Patrimoine  Spirituel  de l'Humanité

Les citations Zhuangzi

59 citations | Page 2 / 3


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Z iqi de Nanguo, accoudé sur un guéridon,
En extase, comme privé de son compagnon,
Soupirait doucement vers le ciel.
Yancheng Ziyou, debout à ses côtés :
"Que se passe t-il ?
Peux tu faire de ton corps un bois sec
Et de ton esprit (xin) une cendre morte ?
Cet homme accoudé n'est point celui d'hier ! "
Ziqi répondit :
" A l'instant, le sais-tu, j'ai perdu mon moi.
De l'homme tu entends le chant,
Mais de la terre rien encore.
Et, si de la terre tu entends la rumeur,
Au Ciel, ô combien sourd tu demeures ! "


Citation 823  | 
Zhuangzi, chap.II, traduction par Isabelle Robinet 

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A insi, ce qu'il aimait était Un,
Ce qu'il n'aimait pas était Un,
Ce qui en lui était unifié était Un,
Ce qui en lui ne l'était pas était Un,
Étant unifié, il était le compagnon du Ciel,
Ne l'étant pas, il était le compagnon de l'homme.
Quand Ciel et homme ne rivalisent pas,
C'est là qu'apparaît l'homme Véritable.


Citation 765  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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U n tel homme ne sait ce qu'œil et oreille approuvent:
Son esprit s'ébat dans l'harmonie de la Vertu.
Il voit l'unité des êtres et des choses et non leur perte,
Son pied coupé n'est qu'une motte arrachée.
-Il ne fait que travailler à sa perfection, dit Chang Ji.
Par son intelligence, il accède à son esprit;
Par son esprit, il accède à l'esprit constant.
Pourquoi les êtres affluent-ils vers lui?
L'homme ne prend pour miroir l'eau qui court
Mais celle qui dort, dit Confucius.
Seul l'arrêt peut calmer la multitude.
Investis du Décret Terrestre,
Seuls le pin et le cyprès, autonomes, sont parfaits
Hiver comme été ils garderont leur verdeur.
Investi du Décret Céleste
Seul Shun, autonome , se rectifie :
Par grâce il peut rectifier sa propre nature
Et par là même rectifie celle de la multitude.
Pas de peur pour qui garde la trace de l'origine.
Le guerrier brave affronte les neuf armées sans crainte
Qui cherche le renom
Et y parvient par soi-même agit de la sorte.
Celui qui gouverne Ciel et Terre,
Se fait le réceptacle des Dix mille êtres
Habite son corps comme une demeure éphémère,
Ne se fie ni à ses yeux ni à ses oreilles,
Unifie son savoir par la sagesse.


Citation 753  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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A insi, le Saint s'ébat:
Pour lui, le savoir est une malédiction,
L'engagement un enchaînement,
Les faveurs une corruption,
L'habileté un commerce.
Le Saint est sans projet : que ferait-il du savoir?
Il ne découpe rien : que ferait-il de la colle?
Il ne perd rien: comment chercherait-il à obtenir?
Il ne convoite aucun bien. pourquoi commercerait-il?
Ces quatre positions sont le Don du Ciel ;
Le Don du Ciel est une nourriture :
Nourri par le Ciel, pourquoi en appellerait-il à l'humain?
De l'homme, il a la forme mais non les penchants.
Ayant cette forme, il se mêle aux hommes.
Sans leurs penchants,
Un tel homme fautait sans regrets
Et réussissait sans fatuité.
Un tel homme grimpait sans vertige,
S'immergeait sans se mouiller
Et plongeait dans le feu sans se brûler.
Ainsi était la connaissance à hauteur de la Voie.
L'homme Véritable des temps anciens
Dormait sans rêver, Se réveillait sans soucis,
Mangeait sans goûter
Et respirait en profondeur.
L'homme Véritable respire par les talons;
Les gens du commun par la gorge,
Subjugués, on dirait qu'ils vagissent.
Quand passions et désirs sont profonds
Faible est la force interne du Ciel.
L'homme Véritable des temps anciens
Ignorait l'amour de la vie et la haine de la mort,
Ne se réjouissait pas d'apparaître
Et ne refusait pas de disparaître.
Alerte et léger, il arrivait et repartait. C'était tout.
Conscient de son origine et peu soucieux de sa fin,
Recevant la vie, il en jouissait ;
La perdant, il retournait à la source,
C'est ce qu'on appelle ne pas nuire à la Voie par l'esprit
Et ne pas agir en homme pour assister le Ciel.
C'est cela être un homme Véritable.
Un tel homme avait l'esprit attentif,
Le visage serein et le front large.
Austère, il était comme l'automne;
Chaleureux, il était comme le printemps.
Ses joies et ses colères épousaient les quatre saisons.
Il s'accordait aux êtres et aux choses
Sans que nul ne connaisse ses limites.
Ainsi, quand le Saint levait des troupes,
Il détruisait un pays sans perdre le peuple.
Répandant ses bienfaits sur mille générations,
Il n'aimait pas d'amour partial.
Ainsi, qui jubile en circulant au travers des êtres,
N'est pas un Saint.


Citation 729  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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E n outre, obtenir la vie est affaire de circonstance,
La perdre est affaire de conjoncture.
Quand on s'en remet aux circonstances
Et qu'on s'établit dans la conjoncture,
Douleur et joie ne pénètrent plus.


Citation 721  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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H uizi (Hui Si) dit un jour à Zhuangzi : " Se peut-il qu'un homme n'est pas les caractéristiques de l'humain ? "
Zhuangzi lui répondit : " Parfaitement "
Huizi : " Si un homme n'a pas ces caractéristiques, qu'est ce qui permet de l'appeler " homme " ?
Zhuangzi : " Le Dao lui a donné son aspect, le ciel sa forme, comment pourrait-on ne pas l'appeler " homme " ?
Huizi : " Mais étant donné qu'on l'appelle " homme ", comment pourrait-on lui dénier ce qui le caractérise ? "
Zhuangzi : " Le fait d'affirmer " C'est cela ", " Ce n'est pas cela ", voilà ce que je considère comme caractéristique de l'humain. Pour moi, en être dépourvu, c'est ne pas se laisser affecter intérieurement par ses goûts et ses dégoûts, avoir pour règle de suivre le cours naturel sans prétendre apporter quelque chose à la vie. "
Huizi : " Si l'homme n'apporte rien à la vie, comment peut-il ne serait ce qu'exister ? "
Zhuangzi : " Le Dao lui a donné son aspect, le ciel sa forme, qu'il lui suffise de ne pas se laisser affecter intérieurement par ses goûts et ses dégoûts. Regardez-vous plutôt :
Toujours à disperser votre force spirituelle,
Toujours à gaspiller votre énergie essentielle,
Toujours à radoter contre un arbre appuyé,
Jusqu'à vous assoupir sur votre sterculier.
Le corps que le ciel vous a donné,
A discuter du " dur " et du " blanc " vous l'usez (1)


Citation 718  | 
Zhuangzi, chap.V, traduit par Anne Cheng, Histoire de la pensée Chinoise, Edition du Seuil, 1997, chap. 4 

(1) dur et blanc est le titre d'un chapitre du Gongsun Longzi

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J 'ai gardé en moi la Voie tout en l'instruisant:
Après trois jours, il s'est détaché du monde;
S'étant détaché, je l'ai encore gardée.
Après sept jours, il s'est détaché des êtres;
S'étant détaché, je l'ai encore gardée.
Après neuf jours, il s'est détaché de la vie;
Détaché de la vie, l'aurore l'a inondé.
Inondé de lumière, il s'est éveillé à l'unicité.
Dans l'unicité, le passé et le présent se sont abolis.
Passé et futur abolis,
Il a pénétré là où rien ne vit ni ne meurt.
Ce qui tue la vie ne meurt pas,
Ce qui donne la vie ne vit pas.
En tant que chose, elle est ainsi:
Il n'est rien qu'elle n'accompagne,
Il n'est rien qu'elle n'accueille,
Il n'est rien qu'elle ne détruise,
Il n'est rien qu'elle n'accomplisse.
Son nom est "combat serein".
Après le combat, il y a accomplissement.
- Où as-tu entendu cela? demanda Zikui de Nanbo.
- Je l'ai appris de fils d'Écriture,
- Ce dernier du petit-fils de Récitation
- Qui l'apprit de Regard-Lumineux
- Qui lui, l'avait appris de Murmure-Accordé,
- Ce dernier l'ayant appris de Pratique-Obligée
- Qui l'avait appris de Ballade-joyeuse,
- Cette dernière l'ayant appris de Subtile-Obscurité
- Qui l'avait appris de Saisie-du-Vide,
- Ele-même l'ayant appris d'Origine-Évanescente.


Citation 617  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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C omme les matins, les demeures se succèdent
Mais la vraie mort n'advient pas.


Citation 563  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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A u pays de Lu, Shushan Sans-orteil, amputé d'un pied,
Clopinant sur ses talons, s'en fut voir Confucius.
Tu manques de prudence, lui dit le Maître.
Tes erreurs du passé t'ont mis dans ce triste état.
En venant à moi qu'atteindras-tu?
- Manque de savoir-faire
Et usage de mon corps à la légère
Ont fait de moi un amputé! répondit Sans-orteil.
Aujourd'hui je viens à toi car plus que mes pieds
Je respecte une chose que je me dois de préserver.


Citation 559  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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A Hui qui sollicite l'enseignement du maître sur le jeûne du cœur, Confucius répond : " unifie ton intention. Plutôt que d'écouter avec l'oreille, écoute avec le cœur. Plutôt que d'écouter avec le cœur, écoute avec le Qi. L'ouie s'arrête à l'oreille, le cœur s'arrête à ce qui s'accorde avec lui. Le Qi c'est le Vide qui accueil toute chose. Or seul le Dao accumule le Vide. Ce vide, c'est le jeûne du cœur. "


Citation 480  | 
Zhuangzi, chap.IV, traduit par Anne Cheng, Histoire de la pensée Chinoise, Edition du Seuil, 1997, chap. 4 

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L orsque le Saint atteint la quiétude, il ne l'atteint pas parce qu'il se dit que la quiétude est bonne, sa quiétude vient de ce que pas un des dix milles êtres ne parvient à troubler son cœur. Lorsque l'eau est calme, on y voit en toute clarté le moindre poil de barbe ou de sourcil, elle est parfaitement étale, à l'aplomb du niveau du charpentier, et le meilleur artisan la prendra pour norme. Si l'eau est claire lorsqu'elle est calme, combien plus encore la quiétude de l'esprit essentiel (jingshen). Le cœur du Saint, reflet du Ciel-terre, miroir des dix milles êtres !


Citation 479  | 
Zhuangzi, chap.XIII, traduit par Anne Cheng, Histoire de la pensée Chinoise, Edition du Seuil, 1997, chap. 4 

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L orsque la femme de Zhuangzi mourut, Huizi (Huisi) vint présenter ses condoléances. Il trouva Zhuangzi accroupi, genoux écartés, occupé à tapé sur un pot et à chanter.
Huizi lui dit : " quand on a vécu avec une personne, élevé des enfants et vieilli avec elle, c'est déjà un comble de ne pas pleurer sa mort, mais que dire de cette façon de taper sur un pot en chantant ! "
Zhuangzi répondit : " Vous vous trompez. Au moment de sa mort, comment n'aurais-je pas senti l'immensité de sa perte ? Je me suis mis alors à remonter à son origine : il fut un temps où il n'y avait pas encore la vie. Non seulement il n'y avait pas la vie, mais il fut un temps où il n'y avait pas de forme. Non seulement il n'y avait pas de forme, mais il fut un temps où il n'y avait pas de Qi. Mêlé ensemble dans l'amorphe, quelque chose se transforma et il y eu le Qi, quelque chose dans le Qi se transforma les formes, quelque chose dans les formes se transforma et il y eu la vie.
Or maintenant, après une autre transformation, elle est allée à la mort, accompagnant ainsi le cycle des quatre saisons, printemps, été, automne, hiver. Au moment où elle se coucha pour dormir dans la plus grande des demeures, je ne pus que la pleurer, mais la pensée me vint que je ne compris rien au destin, aussi ai-je cessé de pleurer.


Citation 380  | 
Zhuangzi, chap.XVIII, traduit par Anne Cheng, Histoire de la pensée Chinoise, Edition du Seuil, 1997, chap. 4 

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L es Maîtres Si, Yu, Li et Lai parlaient:
" Qui peut faire de l'Absence la tête,
De la vie l'épine dorsale et de la mort le cul?
Qui sait que vie et mort, conservation et destruction
Ne sont qu'un seul et même corps?
Celui qui sait cela sera notre ami. "
Les quatre hommes se regardèrent et sourirent,
Sans objection ils devinrent amis. "


Citation 366  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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P ourquoi ressentirais-je de la haine?
Subitement, Maître Lai tomba malade.
Haletant, il était à l'article de la mort.
Sa femme et ses enfants l'entouraient en pleurant.
Maître Li vint aux nouvelles et dit:
" Dehors! Ne gêne pas la transformation! "
S'appuyant à la porte, il s'adressa à Lai:
" Ce qui crée et transforme est grandiose!
Que vas-tu devenir?
Où seras-tu envoyé?
Deviendras-tu un foie de rat ou une patte d'insecte? "
Maître Lai répondit:
" Qu'il aille à l'Est, à l'Ouest, au Sud ou au Nord,
L'enfant n'obéit qu'à ses parents.
Le Yin et le Yang sont comme père et mère
Ils m'ont emmené jusqu'au seuil de la mort;
Leur désobéir ne serait que rébellion.
De quoi seraient-ils coupables?
La Motte Immense m'impose une forme,
Le labeur de la vie,
L'oisiveté de la vieillesse
Et le repos de la mort.
Ainsi, ce qui me fait chérir la vie
Est cela même qui me fait chérir la mort.
Si un Maître forgeron occupé à fondre du métal
Voyait soudain ce dernier bondir et lui dire:
Que de moi on fasse Moye ! "
Il y verrait sans doute un métal néfaste.
Si soudain une forme humaine apparaissait et disait:
" Je ne veux qu'être un homme, qu'être un homme!
Ce qui crée et transforme y verrait un homme néfaste.
Si soudain je faisais du Ciel et de la Terre un grand four
Et de ce qui crée et transforme un Maître forgeron,
Y aurait-il un lieu où je ne puisse aller?
Après le sommeil profond, soudain ce sera l'éveil. "


Citation 365  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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M engsun est parvenu au sommet, répondit Confucius.
Il est au-delà du savoir.
En ne faisant que simplifier, il n'aurait rien obtenu:
Il s'en tient à ce qu'il a déjà réduit.
Mengsun ne sait ce qui lui donne la vie et la mort
Et ignore laquelle des deux vient avant ou après.
Transformé en quelque chose,
Il se conforme à ce procès inconnu, c'est tout!
Transformé, comment saurait-il qu'il ne l'a pas été?
Non transformé, comment saurait-il qu'il l'a été?
Toi et moi ne sommes pas sortis d'un rêve!
Quant à lui, son corps est affecté mais non son esprit.
Comme les matins, les demeures se succèdent
Mais la vraie mort n'advient pas.
Seul Mengsun est éveillé.
Quand les hommes pleurent, il pleure
C'est la seule explication.
En outre, ce moi que je fréquente,
Comment savoir ce qu'il est vraiment?
Par ailleurs, en rêve tu es un oiseau fendant l'azur,
Un poisson disparaissant dans l'abysse.
Sait-on si ceux qui à l'instant parlent
Sont éveillés ou dans un rêve?
Parvenir à ce qui est adéquat ne vaut pas le rire,
Afficher le rire ne vaut pas être avec ce qui ordonne,
S'attacher à ce qui ordonne et oublier la transformation,
est entrer dans le Ciel immense de l'Unité.


Citation 362  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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D ès qu'une forme nous est donnée,
Elle persiste jusqu'à ce que vie s'épuise.
Qu'aux choses elle se tranche ou s'aiguise,
Qu'elle galope tel un coursier qui ne peut s'arrêter,
N'est-ce pas une misère?
L'homme finit ses jours épuisé:
Il ne voit pas le succès.
A bout de force, il ignore le lieu du retour.
N'y a-t-il pas lieu de s'affliger?
D'aucuns se disent immortels. A quoi bon?
Son corps se dégrade et avec lui l'esprit.
Peut-on nier l'immense regret?
La vie humaine est-elle si vaine?
Suis-je seul à le penser parmi d'autres moins niais?
A l'esprit défini l'homme se conforme
Et en fait son maître.
Qui donc est unique et s'en passe?
N'y aurait-il que l'homme pénétrant le principe des choses.
Capable d'attirer et de prendre ce maître?
Le sot a aussi bien le sien.


Citation 293  | 
Zhuangzi, chap.II, traduction par Isabelle Robinet 

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G rand savoir embrasse; petit savoir divise.
Grands mots s'enflamment; petits mots babillent.
Endormie, l'âme de l'homme voyage.
Eveillé, son corps s'agite.

S'il touche quelque chose, il s'y empêtre.
Jour après jour, il lutte avec aisance, ruse ou prudence.
Ses petites frayeurs s'agitent,
Ses grandes peurs flamboient.
Rapide comme une flèche, il file
Pour arbitrer le vrai et le faux..
Immobile comme celui qui jure,
Il garde jalousement sa victoire.
Comme ceux d'automne et d'hiver,
On peut dire que ses jours perdent leur éclat.
Englouti par ses actes, rien ne le fait revenir.
Comme s'il était scellé, il se ferme :
On peut dire qu'il dépérit.
L'esprit voisin de la mort,
Rien ne le fait revivre,
Joie et courroux,
Peine et plaisir,
Souci et regret,
Inconstance et raideur,
Insouciance et licence,
Insolence et contenance,
Musique venant du vide,
Champignons nés de vapeurs,
Jours et nuits alternant on ne sait comment!
Assez! Assez!
Ce qui du matin au soir nous est donné,
En connaîtrons-nous l'origine ?


Citation 291  | 
Zhuangzi, chap.II, traduction par Isabelle Robinet 

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Z iqi de Nanguo, accoudé sur un guéridon,
En extase, comme privé de son compagnon,
Soupirait doucement vers le ciel.
Yancheng Ziyou, debout à ses côtés :
"Que se passe t-il ?
Peux tu faire de ton corps un bois sec
Et de ton esprit (xin) une cendre morte ?
Cet homme accoudé n'est point celui d'hier ! "
Ziqi répondit :
" A l'instant, le sais-tu, j'ai perdu mon moi.
De l'homme tu entends le chant,
Mais de la terre rien encore.
Et, si de la terre tu entends la rumeur,
Au Ciel, ô combien sourd tu demeures ! "


Citation 245  | 
Zhuangzi, chap.II, traduction par Isabelle Robinet 

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J e suis parti du donné originel (gu), j'ai développé ma nature (xing), et j'ai rejoint le destin (ming). Je plonge avec l'eau qui tombe et émerge avec l'eau qui reflue, je suis le Dao de l'eau sans chercher à imposer mon moi, et c'est ainsi que je surnage. "
Confucius demanda alors : " Que voulez vous dire par " partir de donné originel, développer sa nature et rejoindre la destinée ? "
L'homme répondit : " Je suis né dans ces collines et j'y suis chez moi : voilà le donné.
J'ai grandi dans l'eau et je m'y trouve dans mon élément : c'est ma nature.
Il en est ainsi sans que je sache pourquoi : tel est le destin.


Citation 243  | 
Zhuangzi, chap.XIX, traduit par Anne Cheng, Histoire de la pensée Chinoise, Edition du Seuil, 1997, chap. 4 

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A présent je ne le perçois plus avec les yeux mais l'apprenhende par l'esprit (shen). Là où s'arrête la connaissance sensorielle, c'est le désir de l'esprit qui a libre cours.


Citation 202  | 
Zhuangzi, chap.III, traduit par Anne Cheng, Histoire de la pensée Chinoise, Edition du Seuil, 1997, chap. 4 

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Q uel usage particulier fait-il de son esprit?
-Vie et mort sont pour lui d'égale importance :
Elles ne l'affectent en rien.
L'effondrement du monde ne l'entraîneraient pas.
Il discerne le vrai, ne dérive pas avec les choses,
Epouse leur transformation
Et s'attache au Principe Ancestral.


Citation 192  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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A insi, quand la Vertu est grande, on oublie le corps.
Quand l'homme n'oublie pas ce qui est oublié
Et oublie ce qui ne l'est pas,
C'est l'oubli véritable.


Citation 191  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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Q ui s'attache, n'est pas bienveillant.
Qui choisît le moment, n'est pas sage.
Qui ne sait que pertes et profits sont corrélatifs,
N'est pas un homme de bien.
Qui agît par renom et se perd,
N'est pas un gentilhomme.


Citation 190  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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L e Saint s'ébat là où les êtres et les choses
Jamais ne disparaissent, et avec eux il demeure.
Mort précoce, vieillesse, origine et fin de la vie
Lui procurent la même joie.


Citation 189  | 
Zhuangzi, chap.V, traduction par Isabelle Robinet 

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L a grenouille au fonds du puits ne saurait parler de l'océan enserrée qu'elle est dans son trou. L'insecte qui ne vit qu'un été ne saurait parler du gel, limité qu'il est à une seule saison. Le lettré borné ne saurait parler du Dao, prisonnier qu'il est de ce qu'il a appris.


Citation 146  | 
Zhuangzi, chap.XVII, traduit par Anne Cheng, Histoire de la pensée Chinoise, Edition du Seuil, 1997, chap. 4 

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