Kaushitaki upanishad
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(Ⅳ)

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2. 1  
तमाह केन पौंस्रानि नामान्याप्नोतीति प्राणेनेति ब्रूयात्केन
स्त्रीनामानीति वाचेति केन नपुंसकनामानीति मनसेति केन
गन्धानिति घ्राणेनेति ब्रूयात्केन रूपाणीति चक्षुषेति केन
शब्दानिति श्रोत्रेणेति केनान्नरसानिति जिह्वयेति केन कर्माणीति
हस्ताभ्यामिति केन सुखदुःखे इति शरीरेणेति केनानन्दं रतिं
प्रजापतिमित्युपस्थेनेति केनेत्या इति पादाभ्यामिति केन धियो
विज्ञातव्यं कामानिति प्रज्ञयेति प्रब्रूयात्तमहापो वै खलु
मे ह्यसावयं ते लोक इति सा या ब्रह्मणि चितिर्या व्यष्टिस्तां
चितिं जयति तां व्यष्टिं व्यश्नुते य एवं वेद य एवं वेद
॥ ७॥ प्रथमोऽध्यायः ॥ १॥
- Le souffle de vie (Prana) est Brahma (le Créateur), avait coutume de dire le Sage Kaushitaki. À ce Prana, qui est Brahma, le mental (Manas) sert de messager, l'oeil sert de gardien, l'oreille sert d'informateur, la parole sert d'assistant. Celui qui sait que le mental est le messager de ce Prana qui est Brahma, devient lui-même le messager. Celui qui sait que l'oeil est le gardien de ce Prana qui est Brahma, se voit lui-même en posses - sion d'un gardien. Celui qui sait que l'oreille est l'informateur de ce Prana qui est Brahma, se voit lui-même en possession d'un informateur. Celui qui sait que la parole est l'assistant de ce Prana qui est Brahma, se voit lui-même en possession d'un assistant. Toutes ces divinités (mental, oeil, oreille, parole) portent des offrandes à ce souffle de vie qui est Brahma, sans qu'Il le demande. De la même façon, à celui qui possède cette connaissance, toutes les créatures portent leurs offrandes, sans qu'il le demande. Le mot d'ordre secret (Upanishad) de ce dernier est : « Ne demande pas. Ne sollicite pas. » De même qu'un individu qui a traversé un village en quêtant des aumônes et n'a rien reçu, s'assied et se dit : « Vraiment, je n'aimerais pas manger la nourriture de ces gens, même s'ils venaient me la donner ! », et qu'alors ceux qui avaient refusé de lui donner quoi que ce soit viennent vers lui et l'invitent à manger – de même, telle est la règle pour celui qui ne demande rien. Des bienfaiteurs viennent spontanément lui dire : « Permets-nous de te donner cela ! » (Ⅳ)
2. 2  
प्राणो ब्रह्मेति ह स्माह कौषीतकिस्तस्य ह वा एतस्य प्राणस्य
ब्रह्मणो मनो दूतं वाक्परिवेष्ट्री चक्षुर्गात्रं श्रोत्रं
संश्रावयितृ यो ह वा एतस्य प्राणस्य ब्रह्मणो मनो दूतं
वेद दूतवान्भवति यो वाचं परिवेष्ट्रीं
परिवेष्ट्रीमान्भवति तस्मै वा एतस्मै प्राणाय ब्रह्मण एताः
सर्वा देवता अयाचमाना बलिं हरन्ति तथो एवास्मै सर्वाणि
भूतान्ययाचमानायैव बलिं हरन्ति य एवं वेद
तस्योपनिषन्न याचेदिति तद्यथा ग्रामं भिक्षित्वा
लब्धोपविशेन्नाहगतो दत्तमश्नीयामिति य एवैनं
पुरस्तात्प्रत्याचक्षीरंस्त एवैनमुपमन्त्रयन्ते ददाम त
इत्येष धर्मो याचतो भवत्यनन्तरस्तेवैनमुपमन्त्रयन्ते
ददाम त इति ॥ १॥
- Le Prana est Brahma, enseignait le Sage Paingya. Autour de ce Prana qui est Brahma, se situe la parole; au-delà de la parole, se situe l'oeil; au-delà de l'oeil, se situe l'oreille; au-delà de l'oreille, se situe le mental; et au-delà du mental, se situe le Prana, entourant le Brahman lui-même, l'Atman*. (Ⅳ)
2. 3  
अथात एकधनावरोधनं
यदेकधनमभिध्यायात्पौर्णमास्यां वामावास्यां वा
शुद्धपक्षे वा पुण्ये नक्षत्रेऽग्निमुपसमाधाय परिसमुह्य
परिस्तीर्य पर्युक्ष पूर्वदक्षिणं जान्वाच्य स्रुवेण वा
चमसेन वा कंसेन वैता आज्याहुतीर्जुहोति
वाङ्नामदेवतावरोधिनी सा मेऽमुष्मादिदमवरुन्द्धां तस्यै
स्वाहा चक्षुर्नाम देवतावरोधिनी सा
मेऽमुष्मादिदमवरुन्द्धां तस्यै स्वाहा श्रोत्रं नाम
देवतावरोधिनी सा मेऽमुष्मादिदमवरुन्द्धां तस्यै स्वाहा
मनो नाम देवतावरोधिनी सा मेऽमुष्मादिदमवरुन्द्धां
तस्यै स्वाहैत्यथ धूमगन्धं
प्रजिघायाज्यलेपेनाङ्गान्यनुविमृज्य
वाचंयमोऽभिप्रवृज्यार्थं ब्रवीत दूतं वा
प्रहिणुयाल्लभते हैव ॥ ३॥
- Voyons maintenant l'acquisition du trésor suprême. Si un homme convoite le trésor suprême, il devra, la nuit de la pleine lune ou celle de la nouvelle lune, ou durant la quinzaine lumineuse de la lune dans une constellation favorable, faire un feu après avoir balayé le sol environnant, l'avoir jonché d'herbe sacrée et l'avoir aspergé; il devra plier le genou droit et, à l'aide d'une cuillère ou d'un bol en bois, ou même d'une tasse en métal, il fera des oblations de beurre clarifié, en les accompagnant de ces paroles : « La divinité nommée Parole (Vak) est conquérante. Puisse-t-elle avec ceci [son offrande] acquérir pour moi ce trésor. Salutations ! La divinité nommée Souffle est conquérante. Puisse-t-elle avec ceci acquérir pour moi ce trésor. Salutations ! La divinité nommée OEil est conquérante. Puisse-t-elle avec ceci acquérir pour moi ce trésor. Salutations ! La divinité nommée Oreille est conquérante. Puisse-t-elle avec ceci acquérir pour moi ce trésor. Salutations ! La divinité nommée Mental (Manas) est conquérante. Puisse-t-elle avec ceci acquérir pour moi ce trésor. Salutations ! La divinité nommée Sagesse toute-connaissante (Prajna) est conquérante. Puisset- elle avec ceci acquérir pour moi ce trésor. Salutations ! » Il lui faudra inhaler l'arôme de la fumée et enduire ses membres de beurre fondu. Puis il partira devant lui, déclarant clairement l'objet qu'il souhaite, ou enverra un messager vers lui. Il obtiendra à coup sûr ce qu'il désire. (Ⅳ)
2. 4  
अथातो दैवस्मरो यस्य प्रियो बुभूषेयस्यै वा एषां
वैतेषमेवैतस्मिन्पर्वण्यग्निमुपसमाधायैतयैवावृतैता
जुहोम्यसौ स्वाहा चक्षुस्ते मयि जुहोम्यसौ स्वाहा प्रज्ञानं ते
मयि जुहोम्यसौ स्वाहेत्यथ धूमगन्धं
प्रजिघायाज्यलेपेनाङ्गान्यनुविमृज्य वाचंयमोऽभिप्रवृज्य
संस्पर्शं जिगमिषेदपि वाताद्वा
सम्भाषमाणस्तिष्ठेत्प्रियो हैव भवति स्मरन्ति हैवास्य ॥
- Voyons maintenant le divin désir amoureux (Daiva Smara) , stimulé par ces divinités (parole, souffle, oeil, oreille, mental, intelligence). Si l'on désire être aimé d'un homme ou d'une femme, ou des hommes et des femmes en général, on devra à l'une ou l'autre des périodes ci-dessus procéder comme indiqué à des oblations de beurre clarifié, en les accompagnant de ces paroles : « Ta parole, je la sacrifie en moi. Obéissance à toi !* Ton souffle, je le sacrifie en moi. Obéissance à toi ! Ton oeil, je le sacrifie en moi. Obéissance à toi ! Ton oreille, je la sacrifie en moi. Obéissance à toi ! Ton mental, je le sacrifie en moi. Obéissance à toi ! Ton intelligence, je la sacrifie en moi. Obéissance à toi ! Il lui faudra inhaler l'arôme de la fumée et enduire ses membres de beurre fondu. Puis il partira silencieusement vers l'être qu'il désire, afin de l'approcher et le toucher, ou il pourra se tenir dans le sens où souffle le vent et conversera avec l'être aimé. Il sera aimé ou chéri, à coup sûr. Oui, à coup sûr, il sera ardemment désiré. (Ⅳ)
2. 5  
अथातः सायमन्नं प्रातर्दनमम्तरमग्निहोत्रमित्याचक्षते
यावद्वै
पुरुषो भासते न तावत्प्राणितुं शक्नोति प्राणं तदा वाचि
जुहोति
यावद्वै पुरुषः प्राणिति न तावद्भाषितुं शक्नोति वाचं
तदा प्राणे जुहोत्येतेऽनन्तेऽमृताहुतिर्जाग्रच्च स्वपंश्च
सन्ततमवच्छिन्नं जुहोत्यथ या अन्या आहुतयोऽन्तवत्यस्ताः
कर्ममय्योभवन्त्येतद्ध वै पूर्वे विद्वांसोऽग्निहोत्रं
जुहवाञ्चक्रुः॥ ५॥
- Voyons maintenant la maîtrise de soi à la façon de Pratardana (8), également appelé l'Agnihotra intérieur (9). Tandis qu'un homme parle, il ne peut respirer; durant ce temps, il sacrifie son souffle dans la parole. Inversement, tandis qu'un homme respire, il ne peut parler; durant ce temps, il sacrifie la parole dans son souffle. Ces sacrifices sont l'un et l'autre sans fin et immortels, car l'homme les accomplit sans cesse, dans l'état de veille comme de sommeil. Par ailleurs, tous les autres sacrifices ont une fin, car ils consistent en actes. En vérité, c'est parce qu'ils possédaient cette connaissance que les sages d'autrefois ne pratiquaient pas l'offrande de l'Agnihotra. (Ⅳ)
2. 6  
उक्थं ब्रह्मेति ह स्माह शुष्कभृङ्गरस्तदृगित्युपासीत
सर्वाणि हास्मै भूतानि श्रैष्ठ्यायाभ्यर्च्यन्ते
तद्यजुरित्युपासीत सर्वाणि हास्मै भूतानि श्रैष्ठ्याय
युज्यन्ते तत्सामेत्युपासीत सर्वाणि हास्मै भूतानि
श्रैष्ठ्याय सन्नमन्ते तच्छ्रीत्युपासीत तद्यश
इत्युपासीत तत्तेज इत्युपासीत तद्यथैतच्छा स्त्राणां
श्रीमत्तमं यशस्वितमं तेजस्वितमं भवति तथो एवैवं
विद्वान्सर्वेषां भूतानां श्रीमत्तमो यशस्वितमस्तेजस्वितमो
भवति तमेतमैष्टकं कर्ममयमात्मानमध्वर्युः संस्करोति
तस्मिन्यजुर्भयं प्रवयति यजुर्मयं ऋङ्मयं होता ऋङ्मयं
साममयमुद्गाता स एष सर्वस्यै त्रयीविद्याया आत्मैष उत
एवास्यात्यैतदात्मा भवति एवं वेद ॥ ६॥
- Voyons maintenant ce qu'est Brahman. L'Uktha (0) est Brahman, voilà ce que Sushkabhangara se plaisait à répéter. On doit méditer sur lui comme étant le Rig Véda (les hymnes de louange), car en vérité c'est à lui que tous les êtres chantent des hymnes célébrant sa grandeur. On doit méditer sur lui comme étant le Yajur Véda (les formules sacrificielles), car en vérité c'est en lui que tous les êtres sont réunis (yujyante) lorsqu'ils célèbrent sa suprématie. On doit méditer sur lui comme étant le Sama Véda (les chants), car en vérité c'est devant lui que tous les êtres se prosternent (samnamante) lorsqu'ils célèbrent sa suprématie. On doit méditer sur lui comme étant la beauté (Shri), la gloire (Yashas), la splendeur (Tejas). Et de même que cet Uktha est la plus belle, la plus glorieuse et la plus splendide de toutes les incantations d'invocation (Shastra), de même celui qui possède cette connaissance est le plus beau, le plus glorieux et le plus splendide de tous les êtres. C'est ainsi que le prêtre Adhvaryu (11) consacre son propre soi, pour le rendre apte à accomplir les rites du sacrifice, lesquels constituent en actes. Ce sacrifice, il le tisse avec son propre soi ritualisé par le Yajur. À ce soi ritualisé par le Yajur, le prêtre Hotir entremêle son soi ritualisé par le Rig. À ce soi ritualisé par le Rig, le prêtre Udgatri entremêle son soi ritualisé par le Saman. Apparaît alors le soi de la triple connaissance (le Brahman, incarné par le prêtre Brahmane). Celui qui possède cette connaissance devient, quant à lui, le Soi suprême*. (Ⅳ)
2. 7  
अथातः सर्वजितः कौषीतकेस्रीण्युपासनानि भवन्ति
यज्ञोपवीतं कृत्वाप आचम्य त्रिरुदपात्रं
प्रसिच्योद्यन्तमादित्यमुपतिष्ठेत वर्गोऽसि पाप्मानं मे
वृङ्धीत्येतयैवावृता मध्ये सन्तमुद्वर्गोऽसि पाप्मानं म
उद्धृङ्धीत्येतयैवावृतास्ते यन्तं संवर्गोऽसि पाप्मानं
मे संवृङ्धीति यदहोरात्राभ्यां पापं करोति
सन्तद्धृङ्क्ते ॥ ७॥
- Voici maintenant les trois rites de vénération du tout-victorieux Kaushitaki. Le tout-victorieux Kaushitaki avait l'habitude de rendre un culte au soleil levant. Il portait son cordon sacré, se munissait d'eau et la déversait à trois reprises dans un bol, avec ces paroles au soleil : « Tu es Celui qui enlève tout, enlève donc mes actes négatifs ! » De la même manière, il rendait un culte au soleil de midi : « Tu es Celui qui élève tout, élève donc mes actes négatifs ! » Et au soleil couchant : « Tu es Celui qui éloigne tout, éloigne donc mes actes négatifs ! » C'est ainsi que le soleil faisait disparaître tous les actes négatifs qu'il avait commis tout au long du jour et de la nuit. Il en est de même pour celui qui possède cette connaissance et vénère le soleil de cette façon, celui-ci fait disparaître tous les actes négatifs qu'il a commis tout au long du jour et de la nuit. (Ⅳ)
2. 8  
अथ मासि मास्यमावास्यायां पश्चाच्चन्द्रमसं
दृश्यमानमुपतिष्ठेतैवावृता हरिततृणाभ्यामथ वाक्
प्रत्यस्यति यत्ते सुसीमं हृदयमधिचन्द्रमसि श्रितम् ॥
तेनामृतत्वस्येशानं माहं पौत्रमघं रुदमिति न
हास्मात्पूर्वाः प्रजाः प्रयन्तीति न
जातपुत्रस्याथाजातपुत्रस्याह ॥ आप्यास्व समेतु ते सन्ते
पयांसि समुयन्तु वाजा यमादित्या
अंशुमाप्याययन्तीत्येतास्तिस्र ऋचो जपित्वा नास्माकं प्राणेन
प्रजया पशुभिराप्यस्वेति दैवीमावृतमावर्त
आदित्यस्यावृतमन्वावर्तयति दक्षिणं बाहुमन्वावर्तते ॥ ८॥
- Mois par mois, quand approche la nuit de la nouvelle lune, on doit rendre un culte à la lune qui se lève à l'ouest, à la façon décrite précédemment (cf. II.7), ou l'on peut également jeter vers la lune deux brins d'herbe verte, avec ces paroles : « Ce coeur qui est mien, partagé d'une belle raie, Qui repose dans la lune, au sein du ciel, Est le témoin de ma croyance profonde. Puissè-je ne jamais avoir à pleurer la maladie d'un fils ! » Assurément, son fils ne décèdera pas avant lui, si du moins si un fils lui est déjà né. Dans le cas de celui qui n'a pas encore de fils, il lui faudra murmurer les trois versets suivants : « Croîs et gonfle, ô Lune (Soma), que j'entre en toi (Rig .96.16) ! Que le lait et la nourriture s'amassent en toi, Que la vigueur vienne à toi (Rig 1.96.18), Tu es le rayon que les Adityas (1) réjouissent* ! » Puis il ajoutera : « Ne croîs ni par mon Prana, ni par ma descendance, ni par mon bétail ! Mais celui qui me hait et que je hais, croîs donc par son Prana, par sa descendance, par son bétail ! Je me tourne vers le retour du dieu, et je tourne en suivant la course d'Aditya (1). » Sur ces mots, il tend son bras droit vers la lune et fait un tour complet sur lui-même.** (Ⅳ)
2. 9  
अथ पौर्णमास्यां पुरस्ताच्चन्द्रमसं
दृश्यमानमुपतिष्ठेतैतयैवावृता सोमो राजासि
विचक्षणः पञ्चमुखोऽसि प्रजापतिर्ब्राह्मणस्त एकं मुखं
तेन मुखेन राज्ञोऽत्सि तेन मुखेन मामन्नादं कुरु ॥ राजा
त एकं मुखं तेन मुखेन विशोत्सि तेनैव मुखेन मामन्नादं
कुरु ॥ श्येनस्त एकं मुखं तेन मुखेन पक्षिणोऽत्सि तेन
मुखेन मामन्नादं कुरु ॥ अग्निस्त एकं मुखं तेन मुखेनेमं
लोकमत्सि तेन मुखेन मामन्नादं कुरु ॥ सर्वाणि भूतानीत्येव
पञ्चमं मुखं तेन मुखेन सर्वाणि भूतान्यत्सि तेन मुखेन
मामन्नादं कुरु ॥ मास्माकं प्राणेन प्रजया
पशुभिरवक्षेष्ठा योऽस्माद्वेष्टि यं च वयं
द्विष्मस्तस्य प्राणेन प्रजया पशुभिरवक्षीयस्वेति
स्थितिर्दैवीमावृतमावर्त आदित्यस्यावृतमन्वावर्तन्त इति
दक्षिणं बाहुमन्वावर्तते ॥ ९॥
- Or donc, la nuit de la pleine lune, on doit rendre un culte similaire à la lune, qui apparaît alors à l'est, avec ces paroles : « Tu es Soma, le Seigneur lunaire dont la vue porte loin, tu es Prajapati, le Créateur aux cinq bouches. Le Brahmane est l'une de tes bouches. Avec cette bouche, tu dévores les rois (Kshatriyas). Avec cette bouche, fais de moi le consommateur de nourriture ! Le roi est l'une de tes bouches. Avec cette bouche, tu dévores les possédants (Vaishyas). Avec cette bouche, fais de moi le consommateur de nourriture ! Le faucon est l'une de tes bouches. Avec cette bouche, tu dévores les oiseaux. Avec cette bouche, fais de moi le consommateur de nourriture ! Le feu est l'une de tes bouches. Avec cette bouche, tu dévores ce monde. Avec cette bouche, fais de moi le consommateur de nourriture ! En toi se trouve une cinquième bouche. Avec cette bouche, tu dévores toutes les créatures. Avec cette bouche, fais de moi le consommateur de nourriture ! Ne décrois pas par mon Prana, ni par ma descendance, ni par mon bétail ! Mais celui qui me hait et que je hais, décrois donc par son Prana, par sa descendance, par son bétail ! Je me tourne vers le retour du dieu, et je tourne en suivant la course d'Aditya. » Sur ces mots, il tend son bras droit vers la lune et fait un tour complet sur lui-même. (Ⅳ)
2. 10  
अथ संवेश्यन्जायायै हृदयमभिमृशेत् ॥ यत्ते सुसीमे
हृदये हितमन्तः प्रजापतौ ॥ मन्येऽहं मां तद्विद्वांसं
माहं पौत्रमघं रुदमिति न हास्मत्पूर्वाः प्रजाः प्रैति ॥
- Puis (après les rites précédents) il ira coucher avec sa femme et devra lui caresser le sein gauche (le coeur) avec ces mots : « Avec ce coeur qui est tien, partagé d'une belle raie, Qui repose dans le sein du Créateur, Ô maîtresse de l'immortalité, Puisses-tu ne jamais avoir à pleurer la maladie d'un fils ! » Assurément, son fils ne décèdera pas avant lui, si du moins si un fils lui est déjà né. Et de cette femme, assurément, les enfants ne seront pas retranchés (par la mort), non, pas avant qu'elle n'ait elle-même décédé. (Ⅳ)
2. 11  
अङ्गादङ्गात्सम्भवसि हृदयादधिजायसे ।
आत्मा वै पुत्रनामासि स जीव शरदः शतम् ॥ असाविति
नामास्य गृह्णाति । अश्मा भव परशुर्भव हिरण्यमस्तृतं
भव । तेजो वै पुत्रनामासि स जीव शरदः शतम् ॥ असाविति
नामासि गृह्णाति। येन प्रजापतिः प्रजाः
पर्यगृह्णीतारिष्ट्यै तेन त्वा परिगृह्णाम्यसावित्यथास्य
दक्षिणे कर्णे जपति ॥ अस्मे प्रयन्धि
मघवन्नृजीषिन्नितीन्द्रश्रेष्ठानि द्रविणानि धेहीति
माच्छेत्ता मा व्यथिष्ठाः शतं शरद आयुषो जीव पुत्र
। ते नाम्ना मूर्धानमभिजिघ्राम्यसाविति त्रिरस्य
मूर्धानमभिजिघ्रेद्गवा त्वा हिङ्कारेणाभिहिङ्करोमीति
त्रिरस्य मूर्धानमभिहिङ्कुर्यात् ॥ ११॥
- De plus, lorsqu'il revient de voyage, un homme doit embrasser la tête de son fils et lui dire : « C'est de mes membres que tu es né, C'est en mon coeur qu'est ton origine. Oui, tu es véritablement moi, ô mon fils ! Vis donc une vie de cent automnes ! » Ensuite, il prononce son nom : « Sois ferme comme le roc, sois tranchant comme la hache, Sois solide comme l'or incorruptible. Oui, tu es véritablement ma splendeur, ô mon fils ! Vis donc une vie de cent automnes ! » Ce disant, il doit prononcer le nom de son fils. Puis il le serre dans ses bras, en disant : « Par ce geste, Prajapati étreint les êtres qu'il crée, Afin qu'ils demeurent sains et saufs. De même, je t'étreins, toi, mon fils (ici encore, il prononce son nom). » Puis il murmure à son oreille droite :« Donne-lui des présents, empresse-toi, ô Maghavan (). » Et à son oreille gauche : « Ô Indra, accorde-lui les meilleures possessions qui soient. » À voix haute, qu'il déclare : « Ne brise pas la lignée de notre race, ne souffre pas, Mais vis donc une vie de cent automnes ! Ô mon fils, avec ton nom, j'embrasse ta tête. » Il l'embrasse trois fois sur la tête, disant : « Comme les vaches appellent leurs veaux en mugissant, ainsi je mugis pour toi. » Et trois fois il doit mugir au-dessus de la tête de son fils. (Ⅳ)
2. 12  
अथातो दैवः परिमर एतद्वै ब्रह्म दीप्यते
यदग्निर्ज्वलत्यथैतन्म्रियते
यन्न ज्वलति तस्यादित्यमेव तेजो गच्छति वायुं प्राण एतद्वै
ब्रह्म
दीप्यते यथादित्यो दृश्यतेऽथैतन्म्रियते यन्न दृश्यते तस्य
चन्द्रमसमेव तेजो गच्छति वायुं प्राण एतद्वै ब्रह्म दीप्यते
यच्चन्द्रमा दृश्यतेऽथैतन्म्रियते यन्न दृश्यते तस्य
विद्युतमेव तेजो
गच्छति वायुं प्राण एतद्वै ब्रह्म दीप्यते
यद्विद्युद्विद्योततेऽथैतन्म्रियते
यन्न विद्योतते तस्य वायुमेव तेजो गच्छति वायुं प्राणस्ता
वा एताः
सर्वा देवता वायुमेव प्रविश्य वायौ सृप्ता न मूर्च्छन्ते
तस्मादेव
पुनरुदीरत इत्यधिदैवतमथाध्यात्मम् ॥ १२॥
- Voyons maintenant la mort des divinités. En vérité, ce Brahman resplendit quand le feu flambe, et il meurt quand le feu s'éteint. Alors son éclat pénètre dans le soleil, et son souffle vital dans le vent. En vérité, ce Brahman resplendit quand le soleil brille, et il meurt quand le soleil ne brille plus. Alors son éclat pénètre dans la lune, et son souffle vital dans le vent. En vérité, ce Brahman resplendit quand la lune brille, et il meurt quand la lune ne brille plus. Alors son éclat pénètre dans l'éclair, et son souffle vital dans le vent. En vérité, ce Brahman resplendit quand l'éclair se manifeste, et il meurt quand l'éclair disparaît. Alors son éclat pénètre dans les régions célestes, et son souffle vital dans le vent. En vérité, toutes ces divinités pénètrent dans le vent, et y meurent. Mais en vérité, elles ne périssent pas, elles ne se perdent pas dans le vent, mais s'élèvent de nouveau et en ressortent. Voilà pour ce qui concerne les divinités. (Ⅳ)
2. 13  
एतद्वै ब्रह्म दीप्यते यद्वाचा वदत्यथैतन्म्रियते यन्न वलति
तस्य चक्षुरेव तेजो गच्छति प्राणं प्राण एतद्वै ब्रह्म
दीप्यते
यच्चक्षुषा पश्यत्यथैतन्म्रियते यन्न पश्यति तस्य
श्रोत्रमेव
तेजो गच्छति प्राणं प्राण एतद्वै ब्रह्म दीप्यते यच्छोत्रेण
शृणोत्यथैतन्म्रियते यन्न शृणोति तस्य मन एव तेजो
गच्छति
प्राणं प्राण एतद्वै ब्रह्म दीप्यते यन्मनसा
ध्यायत्यथैतन्म्रियते
यन्न ध्यायति तस्य प्राणमेव तेजो गच्छति प्राणं प्राणस्ता
वा
एताः सर्वा देवताः प्राणमेव प्रविश्य प्राणे सृप्ता न
मूर्छन्ते
तस्माद्धैव पुनरुदीरते तद्यदिह वा एवंविद्वांस उभौ
पर्वतावभिप्रवर्तेयातां तुस्तूर्षमाणो दक्षिणश्चोत्तरश्च
न हैवैनं स्तृण्वीयातामथ य एनं द्विषन्ति यांश्च
स्वयं
द्वेष्टि त एवं सर्वे परितो म्रियन्ते ॥ १३॥
- Et voici pour ce qui concerne l'Atman. En vérité, ce Brahman resplendit quand on s'exprime par la parole, et il meurt quand on se tait. Alors son éclat pénètre dans l'oeil, et son souffle vital dans le souffle vital. En vérité, ce Brahman resplendit quand on regarde par l'oeil, et il meurt quand on ne regarde rien. Alors son éclat pénètre dans l'oreille, et son souffle vital dans le souffle vital. En vérité, ce Brahman resplendit quand on écoute par l'oreille, et il meurt quand on n'écoute rien. Alors son éclat pénètre dans le mental, et son souffle vital dans le souffle vital. En vérité, ce Brahman resplendit quand on pense par le mental, et il meurt quand on ne pense à rien. Alors son éclat pénètre dans le souffle vital, et son souffle vital dans le souffle vital.* En vérité, toutes ces divinités pénètrent dans le souffle vital, et y meurent. Mais en vérité, elles ne périssent pas, elles ne se perdent pas dans le Prana, mais s'élèvent de nouveau et en sortent. Ainsi, si les deux montagnes, celle du sud et celle du nord, s'ébranlaient pour écraser celui qui possède cette connaissance, elles n'y parviendraient pas. Mais tous ceux qui le haïssent et que lui-même hait, s'effondrent morts tout autour de lui. (Ⅳ)
2. 14  
अथातो निःश्रेयसादानं एता ह वै देवता अहं श्रेयसे
विवदमाना अस्माच्छरीरादुच्चक्रमुस्तद्दारुभूतं
शिष्येथैतद्वाक्प्रविवेश तद्वाचा वदच्छिष्य
एवाथैतच्चक्षुः प्रविवेश तद्वाचा वदच्चक्षुषा
पश्यच्छिष्य एवाथैतच्छ्रोत्रं प्रविवेश तद्वाचा
वदच्चक्षुषा पश्यच्छ्रोत्रेण शृण्वन्मनसा
ध्यायच्छिष्य एवाथैतत्प्राणः प्रविवेश तत्तत एव
समुत्तस्थौ तद्देवाः प्राणे निःश्रेयसं विचिन्त्य प्राणमेव
प्रज्ञात्मानमभिसंस्तूय सहैतैः
सर्वैरस्माल्लोकादुच्चक्रमुस्ते
वायुप्रतिष्ठाकाशात्मानः स्वर्ययुस्तहो
एवैवंविद्वान्सर्वेषां
भूतानां प्राणमेव प्रज्ञात्मानमभिसंस्तूय सहैतैः
सर्वैरस्माच्छरीरादुत्क्रामति स वायुप्रतिष्ठाकाशात्मा
न स्वरेति तद्भवति यत्रैतद्देवास्तत्प्राप्य तदमृतो भवति
यदमृता देवाः ॥ १४॥
- Voyons maintenant l'attribution de la suprématie. Toutes ces divinités, en vérité, au cours d'une dispute pour la suprématie*, sortirent hors du corps. Et le corps gisait sans plus de souffle, sec comme un bout de bois. En premier, la parole réintégra le corps; il parlait en utilisant la parole, mais restait néanmoins gisant. L'oeil réintégra le corps; il parlait en utilisant la parole et voyait avec l'oeil, mais restait néanmoins gisant. L'oreille réintégra le corps; il parlait en utilisant la parole, voyait avec l'oeil et entendait avec l'oreille, mais restait néanmoins gisant. Le mental réintégra le corps; il parlait en utilisant la parole, voyait avec l'oeil, entendait avec l'oreille et pensait avec le mental, mais restait néanmoins gisant. Enfin le souffle vital réintégra le corps; immédiatement, celui-ci se mit debout. Alors toutes ces divinités reconnurent la suprématie du Prana et, comprenant que le Prana constitue à lui seul la conscience du Soi (Prajnatman), elles se retirèrent toutes ensemble de ce corps. Elles pénétrèrent dans l'air et, constatant qu'elles étaient de la nature de l'éther (Akasha), elles atteignirent les mondes supérieurs. De même, celui qui possède cette connaissance, qui a reconnu la suprématie du Prana et compris que le Prana constitue à lui seul la conscience du Soi (Prajnatman), se retire de son corps avec toutes ces divinités. Il pénètre dans l'air, constate qu'il possède la nature de l'éther (Akasha), et atteint les mondes supérieurs. Oui, il va là où se trouvent ces divinités. Et, parvenu là, celui qui possède cette connaissance devient immortel, de cette immortalité même dont jouissent les dieux. (Ⅳ)
2. 15  
अथातः पितापुत्रीयं सम्प्रदानमिति चाचक्षते पिता पुत्रं
प्रष्याह्वयति नवैस्तृणैरगारं
संस्तीर्याग्निमुपसमाधायोदकुम्भं सपात्रमुपनिधायाहतेन
वाससा सम्प्रच्छन्नः श्येत एत्य पुत्र उपरिष्टदभिनिपद्यत
इन्द्रियैरस्येन्द्रियाणि संस्पृश्यापि वास्याभिमुखत
एवासीताथास्मै सम्प्रयच्छति वाचं मे त्वयि दधानीति पिता
वाचं ते मयि दध इति पुत्रः प्राणं मे त्वयि दधानीति पिता
प्राणं ते मयि दध इति पुत्रश्चक्षुर्मे त्वयि दधानीति पिता
चक्षुस्ते मयि दध इति पुत्रः श्रोत्रं मे त्वयि दधानीति पिता
श्रोत्रं ते मयि दध इति पुत्रो मनो मे त्वयि दधानीति पिता
मनस्ते मयि दध इति पुत्रोऽन्नरसान्मे त्वयि दधानीति
पितान्नरसांस्ते मयि दध इति पुत्रः कर्माणि मे त्वयि
दधानीति पिता कर्माणि ते मयि दध इति पुत्रः सुखदुःखे मे
त्वयि दधानीति पिता सुखदुःखे ते मयि दध इति पुत्र आनन्दं
रतिं प्रजाइं मे त्वयि दधानीति पिता आनन्दं रतिं प्रजातिं
ते
मयि दध इति पुत्र इत्यां मे त्वयि दधानीति पिता इत्यां ते मयि
दध इति पुत्रो धियो विज्ञातव्यं कामान्मे त्वयि दधानीति
पिउता
धियो विज्ञातव्यं कामांस्ते मयि दध इति पुत्रोऽथ
दक्षिणावृदुपनिष्क्रामति तं पितानुमन्त्रयते यशो
ब्रह्मवर्चसमन्नाद्यं कीर्तिस्त्वा जुषतामित्यथेतरः
सव्यमंसमन्ववेक्षते पाणि नान्तर्धाय वसनान्तेन वा
प्रच्छद्य स्वर्गाल्लोकान्कामानवाप्नुहीति स यद्यगदः
स्यात्पुत्रस्यैश्वर्ये पिता वसेत्परिवा व्रजेद्ययुर्वै
प्रेयाद्यदेवैनं
समापयति तथा समापयितव्यो भवति तथा समापयितव्यो
भवति ॥ १५॥
- Voyons maintenant la cérémonie du père et du fils, ou cérémonie de transmission (Sampradana), comme on la nomme. Un père, quand il sent qu'approche sa mort, fait venir son fils. Il jonche la maison d'herbes fraîches, prépare le feu, dépose à côté un pot empli d'eau sur un plateau, revêt un vêtement jamais encore lavé (donc neuf), puis va s'installer sur sa couche et y demeure. À son arrivée, le fils se penche vers lui et baisse la tête, puis met ses organes des sens en contact avec ceux de son père. Ou alors, le père peut procéder à la transmission, assis face à son fils. Il accomplit cette transmission de la façon suivante : Le père : Laisse-moi déposer ma parole en toi. Le fils : Je prends ta parole en moi. — Laisse-moi déposer mon Prana en toi. — Je prends ton Prana en moi. — Laisse-moi déposer mes yeux en toi. — Je prends tes yeux en moi. — Laisse-moi déposer mes oreilles en toi. — Je prends tes oreilles en moi. — Laisse-moi déposer les saveurs de mon palais en toi. — Je prends les saveurs de ton palais en moi. — Laisse-moi déposer mes actes en toi. — Je prends tes actes en moi. — Laisse-moi déposer mes plaisirs et mes douleurs en toi. — Je prends tes plaisirs et tes douleurs en moi. — Laisse-moi déposer mes voluptés, mes jouissances et ma puissance procréatrice en toi. — Je prends tes voluptés, tes jouissances et ta puissance procréatrice en moi. — Laisse-moi déposer ma faculté de mouvement en toi. — Je prends ta faculté de mouvement en moi. — Laisse-moi déposer mes pensées et désirs (Manas) en toi. — Je prends tes pensées et désirs en moi. — Laisse-moi déposer ma sagesse (Prajna) en toi. — Je prends ta sagesse en moi. Cependant, si le père doit faire des efforts pour parler, il peut résumer cette transmission par ces mots : — Laisse-moi déposer mes souffles vitaux (Pranas) en toi. — Je prends tes souffles vitaux en moi. Puis le fils décrit un cercle autour de son père situé à sa droite, en partant vers l'est (donc dans le sens des aiguilles d'une montre). Le père l'invoque : « Puissent la splendeur, la gloire et la puissance de Brahman demeurer toujours avec toi ! » Le fils le regarde, par dessus son épaule gauche, et se cache la face, de ses mains ou du pan de son vêtement, tout en lui répondant : « Puisses-tu parvenir aux mondes célestes et voir tous tes désirs comblés ! » Si le père retrouve sa santé, il doit venir résider sous la tutelle de son fils ou adopter la vie itinérante de l'ascète. Mais s'il prend le grand départ, ses forces de vie passent en la possession de son fils, comme cela est approprié, oui, comme cela est approprié. (Ⅳ)


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