La métaphysique – science des premiers principes et des premières causes – se propose d'atteindre «l'être en tant qu'être» et «ce qui est le plus étant». Les recherches qu'elle entreprend sur ces objets portent en germe deux autres disciplines: l'ontologie, dont l'objet est l'être en tant que tel, c'est-à-dire au sens le plus général, et la théologie, qui représente une ontologie spéciale et non plus seulement générale; son objet est ce qui relève de l'être au plus haut point: Dieu, c'est-à-dire l'étant suprême.
L'Être Qu'est-ce donc, l'être au sens le plus général? Le constat fondamental d'Aristote est que l'être (ou l'étant) se dit de multiples façons. Pour s'en rendre compte, il faut considérer le verbe «être» et les manières dont il relie le prédicat au sujet. L'interprétation logique de la relation établie par le verbe «être» entre ces deux termes des propositions permet de dégager les sens de l'être, qui sont précisément les catégories: la substance, la qualité, la quantité, la relation, la modalité, le temps, le lieu, la situation, la disposition, l'activité et la passivité, etc. À toutes ces significations catégoriales de l'être s'ajoutent:
1) l'être comme l'essence ou l'accident (dans «Socrate est un homme», est exprime l'essence, alors que dans «Socrate est assis», est exprime l'«accident», car être assis n'est pas une propriété essentielle de Socrate); 2) l'être sous l'angle du vrai ou du faux (ce qui est faux ne relève pas de l'être au même sens que ce qui est vrai, car seul le vrai relève de l'être à proprement parler); 3) l'être comme «être en puissance» ou «être en acte» (par exemple, le gland est en un sens un chêne, mais seulement en puissance, tandis que le chêne l'est effectivement, c'est-à-dire en acte). Tels sont les quatre sens fondamentaux de l'être: les catégories, l'essence ou l'accident, le vrai ou le faux, l'acte ou la puissance. Parmi ces dimensions, ce sont l'essence, le vrai et l'acte qui relèvent de l'être au sens le plus propre du terme. Autrement dit, l'être à proprement parler est concret: il se rapporte à une chose, à un être vivant, à un individu, à une personne. Ni simple possibilité ni potentialité, il recouvre quelque chose qui est effectivement «en acte», «à l'œuvre» (energeïa), ou bien quelque chose qui est parvenu à son accomplissement (entéléchie).
L'Étant Ce qui est réellement (l'étant), au sens le plus général, c'est donc la chose réelle: l'essence, ou la substance individuelle qui déploie ses potentialités en acte; c'est le sens même de l'entéléchie. Il s'ensuit que l'étant suprême (Dieu) qui représente l'être au plus haut point doit être en même temps essence et acte (énergie et entéléchie) au plus haut point. Mais, puisqu'il est entéléchie – perfection parvenue à son accomplissement –, il englobe également une finalité (télos) qui s'accomplit en lui (téléologie). Par conséquent, l'étant suprême ne tend vers rien d'autre que lui-même. C'est ce qu'Aristote appelle le «premier moteur non mû» de l'Univers, dont l'ordre cosmique harmonieux et immuable (le ciel astronomique) est la figure visible, et qui meut toute chose, non pas mécaniquement mais téléologiquement, et de manière interne et immanente au monde. Le Dieu d'Aristote n'est donc pas extérieur au monde; il ne crée nullement le monde, qui est éternel. Dieu est plutôt ce à quoi tous les êtres tendent.
1 -[Aristote]
2 -[Aristote : La logique aristotélicienne]
3 -[Aristote : Métaphysique aristotélicienne]
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