Patrimoine  Mondial  de la pensée

La philosophie taoiste


Taoisme : La philosophie taoiste

L

aozi et le Dao

On ne sait presque rien de Laozi, le fondateur quasi mythique du taoïsme. Il serait né en Chine centrale, entre 604 et 517 av. J.-C., et son nom de famille était sans doute Li. On le désigna toutefois sous le sobriquet de Laozi, que l'on peut traduire par «le Vieux» ou «le Vieil Enfant». D'abord conservateur aux archives de la cour des Zhou orientaux (770-221), il aurait été écœuré par la bassesse des politiciens et aurait choisi de mener une existence retirée. Il aurait alors gagné l'Inde, juché sur le dos d'un buffle noir, et c'est à la demande d'un garde-frontière qu'il aurait rédigé le Laozi wu qian jing, c'est-à-dire «le Texte en cinq mille caractères de Laozi», connu ultérieurement sous le titre de Daodejing (le Livre de la Voie et de la Vertu).

Le Daodejing

L'ouvrage n'a sans doute pas été écrit par Laozi, et son titre ne date que de l'époque Han (206 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.). Il semble bien qu'il faille admettre une rédaction commune à plusieurs philosophes. La notion de dao (la Voie spirituelle) est difficile à définir. On peut dire qu'elle est une entité universelle entièrement transcendantale, qu'elle est l'origine cosmique de l'ensemble des êtres et des choses, de leur régulation et de leur harmonie.

De, dao, yin, yang, wu, you, wuwei

Le de (la «Vertu») désigne l'action découlant du dao, la manifestation du dao dans les êtres et les choses. Il ne s'agit donc pas là de la vertu confucéenne acquise par l'étude et la rigueur morale. Chez Laozi, elle prend un caractère cosmique sans rapport avec l'éducation, la civilisation. Le dao de Laozi n'est pas immuable. C'est un cycle en devenir permanent qui se manifeste par la dualité du yin et du yang, par l'alternance du positif et du négatif, du jour et des ténèbres, de l'énergie mâle et de l'énergie femelle.À côté de ces notions abstraites se distinguent également celle du wu (la «non-existence»), opposée au you (l'«Être», le «visible»), et celle du wuwei (le «non-agir»), auxquelles atteint le véritable sage. C'est là l'idéal taoïste. Il ne s'agit pas de paresse, mais plutôt de non-action active, car, pour le taoïste, la passivité a remporté et remporte autant de victoires que l'action.

L'idéal taoïste

Ainsi l'idéal du véritable taoïste doit-il être le choix d'une existence empreinte de modestie et qui se garde de désobéir à l'ordre naturel des choses, à la Nature. La parole, la pensée même sont inutiles parce que accessoires et illusoires. L'homme, ce microcosme, doit se fondre dans l'Univers, ce macrocosme. Pour les tenants de la pensée de Laozi, il ne faut surtout pas confondre savoir et sagesse. L'intellectuel, le philosophe sont pour eux la pire engeance des nations et des gouvernements, car ils mêlent à tort et à travers la théorie et la pratique, l'idéologie et la vie quotidienne. Plus, ils vont jusqu'à dissimuler sous leurs discours leur ignorance de la vertu. Un intellectuel est un danger pour l'homme et la société, car il s'efforce sans cesse de construire cette dernière à l'image d'une figure géométrique, annihilant de ce fait toute énergie créatrice chez l'individu, lui ôtant toute liberté. Au contraire, le sage génère le moins possible de règles et de principes, écarte tout artifice et s'exerce à mener une vie liée aux cycles de la nature. Tel est le message du Daodejing.


  
  
  
  
  



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