Patrimoine  Spirituel  de l'Humanité

L'exil et l'écriture des «Confessions»


Jean-Jacques Rousseau : L'exil et l'écriture des «Confessions»

En effet, la violence de ses propos religieux et politiques inquiète: ses protecteurs et ses amis se montrent vite défiants et distants. M. de Malesherbes lui-même, fervent admirateur et directeur de la Librairie, n'est plus en état de le défendre. La cour et les institutions religieuses tonnent, le Parlement condamne l'Émile à être lacéré et brûlé et Rousseau à être arrêté: il faut fuir Paris pour la Suisse. La principauté prussienne de Neuchâtel l'accueille à Môtiers-Travers et Frédéric II l'assure de sa bienveillance alors que l'Europe catholique et calviniste, de la Sorbonne à Rome et à Amsterdam, condamne ses thèses et brûle ses ouvrages. Genève le rejette: Jean-Jacques Rousseau abdique à perpétuité son droit de bourgeoisie et de cité dans la République et, au nom d'un Christianisme tolérant, se défend, en 1764, dans ses Lettres écrites de la montagne contre tous ceux qui censurent l'Émile. Il rédige en 1764 un projet de Constitution pour la Corse, à la demande d'émissaires venus de l'île, où cependant personne ne lira son travail sur la démocratie paysanne. Voltaire frappe de plus en plus fort: il révèle l'abandon des cinq enfants de Jean-Jacques Rousseau aux Enfants-Trouvés; il le donne pour séditieux, ce qui aura pour effet de mener au bûcher ses Lettres écrites de la montagne. Chassé de Môtiers, exilé dans l'île Saint-Pierre, sur le lac de Bienne, il lui reste la botanique et l'écriture, l'autobiographie: ce seront les Confessions.

Retour à Paris
Expulsé de son île, il erre à nouveau, entre Strasbourg, où on le fête en 1765, Paris, qu'il doit quitter (un proscrit ne peut faire si grand tapage), l'Angleterre, où il multiplie les incidents malgré la bonne volonté des Anglais. En dépit du «complot» de plus en plus véhément et de tous les risques policiers, il revient enfin à Paris en 1770, après avoir erré près de deux ans en France sous de fausses identités. On ne l'y poursuit pas, à condition qu'il ne publie rien. Alors, entre son travail de copiste, la composition de chansons, l'écriture des Lettres sur la botanique et la rédaction d'un ouvrage politique destiné à sauver la Pologne déchirée, il instruit le procès de ses détracteurs, ses anciens amis. Ses lectures des Confessions, dans les salons parisiens, choquent au point que Mme d'Épinay s'emploie à les faire interdire. Il en appelle au peuple, termine Rousseau juge de Jean-Jacques en 1776, et compose, par fragments, les Rêveries du promeneur solitaire
, texte qui demeurera inachevé.

Las de Paris, où il ne voit plus avec plaisir que Bernardin de Saint-Pierre, il accepte l'invitation du marquis de Girardin à Ermenonville. Épuisé, déçu et toujours persécuté, Jean-Jacques Rousseau se promène, herborise, reprend la rédaction des Rêveries, puis s'éteint devant Thérèse, le 2 juillet 1778, non sans avoir appris, deux mois plus tôt, la mort de son grand ennemi Voltaire.


Dans le domaine musical, l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau est à la fois celle d'un théoricien, d'un critique (il prit position contre Rameau) et d'un compositeur: comme théoricien, outre un Projet concernant de nouveaux signes pour la musique (1742), on lui doit une Dissertation sur la musique moderne (1743), un Dictionnaire de la musique (1767); comme compositeur, il écrivit une centaine de chansons et de romances, quelques motets. Pour la scène, il composa notamment les Muses galantes (1745), Pygmalion (1770) et Daphnis et Chloé (opéra inachevé).


  
  
  


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