Patrimoine  Mondial  de la pensée

L'essor de l'empire musulman


Islam : L'essor de l'empire musulman

À la mort de Mahomet, un calife («successeur») fut choisi pour le remplacer. Abou Bakr (calife de 632 à 634), beau-père du Prophète, lui succéda comme premier calife; il lança un mouvement expansionniste qui connut un essor considérable sous les deux califes suivants, Omar Ier (calife de 634 à 644) et Othman (calife de 644 à 656). En 656, le califat s'étendait sur toute la péninsule Arabique, la Palestine et la Syrie, l'Égypte et la Libye, la Mésopotamie, ainsi que sur une partie importante de l'Arménie et de la Perse. À la suite de l'assassinat d'Othman, les dissensions entre les adeptes des deux branches de la famille de Mahomet – les descendants de Hachim et ceux d'Omayya – aboutirent au schisme entre les chiites et les sunnites, qui, à l'heure actuelle, divise encore la communauté musulmane. Après l'assassinat d'Ali (calife de 656 à 661), le gendre du Prophète, qui appartenait à la branche hachémite, les chiites refusèrent de reconnaître Moawiyya Ier, le gouverneur syrien qui accéda alors au pouvoir.Moawiyya établit pour près de quatre-vingt-dix ans le califat omeyyade (661-750), qui prit Damas pour capitale. Il s'ensuivit une seconde vague expansionniste. Après la conquête de la Tunisie, en 670, les troupes musulmanes atteignirent, en 710, l'extrémité nord-ouest de l'Afrique du Nord, et l'année suivante elles traversèrent le détroit de Gibraltar, conquirent rapidement l'Espagne et pénétrèrent en France jusqu'à Poitiers, où elles furent refoulées en 732. Sur la frontière nord, à plusieurs reprises elles assiégèrent sans succès Constantinople, avant d'atteindre l'est de l'Indus. L'empire musulman s'étendait dès lors aux frontières de la Chine et de l'Inde, avec quelques colonies au Pendjab.

Dynasties rivales et villes concurrentes

En 750, la dynastie omeyyade fut évincée à Damas par les Abbassides, qui transférèrent à Bagdad la capitale du califat. Débuta alors une période davantage marquée par un développement spirituel que par une expansion géographique. Comme en témoignent les œuvres des philosophes al-Kindi, al-Farabi et Ibn Sina (Avicenne), les érudits musulmans jouèrent à cette époque un rôle prépondérant dans le domaine de la littérature, des sciences et de la philosophie.Le pouvoir politique abbasside fut ébranlé par plusieurs dynasties rivales: une dynastie omeyyade de Cordoue s'imposa en Espagne (756-1031); les Fatimides, dynastie alliée aux ismaéliens (courant minoritaire chiite), s'établirent en Tunisie (909) avant de gouverner l'Égypte (969-1171); les Almoravides et les Almohades, dynasties musulmanes berbères, régnèrent successivement sur l'Afrique du Nord et l'Espagne du milieu du Xie siècle au milieu du XIIIe siècle; les Seldjoukides, dynastie turque musulmane, prirent Bagdad en 1055, et leur victoire sur les Byzantins en 1071 entraîna, indirectement, les croisades chrétiennes (1096-1254) contre le monde musulman; les Ayyoubides succédèrent, en 1171, aux Fatimides en Égypte et jouèrent un rôle important par la suite, face aux croisés. Les Abbassides furent finalement renversés en 1258, à Bagdad, par les Moghols. Un membre de la dynastie s'enfuit en Égypte, où il fut reconnu comme calife. Alors que la communauté de foi demeurait une réalité incontestable, l'unité politique du monde musulman était rompue à jamais.

L'Empire ottoman et la dynastie moghole

En Turquie, la dynastie ottomane, qui avait été fondée vers 1300 par Osman Ier, devint une puissance mondiale dominante au Xve siècle et continua de jouer un rôle très important tout au long des XVIe et XVIIe siècles. L'Empire byzantin, contre lequel les armées musulmanes guerroyaient depuis les débuts de l'islam, tomba lorsque le sultan ottoman Mehmet IIconquit Constantinople, en 1453, et en fit la capitale de l'Empire ottomanAu cours de la première moitié du XVIe siècle, l'Empire ottoman, qui était déjà fermement établi à travers toute l'Anatolie et dans la majeure partie des Balkans, conquit la Syrie, l'Égypte (les sultans prirent le titre de calife après avoir déposé le dernier Abbasside au Caire) et l'Afrique du Nord. S'étendant aussi considérablement au nord-ouest, il pénétra en Europe, assiégeant Vienne en 1529. La défaite de la flotte ottomane à la bataille de Lépante, en 1571, ne marqua pas, comme de nombreux Européens l'espéraient, le début d'une dislocation rapide de l'Empire ottoman: plus d'un siècle plus tard, en 1683, les troupes ottomanes mirent à nouveau le siège devant Vienne. Le déclin de l'Empire devint plus visible à partir de la fin du XVIIe siècle, et il ne survécut pas à la Première Guerre mondiale. La Turquie devint une république, à l'instigation de Mustafa Kemal Atatürk, en 1923, et le califat fut aboli en 1924.Les Grands-Moghols, une dynastie musulmane d'origine mongole, conquirent le nord de l'Inde en 1526. L'Empire moghol atteignit l'apogée de sa puissance entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIIe siècle. Sous les empereurs Akbar, Djahangir, Chah Djahan et Aurangzeb, la domination moghole s'étendit à la majeure partie du sous-continent, où la culture islamique, marquée d'une profonde empreinte persane, s'implanta. La splendeur des Grands-Moghols trouve une expression particulière dans leur architecture. Au XVIIIe siècle, l'Empire moghol commença à décliner. Il survécut, du moins à travers son nom, jusqu'en 1858, lorsque le dernier sultan fut déposé par les Britanniques.

L'influence islamique en Indonésie et en Afrique

Si des marchands musulmans eurent sans doute des contacts sporadiques en Indonésie à partir du Xe siècle, ce n'est qu'au XIIIe siècle que l'islam s'établit à Sumatra, où de petits États musulmans se constituèrent sur la côte nord-est. L'islam finit par gagner Java au XVIe siècle, puis se diffusa, généralement de façon pacifique, des zones côtières vers l'intérieur des terres, en tous les points de l'archipel indonésien. Au XIXe siècle, il avait atteint le nord-est et gagné les Philippines. De nos jours, les musulmans représentent environ 85 % de la population indonésienne.L'islam pénétra l'Afrique occidentale en trois phases principales. À partir du Xe siècle, il s'étendit chez les caravaniers arabes et berbères. Puis suivit une période d'islamisation progressive de certaines cours royales, notamment celle du célèbre roi Kankan Moussa, qui régna de 1312 à 1337 au Mali. Enfin, au XVIe siècle, les sectes soufis, des confréries de mystiques telles que la Qadiriyya, la Tidjaniyya, la Muridiyya, ainsi que des saints et des érudits, commencèrent à jouer un rôle important. Le XIXe siècle connut plusieurs guerres saintes (djihad), destinées à débarrasser l'islam des influences païennes, et, à la fin du XIXe siècle et au cours de la première moitié du Xxe siècle, les musulmans prirent une part active à la résistance contre les puissances coloniales. L'islam joue un rôle important dans l'Afrique postcoloniale, notamment au Nigeria, au Sénégal, en Guinée, au Mali et au Niger; des communautés islamiques plus modestes sont installées dans les autres États de l'Afrique occidentale.

L'islam dans le monde moderne

L'expédition conduite par Bonaparte en Égypte, en 1798, suivie trois ans plus tard par l'expulsion des troupes françaises par Britanniques et Ottomans alliés, est souvent considérée comme le début de la période moderne de l'islam. L'arrivée au pouvoir de Méhémet-Ali, qui entreprit de reformer l'Égypte, don’t il fut le vice-roi de 1805 à 1849, marqua en effet le début de la longue lutte d'un monde musulman désireux de se libérer des tutelles coloniales et d'établir des États indépendants. La résistance contre la domination étrangère ainsi que l'effort pour rendre à la communauté musulmane la place qu'elle souhaitait occuper dans le monde moderne caractérisent aussi bien les courants panislamiques, tel celui mené par Djamal al-Din al-Afghani, que les mouvements nationalistes du Xxe siècle.L'évolution politique, sociale et économique des nombreux pays à majorité musulmane présente des différences considérables. La Turquie ainsi que de nombreux pays arabes sont devenus des républiques laïques, alors que l'Arabie Saoudite demeure une monarchie absolue, gouvernée au nom de la loi islamique. De 1925 à 1979, l'Iran fut dirigé par des souverains Pahlavi, don’t la politique favorisa la laïcisation et l'occidentalisation du pays. La résistance croissante de la communauté musulmane, en grande majorité chiite, conduisit au départ forcé du chah et à l'établissement d'une république islamique sous l'égide de l'ayatollah Khomeyni. Depuis 1979, le Pakistan est devenu également une république islamique, don’t la Constitution prévoit l'application par l'État de la loi islamique.


  
  
  
  
  



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