Il est né au Qatar et vivait dans la région qui dépendait de l’Eglise « nestorienne » de Mésopotamie. Moine, très jeune, il est sacré, vers 676, évêque de Ninive par le catholicos Giwargis. Très rapidement, Saint Isaac le Syrien renonce à cette charge qui l’empêche de continuer sa vie d’ermite. Il entre au monastère de Rabban Shabur sur le mont Shoustar (Kurdistan septentrional) et finit aveugle. Il meurt à une date inconnue.
Œuvres
Saint Isaac le Syrien écrit beaucoup. L’œuvre « les discours Ascétiques » est connue depuis longtemps car elle a été traduite en grec vers la fin du 8ème siècle. Cette traduction a donné lieu à de nombreuses traductions don’t une en russe.
Une traduction française est disponible. Œuvres spirituelles : les 86 Discours Ascétiques. Paris 1981. J. TOURAILLE.
Les autres écrits ont été redécouverts en 1983 par le Pr. S. Brock. On peut trouver une traduction partielle dans le Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium de Louvain (n° 554-555, 1995).
Vision théologique de Saint Isaac le Syrien
Saint Isaac le Syrien va à contre courant de notre perception occidentale de l’économie du salut, du projet de Dieu envers l’homme. Il a une vision du mystère du Dieu-Amour et du Christ-Sauveur. Il a une réponse au pourquoi de la création et sur la nature intrinsèque de Dieu, Créateur du monde visible et invisible. Cette vision se double de conseils sur la nécessité de la prière orale et intérieure, sur le repentir et l’humilité.
Dieu est Amour.
Seul l’Amour de Dieu rend compte de la Création, seul Il explique l’incarnation et la mort sur la croix.
Seul l’Amour de Dieu justifie que Dieu ne châtie jamais par la colère, seul Il empêche de penser à une damnation éternelle, à un enfer sans fin.
Le salut de l’homme est un don de l’Amour de Dieu.
Quel renversement radical de la théologie de la rédemption de l’Occident tant dans ses composantes catholiques que protestantes.
Quel retour des paroles de Thérèse de Lisieux (1), Docteur de l’Eglise, qui affirme qu’elle croit que l’enfer existe mais qu’il est vide et qui se dit prête à y aller pour y porter l’Amour de Dieu et du Christ, notre Seigneur.
(1) Thérèse est née en 1873 et décédée le 30 septembre 1897. Trois mois avant sa mort, elle déclare qu’elle a tracé « une petite voie toute nouvelle », voie reconnue officiellement par l’Eglise catholique. Cette découverte de l’Amour de Dieu par son Fils, le Médiateur, c’est l’aboutissement d’une grande maturation. Elle fait l’expérience de L’Amour de Dieu qui « transforme en feu ce néant. …Si loin que nous soyons… dans le néant, Il nous transformera en flammes d’amour. C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour. Thérèse confirme les propos révolutionnaires d’Isaac le Syrien en nous expliquant que la seule existence de Dieu est celle d’Aimer ; un Dieu qui aime en premier les derniers, ceux que nous rejetons, ceux qui sont humiliés, les moins que rien de notre civilisation imbue d’elle-même, civilisation qui est déjà condamnée à disparaître. Elle conforte les affirmations des ascètes du désert du IIIième siècle qui déclarent tel Antoine : « je ne crains plus Dieu ; je l’aime. Car l’amour chasse la crainte ».
1 -[Saint Isaac le Syrien]
2 -[Saint Isaac le Syrien : L’Occident rencontre l’Orient.]
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