Junayd, né à Nihawand, appartenait également à la grande école de Bagdad, ou il mourut en 298 H. /910. II fut le représentant le plus « posé » de l’école, le plus équilibré. Savant prudent, voire timide, conscient des périls d'hétérodoxie particuliers au tasawwuf, il faisait preuve d'une extrême réserve, attendant, pour donner une décision, l’expérience décisive, cruciale. Il fut le shaykh, le "directeur" de Hallaj.
Junayd est, en islam, le premier auteur spirituel à avoir posé correctement, dans toute son ampleur, le problème de l'union mystiqu. Il en à repéré le seuil, la nuit de la volonté, sans en avoir subi lui-même l'épreuve. Junayd a médité sur le ((pacte primordial)), le milhaq dont parle le Coran, et qui est, aux yeux des mystiques, comme une déclaration d'amour anticipée faite à Dieu par les prémices de la race adamique en notre nom à tous. Pour retrouver en nous cette acceptation de la Volonté divine, il faut un travail profond de purification, un détachement de nos facultés afin d'atteindre « l'annihilation en Celui à qui nous pensons ». Cet état final de notre transfiguration, c'est pour Junayd le « retour à notre origine », l'accès à la vie primordiale ou l’amour produit « par permutation avec les qualités de l’aimant une pénétration des qualités de l’Aimé ». Junayd estime que Dieu a donné à certains êtres privilégiés, objet de sa prédilection, de goûter expérimentalement les stades successifs de la vocation prophètique. Son opuscule le Médicament des Ames (Dawq al-arwah) construit la première « synthèse dynamique du Coran », dit M. Massignon, ou le Livre est conçu comme un manuel de l’ascension mystique.
Source : G.C Anawati et Louis Gardet, Mystique Musulamne, Vrin
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