Nature de Dieu
Si Dieu est le Tout-Puissant, l’Etre en tant qu’Etre se suffit à Lui-même car il ne possède aucune commencement ni fin et est au-delà de toute la connaissance (2), comment expliquer qu’Il ait éprouvé le besoin de créer ?
Pour saint Isaac, la création ne s’explique que parce que Dieu est Amour, tout l’Amour. Cela implique alors, dès que l’on comprend cela, que nous imitions saint Saint Francois d'Assise (3).
Il devient dès lors odieux et blasphématoire de prêter à Dieu des sentiments tels le courroux ou le ressentiment tels que décrits dans l’ancien testament.
Dieu n’est pas capable de colère, ni de désir de vengeance. Le châtiment prend alors une toute autre signification.
Dieu n’est pas juste, il est Bon. L’Amour va au-delà de la justice et du châtiment. On peut dès lors dire que Dieu n’est pas juste, il est miséricordieux.
L’Incarnation du Christ, vrai homme, vrai Dieu est en fait l’expression suprême de l’Amour de Dieu. Si le Christ est venu nous révéler son Père, ce n’est pas parce que nous avons péché contre Dieu, c’est parce que « Dieu a fait cela pour montrer au monde (et pas seulement pour le peule élu et il faudra que le Christ se montre à Paul sur le chemin de Damas …) l’amour qu’Il porte à sa création ».
Si Dieu a livré son fils(en plein accord avec son Père) à la mort sur la croix, c’est parce que seul l’Amour peut nous rapprocher du Père.
Pour Saint Isaac le Syrien, l’Incarnation du Christ et sa mort sur la croix eurent lieu non pas pour nous racheter de nos péchés mais uniquement afin que le monde se rendre compte de l’Amour divin.
Saint Isaac le Syrien va très loin. Il affirme même qu’il ne faut pas prendre l’ancien testament à la lettre : « beaucoup de textes de l’Ecriture concernant le motif de l’avènement du Christ sont déficients et insuffisants par rapport au véritable motif de son Dessein de salut ».
Dieu s’est fait homme et est mort sur la croix pour faire comprendre à l’homme la démesure de l’amour divin. L’homme accède au Royaume en répondant à l’Amour divin.
Pour Isaac, la mort n’est pas triste.
« Ne sois pas triste, ô mortel ! Parce que tu entreras un jour dans le silence du tombeau, toi qui es beau entre tout, mais corrompu par l’outrage de la mort !… Ne t’attriste pas parce que nous resterons de longues années durant cette corruption de la mort, sous la poussière, jusqu’à ce que nous atteigne la fin du monde présent, car cela ne pèsera pas sur nous. La mort et ce laps de temps pendant lequel nous dormirons dans un tombeau passeront comme le songe d’une seule nuit … ».
Saint Isaac le Syrien a une notion de l’enfer.
L’enfer serait une forme de repentir car celui qui se rend compte de l’Amour infini de Dieu a un tourment intolérable de ne pas pouvoir l’accueillir au-dedans de lui.
Pour lui, les peines de l’enfer ne peuvent être éternelles.
Là où il y a de l’Amour, il n’y a pas de châtiment. Il a même cette formule : « l’enfer n’est qu’un purgatoire où nous serons corrigés par le fouet de l’Amour ».
Dieu recherche notre salut et non pas à nous faire souffrir !
La pensée de Saint Isaac le Syrien a de quoi nous surprendre sauf si nous sommes habitués à « la petite voie de Thérèse », au cantique de Saint Francois d'Assise et à la pensée des Pères du désert.
(2) « Dieu est ou bien intelligence ou bien quelque chose au de-là de l’intelligence » Aristote. De la prière. (3) voir le cantique section Saint Francois d'Assise
1 -[Saint Isaac le Syrien]
2 -[Saint Isaac le Syrien : L’Occident rencontre l’Orient.]
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