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l'éducation morale de Mencius


Meng-tzu : l'éducation morale de Mencius

Les bases théoriques

Mencius considérait que le caractère est une chose innée en chaque être humain. La nature – le Ciel (tian) - et les hommes ne font qu'un tout, les catégories morales du «Ciel» sont inscrites dans la nature humaine, les règles qui régissent le Ciel prennent leur source dans la morale des hommes et le coeur humain abonde en vertus naturelles. Il y a correspondance entre le «cœur humain» et le «Coeur du Ciel» (tianxin). Richesse ou pauvreté nous échoient par décret du Ciel, on ne peut rien y faire; mais l'on doit en revanche «chercher en soi-même», s'efforcer de développer et d'exploiter les bonnes dispositions sur lesquelles on a prise. On voit que les idées de Mencius en matière d'éducation morale reposent sur une conception qui se rattache au courant de l'idéalisme subjectif.

Les principes et le contenu de l'éducation morale



Conserver sa bonté naturelle et maîtriser ses désirs.
Mencius pensait que la meilleur façon de développer ses bonnes dispositions était de ne pas se laisser dominer par les désirs matériels. Celui qui n'a que peu de désirs, même s'il perd de sa bonté naturelle, il n'en perdra pas beaucoup. A l'inverse, celui qui est rongé de désirs, s'il conserve encore de bonnes dispositions, il en conservera bien peu. Mencius voulait donc que l'on ne nourrisse pas de désirs excessifs à l'égard des choses matérielles.

Regarder en soi-même


C'était pour Mencius un moyen important de s'améliorer moralement: si je traite autrui avec amour et que celui-ci se montre distant, je dois me demander si je suis suffisamment généreux; si quelqu'un est placé sous mon autorité, mais ne m'obéit pas, je dois me demander si je fais preuve de toute la sagesse voulue ; si je témoigne des égards à autrui, mais que ce dernier ne me rend pas la pareille, je dois me demander si je suis suffisamment respectueux. Bref, chaque fois que ma conduite ne produit pas le résultat escompté, je dois en chercher la raison en moi-même.

Se repentir et s'amender


Mencius pensait que celui qui se dissimule ses désirs matériels et perd cette vertu qu'est le repentir risque de commettre des actes répréhensibles. Celui qui agit mal, mais en éprouve de la honte, peut retrouver son penchant au bien. Celui qui a commis une faute doit se corriger, celui qui n'en a pas commis prendre exemple sur les mérites d'autrui, s'efforcer de s'améliorer et se joindre aux autres dans leur quête du bien.

Chercher à retrouver ses qualités perdues, conserver les bienfaits de «l'air nocturne» (yegi)


Retrouver un coeur pur était pour Mencius l'un des moyens importants de s'améliorer sur le plan moral. Pour ce faire, il fallait maîtriser ses désirs, examiner sa conscience, se repentir, corriger ses fautes. Conserver les bienfaits de «l'air nocturne» n'avait pas d'autre sens: il s'agissait de fortifier son âme, de cultiver sa bonté naturelle.

Développer la grandeur naturelle de l'âme (haoran zhi qi)


L'être humain doit avoir du caractère, ne pas se conduire mollement et avec apathie. Il lui faut faire preuve d'énergie (qi) et ne pas céder à l'abattement. Sur le plan moral, il doit posséder la grandeur d'âme qui permet de combattre le mal par la justice.

Tremper sa volonté
Cette notion occupait une place extrêmement importante dans sa conception de l'éducation morale. Les difficultés et les malheurs auxquels tout homme est confronté au cours de son existence l'amènent à méditer sur l'inconstance du sort, et c'est ainsi qu'il acquiert la sagesse (dehui) et la soif d'apprendre
(giuzhi) qui lui permettront de comprendre le monde, de devenir plus capable. L'être humain doit avoir surmonté mille épreuves avant d'être véritablement aguerri.

Ses méthodes pédagogiques



Mencius beaucoup réfléchi aux méthodes d'enseignement et tiré les leçons de sa riche expérience dans ce domaine. Voici ce qu'il préconisait notamment:

* Savoir à qui l'on s'adresse, adapter son enseignement aux aptitudes de chacun, autrement dit enseigner de manière vivante et moduler son approche avec souplesse en fonction de l'élève.
* Fixer des critères stricts et encourager l'initiative, c'est-à-dire définir des objectifs pédagogiques et laisser les élèves s'exercer et répéter les leçons par eux-mêmes.
* Dire en termes simples des choses profondes, parler avec compétence et force détails, autrement dit enseigner à l'élève ce qu'il ignore à partir de ce qu'il sait, présenter avec des mots simples des idées complexes, posséder soi-même un vaste savoir pour être capable de fournir des explications détaillées.
* Appuyer son argumentation sur des analogies, expliquer à l'aide de comparaisons. En d'autres termes, illustrer les concepts les plus complexes à l'aide d'exemples courants empruntés à la vie quotidienne. Mencius a lui-même souvent utilisé l'analogie à l'appui de ces démonstrations ou éclairé des points obscurs à l'aide d'images simples. De même, il s'est souvent servi de comparaisons faciles à saisir pour répondre aux questions qu'on lui posait ou débrouiller un problème.

En ce qui concerne l'apprentissage, Mencius formulait les recommandation suivantes:

* Consolider ses acquis par le travail personnel, s'efforcer d'approfondir soi-même les choses apprises, s'en pénétrer intimement de façon à les maîtriser parfaitement.
* Progresser pas à pas. Mencius considérait l'apprentissage comme un processus naturel. Il fallait procéder de façon systématique graduellement, en évitant d'avancer trop vite pour ensuite régresser.
* Travailler sans relâche. L'élève devait faire preuve de détermination et de persévérance dans ses études, acquérir de l'assurance, ne pas se décourager devant le premier obstacle, et surtout ne pas céder à la faciliter.
* Mettre tout son coeur et toute sa volonté à l'étude, s'y consacrer tout entier.


  
  
  


Source : The Columbia Electronic Encyclopedia, 6th ed. Copyright © 2003, Columbia University Press.

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