La religion chinoise archaïque Elle se présentait sous un double aspect: on trouvait d'une part un système de croyances traditionnelles liées à des cultes agraires (fêtes saisonnières, fêtes de fertilité) enraciné dans la paysannerie, d'autre part un culte aristocratique, issu des mêmes fondements agraires mais marqué par le style de la vie seigneuriale, comportant notamment un culte des ancêtres plus élaboré et plus axé sur les structures sociales.L'essentiel de cette religion primitive reposait sur les rapports supposés intimes et rationnels entre la nature et la société, l'une comme l'autre obéissant à des principes d'équilibre et à des règles d'alternance. Respecter les rythmes naturels tout en accordant ces derniers à la société devait constituer l'idéal d'une société agricole. La bonne conduite des hommes exigeait donc que l'on accomplît des offrandes, des sacrifices aux divinités chthoniennes, célestes ou aquatiques. Au cours des fêtes paysannes, on célébrait les travaux des champs et la fertilité du sol – parfois par des manifestations licencieuses –, tandis que des rites incantatoires, propitiatoires ou déprécatoires étaient destinés à accueillir l'année nouvelle ou à éloigner les épidémies ou les épizooties.
Les sectes taooïstes contestataires du confucianismeLa fin de l'Antiquité – aux alentours de 500 av. J.-C. – voit la Chine évoluer vers la formation d'États militaires. Des réformes affectent l'administration, la juridiction et, partant, l'ensemble de la société, alors que se développent le commerce et l'artisanat. Dans cette Chine en pleine évolution se fait jour une fermentation intellectuelle. Elle va notamment transformer le sentiment religieux.La religion archaïque des Chinois rendait un culte à de multiples divinités, émanations de forces occultes telles que la foudre, le tonnerre ou le vent. Or de nombreux lettrés se mirent à contester cette religion officielle qui devenait une forme de pure négociation entre l'homme et les dieux, réduits à des forces magiques. La religion ne leur semblait destinée qu'à garantir un ordre social et politique. Ils cherchaient une religion nouvelle, qui prendrait davantage en compte l'individu, dans ses exigences spirituelles, ses préoccupations existentielles, notamment celles concernant l'au-delà. D'où l'apparition de nombreuses sectes opposées à la religion officielle, qui s'appuiera désormais sur le confucianisme et son ordre moral et sociopolitique.La doctrine taoïste se serait ainsi lentement élaborée au sein d'un milieu de lettrés au service de l'aristocratie, les scribes et les archivistes-bibliothécaires seigneuriaux réputés détenir un savoir important, parfois ésotérique. En effet, cette corporation étudiait des écrits touchant à la médecine, à la pharmacopée, à la chimie ou à l'astronomie, autant de disciplines se confondant souvent avec la recherche des élixirs de longue vie, l'alchimie et l'astrologie.
Le culte taoïste des esprits À ce stade, on peut faire du taoïsme religieux l'aboutissement de trois courants de pensée. En premier lieu, on trouve un fonds de superstitions populaires centrées sur la crainte et le respect des esprits, ces derniers symbolisant le plus souvent les énergies naturelles (eau, feu, terre fécondatrice). Toutefois, des sites inaccessibles, inhabituels, dangereux – et donc entourés de mystère (montagnes, grottes) – pouvaient aussi abriter des esprits. Les fantômes, les âmes des défunts se rattachaient à ces mêmes esprits censés posséder des pouvoirs bénéfiques ou maléfiques et qu'il convenait de s'allier par des prières et des offrandes. Sous l'influence du culte des ancêtres fut associé à celui des esprits un panthéon de personnages historiques ou légendaires (Laozi, l'Empereur jaune, l'Empereur de Jade...).
L'aspiration à l'immortalitéEn second lieu, entre le Ve et le IIIe siècle av. J.-C., on vit se théoriser la croyance à l'immortalité et à la possibilité pour l'homme d'accéder à cet état par le biais de pratiques ésotériques (régulation du souffle, concentration mentale, ingestion de jade, pratiques sexuelles particulières).
Le yin et le yang Enfin, vers le IVe ou le IIIe siècle av. J.-C., s'élabora un double courant matérialiste, explicatif de l'Univers et de ses mécanismes. D'abord l'école du yin et du yang, mentionnée pour la première fois dans un ouvrage intitulé Discours des États et qui faisait état de deux forces fondamentales du cosmos: d'une part le yang, qui représente l'énergie solaire, la lumière, la chaleur, la force mâle, le positif, d'autre part le yin, qui est lunaire, obscurité, froideur, énergie féminine, passivité. De l'interaction de ces deux notions, de leur équilibre et de leur alternance naissent tous les phénomènes de la nature. Ensuite, complétant le concept précédent, un autre courant, exposé dans le Livre des Documents, interprète la structure de l'Univers par la présence des Cinq Éléments (eau, bois, feu, métal, terre), qui ont leur correspondance dans les saisons, les points cardinaux ou les fonctions biologiques (les Cinq Viscères: cœur, poumons, reins, foie, rate).
1 -[Taoisme]
2 -[Taoisme : Les racines du taoïsme religieux et la religion archaïque en Chine]
3 -[Taoisme : Histoire de la religion Taoiste] 4 -[Taoisme : La philosophie taoiste] 5 -[Taoisme : Les courants taoïstes]
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