Né en 1859 à Paris, Henri Bergson fait de brillantes études secondaires qui le conduisent à une carrière universitaire exemplaire. En 1878, reçu troisième au concours de l'École normale supérieure (le premier est Jean Jaurès), il est agrégé en 1881, docteur en 1889, professeur au Collège de France en 1900. Là, bien que critiqué par les professeurs de la Sorbonne, Henri Bergson remporte un succès considérable non seulement auprès des intellectuels (Gabriel Marcel, Charles Péguy, Charles Blondel), mais encore auprès d'un public mondain et cultivé. Membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1901, de l'Académie française en 1914, docteur ès sciences d'Oxford en 1909, dès 1916, il se voit confier par le gouvernement de la IIIe République des missions diplomatiques, d'abord en Espagne, puis, en 1917, aux États-Unis, entrés en guerre, dit-on, à la suite de son intervention auprès de Wilson, et où Henri Bergson retournera en 1918 pour obtenir la constitution d'un front de l'Est. Ainsi, le philosophe, officier de la Légion d'honneur (1902), ne dédaignait pas l'action au service de son pays. Le prix Nobel de littérature qui lui est attribué en 1927 contribue à le rendre mondialement célèbre. Mais, souffrant de rhumatismes paralysants à partir de 1925, Henri Bergson doit abandonner progressivement ses différentes fonctions et c'est en luttant contre la maladie qu'il rédige les Deux Sources de la morale et de la religion (1932) et la Pensée et le mouvant (1934). Dans son testament, rédigé en 1937, au moment de la montée du nazisme, le philosophe écrit: «Mes réflexions m'ont amené de plus en plus près du Catholicisme où je vois l'achèvement complet du Judaïsme. Je me serais converti, si je n'avais vu se préparer depuis des années la formidable vague d'antisémitisme qui va déferler sur le monde. J'ai voulu rester parmi ceux qui seront demain des persécutés.» Il précise également «avoir publié tout ce qu'il voulait livrer au public», interdisant toute publication posthume. C'est donc une œuvre achevée qu'il laisse à sa mort, dans Paris occupé, le 3 janvier 1941.
1 -[Henri Bergson]
2 -[Henri Bergson : Une philosophie de la durée]
3 -[Henri Bergson : Intelligence et intuition]
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