן לֵיהּ הַהוּא נוּנָא וּבָלַע לֵיהּ. הֵיךְ לָא נָפְקַת נִשְׁמְתֵיהּ מִנֵּיהּ וְלָא פָּרְחָא מִיָּד. אֶלָא בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שַׁלִּיט בְּהַהוּא גֵּאוּתָא דְיַמָּא. וְהַהוּא גֵּאוּתָא דְיַמָּא הוּא חַד חוּטָא דִּשְׂמָאלָא דְּסָלִיק לֵיהּ לְיַמָּא לְעֵילָא וּבֵיהּ אִסְתַּלַּק. וְאִי לָאו הַהוּא חוּטָא דְּמָטֵי לֵיהּ מִסִּטְרָא דְּיָמִינָא לָא סָלְקָא לְעָלְמִין. דְכַד (דכיון) דְּהַהוּא חוּטָא נָחִית לְיַמָּא וְיַמָּא אִתְאַחִיד בָּהּ כְּדֵין אִתְעָרִין גַּלְגְּלוֹי וְשַׁאֲגָן לְמִטְרַף טַרְפָּא. עַד דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָתִיב לֵיהּ (לון) לְאֲחוֹרָא וְתָבִין לְאַתְרַיְיהוּ.
הֲדָא הוּא דִכְתִיב בְּשׂוֹא גַלָּיו אַתָּה תְשַׁבְּחֵם. תְּשַׁבְּחֵם לְאִנּוּן גַּלֵּי יַמָּא. תְּשַׁבְּחֵם תְּתַבַּר לוֹן לְאֲתָבָא לְאַתְרַיְיהוּ. דָּבָר אַחֵר תְּשַׁבְּחֵם מַמָּשׁ שְׁבָחָא הוּא לוֹן בְּגִין דְּסָלְקִין בְּתִיאוּבְתָּא לְמֶחמֵי. מִכָּאן כָּל מָאן דְּכָסִיף לְאִסְתַּכָּלָא וּלְמִנְדַע אַף עַל גַּב דְּלָא יָכִיל (נ''א ולא יהבין ליה רשותא) שְׁבָחָא אִיהוּ דִילֵיהּ וְכֹלָּא מְשַׁבְּחָן לֵיהּ.
אָמַר רַבִּי יְהוּדָה נֹחַ כַּד הֲוָה בַּתֵּיבָה דָּחִיל הֲוָה דְּלָא יִדְכַּר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְעָלְמִין. וְכֵיוָן דְּאִתְעֲבִיד דִּינָא וְאִתְעֲבָרוּ חַיָּיבֵי עָלְמָא כְּדֵין מַה כְּתִיב וַיִּזְכֹּר אֱלֹהִים אֶת נֹחַ.
רַבִּי אֶלְעָזָר אָמַרתָּא חֲזֵי, בְּשַׁעֲתָא דְדִינָא שַׁרְיָא בְּעָלְמָא לָא לִיבָּעֵי לֵיהּ לְאֵינִישׁ דְּיִדְכַּר שְׁמֵיהּ לְעֵילָא (קמיה דקודשא בריך הוא בעלמא). דְּהָא אִי אַדְכַּר שְׁמֵיהּ יִדְכְּרוּן חוֹבוֹי (כלהו) וְיֵיתוּן לְאַשְׁגָּחָא בֵּיהּ. מְנָלָן מִשּׁוּנַמִּית, דְּהַהוּא יוֹמָא יוֹם טוֹב דְּרֹאשׁ הַשָּׁנָה הֲוָה וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דָּאִין עָלְמָא. וּכְדֵין אָמַר לֵיהּ אֱלִישָׁע (מלכים ב ד׳:י״ג) הֲיֵשׁ לְדַבֵּר לָךְ אֶל הַמֶּלֶךְ דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. דִּכְדֵין אִקְרֵי מֶלֶךְ. מֶלֶךְ הַקָּדוֹשׁ מֶלֶךְ הַמִּשְׁפָּט. וַתֹּאמֶר בְּתוֹךְ עַמִּי אָנֹכִי יוֹשָׁבֶת. לָא בָּעֵינָא דְּיִדְכְּרוּן לִי וְיִשְׁגְּחוּן בִּי אֶלָּא בְּתוֹךְ עַמִי. מַאן דְּעֲיִּיל רֵישֵׁיהּ בֵּין עַמָּא (כלא) לָא יִשְׁגְּחוּן עֲלֵיהּ לְמֵידַן לֵיהּ לְבִישׁ. בְּגִינֵי כָךְ אָמְרָה בְּתוֹךְ עַמִּי.
תָּא חֲזֵי, נֹחַ בְּשַׁעֲתָא דְרוּגְזָא שַׁרְיָא בְּעָלְמָא לָא אִדְכַּר. כֵּיוָן דְּדִינָא אִתְעֲבָר מַה כְּתִיב וַיִּזְכֹּר אֱלהִים אֶת נֹחַ הַשְׁתָּא אִדְכַּר שְׁמֵיהּ. דָּבָר אַחֵר וַיִּזְכֹּר אֱלהִים אֶת נֹחַ כְּמָה דְּאַתְּ אָמֵר וָאֶזְכֹּר אֶת בְּרִיתִי.
רַבִּי חִזְקִיָּה הֲוָה אָזִיל מִקַּפּוֹטְקִיָּא לְלוּד. פָּגַע בֵּיהּ רַבִּי יֵיסָא. אָמַר לֵיהּ תְּוַוהְנָא עֲלָךְ דְּאַתְּ בִּלְחוֹדָךְ. דְּהָא תָּנִינָן דְּלָא יִפּוּק בַּר נָשׁ יְחִידָאי בְּאָרְחָא. אָמַר לֵיהּ רַבְיָא חַד אָזִיל בַּהֲדָאי וְאִיהוּ אָתֵי אֲבַתְרָאי. אָמַר לֵיהּ וְעַל דָּא תְּוַוהְנָא אֵיךְ אָזִיל בַּהֲדָךְ מַאן דְּלָא תִשְׁתָּעֵי בֵּיהּ מִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא. דְּהָא תָּנִינָן כָּל מַאן דְּאָזִיל בְּאָרְחָא וְלָאו עִמֵּיהּ מִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא אִסְתַּכַּן בְּנַפְשֵׁיהּ. אָמַר לֵיהּ הָכִי הוּא וַדַּאי.
אַדְהָכִי מָטָא הַהוּא רַבְיָא. אָמַר לֵיהּ רַבִּי יֵיסָא בְּרִי מֵאָן אֲתַר אַנְתְּ. אָמַר לֵיהּ מִקַּרְתָּא דְלוּד וְשָׁמַעְנָא דְּהַאי בַּר נָשׁ חַכִּים אָזִיל תַּמָּן וְזַמִּינָא גַרְמָאי לְפוּלְחָנִיהּ וּלְמֵיהַךְ בַּהֲדֵיהּ. אָמַר לֵיהּ בְּרִי יְדַעְתְּ מִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא. אָמַר לֵיהּ יְדַעְנָא דְּהָא אַבָּא הֲוָה אוֹלִיף לִי בְּפָרָשַׁת קָרְבָּנוֹת וְאַרְכִינָא אוּדְנָאי לְמַאי דְּהֲוָה אָמַר עִם אָחִי דְּאִיהוּ קְשִׁישָׁא מִנָּאי. אָמַר לֵיהּ רַבִּי יֵיסָא בְּרִי אֵימָא לִי.
פָּתַח וְאָמַר וַיִּבֶן נֹחַ מִזְבֵּחַ לַיְיָ וַיִּקַּח מִכָּל הַבְּהֵמָה הַטְּהוֹרָה וּמִכָּל הָעוֹף הַטָּהוֹר וַיַּעַל עוֹלוֹת בַּמִּזְבֵּחַ. וַיִּבֶן נֹחַ מִזְבֵּחַ, דָּא אִיהוּ מִזְבֵּחַ דְּאַקְרִיב בֵּיהּ אָדָם קַדְמָאָה. נֹחַ (Ⅰ)
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[70a]
[...] avait-il offert un holocauste plutôt qu’un autre sacrifice? C’est parce que l’holocauste n’est offert que pour l’expiation des péchés commis par la pensée ; or, le péché de Noé était de cette nature : car Noé s’était dit en pensée : Comme le Saint, béni soit-il, a décrété le châtiment du monde et l’extermination de tous les êtres sur la terre, à la seule exception de ma personne, j’appréhende que cette faveur terrestre ne me prive de la récompense céleste et de la vie future. Or, comme cette pensée était criminelle, Noé dressa immédiatement un autel au Seigneur, qui était le même sur lequel Adam avait sacrifié. Si c’était le même autel que celui d’Adam, pourquoi Noé avait-il besoin de le dresser puisqu’il existait déjà ? Mais comme les péchés du monde ont provoqué le Déluge qui a tout détruit et tout renversé, l’autel d’Adam avait subi le même sort ; aussi fallait-il que Noé le dressât à nouveau.
L’Écriture dit : « Il offrit des holocaustes. » Le mot «holocauste» (Oloth) est écrit au singulier, alors qu’il est prononcé au pluriel (48). En voici la raison : Il est écrit (Lévit. , I, 17) : « L’holocauste est une femme (49) et une odeur agréable à Dieu. » Or, l’animal offert en holocauste doit être un mâle, ainsi qu’il est écrit (Ibid. , 3 et 10) : «Il choisira un mâle sans défaut. » Pourquoi donc l’Écriture dit-elle : « L’holocauste est une femme (ischah) » ? Il est vrai que le mot « ischah » est traduit, d’après le sens littéral, « brûlant » et désigne les offrandes destinées à être consumées par le feu ; mais, si tel était le sens véritable du mot, il devrait être orthographié « esch », sans le Hé final? La vérité est que, tout en étant un mâle, l’holocauste a pour but d’unir le principe mâle avec le principe femelle qui ne doivent jamais rester séparés ; l’holocauste a pour but de faire monter le principe femelle vers le principe mâle et de les unir. Bien que le mot « ischeh » soit interprété « consumé», d’après une tradition, ce mot a encore un sens anagogique. Noé devait nécessairement offrir un holocauste, attendu qu’il représentait le principe mâle, que le Saint, béni soit-il, unit à l’arche, symbole du principe femelle.
C’est pourquoi Noé a offert un holocauste qui est également le symbole de l’union du principe mâle et femelle ; et c’est pour cette raison que l’Écriture désigne l’holocauste sous le nom de « ischah », mot composé d’ « esch » et du Hé, ce qui est le symbole de l’union du principe femelle, qui émane du côté gauche, au principe mâle, qui émane du côté droit. Voici la raison pour laquelle l’holocauste (Olah) est appelé « femme » (ischah). « Ischah » désigne le lien d’amour qui unit le côté gauche à l’holocauste, symbole du côté mâle, afin que le côté droit fasse monter avec lui le côté gauche et le confonde avec lui.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « L’holocauste (Olah) est une femme (ischah) », ce qui veut dire que l’holocauste opère l’union du principe mâle avec le principe femelle. L’Écriture (Gen. , VIII, 21) dit : « ... Et Dieu sentit l’odeur agréable » ; et ailleurs (Lévit. , I, 17) il est écrit « Ischeh est une odeur agréable. » Voici ce que nous avons entendu au sujet du mot « ischeh » : La fumée et le feu sont unis ensemble ; car il n’y a pas de fumée sans feu, ainsi qu’il est écrit (Ex. , XIX, 18) : « Et la montagne de Sion était couverte de fumée, parce que le Seigneur y était descendu au milieu des feux. » Or, remarquez que le feu est un élément intérieur d’une grande subtilité et n’est visible à l’œil que lorsqu’il sort de l’intérieur et s’unit à un corps moins subtil que lui-même. Ainsi, le feu n’étant visible qu’uni à un autre corps palpable, il s’ensuit que tout feu produit de la fumée, parce que la fumée n’est que l’effet du contact du feu très subtil avec un élément plus dense. On peut observer l’exactitude de ce fait à l’haleine rejetée des narines qui est la fumée qui sort du feu ; c’est pourquoi l’Écriture (Deut. , XXXIII, 10) dit : « Ils mettront de l’encens dans tes narines. » Parce que le feu retourne à son lieu d’origine et les narines, sentant l’odeur, la respirent et l’absorbent de façon à former un tout et le ramener à son origine ; et tout rentre dans la Pensée et ne forme qu’un seul désir.
C’est pourquoi l’Écriture dit « odeur agréable » (xxyn nihoah). « Nihoah » veut dire : qui apaise la colère et qui amène la paix ; car la fumée y est entrée et s’est unie avec le feu, en pénétrant dans l’intérieur jusqu’à ce qu’elle apaise la colère. Et, lorsque l’union parfaite est accomplie et que la colère est apaisée, la joie règne partout et fait briller des lumières éclatantes ; c’est pourquoi le verset dit : «... Et Dieu sentit l’odeur agréable», comme si Dieu respirait et absorbait tout en lui.
Rabbi Yessa s’approcha du jeune garçon et l’embrassa, lui disant : Tu possèdes un si grand trésor, et nous ne nous en doutions pas lorsque nous t’avons rencontré ! Je veux rebrousser chemin et t’accompagner. Tous les trois prirent alors le même chemin.
Rabbi Hizqiya dit : La Schekhina nous accompagne dans ce voyage, puisqu’elle nous favorise d’apprendre des mystères qui nous étaient inconnus. Il prit alors le jeune garçon par la main ; et tous les trois continuèrent leur chemin. Rabbi Hizqiya et Rabbi Yessa dirent ensuite au jeune garçon : Récite-nous un de ces versets dont tu as appris l’interprétation par ton père. Le jeune garçon commença à parler ainsi : L’Écriture (Cant. , I, 2) dit : « Qu’il me donne un baiser de sa bouche. » Ce verset désigne le désir céleste et signifie que le désir émane de sa bouche et non du feu de ses narines ; car, lorsque la bouche embrasse, le feu sort avec amour, avec l’éclat de la face, et la joie universelle, et l’union qui apaise.
C’est pourquoi L’Écriture ajoute : « ... Car tes mamelles sont meilleures que le vin. » L’Écriture entend ce vin qui réjouit et qui fait refléter la joie sur le visage et dans les yeux de ceux qui en boivent, mais non pas de ce vin qui enivre, qui provoque la colère, qui assombrit le visage et qui ternit les yeux. un tel vin est appelé « vin de colère ». Et, parce que ce vin est bon, il éclaire la face, donne l’éclat aux yeux et provoque le désir et l’amour. C’est pourquoi on faisait chaque jour des libations de vin sur l’autel [...]
- אַמַּאי קָרִיב עוֹלָה. דְּהָא עוֹלָה לָא סַלְקָא אֶלָּא בְּגִין הִרְהוּרָא דְלִבָּא (דרעותא) וְנֹחַ בְּמָּה חָב. אֶלָּא נֹחַ הִרְהֵר וְאָמַר הָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא גָּזַר דִּינָא עַל עָלְמָא דְּיִתְחָרַב, דִּילְמָא בְּגִין דְּשֵׁזִיב לִי כָּל זְכוּתָא פָּקַע לִי וְלָא יִשְׁתָּאַר לִי זְכוּ בְּעָלְמָא. מִיָּד וַיִּבֶן נֹחַ מִזְבֵּחַ לַיְיָ.
הַהוּא מִזְבֵּחַ דְּאַקְרִיב בֵּיהּ אָדָם הָרִאשׁוֹן הֲוָה. אִי הָכִי אַמַּאי וַיִּבֶן. אֶלָּא בְּגִין דְּחַיָּיבֵי עָלְמָא גָּרְמוּ דְּלָא קָיְימָא בְּדוּכְתֵּיהּ. כֵּיוָן דְּאָתָא נֹחַ כְּתִיב בֵּיהּ וַיִּבֶן. וַיַּעַל עוֹלוֹת עֹלַת כְּתִיב חָדָא (הוא). כְּתִיב, (ויקרא א׳:י״ג) עוֹלָה הִוא אִשֵּׁה רֵיחַ נִיחֹחַ לַיְיָ (לעולם עולה סלקא דכר. אי) עוֹלָה סַלְקָא דְּכַר וְלָא סַלְקָא נוּקְבָא דִּכְתִיב זָכָר תָּמִים יַקְרִיבֶנּוּ. אַמַּאי כְּתִיב אִשֶּׁה דְּהָא אֵשׁ בָּעֵי לְאִשְׁתַּכְּחָא תַּמָּן.
אֶלָא אַף עַל גַּב דְּעוֹלָה אִתְקְרִיב דָּכָר. וּלְאַתְרֵיהּ אִתְקְרִיב. נוּקְבָא לָא בָּעְיָא לְאִתְפָּרְשָׁא מִנֵּיהּ, אֶלָּא בָּהּ אִתְקְרִיב בְּגִין לְחַבְּרָא דָּא בְּדָא. דְּסָלְקָא נוּקְבָא לְגַבֵּי דְכוּרָא לְאִתְחַבְּרָא כְּחֲדָא. וְאַף עַל גַּב דְּאִשֶּׁה לְשׁוּם אִישִׁים.
נֹחַ אִצְטְרִיךְ לֵיהּ לְמִקְרַב עוֹלָה. דְּאִיהוּ בְּאֲתַר דִּדְכוּרָא. עֲבַד לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאִתְחַבְּרָא וּלְאַעֲלָאָה בַּתֵּיבָה. וְעַל דָּא אַקְרִיב עוֹלָה. עוֹלָה הוּא אִשֶּׁה. אֵשׁ ה' דְּאִתְחַבַּר (בה) שְׂמָאלָא בְּנוּקְבָא. דְּהָא (כל) נוּקְבָא מִסִּטְרָא דִשְׂמָאלָא קָא אַתְיָא וּדְכוּרָא מִסִטְרָא דִימִינָא בְּאִתְדַּבְּקוּתָא דָּא בְּדָא. וּבְגִין כָּךְ אִקְרֵי נוּקְבָא אִשֶּׁה. אִשֶּׁה קְטִירוּ דִּרְחִימוּ דְּאָחִיד בָּהּ שְׂמָאלָא לְסַלְקָא לָהּ לְעֵילָא וּלְאִתְקַשְּׁרָא כְּחֲדָא. וּבְגִין כָּךְ (ד''א כתיב) עוֹלָה הִוא אִשֵּׁה. קְשִׁירוּ דִּדְכַר וְנוּקְבָא דָּא בְּדָא:
וַיָּרַח יְיָ אֶת רֵיחַ הַנִּיחֹחַ. וּכְתִיב אִשֶּׁה רֵיחַ נִיחוֹחַ. אִשֶּׁה הָכִי שְׁמַעְנָא תְּנָנָא וְאֶשָׁא מְחֻבָּרִין כְּחֲדָא. דְּהָא לֵית תְּנָנָא בְּלָא אֶשָׁא כְּמָה דִכְתִיב (שמות י״ט:י״ז-י״ח) וְהַר סִינַי עָשַׁן כֻּלּוֹ מִפְּנֵי אֲשֶׁר יָרַד עָלָיו יְיָ בָּאֵשׁ.
תָּא חֲזֵי (נשא קלז, קלח) אֵשׁ נָפִיק מִלְּגָיו וְאִיהוּ דַּק. וְאָחִיד בְּמִלָּה אָחֳרָא לְבַר דְּלָאו אִיהוּ דַּק הָכִי וְאִתְאַחֲדָן דָּא בְּדָא וּכְדֵין תְּנָנָא סָלְקָא. מַאי טַעְמָא בְּגִין דְּאִתְאֲחִיד אֶשָׁא בְּמִלָּה דְּרָגִישׁ. וְסִימָנָיךְ חוּטְמָא דְּנָפִיק בֵּיהּ תְּנָנָא מִגּוֹ אֶשָׁא.
וְעַל דָּא כְּתִיב (דברים ל״ג:י׳) יָשִׂימוּ קְטוֹרָה בְּאַפֶּךָ. בְּגִין דְּאַהֲדַר אֶשָׁא לְאַתְרֵיהּ. וְחוֹטְמָא (אתרגיש) אִתְכְּנִישׁ בְּהַהוּא רֵיחָא לְגוֹ לְגוֹ עַד דְּאִתְאַחִיד כֹּלָּא וְתָב לְאַתְרֵיהּ. וְאִתְקְרִיב כֹּלָּא לְגוֹ מַחְשָׁבָה וְאִתְעֲבִיד רְעוּתָא חָדָא. וּכְדֵין רֵיחַ נִיחֹחַ. דְּנָח רוּגְזָא וְאִתְעֲבִיד נַיְיחָא.
דְּהָא תְּנָנָא אִתְכְּנִישׁ וְעֲיִּיל וְקָמִיט בְּאֶשָׁא וְאֶשָׁא אָחִיד בִּתְנָנָא וְעַיְילֵי תַּרְוַויְיהוּ לְגוֹ לְגוֹ עַד דְּנָח רוּגְזָא. וְכַד אִתְאֲחִיד (אחיד) כֹּלָא דָּא בְדָא וְנָח רוּגְזָא, כְּדֵין הוּא נַיְיחָא, וּקְשִׁירוּ חַד וְאִתְקְרֵי נַיְיחָא. נַיְיחָא דְרוּחָא חֶדְוָותָא דְּכֹלָּא כְּחֲדָא. נְהִירוּ דְּבוֹצִינִין נְהִירוּ דְּאַנְפִּין. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, וַיָּרַח יְיָ אֶת רֵיחַ הַנִּיחֹחַ. כְּמַאן דְּאָרַח וְכָנִישׁ כֹּלָּא לְגוֹ אַתְרֵיהּ.
אַתָא רַבִּי יֵיסָא וּנְשָׁקֵיהּ. אָמַר וּמַה כָּל הָדֵין טָבָא אִית תְּחוֹת יְדָךְ וְלָא יְדַעְנָא בֵּיהּ. אָמַר אַהֲדַרְנָא מִן אוֹרְחָא, וְנִתְחַבֵּר בַּהֲדָךְ. אֲזְלוּ. אָמַר רַבִּי חִזְקִיָּה אָרְחָא דָא בַּהֲדֵי שְׁכִינְתָּא נְהַךְ דְּהָא מִתַקְנָא קַמָּן. אָחִיד בִּידָא דְּהַהוּא יְנוּקָא וְאֲזְלוּ. אָמְרוּ לֵיהּ אֵימָא לָן קְרָא חַד מֵאִנוּן דְּאָמַר לָךְ אֲבוּךְ.
פָּתַח הַהוּא יְנוּקָא וְאָמַר (שיר השירים א׳:ב׳) יִשָּׁקֵנִי מִנְשִׁיקוֹת פִּיהוּ, דָּא הוּא תְּאוֹבְתָּא עִלָּאָה דְּיִפּוּק (דנפקא) רְעוּתָא מִפּוּמָא לְנַשְׁקָא וְלָא נָפִיק מֵחוֹטְמָא כַּד אֶשָׁא נָפְקָא, דְּהָא כַּד אִתְחַבֵּר פּוּמָא לְנַשְׁקָא נָפִיק אֶשָׁא בִּרְעוּתָא בִּנְהִירוּ דְאַנְפִּין בְּחֶדְוָה דְּכֹלָא בְּאִתְדַּבְּקוּתָא דְנַיְיחָא.
וּבְגִין כָּךְ כִּי טוֹבִים דּוֹדֶיךָ מִיָּיִן. מֵהַהוּא יַיִן (יין) דְּמֶחדֵי וְנָהִיר אַנְפִּין וְחָיְיכִין עַיְינִין וְעָבִיד רְעוּתָא. וְלָאו מִיַּיִן דִּמְשַׁכֵּר (דשכיר) וְעָבִיד רוּגְזָא וְאַחְשִׁיךְ אַנְפִּין וְלָהֲטָאן עַיְינִין יַיִן דְּרוּגְזָא. וְעַל דָּא בְּגִין דְּחֲמַר דָּא טַב, נָהִיר אַנְפִּין וְחָדֵי עַיְינִין וְעָבִיד תִּיאוּבְתָּא דִרְחִימוּ, מַקְרִיבִין לֵיהּ כָּל יוֹמָא עַל גַּבֵּי מַדְבְּחָא (Ⅰ)
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[70b]
[...] en telle quantité qu’elle réjouisse ceux qui la boivent, ainsi qu’il est écrit (Nomb. , XXVIII,7) : « Et tu offriras pour offrande de liqueur une mesure de vin de la quatrième partie du him. » Tel est le sens des paroles de l’Écriture : «... Car tes mamelles sont meilleures que le vin », ce qui veut dire : de ce vin qui provoque la joie et les désirs. Car tout est formé en haut comme en bas ; et, lorsque le désir se réveille en bas, il se réveille également en haut. Ce sont deux chandelles ; lorsque celle d’en haut est éteinte, la flamme de celle d’en bas, qui monte dans la fumée de l’holocauste, rallume celle d’en haut.
Rabbi Hizqiya dit : En vérité, ceci est exact ; le monde d’en haut dépend de celui d’en bas ; et celui d’en bas dépend de celui d’en haut. Et depuis la destruction du temple, à Jérusalem, les bénédictions n’ont plus été répandues dans le monde d’en haut, ni dans celui d’en bas ; car ces deux mondes dépendent l’un de l’autre. Rabbi Yossé a dit également que, depuis ce jour, les bénédictions ne sont plus répandues ; mais les malédictions sont répandues dans le monde, attendu que la source des bénédictions est tarie. Et pourquoi? Parce qu’Israël ne réside plus sur la terre et n’accomplit plus les devoirs indispensables pour allumer les chandelles célestes et obtenir les bénédictions. C’est pourquoi, depuis ce jour, il n’y a plus de bénédictions, ni en haut, ni en bas, et que le monde n’est plus dans son état normal. Rabbi Hizqiya dit en outre : L’Écriture (Gen. , VIII, 21), dit : « Je ne continuerai plus (lo osiph) à maudire la terre à cause de l’homme. » Que signifient les mots « lo osiph » ?
Rabbi Yessa répondit : Voici l’interprétation de ce verset que j’ai entendue de Rabbi Siméon : Tant que le Feu suprême dégage une chaleur intense, elle produit, par son contact avec la matière, une fumée épaisse qui constitue la rigueur d’en bas ; ainsi, plus la chaleur céleste arrive en grande quantité aux hommes, plus elle leur est funeste à cause de la fumée qu’elle dégage et qui finit par les exterminer tous. Mais quand la chaleur céleste n’arrive pas en grande abondance, la fumée qu’elle dégage et qui constitue la rigueur en bas n’est pas assez épaisse pour exterminer les hommes.
Tel est le sens des paroles de l’Écriture « lo osiph », ce qui veut dire : Je n’augmenterai pas la chaleur céleste que j’envoie en bas et qui, en venant en contact avec la matière, produit la fumée qui constitue la malédiction de la terre. Le jeune garçon dit alors : J’ai entendu qu’à partir du moment où Dieu dit à Adam (Gen., III, 17) : « Que la terre soit maudite à cause de toi », le mauvais serpent a obtenu l’autorisation de dominer sur la terre, de la détruire et d’en exterminer les habitants. Mais, à partir du jour où Noé a offert un holocauste dont le Saint, béni soit-il, a senti l’odeur, la terre a obtenu l’autorisation de s’affranchir du joug du serpent et de s’épurer de la souillure dont elle était infectée. C’est pourquoi Israël offre des holocaustes au Saint, béni soit-il, pour éclairer la face de la terre (50).
Rabbi Hizqiya dit : Ces paroles sont justes ; seulement, l’affranchissement de la terre du joug du serpent et son épuration n’étaient pas parfaits jusqu’au jour où Israël fut placé au pied du mont Sinaï.
Rabbi Yessa dit : Le Saint, béni soit-il, diminua la lumière de la lune et donna au serpent la domination sur la terre ; et tout cela à cause du péché de l’homme ; car toutes les œuvres de la création ont été maudites à cause de lui ; à partir du jour où Noé offrit un holocauste, la terre fut délivrée de la malédiction dont elle était chargée ; mais la lune a conservé son échancrure, excepté durant l’époque où les offres d’holocaustes avaient lieu dans ce monde et où Israël habitait sur sa terre. - S’adressant alors au jeune garçon, Rabbi Yessa lui demanda : Quel est ton nom ? Celui-ci répondit : Abba (Père).
Rabbi Yessa lui dit : Puisses-tu être père en tout, en sagesse aussi bien qu’en nombre d’années. Rabbi Yessa lui appliqua le verset suivant (Prov. , XXIII, 25) : « Que ton père et ta mère soient dans l’allégresse ; que celle qui t’a mis au monde tressaille de joie. »
Rabbi Hizqiya dit : Un jour arrivera où le Saint, béni soit-il, fera disparaître de ce monde l’esprit d’impureté, ainsi qu’il est écrit (Zac. , XIII, 2) : « Et je ferai disparaître de la terre l’esprit impur» ; et ailleurs (Is. , XXV, 8) il est écrit : « Il précipitera la mort pour jamais ; et le Seigneur Dieu sèchera les larmes de tous les yeux ; et il effacera de dessus la terre l’opprobre de son peuple ; car c’est le Seigneur qui a parlé. » Le jour arrivera où le Saint, béni soit-il, éclairera la lune d’une lumière semblable à celle du soleil et la délivrera de cette obscurité temporaire que lui a value le mauvais serpent, ainsi qu’il est écrit (Is. , XXV, 26) : « Et la lumière de la lune deviendra aussi éclatante que celle du soleil ; et la lumière du soleil deviendra sept fois plus grande, comme la lumière des sept jours. » Que signifient les paroles : « ... Comme la lumière des sept jours » ? Elles signifient : Comme la lumière primitive que le Saint, béni soit-il, a cachée, lors des sept jours de la création.
Il est écrit (Gen. , IX, 1) : « Et Élohim bénit Noé et ses enfants ; et il leur dit : Croissez et multipliez-vous et remplissez la terre. » Rabbi Abba a ouvert une de ses conférences de la manière suivante : L’Écriture (Prov. , X, 22) dit : « La bénédiction du Seigneur enrichit les hommes ; et l’affliction n’aura pas de part avec eux. » Les mots « la bénédiction du Seigneur » désignent la Schekhina qui est préposée aux bénédictions du monde ; car c’est d’elle qu’émanent les bénédictions de chaque homme.
Remarquez que, précédemment (Gen. VII, 1), l’Écriture a dit : « Et Jéhovah dit à Noé : Entre dans l’arche, toi et toute ta maison, etc. » Ainsi que nous l’avons déjà expliqué précédemment (51), c’était la permission, accordée à l’hôte par le maître de la maison, de pénétrer chez lui. Ensuite, c’est. l’épouse qui autorise l’hôte à sortir de la maison. Ainsi, l’hôte est d’abord entré avec la permission de l’époux et ensuite il est sorti avec la permission de l’épouse. Nous inférons de ces paroles de l’Écriture que c’est au maître [...]
- שִׁעוּרָא דְּמַאן דְּשָׁתֵי לֵיהּ חָדֵי לֵיהּ וְעָבִיד לֵיהּ נַיְיחָא דִכְתִיב (במדבר כח) וְנִסְכּוֹ יַיִן רְבִיעִית הַהִין. וּבְגִין כָּךְ כִּי טוֹבִים דּוֹדֶיךָ מִיָּיִן. מֵהַהוּא יַיִן דְּאִתְעַר רְחִימוּתָא וְתִיאוּבְתָּא.
וְכֹלָּא כְּמָה דִלְתַתָּא אִתְעַר רְחִימוּתָא דִּלְעֵילָא. תְּרֵין שְׁרַגִּין כַּד אִתְדָעַךְ נְהוֹרָא דִּלְעֵילָא בִּתְנָנָא דְסָלִיק מֵהַהוּא דִלְתַתָּא אִתְדְּלִיק הַהוּא דִלְעֵילָא. אָמַר רַבִּי חִזְקִיָה הָכִי הוּא וַדַּאי דְּעָלְמָא עִלָּאָה תַּלְיָא בְּתַתָּאָה וְתַתָּאָה בְּעִלָּאָה, וּמֵזִמְנָא דְּאִתְחְרִיב בֵּי מַקְדְּשָׁא בִּרְכָאן לָא אִשְׁתַּכָּחוּ לְעֵילָא וְתַתָּא. לְאַחֲזָאָה דְּדָא בְּדָא תַּלְיָא.
וְאָמַר רַבִּי יוֹסֵי בִּרְכָאן לָא אִשְׁתַּכָּחוּ וּלְוָוטִין אִשְׁתַּכָּחוּ, דְּהָא יְנִיקוּ דְּכֹלָּא בְּהַהוּא סִטְרָא נָפְקֵי (ד''א וברכאן לא נפקי), מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּיִשְׂרָאֵל לָא שַׁרְיָין בְּאַרְעָא וְלָא פָּלְחֵי פּוּלְחָנָא דְאִצְטְרִיךְ לְאַדְלָקָא בּוֹצִינִין וּלְאִשְׁתַּכָּחָא בִּרְכָאן, וּבְגִין כָּךְ לָא מִשְׁתַּכְּחֵי לְעֵילָא וְתַתָּא, וְעָלְמָא לָא יָתִיב בְּקִיּוּמֵיהּ כְּדְקָא יְאוּת.
וְאֲמַר רַבִּי חִזְקִיָּה לא אוֹסִיף לְקַלֵּל עוֹד אֶת הָאֲדָמָה בַּעֲבוּר הָאָדָם. מַאי הוּא, אָמַר רַבִּי יֵיסָא הָכִי שְׁמַעְנָא מֵרַבִּי שִׁמְעוֹן דְּאָמַר כָּל זִמְנָא דְּאֶשָׁא דִּלְעֵילָא אוֹסִיף לְתָקְפָא, תְּנָנָא דְּאִיהוּ דִינָא דִלְתַתָּא אַתְקִיף רוּגְזָא וְשָׁצֵי כֹּלָּא. בְּגִין דְּכַד נָפִיק אֶשָׁא לֵית לֵיהּ פֶּסֶק (קמיה) עַד דְּיִשְׁתְּלִים דִּינָא. וְכַד דִּינָא דִּלְתַתָּא לָא אוֹסִיף לְאִתְתַּקְפָא בְּדִינָא דִלְעֵילָא עָבִיד דִּינָא וּפָסִיק וְלָא יִשְׁתַּלַּם דִּינָא לְשֵׁיצָאָה. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב לֹא אוֹסִיף לְמֵיהַב תּוֹסֶפֶת לְאִתְתַּקְפָא דִינָא דִלְתַתָּא.
אָמַר הַהוּא יְנוּקָא שְׁמַעְנָא בְּגִין דִּכְתִיב אֲרוּרָה הָאֲדָמָה בַּעֲבוּרְךָ. דְּהָא בְּהַהִיא שַׁעֲתָא דְּאִתְלַטְיָא אַרְעָא בְּחוֹבָא דְאָדָם. אִתְיְיהִיב רְשׁוּ לְשַׁלְטָאָה עֲלָהּ הַהוּא חִוְיָא בִישָׁא דְּאִיהוּ מְחַבְּלָא דְעָלְמָא וְשָׁצֵי בְּנֵי עָלְמָא. מֵהַהוּא יוֹמָא דְּקָרִיב נֹחַ קָרְבָּנָא, וְאָרַח לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אִתְיְיהִיב רְשׁוּ לְאַרְעָא לְנַפְקָא מִתְּחוֹת הַהוּא נָחָשׁ וְנָפְקָא מִמְסָאָבָא. וְעַל דָּא מַקְרִיבִין יִשְׂרָאֵל קָרְבָּנָא לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּגִין לְאַנְהָרָא אַפֵּי אַרְעָא.
השלמה מההשמטות (סימן יג)
עוֹד פָּתַח הַהוּא יְנוֹקָא וְאָמַר (שיר השירים א') לְרֵיחַ שְׁמָנְיךָ טוֹבִים. לְרֵיחַ מָאן, אֶלָּא אִית רֵיחַ וְאִית רֵיחַ. רֵיחַ הַקָּרְבָּן וְרֵיחַ הַקְּטוֹרֶת. רֵיחַ הַקָּרְבָּן מַקְרִיב וּמְיַיחֵד כָּל אִינוּן שִׁבְטַיָּא דְּהֵיכָלָא דְּבֵּית דָוִד וְרֵיחַ הַקְּטוֹרֶת מַקְרִיב וּמְיַיחֵד וְאַנְהִיר אִינוּן בּוֹצִינִין עִלָּאִין נָהִיר (נהרי) אֲפַרְסְמוֹנָא דַכְיָא
וְעַל דָּא תְרֵין מָדְבְּחִין הֲווּ, מִזְבֵּחַ הַקְּטוֹרֶת וּמִזְבֶּחַ הָעוֹלָה מִזְבַּח הַקְּטוֹרֶת אִיהוּ פְּנִימָאָה מִזְבַּח הָעוֹלָה אִיהוּ לְבַר. רֵיחַ מִזְבַּח הָעוֹלָה מַתְקִין לְאַנְהֲרָא בּוֹצִינִין תַּתָּאִין, רֵיחַ מִזְבַּח הַקְּטוֹרֶת מַתְקִין לְאַנְהֲרָא בּוֹצִינִין עִלָּאִין. וְעַל דָּא לְרֵיחַ שְׁמָנֶיךָ טוֹבִים לְרֵיחַ דְּהַהוּא קְטוֹרֶת שְׁמָנְיךָ טוֹבִים.
בֹּא וּרְאֵה שְׁתֵּי מִזְבֶּחוֹת הֵן מִזְבֵּחַ פְּנִימִי לְעֵילָא מִזְבֵּחַ חִיצוֹן לְתַתָּא. מִזְבֵּחַ הַפְּנִימִי הוּא שָׁלֵם וְזֶהוּ דִּכְתִיב הַמִּזְבֵּחָה בְּתוֹסֶפֶת הֵ''א וְכָךְ הוּא בְכָל מָקוֹם. וּמִזְבֵּחַ הַחִיצוֹן הוּא חָסֵר הֵ''א כְּמוֹ נַעֲרָה נַעַר חָסֵר ה' אִשְׁתְּכַח דְמִאִתְעַרוּתָּא דְמִזְבֵּחַ הַפְּנִימִי (ס''א החיצון) שֶׁל מַטָּה אִתְעָר מִזְבֵּחַ הַפְּנִימִי שֶׁל מַעְלָה וּבְמָה אִתְעָר בְּרֵיחַ (ס''א דמאתערותא דמזבח החיצון של מטה אתער מזבח החיצון של מעלה ובמה אתער בריח הקרבנות. ובריח הקטורת של מזבח הפנימי של מטה אתער מזבח הפנימי של מעלה, ובמה אתער בריח הקטורת. ועל דא) הַקְּטוֹרֶת. הַקְּטוֹרֶת שֶׁל מַעְלָה וְאִתְעָר רֵיחַ הַקָּרְבָּן שֶׁל מַטָּה וְעַל דָּא (שיר השירים א') לְרֵיחַ שְׁמָנֶיךָ טוֹבִים אִינוּן בּוֹצִינִין נַהֲרִין וְנָצִיצִין. כְּתִיב הָכָא טוֹבִים וּכְתִיב הֲתָם (בראשית א') וַיַּרְא אֱלֹהִים אֶת הָאוֹר כִּי טוֹב: (עד כאן מההשמטות)
אָמַר רַבִּי חִזְקִיָּה יָאוֹת הוּא (והיא) וְהַאי הֲוָה תָּלֵי עַד דְּקָיְימוּ יִשְׂרָאֵל עַל טוּרָא דְסִינַי. אָמַר רַבִּי יִיִסָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַזְעִיר לָהּ לְסִיהֲרָא וְשָׁלְטָא הַהוּא נָחָשׁ, אֲבָל בְּגִין חוֹבָא דְּאָדָם אִתְלַטְיָיא בְּגִין לְמֵילַט עָלְמָא. בְּהַהוּא יוֹמָא (דאתייהבת אורייתא) נַפְקַת אַרְעָא מֵהַהִיא קְלָלָה וְקָיְימָא סִיהֲרָא בְּהַהִיא גְרִיעוּתָא, בַּר בְּשַׁעֲתָא דְקוּרְבָּנָא אִשְׁתַּכָּחוּ בְּעָלְמָא וְיִשְׂרָאֵל יָתְבִין עַל אַרְעֲהוֹן.
אָמַר רַבִּי יֵיסָא לְהַהוּא יְנוּקָא מַה שְּׁמָךְ, אָמַר לֵיהּ אַבָּא. אָמַר לֵיהּ אַבָּא תְּהֵא בְּכֹלָּא בְּחָכְמָה וּבְשָׁנִין. קָרָא עֲלֵיהּ (משלי כ״ג:כ״ה) יִשְׂמַח אָבִיךָ וְאִמֶּךָ וְתָגֵל יוֹלַדְתֶּךָ.
אָמַר רַבִּי חִזְקִיָּה זַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַעֲבָרָא רוּחַ מְסָאֳבָא מִן עָלְמָא כְּמָה (ד''א ל''ג דאתמר) דִכְתִיב, (זכריה י״ג:ב׳) וְאֶת רוּחַ הַטֻּמְאָה אַעֲבִיר מִן הָאָרֶץ. וּכְתִיב, (ישעיהו כ״ה:ח׳) בִּלַּע הַמָּוֶת לָנֶצַח וּמָחָה יְיָ אֱלֹהִים דִּמְעָה מֵעַל כָּל פָּנִים וְחֶרְפַּת עַמּוֹ יָסִיר מֵעַל כָּל הָאָרֶץ כִּי יְיָ דִּבֶּר.
וְזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַנְהָרָא לְסִיהֲרָא וְלְאֲפָקָא לָהּ מֵחֲשׁוֹכָא בְּגִין הַהוּא חִוְיָא בִישָׁא. כְּמָה דִכְתִיב, (ישעיהו ל׳:כ״ו) וְהָיָה אוֹר הַלְּבָנָה כְּאוֹר הַחַמָּה וְאוֹר הַחַמָּה יִהְיֶה שִׁבְעָתַיִם כְּאוֹר שִׁבְעַת הַיָּמִים. מַאי אוֹר, הַהוּא אוֹר דְּגָנִיז לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּעוֹבָדָא דִבְרֵאשִׁית:
וַיְבָרֶךָ אֱלֹהִים אֶת נֹחַ וְאֶת בָּנָיו וַיֹּאמֶר לָהֶם פְּרוּ וּרְבוּ וְגו'. רַבִּי אַבָּא פָּתַח וְאָמַר, (משלי י׳:כ״ב) בִּרְכַּת יְיָ הִיא תַעֲשִׁיר וְלא יוֹסִיף עֶצֶב עִמָּהּ. בִּרְכַּת יְיָ דָּא שְׁכִינְתָּא דְּאִיהִי אִתְפַּקְדָא עַל בִּרְכָאן דְּעָלְמָא, וּמִנָּהּ נָפְקֵי בִּרְכָאן לְכֹלָּא.
תָּא חֲזֵי מַה כְּתִיב בְּקַדְמִיתָא וַיֹּאמֶר יְיָ לְנֹחַ בֹּא אַתָּה וְכָל בֵּיתְךָ אֶל הַתֵּיבָה וְגו'. כְּמָה דְּאִתְּמָר דְּמָארֵיהּ דְּבֵיתָא יָהַב לֵיהּ רְשׁוּ לְמֵיעָאל. לְבָתַר אִתְּתָא אָמְרָה לֵיהּ לְנַפְקָא. בְּקַדְמִיתָא עָאל בִּרְשׁוּתָא דְבַעֲלָהּ, לְסוֹף נָפַק בִּרְשׁוּ דְאִתְּתָא. מִכָּאן אוֹלִיפְנָא מָארֵיהּ (Ⅰ)
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[71a]
[...] de la maison d’autoriser l’hôte à entrer dans sa maison et que c’est à l’épouse de l’autoriser à en sortir.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen. , VIII, 16) dit : « Et Élohim dit à Noé : Sors de l’arche, etc. » ; car Élohim, qui est l’épouse céleste, n’avait en son pouvoir que d’inviter à quitter la maison hospitalière, mais non pas d’inviter à y entrer. Après avoir quitté la maison hospitalière, Noé a offert à l’épouse un présent, parce que c’est l’épouse qui reste toujours à la maison et parce que c’est elle qui domine. Mais ce présent, que Noé offrit à l’épouse, ne lui parvint que par l’intermédiaire de l’époux, ainsi que l’Écriture (Ibid. , 20) dit : « Et Noé dressa un autel à Jéhovah ». Le présent que l’amphitryonfait à l’épouse de la maison a pour but de faire aimer celle-ci davantage par son époux. De ces paroles de l’Écriture, nous inférons qu’il convient à chaque amphitryon de faire un présent, au moment de quitter la maison, à l’épouse de celui qui l’a invité, et que ce présent doit être remis à l’époux, pour que celui -ci le transmette à son épouse. Aussi l’épouse bénit-elle Noé, ainsi qu’il est écrit : « Et Élohim bénit Noé et ses enfants ; et il leur dit : Croissez et multipliez-vous, et remplissez la terre. » Tel est également le sens du verset (Prov. , X, 22) : « La bénédiction du Seigneur enrichit les hommes » ; car c’est, en effet, la Schekhina, appelée bénédiction du Seigneur, qui enrichit les hommes, ainsi que nous l’avons déjà dit.
L’Écriture ajoute : «... Et l’affliction n’aura point de part avec eux. » L’Écriture se sert, pour exprimer l’idée d’affliction, du mot « etzeb », mot qui signifie également « tristesse», parce quelle fait allusion au mystère exprimé dans les paroles (Gen. , III, 17) : « Que la terre soit maudite à cause de toi ; et tu ne t’en nourriras durant toute la vie qu’avec tristesse (beitzabon). » Le mot « etzeb » désigne la colère céleste qui fait disparaître du visage tout rayon de joie ; c’est l’époque où la lumière de la lune s’obscurcit et où les bénédictions célestes ne sont pas répandues dans le monde. En disant à Adam : « ... Tu ne t’en nourriras durant toute la vie qu’avec tristesse (beitzabon) », Dieu voulait dire que l’homme ne recevra plus sa nourriture céleste qu’entourée et troublée par les mauvais esprits qui empêchent les bénédictions célestes d’arriver au monde dans leur état de pureté primitive.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « ... Et il n’augmentera (iosiph) la tristesse (etzeb) avec elle. » Ainsi, le verset précité exprime le même mystère qui est renfermé dans les paroles de l’Écriture (Gen. , VIII, 21) : « Je n’augmenterai plus de maudire la terre. » L’Ecriture (Ibid. , IX, 2) ajoute : « Que tous les animaux de la terre et tous les oiseaux du ciel soient frappés de terreur et tremblent devant vous, avec tout ce qui se meut sur la terre. » Dieu dit à Noé : A partir d’aujourd’hui, vous serez à nouveau pourvus d’une figure humaine ; car, avant ce jour, les hommes n’avaient plus de figures humaines.
Remarquez que l’Écriture (Ibid. , 6) dit pour la première fois : « ... Car l’homme a été créé à l’image d’Élohim », alors que, précédemment, il est écrit (Gen. , V, 1) : « Au jour qu’Élohim créa l’homme, il le fit à la ressemblance d’Élohim. » Car, après les premiers péchés, les visages des hommes se transformèrent et ne ressemblèrent plus à l’image d’en haut, de sorte que ce furent les hommes qui craignirent les bêtes sauvages, au lieu d’en être craints. Avant le péché des hommes, toutes les créatures tremblèrent et reculèrent devant l’homme, lorsque, élevant leurs yeux, elles aperçurent l’image sacrée. Mais, après leur péché, les visages humains n’apparurent plus aux yeux des bêtes sauvages comme des visages humains, mais comme des visages d’autres créatures. Aussi, au lieu d’être craints, les hommes commencèrent-ils à craindre les animaux.
Remarquez que tous les hommes qui ne pèchent pas contre leur Maître et qui ne transgressent point les commandements de la doctrine conservent sur leurs visages, sans aucune altération, l’empreinte des traits du visage céleste ; aussi toutes les créatures du monde tremblent-elles devant eux. Mais aussitôt que les hommes transgressent les commandements de la doctrine, les traits de leurs visages s’altèrent et ils commencent à craindre les autres créatures ; et c’est lorsque les traits célestes sont effacés de leurs visages que les animaux sauvages osent les attaquer, puisqu’ils ne voient plus en eux les traits du visage céleste qui devraient être imprimés sur chaque visage humain. Aussi, comme le monde venait d’être renouvelé après le Déluge et rétabli dans son état primitif, Dieu, en donnant cette bénédiction aux hommes, les rétablit maîtres de toutes les créatures, ainsi qu’il est écrit (Gen. , IX, 2) : « J’ai mis entre vos mains tous les poissons de la mer. » Ainsi, Dieu mit au pouvoir de l’homme, non seulement les créatures vivant dans la même région que lui, mais aussi les poissons de la mer.
Rabbi Hiyâ dit : Les paroles de l’Écriture : « J’ai mis entre vos mains tous les poissons de la mer », signifient. Je les ai mis dans votre pouvoir dès la première heure, ainsi qu’il est écrit (Gen. , I, 28) : « ... Et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, etc. » Ainsi, le Saint, béni soit-il, mit toutes les créatures au pouvoir des hommes dès la création du monde.
Il est écrit (Gen. , IX, 1) : « Et Élohim bénit Noé. » Rabbi Hizqiya a ouvert une de des conférences de la manière suivante : L’Écriture (Ps. , XXXII, 1) dit « Psaume de David pour l’intelligence : Heureux ceux dont les péchés sont élevés (52) et dont le crime est caché. » Ce verset a déjà été interprété ; mais il renferme, en outre, un mystère de la Sagesse ; car nous savons, par une tradition, que David a loué le Saint, béni soit-il, par dix genres divers de cantiques, c’est-à-dire par des cantiques commençant par dix termes divers, dont l’un est «intelligence» (maschil) (53). L’intelligence forme un des dix degrés célestes désignés par les dix termes par lesquels commencent les divers Psaumes. David se préparait avant que l’intelligence ne fût descendue sur lui.
Les paroles de l’Écriture : « Heureux ceux dont les péchés sont élevés» ont la signification suivante : Au moment où le Saint, béni soit-il, met sur la balance les fautes et les mérites des hommes, il arrive que, lorsque l’homme est digne, le plateau où sont posés les péchés monte en haut, contre-balancé qu’il est par l’autre plateau sur lequel sont posés les mérites et qui descend en bas. Tel est le sens des paroles de l’Écriture : « Heureux le sort de ceux dont les péchés sont élevés », c’est-à-dire : dont le plateau contenant les péchés s’élève en haut.
L’Écriture ajoute : «... Et dont le crime est caché. »
L’Écriture veut dire : dont Dieu cache les crimes au moment où la rigueur sévit dans le monde, pour que l’ange exterminateur ne puisse s’emparer d’eux, ainsi que c’était le cas de Noé dont le Saint, béni soit-il, a caché le crime qu’Adam a attiré dans le monde. Car tant que ce crime subsiste dans le monde, l’homme pâtit ; les autres créatures ont le pouvoir du monde ; l’homme les craint et le monde n’est pas dans son état normal. C’est pourquoi, lorsque Noé sortit de l’arche, le Saint, béni soit-il, le bénit, ainsi qu’il est écrit (Gen. , IX, 7) : « Et Élohim bénit Noé et ses fils, etc. » L’Écriture ajoute : « Et vous, croissez et multipliez-vous ; entrez sur la terre et la remplissez. » Dans la bénédiction que Dieu donna à Noé, il n’est pas question des femmes ; l’Écriture dit seulement : « Et Elohim bénit Noé et ses fils » ; mais elle ne parle pas des femmes.
Rabbi Siméon dit : Le mot « et vous » (veathem) comprend, à la fois, et les mâles [...]
- דְּבֵיתָא יָעִיל וְאִתְּתָא תָּפִיק, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיֹּאמֶר אֱלהִים אֶל נֹחַ לֵאמֹר צֵא מִן הַתֵּבָה. דְּרְשׁוּ הֲוָה בִידָהָא לְאֲפָקָא לֵיהּ לְאוּשְׁפִּיזָא וְלָא לְאַעֲלָא לֵיהּ.
כֵּיוָן דְּנָפַק יָהַב מַתְּנָן לָהּ, בְּגִין דְּאִיהִי בְּבֵיתָא וּבֵיתָא בִּידָהָא. וְאִנוּן מַתְּנָן דְּיָהַב לָהּ בְּגִין לְאַסְגָּאָה לָהּ רְחִימוּתָא בְּבַעֲלָהּ. מִכָּאן אוֹלִיפְנָא אוֹרַח אַרְעָא לְאוּשְׁפִּיזָא. (למיהב בידא דבעלה כד נפק יהב מתנן לאתתיה ולא בידה ובגין כך כיון דיהב ליה מתנן) וְעַל דָּא לְבָתַר דְּיָהַב לָהּ מַתְּנָן לְאַסְגָּאָה לָהּ רְחִימוּתָא בְּבַעֲלָהּ (נ''א כיון דנפק יהב מתנן ונבזבזן בידא דבעלה למיהב לאתתיה ולמחדי בה ולאסגאה לה רחימותא בבעלה, הדא הוא דכתיב ויקח מכל וגו' ויעל עולות במזבח, אלין מתנן דיהב בידא דבעלה בגין לאסגאה לה רחימותא בעלמא, ומכאן אוליפנא אורח ארעא לאושפיזא דיהב מתנן בידא דבעלה לאתתיה ולא בידהא, ועל דא ויעל עולות במזבח, קורבנא לדכורא לאסגאה רחימותא בבעלה ברכא ליה) בָּרְכָא לֵיהּ, דִּכְתִיב וַיְבָרֶךְ אֱלהִים אֶת נֹחַ וְאֶת בָּנָיו וַיֹּאמֶר לָהֶם פְּרוּ וּרְבוּ וְגו'. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, (משלי י׳:כ״ב) בִּרְכַּת יְיָ הִיא תַעֲשִׁיר. וַדַּאי כְּמָה דְאִתְּמָר.
וְלֹא יוֹסִיף עֶצֶב עִמָּהּ. רָזָא דִּכְתִיב בְּעִצָּבוֹן תֹּאכֲלֶנָּה. עִצָּבוֹן עֲצִיבוּ וְרוּגְזָא בְּלָא נְהִירוּ דְאַנְפִּין. כַּד אִתְחֲשַׁךְ סִיהֲרָא וּבִרְכָאן לָא מִשְׁתַּכְּחֵי. בְּעִצָּבוֹן סִטְרָא דְרוּחָא אָחֳרָא דְּאִמְנַע בִּרְכָאן מֵעָלְמָא, וּבְגִין כָּךְ וְלֹא יוֹסִיף עֶצֶב עִמָּהּ. וְדָא הוּא רָזָא דִכְתִיב, (בראשית ח׳:כ״א) לא אוֹסִיף לְקַלֵּל עוֹד אֶת הָאֲדָמָה:
וּמוֹרַאֲכֶם וְחִתְּכֶם יִהְיֶה. מִכָּאן וּלְהָלְאָה יְהֵא לְכוֹן דְּיּוֹקְנִין דִּבְנֵי נָשָׁא דְּהָא בְּקַדְמִיתָא לָא הֲווּ דִּיוּקְנִין דִּבְנֵי נָשָׁא. תָּא חֲזֵי, בְּקַדְמִיתָא כְּתִיב, (בראשית ט׳:ו׳) בְּצֶלֶם אֱלֹהִים עָשָׂה אֶת הָאָדָם. וּכְתִיב, (בראשית ה׳:א׳) בִּדְמוּת אֱלהִים עָשָׂה אוֹתוֹ. כֵּיוָן דְּחָטוּ אִשְׁתַּנּוּ דְּיוּקְנַיְיהוּ מֵהַהוּא דִּיוּקְנָא עִלָּאָה וְאִתְהַפָּכוּ אִנוּן לְמִדְחַל מִקַּמֵּי חֵיוָון בְּרָא.
בְּקַדְמִיתָא כָּל בְּרִיָּין דְּעָלְמָא זָקְפָן עַיְינִין וְחָמָאן דִּיוּקְנָא קַדִּישָׁא עִלָּאָה וְזָעָאן וְדָחֲלִין מִקַּמֵּיהּ. כֵּיוָן דְּחָטוּ אִתְהַפַּךְ דְּיוּקְנַיְיהוּ מֵעֵינַיְיהוּ לִדְיוּקְנָא אָחֳרָא. וְאִתְהַפַּךְ דִּבְנֵי נָשָׁא זָעִין וְדָחֲלִין קַמֵּי שְׁאָר בְּרִיָּין.
תָּא חֲזֵי, כָּל אִנוּן בְּנֵי נָשָׁא דְּלָא חָטָאן קַמֵּי מָארֵיהוֹן וְלָא עָבְרִין עַל פִּקּוּדֵי אוֹרַיְיתָא. זִיו דִּיוּקְנָא דִּלְהוֹן לָא אִשְׁתַּנֵּי מֵחֵיזוּ דִּדְיוּקְנָא עִלָּאָה. וְכָל בְּרִיָּין דְּעָלְמָא זָעִין וְדָחֲלִין קַמֵּיהּ. וּבְשַׁעֲתָא דִּבְנִי נָשָׁא עָבְרִין עַל פִּתְגָּמֵי אוֹרַיְיתָא, אִתְחַלַּף דִּיוּקְנָא דִלְהוֹן וְכֻלְהוּ זָעִין וְדָחֲלִין מִקַּמֵּי בְּרִיָין אָחֳרָנִין, בְּגִין דְּאִתְחַלַּף דִּיוּקְנָא עִלָּאָה וְאִתְעֲבַר מִנַּיְיהוּ, וּכְדֵין שָׁלְטֵי בְּהוּ חֵיוַת בְּרָא, דְּהָא לָא חָמוּ בְּהוּ הַהוּא דִּיוּקְנָא עִלָאָה כִּדְקָחָזֵי.
וְעַל כָּךְ הַשְׁתָּא כֵּיוָן דְּעָלְמָא אִתְחַדַּשׁ כְּמִלְּקַדְּמִין, בָּרִיךְ לוֹן בְּרָכָה דָא וְשַׁלִּיט לוֹן עַל כֹּלָּא, כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר וְכָל דְּגֵי הַיָּם בְּיֶדְכֶם נִתָּנוּ. וְאֲפִילּוּ נוּנֵי יַמָּא. רַבִּי חִיָּיא אָמַר בְּיֶדְכֶם נִתָּנוּ. מִקַּדְמַת דְּנָא. דְּכַד בְּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָלְמָא מְסַר כֹּלָּא בִּידֵהוֹן דִּכְתִיב וּרְדוּ בִדְגַת הַיָּם וּבְעוֹף הַשָּׁמַיִם וְגו'.
וַיְבָרֶךָ אֱלהִים אֶת נֹחַ. רַבִּי חִזְקִיָּה פָּתַח (תהלים לכ) לְדָוִד מַשְׂכִּיל אַשְׁרֵי נְשׂוּי פֶּשַׁע כְּסוּי חֲטָאָה. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ, אֲבָל קְרָא דָא בְּרָזָא דְּחָכְמְתָא אִתְּמָר. דְּהָא תָּנִינָן בַּעֲשָׂרָה זִינֵי שְׁבָחָא שַׁבַּח דָּוִד לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְחַד מִנַּיְיהוּ מַשְׂכִּיל. וְהוּא דַּרְגָּא חַד מֵאִנוּן עֲשָׂרָה. וְדָוִד אַתְקִין גַּרְמֵיהּ עַד לָא יִשְׁרֵי עֲלוֹי הַאי דַּרְגָּא.
אַשְׁרֵי נְשׂוּי פֶּשַׁע, דְּהָא בְּשַׁעֲתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַתְקִיל חוֹבֵי וְזַכְוָון דִּבְנֵי נָשָׁא דְּהַהוּא (ד''א כד ההוא) תִיקְלָא דְּבִסְטַר חוֹבִין מִסְתַּלְּקִין וְאִנוּן אוֹחֳרָנִין זַכְיָין דְּאִנוּן בְּתִיקְלָא אָחֳרָא מַכְרִיעִין לְתַתָּא דָּא הוּא נְשׂוּי פֶּשַׁע.
כְּסוּי חֲטָאָה בְּשַׁעֲתָא דְדִינָא שַׁרְיָא בְּעָלְמָא דִּיהֵא מְחַפְיָא דְּלָא יִשְׁלוֹט עֲלוֹי מְחַבְּלָא, כְּמָה דְּהֲוָה לְנֹחַ דְּכַסֵּי לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מֵהַהוּא חֲטָאָה דְּאַמְשִׁיךְ עֲלֵיהּ אָדָם עַל עָלְמָא. דְּכֵיוָן דְּחֲטָאָה דָא אַנְגִיד אָדָם עַל עַלְמָא, שְׁאָר בְּרִיָּין שָׁלְטָאן וּבַר נָשׁ דָּחִיל מִנַּיְיהוּ וְעָלְמָא לָא אַתְקִין בְּתִקּוּנִיהּ. וּבְגִין כָּךְ כַּד נָפַק נֹחַ מִתֵּיבוּתָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּרְכֵיהּ. דִּכְתִיב וַיְבָרֶךְ אֱלֹהִים אֶת נֹחַ וְאֶת בָּנָיו וְגו':
וְאַתֶּם פְּרוּ וּרְבוּ. בְּהַנֵּי בִּרְכָאן לָא אִשְׁתַּכָּחוּ נוּקְבֵי, אֶלָּא אֶת נֹחַ וְאֶת בָּנָיו, אֲבָל נוּקְבֵי לָא אָמַר קְרָא. אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן וְאַתֶּם כְּלָלָא דִּדְכוּרֵי (Ⅰ)
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[71b]
[...] et les femelles. D’ailleurs, le mot « eth », placé avant le nom de Noé, comprend, dans la bénédiction de Dieu, la femme de Noé également ; et le mot « ve-eth», placé avant le mot «ses fils», comprend, dans la bénédiction divine, les femmes des fils également. C’est précisément parce que Dieu a béni les hommes et les femmes à la fois, qu’il leur dit après : « Et vous, croissez et multipliez-vous ; entrez sur la terre et la remplissez. » C’est ici que le Saint, béni soit-il, donna à Noé les sept commandements de la doctrine que lui et tous ses descendants devaient observer jusqu’au jour où Israël fut placé au pied du mont Sinaï, jour où l’on a donné tous les commandements à la fois (54).
Il est écrit (Gen. IX, 12) : « Et Élohim dit à Noé : Voici le signe de l'Alliance que j'établis pour jamais entre moi et vous, etc. J'ai mis (nathathi) mon arc dans les nuées. » Le mot « nathathi » désigne le passé ; car l'arc a déjà été mis avant cet événement dans les nuées. Rabbi Siméon a ouvert une de ses conférences de la manière suivante : L’Écriture (Éz. , I, 16) dit : « Et sur ce firmament, qui était au-dessus de leurs têtes, on voyait comme un trône qui ressemblait au saphir. » Et, précédemment (Éz. , I, 24), l'Écriture a dit: « Et le bruit que je leur entendais faire, de leurs ailes, était comme le bruit des plus grandes eaux et comme la voix que Dieu (Schadaï) fait entendre du haut du ciel. Ils faisaient un bruit, lorsqu’ils marchaient, comme le bruit d'une grande multitude et comme le bruit de toute une armée ; et, quand ils s'arrêtaient, ils baissaient leurs ailes. » Ces paroles désignent les quatre anges célestes, puissants et saints, qui soutiennent le firmament. Pour se couvrir le corps, tous étendent leurs ailes et les joignent les unes aux autres; et, au moment où ils étendent leurs ailes, le bruit produit par ce mouvement se fait entendre ; car c'est le moment où ils entonnent les hymnes à la gloire de Dieu, ainsi qu'il est écrit : « Comme la voix que Dieu (Schadaï) fait entendre du haut du ciel. »
L'Écriture compare les louanges de ceux-ci à la voix de Dieu, parce qu’à l'exemple de la voix de Dieu, les louanges de ceux-ci ne cessent jamais de retentir, ainsi qu'il est écrit (Ps. XXX, 13) : « ... Afin que la gloire chante tes louanges sans jamais devenir muette. » Et quelle est la teneur des louanges qu’ils chantent ? Ils chantent (Ps. XCVIII, 2) : « Le Seigneur a fait connaître son salut ; il a manifesté sa justice aux yeux des nations. » L’Écriture (Éz. , I, 24) ajoute : « Ils faisaient un bruit, lorsqu'ils marchaient, comme le bruit d'une grande multitude. » L'Écriture veut dire : Comme le bruit que fait l'armée céleste au moment où toutes les légions sacrées réunies font retentir les louanges de Dieu. Et quelle est la teneur des louanges que chante l'armée céleste ? Elle chante (Is. , VI, 3) : « Saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu des armées ; la terre est toute remplie de sa gloire. » Les quatre anges du char disent « saint» en tournant leurs faces vers le côté sud ; ils disent « saint » en tournant leurs faces du côté nord ; ils répètent « saint » en se tournant vers l'est ; et ils disent « béni » en se tournant vers l'ouest. Le firmament susnommé est étendu au-dessus de la tête de ces quatre anges, qui tournent toujours leurs faces vers les directions que ce firmament suit tour à tour, de manière que ce firmament reflète les figures tournées vers lui. Comme ces quatre figures sont disposées aux quatre coins du firmament, il s'ensuit que celui-ci reflète d'abord les quatre couleurs particulières aux quatre figures, qui sont : la figure du lion, la figure du bœuf, la figure de l'aigle et la figure de l'homme. Même dans les trois premières figures, l'image de l'homme domine, de manière que l'ange dont la figure est celle du lion ressemble à un lion-homme ; celui dont la figure est celle de l'aigle ressemble à un aigle-homme ; celui dont la figure est celle d'un bœuf ressemble à un bœuf-homme.
Ainsi, dans toutes les figures se trouve également imprimée celle de l'homme ; c'est pourquoi l’Écriture (Éz. , I, 8) dit : « Ils avaient tous quatre une face d'homme. » Et comme ce firmament reflète chacune de ces figures à couleur différente, il en résulte qu’il présente quatre couleurs qui correspondent aux quatre signes sacrés gravés en haut (c’est-à-dire aux quatre lettres du nom de Jéhovah) et aux quatre couleurs principales d'ici-bas. Lorsque ces quatre couleurs sont décomposées, elles présentent douze variétés de couleurs. Les quatre couleurs principales sont : le vert, le rouge, le blanc et le bleu ; ces quatre couleurs renferment toutes les autres nuances ; c'est pourquoi l’Écriture (Éz. , I, 28) dit : « Et comme l'arc qui paraît au ciel en un jour de pluie, telle était la lumière qui brillait tout autour de l'image de la gloire du Seigneur. » Ces paroles font allusion aux quatre couleurs principales renfermant toutes les autres nuances. Tel est le mystère des paroles de l’Écriture : « J’ai mis mon arc dans les nuées. »
Que signifie le mot « mon arc » ? Ce mot a la même signification que celui que l’Écriture (Gen. , ?, ?) applique à Joseph : « Il a mis son arc dans le Très Fort ; et les chaînes de ses mains et de ses bras ont été rompues par la main du tout-puissant Dieu de Jacob. Il est sorti de là pour être le pasteur et la force d’Israël. » Comme Joseph était un juste, l’Écriture dit de lui qu’il a mis son arc en Dieu ; ce qui veut dire : l’Alliance symbolisée par l’arc, laquelle est également symbolisée par le Juste. Car l’Alliance est symbolisée et par l’un et par l’autre. Et comme Noé a été également un juste, il lui a été montré l’arc. Que signifie le mot (Gen. , XLIX, 24) « vaïspozou » (wzpyw) ? Ce mot signifie que la lumière se répandant de l’arc de l’Alliance réjouit tout le monde, ainsi qu’il est écrit (Ps. , XIX, 11) : « Ils sont plus désirables que l’abondance de l’or et des pierres précieuses, et plus doux que n’est le miel ou le rayon de miel le plus excellent. » Ces lumières éclairaient Joseph en raison de sa chasteté ; et c’est ce qui lui a valu le nom de « Joseph le Juste ».
C’est pourquoi l’arc est appelé l’arc de l’Alliance, parce que la décomposition de la lumière du soleil constatée dans l’arc-en-ciel est le symbole de la décomposition de la lumière céleste et suprême que reflète le firmament soutenu par les quatre anges du char. C’est pourquoi il est défendu de contempler l’arc-en-ciel lorsqu’il apparaît (55), parce que c’est une profanation de la Schekhina dont il est l’image ; or, comme la majesté céleste commande le respect qui consiste à ne pas la regarder, on ne doit non plus regarder le spectacle solaire visible dans l’arc-en-ciel. Et lorsque la terre voit apparaître l’arc-enciel, il est naturel qu’elle se convainque que l’union céleste est parfaite.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen. , IX, 13) dit : « ... Afin qu’il soit le signe de l’Alliance que j’ai faite avec la terre. » Ainsi que nous l’avons dit précédemment (Fol. , 18b), l’arc-en-ciel présente trois couleurs différentes réunies en un seul faisceau. Et tout ne forme qu’un mystère ; et c’est dans la nuée qu’il monte pour être visible. L’Écriture (Éz. , I, 26) ajoute : « Et sur ce firmament, qui était au-dessus de leurs têtes, on voyait comme un trône qui ressemblait au saphir. » Ces paroles désignent la pierre fondamentale (schethiyâ) (56), qui forme le point central de tout le monde et sur laquelle est basé le Saint des Saints du sanctuaire de Jérusalem. Et qu’est-ce que cette pierre fondamentale ? C’est le trône sacré et céleste placé au-dessus des quatre figures gravées aux quatre côtés du char céleste. Ce trône est symbolisé par la loi traditionnelle.
L’Écriture ajoute : « ... Et il paraissait comme un homme assis sur ce trône. » Cet homme est symbolisé par la loi écrite. Nous inférons de ces paroles que la loi écrite doit être placée [...]
- וְנוּקְבֵי כְּחֲדָא. וְתוּ אֶת נֹחַ לְאַסְגָּאָה נוּקְבֵיהּ. וְאֶת בָּנָיו לְאַסְגָּאָה נוּקְבֵי דִלְהוֹן.
וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב אַתֶּם פְּרוּ וּרְבוּ לְמֶעְבַּד תּוֹלְדוֹת מִכָּאן וּלְהָלְאָה שִׁרְצוּ בָאָרֶץ. וְהָכָא יָהִיב לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שֶׁבַע פִּקּוּדֵי אוֹרַיְיתָא לוֹן וּלְכָל דְּאָתוּ אֲבַּתְרַיְיהוּ, עַד דְּקָיְימוּ יִשְׂרָאֵל בְּטוּרָא דְסִינַי וְאִתְיְיהַב לוֹן כָּל פִּקּוּדֵי אוֹרַיְיתָא כְּחֲדָא:
וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים לְנֹחַ וְגו'. זֹאת אוֹת הַבְּרִית אֲשֶׁר אֲנִי נוֹתֵן בֵּינִי וּבֵינֵיכֶם וְגו'. אֶת קַשְׁתִּי נָתַתִּי בֶּעָנָן. נָתַתִּי מִקַּדְמַת דְּנָא. רַבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח (יחזקאל א׳:כ״ו) וּמִמַּעַל לָרָקִיעַ אֲשֶׁר עַל רֹאשָׁם כְּמַרְאֵה אֶבֶן סַפִּיר דְּמוּת כִּסֵּא. מַה כְּתִיב לְעֵילָא וָאֶשְׁמַע אֶת קוֹל כַּנְפֵיהֶם כְּקוֹל מַיִם רַבִּים כְּקוֹל שַׁדַּי בְּלֶכְתָּן. אִלֵּין אַרְבַּע חֵיוָון רַבְרְבָן עִלָּאִין קַדִּישִׁין דְּהַהוּא רָקִיעַ מִתְתַּקְּנָא עֲלַיְיהוּ. וְכֻלְהוּ גַדְפַיְיהוּ (ד''א ל''ג פרישן) מִתְחַבְּרָאן דָּא בְּדָא לְחַפְיָיא גוּפַיְיהוּ.
וּבְשַׁעֲתָא דְּאִנוּן פָּרְשֵׂי גַדְפַיְיהוּ, אִשְׁתְּמַע קוֹל גַּדְפִין דְּכֻלְהוּ דְּאָמְרֵי שִׁירָתָא, הֲדָא הוּא דִכְתִיב כְּקוֹל שַׁדַּי. דְּלָא אִשְׁתְּכִיךְ לְעָלְמִין. כְּמָה דִכְתִיב, (תהילים ל׳:י״ג) לְמַעַן יְזַמֶּרְךָ כָבוֹד וְלא יִדּוֹם. וּמַאי אָמְרֵי, (תהילים צ״ח:ב׳) הוֹדִיעַ יְיָ יְשׁוּעָתוֹ לְעֵינֵי הַגּוֹים גִּלָּה צִדְקָתוֹ.
קוֹל הֲמֻלָּה כְּקוֹל מַחֲנְה, כְּקוֹל מַשִּׁרְיָיתָא קַדִּישָׁא כַּד מִתְחַבְּרָן כָּל חֵילִין עִלָּאִין לְעֵילָא. וּמַאי אָמְרֵי קָדוֹשׁ קָדוֹשׁ קָדוֹשׁ יְיָ צְבָאוֹת מְלא כָל הָאָרֶץ כְּבוֹדוֹ. אֲהַדְּרוּ לְדָרוֹם אָמְרוּ קָדוֹשׁ, אֲהַדְּרוּ לְצָפוֹן אָמְרוּ קָדוֹשׁ. אֲהַדְּרוּ לְמִזְרָח אָמְרוּ קָדוֹשׁ. אֲהַדְּרוּ לְמַעֲרָב אָמְרוּ בָּרוּךְ.
וְהַאי רָקִיעַ קָאִים עַל רֵישֵׁיהוֹן. וּבְכָל אֲתַר דְּאִיהִי אָזְלָא, אַסְחָרוּ אַפִּין לְהַהִיא סִטְרָא דְּאִתְכְּלִילוּ אַנְפִּין בֵּיהּ. אִסְחָרוּ אַנְפִּין לְאַרְבַּע זָוְיָין, וְכֻלְהוּ מִסְתַּחֲרִין לְתַתָּא. בְּרִבּוּעָא דִילֵיהּ אִתְגְּלִיפַת בְּאַרְבַּע אַנְפִּין, אַנְפֵּי אַרְיֵה. אַנְפֵּי נִשְׁרָא. אַנְפֵּי שׁוֹר. אַנְפֵּי אָדָם. גָּלִיף בְּכֻלְהוּ אָדָם. אַנְפֵּי אַרְיֵ''ה אָדָם. אַנְפֵּי נֶשֶׁ''ר אָדָם. אַנְפֵּי שׁוֹ''ר (ד''א אדם). כֻּלְהוּ כְּלִילָן בֵּיהּ. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב וּדְמוּת פְּנֵיהֶם פְּנֵי אָדָם.
וְהַאי רָקִיעַ דְּאִתְרַבַּע כֻּלְהוּ גְּוָונִין כְּלִילָן בֵּיהּ, אַרְבַּע גְּוָונִין אִתְחַזְּיָין בֵּיהּ גְּלִיפִין בְּאַרְבַּע אַרְבַּע. בְּאַרְבַּע גְּלִיפִין רְשִׁימִין טְהִירִין עִלָּאִין וְתַתָּאִין. כַּד מִתְפָּרְשָׁאן גְּוָונִין דְּאִנוּן אַרְבַּע סָלְקִין תְּרֵיסַר. גַּוָון יָרֹק. גַּוָון סוּמָק. גַּוָּון חִוַּור. גַּוָון סַפִּיר דְאִתְכְּלִילוּ מִכָּל גְּוָונִין. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (יחזקאל א׳:כ״ח) כְּמַרְאֵה הַקֶּשֶׁת אֲשֶׁר יִהְיֶה בֶּעָנָן בְּיוֹם הַגֶּשֶׁם כֵּן מַרְאֵה הַנּוֹגַהּ סָבִיב הוּא מַרְאֶה דְּמוּת כְּבוֹד יְיָ. חֵיזוּ דִּגְוָונִין דְּכֹלָּא. וּבְגִין כָּךְ אֶת קַשְׁתִּי נָתַתִּי בֶּעָנָן.
מַאי קַשְׁתִּי, כְּמָה דְאִתְּמָר בְּיוֹסֵף דִּכְתִיב, (בראשית מ״ט:כ״ד) וַתֵּשֶׁב בְּאֵיתָן קַשְׁתּוֹ. בְּגִין דְּיוֹסֵף צַדִּיק אִקְרֵי, וּבְגִין כָּךְ קַשְׁתּוֹ דָּא בְּרִית דְּקֶשֶׁת דְּאִתְכְּלִיל בְּצַדִּיק, דִּבְרִית דָּא בְּדָא אִתְאַחִיד. וּבְגִין דְּנֹחַ הֲוָה צַדִיק, קָיְימָא דִילֵיהּ קֶשֶׁת.
וַיָּפוֹזוּ. מַאי וַיָּפוֹזוּ, אַנְהִירוּ בַּחֲמִידוּ דְכֹלָּא. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (תהילים י״ט:י׳-י״א) הַנֶּחֱמָדִים מִזָּהָב וּמִפָּז רָב וּמְתוּקִים. אִתְנְהִירוּ בִּנְהִירוּ עִלָּאָה כַּד נָּטַר בְּרִית. וּבְגִין כָּךְ אִקְרֵי יוֹסֵף הַצַּדִּיק. עַל דָּא אִקְרֵי הַקֶּשֶׁת בְּרִית, כָּלִיל דָּא בְּדָא.
זָהֲרָא יְקָרָא עִלָּאָה חֵיזוּ דְּכָל חֵיזוּ חָזוּ כְּחֵיזוּ טְמִירִין (נ''א טמירא) גְּוָונִין טְמִירִין. גְּוָונִין דְּלָא אִתְגַּלְיָין. וְלֵית רְשׁוּ לְאִסְתַּכָּלָא בְּעֵינָא בַּקֶּשֶׁת כַּד אִתְחֲזֵי בְּעָלְמָא דְּלָא יִתְחֲזֵי קְלָנָא בִּשְׁכִינְתָּא. וְכֵן גְּוָונִין דְּקֶשֶׁת הוּא חֵיזוּ סוֹסְטִיפָא קְטִירָא כְּחֵיזוּ יְקָרָא עִלָּאָה דְּלָא לְאִסְתַּכָּלָא.
וְכֵיוָן דְּאַרְעָא חָמַאת לְהַאי קֶשֶׁת קְיָימָא קַדִּישָׁא, אִתְקָיְימַת בְּקִיּוּמָא. וְעַל דָּא וְהָיְתָה לְאוֹת בְּרִית בֵּין אֱלהִים וְגו'. הַאי דְּאֲמָרָן דְּאִלֵּין תְּלַת גְּוָונִין וְחַד דְּאִתְכְּלִיל בֵּינַיְיהוּ כֻּלְהוּ רָזָא חָדָא. וּבְגוֹ עֲנָנָא סָלְקָא לְאִתְחֲזָאָה. (יחזקאל א׳:כ״ו) וּמִמַּעַל לָרָקִיעַ אֲשֶׁר עַל רֹאשָׁם כְּמַרְאֵה אֶבֶן סַפִּיר. הַאי הִיא אֶבֶן שְׁתִיָּה דְּאִיהִי נְקוּדָה חָדָא דְּכָל עָלְמָא. וְקָיְימָא עֲלָהּ קֹדֶשׁ הַקֳּדָשִׁים. וּמַאי הִיא, כֻּרְסְיָיא קַדִּישָׁא עִלָּאָה דְּאִיהִי מְמַנָּא עַל אִלֵּין אַרְבַּע דְּמוּת כִּסֵּא בְּאַרְבַּע סָמְכִין, וְדָא הוּא תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה.
וְעַל דְּמוּת הַכִּסֵּא דְּמוּת כְּמַרְאֶה אָדָם עָלָיו מִלְּמַעְלָה. דָּא הוּא תּוֹרָה שֶׁבִּכְתָב. מִכָּאן דְּתוֹרָה שֶׁבִּכְתָב יְשַׁוּוּן (Ⅰ)
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[72a]
[...] au-dessus de la loi traditionnelle, attendu que l’homme paraissait assis sur le trône ; et comme ce trône constitue la pierre fondamentale, Jacob, qui était l’image de l’homme de la vision d’Ézéchiel, a posé sa tête sur cette pierre. Rabbi Yehouda se leva une fois dans la nuit pour consacrer l’heure de minuit à l’étude de la doctrine. Ceci se passait dans une auberge de la ville de Mahseya où logeait également un marchand juif venu en cette ville pour y vendre deux ballots de vêtements.
Rabbi Yehouda a ouvert sa conférence de la manière suivante : L’Écriture (Gen. , XXVIII, 22) dit : « Et cette pierre, que j’ai dressée comme un monument, s’appellera la maison d’Élohim. » Ces paroles désignent la pierre fondamentale (schethiyâ) qui servit de point de départ à la création du monde et sur laquelle a été édifié le Sanctuaire. Le marchand juif, qui était en ce moment au lit, leva sa tête et dit à Rabbi Yehouda : Tes paroles ne peuvent pas être exactes, attendu que la pierre fondamentale existait avant la création du monde, puisqu’elle servit de point de départ à la création de celui-ci ; or, l’Écriture dit : « Et cette pierre, que j’ai dressée comme un monument, s’appellera la maison d’Élohim. » Par le terme « que j’ai dressée », l’Écriture fait entendre que cette pierre a été dressée pour la première fois par Jacob, mais qu’elle ne l’était pas déjà antérieurement. D’ailleurs, l’Écriture (Ibid. , 18) dit, en outre : « Il prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête et l’érigea comme un monument. » Enfin, Jacob se trouvait en ce moment à Beth-El, alors que la pierre fondamentale dont parle la tradition se trouve à Jérusalem.
Rabbi Yehouda n’a pas même tourné la tête vers l’interrupteur pour lui répondre ; et il continua à parler ainsi : Il est écrit (Amos, IV, 12) : « Prépare-toi, ô Israël, à aller au-devant de ton Dieu » ; et, ailleurs (Deut. , XXVII, 9) il est écrit : « Sois attentif, ô Israël, et écoute. » Nous inférons de ces paroles de l’Écriture que l’étude de la doctrine exige l’attention de l’esprit et quelle demande, en même temps que l’attention, la décence extérieure. Le commerçant juif se leva, s’habilla et s’assit à côté de Rabbi Yehouda, à qui il dit : Heureux votre sort, vous autres justes, qui consacrez vos jours et vos nuits à l’étude de la doctrine.
Rabbi Yehouda lui dit : Maintenant que tu t’es paré, répète-moi l’objection que tu viens de faire, afin que nous nous entretenions tous les deux de choses relatives à la doctrine. Car, sache que l’étude de la doctrine exige la parure du corps en même temps que l’attention de l’esprit. Moi aussi, j’aurais pu rester au lit et méditer dans le cœur le sujet relatif à la doctrine. Mais voici la raison pour laquelle j’ai préféré me lever : La tradition nous apprend que la Schekhina tient compagnie à celui qui se consacre à l’étude de la doctrine, alors même qu’on s’y consacre tout seul, c’est-à-dire sans élèves et sans collègues. Or, comment aurais-je pu rester au lit, alors que je savais que la Schekhina était présente ici ! En outre, l’étude de la doctrine exige la sérénité de l’esprit, disposition de l’âme que l’on ne possède que difficilement en étant couché. Enfin, j’ai préféré quitter le lit, parce que le Saint, béni soit-il, se promène dans le jardin de l’Éden avec les justes au moment où l’homme se lève dans la nuit pour se consacrer à l’étude de la loi, dès l’heure de minuit jusqu’à l’aurore où souffle la brise du nord ; et tous les justes qui se promènent à cette heure, dans le jardin de l’Éden, écoutent attentivement les paroles qui sortent de la bouche de l’homme. Comment aurais-je pu rester au lit à une heure où le Saint, béni soit-il, et tous les justes se délectent à entendre les paroles concernant la doctrine !
Rabbi Yehouda ajouta : Répète-moi ton objection. L’autre répondit : Je viens te demander comment tu peux concilier ton interprétation du verset : « Et cette pierre que j’ai dressée comme un monument s’appellera la maison d’Élohim », suivant laquelle les paroles désigneraient la pierre fondamentale, avec le terme « que j’ai dressée (samthi) », duquel il résulte que cette pierre a été dressée par Jacob, alors que la pierre fondamentale dont parle la tradition existait déjà avant la création du monde, puisqu’elle servait de point de départ à la création de celui-ci. En outre, l’Écriture dit : « Et il prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête et l’érigea comme un monument », paroles desquelles il résulte également que cette pierre avait été posée par Jacob, mais qu’elle n’y était pas placée dès le commencement des choses. Enfin, Jacob avait été en ce moment à Beth-El, alors que la pierre fondamentale dont parle là tradition était à Jérusalem ! Rabbi Yehouda lui répondit. Durant cette nuit, toute la terre de la Palestine s’était repliée. sur elle-même, pour que Jacob fût couché dessus ; ainsi s’explique que cette pierre se trouva être placée au-dessous de lui (57). Le marchand juif lui répliqua : L’Écriture dit pourtant : « ... Qu’il avait posée sous sa tête » ; et ailleurs elle dit : « ... Et cette pierre que j’ai dressée comme un monument. »
Rabbi Yehouda lui répondit : Si tu connais une autre interprétation de ce verset, dis-la. Le marchand juif a commencé son discours de la manière suivante : Il est écrit (Ps. , XVII, 15) : « Mais pour moi je paraîtrai devant toi avec la Justice ; je serai rassasié lorsque tu auras fait paraître ta gloire. » Tout l’amour et tous les désirs du roi David n’avaient pour objet que cette pierre fondamentale, qu’il désigne par le mot Justice ; et c’est à cette pierre que David fit allusion dans les paroles (Ps. , CXVIII, 22) : « La pierre que ceux qui bâtissaient avaient rejetée a été placée à la tête de l’angle. » Quand David souhaitait contempler de près la gloire de son Maître, il prit d’abord entre ses mains cette pierre ; et ce n’est qu’après qu’il put pénétrer dans le Sanctuaire ; car quiconque veut paraître devant son Maître ne peut y parvenir que par cette pierre, ainsi qu’il est écrit (Lévit. , XVI, 3) : « C’est avec « cela » (bezoth) qu’Aaron pénétra dans le Sanctuaire. » David s’était donc loué lui-même en disant: « ... Mais pour moi je paraîtrai devant tes yeux avec la Justice. » Tous les efforts de David ne tendaient que vers ce but de paraître en haut étroitement attaché et lié à cette pierre.
Remarquez qu'Abraham a institué la prière du matin ; il fit connaître la bonté de son Maître envers le monde, et c'est grâce à cette prière qu'il a rendu l'heure matinale propice aux vœux adressés au ciel, ainsi qu'il est écrit (Gen. , XXII, 3) : « Et Abraham se leva le matin de bonne heure. » Isaac a institué la prière des vêpres (minhah); il fit connaître au monde qu'il y a une Justice et un Juge qui l'applique. Jacob a institué la prière du soir, grâce à laquelle il rendit les heures du matin et du soir propices aux vœux adressés au ciel, plus qu'aucun autre homme ne l'avait fait avant lui. C'est pourquoi Jacob s'est loué lui-même en disant: [...]
- יָתָהּ עַל תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה. בְּגִין דְּהַאי כֻּרְסְיָיא לְדָא, כְּמַרְאֵה אָדָם דְּאִיהוּ דִּיוּקְנָא דְּיַעֲקֹב דְּאִיהוּ יָתִיב עֲלָהּ.
רַבִּי יְהוּדָה קָם לֵילְיָא חַד לְמִלְעֵי בְּאוֹרַיְיתָא בְּפַלְגוּ לֵילְיָא בְּבֵי אוּשְׁפִּיזָא בְּמָתָא מַחְסֵיָא. וְהֲוָה תַּמָּן בְּבֵיתָא חַד יוּדָאי דְּאֲתָא בִּתְרֵי קְסִירָא דְקַטְפִירָא. פָּתַח רַבִּי יְהוּדָה וְאָמַר (בראשית כח) וְהָאֶבֶן הַזֹּאת אֲשֶׁר שַׂמְתִּי מַצֵּבָה יִהְיֶה בֵּית אֱלֹהִים. דָּא הִיא אֶבֶן שְׁתִיָּה דְּמִתַּמָּן אִשְׁתִּיל עָלְמָא וְעֲלָה אִתְבְּנֵי בֵּי מַקְדְּשָׁא.
זָקַף רֵישֵׁיהּ הַהוּא יוּדָאי וְאֲמַר לָהּ הַאי מִלָּה אֵיךְ אֶפְשָׁר, וְהָא אֶבֶן שְׁתִיָּה עַד לָא אִתְבְּרֵי עָלְמָא הֲוַת וּמִינָהּ אִשְׁתִּיל עָלְמָא, וְאַתְּ אֲמַרְתְּ וְהָאֶבֶן הַזֹּאת אֲשֶׁר שַׂמְתִּי מַצֵּבָה. דְּמַשְׁמַע דְּיַעֲקֹב שַׁוֵי לָהּ הַשְׁתָּא דִּכְתִיב, (בראשית כח) וַיִּקַּח אֶת הָאֶבֶן אֲשֶׁר שָׂם מֵרַאֲשׁוֹתָיו. וְתוּ דְּיַעֲקֹב בְּבֵית אֵל הֲוָה וְהַאי אַבְנָא הֲוַת בִּיְרוּשָׁלַ ם.
רַבִּי יְהוּדָה לָא אַסְחַר רֵישֵׁיהּ לְגַבֵּיהּ, פָּתַח וְאָמַר (עמוס ד) הִכּוֹן לִקְרַאת אֱלקֶיךָ יִשְׂרָאֵל. וּכְתִיב, (דברים כז) הַסְכֵּת וּשְׁמַע יִשְׂרָאֵל. מִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא בָּעְיָין כַּוָּונָה. וּמִלִּין דְּאוֹרַיְיתָא בָּעָאן לְאִתְתַּקָּנָא בְּגוּפָא וּרְעוּתָא כְּחֲדָא. קָם הַהוּא יוּדָאי וְאִתְלַבַּשׁ, וְיָתִיב לְגַבֵּיהּ דְּרַבִּי יְהוּדָה, וְאָמַר זַכָּאִין אַתּוּן צַדִּיקַיָא דְּמִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא יוֹמָא וְלֵילֵי.
אָמַר לֵיהּ רַבִּי יְהוּדָה הַשְׁתָּא דְּכַוְונַת גַּרְמָךְ, אֵימָא מִילָךְ דְּנִתְחַבֵּר כְּחֲדָא. דְּהָא מִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא בָּעְיָין תִּקּוּנָא דְגוּפָא וְתִקּוּנָא דְלִבָּא. וְאִי לָאו בְּעַרְסָאי שְׁכִיבְנָא וּבְלִבָּאי אָמַרְנָא מִלִּין. אֶלָּא הָא תָּנִינָן דְּאָפִילּוּ חַד דְּיָתִיב וְלָעֵי בְּאוֹרַיְיתָא שְׁכִינְתָּא אִתְחַבְּרַת בַּהֲדֵיהּ, וּמַה שְּׁכִינְתָּא הָכָא וְאֲנָא שָׁכִיב בְּעַרְסָאי. וְלָא עוֹד אֶלָּא דְּבַעֲיָין צַחוּתָא.
וְתוּ דְּכָל בַּר נָשׁ (אחרי מות סז א) דְּקָם לְמִלְעֵי בְּאוֹרַיְיתָא מִפַּלְגוּ לֵילְיָא כַּד אִתְעַר רוּחַ צָפוֹן (בפלגו דליליא) קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָתֵי לְאִשְׁתַּעְשְׁעָא עִם צַדִּיקַיָא בְּגִנְתָּא דְעֵדֶן. וְהוּא וְכָל צַדִּיקַיָיא דִּבְגִנְתָּא כֻּלְהוּ צַיְיתִין (ליה וצייתין) לְאִלֵּין מִלִּין דְּנָפְקֵי מִפּוּמֵיהּ. וּמַה קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְכָל צַדִּיקַיָּיא מִתְעַדְּנִין לְמִשְׁמַע מִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא בְּשַׁעֲתָא דָּא וְאֲנָא אֱהֵא שָׁכִיב בְּעַרְסָאי. אָמַר לֵיהּ הַשְׁתָּא אֵימָא מִילָךְ.
אָמַר לֵיהּ שְׁאֵילְנָא עַל מַה דְּאֲמַרְתְּ בִּפְסוּקָא דָא (רזא דאבן שתיה דאמרת) וְהָאֶבֶן הַזֹּאת אֲשֶׁר שַׂמְתִּי מַצֵּבָה יִהְיֶה בֵּית אֱלהִים דְּדָא אֶבֶן שְׁתִיָה. (השתא דציית למלי) הֵיךְ אֶפְשָׁר, דְּהָא אֶבֶן שְׁתִיָּה עַד לָא אִתְבְּרֵי עָלְמָא הֲוַת וּמִנָּהּ אִשְׁתִּיל עָלְמָא, וְאַתְּ אֲמַרְתְּ אֲשֶׁר שַׂמְתִּי, דְּמַשְׁמַע דְּיַעֲקֹב שַׁוֵּי לָהּ הַשְׁתָּא. וּכְתִיב וַיִּקַּח אֶת הָאֶבֶן אֲשֶׁר שָׂם מֵרַאֲשׁוֹתָיו.
וְתוּ דְּיַעֲקֹב בְּבֵית אֵל הֲוָה וְאַבְנָא דָא הֲוַת בִּיְרוּשָׁלַם. אָמַר לֵיהּ כָּל אַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל אִכְפַּל תְּחוֹתוֹי וְהַהוּא אֶבֶן תְּחוֹתֵיהּ הֲוַת. אָמַר לֵיהּ אֲשֶׁר שָׂם כְּתִיב. וּכְתִיב וְהָאֶבֶן הַזֹּאת אֲשֶׁר שַׂמְתִּי מַצֵּבָה. אָמַר לֵיהּ אִי יָדַעְתְּ מִלָּה אֵימָא לָהּ.
פָּתַח וְאָמַר, (תהלים יז) אֲנִי בְצֶדֶק אֶחזֶה פָנֶיךָ אֶשְׂבְּעָה בְהָקִיץ תְּמוּנָתֶךָ. דָּוִד מַלְכָּא חֲבִיבוּתָא וּדְבֵקוּתָא דִילֵיהּ בְּהַאי אֶבֶן הֲוָה. וְעֲלָהּ אָמַר (תהלים קיח) אֶבֶן מָאֲסוּ הַבּוֹנִים הָיְתָה לְרֹאשׁ פִּנָּה. וְכַד בָּעָא לְאִסְתַּכְּלָא בְּחִיזוּ יְקָרָא דְמָרֵיהּ, נְטַל לְהַאי אֶבֶן בִּידֵיהּ בְּקַדְמִיתָא וּלְבָתַר עָיִיל.
בְּגִין דְּכָל מַאן דְּבָעֵי לְאִתְחֲזָאָה קַמֵּי מָרֵיהּ, לָא אָעִיל אֶלָּא בְּהַאי אֶבֶן. דִּכְתִיב, (ויקרא יג) בְּזֹאת יָבֹא אַהֲרֹן אֶל הַקֹּדֶשׁ. וְדָוִד מְשַׁבַּח גַּרְמֵיהּ וְאָמַר אֲנִי בְּצֶדֶק אֶחזֶה פָנֶיךָ. וְכָל אִשְׁתַּדְּלוּתֵיהּ דְּדָוִד לְאִתְחֲזָאָה בְּהַאי אֶבֶן כְּדְקָא יְאוּת לְגַבֵּי דִּלְעֵילָא.
תָּא חֲזֵי, אַבְרָהָם אַתְקִין צְלוֹתָא דְצַפְרָא וְאוֹדַע טִיבוּ דְמָארֵיהּ בְּעָלְמָא. וְאַתְקִין הַהִיא שַׁעֲתָא בְּתִקּוּנָהָא כְּדְקָא יָאוֹת דִּכְתִיב, (בראשית כ״ב:ג׳) וַיַּשְׁכֵּם אַבְרָהָם בַּבֹּקֶר. יִצְחָק אַתְקִין צְלוֹתָא דְמִנְחָה וְאוֹדַע בְּעָלְמָא דְּאִית דִּין וְאִית דַּיָּין דְּיָכוֹל לְשֵׁזָבָא וּלְמֵידַן עָלְמָא.
יַעֲקֹב אַתְקִין צְלוֹתָא דְעַרְבִית, וּבְגִין צְלוֹתָא דָא דְּאַתְקִין מַה דְּלָא אַתְקִין בַר נָשׁ מִקַּדְמַת דְּנָא כְּדְקָא יְאוּת. בְגִין כָּךְ שַׁבַּח גַּרְמֵיהּ וְאָמַר (Ⅰ)
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[72b]
[...] « ... Et cette pierre que j'ai dressée comme un monument »; car, jusqu'à ce moment, aucun autre homme avant Jacob n'avait si bien dressé cette pierre fondamentale indiquée par Isaac à l'aide de l'institution de la prière du milieu du jour.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen. , XXVIII, 18) dit également : « Il prit la pierre qu'il avait mise sous sa tête et l'érigea comme un monument (matzebah). » Que signifie le mot « matzebah » (hbum) ? Ce mot indique que la pierre fondamentale avait été renversée par l’iniquité des hommes et que c'était Jacob qui l'avait remise debout.
L’Écriture ajoute : « Et il répandit de l'huile sur la pierre », ce qui veut dire que Jacob contribua plus que personne au monde à redresser cette pierre fondamentale.
Rabbi Yehouda, embrassant le commerçant juif, lui dit : Comment! Toi qui es tant versé dans la doctrine ésotérique, tu t'occupes du commerce et tu négliges les choses qui contribuent à la vie éternelle? Le commerçant juif lui répondit : Je me trouve en ce moment dans une situation de fortune assez précaire ; j'ai, en outre, deux fils qui restent toute la journée à l'école ; je suis chargé de les entretenir et de payer leur maître pour qu'il leur apprenne la doctrine. Reprenant le fil de son discours, le commerçant juif s'exprima ainsi : Il est écrit (III Rois, II, 12) : « Et le roi Salomon s'assit sur le trône de David, son père; et son règne s'affermit puissamment. » Quelle gloire est-ce pour Salomon de s'être assis sur le trône de son père? Mais l'Écriture veut dire que Salomon a redressé la pierre fondamentale (schethiya), sur laquelle il a édifié le Sanctuaire. C'est en compensation de cette œuvre méritoire que L’Écriture ajoute : « ... Et son règne s'affermit puissamment. » Il est écrit (Gen. , IX, 16) : « ... Et je garderai l'arc ; et je me souviendrai de !'Alliance éternelle. » Le sens de ces paroles est que le Saint, béni soit-il, désire constamment l'arc ; et tout homme qui n'est pas réfléchi par cet arc ne pénétrera jamais auprès de son Maître.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « ... Et je verrai l'arc ; et je me souviendrai de l’Alliance éternelle. » Quel est le sens du mot « et je verrai l'arc » (ourithiha hytyarw )? Ce mot renferme le mystère exprimé dans les paroles de l'Écriture (Éz. , IX,4) : « Et le Seigneur lui dit : Passe au travers de la ville, au milieu de Jérusalem, et marque un Thav sur le front des hommes qui gémissent, etc. » L'Écriture veut dire, dans la Genèse, que Dieu regarde tout homme pour voir s'il a la marque du Thav imprimée sur le front ; et, s'il en est ainsi, il se souvient de l'Alliance éternelle. Selon une autre interprétation, les paroles de Dieu : « ... Et je verrai l'arc; et je me souviendrai de l’Alliance éternelle » font allusion à la marque sacrée imprimée dans la chair.
Rabbi Yehouda répondit : En vérité, tout ce que tu viens de dire est exact. Pourtant, l'arc-en-ciel visible sur la terre a sa cause efficiente dans le Mystère suprême. Quand Israël sera délivré de la Diaspora, l'arc-en-ciel se parera de couleurs magnifiques, telle une fiancée se parant pour aller au-devant de son fiancé. Le commerçant juif dit à Rabbi Yehouda : Voici les paroles que mon père, au moment de quitter ce monde, m'a dites : N'espère jamais porter la bannière du Messie, jusqu'au jour où l'arc-en-ciel apparaîtra dans le monde paré de lumières éclatantes et colorées, qui éclaireront tout le monde; ce n’est qu’en ce jour que tu pourras attendre le Messie. D'où savons-nous cela? Nous le savons par les paroles de l'Écriture : « ... Et je verrai l'arc ; et je me souviendrai de l'Alliance éternelle. »
A l'heure qu'il est, l'arc n'est pourvu que de couleurs ternes, parce qu’il n'a pour but que de rappeler au monde que Dieu ne le détruira plus par un déluge. Mais lorsque l'heure du Messie aura sonné pour Israël, l'arc-en-ciel apparaîtra avec des couleurs lumineuses et éclatantes, telle une fiancée se parant pour aller au-devant de son fiancé. En ce jour, le Saint, béni soit-il, se souviendra de l'Alliance qu'il a faite avec Israël, qui est dans l'exil. Dieu le relèvera alors de la poussière, ainsi qu’il est écrit (Osée, III, 5) : « Et après cela, les enfants d'Israël reviendront; et ils chercheront le Seigneur leur Dieu et David leur roi », et ailleurs (Jér. , XXX, 9) il est écrit : « Et ils serviront le Seigneur leur Dieu, et David leur roi, que je leur ressusciterai. » Par les mots « que je leur ressusciterai », l'Écriture veut dire que Dieu fera ressusciter David de la terre, ainsi qu'il est écrit (Amos, IX, 11) : « En ce jour-là, je relèverai le tabernacle de David, qui tombe. »
C'est pourquoi l’Écriture dit : « ... Et je verrai l'arc ; et je me souviendrai de l'Alliance éternelle », ce qui veut dire qu’au jour où l’arc-en-ciel apparaîtra avec des couleurs lumineuses et éclatantes, Dieu fera ressusciter David. Mon père a ajouté que c'est en raison de ce qui précède que la délivrance d'Israël est mentionnée dans l'Écriture en même temps que le souvenir de Dieu pour l'Alliance éternelle ; c'est pourquoi l'Écriture (Is. , LIV, 9) dit : « J'ai fait pour toi ce que j'ai fait au temps de Noé. Comme j'ai juré à Noé de ne plus répandre sur la terre les eaux du Déluge, ainsi j'ai juré de ne me mettre plus en colère contre toi et de ne te plus faire de reproches. » Il est écrit (Gen. , IX, 18) : « Et les fils de Noé qui sortirent de l'arche étaient Sem, Cham et Japhet. » Rabbi Éléazar demanda : Pourquoi l'Écriture a-t-elle besoin d'ajouter « qui sortirent de l'arche », alors que les mots : « Et les fils de Noé étaient » auraient suffi ? Noé avait-il donc d'autres fils qui ne sortirent point de l'arche?
Rabbi Abba lui répondit : En effet, Noé avait encore d'autres fils; car ses fils en ont engendré d'autres, ainsi qu'il est écrit(Gen. , X, 1) : « Voici les fils de Sem », or les petits-fils sont désignés, dans l’Écriture, sous le nom de fils. Comme les petits-fils de, Noé ne sont point sortis de l'arche, l'Écriture avait besoin de spécifier : « Et les fils de Noé qui sortirent de l'arche étaient Sem, Cham et Japhet. »
Rabbi Siméon dit: Si j'avais été au monde au moment où le Saint, béni soit-il, confia le livre des mystères à Énoch et à Adam, je me serais appliqué à obtenir la faveur céleste pour que ces mystères ne fussent divulgués parmi les hommes profanes, car les hommes vulgaires ne sachant apprécier la haute valeur de la doctrine ésotérique, et la confondant avec d'autres sciences, la font ainsi sortir de son domaine supérieur à un domaine étranger. Mais, maintenant, ce ne sont que les sages du monde qui connaissent les grands mystères ; mais ils les cachent aux vulgaires ; ils se servent de la connaissance de ces mystères pour mieux servir leur Maître. A cette occasion, expliquons le verset précité qui renferme le mystère des mystères. Lorsque la joie de toutes les joies, mystère des mystères, cause des causes, se réveille, une lumière très fine se répand à droite et à gauche, tel un bon vin qui se répand dans tous les organes du corps de celui qui l'a bu. Cette joie céleste et ce rayon de lumière n'ont pour cause que la lumière qui brille au milieu. Il y a deux esprits, dont l'un tend toujours à monter, l'autre à descendre ; ils sont attachés à l'esprit du milieu. Ces trois esprits vont dans trois directions ; ces trois sont un par l'Alliance. Et l'esprit qui monte s'attachant à l'Alliance est fécondé par elle et donne naissance à trois enfants, un de chaque côté. De même de l'Alliance de Noé avec l'arche sont sortis trois [...]
- וְהָאֶבֶן הַזֹּאת אֲשֶׁר שַׂמְתִּי מַצֵּבָה. דְּעַד הַהִיא שַׁעֲתָא לָא שַׁוִּי לָהּ אָחֳרָא כַּוָּותֵיהּ.
וּבְגִין כָּךְ וַיִּקַּח אֶת הָאֶבֶן אֲשֶׁר שָׂם מְרַאֲשׁוֹתָיו וַיָּשֶׂם אוֹתָהּ מַצֵּבָה. מַאי מַצֵּבָה דְּהֲוָה נְפִילָה וְאוֹקִים לָהּ. וַיִּצּוֹק שֶׁמֶן עַל רֹאשָׁהּ. דְּהָא בְּיַעֲקֹב תַּלְיָא מִילְתָא לְמֶעְבַּד יַתִּיר מִכָּל בְּנֵי עָלְמָא. אֲתָא רַבִּי יְהוּדָה וּנְשָׁקֵיהּ, אָמַר לֵיהּ וְכָל הַאי יְדַעְתְּ (והיך) וְאַתְּ מִשְׁתַּדֵּל בִּסְחוֹרָתָא וּמַנַּח חַיֵּי עָלְמָא. אָמַר לֵיהּ דְּהֲוָה דְחִיקָא לִי שַׁעֲתָא, וְאִית לִי תְּרֵין בְּנִין וְקָיְימִין כָּל יוֹמָא בְּבֵי רַב וְאֲנָא אִשְׁתַּדַּלְנָא עַל מְזוֹנַיְיהוּ וּלְמֵיהַב לוֹן אֲגַר לְמוֹרַיְיהוּ בְּגִין דְּיִשְׁתַּדְּלוּן בְּאוֹרַיְיתָא.
פָּתַח וְאָמַר, (מלכים א ב׳:י״ב) וּשְׁלֹמֹה יָשַׁב עַל כִּסֵּא דָּוִד אָבִיו וַתִּכּוֹן מַלְכוּתוֹ מְאֹד. מַאי שְׁבָחָא דָא. אֶלָּא דְּאַתְקִין אֶבֶן שְׁתִיָּה וְשַׁוֵּי עֲלָהּ קֹדֶשׁ הַקֳּדָשִׁים וּכְדֵין וַתִּכּוֹן מַלְכוּתוֹ מְאֹד. וּכְתִיב, (בראשית ט׳:ט״ז) וּרְאִיתִיהָ לִזְכּוֹר בְּרִית עוֹלָם. דְּהָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא תִּיאוּבְתָּא דִילֵיהּ בָּהּ תָּדִיר, וּמַאן דְּלָא אִתְחֲזֵי בָּהּ לָא אָעִיל קַמֵּי מָארֵיהּ. וְעַל דָּא כְּתִיב וּרְאִיתִיהָ לִזְכּוֹר בְּרִית עוֹלָם.
וּרְאִיתִיהָ. מַאי וּרְאִיתִיהָ, רָזָא הוּא כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (יחזקאל ט׳:ד׳) וְהִתְוֵיתָ תָּיו עַל מִצְחוֹת וְגו'. לְאִתְחַזָּאָה עֲלַיְיהוּ. וְאִיכָּא דְאָמְרֵי דָּא רְשִׁימוּ דְּאָת קַדִּישָׁא דִּי בְּבִשְׂרָא.
אָמַר רַבִּי יְהוּדָה וַדַּאי כֹּלָּא הוּא. (ד''א הכי) אֲבָל הַאי קֶשֶׁת דְּאִתְחֲזֵי בְּעָלְמָא בְּרָזָא עִלָאָה קָיְימָא. וְכַד יִפְקוּן יִשְׂרָאֵל מִן גָּלוּתָא זְמִינָא הַאי קֶשֶׁת לְאִתְקַשְׁטָא בְּגַוְונוֹי כְּכַלָּה דָא דְּמִתְקַשְּׁטָא לְבַעֲלָהּ. אָמַר לֵיהּ הַהוּא יוּדָאי כָּךְ אָמַר לִי אַבָּא כַּד הֲוָה מִסְתַּלַּק מֵעָלְמָא (אמר לי) לָא תְצַפֵּי לְרַגְלֵי דִמְשִׁיחָא עַד דְּיִתְחֲזֵי הַאי קֶשֶׁת בְּעָלְמָא (ד''א ל''ג בעננא) מִתְקַשְׁטָא בְּגַוְונִי נְהִירִין וְיִתְנְהִיר לְעָלְמָא. וּכְדֵין צְפֵי לֵיהּ לְמָשִׁיחַ.
מְנָלָן, דִּכְתִיב וּרְאִיתִיהָ לִזְכֹּר בְּרִית עוֹלָם. וְהַשְׁתָּא דְּאִתְחַזְּיָא בִּגְוָונִין חֲשׁוֹכִין מִתְחַזְּיָא לְדוּכְרָנָא (והיא לזכור) דְּלָא יִיִתֵי מַבּוּל. אֲבָל בְּהַהִיא זִמְנָא אִתְחַזְּיָיא בִּגְוָונִין נְהִירִין וּמִתְקַשְּׁטָא בְּתִקּוּנָא כְּכַלָּה דְּמִתְקַשְּׁטָא לְבַעֲלָהּ וּכְדֵין לִזְכֹּר בְּרִית עוֹלָם וְיִדְכַּר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְהַאי בְּרִית דְּאִיהוּ בְּגָלוּתָא וְיָקִים לָהּ מֵעַפְרָא הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (הושע ג׳:ה׳) וּבִקְּשׁוּ אֶת יְיָ אֱלהֵיהֶם וְאֶת דָּוִד מַלְכָּם. וּכְתִיב, (ירמיהו ל׳:ט׳) וְעָבְדוּ אֶת יְיָ אֱלֹהֵיהֶם וְאֶת דָּוִד מַלְכָּם אֲשֶׁר אָקִים לָהֶם, אֲשֶׁר אָקִים מֵעָפָר כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (עמוס ט׳:י״א) אָקִים אֶת סֻכַּת דָּוִד הַנּוֹפָלֶת. וְעַל דָּא וּרְאִיתִיהָ לִזְכֹּר בְּרִית עוֹלָם וּלְאַקְמָא לָהּ מֵעַפְרָא.
וְאָמַר הָכִי אַבָּא דִּבְגִין כָּךְ אִדְכַּר בְּאוֹרַיְיתָא פּוּרְקָנָא דְיִשְׂרָאֵל וּדְכוּרָנָא דִּילָהּ. וְדָא הוּא דִכְתִיב, (ישעיהו נ״ד:ט׳) אֲשֶׁר נִשְׁבַּעְתִּי מֵעֲבוֹר מֵי נֹחַ עוֹד עַל הָאָרֶץ כֵּן נִשְׁבַּעְתִּי מִקְצוֹף עָלַיִךְ וּמִגְּעָר בָּךְ:
וַיִּהְיוּ בְּנִי נֹחַ הַיּוֹצְאִים מִן הַתֵּבָה. רַבִּי אֶלְעָזָר אָמַר כֵּיוָן דִּכְתִיב וַיִּהְיוּ בְּנֵי נֹחַ. אַמַּאי אָמַר הַיּוֹצְאִים מִן הַתֵּבָה. וְכִי בְּנִין אָחֳרָנִין הֲווּ לֵיהּ דְּלָא נָפְקֵי מִן תֵּיבוּתָא. אָמַר לֵיהּ רַבִּי אַבָּא אִין. דְּהָא לְבָתַר אוֹלִידוּ בְּנוֹי בְּנִין. דִּכְתִיב וְאֵלֶּה תּוֹלְדוֹת שֵׁם וְגו'. וְאִנוּן לָא נָפְקֵי מִגּוֹ תֵּיבוּתָא. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב הַיּוֹצְאִים מִן הַתֵּיבָה שֵׁם חָם וָיָפֶת.
רַבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר אִילּוּ הֲוֵינָא שְׁכִיחַ בְּעָלְמָא כַּד יָהִיב קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא סִפְרָא דְחֲנוֹךְ בְּעָלְמָא וְסִפְרָא דְאָדָם, אַתְקִיפְנָא דְּלָא יִשְׁתַּכְּחוּן בֵּינֵי אֱנָשָׁא, בְּגִין דְּלָא חַיְישׁוּ כָּל חֲכָמָאן לְאִסְתַּכְּלָא בְּהוּ וְטָעָן בְּמִלִּין אָחֳרָנִין לְאֲפָקָא מֵרְשׁוּ עִלָּאָה לִרְשׁוּ אָחֳרָא. וְהַשְׁתָּא הָא חַכִּימֵי עָלְמָא יָדְעִין מִלִּין וְסָתְמִין לוֹן וּמִתְתַּקְפֵי בְּפוּלְחָנָא דְּמָארֵיהוֹן.
וְהַאי קְרָא אַשְׁכַּחְנָא בְּרָזָא דְרָזִין. (תוספתא) דְּכַד אִתְעַר חֶדְוָה דְּכָל חֶדְוָון טְמִירָא סְתִימָא סַבְתָּא דְסַבְתִּין אַנְהִיר מִנֵּיהּ נְהִירוּ דַּקִּיק. חֶדְוָה דְּכָל חֶדְוָון נָהִיר לְיָמִינָא בִּמְשַׁח רְבוּת עִלָּאָה. וְנָהִיר לִשְׂמָאלָא בְּחֶדְוָוה דְּחַמְרָא טַב, נָהִיר לְאֶמְצָעִיתָא בְּחֶדְוָוה (ד''א דארגוונא) דִּתְרֵין סִטְרִין. רוּחַ אִתְעַר וְרוּחַ סָלְקָא וְאִתְיְיהִיב בְּרוּחָא.
דָּבְקָן דָּא בְּדָא. תְּלַת עָאלִין בִּתְלַת. מִגּוֹ תְּלַת נָפְקָא חַד בְּרִית דְדָבְקָא בִּבְרִית. אִתְעֲבָרַת רוּחַ דְּסָלְקָא, מִתְעֲבָרַת מִנֵּיהּ. כַּד אִתְיְיהִיבַת בִּתְרֵין סִטְרִין אִתְדַּבְּקוּ רוּחָא בְּרוּחָא (Ⅰ)
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[73a]
[...] symboles des trois esprits supérieurs. « Et les trois fils sortis de l'arche étaient Sem, Cham et Japhet. » Sem correspond au principe du côté droit, Cham à celui du côté gauche, et Japhet au point du milieu qui, pareil à la couleur de la pourpre, reflète les deux autres. Cham était la père de Chanaan ; il constituait la gangue de l'or éliminée du métal précieux au moment de la fonte ; il prend son inspiration du côté impur, du serpent primitif.
C’est pourquoi l’Écriture spécifie et dit : « Et Cham était le père de Chanaan. » Elle veut dire : le père de celui qui a attiré les malédictions dans le monde, le père de celui qui a été maudit lui-même, le père de celui, enfin, qui a noirci les visages des hommes.
C’est pourquoi l’Écriture ne dit pas : « Et Sem était le père d'un tel » ou : « Et Japhet était le père d'un tel »; mais elle dit : « Et Cham était le père de Chanaan. » C'est évidemment dans le but de nous indiquer ce qui précède. C'est pourquoi, à l'arrivée d'Abraham, l'Écriture (Gen. , XII, 6) dit : « Abraham passa à travers le pays.» Car, tant que les patriarches, n'avaient pas encore, par leurs mérites, épuré la terre de Chanaan et tant qu'Israël n'était pas encore là pour y faire retentir le nom sacré et céleste, ce pays était chargé de la malédiction. Si longtemps qu'Israël fut digne, cette terre porta son nom de « terre d'Israël »; mais tant qu'Israël n'était pas digne, cette terre ne porta point son nom, mais celui de « pays de Chanaan ».
C’est pourquoi l’Écriture (Gen. , IX, 25) dit : « Que Chanaan soit maudit ; qu'il soit à l'égard de ses frères l'esclave des esclaves »; car c'est lui qui a attiré la malédiction dans le monde. Pour le serpent, l'Écriture (Gen. , III, 14) se sert du même terme : « Alors le Seigneur Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, sois maudit entre tous les animaux et toutes les bêtes de la terre. » C'est ce que l'Écriture entend par les mots « l'esclave des esclaves ». Tel est le sens des paroles de l'Écriture (Gen. , IX, 18) : « Et les enfants de Noé qui sortirent de l'arche étaient : Sem, Cham et Japhet ; et Cham était le père de Chanaan », ainsi que nous venons de l'expliquer.
Il est écrit (Ibid. , 19) : « Ce sont là les trois fils de Noé ; et c'est d'eux qu'est sortie toute la race des hommes qui sont sur la terre. » L'Écriture veut nous apprendre que la base de tout le monde est le Mystère suprême. C'est pourquoi elle ajoute : « ...Et c'est d'eux qu'est sortie toute la race des hommes qui sont sur la terre. » Dans ces paroles est renfermé le mystère des trois couleurs célestes pour avertir les hommes que la gloire du Saint, béni soit-il, s'étend en haut et en bas, que Dieu est unique en haut et en bas.
Rabbi Éléazar dit : Ces trois couleurs célestes sont la marque de toutes choses qui émanent du côté saint ; et de même que ces trois couleurs vont graduellement se modifier en d'autres nuances, de même les choses émanant du côté saint vont graduellement se modifier en des choses émanant du côté impur. Chaque couleur de l'arc présente vingt-sept gradations, et chaque chose sainte présente autant de gradations avant de se transformer en impureté. Aussi, le vulgaire distingue-t-il difficilement entre le saint et l'impur, la connaissance de ces gradations étant exclusivement réservée aux sages éminents. Heureux le sort des justes que le Saint, béni soit-il, désire glorifier et à qui il a confié les mystères de la « Sagesse supérieure ». C'est de ces Justes que dit le Psalmiste (Ps. , XXV, 14) : « Le mystère du Seigneur est confié à ceux qui le craignent, et il leur fait connaître son Alliance. »
Rabbi Éléazar a ouvert une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Is. , XXV, 1) : « Seigneur, tu es mon Dieu ; je te glorifierai et je bénirai ton nom, parce que tu as fait des prodiges et que la vérité de tes desseins éternels est constante. » Combien convient-il aux hommes de contempler la gloire de leur Maître, pour pouvoir le louer de manière convenable ! Car le Saint, béni soit-il, exauce les vœux de tous ceux qui savent le louer d'une manière convenable. Mais il y a plus : ceux qui savent louer Dieu de manière convenable augmentent les bénédictions en haut et en bas. Aussi, le nom de celui qui sait louer son Maître et en exprimer l'unité est-il aimé en haut et affectionné en bas ; et le Saint, béni soit-il, s'en glorifie ; c'est d'un tel homme que l'Écriture (Is. , XLIX, 3) dit : « Israël, tu es mon serviteur; et je me glorifierai en toi. » Il est écrit (Gen. , IX, 20) : « Et Noé commença à devenir un agriculteur ; et il planta la vigne. » Rabbi Yehouda et Rabbi Yossé sont d'avis différents au sujet de l'interprétation de ce verset. Selon l’un, Noé a transplanté sur la terre la vigne du Jardin de l'Éden. Suivant l'autre, la vigne existait déjà avant Noé sur la terre ; celui-ci n'aurait fait que l'arracher d'un endroit et la transplanter sur un terrain plus propice à la viticulture. La vigne ainsi plantée par Noé poussa et produisit des grappes ; Noé, ayant pressé les raisins, en but le jus et s'enivra.
Rabbi Siméon dit : Ce verset renferme un mystère de la Sagesse. Lorsque Noé s'appliqua à approfondir le péché qui avait fait succomber le premier homme, non pas dans le but de commettre à son tour le même péché, mais plutôt avec l'intention d'en guérir le monde, et qu'il constata son impuissance à atteindre son but, il pressa les raisins pour connaître la nature de la vigne (58). C'est ainsi que Noé s'est enivré en mettant à nu l'es sence divine, sans avoir la force intellectuelle de l'approfondir.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen. , IX, 21) dit : « Il s'enivra et parut nu dans sa tente », ce qui veut dire : Il a soulevé un coin du voile cachant la brèche du monde qui devait rester toujours secrète. L'Écriture dit : « ... Dans sa tente (bethokh oholoh). » Le mot « oholoh » est écrit avec un Hé final (59), parce qu'il a le même sens que dans le verset (Prov. , V, 8) : « Éloignez d'elle votre voie et n'approchez point de la porte de sa maison. » Ainsi, « dans [...]
- וּמִתְעַבְּרָן מִתְּלַת בְּנִין. וְנֹחַ וְתֵיבָה נָפְקוּ מִנַּיְיהוּ תְּלָתָא, כְּגַוְונָא דִּתְלָתָא (דלתתא) עִלָּאִין, וְאִלֵּין אִנוּן דְּנָפְקוּ מִגּוֹ תֵּיבוּתָא שֵׁם וְחָם וְיָפֶת. שֵׁם דְּבִסְטַר יָמִינָא, חָם דְּבִסְטַר שְׂמָאלָא. יֶפֶת אַרְגְּוָונָא דְּכָלִיל לוֹן.
וְחָם הוּא אֲבִי כְנָעַן. זוּהֲמָא דְדַהֲבָא תְּחוֹת קַסְטִיפִין. אִתְעֲרוּתָא דְּרוּחָא מְסָאֲבָא דְּנָחָשׁ קַדְמָאָה. וּבְגִין כָּךְ רְשִׁים וְאָמַר, וְחָם הוּא אֲבִי כְנָעַן. דְּאַיְיתֵי לְוָוטִין עַל עָלְמָא. הַהוּא כְנָעַן דְּאִתְלַטְּיָא. הַהוּא כְנָעַן דְּאַחְשִׁיךְ אַנְפֵּי בְּרִיָּין.
וּבְגִין כָּךְ (כלהו) לָא נָפִיק מִגּוֹ כְּלָלָא דְּכֻלְהוּ אֶלָּא דָא דִּכְתִיב וְחָם הוּא אֲבִי כְנָעַן. הַהוּא דְּאַחְשִׁיךְ עָלְמָא, וְלָא כְּתִיב בִּכְלָלָא דָא וְשֵׁם הוּא אֲבִי כָךְ אוֹ יֶפֶת הוּא אֲבִי כָךְ, אֶלָּא מִיָּד קָפַץ וְאָמַר וְחָם הוּא אֲבִי כְנָעַן. וַדַּאי.
וְעַל דָּא כַּד אֲתָא אַבְרָהָם מַה כְּתִיב (בראשית י״ב:ו׳) וַיַּעֲבֹר אַבְרָם בָּאָרֶץ. דְּעַד לָא הֲוָה קִיּוּמָא דְּאֲבָהָן וְלָא אָתוּ זַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל בְּעָלְמָא, דְּיִפּוּק שְׁמָא דָא וְיֵיעוּל שְׁמָא עִלָּאָה קַדִּישָׁא. כַּד הֲווּ זַכָּאִין יִשְׂרָאֵל אִקְרֵי אַרְעָא עַל שְׁמָא דָא אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. כַּד לָא זָכוּ אִקְרֵי אַרְעָא עַל שְׁמָא אָחֳרָא, אֶרֶץ כְּנָעַן.
וְעַל דָּא כְּתִיב, (בראשית ט׳:כ״ה) וַיֹּאמֶר אָרוּר כְּנַעַן עֶבֶד עֲבָדִים יִהְיֶה לְאֶחָיו. דְּאִיהוּ אַיְיתֵי לְוָוטִין עַל עָלְמָא. וּבְנָחָשׁ מַה כְּתִיב, (בראשית ג׳:י״ד) אָרוּר אַתָּה מִכָּל הַבְּהֵמָה. הַיְינוּ דִכְתִיב עֶבֶד עֲבָדִים. וְעַל דָּא כְּתִיב שֵׁם חָם וְיָפֶת. תְּלַת אִלֵין בְּנֵי נֹחַ הַיּוֹצְאִים מִן הַתֵּיבָה כִּדְקָאַמְרִינָן:
שְׁלשָׁה אֵלֶּה בְּנִי נֹחַ. קִיּוּמָא דְּכָל עָלְמָא, קִיּוּמָא דְרָזָא עִלָּאָה. וּמֵאֵלֶּה נָפְצָה כָל הָאָרֶץ. הַיְינוּ רָזָא (דא) דִּתְלַת גְּוָונִין עִלָּאִין. דְּכַד הַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק אַשְׁקֵי לְגִנְתָא בְּחֵילָא דִתְלַת אִלֵּין עִלָּאִין. וּמִתַּמָּן אִתְפָּרְשָׁן גְּוָונִין דִּלְתַתָּא כָּל חַד וְחַד כָּלִיל בְּחַבְרֵיהּ, לְאַחֲזָאָה דִּיקָרָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְפַּשַּׁט לְעֵילָא וְתַתָּא, וְאִיהוּ חַד בְּעִלָּאֵי וְתַתָּאֵי.
אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר תְּלַת גְּוָונִין אִלֵּין בְּכָל אִנוּן דְּאַתְיָין מִסְּטַר דִּקְדוּשָׁה, וּמֵחֵיזוּ דִּתְלַת גְּוָונִין אִלֵּין מִתְפָּרְשָׁאן לְכָל אִנוּן דְּאַתְיָין מִסִּטְרָא דְרוּחָא אָחֳרָא. וְכַד תִּסְתַּכֵּל בְּרָזָא דְדַרְגִּין תִּשְׁכַּח הֵיךְ מִתְפָּרְשָׁן גְּוָונִין לְכָל אִנוּן סִטְרִין עַד דְּעָיְילִין לְתַתָּא בְּרָזָא דְּאִנוּן שִׁבְעָה וְעֶשְׂרִין צִנּוֹרִין (סטרי) דְּדַשֵּׁי דְּחָפְיָין לִתְהוֹמֵי.
וְכֹלָּא יְדִיעָא לַחֲכִימִין עֶלְיוֹנִין. זַכָּאָה חוּלַקְהוֹן דְּצַדִּיקַיָיא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בִּיקְרֵיהוֹן וְגָלֵי לוֹן סִתְרִין עִלָּאִין דְּחָכְמְתָא, עֲלַיְיהוּ כְּתִיב, (תהילים כ״ה:י״ד) סוֹד יְיָ לִירֵאָיו וּבְרִיתוֹ לְהוֹדִיעָם.
פָּתַח רַבִּי אֶלְעָזָר וְאָמַר (ישעיהו כ״ה:א׳) יְיָ אֱלהַי אַתָּה אֲרוֹמִמְךָ אוֹדֶה שִׁמְךָ כִּי עָשִׂיתָ פֶּלֶא עֵצוֹת מֵרָחוֹק אֱמוּנָה אֹמֶן. כַּמָּה אִית לוֹן לִבְנֵי נָשָׁא לְאִסְתַּכָּלָא בִּיקְרָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וּלְשַׁבְּחָא לִיקָרֵיהּ. בְּגִין דְּכָל מַאן דְּיָדַע לְשַׁבְּחָא לְמָארֵיהּ כְּדְקָא יָאוֹת, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד לֵיהּ רְעוּתֵיהּ. וְלָא עוֹד אֶלָּא דְאַסְגֵּי בִּרְכָאן לְעֵילָא וְתַתָּא.
וְעַל דָּא מַאן דְּיָדַע לְשַׁבְּחָא לֵיהּ לְמָארֵיהּ וּלְיַחֲדָא שְׁמֵיהּ, חָבִיב הוּא לְעֵילָא וְחָמִיד לְתַתָּא וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מִשְׁתַּבֵּחַ בֵּיהּ (נ''א ביקריה), וְעֲלֵיהּ כְּתִיב, (ישעיהו מ״ט:ג׳) וַיֹּאמֶר לִי עַבְדִּי אַתָּה יִשְרָאֵל אֲשֶׁר בְּךָ אֶתְפָּאֵר:
וַיָּחֶל נֹחַ אִישׁ הָאֲדָמָה וַיִּטַּע כֶּרֶם. רַבִּי יְהוּדָה וְרַבִּי יוֹסֵי. חַד אָמַר מִגַּן עֵדֶן (אתרכבת) אִתְתַּרְכַת וּנְצִיב לָהּ הָכָא. וְחַד אָמַר בְּאַרְעָא הֲוַת וְעָקַר לָהּ וְשָׁתַל לָהּ, וּבְהַהוּא יוֹמָא עַבְדַת אִיבִּין וְנִיצַת לַבְלְבִין וְעֲנָבִים וְהֲוָה סָחִיט לָהּ וְשָׁתֵי מִן חַמְרָא וְרָוֵי.
רַבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר רָזָא דְּחָכְמְתָא אִיהוּ הָכָא בְּהַאי קְרָא. כַּד בָּעָא נֹחַ לְמִבְדַּק בְּהַהוּא חוֹבָא דְּבָדַק אָדָם הָרִאשׁוֹן. לָאו לְאִתְדַּבְּקָא בֵּיהּ, אֶלָּא לְמִנְדַע וּלְאַתְקָנָא עָלְמָא וְלָא יָכִיל. סָחַט עֲנָבִים לְמִבְדַּק בְּהַהוּא כֶּרֶם. כֵּיוָן דְּמָטָא לְהַאי, (ד''א כדין) וַיִּשְׁכָּר וַיִּתְגָּל. וְלָא הֲוָה לֵיהּ חֵילָא לְמֵיקַם. וּבְגִין כָּךְ וַיִּתְגָּל גַּלֵּי פִּרְצָה דְעָלְמָא דְּהֲוָה סָתִים. בְּתוֹךְ אָהֳלֹה כְּתִיב בְּה''א. וְעַל דָּא כְּתִיב וְאַל תִּקְרַב אֶל פֶּתַח בֵּיתָהּ. בְּתוֹךְ (Ⅰ)
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[73b]
[...] sa tente » ne signifie pas dans la tente de Noé, mais « dans la tente de la vigne ». De même, la tradition nous apprend que le péché commis par les fils d'Aaron et qui causa leur mort consistait dans l'ébriété. Or, il est certain que ces paroles de la tradition ne doivent pas être prises au pied de la lettre ; car qui est-ce qui aurait pu porter du vin dans le Sanctuaire, pour que les fils d'Aaron eussent pu s'y enivrer, en admettant même que ceux-ci eussent été assez éhontés pour boire du vin jusqu'à l'ébriété ? Mais, en vérité, l'ivresse des fils d'Aaron n'était pas déterminée par l’usage de simple vin, mais bien par le vin provenant de la vigne dont nous venons de parler, ainsi qu'il est écrit (Lév. , X, 1) : « Et ils offrirent devant le Seigneur un feu étranger. » Or, les mots « feu étranger » ont le même sens que dans le verset(Prov. , VII, 5) : « ... Afin qu'elle vous préserve de la femme étrangère, de l'étrangère qui se sert d'un langage doux et flatteur. »
Ainsi, ces deux mots « étranger » désignent le même objet (60). C'est donc à ce genre d'ivresse que font allusion les paroles de l'Écriture (Gen. , IX, 21) : « Et il but du vin ; il s'enivra et parut nu dans sa tente. » C'est cette faute de Noé qui conféra un pouvoir à Cham, le père de Chanaan, ainsi que nous l'avons expliqué précédemment ; c'est à partir de ce moment que Chanaan obtint le pouvoir de régner. Comme Chanaan savait que Noé était un juste et que sa sainteté consistait dans la chasteté (circoncision), il lui fit subir la castration, ainsi que la tradition (61) nous l'apprend. Chanaan enleva ainsi à Noé son pouvoir. C'est pourquoi Noé dit (Gen., IX, 25) : « Que Chanaan soit maudit », attendu que c'était lui qui, le premier, attirait les malédictions dans le monde. Noé ajouta : « Qu'il soit à l'égard de ses frères l'esclave des esclaves. » Ces paroles ont le même sens que dans le verset (Gen., III, 14) : « Sois maudit entre tous les animaux. » A la fin des temps, tous les coupables seront sauvés ; mais Chanaan ne le sera point ; tous les coupables seront délivrés; mais Chanaan ne le sera pas. Ce mystère n'est pas ignoré de tous ceux qui connaissent les voies et les sentiers de la doctrine ésotérique.
Rabbi Siméon commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XLI, 5), : « ... Car je reconnais mon iniquité ; et j'ai toujours mon péché devant les yeux. » Combien grand doit être le souci des hommes de ne pas commettre de péchés devant le Saint, béni soit-il. Car, aussitôt que l'homme a péché, son péché est marqué en haut et n'est effacé qu'à la suite d'une pénitence sincère, ainsi qu'il est écrit (Jér., II, 22) : « Quand tu te laverais avec du nitre et que tu te purifierais avec une grande abondance d'herbes de borith, tu demeurerais souillé devant moi dans ton iniquité, dit le Seigneur Dieu. » Remarquez que, lorsque l'homme commet pour la première fois un péché devant le Saint, béni soit-il, ce péché laisse une tache en haut ; lorsqu'il répète ce péché, la trace laissée en haut devient plus apparente ; et lorsqu'il commet le péché pour la troisième fois, la tache devient transparente, c'est-à-dire qu'elle devient ineffaçable, ainsi qu'il est écrit : « Tu demeureras souillé devant moi dans ton iniquité... » Remarquez que, lorsque David eut péché devant le Saint, béni soit-il, avec Bethsabée, il appréhendait que son péché n’eût laissé une trace ineffaçable. Aussi, lorsque le Prophète (II Rois, XII, 13) voulut le rassurer, il lui dit : « Le Seigneur aussi a transféré ton péché (heebir); et tu ne mourras point. » Par le mot « heebir », le Prophète voulait lui indiquer que la tache laissée en haut par son péché avait été effacée.
Rabbi Abba dit à Rabbi Siméon : Une tradition nous apprend que Bethsabée avait été destinée à être l'épouse du roi David, dès la création du monde. Or, s'il en est ainsi, pourquoi le Saint, béni soit-il, a-t-il permis que Bethsabée épousât Urie, le Hethéen ?
Rabbi Siméon lui répondit : Tels sont les moyens du Saint, béni soit-il ; alors même qu'une femme est destinée à être l'épouse de tel ou tel homme, Dieu permet qu'un autre l'épouse avant la date fixée pour son mariage avec l'homme qui lui était prédestiné (62). Mais aussitôt que cette date arrive, le premier mari disparaît pour permettre à l'autre d'épouser la femme qui lui est prédestinée. Dieu pourrait empêcher le premier mariage, en faisant mourir le premier homme au moment où il s'apprête à épouser une femme destinée à un autre. Mais il déplaît au Saint, béni soit-il, de faire mourir un homme avant le jour où sa disparition est absolument indispensable. Tel est le mystère qui présidait au mariage de Bethsabée avec Urie, le Hethéen, avant qu'elle fût épousée par David. Approfondis ces paroles, et tu en retrouveras le sens exact. De même, on peut se demander pour quelle raison la Terre Sainte avait été donnée en patrimoine à Chanaan avant l'arrivée des Israélites. Mais, en réfléchissant aux paroles que je t'ai dites, tu trouveras l'explication de ce phénomène qui est motivé par le même mystère que le mariage de David avec Bethsabée.
Remarquez qu'en dépit de sa confession et de sa pénitence, David n'a jamais oublié ses péchés, et particulièrement celui qu'il commit avec Bethsabée ; il appréhendait toujours qu'un de ses péchés ne servit contre lui de réquisitoire dans une heure de danger; c'est pourquoi il n'a jamais pu chasser de sa pensée les péchés commis. D'après une autre version, les paroles : « ... Car je reconnais mon iniquité » signifient : Je connais les ravages causés au ciel par chacun des péchés des hommes. L'Écriture (Ps., LI, 5) ajoute : « ... Et j'ai toujours mon péché devant les yeux. » L'Écriture se sert du mot «hatathi », qui exprime « mon amoindrissement », en même temps que « mes péchés » ; elle fait allusion à l'échancrure de la lune (trace de l'impureté qui règne dans le monde) qui ne devait disparaître qu'à l'avènement de Salomon ; ce n'est qu'alors que la lune devint pleine, que le monde dégagea un parfum et qu'Israël commença à jouir d'une vie paisible, ainsi qu'il est écrit (III Rois, V, 5) : « Dans Juda et dans Israël, tout homme demeurait sans aucune crainte, chacun sous sa vigne et sous son figuier. »
Bien que la trace des péchés eût été quelque peu effacée pendant le règne de Salomon, elle ne l'était pas entièrement ; et c'est ce qui a déterminé David à dire : « ... Et j'ai toujours mon péché devant les yeux. » Car l'impureté ne disparaîtra entièrement du monde qu'au jour de l'arrivée du Messie, à la fin des temps, ainsi qu'il est écrit (Zac., XIII, 2) : « Et j'exterminerai de dessus la terre l'esprit impur. » Il est écrit (Gen., X, 9) : « Il fut un puissant chasseur devant le Seigneur. » De là est venu ce proverbe : « Puissant chasseur devant le Seigneur, comme Nemrod. » Remarquez que Nemrod était puissant parce qu'il portait les habits d'Adam ; c'est grâce à ces habits qu'il a su corrompre les hommes.
Rabbi Éléazar dit : Nemrod a séduit les hommes et les a déterminés à tomber dans l'idolâtrie ; et tout cela à l'aide de ses habits par lesquels il domina sur le monde. Comme il a prétendu qu'il gouverne le monde, les hommes l'ont adoré. Pourquoi fut-il appelé Nemrod? Parce qu'il s'est révolté contre le Roi céleste ; il provoqua une révolte en haut et une révolte en bas. C'est à l'aide [...]
- אָהֳלָהּ דְּהַהוּא כָּרֶם.
כְּגַוְונָא דָא בְּנֵי אַהֲרֹן דְּתָנִינָן שְׁתוּיֵי יַיִן הֲווּ. וְכִי מַאן יָהִיב לוֹן חַמְרָא בְּהַהוּא אֲתַר לְמִשְׁתֵּי. אִי סַלְקָא דַעְתָּךְ דְּאִנוּן חֲצִיפִין הֲווּ דְּרָווֹ חַמְרָא. לָאו הָכִי, אֶלָּא וַדַּאי מֵהַהוּא חַמְרָא רָווֹ דִּכְתִיב, (ויקרא י׳:א׳) וַיַּקְרִיבוּ לִפְנֵי יְיָ אֵשׁ זָרָה. כְּתִיב הָכָא אֵשׁ זָרָה וּכְתִיב הָתָם (משלי ז׳:ה׳) לִשְׁמָרְךָ מֵאִשָּׁה זָרָה וְכֹלָּא חַד מִלָּה.
וְכֵן כְּגַוְונָא דָא וַיֵּשְׁתְּ מִן הַיַּיִן וַיִּשְׁכָּר וַיִּתְגָּל. וְעַל דָּא אִתְעַר חָם אֲבִי כְנָעַן כְּמָה דְּאִתְּמָר וְאִתְיְהִיב אֲתַר לִכְנַעַן לְשַׁלְטָאָה, וּמַאי דְּהֲוָה הָדֵין צַדִּיק בְּרָזָא דִּבְרִית סֵרְסוֹ. וְתַנְיָא דְּאַעֲבַר מִינֵיהּ הַהוּא קִיּוּמָא.
וּבְגִין כָּךְ אָמַר אָרוּר דְּהָא לְוָוטִין אִתְעָרוּ בְּקַדְמִיתָא עַל יְדֵיהּ בְּעָלְמָא. (ועל דא ויאמר ארור כנען דהא לווטין ייתון על עלמא כקדמיתא). עֶבֶד עֲבָדִים יִהְיֶה כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר אָרוּר אַתָּה מִכָּל הַבְּהֵמָה וְגו'. כֹּלָּא יִתְתַּקַּן לְזִמְנָא דְּאָתֵי וְהוּא לָא יִתְתַּקַּן. וְכֹלָּא יִפְקוּן לְחֵירוּ וְהוּא לָא יִפּוּק. וְרָזָא אִיהוּ לְאִנוּן דְּיָדְעֵי אָרְחוֹי וּשְׁבִילֵי דְאוֹרַיְיתָא.
פָּתַח וְאָמַר (תהילים נ״א:ה׳) כִּי פְשָׁעַי אֲנִי אֵדָע וְחַטָּאתִי נֶגְדִּי תָמִיד. כַּמָּה אִית לוֹן לִבְנֵי נָשָׁא לְאִסְתַּמְּרָא מֵחוֹבַיְיהוּ מִקַּמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. דְּהָא לְבָתַר דְּחָטָא בַּר נָשׁ רָשִׁים הוּא חוֹבֵיהּ לְעֵילָא וְלָא אִתְמְחַק בַּר בְּתוּקְפָא דִּתְיוּבְתָּא סַגְיָא. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (ירמיהו ב׳:כ״ב) כִּי אִם תְּכַבְּסִי בַּנֶּתֶר וְתַרְבִּי לָךְ בּוֹרִית נִכְתַּם עֲוֹנֵךְ לְפָנָי.
תָּא חֲזֵי, כֵּיוָן דְּחָב בַר נָשׁ קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא זִמְנָא חָדָא עָבִיד רְשִׁימוּ. וְכַד חָב בֵּיהּ זִמְנָא תִּנְיָינָא אִתְתַּקַּף הַהוּא רְשִׁימוּ יַתִּיר. חָב בֵּיהּ זִמְנָא תְּלִיתָאָה אִתְפַּשַּׁט הַהוּא כִּתְמָא מִסִּטְרָא דָא לְסִטְרָא דָא, כְּדֵין כְּתִיב נִכְתַּם עֲוֹנֵךְ לְפָנָי.
תָּא חֲזֵי, דָּוִד מַלְכָּא כֵּיוָן דְּחָב קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַל עִסְקָא דְּבַת שֶׁבַע, חָשִׁיב דְּהַהוּא חוֹבָא אִתְרְשִׁים עֲלֵיהּ לְעָלְמִין. מַה כְּתִיב, (שמואל ב י״ב:י״ג) גַּם יְיָ הֶעֱבִיר חַטָּאתְךָ לא תָמוּת. (קודשא בריך הוא) אַעֲבַר הַהוּא רְשִׁימוּ מִקַּמֵּיהּ.
אָמַר לֵיהּ רַבִּי אַבָּא וְהָא תָּנִינָן דְּבַת שֶׁבַע דִּילֵיהּ דְּדָוִד מַלְכָּא הֲוַת מִן יוֹמָא דְּאִתְבְּרֵי עָלְמָא, אַמַּאי יָהֲבָהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאוּרִיָה הַחִתִּי מִן קַדְמַת דְּנָא. אָמַר לֵיהּ הָכִי אוֹרְחוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַף עַל גַּב דְּאִתְּתָא אַזְמִינָא לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְמֶהֱוֵי דִילֵיהּ, אַקְדִים אַחֲרָא וּנְסִיב לָהּ עַד דְּמָטָא זִמְנֵיהּ דְּהַאי. כֵּיוָן דְּמָטָא זִמְנֵיהּ, אִתְדַּחְיָיא הַאי דְּנָסִיב לָהּ מִקַּמֵּי הַאי אָחֳרָא דְּאָתֵי לְבָתַר וְאִסְתַּלַּק מֵעָלְמָא. וְקָשֵׁי קַמֵּיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַעֲבָרָא לֵיהּ מֵעָלְמָא עַד לָא מָטֵי זִמְנֵיהּ מִקַּמֵּי הַאי אָחֳרָא.
וְרָזָא דְּבַת שֶׁבַע דְּאִתְיְיהִיבַת לְאוּרִיָה הַחִתִּי (כדאמרן) בְּקַדְמִיתָא, פּוּק וְדוּק וְתִשְׁכַּח. אַמַּאי אִתְיְהִיבַת אַרְעָא קַדִּישָׁא לִכְנַעַן עַד לָא יֵיתוּן יִשְׂרָאֵל. וְתִשְׁכַּח מִלָּה דָא. וְכֹלָּא רָזָא חָדָא אִיהוּ וּמִלָּה חָדָא.
תָּא חֲזֵי, דָּוִד אַף עַל גַּב דְּאוֹדֵי עַל חוֹבֵיהּ וְתָב בִּתְיוּבְתָּא, לָא אַעֲדֵי לִבֵּיהּ וּרְעוּתֵיהּ מֵאִנוּן חוֹבִין דְּחָב, וּמֵהַהוּא חוֹבָא דְּבַת שֶׁבַע, בְּגִין דְּדָחִיל עֲלַיְיהוּ תָּדִיר דִּילְמָא גָּרִים חַד מִנַּיְיהוּ וִיקַטְרֵג עֲלֵיהּ בְּשַׁעֲתָא דְסַכָּנָה. וּבְגִין כָּךְ לָא אַנְשֵׁי לוֹן מִינֵיהּ וּמֵרְעוּתֵיהּ.
דָבָר אֲחַר כִּי פְשָׁעַי אֲנִי אֵדָע כֻּלְהוּ דַּרְגִּין דְּתַלְיָין בְּהוּ חוֹבֵי בְּנֵי נָשָׁא אֲנִי אֵדָע. וְחַטָּאתִי נֶגְדִּי תָמִיד דָּא פְּגִימוּ דְסִיהֲרָא דְּלָא נָפְקָא מִסְאוּבְתָּא עַד דְּאָתָא שְׁלֹמֹה וְאִתְנְהִירַת בְּאַשְׁלָמוּתָא. וּכְדֵין אִתְבַּסָּם עָלְמָא וִיתִיבוּ יִשְׂרָאֵל לְרָחֲצָן דִּכְתִיב, (מלכים א ה׳:ה׳) וַיֵּשֶׁב יְהוּדָה וְיִשְׂרָאֵל לָבֶטַח אִישׁ תַּחַת גַּפְנוֹ וְתַחַת תְאֵנָתוֹ. וְעִם כָּל דָּא וְחַטָּאתִי נֶגְדִּי תָמִיד. וְלָא אִתְפְּסָק מֵעָלְמָא. עַד דְּיֵיתֵי מַלְכָּא מְשִׁיחָא לְזִמְנָא דְּאָתֵי כְּמָה דְּאִתְּמָר (זכריה י״ג:ב׳) וְאֶת רוּחַ הַטּוּמְאָה אַעֲבִיר מִן הָאָרֶץ:
הוּא הָיָה גִּבּוֹר צַיִּד לִפְנִי יְיָ עַל כֵּן יֵאָמַר כְּנִמְרוֹד גִּבּוֹר צַיִד לִפְנֵי יְיָ. תָּא חֲזֵי, הוּא הֲוָה גְּבַר תַּקִּיף. לְבוּשׁוֹי דְּאָדָם הָרִאשׁוֹן הֲוָה לָבִישׁ וְהֲוָה יָדַע לְמֵיצַד צֵידָה דִּבְרִיָּיתָא בְּהוּ.
אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר נִמְרוֹד הֲוָה מְפַתֵּי לִבְרִיָּיתָא לְמֵיהַךְ בָּתַר פּוּלְחַן דְּעַבוֹדָה זָרָה וְהֲוָה שַׁלִּיט בְּאִנוּן לְבוּשִׁין וְנָצַח בְּנֵי עָלְמָא וְהֲוָה אָמַר דְּאִיהוּ שַׁלִּיטָא בְּעָלְמָא וּפָלְחִין לֵיהּ בְּנִי נָשָׁא. וְאַמַּאי אִקְרֵי שְׁמֵיהּ נִמְרוֹד דְּמָרַד בְּמַלְכָּא עִלָּאָה דִּלְעֵילָא דְּמָרַד בְּעִלָּאֵי וּמָרַד בְּתַתָּאֵי.
בְּאִנוּן (Ⅰ)
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[74a]
[...] de ses habits qu'il domina sur les autres hommes du monde, qu'il en devint le souverain et qu'il se révolta contre son Maître, en prétendant que c'était lui qui régissait le monde ; et, à force de séduire les hommes, il les détourna de leurs devoirs envers le Maître de l'univers.
Rabbi Siméon dit : Les collègues voient dans cette expression « d'habits d'Adam » un sens caché renfermant un mystère suprême(63). Il est écrit (Gen., XI, 1) : « Et la terre n'avait alors qu'une seule langue et qu'une même manière de parler. » Rabbi Siméon a ouvert une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (III Rois, VI, 7): « Lorsque la maison se bâtissait, elle fût bâtie de pierres qui étaient déjà toutes taillées et achevées ; en sorte qu'on n'entendit dans la maison ni marteau, ni cognée, ni le bruit d'aucun instrument, pendant qu'elle se bâtit. » Pourquoi l'Écriture dit elle : « Lorsque la maison se bâtissait.. », comme si elle se bâtissait elle-même ? N'est-ce pas Salomon et ses nombreux artisans qui l'ont bâtie? Mais ces paroles trouvent leur explication pareille à celle qu'exigent les mots (Ex., XXV, 31) : « Tu feras aussi un chandelier de l'or le plus pur ; il se fera d'or battu au marteau. »
Or, puisque le chandelier doit être fait d'or battu au marteau, pourquoi l'Écriture dit-elle «il se fera », comme s'il devait se faire lui-même ? Mais la vérité est que, par un miracle, tous ces travaux s'exécutèrent d'eux-mêmes. Quand Salomon voulut commencer ses travaux, il indiqua aux artisans des travaux à exécuter qu'ils n'ont jamais su faire avant. Et comment ont-ils su les exécuter? A l'aide de la bénédiction du Saint, béni soit-il, qui descendit sur leurs mains.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Lorsque la maison se bâtissait.. »; car elle se bâtissait, en effet, elle-même. Dieu apprit aux artisans la manière dont sa maison devait être exécutée. Les artisans eurent constamment devant les yeux un plan tracé par une main surnaturelle ; et, tant que dura le travail, ils n'en détournèrent point les yeux et le suivirent de point en point, jusqu'à ce que la maison fût achevée.
L’Écriture ajoute : « ... Elle fut bâtie de pierres qui étaient déjà toutes taillées (schelemah hmls) et achevées. » Le mot « schelemah » est écrit sans Yod, ce qui est contre la règle générale ; c'est pour nous indiquer que les pierres furent taillées d'elles-mêmes; ceci est également indiqué par le mot suivant « masa » (eom) ; ce dernier mot nous indique que les artisans travaillant à la construction du temple remuaient leurs bras sans savoir ce qu'ils faisaient et que le travail s'exécuta de lui-même. Ici, l'Écriture emploie le mot « masa » ; et ailleurs (Nomb., X, 2), il est écrit : « ... Afin que tu puisses t'en servir pour assembler tout le peuple lorsqu'il faudra décamper (eom). » L’Écriture ajoute : « ... En sorte qu'on n'entendit dans la maison ni marteau, ni cognée, ni le bruit d'aucun instrument, pendant qu’elle se bâtit. » Du moment que tout se fit d'une façon surnaturelle, il n'est pas étonnant que les artisans n'aient eu besoin de prononcer un seul mot pendant leur travail, ni d'avoir recours à aucun outil.
Rabbi Siméon dit en outre : Combien précieux sont les mystères de la doctrine ésotérique ! Heureux le sort de ceux qui s'y appliquent afin de connaître la voie de la vérité! L'Écriture dit : « ... Lorsque la maison se bâtissait. » Lorsque le Saint, béni soit-il, veut être glorifié, il fait sortir sa gloire de la région de la « Pensée », région inconnue à tout autre, hors lui-même, et la fait pénétrer dans la région du « Larynx », source permanente, grâce au mystère qui est le souffle de la vie. Lorsque la « Pensée » repose dans cette région, elle est appelée « Dieu vivant », ainsi qu'il est écrit : « Et le Seigneur est lui-même le Dieu véritable, l'Élohim vivant, le Roi éternel.» Les trois éléments principaux de la nature sont : le feu, l'air et l'eau. Ces trois éléments, en se décomposant, sont susceptibles de se transformer l'un dans l'autre. De même, la « Pensée » et le « Verbe » ne sont que la même essence ; elle est « Pensée » vue à travers une région, et « Verbe » vue à travers une autre région. Pour que Jacob pût devenir un homme parfait, il a fallu que Dieu se manifestât à lui par le « Verbe », de même qu'un homme, pour communiquer à un autre homme sa pensée, est obligé de transformer son idée en paroles, afin que le bruit provoqué par les lèvres qui remuent fasse connaître à l'interlocuteur l'idée qui, renfermée dans la pensée, demeure incommunicable autrement. Ainsi, pour que le Sanctuaire de Dieu puisse exister sur la terre, il est indispensable que Dieu s'y manifeste par son « Verbe » qui, seul, est communicable.
C'est pourquoi l'Écriture (Jér., X, 10) dit « ... Lorsque la maison se bâtissait. » Elle ne dit pas : « ... Lorsque la maison a été bâtie », mais : « ... Lorsque la maison se bâtissait »; car elle était, en réalité, bâtie durant tout le temps de son existence (64). Les mots : « Elle fut bâtie de pierres qui étaient déjà toutes taillées (schelemah) » ont la signification que ,nous leur avon s donnée précédemment. C'est à ce mystère que font allusion les paroles de l'Écriture (Cant., III, 11) : « Sortez, filles de Sion ; et venez voir le roi Salomon avec son diadème dont sa mère l'a couronné le jour de ses noces (65).»
Enfin, L’Écriture ajoute : « ... Et achevées (masa) », terme qui signifie aussi « transportées », ce qui veut dire (66) que la Pensée est sortie de sa région et se manifeste au dehors ; elle est descendue de haut en bas. Par les paroles (III Rois, VI, 7) : « ... En sorte qu'on n'entendit dans la maison ni marteau, ni cognée, ni le bruit d'aucun instrument, pendant qu'elle se bâtit », l'Écriture entend les degrés inférieurs qui, tous, ne tirent leur nourriture que d'en haut ; or, l'Écriture nous apprend qu'au moment où a lieu l'union de la « Pensée » avec le « Verbe », aucun des degrés inférieurs n'y assiste. Ainsi, tous les mondes subsistent grâce à ce mystère, grâce à cette union ; et aucun désaccord n'existe dans tous les mondes. Après que chacun d'eux a pris sa part, tous se développent et se dirigent vers l'endroit qui leur est assigné.
Remarquez que l'Écriture (Gen., XI, 1) dit: « Et la terre n'avait alors qu'une seule langue et qu'une, même manière de parler. » [...]
- לְבוּשִׁין שַׁלִּיט עַל כָּל (ד''א שאר) בְּנִי עָלְמָא וּמָלַךְ בְּהוּ וּמָרַד בְּמָארֵיהּ וְאָמַר דְּאִיהוּ שַׁלִּיטָא דְעָלְמָא וְהֲוָה מְפַתֵּי לִבְרִיָּיתָא אֲבַתְרֵיהּ עַד דְּמָשַׁךְ בְּנֵי נָשָׁא לְמֵיפַק מִבָּתַר פּוּלְחָנָא דְּמָארֵי עָלְמָא. אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן בְּאִילֵין לְבוּשִׁין יָדְעֵי בְּהוּ חַבְרַיָיא רָזָא עִלָּאָה:
מַתְנִיתִין. וַיְהִי כָל הָאָרֶץ שָׂפָה אַחַת וּדְבָרִים אֲחָדִים. רַבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח (מלכים א ו׳:ו׳-ז׳) וְהַבַּיִת בְּהִבָּנוֹתוֹ אֶבֶן שְׁלֵמָה מַסַּע נִבְנָה וּמַקָּבוֹת וְהַגַּרְזֶן כָּל כְּלֵי בַּרְזֶל לא נִשְׁמַע בַּבַּיִת בְּהִבָּנוֹתוֹ. (האי קרא אית לאסתכלא ביה), וְהַבַּיִת בְּהִבָּנוֹתוֹ. וְכִי לָא הֲוָה בָּנִי לֵיהּ שְׁלמֹה וְכֻלְהוּ אוּמָנִין דְּהֲווּ תַּמָּן, מַהוּ בְּהִבָּנוֹתוֹ.
אֶלָּא כָּךְ הוּא כְּמָה דִכְתִיב, (שמות כ״ה:ל״א) מִקְשָׁה תֵּיעָשֶׂה הַמְנוֹרָה. אִם הִיא מִקְשָׁה מַהוּ תֵּיעָשֶׂה. אֶלָּא וַדַּאי כֹּלָּא בְּאָת וְנִיסָּא אִתְעֲבִיד אִיהוּ מִגַּרְמֵיהּ. כֵּיוָן דְּשָׁרָאן לְמֶעְבַּד עֲבִידְתָּא אוֹלִיף לְאוּמָנִין לְמֶעְבַּד בָּהּ מַה דְּלֹא הֲווּ יָדְעִין מִקַּדְמַת דְּנָא.
מַאי טַעְמָא בְּגִין דְּבִרְכְתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שְׁרָא עַל יְדַיְיהוּ, וְעַל דָּא כְּתִיב בְּהִבָּנוֹתוֹ אִיהוּ אִתְבְּנִי מִגַּרְמֵיהּ, דְּהוּא אוּלְפָא אוּלְפַן לְאוּמָנִין הֵיאךְ שָׁרָאן לְמֶעְבַּד, וְלָא אִסְתַּלַּק מֵעֵינַיְיהוּ רְשִׁימוּ דְּהַהוּא עֲבִידְתָּא מַמָּשׁ וּמִסְתַּכְּלָאן בֵּיהּ וְעָבְדֵי עַד דְּאִתְבְּנֵי כָּל בֵּיתָא.
אֶבֶן שְׁלֵמָה מַסַּע נִבְנֶה. שְׁלֵמָה כְּתִיב חָסֵר יו''ד אֶבֶן שְׁלֵמָה וַדַּאי. מַסַּע דְּאִתְנְטִיל וְאַתְיָיא וְשָׁרְיָיא עֲלַיְיהוּ וְאִתְעֲבִיד עֲבִידְתָּא (מסע דאתנטיל ועביד עבידתא), מַסַּע דְּאַנְטִיל יָדָן לְמֶעְבַּד דְּלָא מִדַּעְתַּיְיהוּ. כְּתִיב הָכָא מַסַּע וּכְתִיב הָתָם (במדבר י׳:ב׳) וּלְמַסַּע אֶת הַמַּחֲנוֹת. וּמַקָּבוֹת וְהַגַּרְזֶן כָּל כְּלֵי בַּרְזֶל לֹא נִשְׁמַע. בְּגִין דְּשָׁמִיר בָּזַע כֹּלָּא וְלָא אִשְׁתְּמַע מִלָּה, דְּלָא אִצְטְרִיכוּ לִשְׁאָר מָאנִין לְמֶעְבַּד. וְכֹלָּא בְּאָת וְנִיסָּא הֲוָה.
אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן כַּמָּה חֲבִיבִין אִנוּן מִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא. זַכָּאָה חוּלָקֵיהּ מַאן דְּאִתְעַסַּק בְּהוּ וְיָדַע לְמֵיהַךְ (ביה) בְּאֹרַח קְשׁוֹט. וְהַבַּיִת בְּהִבָּנוֹתוֹ. כַּד סָלְקָא בִּרְעוּתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְמֶעְבַּד יְקָרָא לִיקָרֵיהּ, סָלְקָא מִגּוֹ מַחֲשָׁבָה רְעוּתָא לְאִתְפַּשְׁטָא, וְאִתְפַּשְׁטַת מֵאֲתַר דְּאִיהִי מַחֲשָׁבָה סְתִימָא דְּלָא אִתְיְידַע.
עַד דְּאִתְפַּשְׁטַת וְשַׁרְיָיא לְבֵי גָרוֹן אֲתַר דְּאִיהוּ נְבִיעַ תָּדִיר בְּרָזָא דְּאִיהוּ רוּחַ חַיִּים. וּכְדֵין כַּד אִתְפַּשְׁטַת הַהִיא מַחֲשָׁבָה וְשָׁרְיָא בְּאֲתַר דָּא, אִקְרֵי הַהִיא מַחֲשָׁבָה אֱלֹהִים חַיִּים. דִּכְתִיב, (ירמיהו י׳:י׳) הוּא אֱלהִים חַיִּים.
עוֹד בָּעָא לְאִתְפַּשְׁטָא וּלְאִתְגַּלְּיָא מִתַּמָּן נָפְקוּ אֶשָׁ''א וְרוּחָ''א וּמַיָ''א כְּלִילָן כְּחֲדָא, וְנָפַק יַעֲקֹב גְּבַר שְׁלִים וְאִיהוּ קוֹל חַד דְּנָפִיק וְאִשְׁתְּמַע. מֵהָכָא מַחֲשָׁבָה דְּהֲוָה סְתִימָא בַּחֲשַׁאי אִשְׁתְּמַע לְאִתְגַּלְיָא.
עוֹד אִתְפַּשְׁטַת הַאי מַחֲשָׁבָה לְאִתְגַּלְיָא. וּבָטַשׁ הַאי קוֹל וְאַקִּישׁ בְּשִׂפְוָון, וּכְדֵין נַפְקָא דִּבּוּר, דְּאַשְׁלִים כֹּלָּא, וְגָלֵי כֹּלָּא. אִשְׁתְּמַע דְּכֹלָּא אִיהוּ הַהִיא מַחֲשָׁבָה סְתִימָא דְּהֲוַת לְגוֹ וְכֹלָּא חַד.
כֵּיוָן דְּמָטָא אִתְפַּשְׁטוּתָא דָא וְאִתְעֲבִיד דִּבּוּר בִּתְקִיפָא דְּהַהוּא קָלָא, כְּדֵין וְהַבַּיִת בְּהִבָּנוֹתוֹ. כַּאֲשֶׁר נִבְנָה לא כְּתִיב אֶלָּא בְּהִבָּנוֹתוֹ בְּכָל זִמְנָא וְזִמְנָא. אֶבֶן שְׁלֵמָה כְּמָה דְּאִתְּמָר. וּכְתִיב, (שיר השירים ג׳:י״א) בָּעֲטָרָה שֶׁעִטְרָה לוֹ אִמּוֹ.
מַסַּע דְּנַפְקָא מִלְּגוֹ וְשַׁרְיָא וְנָטִיל לְבַר, נַפְקָא מִלְּעֵילָא וְשַׁרְיָא וְנָטִיל לְתַתָּא. וּמַקָּבוֹת וְהַגַּרְזֶן כָּל כְּלֵי בַּרְזֶל. אִלֵּין שְׁאָר דַּרְגִּין תַּתָּאִין דְּכֻלְהוּ תַּלְיָין בֵּיהּ וְלָא אִשְׁתְּמָעוּ וְלָא אִתְקַבְּלָן לְגוֹ כַּד אִיהִי סַלְקָא לְאִתְאַחֲדָא לְעֵילָא וּלְיָנְקָא מִתַּמָּן. וְדָא הוּא בְּהִבָּנוֹתוֹ. וּכְדֵין כַּד אִיהִי יָנְקָא, כֻּלְהוּ קָיְימֵי בְּחֶדְוָותָא וְיָנְקִין וְאִתְמַלְיָין בִּרְכָאן. וּכְדֵין קָיְימִין עָלְמִין כֻּלְהוּ בְּרָזָא חָדָא בְּיִחוּדָא חַד, וְלָא הֲוֵי בְּהוּ בְּכֻלְהוּ עָלְמִין פִּירוּדָא. לְבָתַר דְּנָטְלֵי חוּלַקְהוֹן כָּל חַד וְחַד כֻּלְהוּ מִתְפַּשְׁטָן וּמִתְפָּרְשָׁן לְסִטְרַיְיהוּ לְמָה דְאִתְמַנָּן.
תָּא חֲזֵי, וַיְהִי כָל הָאָרֶץ שָׂפָה אַחַת וְגו' (Ⅰ)
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[74b]
[...] Ensuite elle ajoute : « Et comme ces paroles étaient parties du côté de l'Orient (miqedem)... » Le mot « miqedem » désigne Celui qui est le Premier du monde. L'Écriture ajoute ensuite « Et ils ont trouvé une campagne dans le pays de Sennaar. » Du moment qu'ils se sont séparés de Celui qui est le Premier du monde, l'unité parmi eux n'était plus possible ; et ils se dispersèrent dans tous les coins du monde ; car la vraie unité ne peut exister qu’autant qu'on reste attaché au Roi suprême.
Mais, objectera-t-on peut-être, il est pourtant écrit (Gen., II, 10) : « Et un fleuve sortit de l'Éden pour arroser le Jardin ; et de là ce fleuve se divise en quatre canaux. » Ainsi, on trouve de la division même dans le voisinage de Dieu ; attendu que le fleuve qui sort de l’Éden se divise en quatre canaux. A ceci nous répondrons que ce fleuve se divise, en effet, dès qu'il sort de l'Éden ; mais, tant qu'il y reste, il n'est nullement divisé. Tel est le-sens des paroles de l'Écriture : « Et la terre n'avait alors qu'une seule langue et qu'une même manière de parler », ce qui veut dire que l'union entre les hommes avait été parfaite tant qu'ils étaient restés attachés à Dieu qui est le Premier du monde. Mais dès qu'ils se sont éloignés du Saint, béni soit-il, l'Écriture dit : « Et comme cespeuples étaient partis du « Premier » (miqedem), ils ont trouvé une campagne dans le pays de Sennaar », ce qui veut dire qu'ils se sont écartés de la divinité.
Remarquez que l'Écriture (Gen., X, 10) dit de Nemrod : « Et la ville capitale de son royaume fut Babel. »
L'Écriture veut dire que Nemrod s'étant efforcé de faire sortir les hommes du règne du Dieu d'en haut dans celui d'un autre a obtenu pour premier résultat de provoquer la confusion et la désunion entre les hommes. Car c'est à la suite des séductions de Nemrod que les hommes sont arrivés à ce que l'Écriture appelle « trouver une campagne dans le pays de Sennaar», ce qui signifie que les hommes ont résolu dans leur cœur de se soustraire au règne céleste et d'accepter l'autre règne.
Il est écrit (Gen., XI, 4) : « Et ils dirent les uns aux autres : Allons ; faisons-nous une ville et une tour qui soit élevée jusqu'au ciel ; et rendons notre nom célèbre. » Rabbi Hiyâ a ouvert une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Is. , LVII, 20) : « Et les méchants sont comme une mer chassée (nigrasch). » Y a-t-il donc une mer chassée ? Oui ; car lorsque la mer agitée sort des limites qui lui ont été assignées et continue sa marche incertaine, tel un navire privé de son gouvernail, elle est désignée dans l’Écriture par le mot «chassée » ; car, en pareil cas, elle est réellement chassée de son domaine. Elle ressemble, dans ce cas, à un homme qui, ivre de vin, ne peut se tenir droit et chancelle à chaque instant. Pour expliquer la raison de ce qui précède, l'Écriture (Is., LVII, 20) ajoute : « ...Qui ne peut se calmer et dont les flots rejettent du limon et de la boue. »
L'Écriture veut dire : De même que la mer, tant qu'elle est calme, cache sa boue au fond de ses profondeurs, et ne la rejette hors de ses lèvres qu'au moment où elle est agitée et chassée de son domaine ; de même, tant que l'homme reste attaché à Dieu, qui est son véritable domaine, toute pensée impure est cachée et étouffée au fond de son cœur. Mais, dès qu'il quitte son domaine, et, pareil à un homme ivre de vin, commence à chanceler, il rejette la boue hors de ses lèvres. Et à mesure que les paroles ordurières sortent de la bouche de ces coupables, leur rage augmente ; car les paroles impures qu'ils prononcent, ayant un effet [...]
- לְבָתַר מַה כְּתִיב וַיְהִי בְּנָסְעָם מִקֶּדֶם. מֵהַהוּא קַדְמָאָה דְעָלְמָא. וַיִּמְצְאוּ בִּקְעָה בְּאֶרֶץ שִׁנְעָר. דְּהָא מִתַּמָּן מִתְפָּרְשָׁן לְכָל אִנוּן סִטְרִין, וְאִיהוּ רִישׁ מַלְכוּ לְאִתְבְּדָרָא.
וְאִי תֵימָא הָא כְּתִיב (בראשית ב׳:י׳) וְנָהָר יוֹצֵא מֵעֵדֶן לְהַשְׁקוֹת אֶת הַגָּן וּמִשָּׁם יִפָּרֵד. וַדַּאי הָכִי הוּא דְּכֵיוָן דְּנָטְלֵי מִתַּמָּן הֲוֵי פִּירוּדָא, וְכַד אִנוּן כְּנִישִׁין תַּמָּן לְיַנְקָאָה לָא הֲוִי פִּירוּדָא. וְכַד נָטְלִין הֲוֵי פִּירוּדָא, דִּכְתִיב וַיְהִי בְּנָסְעָם מִקֶּדֶם וַיִּמְצְאוּ בִּקְעָה כְּמָה דְּאִתְּמָר.
וַיְהִי כָל הָאָרֶץ שָׂפָה אֶחָת וּדְבָרִים אֲחָדִים דְּהָא כְּדֵין עָלְמָא בִּיסוֹדָא וְעִקָּרָא וְשָׁרְשָׁא חָדָא וּמְהֵימְנוּתָא חָדָא בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. מַה כְּתִיב וַיְהִי בְּנָסְעָם מִקֶּדֶם מִקַּדְמָאָה עִקָּרָא דְּעָלְמָא מְהֵימְנוּתָא דְּכֹלָּא. וַיִּמְצְאוּ בִּקְעָה. מְצִיאָה אַשְׁכָּחוּ וְנָפְקוּ בָּהּ מִתְּחוֹת מְהֵימְנוּתָא עִלָּאָה (וימצאו).
תָּא חֲזֵי, נִמְרוֹד מַה כְּתִיב בֵּיהּ וַתְּהִי רֵאשִׁית מַמְלַכְתּוֹ בָּבֶל. דְּהָא מִתַּמָּן נְטַל לְאִתְאַחֲדָא בִּרְשׁוּ אָחֳרָא. וְהָכָא וַיִּמְצְאוּ בִּקְעָה בְּאֶרֶץ שִׁנְעָר מִתַּמָּן נְטָלוּ בְּלִבַּיְיהוּ לְאֲפָקָא מֵרְשׁוּתָא עִלָּאָה לִרְשׁוּ אָחֳרָא:
סִתְרֵי תּוֹרָה
קוּמְטוּרָא דְּהֻרְמָנָא מְמַלְּלָן בְּלָשׁוֹן הַקֹּדֶשׁ דְּמַלְאֲכֵי הַשָׁרֵתּ אִשְׁתְּמוֹדְעָן בֵּיהּ וְלָא הֲווּ מְמַלְלִין בְּלִישָׁן אָחֳרָא. בְּגִין כָּךָ כְּתִּיב וְעַתָּה לֹא יִבָּצֵּר מֵהֶם וְגו'. דְּאִלְמָלֵי מִשְׁתָּעָאן בְּלִישָׁן אָחֳרָא דְּמַלְאֲכֵי עִלָּאֵי לָא הֲווּ אִשְׁתְּמוֹדְעָן בֵּיהּ, גָּרַע חֲשִׁיבוּ דְּאִנוּן חָשְׁבִין לְמֶעְבַּד. בְּגִין דְּעוֹבָדָא דְּשֵׁדִין לָאו אִיהוּ אֶלָּא בְּרִגְעָא חָדָא לְחֵזוּ בְּנֵי אֱנָשָׁא ולא יַתִּיר.
וּדְבָרִים אֲחָדִים. דְּהֲווּ יָדְעִין דַּרְגִּין עִלָּאִין כָּל חַד וְחַד על בּוּרְיֵיהּ ולא אִתְּחְלַף לְהוּ דַּרְגָּא וּבְגִין כָּךָ כְּתִּיב וּדְבָרִים אֲחָדִים. וּבְגִין כָּךָ אִתְּיָעֲטוּ בְּעִיטָא בִּישָׁא עִיטָא דְּחָכְמְתָּא דִּכְתִּיב הָבָה נִבְנֶה לָנוּ עִיר וּמִגְדָּל. כּלָּא בְּרָזָא דְּחָכְמְתָּא הוּא, וּבָעוּ לְאִתַּקְפָּא בְּאַרְעָא סִטְרָא אָחֳרָא וּלְמִפְּלַח פּוּלְחָנָא דִּילֵיהּ. בְּגִין דְּהֲווּ יָדְעִין דְּהָא כָּל דִּינִין בִּישִׁין מִתַּמָּן נַחֲתִּין לְעָלְמִין. וּבָעְיָין לִדְחוּיֵי דַּרְגָּא דְּקֻדְּשָׁא.
עִי''ר וּמִגְדָּ''ל, דָּא חָכְמְתָּא עִלָּאָה. (ד''א דהא) הֲווּ יָדְעֵי דּשמָא קַדִּישָׁא לָא אִתְּתַּקַּף בְּאַרְעָא, אֶלָּא בְּעִיר וּמִגְדָּל. עִי''ר דִּכְתִּיב, (שמואל ב ה׳:ז׳) (מ''א ח) עִיר דָּוד הִיא צִּיּוֹן וְגו'. מִגְדָּ''ל דִּכְתִּיב (שיר השירים ד׳:ד׳) כְּמִגְדַּל דָּוִד צַּוָּארֵךָ. וּבְחָכְמְתָּא עֲבָדוּ לְמֶהֱוֵי שָׁלְטָנָא דְּסִטְרָא אָחֳרָא בִּאַרְעָא דְּדַחְיָיא (ד''א לדחייא) ֹ אֲדוֹן כָּל הָאָרֶץ מֵאַתְּרֵיהּ. וּלְמֶהֱוִי דִיוּרָא לְסִטְרָא אָחֳרָא בְּאַרְעָא.
וְנַעֲשֶׂה לָנוּ שֵׁם. כְּמָה דַּאֲחִידָא (ד''א דאחרא) אִיהוּ שֵׁם לְעֵילָא, נַתְּקִיף לָהּ בֵּיננא לְמֶהֱוֵי שֵׁם בְּאַרְעָא. פֶּן נָפּוֹץ. יְדִיעָה הֲווּ יָדְעִין דְּיִתְּבַּדְּרוּן מֵעַל אַפֵּי אַרְעָא. וּבְגִין כָּךָ הֲווּ מִתְּיַחֲדִין לְמֶעְבַּד עֲבִידְתָּא דָא בְּחָכְמָה.
סִטְרָא אָחֳרָא אִיהוּ דְּכַר וְנוּקְבָא תּוּקְפָּא דְזוּהֲמָא דְדִינָא קַשְׁיָא. וּכְמָה דְאָדָם חָב (ביה) בְּהוּ וְאִתְּקָפּוּ בְּגִינֵיהּ על עָלְמָא. אוּף הָכִי אִנּוּן עָבְדִין דְּאִתְּתַּקַּף יַתִּיר. דִּכְתִּיב אֲשֶׁר בָּנוּ בְּנֵי הָאָדָם. בְּנוֹי דְּאָדָם קַדְמָאָה דְּאַיְיתֵּי וְאַשְׁלִיט סִטְרָא אָחֳרָא עַל עָלְמָא סִטְרָא בִישָׁא. כְּמָה דְסִטְרָא דִקְדוּשָׁה לָאו שָׁלְטָנֵיהּ בְּהַאי עָלְמָא אֶלָּא בְּעִיר וּמִגְדָּל. אוּף הָכִי חֲשִׁיבֵי אִנּוּן לְמִבְנֵי עִיר וּמִגְדָּל לְמִשְׁלַט הַאי סְטַר בִּישָׁא בְּעָלְמָא:
וִיִּרֶד יְיָ לִרְאוֹתּ.
נָחַתּ הַאי שְׁמָא דְּקַדִּישָׁא לְמֶחֱזִי (על) עוֹבָדֵיהוֹן דְּבִנְיָינא דְּבָנוּ. וְאִנּוּן הֲווּ מְמַלְּלָן בִּלְשׁוֹן קֹדֶשׁ לְגַבֵּי כָּל אִנּוּן דַּרְגִּין קַדִּישִׁין וְהֲווּ מַצְּלִיחִין. כֵּיוָן דְּנַחֲתַּתּ קְדֻשָׁה אִתְּבַּלְבְּלוּ כָּל אִנּוּן דַּרְגִּין. עִלָּאִין נָחֲתּוּ וְתַּתָּאִין סְלִיקוּ. וְלָא הֲווּ קָיְימִין בְּאֹרַח מֵישָׁר כְּמָה דְּהֲווּ. וּלְבָתַּר בִּלְבֵּל לִישַׁנְהוֹן בְּע' לִישָׁן וְאִתְּבַּדָּרוּ לְכָל סִטְרֵי עָלְמָא.
חַד מְמַנָּא הוּא בִּרְקִיעָא וּבֵיהּ קָיְימִין כָּל (ד''א ל''ג אנון) מַפְּתְּחָן דְּעוֹבָדֵי עָלְמָא. ואִיהוּ קָיְימָא זַמִּין בְּשַׁעֲתֵּי וְרִגְעֵי דְיוֹמָא. וְאִנּוּן הֲווּ יָדְעִין בְּרָזָא דְחָכְמְתָּא גִּנְזָא דְּהַאי מְמַנָּא. וְהֲווּ פָּתְּחֵי וְסָגְרֵי וּמַצְּלְחֵי בְּעוֹבָדֵיהוֹן בְּמֵימְרָא דְפּוּמְהוֹן. כֵּיוָן (דאסתכלא) דְּאִתְּבַּלְבָּל מֵימְרָא דִלְהוֹן, כֹּלָּא אִתְּמְנָע מִנַּיְיהוּ. וַאֲתַּר מְתֻּקָּן אַשְׁכָּחוּ בְּהַהוּא בִּקְעָה. סִטְרָא דְּסִטְרִין: וַיִּמְצְּאוּ בִּקְעָה. אֲתַּר מְתֻּקָּן לְהַאי (ד''א ל''ג ההוא) סִטְרָא בִּישָׁא דְּבָעוּ אִנּוּן לְאַתְּקָפָּא וְאִתְּמְנָעוּ. תּוּקְפָּא (דיליה) דְּהַהוּא סִטְרָא הֲוָה תַּלְיָא לְאִתְּפְּרָעָא בְּהַהִיא בִּקְעָה עַד דְּנָטְלָא תַּמָּן חֵילִין וּמַשִׁירְיָין כְּגַוְונָא דְּאִנּוּן דְּבָנוּ קַרְתָּא וּמִגְדְּלָא וְאִתְּיְהִיבוּ (כלא) כֻּלְהוּ בִּידָהָא. וְאִתְּקַטָלוּ תַּמָּן אִנּוּן דּלא בָּעוּ לְמֵיפַּק בְּקֵ''ץ הַיָּמִי''ן. אִתְּבְּהִילוּ וְנָפְּלוּ בְּקֵץ הַיָּמִי''ם. בְּהַהוּא אֲתַּר דְּאִתְּחַלַּשׁ תֻּקְפָּא בְּקַדְמִיתָּא בְּהַאי בִּקְעָה. ועל דָּא כְּתִּיב, (יחזקאל לו) וְהִיא מְלֵאָה עֲצָּמוֹתּ. וְאִתְּתַּקְפַּתּ בְּהַהוּא צּוּלְמָא דְאָקִים נְבוּכַדְנֶצַּר. וְאִתְּבַּר תּוּקְפָּא לְבָתַּר בְּאִנּוּן גַּרְמִין וּבְהַהוּא צּוּלְמָא. דְּאִנּוּן קַדְמָאֵי קָיְימוּ וקָמוּ עַל רַגְלֵיהוֹן. וְהַהוּא צּוּלְמָא אִתְּבָּר. וּכְדֵין יָדְעוּ כָּל עַמִּין דְּעָלְמָא דְּלֵיתּ אֱלוֹהַּ בַּר קוּדְשָׁא בְּרִיךָ הוּא בִּלְחוֹדוֹי. ותּוּ דְּאִתְּקַדַּשׁ שְׁמֵיהּ עַל יְדָא דְּחֲנַנְיָה מִישָׁאֵל וַעֲזַרְיָה וְכלָּא בְּחַד יוֹמָא. וְעַל דָּא כְּתִּיב, (ישעיהו כ״ט:כ״ג) וְהִקְדִּישׁוּ אֶתּ קְדוֹשׁ יַעֲקֹב וגו', (עד כאן סתרי תורה)
וַיֹּאמְרוּ הָבָה נִבְנָה לָנוּ עִיר וּמִגְדָּל וְרֹאשׁוֹ בַּשָּׁמַיִם וְנַעֲשֶׂה לָנוּ שֵׁם. רַבִּי חִיָּיא פָּתַח (ישעיהו נ״ז:כ׳) וְהָרְשָׁעִים כַּיָּם נִגְרָשׁ וְגו'. וְכִי אִית יָם נִגְרָשׁ. אִין, דְּכַד יַמָּא נַפְקָא מִתִּקּוּנֵיהּ וְאָזִיל (בלא הבלא) בְּלָא חַבָּלָא, כְּדֵין נִגְרַשׁ וְאִתְתְּרַךְ מֵאַתְרֵיהּ, כְּמַאן דְּרָוֵי חַמְרָא וְלָא יָתִיב עַל בּוּרְיֵיהּ וְסָלְקָא וְנָחֲתָא. מַאי טַעְמָא בְּגִין כִּי הַשְׁקֵט לא יוּכַל, וְיִגְרְשׁוּ מֵימָיו רֶפֶשׁ וְטִיט. דְּמַפְקוּ מֵימוֹי כָּל הַהוּא טִינָא דְיַמָּא וְכָל טִנּוּפָא לְשִׂפְוָותֵיהּ.
כְּגַוְונָא דָא אִנוּן רְשָׁעִים דְּנַפְקָא מֵאָרְחָא דְּתָקְנָא וְאָזְלֵי כְּרָוִי חַמְרָא בְּלָא תִּקּוּנָא, דְּנָפְקֵי מֵאוֹרַח מֵישָׁר לְאוֹרַח עָקִים. מַאי טַעְמָא, בְּגִין כִּי הַשְׁקֵט לא יוּכָל. דְּהָא עֲקִימוּ דְּאָרְחַיְיהוּ גָּרִים לוֹן לְמֵהַךְ בְּלָא תִקּוּנָא וּבְלָא שְׁכִיכוּ. וְלָא עוֹד אֶלָּא דְּכָל רוּגְזָא דִידְהוּ בְּשַׁעֲתָא דְּאָמְרִי מִלָּה מִפּוּמַיְיהוּ הַהוּא מִלָּה רֶפֶשׁ וְטִיט כֻּלְהוּ מַפְקֵי טִנּוּפָא וְגִיעוּלָא מִפּוּמַיְיהוּ לְבַר עַד דְּמִסְתָּאֲבֵי (Ⅰ)
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[75a]
[...] réflexe, finissent par les souiller complètement.
Remarquez que l'Écriture dit : « Allons ; faisons-nous une ville et une tour qui soit élevée jusqu'au ciel. » Chaque fois que l'Écriture emploie le terme de «habah» (allons), elle n'indique qu'un simple projet irréalisable aux yeux mêmes de ceux qui l'ont conçu.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Faisons-nous une ville et une tour qui soit élevée jusqu'au ciel. » Seuls, leur aveuglement et leur mauvais désir de se révolter contre le Saint, béni soit-il, ont pu leur inspirer un tel projet insensé.
Rabbi Abba dit : Il est vrai que l'idée elle-même était insensée ; mais le plan que ces coupables ont élaboré était empreint d'une perversité ingénieuse. Car ces hommes ont voulu quitter le domaine céleste pour celui de Satan et substituer ainsi à la gloire de Dieu la gloire étrangère. Les paroles : « Allons; faisons-nous une ville et une tour... » cachent un mystère suprême.
Remarquez que, lorsque ces coupables étaient arrivés dans la campagne du pays de Sennaar, qui signifie le règne étranger, et qu'ils avaient constaté de quelle nature ce règne était (règne qui s'étend sur tous les poissons de la mer), ils se sont dit : Nous préférons rester ici ; car nous aurons des plaisirs et des jouissances immédiates. Ils dirent alors : « Faisons-nous une ville et une tour qui soit élevée jusqu'au ciel. » Cet endroit sera l'objet de notre culte et non un autre. Pourquoi monter en haut, du moment que nous ne pouvons en tirer profit? Ici-bas tout est prêt. Et ils ajoutèrent : « Faisons-nous un nom. » Le mot « nom » (schem) veut dire une divinité : Faisons-nous une divinité que nous adorerons ici, et alors nous ne serons pas dispersés par toute la terre.
Il est écrit (Gen., XI, 5) : « Et le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les enfants d'Adam. » Ici c'est une des dix fois que la Schekhina descendit sur la terre. Pourquoi l'Écriture dit-elle : « Et le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour » ? Ne les a-t-il donc pas vues avant de descendre ? La vérité est que l'Écriture veut dire . pour exercer sur les coupables sa rigueur; car le mot « voir » (liroth) signifie « exercer la rigueur », ainsi qu'il est écrit (Ex., V, 21) : « Que le Seigneur voit ceci et en soit le juge. » L'Écriture dit: « ... Pour voir la ville et la tour. » Ces paroles demandent un examen approfondi ; car, pourquoi l'Écriture dit-elle : « Pour voir la ville et la tour », au lieu de dire : « ... Pour voir les hommes » ? La vérité est que lorsque le Saint, béni soit-il, jette un regard sur les hommes pour exercer parmi eux la rigueur, il commence par ceux qui sont le plus en vedette, et ce n'est qu'ensuite qu'il regarde les humbles.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « ... Pour voir la ville et la tour que bâtissaient les enfants d'Adam. » Pourquoi l'Écriture dit-elle « enfants d'Adam », au lieu de dire simplement « les hommes » ? L'Écriture dit « enfants d'Adam », parce que ces coupables agissaient à l’exemple d'Adam qui, lui aussi, s'était révolté contre son Maître et a amené la mort dans le monde. L'Écriture se sert du mot « que bâtissaient » ; car ces coupables parlaient de bâtir réellement ; et ils voulaient rebâtir le ciel (transformer le monde). Rabbi Siméon a ouvert une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Éz., XLVI, 1) : «Voici ce que dit le Seigneur Dieu : La porte [...]
- וּמְסָאֲבֵי לוֹן.
תָּא חֲזֵי, וַיֹּאמְרוּ הָבָה נִבְנָה לָנוּ עִיר וּמִגְדָּל וְרֹאשׁוֹ בַּשָּׁמַיִם. לֵית הָבָה אֶלָּא הַזְמָנָה בְּעָלְמָא. נִבְנֶה לָנוּ עִיר וּמִגְדָּל וְרֹאשׁוֹ בַּשָּׁמַיִם. כֻּלְהוּ בְּעֵיטָא בִּישָׁא אָתוּ לְסַרְבָא בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. בִּשְׁטוּתָא אָתוּ (איהו) בְּטִפְּשׁוּ דְּלִבָּא.
אָמַר רַבִּי אַבָּא שְׁטוּתָא נְסִיבוּ בְּלִבַּיְיהוּ. אֲבָל בְּחָכְמָה דִּרְשִׁיעוּ אָתוּ בְּגִין לְנָפְקָא מֵרְשׁוּ עִלָּאָה לִרְשׁוּ אָחֳרָא וּלְאַחְלָפָא יְקָרֵיהּ לִיקָרָא נוּכְרָאָה. וּבְכֹלָּא אִית רָזָא דְּחָכְמְתָא עִלָּאָה.
הָבָה נִבְנָה לָנוּ עִיר וּמִגְדָּל. תָּא חֲזֵי, כַּד מָטוּ לְהַאי בִּקְעָה דְּאִיהוּ רְשׁוּ נוּכְרָאָה וְאִתְגְּלִי לְהוּ אֲתַר דְּשָׁלְטְנוּתָא דָּא תְּקִיעַ בְּגוֹ נוּנֵי יַמָּא. אָמְרוּ הָא אֲתַר לְמֵיתַב וּלְאִתְתַּקְפָא לִבָּא לְאִתְהַנָּאָה בֵּיהּ תַּתָּאֵי. מִיָּד הָבָה נִבְנָה לָנוּ עִיר. נַתְקִין בְּאֲתַר דָּא עִיר וּמִגְדָּל.
וְנַעֲשֶׂה לָנוּ שֵׁם. אֲתַר דָּא (יהיב לון) יְהֵא לָן לְדַחֲלָא וְלָא אָחֳרָא, וְנִבְנֶה לְאֲתַר דָּא עִיר וּמִגְדָּל. לָמָּה לָן לְסָלְקָא לְעֵילָא דְּלָא נֵיכוֹל לְאִתְהַנָּאָה מִנָּהּ. הָא הָכָא אֲתַר מְתַקְנָא. וְנַעֲשֶׂה לָנוּ שֵׁם דַּחֲלָא לְמִפְלַח תַּמָּן. פֶּן נָפוּץ לְדַרְגִּין אָחֳרָנִין וְנִתְבַּדַּר לְסִטְרֵי עָלְמָא:
וַיֵּרֶד יְיָ לִרְאוֹת אֶת הָעִיר וְאֶת הַמִּגְדָּל דָּא הוּא חַד מֵאִנּוּן עֶשֶׂר זִמְנִין דְּנָחֲתָא שְׁכִינְתָּא לְאַרְעָא. וְכִי מַה הוּא לִרְאוֹת וְלָא הֲוָה יָדַע מִקַּדְמַת דְּנָא. אֶלָּא לִרְאוֹת לְאַשְׁגָּחָא בְּדִינָא כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (שמות ה׳:כ״א) יֵרֶא יְיָ עֲלֵיכֶם וְיִשְׁפֹּט. אֶת הָעִיר וְאֶת הַמִּגְדָּל. הָכָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא. דְּהָא לָא כְּתִיב לִרְאוֹת אֶת בְּנֵי הָאָדָם. אֶלָּא לִרְאוֹת אֶת הָעִיר וְאֶת הַמִּגְדָּל. אַמַּאי. אֶלָּא בְּשַׁעֲתָא דְּאַשְׁגַּח קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּדִינָא, בְּקַדְמִיתָא יַשְׁגַּח בְּדַרְגָּא דִלְעֵילָא, וּלְבָתַר בְּדַרְגָּא דִלְתַתָּא. בְּקַדְמִיתָא בְּעִלָּאֵי וּלְבָתַר בְּתַתָּאֵי. וּבְגִין דְּהַאי מִלָּה מָטָא לְעֵילָא, אַשְׁגָּחוּתָא דִלְעֵילָא הֲוָה בֵּיהּ בְּקַדְמִיתָא דִּכְתִיב לִרְאוֹת אֶת הָעִיר וְאֶת הַמִּגְדָּל.
אֲשֶׁר בָּנוּ בְּנֵי הָאָדָם. מַאי בְּנֵי הָאָדָם בְּנוֹי דְאָדָם קַדְמָאָה דְּמָרַד בְּמָרֵיהּ וְגָרַם מוֹתָא לְעָלְמָא. אֲשֶׁר בָּנוּ בְּנֵי הָאָדָם בִּנְיָינָא וַדַּאי אָמְרוּ (גרמו) וּבָעוּ לְמִבְנִי לְעֵילָא.
רַבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח (ואמר) (יחזקאל מ״ו:ג׳) כֹּה אָמַר יְיָ אֱלֹהִים שַׁעַר (Ⅰ)
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[75b]
[...] du parvis intérieur, qui regarde vers l'Orient (qadim), sera fermée les six jours ouvrables; mais on l'ouvrira le jour de sabbat ; et on l'ouvrira encore le jour de la néoménie. » Ce verset exige un examen attentif ; car il renferme le mystère dont il a été parlé précédemment. Pourquoi fallait-il que le Sanctuaire demeurât fermé durant les six jours ouvrables et ne fût ouvert que le jour de sabbat et le premier jour du mois ? Il devait rester fermé pendant les six jours ouvrables, afin que ce qui est profane ne se servît de ce qui est sacré. C'est pourquoi la porte n'était ouverte que le jour de sabbat, ainsi que le premier jour de chaque mois ; car, durant ces jours, ce n'était que le Saint qui se servait du Saint ; et la lune s'unissait au soleil en en recevant la lumière (67).
Remarquez que la porte du parvis du Sanctuaire restait fermée durant les six jours de la semaine, parce que, pendant ces jours, c'est le monde d'en bas (68) qui cherche à s'attirer la nourriture céleste. Aussi, est-ce durant ces jours que l'esprit du démon règne dans le monde, excepté sur la terre d'Israël. Et pourquoi ne règne-t-il pas sur la terre d'Israël durant ces jours? C'est précisément parce que la porte du parvis du Sanctuaire lui reste fermée, tandis que, le jour de sabbat et le jour de la néoménie, la porte reste ouverte, parce qu'en ces jours l'esprit du démon, devant rester caché, ne règne pas dans le monde. Et tout le monde est dans une grande joie et tire sa nourriture d'en haut ; et le démon n'a aucun pouvoir. Mais, demandera-t-on peut-être, pendant les jours de la semaine, est-ce que le démon règne seul dans le monde? A ceci nous répondrons : Avant que les démons commencent à dominer le monde, Dieu le regarde ; mais il ne se manifeste pour nourrir le monde de son Sanctuaire que seulement pendant les jours de sabbat et de la néoménie ; et tous les autres jours sont attachés au sabbat ; et c'est de lui qu'ils tirent leur nourriture ; car, pendant le jour de sabbat, toutes les portes sont ouvertes et tout ce qui est en haut et en bas se repose.
Remarquez que l'Écriture dit (Gen., XI, 5) : « Et le Seigneur descendit pour voir (liroth) la ville, etc. » L'Écriture veut dire que le Seigneur descendit de son degré sacré à un degré profane pour voir les édifices bâtis et adorés par ces coupables. Rabbi Isaac avait coutume d'être souvent assis aux pieds de Rabbi Siméon. Il lui demanda donc une fois : Comment ces hommes ont-ils pu commettre une chose si insensée de se révolter contre le Saint, béni soit-il ? Ce qui rend la chose encore plus étonnante, c'est que tous aient suivi la même pensée perverse !
Rabbi Siméon lui répondit : Nous savons, par une tradition (69), que, par les mots (Gen., XI, 2) : « Et ils étaient partis du côté de l’Orient », l'Écriture veut dire qu'ils quittèrent le haut pour le bas, la terre d'Israël pour aller s'établir à Babel. Ils ont dit : Voici l'endroit où nous pouvons nous attacher ; faisons-nous un nom, c'est-à-dire attachons-nous l'appui de celui qui domine en bas, le démon. Car, lorsque la rigueur dominera sur le monde, nous aurons un endroit pour nous préserver. Et c'est d'ici que le monde tirera sa nourriture ; car d'en haut il est difficile que le monde tire sa nourriture. Faisons même plus : montons au ciel et faisons la guerre à Dieu, afin qu'il ne détruise plus le monde par un déluge, comme il l'a déjà fait une fois.
Il est écrit (Ibid., 6) : « Et le Seigneur dit : Ils ne sont tous maintenant qu'un seul peuple ; et ils ont tous le même langage; et ayant commencé à faire cet ouvrage, ils ne quitteront point leur dessein qu'ils ne l'aient achevé entièrement. » L'Écriture veut dire : Comme l'union régnait entre les hommes, celle-ci régnait également entre les degrés célestes dont les hommes sont l’image. Or, tant que l'union règne entre les divers degrés célestes, toutes les entreprises des hommes réussissent. C'est pourquoi il a fallu provoquer la désunion parmi les hommes, afin qu'elle fût suivie par celle des degrés célestes. Et l'Écriture ajoute (Ibid., 8) : « ... Et le Seigneur les dispersa de ce lieu dans tous les pays du monde. »
Mais, demandera-t-on peut-être, dans quel but le Saint, béni soit-il, a-t-il confondu le langage de ces hommes? C'était également dans le but de faire échouer leur plan. Car, jusqu'à cette époque, tous les hommes ne parlaient que la langue sainte. Or, pour réussir dans ses vœux, il faut que celui qui les formule plie son esprit aux paroles qui sortent de sa bouche. Comme la langue sainte, c'est-à-dire l'hébreu, est la seule qui ait cette propriété de disposer l'âme de celui qui la parle au point de rendre la volonté intérieure du cœur conforme aux paroles prononcées, Dieu a confondu le langage de ces hommes, afin de mettre ainsi une entrave à la réussite de leur projet, attendu que les puissances célestes n'entendent ni ne prêtent leur attention aux vœux formulés dans aucune autre langue, si ce n'est en la langue sainte. Aussi, dès que le langage de ces hommes fut confondu, leur force fut brisée.
Remarquez que toute parole prononcée dans la langue sainte est entendue par les puissances célestes qui s'efforcent de la faire réaliser ; mais elles n'entendent aucune autre langue, ni n'y prêtent aucune attention. Et l'Écriture ajoute qu'aussitôt que leur langage fut confondu : « ... Ils cessèrent de bâtir cette ville »; car leur force fut brisée et ils ne pouvaient plus exécuter leur volonté.
Il est écrit (Dan., II, 20) : « Que le nom du Seigneur soit béni dans tous les siècles, comme il l'a été dès le commencement, parce que la sagesse et la force sont à lui . » L'Écriture veut dire, par les mots « parce que la sagesse et la force sont à lui », que la Sagesse éternelle ne peut être qu'à Dieu, les hommes étant trop faibles pour la posséder. Car c'est parce que le Saint, béni soit-il, avait fait descendre dans le monde le mystère de la Sagesse, que les hommes furent corrompus au point de vouloir lui déclarer la guerre. Ainsi, Dieu avait voilé au premier homme le mystère de la Sagesse supérieure ; et c'est grâce à ce mystère, [...]
- הֶחָצֵר הַפְּנִימִית הַפּוֹנֶה קָדִים יִהְיֶה סָגוּר שֵׁשֶׁת יְמֵי הַמַּעֲשֶׂה וּבְיוֹם הַשַּׁבָּת יִפָּתֵחַ וּבְיוֹם הַחֹדֶשׁ יִפָּתֵחַ. הַאי קְרָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא בֵּיהּ. וְאִיהוּ רָזָא כְּמָה דְאִתְּמָר. יִהְיֶה סָגוּר שֵׁשֶׁת יְמֵי הַמַּעֲשֶׂה. אַמַּאי (וביום השבת יפתח וביום החדש יפתח וגו'. אמאי יהיה סגור כל אנון יומין דששת ימי המעשה).
אֶלָּא אִלֵין יְמֵי חוֹל. דְּתַרְעָא דָא יִהְיֶה סָגוּר דְּלָא לְאִשְׁתַּמָּשָׁא חוֹל בְּקוּדְשָׁא. וּבְיוֹם הַשַּׁבָּת יִפָּתֵחַ וּבְיוֹם הַחֹדֶשׁ יִפָּתֵחַ. דְּהָא כְּדֵין שִׁמּוּשָׁא (דקודשא בריך הוא) דְּקוּדְשָׁא בְּקוּדְשָׁא. וּכְדֵין אִתְנְהִיר סִיהֲרָא לְאִתְחַבְּרָא בְּשִׁמְשָׁא.
תָּא חֲזֵי, תַּרְעָא דָא לָא אִתְפַּתַּח בְּאִנּוּן שִׁתָּא יוֹמֵי דְּחוֹל. בְּגִין דְּהָא בְּאִנּוּן יוֹמֵי דְּחוֹל עָלְמָא תַּתָּאָה אִתְּזָן וְשָׁלְטִין כָּל אִנּוּן שִׁית יוֹמִין דְּחוֹל עַל עָלְמָא בַּר בְּאַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל.
וְאִנּוּן דְּשָׁלְטֵי לָא שָׁלְטֵי בְּאַרְעָא קַדִּישָׁא בְּגִין דְּהַשַּׁעַר הַזֶּה אִיהוּ סָגוּר. אֲבָל בְּיוֹם הַשַּׁבָּת וּבְיוֹם הַחֹדֶשׁ כֻּלְהוּ מִתְעַבְּרָן וְלָא שָׁלְטִין בְּגִין דְּהַשַּׁעַר הַזֶּה אִיהוּ פָּתוּחַ וְעָלְמָא אִיהוּ בְּחֶדְוָה וְאִתְּזָן מִתַּמָּן וְלָא אִתְיְיהִיב עָלְמָא לִרְשׁוּ אָחֳרָא.
וְאִי תֵימָא דְּכָל אִנּוּן שִׁית יוֹמִין אִנּוּן שָׁלְטִין בִּלְחוֹדַיְיהוּ. תָּא חֲזֵי, הַפּוֹנֶה קָדִים. עַד לָא יְקוּמוּן לְשַׁלְטָאָה אִיהוּ אִסְתַּכַּל תָּדִיר בְּעָלְמָא. אֲבָל לָא אִתְפַּתַּח לְאִתְזְנָא עָלְמָא מִקּוּדְשָׁא בַּר בְּיוֹמָא דְשַׁבַּתָּא וּבְיוֹמָא דְחָדְשָׁא. וְכֻלְהוּ יוֹמִין כֻּלְהוּ אִתְדַּבְּקָן בְּיוֹמָא דְשַׁבַּתָּא וְאִתְזְנוּ מִתַּמָּן. דְּהָא (ד''א ל''ג כדין) בְּיוֹמָא דְּשַׁבַּתָּא כֻּלְהוּ תַּרְעִין פְּתִיחָן וְנַיְיחָא אִשְׁתְּכַח לְכֹלָּא לְעִלָּאֵי וְתַתָּאֵי. תָּא חֲזֵי, וַיֵּרֶד יְיָ לִרְאוֹת. נָחַת מִקּוּדְשָׁא לְחוֹל (ורדיד פרישא) לְאַשְׁגָּחָא בַּמֶּה דְּבָּנוּ וְקָיְימוּ קִיּוּמָא לְאַתְעָרָא עַל עָלְמָא לְדָחֲלָא לוֹן.
רַבִּי יִצְחָק הֲוָה יָתִיב קַמֵּיהּ דְּרַבִּי שִׁמְעוֹן. אָמַר לֵיהּ מָה חָמוּ אִלֵּין דְּעֲבָדוּ שְׁטוּתָא דָא לְמָרְדָא בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְכֻלְהוּ בְּעֵיטָא חָדָא אִתְקָיְימוּ בְּדָא. אָמַר לֵיהּ הָא אִתְּמָר דִּכְתִיב וַיְהִי בְּנָסְעָם מִקֶּדֶם אִתְנְטִילוּ מֵעֵילָא לְתַתָּא. אִתְנְטִילוּ מֵאַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל וְנָחֲתוּ לְבָבָל. אָמְרוּ הָא הָכָא אֲתַר לְמִדְבַּק.
וְנַעֲשֶׂה לָנוּ שֵׁם וְגו' וְיִתְדַּבַּק סִיּוּעָא דִלְתַתָּא בְּאֲתַר דָּא. בְּגִין דְּכַד דִּינָא אָתֵי לְאַשְׁרָאָה בְּעָלְמָא, הָא אֲתַר דָּא לְקֳבְלֵיהּ. וּמֵהָכָא אִתְהַנֵּי עָלְמָא וְיִתְּזָן. דְּהָא לְעֵילָא דְּחִיקוּ אִיהוּ לְאִתְזְנָא עָלְמָא מִנֵּיהּ. וְלָא עוֹד אֶלָּא אֲנַן נִסַּק לִרְקִיעָא וְנַגַּח בֵּיהּ קְרָבָא דְּלָא יֵחוֹת (ביה) טוֹפָנָא בְּעָלְמָא כְּדִבְקַדְמִיתָא:
וַיֹּאמֶר יְיָ הֵן עַם אֶחָד וְשָׂפָה אַחַת לְכֻלָּם. בְּגִין דְּכֻלְהוּ כְּחֲדָא, בְּיִיחוּדָא דְּכֻלְהוֹן יַעַבְדוּן וְיִצְלְחוּן בְּעוֹבָדַיְיהוּ. יִתְבַּדְּרוּן דַּרְגִּין כָּל חַד לְסִטְרֵיהּ. וּבְגִין כָּךְ יִתְבַּדְּרוּן כָּל הַנֵּי דִלְתַתָּא. מַה כְּתִיב וַיָּפֶץ יְיָ אוֹתָם מִשָּׁם.
וְאִי תֵימָא לִישַׁנְהוֹן אַמַּאי אִתְבַּלְבֵּל (אתבדר ובלבל לון קודשא בריך הוא). אֶלָּא בְּגִין דְּכֻלְהוֹן מְמַלְּלִין בִּלְשׁוֹן הַקֹּדֶשׁ. הַהוּא לִישְׁנָא קָא עָבִיד לוֹן סִיּוּעָא. בְּגִין דִּבְעוֹבָדָא וּבְמִלּוּלָא דְפוּמָא תַּלְיָין מִלִּין אִלֵּין לְאַדְבְּקָא כַּוָּנָה דְלִבָּא. וּבְדָא עָבְדֵי סִיּוּעָא לְהַהוּא אֲתַר דְּבָעֵי לְאַקָמָא.
וְעַל דָּא אִתְבַּלְבָּל לִישַׁנְהוֹן דְּלָא יָכִילוּ לְאִתְתַּקָּפָא רְעוּתְהוֹן בִּלְשׁוֹן הַקֹּדֶשׁ. כֵּיוָן דְּאִתְחַלַּף לִישַׁנְהוֹן לָא אַצְלָחוּ בְּעוֹבָדָא (כט א בס''ת) בְּגִין דְּחֵילָא דִּלְעֵילָא לָא יָדְעֵי וְלָא אִשְׁתְּמוֹדְעֵי בַּר בִּלְשׁוֹן הַקֹּדֶשׁ. וְכַד אִתְבַּלְבָּל לִישְׁנָא דִלְהוֹן אִתְחַלַּשׁ חֵילֵיהוֹן וְאִתְבַּר תּוּקְפָא דִלְהוֹן.
תָּא חֲזֵי, דְּהָא מִלָּה (דא) דְּאָמְרֵי תַּתָּאֵי בִּלְשׁוֹן הַקֹּדֶשׁ, כֻּלְהוּ חֵילֵי שְׁמַיָא יָדְעֵי בֵּיהּ וְאִתְתַּקְפֵי בֵּיהּ. וְלִישַׁן אָחֳרָא לָא יָדְעִין וְלָא אִשְׁתְּמוֹדְעֵי בֵּיהּ. וְעַל דָּא אִלֵּין כֵּיוָן דְּאִתְבַּלְבָּל לִישָׁנָא דִלְהוֹן, מִיָּד וַיַּחְדְּלוּ לִבְנוֹת הָעִיר. דְּהָא אִתְבַּר חֵילַיְיהוּ וְלָא יָכִילוּ לְמֶעְבַּד מִדֵּי בִּרְעוּתָא דִלְהוֹן. (דניאל ב׳:כ׳) לֶהֱוֵי שְׁמֵיהּ (די אלהא) (דקודשא בריך הוא) מְבָרַךְ מִן עָלְמָא וְעַד עָלְמָא, דִי חָכְמְתָא וּגְבוּרָתָא דִי לֵהּהִיא. דְּהָא בְּגִין (דא) דְּאַנְחִית קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא רָזֵי דְּחָכְמְתָא לְעָלְמָא, אִתְקַּלְקָלוּ בֵּיהּ בְּנֵי נָשָׁא וּבָעוּ לְאִתְגָּרָא בֵּיהּ.
יָהַב חָכְמְתָא עִלָּאָה לְאָדָם הָרִאשׁוֹן, וּבְהַהִיא חָכְמָה (Ⅰ)
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[76a]
[...] qui lui a été révélé, qu'Adam connut les degrés célestes ; et il finit par s'attacher à l'esprit tentateur, ce qui a eu pour conséquence de faire tarir en lui la source de la Sagesse. Après qu'il eut fait pénitence, le mystère qui lui avait été divulgué et qu'il avait oublié à la suite de son péché, lui fut à nouveau révélé, mais non pas dans la même mesure que précédemment. Le livre céleste contenant le mystère de la Sagesse a été transmis par Adam à d'autres hommes qui, à leur tour, ayant pénétré ce mystère, irritèrent Dieu. Dieu révéla le mystère de la Sagesse à Noé qui, au commencement, fit la volonté de Dieu ; mais que dit de lui l'Écriture (Gen., IX, 21), à la suite? « Et il but du vin, s'enivra et parut nu dans sa tente. » Or, nous avons déjà donné (70) l'explication de ces paroles. Dieu confia le mystère de la Sagesse à Abraham qui en profita également pour servir le Saint, béni soit-il ; mais il finit par engendrer Ismaël qui irrita le Saint, béni soit-il. De même, Isaac engendra Ésaü. Jacob à son tour épousa deux sœurs, ce qui était contraire à la loi. Dieu révéla également le mystère de la Sagesse à Moïse ; et qu'en dit l'Écriture (Nomb., XII, 7) ? « Mais il n'en est pas ainsi de Moïse, qui est mon serviteur très fidèle dans toute ma maison. » Il n'y avait pas un serviteur fidèle comme Moïse ; car, bien qu'il ait connu tous les degrés célestes, il n'était jamais tenté de s'attacher à un autre degré qu'à celui qui est le suprême.
Dieu confia également le mystère de la Sagesse suprême au roi Salomon ; et qu'en dit l'Écriture (Prov., I, 1)? « Paraboles de Salomon », et ailleurs (Prov., XXX, 1) : « Vision prophétique d'un homme qui a Dieu avec lui et qui, ayant Dieu avec lui, peut tout faire (veoucal). » (71) Salomon s'était dit : Puisque Dieu est avec moi, et puisque sa Sagesse éternelle réside avec moi, je peux faire ce que bon me semble. Aussi, quelle en a été la conséquence ? L'Écriture (III Rois, XI, 14) dit : « Et le Seigneur suscita Satan contre Salomon, etc. » Remarquez que la révolte de ces hommes contre le Saint, béni soit-il, leur projet de bâtir une tour, ainsi que toutes leurs mauvaises actions, n'ont eu d'autre source qu'une connaissance limitée du mystère de la Sagesse antique. Au moment de leur dispersion, ils furent privés de la connaissance de ce mystère ; ils furent ainsi privés du pouvoir de faire quoi que ce fût. Mais il viendra un moment où le Saint, béni soit-il, apportera la Sagesse dans le monde, ainsi qu'il est écrit (Éz., XXXVI, 27) : « Je mettrai mon Esprit au milieu de vous et je ferai que vous marcherez dans la voie de mes préceptes, que vous garderez mes ordonnances et que vous les pratiquerez. »
Dieu dit donc : Je n'enverrai plus ma Sagesse éternelle aux hommes de façon qu'elle puisse leur servir de chute, ainsi que cela est déjà arrivé ; mais, je ferai en sorte que vous marchiez dans la voie de mes préceptes, que vous gardiez mes ordonnances et que vous les pratiquiez. Rabbi Yossé et Rabbi Hiyâ firent une fois un voyage ensemble. Rabbi Yossé dit à Rabbi Hiyâ : Entretenons-nous de sujets concernant la doctrine ésotérique. Rabbi Yossé a ouvert sa conférence de la manière suivante : Il est écrit (Deut., XXIII, 15) : « Car le Seigneur, ton Dieu, marche au milieu de ton camp (mithhalekh) pour te délivrer de tout péril et pour te livrer tes ennemis. Aussi, tu auras soin que ton camp reste saint et qu'il n'y paraisse rien qui le souille, de peur que le Seigneur ne t'abandonne. »
Pourquoi l'Écriture dit-elle « mithhalekh », alors qu'elle aurait dû dire « mehalekh »? (72) Mais ce verset renferme le même sens que dans les paroles de l'Écriture (Gen., III, 8) : « Et ils entendirent la voix du Seigneur Dieu qui se promenait (mithhalekh) dans le paradis, après-midi, lorsqu'il s'élève un vent doux. » Ici, est exprimé le mystère de l'arbre dont Adam mangea les fruits. « Mithhalekh » désigne la femelle et « mehalekh» désigne le mâle. C'est la même essence divine qui marchait devant Israël, lorsque celui-ci errait dans le désert, ainsi qu'il est écrit (Ex., XIII, 21) : « Et Jéhovah marchait devant eux, etc. » C'est également la Schekhina qui marche devant l'homme, lorsque celui-ci est en voyage, ainsi qu'il est écrit (Ps., LXXXV, 14) : « Le Juste marche devant lui, lorsqu'il dirige ses pas pour aller en voyage. » Et, si l'homme est digne, la Schekhina marche devant lui. Dans quel but ?
L'Écriture répond : « ... Pour te délivrer de tout péril et pour te livrer tes ennemis. » La Schekhina protège l'homme sur sa route et le met à l'abri contre les atteintes de l'autre, c'est-à-dire de Satan. Aussi, l'homme doit-il s'efforcer de rester toujours à l'état de pureté. Qu'est-ce qu'on entend par état de pureté ? L'Écriture répond : « ... Aussi, tu auras soin que ton camp reste saint. » Pourquoi l'Écriture dit-elle : « ... Que ton camp reste saint», alors qu'elle aurait dû dire : « ... Que tes camps restent saints » ? Mais l'Écriture désigne par le mot « camp » la pureté du corps ; car c'est le corps qui attire Satan ; et c'est pourquoi l'Écriture dit : « ... Que ton camp reste saint. »
Elle ajoute : « ... Et qu'il n'y paraisse rien qui le souille. » Pourquoi l'Écriture dit-elle « ervath dabar », mots qui, traduits à la lettre, signifient « la souillure de la parole »? L'Écriture nous indique, en effet, que l'homme doit prendre soin que son corps soit saint, et qu'il y parviendra s'il se garde de la souillure de la parole ; car c'est ce genre de souillure que le Saint, béni soit-il, abhorre le plus. C'est ce qui explique la raison pour laquelle l'Écriture ajoute le mot « dabar » au mot « ervath » ; elle désigne le crime des coupables qui se souillent par la parole qui sort de leur bouche. Et l'Écriture (Deut., XXIII, 15) explique la raison pour laquelle elle recommande à l'homme cette pureté : « ... De peur que le Seigneur ne t'abandonne. » Car la Schekhina abandonne tous ceux qui se souillent par des paroles indécentes.
Aussi, ajouta Rabbi Yossé, puisque nous sommes en route, continuons à nous entretenir de sujets concernant la doctrine ésotérique, afin que la Schekhina ne nous quitte point. Rabbi Hiyâ a alors ouvert sa conférence de la manière suivante : Il est écrit (Gen., XI, 6) : « Et le Seigneur dit : Ils ne sont tous maintenant qu'un seul peuple, et ils ont tous le même langage, etc. » Remarquez que l'Écriture a dit précédemment (Ibid., 2) : « Et comme ces peuples étaient partis du Qedem... (du côté de l'Orient). » Que signifie le mot «qedem » ? - Le Premier du monde.
L’Écriture ajoute : « ... Et ils ont trouvé une campagne dans le pays de Sennaar. » Pourquoi l'Écriture se sert-elle du mot « trouvé », alors qu'elle aurait dû dire : « ... Et ils ont vu une campagne, etc. » ? L'Écriture nous apprend que ces hommes ont trouvé le livre contenant les mystères de la Sagesse, qui avait appartenu à la génération détruite par le Déluge ; et c'est à l'aide de ces mystères qu'il ont entrepris leur campagne de révolte contre le Saint, béni soit-il ; il leur suffisait de prononcer des paroles pour que les choses [...]
- דְּאִתְגְּלֵי לֵיהּ יָדַע דַּרְגִּין, וְאִתְדְּבַק בְּיֵצֶר הָרָע, עַד דְּאִסְתַּלְּקוּ מִנֵּיהּ מַבּוּעֵי דְחָכְמְתָא. וּלְבָתַר תָּב קַמֵּי מָארֵיהּ, וְאִתְגַּלְּיָין לֵיהּ מִנַּיְיהוּ וְלָא כְּקַדְמִיתָא. לְבָתַר בְּהַהוּא סִפְרָא דִילֵיהּ יָדַע חָכְמָאן. וּלְבָתַר אָתוּ בְּנֵי נָשָׁא וְאַרְגִּיזוּ קַמֵּיהּ.
יָהַב חָכְמְתָא לְנֹחַ וּפְלַח בָּהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, לְבָתַר מַה כְּתִיב וַיֵּשְׁתְּ מִן הַיַּיִּן וַיִּשְׁכָּר וַיִּתְגַּל כְּמָה דְּאִתְּמָר. יָהַב חָכְמְתָא לְאַבְרָהָם וּפְלַח בָּהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. לְבָתַר נָפַק מִנֵּיהּ יִשְׁמָעֵאל דְּאַרְגִּיז קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְכֵן יִצְחָק נָפַק מִנֵּיהּ עֵשָׂו. יַעֲקֹב נְסַב תְּרֵין אֲחָתָן.
יָהַב חָכְמְתָא לְמשֶׁה מַה כְּתִיב בֵּיהּ (במדבר י״ב:ז׳) בְּכָל בֵּיתִי נְאֱמָן הוּא. וְלָא הֲוָה כְּמשֶׁה שַׁמָּשׁ מְהֵימָן בְּכֻלְהוּ דַּרְגִּין וְלָא סָטָא לִבֵּיהּ בְּתִיאוּבְתָּא דְּחַד מִנַּיְיהוּ. אֶלָּא קָאִים בִּמְהֵימְנוּתָא עִלָּאָה כְּדְקָא יְאוּת.
יָהַב חָכְמְתָא עִלָּאָה לִשְׁלֹמֹה מַלְכָּא. לְבָתַר מַה כְּתִיב בֵּיהּ (משלי א׳:א׳) מִשְׁלֵי שְׁלֹמֹה (משלי ל׳:א׳) הַמַּשָּׂא נְאֻם הַגֶּבֶר לְאִיתִיאֵל לְאִיתִיאֵל וְאֻכָל. אָמַר שְׁלֹמֹה אִתִּי אֵל וְחָכְמְתָא דִילֵיהּ הוּא. וְאוּכָל וְאֵיכוּל לְמֶעְבַּד רְעוּתִי. לְבָתַר (מלכים א יח) וַיָּקֶם יְיָ שָׂטָן לִשְׁלֹמֹה וְגו'.
תָּא חֲזֵי, בְּגִין זְעִירוּ דְּחָכְמְתָא דְּאַשְׁכָּחוּ אִלֵּין מֵהַהוּא חָכְמָה דְּקַדְמָאֵי, אִתְגָּרוּ בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וּבָנוּ מִגְדָּל וְעֲבָדוּ כָּל מַה דְּעֲבָדוּ. עַד דְּאִתְבַּדָּרוּ מֵאַנְפֵּי אַרְעָא וְלָא אִשְׁתָּאַר בְּהוּ חָכְמָה לְמֶעְבַּד מִידֵּי. אֲבָל לְזִמְנָא דְּאָתֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יִתְעַר חָכְמְתָא בְּעָלְמָא וְיִפְלְחוּן לֵיהּ בָּהּ הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (יחזקאל ל״ו:כ״ז) וְאֶת רוּחִי אֶתֵּן בְּקִרְבְּכֶם וְעָשִׂיתִי. לָאו כְּקַדְמָאֵי דְּחֲבִילוּ בֵּיהּ עָלְמָא. אֶלָּא וְעָשִׂיתִי אֶת אֲשֶׁר בְּחֻקַּי תֵּלֵכוּ וְאֶת מִשְׁפָּטַי תִּשְׁמְרוּ וַעֲשִׂיתֶם.
רַבִּי יוֹסֵי וְרַבִּי חִיָּיא הֲווּ אָזְלֵי בְּאָרְחָא. אָמַר לֵיהּ רַבִּי יוֹסֵי לְרַבִּי חִיָּיא נִפְתַּח בְּאוֹרַיְיתָא וְנֵימָא מִלָּה. פָּתַח רַבִּי יוֹסֵי וְאָמַר (דברים כ״ג:ט״ו) כִּי יְיָ אֱלֹהֶיךָ מִתְהַלֵּךְ בְּקֶרֶב מַחֲנְךָ לְהַצִּילְךָ וְלָתֵת אֹיְבֶיךָ לְפָנֶיךָ וְהָיָה מַחְנְיךָ קָדוֹשׁ וְלֹא יִרְאֶה בְךָ עֶרְוַת דָּבָר וְשָׁב מֵאַחֲרֶיךָ. כִּי יְיָ אֱלֹהֶיךָ מִתְהַלֵּךְ, מְהַלֵּךְ מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (בראשית ג׳:ח׳) מִתְהַלֵּךְ בַּגָּן לְרוּחַ הַיּוֹם. וְדָא הוּא אִילָנָא דְּאָכַל מִנֵּיהּ אָדָם הָרִאשׁוֹן. מִתְהַלֵּךְ נוּקְבָא מְהַלֵּךְ דְּכַר.
וְדָא הוּא דְּאָזִיל קַמַּיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל כַּד הֲווּ אָזְלֵי בְּמַדְבְּרָא דִּכְתִיב (שמות י״ג:כ״א) וַיְיָ הוֹלֵךְ לִפְנֵיהֶם יוֹמָם וְגו'. הוּא דְּאָזִיל קַמֵּיהּ דְבַּר נָשׁ כַּד אָזִיל בְּאָרְחָא. דִּכְתִיב, (תהלים פה) צֶדֶק לְפָנָיו יְהַלֵּךְ וְיָשֵׂם לְדֶרֶךְ פְּעָמָיו. וְדָא הוּא דְּאָזִיל קַמֵּיהּ דְּבַּר נָשׁ בְּשַׁעֲתָא דְּאִיהוּ זָכֵי. וְלָמָּה. לְהַצִּילְךָ וְלָתֵת אוֹיְבֶיךָ לְפָנֶיךָ. לְאִשְׁתְּזָבָא בַּר נָשׁ בְּאָרְחָא וְלָא יִשְׁלוֹט בֵּיהּ אָחֳרָא.
וּבְגִין כָּךְ לִבָּעֵי לֵיהּ לְבַּר נָשׁ לְאִסְתַּמְּרָא מֵחוֹבוֹי וּלְדַכָּאָה לְגַרְמֵיהּ. מַאי דַּכְיוּ דָּא. דִּכְתִיב, (דברים כ״ג:ט״ו) וְהָיָה מַחֲנֶיךָ קָדוֹשׁ. מַאי קָדוֹשׁ, קְדוֹשִׁים מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא מַחֲנֶיךָ קָדוֹשׁ אִלֵּין שַׁיְיפֵי גוּפָא דְּגוּפָא אִתְחַבַּר וְאִתְתַּקַּן בְּהוּ. וּבְגִין כָּךְ וְהָיָה מַחֲנְיךָ קָדוֹשׁ. וְלא יִרְאֶה בְךָ עֶרְוַת דָּבָר.
מַאי עֶרְוַת דָּבָר. דָּא מִלְּתָא (ערייתא) דְעֶרְיָין. דְּדָא הוּא מִלָּה דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מָאִיס בָּהּ יַתִּיר מִכֹּלָּא. כֵּיוָן דְּאָמַר וְלא יִרְאֶה בְךָ עֶרְוַת, אַמַּאי דָּבָר. אֶלָּא הַנִּי חַיָּיבֵי עָלְמָא דְּגָעֲלֵי וּמְסָאֲבֵי גַרְמַיְיהוּ בְּמִלָּה דִּלְהוֹן דְּנָפְקֵי מִפּוּמַיְיהוּ וְהָא אִיהוּ עֶרְוַת דָּבָר.
וְכָל כָּךְ לָמָּה. בְּגִין דְּאִיהוּ אָזִיל קַמָּךְ. וְאִי אַתְּ עָבִיד כְּדֵין, מִיָּד וְשָׁב מֵאַחֲרֶיךָ, דְּלָא יֵזִיל בַּהֲדָךְ וְיֵיתוּב מֵאַחֲרֶיךָ. וְאֲנַן הָא אַזְלִינָן קַמֵּיהּ בְּאָרְחָא נִתְעַסֵּק בְּמִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא. דְּהָא אוֹרַיְיתָא אִתְעַטְּרָא עַל רֵישֵׁיהּ דְּבַר נָשׁ וּשְׁכִינְתָּא לָא אַעֲדִיאַת מִינֵּיהּ.
פָּתַח רַבִּי חִיָּיא וְאָמַר וַיֹּאמֶר ה' הֶן עַם אֶחָד וְשָׂפָה אַחַת לְכֻלָּם וְגו' תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב וַיְהִי בְּנָסְעָם מִקֶּדֶם. מַאי מִקֶּדֶם. מִקַּדְמוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם. וַיִּמְצְאוּ. וַיִּרְאוּ מִבָּעֵי לֵיהּ מַאי וַיִּמְצְאוּ. אֶלָּא מְצִיאָה אַשְׁכָּחוּ תַּמָּן מֵרָזֵי דְחָכְמְתָא מִקַּדְמָאֵי דְּאִתְנְעַר תַּמָּן מִן בְּנֵי טוֹפָנָא, וּבָהּ אִשְׁתַּדְלוּ לְמֶעְבַּד בְּהַהִיא עֲבִידְתָּא דְּעֲבָדוּ לְסַרְבָא בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְהֲווּ אָמְרֵי בְּפוּמָא וְעַבְדֵי (Ⅰ)
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[76b]
[...] s'accomplissent. Voyez la manière dont l'Écriture s'exprime : « Ils ne sont tous maintenant qu'un seul peuple, et ils ont tous le même langage. » Ainsi, c'était en raison de leur union et de leur langage, qui était la langue sainte, que ces hommes auraient pu mener à bonne fin l'œuvre entreprise, ainsi que L’Écriture ajoute : « ... Et ayant commencé à faire cet ouvrage, ils ne quitteront point leur dessein qu'il ne l'ait achevé entièrement. » Rien ne pouvait donc résister à leur œuvre. Aussi, Dieu dit : Je vais provoquer la désunion dans les degrés célestes, ainsi que la confusion des langues entre eux, en bas, ce qui entravera leur œuvre.
Rabbi Hiyâ ajouta : Si l'union de ces coupables, qui parlaient la langue sainte, était si puissante que la rigueur céleste ne pouvait les atteindre tant qu'ils demeuraient dans cet état, ainsi qu'il est écrit : « Ils ne quitteront point leur dessein qu'ils ne l'aient achevé entièrement », quelle ne doit être la puissance de notre union, à nous, qui nous consacrons à l'étude de la doctrine ésotérique et qui sommes unis de cœur et d'esprit !
Rabbi Yossé répondit : Nous inférons de ceci que les hommes désunis ne peuvent pas subsister ; car, tant que les hommes restaient unis d'esprit et de cœur, bien qu'ils se fussent révoltés contre le Saint, béni soit-il, la rigueur céleste ne pouvait les atteindre. Mais dès qu'ils furent désunis, l'Écriture dit : « Et le Seigneur les dispersa de ce lieu, etc. »
Rabbi Hiyâ reprit : De ce qui précède, nous déduisons également que tout réside dans le langage, attendu qu'aussitôt qu'il y eut confusion des langues, l'Écriture dit : « ... Et le Seigneur les dispersa de ce lieu. » Mais, à la fin du jour, il arrivera ce que dit l'Écriture (Sophonie, III, 9) : « Car alors je changerai les langues de tous les peuples en une langue pure, afin que tous invoquent le nom du Seigneur et que tous se soumettent à son joug dans un même esprit »; et ailleurs (Zac., XIV, 9) il est écrit : « En ce jour-là le Seigneur sera le Roi de toute la terre ; en ce jour-là le Seigneur sera Un et son nom sera Un. » « Béni (Ps., LXXXIX, 53) soit le Seigneur éternellement; amen, amen. » [...]
- עֲבִידְתָּא.
חָמֵי מַה כְּתִיב הֶן עַם אֶחָד וְשָׂפָה אַחַת לְכֻלָּם. בְּגִין דְּאִנּוּן בְּלִבָּא חַד וּרְעוּתָא חַד וּמְמַלְּלֵי בִּלְשׁוֹן הַקֹּדֶשׁ. וְעַתָּה לא יִבָּצֵר מֵהֶם כָּל אֲשֶׁר יָזְמוּ לַעֲשׂוֹת. וְלֵית מַאן דְּיִמְנַע עוֹבָדָא דִלְהוֹן. אֲבָל מַאי אַעֲבִיד, אֲבַלְבֵּל לוֹן דַּרְגִּין דִלְעֵילָא, וְלִישַׁן דִּלְהוֹן לְתַתָּא. וּכְדֵין אִתְמְנַע עוֹבָדָא דִלְהוֹן. וּמַה בְּגִין דְּהֲווּ בִּרְעוּתָא וְלִבָּא חַד וּמְמַלְּלֵי בִּלְשׁוֹן הַקֹּדֶשׁ כְּתִיב לֹא יִבָּצֵר מֵהֶם כֹּל אֲשֶׁר יָזְמוּ לַעֲשׂוֹת, וְדִינָא דִלְעֵילָא לָא יָכִיל לְשַׁלְטָאָה בְּהוּ. אֲנַן אוֹ חַבְרַיָיא דְּמִתְעַסְּקִין בְּאוֹרַיְיתָא, וְאֲנַן בְּלִבָּא חַד וּרְעוּתָא חַד, עַל אַחַת כַּמָּה וְכַמָּה.
אָמַר רַבִּי יוֹסֵי מִכָּאן לְאִנּוּן מָארֵי דְמַחְלוֹקֶת לֵית לוֹן קִיּוּמָא. דְּהָא כָּל זִמְנָא (דאלין) דִּבְנֵי עָלְמָא אִלֵּין עִם אִלֵּין בִּרְעוּתָא חָדָא וְלִבָּא חָד, אַף עַל גַּב דְּמָרְדֵּי בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, לָא שָׁלְטָא בְּהוּ דִינָא דִּלְעֵילָא. כֵּיוָן דְּאִתְפַּלְּגוּ מִיָּד וַיָּפֶץ יְיָ אוֹתָם מִשָּׁם וְגו'.
אָמַר רַבִּי חִיָּיא אִשְׁתְּמַע דְּכֹלָּא בְּמִלָּה דְפוּמָא תַּלְיָיא. דְּהָא כֵּיוָן דְּאִתְבַּלְבֵּל מִיָּד וַיָּפֶץ יְיָ אֹתָם מִשָּׁם. אֲבָל בְּזִמְנָא דְאָתֵי מַה כְּתִיב, (צפניה ג) כִּי אָז אֶהֱפֹךְ אֶל עַמִּים שָׂפָה בְרוּרָה לִקְרֹא כֻּלָּם בְּשֵׁם יְיָ וּלְעָבְדוֹ שְׁכֶם אֶחָד וּכְתִיב, (זכריה יד) וְהָיָה יְיָ לְמֶלֶךְ עַל כָּל הָאָרֶץ בַּיּוֹם הַהוּא יִהְיֶה יְיָ אֶחָד וּשְׁמוֹ אֶחָד. בָּרוּךְ יְיָ לְעוֹלָם אָמֵן וְאָמֵן: (Ⅰ)
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[...] Notes [...] *1 Dans le langage talmudique, Mynwsarh ta lop hla signifie que, partout où un chapitre de l’Écriture commence par le mot « Éléh», ce chapitre n’a aucun rapport avec ce qui précède. Mais de ce qui suit, il résulte que le Z. prête à cet adage rabbinique, le sens de Mynwsarh ta qlwx c’est-à-dire que hla indique une antithèse.
*2 Or, ces paroles ont été adressées à Abraham à l’occasion du commandement de la circoncision.
*3 Il paraît que c’est une seconde version du mot « bedorothav», puisque, d’après ce qui précède, ce mot signifie que Noé a été la cause de la perfection de tous ses descendants et qu’il en possédait toute la perfection. Cette seconde interprétation est, d’ailleurs, conforme à celle du Talmud, du Midrasch et du commentateur Raschi, sur Gen., VI, 9.
*4 Mot à mot : «... résidant dans une région des pauvres » (ynkomd rta). Pourtant la variante mise entre parenthèses par S., A., V. et F. (atwnkomd) nous paraît plus exacte. V. Pardès Rimonim, porte XL, ch. 10.
*5 Il y a ici un jeu de mots : tyld désigne la quatrième lettre de l’alphabet et signifie également «pauvreté».
*6 Dans A., V. et plusieurs autres éditions modernes, une glose marginale donne la variante suivante : hylzwnw désigne Isaac, Kwtm désigne Moïse, qui constitue le milieu (ce qui veut dire probablement le milieu entre les patriarches et le roi David), et enfin le mot « ta fontaine » désigne Aaron, qui est appelé « fontaine d’eau vive ».
*7 Ces paroles signifient donc que la fécondation d’ici-bas est à l’image de la fécondation d’en haut : la naissance des enfants du Jardin de l’Éden n’a eu lieu qu’alors que le Juste s’enferma dans l’«Arche» ; et la perpétuation ici-bas n’est possible qu’autant que les âmes sont enfermées dans une arche, c’est-à-dire dans un corps. Les paroles de l’Écriture : « Bois de l’eau de ta citerne » signifient que la procréation des corps qui, n’ayant de vie d’eux-mêmes, sont comparés à une citerne, ne s’opère que par les âmes qui résident en eux comme dans une arche et qui sont comparées à l’eau vive d’une fontaine. V. fol. 62a.
*8 Cf. Z., I, fol. 84b.
*9 eub dériverait, d’après cette interprétation, de heyub : couper, déchirer.
*10 Bien que rien n'indique une lacune en cet endroit, on trouve dans toutes les éditions du Z. le mot rox, «il manque ». V. à la fin de la première partie, dans l’appendice, fol. 254 a, § 10, et Z. Hadasch, fol. 32b.
*11 L'Écriture ne dit pas Mymyh Uq, mais Nmyh Uq V. fol. 54a.
*12 « Car, ajoute le Zohar Hadasch, fol. 77a, cité par Nitzoutzé Oroth, a. I., tous les méfaits de l’homme se trouvent marqués sur le front. Aussi, en cas de peste, l'ange destructeur contemple-t-il les fronts des hommes, parce que c'est là qu'il trouve la preuve de leurs méfaits. C'est pour la même raison qu'on doit se couvrir le front lorsqu’on accompagne un mort à son dernier repos, parce que, à cette occasion, l' ange destructeur se mêle aussi parmi les hommes. »
*13 V. Z. , I, fol. 249b.
*14 Le Z. fait ici allusion au mot odrp.
*15 « ... Dès la montagne d’Horeb. »
*16 Cf. Z., II, fol. 226a.
*17 On sait que le Z. désigne par ce nom l'esprit du démon qui constitue les feuilles de l'arbre du Bien et du Mal. V. fol. 36b.
*18 On sait que, d'après Lévit. , XXIII, 40, on emploie dans la cérémonie synagogale ce qu’en langue rabbinique on appelle « Loulab », qu'on prend entre les mains une branche de palmier, trois branches de myrte, deux de saules liées ensemble et le fruit du citronnier appelé Ethrog. On approche ces quatre objets les uns des autres, en les agitant vers les quatre points cardinaux et en chantant quelques cantiques.
*19 C'est-àdire, du nom de Jéhovah, composé de quatre lettres. Dans l'édition V., se trouve entre parenthèses la variante whyyle.
*20 C'est-à-dire, jusqu’au jour du Kippour.
*21 Se basant sur les paroles de l’Écriture (Jérémie, I, 14) : « C'est du Nord que le mal arrive », le Z. désigne par le mot « Nord » la rigueur (hrwbg), le jugement (Nyd) et l'esprit du Mal, ou « l'autre côté »(arxa arjo) alors qu’il désigne par « Sud », la grâce, la miséricorde et l'esprit du Bien.
*22 Le mot «bénédiction» (Nakrb) désigne, dans le Z., la nourriture ou la substance céleste, sans laquelle rien ne saurait subsister, pas même l'esprit impur. «Aussi, dit le Tiqounê ZOHAR, le ciel accorde-t-il de temps en temps au démon une étincelle de la lumière céleste, pour lui permettre ainsi de subsister, tel un os jeté à un chien. » V. également,à ce sujet, Zoh. Hadasch, fol. 176b.»
*23 Tout ce passage, à partir de ans yamw jusqu’à Nylak Nylm, se trouve répété dans le Z., II, 227b.
*24 Les mots yale Nayrs anyd yb signifient ; « Les démons ont le pouvoir de s'y attacher. » On sait que, dans le Z., anyd a tantôt le sens de «rigueur céleste» et tantôt celui de «pouvoir des démons». Pour l'intelligence de cette phrase du Z., nous devons faire remarquer que, d'après une ancienne croyance, rapportée à plusieurs reprises dans le Talmud, le démon s'attache aux biens de l'homme, quand ceux-ci sont exposés à la vue de tout le monde; mais il n'a aucun pouvoir sur eux lorsqu'ils sont cachés. Cf. Raschbam, sur le traité Bathra, fol. 6b.
*25 Ainsi que cela résulte de ce qui suit, l’idée de Rabbi Siméon est celle-ci : Comme la seule partie qui monte jusqu’à l’Infini, c’est la bonne volonté qui constitue la quintessence de toutes les œuvres ainsi que de la prière, alors que tout le reste se perd en chemin avant de parvenir jusqu’au point suprême, il lève ses bras, pendant la prière, vers le ciel pour manifester ainsi que ce qui monte jusqu’à la Pensée Suprême, ce n’est pas l’acte matériel et visible de la prière, mais la bonne volonté, en d’autres termes, le recueillement et la méditation de celui qui s’y livre.
*26 Ce passage du Z. est interprété de diverses façons par les commentateurs. Nous nous sommes rangés à l’avis du Sepher ha- Pardès, SECTION Hatzatzahoth, porte XI, § 6, qui fait, des neuf Palais, les intermédiaires de la « Pensée suprême » et de la bonne volonté de l’homme.
*27 Le Z. fait un jeu de mots : ryes (bouc) et ryes (velu). Il se peut aussi que ce soit une allusion au passage du Zohar Hadasch, fol. 108a, où il est dit que «les hommes au corps velu sont asservis par le côté d’Esaü», en d’autres termes, par le démon, en raison de leur sensualité. V. S. ha-Kavanoth, ch. II.
*28 Cf. Z. , II, 96b, et III, 170a.
*29 Dans toutes les Éditions, ce verset est suivi du mot rox (suite manque). la suite de ce passage se trouve à la fin de la première partie, dans l’appendice, fol. 254b, § 11.
*30 .hns twam ss Nbk au lieu de hns twam ss. On sait que le préfixe k marque l’approximation. V. Exode, XI, 4.
*31 D’après la règle herméneutique du Talmud (v. traité Pessahim, 22b, et tr. Haguiga, 12a), ta (eth) désigne toujours quelqu’un ou quelque chose qui n’est pas expréssement spécifié dans l’Écriture. V. précédemment, fol. 15b.
*32 On sait que, d'après le Z., les jours de David ont été défalqués de ceux d'Adam (v. fol. 55a, 140a, et 168a) ; aussi ce verset estil appliqué à Adam. Cf. Talmud, tr. Sabbath, fol. 30a.
*33 Cf. Z., II, fol. 141a.
*34 V. la note à la fin du fol. 23b.
*35 On sait que le mot sdq a une double signification «sainteté » et aussi « impureté », ou « prostitution ». V. Gen., XXXVIII, 21 et 22, et Deutér. , XXIII, 17.
*36 Le Z. semble partager l'avis du Talmud, d'après lequel l'ange tentateur (erh ruy) et l'ange exterminateur (twjh Kalm) ne font qu’un.
*37 Car si la femme soupçonnée est réellement coupable, elle succombe à l’épreuve de l’eau, et de cette façon son crime commis secrètement devient public.
*38 V. fol. 62a.
*39 Ou « le Verbe », médiateur de l’Alliance.
*40 Les commentateurs et entre autres le Derekh Emeth, a. I., note 3, expliquent ce passage de la manière suivante ; d’après la loi rabbinique, rapportée à maintes reprises dans le Talmud, l’autel sur lequel on déposait les holocaustes devait être pourvu de douze angles droits. Le Z. veut dire que les douze tribus des enfants de Jacob constituent les douze angles de l’autel céleste. Le Z. revient, à la suite, plusieurs fois au nombre de douze indispensable pour l’autel.
*41 En d’autres termes, d’après le Z., le verset des Paralip. n’a pas la signification ordinaire, c’est-à-dire : « La gloire du Seigneur avait rempli la maison de Dieu », mais bien celle-ci : « La gloire du Seigneur, c’est-à-dire la Schekhina, est pleine dans la maison du Seigneur. » Le Z. explique ensuite ce qu’il faut entendre par le mot « pleine ».
*42 Dans toutes les éditions, se trouve à cet endroit, l’indication rox (la suite manque). On trouvera la suite de ce passage à la fin de la première partie, dans l’appendice, fol. 254b, § 12, reproduction d’un ancien manuscrit du Z.
*43 V. fol. 63a.
*44 V. Talmud, tr. Aboth, V, 19.
*45 Cf. Bereschith Rabba, sect. Noah, VII, 7.
*46 Cf. Thanhouma.
*47 V. Z., I, fol. 160b ; II, 74a, et III, 231a.
*48 C’est-à-dire : le mot est écrit sans w, mais avec deux Mlwx qui en tiennent lieu.
*49 Ainsi que cela arrive souvent, le Z. prête un autre sens aux mots dont les lettres sont susceptibles d’une autre combinaison en en changeant les points voyelles. Dans le verset cité, il lit hsa (ischah) au lieu de hsa (ischeh).
*50 V. la suite de ce passage à la fin de la première partie, dans l’appendice, fol. 254b, § 13.
*51 V. fol. 67b.
*52 Le Z. fait dériver ywsn de asn « élever ».
*53 Cf. Talmud.
*54 V. la suite des paroles de Rabbi Siméon à la fin de la IIIe partie, dans le Raaïah Mehemnah, de la SECTION Pinhas, faisant suite au fol. 215a.
*55 Cf. Talmud, tr. Haguiga, 16a.
*56 Cf. Talmud. tr. Yoma, fol. 53b et 54b.
*57 Cf. Talmud, tr. Houlin, fol. 91b
*58 Nybne jxo «il pressa les raisins» est une métaphore et exprime l'idée d’un examen approfondi de l'essence divine. C'est ainsi que le Talmud, traité Haguiga, fol. 14b, désigne l'examen approfondi de la nature de Dieu. tweyjnb Uuyq « tailler la vigne ». V. Raschi dans son commentaire au Talmud, l. c., 15a, s. v.
*59 Qui est le suffixe pronominal féminin.
*60 Cf. fol. 38b.
*61 Raschi, sur Gen. , IX, 22.
*62 Cf. la sentence de Rabbi Hiyâ au fol 229a.
*63 Cf. fol. 157a.
*64 Comme il fallait que le Verbe retentit à chaque instant pour rendre possible l'existence du sanctuaire sur la terre, ainsi que Rabbi Siméon vient de le dire, il s'ensuit qu'il était constamment bâti ; car si le verbe eût cessé un seul instant de se manifester, le sanctuaire aurait été infailliblement détruit. Au sujet de la « voix de Jacob» dont parle Rabbi Siméon, v. fol. 50b. Cf. Tiqouné ha-Z., XXII.
*65 Le mot «schelemah » était composé des mêmes lettres que le mot « schelomoh» (Salomon) ; le Z. veut dire que le temple a été constamment bâti par le Verbe dont Salomon était l'image. V. Z. Hadasch, fol. 111a.
*66 eom signifie, en hébreu, « se transporter», « aller d'un endroit à un autre ». C'est en donnant cette signification an mot eom, que le Z. l'applique au Verbe qui, en se déplaçant de la région d'où il est incommunicable dans celle où il est communicable, fait subsister le sanctuaire sur la terre.
*67 V; fol. 64a, et Tiqouné ha-Z., VI, XXI et XXII.
*68 Par hatt amle, le Z. entend les esprits du démon, ainsi que l'expliquent le Pardès et le Minhath Yehouda, fol. 187a.
*69 V. Bereschith Rabba, Gen., XI.
*70 Fol. 73a.
*71 On voit qe le Z. prête au mot lka le sens de lwkyaw.
*72 C'est-à-dire : pourquoi l'Écriture emploie-t-elle la forme hiphil? Voy. fol. 49b.
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