Né Saül, dans une famille établie à Tarse, il bénéficie de la citoyenneté romaine et connaît une éducation juive traditionnelle. Juif de la diaspora, il pratique l'hébreu et le grec. Lorsqu'il gagne Jérusalem, vers les années 20 de notre ère, c'est pour étudier auprès du pharisien Gamaliel, « docteur de la Loi estimé de tout le peuple ». A-t-il même entendu parler de Jésus de Nazareth ? Il est douteux qu'il y ait prêté attention : l'époque abonde en faux prophètes. Etienne, pour avoir proclamé devant le Sanhédrin que le Nazaréen est ressuscité, est lapidé : c'est le début d'une chasse aux chrétiens, à laquelle Saül, « zélateur de la tradition », participe activement. Sur le chemin de Damas, le voici brutalement frappé de cécité. Trois jours plus tard, guéri par l'intervention d'Ananias, il demande le baptême. Sa vie bascule, et avec elle, l'avenir de la chrétienté.
L'homme disparaît « un temps assez long », en Arabie. Le séjour à Jérusalem qu'il entreprendra plus tard ne durera qu'une quinzaine de jours. Conséquence : si le Christ est une référence omniprésente dans ses épîtres, pas trace de la figure historique de Jésus. La mission commence véritablement quelques années plus tard : d'abord à Chypre (où il romanise son nom en Paul) en compagnie de Barnabé, avant qu'il n'entreprenne ses longs voyages. Partout, il prêche et organise des communautés chrétiennes, suscitant, chez les uns, adhésion enthousiaste, chez d'autres, haine et rejet, au péril de sa propre vie. Infatigable, il survit à une lapidation, et résiste à l'emprisonnement, aux procès que lui intentent certains de ses coreligionnaires juifs. Car Paul, qui veut à toute force annoncer l'Evangile, la « Bonne Nouvelle » aux païens, n'a jamais renié son appartenance au Judaïsme. Emprisonné à Jérusalem, à la suite d'un affrontement, il demande en tant que citoyen romain à être jugé à Rome. Quand il y parvient, au terme d'un long voyage, l'incendie de la ville (en 64 apr. J.-C.), attribué par Néron aux chrétiens, signe son arrêt de mort, en même temps que des milliers d'autres : la citoyenneté dont il se réclame lui vaut un traitement de faveur... l'exécution par décapitation. Sa mort, enveloppée d'obscurité (Luc arrête son récit lors de l'arrivée à Rome) marque le début d'un long oubli dont le tireront peu à peu le concile de Nicée, Saint Augustin, la Renaissance.
Source : L'Avorton de Dieu. Une vie de saint Paul de Alain Decaux Perrin/Desclée de Brouwer
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