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C
rois-tu qu'en te rendant philosophe tu pourras semblablement manger, pareillement boire, avoir les memes desirs, les memes aversions? Il faut veiller, peiner, se separer des siens, souffrir le mepris d'un jeune esclave, etre raille par les premiers venus, avoir en tout le dessous, dans les honneurs, dans les charges publiques, devant les juges; et dans la moindre affaire. Pose tout cela, si tu veux recevoir en echange l'impassibilite, la liberte, le calme. Sinon, n'approche pas, de peur que, comme les enfants, tu ne sois maintenant philosophe, plus tard percepteur, ensuite rheteur, puis procurateur de Cesar. Tout cela ne s'accorde pas. Il faut que tu sois un seul homme, ou bon ou mauvais. Il faut cultiver, ou le gouvemement de toi-meme ou les choses du dehors, t'appliquer aux choses interieures ou aux choses exterieures, c'est-a-dire tenir le role de philosophe ou de particulier.
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