Naissance de la religion taoïste De ces courants de pensée spiritualistes ou matérialistes naquit, au IIe siècle apr. J.-C., la véritable religion taoïste.
La Voie de la Paix, secte fondée par Gan ZhongkeDéjà, un siècle auparavant, était apparue une secte fondée par Gan Zhongke, la Voie de la Paix, dont le substrat théorique était un ouvrage dénommé le Classique de la Paix. Accusé de fomenter des troubles, son initiateur fut mis à mort par les autorités. Mais le martyr avait eu le temps de faire des adeptes, et un second souffle enflamma bientôt les sectateurs, lesquels en vinrent à soutenir la grave rébellion des Turbans jaunes qui fit vaciller le pouvoir (184).
La secte des Cinq Boisseaux de Riz Vers la même époque une nouvelle secte, celle des Cinq Boisseaux de Riz, qui avait pour initiateur le «maître céleste» Zhang Daoling, connut un grand essor. Une lourde hiérarchie ordonnait les fidèles, et les spectateurs taoïstes en vinrent à défier le trône en créant un État religieux indépendant (190). C'est dans le sillage de cet essor spirituel que fut fondé à Longhushan, dans la province du Jiangxi, un des plus célèbres hauts lieux du taoïsme.
Prolifération des sectes taoïstesLa religion taoïste se répandit en Chine du Nord sous la protection d'aristocrates, puis ses sectes proliférèrent dans le Sud. Du IIIe au VIe siècle, les troubles politiques qui secouaient le pays favorisèrent cette religion: la morale confucianiste paraissait tout à fait inopérante pour restaurer l'ordre parmi les hommes et les provinces déchirées. Par ailleurs, en période de crise, le mysticisme taoïste convenait à beaucoup, d'autant que des textes nouveaux consacrés à la spiritualité ou à l'alchimie enrichirent encore cette doctrine, qui en arriva à se confronter au bouddhisme. Sous l'influence de Tao Hongjing (456-536), on assista même à une tentative de syncrétisme mêlant taoïsme, bouddhisme et confucianisme. Sous la dynastie Tang Sous la dynastie Tang (618-907), Laozi fut remis à l'honneur, et le taoïsteSima Chengzhen mit l'accent sur les exercices méditatifs par l'introduction d'un livre Sur la méditation et l'oubli. Sous la dynastie Song (960-1279), le taoïsme jouit de la protection des souverains impériaux, séduits par ses pratiques mystiques et ésotériques, la hiérarchie complexe qui œuvrait dans ses temples de plus en plus nombreux. Car il se forma bientôt un clergé taoïste – masculin et féminin – comportant des grades et des distinctions. Le taoïsme finit même par témoigner de soucis administratifs. S'appropriant les génies locaux et domestiques, il les hiérarchisa dans son panthéon et, religion de la Nature, en vint à substituer à l'administration humaine une autre administration en charge des destinées des âmes.Ainsi s'élabora un code des bonnes et mauvaises actions, une forme de censure divine qui était censée abréger l'existence ou fournir des récompenses posthumes aux actions humaines. Le taoïsme avait ses paradis et ses enfers, peuplés d'immortels ou de préposés infernaux résidant dans des sites empreints de mystère, qui étaient parfois des lieux de pèlerinage populaires.Cette religion souple et originale présentait aux fidèles des divinités à la fois suprêmes et proches. Elle conférait à ses desservants le don de formules magiques, de talismans. Elle leur attribuait des pouvoirs surnaturels par l'intermédiaire d'exercices ésotériques parfois audacieux, voire licencieux, qu'enseignaient des médiums respectés. Toutefois cette religion était trop dépendante de son substrat anarchisant et libertaire pour former un véritable clergé inséré dans une Église officielle et, sous cet aspect, son succès ne pouvait être qu'éphémère. Sous la dynastie Ming Sous la dynastie Ming (1368-1644), le taoïsme jouit toujours de la protection impériale, mais il est divisé en de multiples sectes: la Voie de l'Unique Vérité, très populaire en raison de ses rites d'exorcisme et de communication avec les esprits; la secte de la Vraie Totalité, qui insiste sur les exercices de méditation à l'abri des sanctuaires monastiques; la Voie de la Véritable Grandeur, attachée aux principes moraux; la Voie de l'Unicité suprême, qui insiste sur les pratiques magico-religieuses. Mais l'introduction d'idées nouvelles, d'un savoir scientifique et l'apport de techniques venues d'Occident écartent sensiblement le taoïsme de sa tendance au mysticisme. Sous la dynastie suivante des Qing (1644-1911), le taoïsme religieux perd encore du terrain du fait que les Mandchous qui règnent à Pékin sont bouddhistes: ils ne favorisent guère cette religion qui va désormais se marginaliser parmi les couches populaires des campagnes.
1 -[Taoisme]
2 -[Taoisme : Les racines du taoïsme religieux et la religion archaïque en Chine]
3 -[Taoisme : Histoire de la religion Taoiste] 4 -[Taoisme : La philosophie taoiste] 5 -[Taoisme : Les courants taoïstes]
|